Netflix
Netflix est une entreprise multinationale américaine créée à Scotts Valley en 1997 par Reed Hastings et Marc Randolph appartenant au secteur d'activité des industries créatives. Elle est spécialisée dans la distribution et l'exploitation d'œuvres cinématographiques et télévisuelles par le biais d'une plateforme dédiée. Son siège social se situe à Los Gatos en Californie.
Netflix | ||
Logo de Netflix depuis 2014. | ||
Icône Netflix utilisée depuis 2016. | ||
Siège de Netflix à Los Gatos en Californie. | ||
Création | ||
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Dates clés | : Création de Netflix 1999 : Début de location de DVD 2002 : Introduction en bourse NASDAQ : Première série originale intitulée "House of Cards" |
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Fondateurs | Reed Hastings Marc Randolph |
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Personnages clés | Reed Hastings Marc Randolph |
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Forme juridique | Société anonyme | |
Action | NFLX | |
Siège social | Los Gatos États-Unis |
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Direction | Reed Hastings | |
Actionnaires | The Capital Group Companies (0,08 )[1], BlackRock (0,06 )[1], The Vanguard Group (0,06 )[1], Morgan Stanley (0,05 )[1] et Reed Hastings (0,03 )[1] | |
Activité | Industries créatives | |
Produits | Films Séries télévisées |
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Filiales | Netflix International B.V. Netflix Entretenimento Brasil, Ltda. Netflix Entertainment Services India LLP Netflix K.K. Netflix Services Korea Ltd. |
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Effectif | 8 600 | |
Site web | www.netflix.com | |
Capitalisation | 237 millards de dollars en juillet 2021 | |
Chiffre d'affaires | 25 milliards de dollars (2020) | |
Résultat net | 2,76 milliards de dollars | |
Initialement, l'entreprise était uniquement présente dans le secteur de l'exploitation commerciale par la fourniture d'un service en ligne de location et d'achat de DVD livrés à domicile. Elle a ensuite proposé la location moyennant un abonnement mensuel.
Son service de vidéo à la demande par abonnement commence en 2007. Depuis, l'entreprise s'est lancée dans la distribution d'un grand nombre de films et de séries télévisées à laquelle elle consacre des investissements de plus en plus importants.
En outre, Netflix fait l'objet de débats quant à sa légitimité dans ce secteur d'activité, car elle est issue de la technopole de la Silicon Valley (Netflix fait d'ailleurs partie des entreprises dites des « géants du Web ») et non pas du berceau historique du cinéma américain qu'est le quartier d'Hollywood[réf. nécessaire].
D'une manière générale, l'entreprise participe à une mutation des méthodes de consommation et de production des contenus audiovisuels de plus en plus tournées vers la délinéarisation. Pionnière dans le secteur de la vidéo à la demande par abonnement, Netflix est concurrencée en France et dans le monde par d'autres firmes du cinéma et de la télévision, mais également des télécommunications et du commerce électronique.
À noter que le terme de programme original Netflix, souvent employé pour parler du contenu de cette plateforme, ne signifie pas forcément que le programme a été produit par Netflix, mais qu'il a été labellisé « Original Netflix », c'est-à-dire distribué exclusivement sur les sites de streaming par Netflix. N'étant pas un studio de production, ni une société mère d'autres studios, Netflix ne produit en réalité que très peu de ses programmes. Quasiment la totalité des programmes originaux Netflix est, soit une commande du service de streaming à des studios de production dont la diffusion du programme commandé lors de sa finalisation sera assurée exclusivement sur Netflix, soit la diffusion d'un programme déjà diffusé autre part qu'en streaming, dont Netflix achète les droits de diffusion streaming exclusivement sur son site.
Historique
La société Netflix (dont le nom provient de la contraction des termes « Internet » et « flix », expression familière du mot « film » en anglais) est fondée en 1997 par Reed Hastings (son actuel PDG) et Marc Randolph après que le premier a revendu sa jeune pousse Pure Software, éditrice d'un logiciel de débogage, pour 75 millions de dollars[2].
