Les Aventures de Tintin

Les Aventures de Tintin constituent une série de bandes dessinées créée par le dessinateur et scénariste belge Hergé.

Pour les articles homonymes, voir Tintin (homonymie).

Les Aventures de Tintin
Série

Auteur Hergé
Assistant Studios Hergé
Edgar P. Jacobs
Genre(s) Bande dessinée jeunesse
Aventures
Policier
Science-fiction

Personnages principaux Tintin et Milou
le capitaine Haddock
Dupond et Dupont
Tryphon Tournesol
Lieu de l’action Les cinq continents
La Lune à une occasion
Époque de l’action Milieu du XXe siècle

Pays Belgique
Langue originale Français
Autres titres Les Aventures de Tintin et Milou
Éditeur Le Petit Vingtième (1930–1939)
Casterman
Première publication Le Petit Vingtième no 11
()
Nb. de pages 62 pages (du tome 2 à 23)
Nb. d’albums 24 albums, dont un inachevé

Prépublication Le Petit Vingtième
(de 1929 à 1939)
Cœurs vaillants
(de 1930 à 1947)
Le Soir Jeunesse puis Le Soir (de 1940 à 1944)
Le Journal de Tintin
(1946 à 1976)
Site web tintin.com

Avec 250 millions d'exemplaires vendus, Les Aventures de Tintin font partie des bandes dessinées européennes les plus célèbres et plus populaires du XXe siècle. Elles ont été traduites en une centaine de langues et dialectes[1] et adaptées à de nombreuses reprises au cinéma, à la télévision et au théâtre. Elles se déroulent dans un univers réaliste et parfois fantastique, fourmillant de personnages aux traits de caractère bien définis. Le héros de la série est le personnage éponyme, Tintin, un jeune reporter et globe-trotter belge ; il est accompagné dans ses aventures par son fox-terrier Milou. Au fil des albums, plusieurs figures récurrentes apparaissent, comme les détectives accumulant les maladresses loufoques Dupond et Dupont, le capitaine Haddock qui ne tarde pas à devenir un personnage principal, ou encore le professeur Tournesol.

La série est appréciée pour ses dessins qui mélangent personnages aux proportions exagérées et décors réalistes. L'utilisation de traits d'une égale épaisseur, l'absence de hachures et le recours aux aplats de couleur sont les marques du style de l'auteur, connu sous l'appellation de « ligne claire ». Les intrigues des albums mélangent les genres : des aventures à l'autre bout du monde, des enquêtes policières, des histoires d'espionnage, de la science-fiction, du fantastique. Les histoires racontées dans Les Aventures de Tintin font toujours la part belle à l'humour « peau de banane », contrebalancé dans les albums les plus tardifs par une certaine ironie[2] et une réflexion sur la société.

Publications

Couverture du Petit Vingtième publié le jeudi , montrant Tintin de retour du « pays des Soviets ».

Les Aventures de Tintin sont publiées pour la première fois le dans Le Petit Vingtième, supplément hebdomadaire pour enfants du journal belge Le Vingtième Siècle. La dernière parution dans ce journal date du – jour où les armées allemandes entrent en Belgique.

À partir du , la série est également publiée dans Cœurs vaillants, hebdomadaire catholique français. À partir du , elle l'est également, avec quelques modifications, dans l'hebdomadaire catholique suisse L’Écho illustré[3].

À partir du , la publication des Aventures de Tintin reprend dans Le Soir jeunesse, supplément du quotidien Le Soir. Hergé y commence Le Crabe aux pinces d'or.

À partir du , à la suite de l'arrêt d'édition du Soir jeunesse, conséquence du rationnement en papier, la publication des Aventures de Tintin est directement intégrée dans les pages du journal Le Soir. Cette publication s'y poursuivra jusqu'au , date à laquelle débute la libération de la Belgique.

À partir du , après une période d'interdiction de publication, Les Aventures de Tintin sont prépubliées dans le Journal de Tintin avec Le Temple du Soleil.

Les Aventures de Tintin sont aussi publiées en 24 albums, dont un inachevé, aux éditions Casterman. Elles se terminent avec la mort de leur auteur, le .