Le cofondateur Reed Hastings aime raconter que l'idée de créer Netflix lui serait venue suite au versement de pénalités pour ne pas avoir rendu une cassette assez tôt lors de sa location. Mais son autre cofondateur affirme pour sa part que les deux entrepreneurs ont imaginé le concept lors d'une conversation en voiture. Ils ont d'abord songé à louer des cassettes, mais, leur format rendant les expéditions impossibles, ils se sont tournés vers le format DVD, en plein essor. L'entreprise commence ainsi son activité de location de DVD par abonnement mensuel en 1999, alors que le secteur du commerce électronique n'en est qu'à ses débuts[3]. Au tout début du XXIe siècle, alors qu'elle connaît des difficultés financières, Netflix propose à la chaîne de magasins Blockbuster Video d'entrer dans son capital à hauteur de 49 %, ce que l'entreprise refuse en profitant pour lancer sa propre offre de location de DVD mensuelle. En 2002, Netflix est introduite à la bourse de New York NASDAQ sous l'indice NFLX, ce qui lui permet d'obtenir 82 millions de dollars. Le cofondateur, Marc Randolph quitte la société en 2004. La location de films en vidéo-à-la-demande sur ordinateur débute en 2007 tandis que le service est peu à peu disponible sur divers terminaux tels que des décodeurs, lecteurs de disques Blu-ray, consoles de jeu, téléviseurs connectés, smartphones et tablettes.
Dans les années 2010, l'entreprise connaît un développement important. Premièrement, au niveau géographique, Netflix étend la disponibilité de son service dans le monde entier. L'expansion géographique de l'offre de services de Netflix a lieu d'abord au Canada en 2010, en Amérique du Sud, dans les Caraïbes, puis en Europe anglophone et nordique en 2011, aux Pays-Bas (pays où se trouve le siège social européen de l'entreprise depuis 2016[4]) en 2013, en Europe de l'Ouest (France, Belgique, Suisse, Allemagne, Autriche) en 2014, puis en Espagne, au Portugal et en Italie ainsi qu'en Océanie et au Japon en 2015 pour être finalement disponible dans le monde entier en 2016[5], excepté en Chine. En 2017, Netflix autorise alors l'entreprise chinoise iQiyi à diffuser certains de ses contenus exclusifs afin d'assurer sa présence en Chine[6]. Deuxièmement, le nombre de clients de Netflix ne cesse de croître au cours de la décennie, atteignant 41,43 millions d'abonnés payants en 2013[7], 54,48 millions en 2014[7], 70,84 millions en 2015[8], 89,09 millions 2016[8], 110,64 millions en 2017[9], 139,26 millions en 2018[10], 158,33 millions 2019[11], pour enregistrer en 2020 plus de 200 millions d'abonnés payants[12]. Finalement, le contenu disponible sur la plateforme s'étoffe durant ces années-là. Netflix acquiert les droits d'exploitation de plusieurs séries à succès populaire, ce qui inclut par exemple les séries Star Trek, La Quatrième Dimension, Twin Peaks et Mad Men en 2011, puis Star Wars: The Clone Wars en 2013. La même année, Netflix, ABC Studios et Marvel Television (filiales de The Walt Disney Company) nouent un partenariat pour que la première distribue en exclusivité des séries télévisées coproduites par ABC Studios et Marvel Television avec un budget initial de 200 millions de dollars pour soixante épisodes mettant en scène les héros de comic books Daredevil et Jessica Jones à partir de 2015, Luke Cage en 2016, puis Iron Fist, les Défenseurs et Punisher en 2017. La première série exclusivement distribuée sur la plateforme est le drame américain House of Cards diffusé à partir de 2013 (les droits de diffusion ont été accordés à Canal+ en France avant que Netflix n'y soit disponible en 2014).
À la fin de la décennie 2010, Netflix procède à un changement radical dans sa stratégie de distribution et diversifie ses activités. En 2018, elle projette trois de ses films en avant-première au cinéma avant de les proposer à ses abonnés sur Internet. Cette nouvelle orientation vise à entrer dans le giron de l'Académie des Oscars pour attirer des réalisateurs ou des acteurs prestigieux, qui ne souhaitent participer à des films que s'ils sont susceptibles d'être récompensés. C'est aussi un moyen pour Netflix de radoucir ses relations avec Hollywood et l'industrie cinématographique traditionnelle[13]. En parallèle, Netflix se lance en 2017 dans le développement et l'édition de jeux vidéo avec un premier jeu inspiré de la série Stranger Things, Stranger Things: The Game, développé pour smartphones, puis édite en 2019 le jeu Stranger Things 3: The Game pour consoles de salon[14].
Alors qu'en novembre 2019, le ministre français de la culture Franck Riester reproche publiquement à Netflix de ne pas apporter de contributions significatives dans la production audiovisuelle française[15], Netflix inaugure le 17 janvier 2020 son premier bureau à Paris, situé proche de l'opéra Garnier[16]. L'installation coïncide avec un accord passé entre Netflix et le gouvernement français qui implique davantage de soutien pour les productions françaises[17]. 100 millions d'euros devraient être investis dès 2020 pour un objectif de 20 créations par an, contre 24 au cours des six dernières années[18].
Activités
Les activités principales de Netflix sont l'exploitation et la distribution de films et de séries télévisées. Elle a majoritairement recours à la diffusion d'œuvres déjà sorties au cinéma ou diffusées à la télévision. L'entreprise détient aussi les licences de contenus qu'elle distribue en exclusivité. Ceux-ci, appelés « Netflix Originals », ne représentent en 2019 que 8 % du contenu proposé par la plateforme[19]. En distribuant ces contenus, l'entreprise négocie avec les sociétés de production la diffusion exclusive dans tous les pays et l'absence d'exploitation commerciale en DVD en contrepartie de la couverture des coûts de production. Dans d'autres cas, Netflix acquiert les droits de diffusion d'un contenu en exclusivité sur des marchés où celui-ci n'est pas déjà diffusé, ce qui lui vaut l'appellation de « Netflix Original » sur ce marché[20].
Depuis le lancement de sa plateforme, Netflix propose une offre qui se différencie en fonction de la localisation de ses abonnés. En effet, le catalogue de films et de séries varie d'un pays à l'autre, ainsi que le prix de l'abonnement, en vertu de la législation de diffusion locale[21],[22]. Ainsi, en 2016, les États-Unis se placent en première position avec un catalogue proposant plus de 5 700 films et séries tandis que le Maroc, dernier de la liste, en compte moins de 160. La Belgique et la France se classent dans la moyenne avec environ 1 850 titres[23]. Il existe plusieurs raisons à ces différences de restrictions territoriales, notamment les préférences locales qui ont pour effet qu'un film puisse plaire dans un certain pays, mais pas dans un autre, les licences partagées par plusieurs propriétaires qui disposent des droits de diffusion, les accords signés permettant à certains pays de profiter d'un film ou d'une série avant d'autres, et enfin le fait que la vente des droits pour un film ou une série n'est pas toujours possible dans certains pays et il est alors impossible pour Netflix d'acheter la licence. Afin d'obtenir un catalogue plus étoffé, certains abonnés contournent cette différenciation de l'offre en utilisant un « réseau privé virtuel » (ou VPN) qui permet de ne pas dévoiler leur adresse IP et d'indiquer le pays de leur choix comme lieu de résidence. Selon Reed Hastings, la solution à l'utilisation de VPN serait de proposer un même catalogue dans le monde entier, afin d'ensuite se concentrer sur des problèmes plus dérangeants et pressants, comme le piratage[21].