Historique de la série

Tintin illustrant le thème de la plongée dans les couloirs du Centre sportif de Blocry à Louvain-la-Neuve avec des scènes tirées de l'album Le Trésor de Rackham le Rouge.

Naissance du personnage (1929-1930)

En , Hergé entre au service des abonnements du Vingtième Siècle[a 1],[p 1], un quotidien résolument catholique et conservateur[p 2]. En parallèle, il continue de publier ses propres dessins dans Le Boy-Scout, et notamment sa première bande dessinée, Les Aventures de Totor, C. P. des Hannetons, à partir du mois de [p 3].

À partir du mois d'août 1927, à l'issue de son service militaire, il bénéficie d'une promotion au Vingtième Siècle et travaille alors en tant que reporter-photographe et dessinateur[a 1]. L'année suivante, le directeur du journal Norbert Wallez lui confie la rédaction d'un supplément hebdomadaire destiné à la jeunesse, Le Petit Vingtième, dont le premier numéro paraît le [a 2]. Il en est d'ailleurs le seul collaborateur permanent[4]. Hergé doit notamment illustrer L'extraordinaire aventure de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet, une histoire plutôt médiocre écrite par un membre de la rédaction des sports du Vingtième Siècle[p 4],[a 2]. Peu satisfait de cette production qu'il juge « ennuyeuse », Hergé multiplie les contributions dans d'autres publications, dont une double planche de bande dessinée qu'il publie dans Le Sifflet, qui met en scène un jeune garçon accompagné de son chien blanc[p 5].

Séduit par ces deux personnages, Norbert Wallez propose à Hergé de les intégrer au Petit Vingtième. C'est la naissance de Tintin et Milou, le , pour une première aventure intitulée Tintin au pays des Soviets. À la demande de Wallez, le récit se veut ouvertement anticommuniste, suivant ainsi la ligne du Vingtième Siècle et de son directeur[p 6],[a 3]. Dans un premier temps, Hergé livre chaque semaine deux planches qui « enchaînent gags et catastrophes sans bien savoir où son récit l'entraîne »[5], tandis que les décors et les paysages « sont réduits à leur plus simple expression »[a 3]. Le succès est pourtant immédiat : l'aventure achevée, le , une foule de lecteurs se presse sur les quais de la gare de Bruxelles-Nord pour accueillir un Tintin en chair et en os à son retour du pays des Soviets, à l'occasion d'une mise en scène de la rédaction du Vingtième Siècle qui recrute un jeune garçon pour donner corps à son héros[a 4].

Les débuts d'une industrie (1930-1939)

Reconstitution de la scène de la douche de Tintin sous la trompe d'un éléphant dans Les Cigares du pharaon.

Conformément au souhait de Norbert Wallez, qui veut faire naître une vocation coloniale chez les jeunes lecteurs, le deuxième volet de la série envoie Tintin au Congo[a 5]. Hergé souhaitait pourtant évoquer la culture des Amérindiens, qui le fascine[6], ce qui est fait dans la troisième aventure avec Tintin en Amérique[7]. À la fin de l'année 1933, Les Aventures de Tintin prennent un tournant décisif : Hergé signe un contrat avec la maison Casterman, située à Tournai, qui obtient le privilège d'éditer tous les albums de l'auteur en langue française. Cet accord est prédominant pour la conquête du marché français[a 6],[8].

La quatrième aventure, Les Cigares du pharaon, marque une nouvelle étape dans la série. Si l'histoire, conçue sans le moindre scénario préalable, demeure très improvisée, voire « abracadabrante »[a 7], elle représente la « quintessence du feuilleton »[p 7] et témoigne de la nouvelle ambition littéraire de l'auteur. Cela se traduit notamment dans le choix du titre de l'album, qui pour la première fois ne contient pas le nom du héros[9]. Sur les chemins de l'Orient, à travers l'Égypte, l'Arabie et l'Inde, l'aventure est encore teintée de stéréotypes. Pour autant, le décor n'est plus au cœur du récit, supplanté par l'affrontement entre Tintin et une bande de trafiquants d'opium[10].

Le fétiche de L'Oreille cassée.