Depuis , Netflix a pris la décision de résilier de manière automatique les comptes inactifs, le but étant de ne plus facturer les abonnés dont le compte affiche une période d'inactivité de plus de 2 ans[24],[25].
En 2021, Netflix acquiert les droits de diffusion de deux suites du film À couteaux tirés de Rian Johnson, toujours avec l'acteur Daniel Craig dans le rôle du détective. Le budget de ce projet s'élève à 400 millions de dollars[26].
En 2021, Netflix lance une boutique en ligne de produits dérivés consacrés à ses séries phares aux États-Unis[27].
Données économiques
Actionnaires de la société
L'actionnariat majoritaire de Netflix est essentiellement constitué d'investisseurs institutionnels, de fonds de pension et de fonds d'investissements.
Liste des principaux actionnaires au [28].
Nom | Nombre d'actions | Pourcentage |
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The Vanguard Group | 31 246 463 | 7,06% |
Capital Research & Management (investisseurs globaux) | 30 232 937 | 6,83% |
T. Rowe Price Associates, Inc. (Investment Management) | 19 430 884 | 4,39% |
Fidelity Management & Research Co. LLC | 18 901 742 | 4,27% |
SSgA Funds Management, Inc. | 16 050 207 | 3,62% |
Capital Research & Management Co. (inverstisseurs internationaux) | 15 888 455 | 3,59% |
Capital Research & Management Co. (investisseurs mondiaux) | 13 698 696 | 3,09% |
East Peak Advisors LLC | 10 500 000 | 2,37% |
BlackRock Fund Advisors | 10 213 912 | 2,31% |
Icahn Associates Holding LLC | 9 883 482 | 2,23% |
Chiffre d'affaires
Direction de la société
Équipe de direction
- Directeur général : Reed Hastings
- Directrice des ressources humaines : Jessica Neal
- Directrice marketing : Jackie Lee-Joe
- Responsable de la communication : Rachel Whetstone
- Directeur juridique, secrétaire général : David Hyman
- Directeur des produits : Greg Peters
- Directeur financier : Spencer Neumann
- Directeur des programmes : Ted Sarandos
Conseil d'administration
- Président du directoire : Jay Hoag
- Membres : Richard Barton, Rodolphe Belmer, Mathias Döpfner, Timothy Haley, Reed Hastings, Leslie Kilgore, Ann Mather, Susan Rice, Brad Smith, Anne Sweeney
Note : les informations de cette section proviennent du site Web de Netflix Inc. dédié aux relations avec les investisseurs.
Analyse de la société
Netflix et les nouvelles formes de consommation
La consommation de vidéo-à-la-demande par abonnement étant l'une des possibilités de consommation délinéarisée du contenu (le spectateur regarde ce qu'il veut, quand et où il veut, sur le support qu'il veut) au même titre que la télévision de rattrapage, elle rend possible le visionnage à tout instant, à l'inverse de la consommation par le câble[29]. D'un point de vue sociologique, le visionnage des contenus sur Netflix participe à l'émergence d'un nouveau mode de consommation des séries télévisées. En effet, l'entreprise favorise la pratique du visionnage boulimique (« binge-watching » en anglais), qui existe cependant depuis les années 1990 et le développement du DVD, en mettant régulièrement à disposition de ses clients l'intégralité d'une saison en une seule fois[29]. En conséquence, le format des épisodes de séries télévisées s'en trouve modifié avec des possibilités comme le saut du résumé de l'épisode précédent ainsi que du générique de début et de fin[30],[31].
Stratégies de communication
Netflix fait souvent appel à des moyens hors du commun pour sa communication. L'entreprise couvre tous les supports médias (télévision, presse, cinéma, etc.) et hors-médias (réseaux sociaux, événements) lui permettant de communiquer, le plus souvent sur son contenu original.
En premier lieu, l'une des techniques les plus employées par Netflix au sein de sa stratégie de communication et de sa stratégie marketing est l'appel à la nostalgie. En effet, à travers le choix de ses programmes diffusés ou de ses propres programmes, Netflix a su profiter des tendances émergentes dans le secteur de l'audiovisuel ou, plus généralement, dans le secteur des arts. Dans le choix du catalogue de diffusion, on peut ressentir cette influence au niveau des contenus destinés à la jeunesse, où la génération des 18-25 ans d'aujourd'hui peut trouver du contenu qu'elle a vu dans son enfance. C'est une sorte de piqûre de rappel ou une manière d'utiliser l'affect des gens pour provoquer en eux un sentiment d'appartenance ou, du moins, de proximité. Citons comme exemple Le Bus magique, et sa suite, distribué exclusivement par Netflix. Au niveau des œuvres signées Netflix, cette influence peut être ressentie au point de vue tant du contenu que du traitement apporté à la vidéo. C'est ainsi qu'on retrouve des références au XXe siècle dans plusieurs programmes, tels que Stranger Things, Glow, ou encore Les Demoiselles du téléphone.
En second lieu, la présence de Netflix dans le paysage publicitaire se traduit par plusieurs opérations comme le print advertising (la publicité imprimée) grâce auquel Netflix se démarque par des campagnes de publicité audacieuses. En avril 2015, à Paris, en collaboration avec l'agence de publicité américaine Ogilvy & Mather, Netflix lance ainsi une campagne incitant la population à contourner la loi pour promouvoir sa série Better Call Saul[32]. Elle a également recours au street marketing par le biais de spots publicitaires disposés dans des lieux publics afin de persuader les passants de découvrir de quoi il est question dans la série mentionnée sur les affiches[33]. En février 2017, peu après la sortie de la fonctionnalité « ciseaux » sur l'application Snapchat, Netflix lance une campagne « out of home » mêlant affichage et réseaux sociaux, permettant de faire des faceswaps (superposition de la tête d'une autre personne sur la sienne) avec les personnages de leurs programmes[34]. À Paris, cette campagne mettait en scène des héros de programmes originaux Netflix, notamment le comédien Gad Elmaleh[35]. Netflix organise enfin des événements dans les lieux publics dans le but de mieux faire connaître ses services, comme en juin 2015, en collaboration avec l'agence Ubi Bene, où une prison en plein air a été conçue pour promouvoir la série Orange Is the New Black.
En dernier lieu, Netflix emploie d'autres moyens de marketing comme le teasing[33] (grâce à sa popularité sur les médias sociaux, Netflix peut compter sur les sites de réseautage dans l'espoir de tenir les utilisateurs au courant des dernières informations liées à leurs séries favorites), le partage de compte[33] (même si une personne ne possède pas un compte Netflix, il est possible qu'elle puisse emprunter les identifiants d'un membre pour accéder au contenu, ce qui est surtout observable auprès des jeunes, chez qui une personne qui n'a pas accès au service adoptera davantage l'envie d'intégrer la communauté), la recommandation individuelle[36] (le système de Netflix étant basé sur les algorithmes, l'entreprise cherche à organiser les séries affichées dans l'interface de l'accueil en fonction des goûts de chaque utilisateur, en passant par son historique, ce qui lui permet de développer des séries qui satisferaient les attentes des consommateurs) et finalement les partenariats[37] (la firme noue également des partenariats avec d'autres marques comme en 2017 avec la boutique Alternative Herbal Health de San Francisco pour distribuer douze souches de cannabis inspirées de ses séries).
Environnement technique et humain
Pour passer d'un service de location de DVD à un fournisseur dynamique de contenu hors ligne en flux continu en une dizaine d'années, Netflix a su développer et proposer des solutions innovantes dans des domaines variés.
Sa politique de gestion des ressources humaines présente des aspects inédits[38], par le recrutement d'« adultes responsables » très bien rémunérés, l'abandon du principe d'évaluation annuelle au profit d'une évaluation continue ainsi qu'une liberté donnée dans les activités et les congés illimités au choix du collaborateur. Aussi, Netflix se montre généreux en matière d'indemnités de départ[39]. De plus, l'organisation de ses programmes informatiques est agile[40], Netflix est à l'origine de nombreux outils mis à disposition en open source (Nebula, un ensemble de plugins pour le logiciel Gradle qui permet de construire des applications en Java ; Aminator[41], un outil de création d'image AMI pour Amazon Web Services ; Spinnaker[42], un outil de déploiement multi-cloud qui s'intègre à la majorité des fournisseurs d'informatique en nuage ; Chaos Monkey et la Simian Army, une suite d'outils permettant de simuler des pannes en environnement réel et de vérifier que le système informatique continue à fonctionner (permettant de livrer en continu tout en garantissant la qualité de service[43])) pour garantir la qualité d'expérience de son service de streaming. Netflix a mis en place le programme Open Connect[44], un ensemble de partenariats avec les fournisseurs d'accès à Internet afin de livrer son contenu de la façon la plus efficace qui soit. Aussi, depuis 2015, l'entreprise américaine est aidée techniquement par le CNRS, à travers le Laboratoire des Sciences du Numérique de Nantes (LS2N) concernant la compression vidéo. En mars 2017, lors du Congrès mondial de la téléphonie mobile de Barcelone, Netflix a présenté le nouvel outil de codage vidéo réalisé au LS2N, qui offre une haute qualité d'image avec un débit de 100 kilobits par seconde, soit 40 fois plus faible que celui de la télévision en haute définition (HD), et compatible avec la plupart des réseaux de téléphonie mobile[45].
Fonctionnement de la plateforme
La plateforme de Netflix fonctionne grâce à un programme de reconnaissance de mots-clés. Ainsi, chaque contenu est associé à une quinzaine de mots-clés permettant de l'identifier et de le retrouver. En outre, ce fonctionnement établit le système de recommandation de contenus sur la plateforme, car chaque utilisateur, par le contenu qu'il consomme, se retrouve associé à des mots-clés. Ainsi lorsqu'un utilisateur se voit recommander un contenu, c'est parce qu'il est associé aux mêmes mots-clés qu'un utilisateur l'ayant visionné. De plus, les vignettes des contenus changent d'un utilisateur à un autre pour déterminer lesquelles sont les plus efficaces pour inciter à regarder du contenu[46].
Par ailleurs, ce système de recommandation est amélioré grâce à six autres algorithmes. Un premier effectue le classement des contenus les plus populaires sur la page d'accueil de l'utilisateur, tandis que le second trie les contenus que l'utilisateur pourrait désirer voir et que le troisième affiche les contenus connaissant des pics de popularité selon les périodes (Noël, Saint-Valentin, etc.). Aussi, le quatrième incite l'utilisateur à continuer de regarder du contenu qu'il a commencé à voir, alors que le cinquième établit la similitude d'un contenu avec l'un de ceux que l'utilisateur a vu et que le dernier détermine l'ordre d'affichage des contenus sur la page d'accueil[46].
En , Netflix souhaite désactiver par défaut la fonction « Vous êtes encore là ? » qui apparait lorsqu'un utilisateur enchaine plusieurs épisodes sur la plateforme[47].
Cette plateforme est accessible à tous âges grâce à la catégorie Jeunesse. Par exemple un enfant peut très bien utiliser Netflix en regardant des contenus de son âge. Mais cela est également abordable pour n'importe qui car si une famille prend le pack familial contenant 4 écrans, chaque membre de la famille peut avoir son compte personnel même un enfant de 5 ans et si une personne veut prendre un abonnement Netflix, elle pourra autant malgré qu'elle soit toute seule en prenant le pack avec 1 seul écran.
Impact environnemental et poids dans le trafic mondial
Netflix représente plus du tiers du trafic Internet aux États-Unis, ce qui entraîne une consommation d'énergie importante couplée à d'importantes émissions de gaz à effet de serre[48]. En fait, l'utilisation de services de vidéo-à-la-demande tels que Netflix libère environ 100 millions de tonnes de dioxyde de carbone chaque année, soit environ 0,3 % des émissions mondiales, ou autant de CO2 par an que le royaume de Belgique[49]. De plus, contrairement à d’autres plateformes de streaming vidéo, Netflix ne fournit pas de rapports réguliers sur la consommation d’énergie, les émissions de gaz à effet de serre ou le bouquet énergétique réel de ses activités mondiales[50]. Jusqu'à présent, Netflix ne s'est pas publiquement engagé à utiliser les énergies renouvelables[50].
Selon le rapport The Global Internet Phenomena publié par la société américaine Sandvine en 2018, Netflix représente 15% du trafic Internet mondial, devant YouTube (11,35 %)[51]. Le taux s'élève à 19,1 % du trafic aux États-Unis[51]. Sandvine salue toutefois la technologie de compression de la plateforme et assure que « Netflix pourrait facilement consommer trois fois plus de volume et 40 % du trafic en permanence »[51]. En 2019, selon le nouveau rapport de Sandvine, Netflix reste en tête avec 12,60% du trafic internet entrant au niveau mondial, contre 12,33% pour Google, 8,14% pour Facebook, 5,42% pour Microsoft, 3,65% pour Apple et 3,15% pour Amazon[52].
En France en 2018, selon le rapport annuel de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) sur l'état d'Internet, 22,4 % du trafic Internet enregistré par les quatre principaux fournisseurs d'accès (Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free) se fait ainsi à destination de Netflix à cette date, contre 15 % du trafic en 2017 et moins de 10% en 2016[53]. En juin 2020, la plateforme centralise environ 25% du trafic en France en utilisant son propre réseau[54].
Netflix face à une concurrence grandissante
Avec l'arrivée de Netflix, la fréquence de visionnage sur les plateformes de flux continu a largement augmenté. D'après une étude réalisée par le cabinet ComScore, près de la moitié des habitants aux États-Unis visionnent Netflix quotidiennement, l'autre moitié s'adonnant aux plateformes concurrentes. L'audience relative aux chaînes de télévision s'en voit ainsi compromise, le fait étant que la période moyenne propre au visionnage des programmes Netflix coïncide avec une plage horaire généralement exploitée par les émissions[55]. Face à l'hégémonie de Netflix sur le marché de la vidéo-à-la-demande par abonnement, d'autres multinationales des secteurs des industries créatives, des télécommunications et du commerce en ligne se lancent dans la distribution et l'exploitation de films et séries télévisées par Internet. C'est notamment le cas de multinationales comme Google, Apple, Facebook et Amazon, mais également des conglomérats du divertissement NBCUniversal, WarnerMedia et The Walt Disney Company. Par ailleurs, certaines chaînes de télévision françaises proposent des offres destinées à concurrencer Netflix.
La première offre à concurrencer Netflix est Hulu, qui est un service commun à The Walt Disney Company, 21st Century Fox, NBCUniversal et WarnerMedia fondé en 2007. Ensuite, Amazon a créé sa filiale Amazon Studios en 2016 et lancé une offre de vidéo-à-la-demande par abonnement (Prime Video) incluse dans son abonnement annuel à Amazon Prime qui compte cent millions d'abonnés en avril 2018. Aussi, Facebook a lancé à l'été 2017 la plateforme à usage gratuit Facebook Watch dont les contenus sont adaptés au visionnage sur des écrans de smartphones grâce à leur courte durée (de dix à trente minutes). L'objectif de Facebook est d'engranger des revenus publicitaires supplémentaires. De son côté, Google, par l'intermédiaire de YouTube, a commencé en mai 2018 à diffuser des contenus en flux continu grâce à un abonnement mensuel incluant également une souscription à un service musical en flux continu. The Walt Disney Company prévoit de renforcer son implication dans le secteur de la vidéo-à-la-demande par abonnement à l'automne 2019 en lançant Disney+, plateforme regroupant des contenus issus des filiales de la société (Lucasfilm, Marvel Entertainement, 20th Century Fox, National Geographic Channel, etc.)[56].
Face à une concurrence grandissante, la plateforme de streaming souhaite garder un temps d'avance et annonce un investissement 10% plus important en 2021 qu'en 2020. Le budget sera alloué aux propres productions de Netflix[57].
Appréhension de Netflix en France
Critiques
Un reproche fait à Netflix par des personnes n'ayant pas d'accès aux images est le manque d'audiodescription en langue française[58].
La presse cinéma française a abordé la question Netflix ces dernières années dans ses pages, notamment La Septième Obsession, So Film et les Cahiers du cinéma, avec des angles différents[59][précision nécessaire].
Action de Netflix en faveur du cinéma français
En 2021, la Cinémathèque française, engagée dans un projet de restauration du Napoléon d’Abel Gance, fait état du fait que la société américaine de streaming vidéo va devenir mécène de l’organisme et participer financièrement au projet de restauration. Les montants alloués par Netflix à ce projet n’ont pas été communiqués[60].
Notes et références
- « http://files.shareholder.com/downloads/NFLX/4040313674x0x905147/65EBB072-6E25-44AC-84E5-8D2F857D1662/2016_Proxy.pdf »
- Cet article a notamment pour source : Capucine Cousin, Netflix & Cie : Les coulisses d'une (r)évolution, Paris, Armand Colin, 2018
- Stéphane Lauer (photogr. Nathaniel E. Bell), « Avec Netflix, la « télévision du futur » arrive en France », Le Monde, .
- « Netflix ferme ses bureaux en France », Le Figaro, .
- (es) Verónica Heredia Ruiz, « Revolución Netflix: desafíos para la industria audiovisual », Chasqui. Revista Latinoamericana de Comunicación, no 135, , p. 21 (ISSN 1390-1079).
- Anaelle Grondin, « Netflix va faire ses premiers pas en Chine », Les Échos, .
- (en) « Letter to shareholders 2014 », sur shareholder.com. .
- (en) « Letter to shareholders 2016 », sur shareholder.com.
- (en) « Letter to shareholders 2018 », sur q4cdn.com. .
- (en) « Shareholder letter », =lettre aux actionnaires [PDF], sur q4cdn.coù, (consulté le )
- Lettre adressée aux actionnaires de Netflix .
- Ulrich Rozier, « Disney+ passe la barre des 100 millions d'abonnés, contre 200 pour Netflix », sur Frandroid, (consulté le )
- Jérôme Marin, « Netflix accepte de sortir trois de ses films au cinéma en avant-première », Le Monde, Paris, Société éditrice du Monde, (lire en ligne).
- William Audureau, « E3 2019 : Netflix annonce son développement dans les jeux vidéo », Le Monde, .
- Claire Bader et Christophe David (photogr. Hugo Lebrun), « Franck Riester : "Les chaînes financent la création, il doit en être de même pour Netflix" », Capital, Gennevilliers, Prisma Media, (lire en ligne)
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- « Netflix inaugure ses bureaux à Paris et annonce de nouveaux contenus français », sur Franceinfo, (consulté le )
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- Thibault Henneton (photogr. Tom Galle et Moises Sanabria), « Les recettes de Netflix », Le Monde diplomatique, .
- Séverine Barthes, « De quoi la série originale Netflix (Netflix Original) est-elle le nom ? Quelques jalons sur l'histoire de Netflix », in Numérisation généralisée de la société, CRICIS, mai 2018, Montréal, Canada ⟨halshs-02097155⟩.
- Hugo Pascual, « Contourner les restrictions territoriales de Netflix, un jeu d'enfant ? », Libération, .
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Annexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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- Hubert Niogret, « Le cas Netflix : le conflit de deux modèles », Positif, no 688, Paris, Institut Lumière/Actes Sud, , p. 66-67, (ISSN 0048-4911)
Articles connexes
Lien externe
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