Mais c'est surtout Le Lotus bleu qui fait entrer Hergé et son héros dans une nouvelle dimension. Cette cinquième aventure de la série marque un pas décisif vers le réalisme, comme le souligne Benoît Peeters : « Tintin, qui jusque-là se nourrissait allègrement de mythes et de poncifs, entreprend désormais de les combattre ; il sera celui qui démonte les apparences et non plus celui qui s'en satisfait. [...] Hergé prenait conscience de sa propre responsabilité de conteur. Désormais, il s'agira pour lui de présenter au lecteur une image aussi fidèle que possible des pays dans lesquels il envoie Tintin, et donc de se documenter de façon aussi précise que possible[11]. » La rencontre d'un jeune étudiant chinois, Tchang Tchong-Jen, s'avère déterminante. Ce dernier fait évoluer les représentations du dessinateur sur son pays et lui fournit des informations précieuses pour aboutir au récit le plus réaliste possible[12].

Dès lors, ce souci du détail ne quitte plus Hergé. L'auteur cherche également à inscrire son récit dans l'actualité de son époque. Ainsi, il transpose l'incident de Mukden et l'invasion japonaise de la Mandchourie dans Le Lotus Bleu[13], L'Oreille cassée emprunte des éléments de scénario à la guerre du Chaco qui oppose la Bolivie et le Paraguay[14], tandis que Le Sceptre d'Ottokar est le récit d'un « Anschluss raté »[15],[a 8].

L'Oreille cassée marque une autre évolution. Pour la première fois, le récit s'attarde dans la ville d'origine de Tintin et fait découvrir au lecteur son domicile du 26, rue du Labrador. De même, il crée deux États fictifs, le San Theodoros et le Nuevo Rico, qui sont traités de manière réaliste afin d'inscrire l'action dans le monde réel et contemporain[14]. Il en fait de même avec la Syldavie et la Bordurie dans Le Sceptre d'Ottokar et reprend ainsi les ingrédients de la romance ruritanienne, un sous-genre de la littérature de jeunesse né au tournant du XXe siècle[16].

Âge d'or et premiers tourments (1940-1944)

Le Soir (ici du 15 avril 1943) dans lequel paraissent les Aventures de Tintin sous l'occupation.

Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et l'invasion de la Belgique par l'armée allemande entraîne la fermeture du Petit Vingtième et avec elle l'interruption de la publication de Tintin au pays de l'or noir[a 9]. À partir du , la Belgique subit l'occupation de son territoire, mais ce contexte de guerre constitue paradoxalement un certain « âge d'or » de la création[a 10]. Pour Hergé, comme pour d'autres artistes qui veulent s'assurer des revenus réguliers et ne pas se faire oublier du public[a 11], commence le temps de « l’accommodation »[a 12]. Au mois d'octobre suivant, il rejoint le quotidien Le Soir dont la publication se poursuit sous l'impulsion de journalistes collaborateurs, parmi lesquels se trouve le nouveau rédacteur en chef, Raymond De Becker, et avec l'accord de la propagande nazie qui en fait « un instrument privilégié de pénétration de l'opinion publique »[a 13]. C'est à cette époque qu’apparaît une figure centrale de la série, le capitaine Haddock, que Tintin rencontre lorsqu'il est prisonnier d'un cargo dans Le Crabe aux pinces d'or[a 14].

L'attitude qu'Hergé adopte pendant cette période est considérée comme ambiguë et lui vaut de nombreuses critiques après la guerre. En acceptant de travailler pour un journal considéré comme « volé » par une partie de l'opinion[Note 1], l'auteur cherche avant tout à développer ses créations artistiques en profitant de l'absence de concurrence française à cette période pour s'imposer[a 13]. Pour Hergé, le rayonnement de son œuvre compte plus qu'une certaine éthique et de fait, il semble indifférent aux événements de son époque[p 8] et évite prudemment tout geste qui pourrait s'apparenter à de la collaboration[a 15]. Pourtant, plusieurs de ses actes renforcent l'ambiguïté de sa situation. Il intervient notamment auprès des autorités allemandes afin d'obtenir un supplément de papier et de maintenir ainsi la production de ses albums chez Casterman[a 16], mais surtout, les caricatures de commerçants juifs qu'il présente dans L'Étoile mystérieuse sont considérées comme antisémites[a 17].

Les personnages d'Hergé s'installent au château de Moulinsart.

Hergé choisit alors la fuite littéraire : avec le diptyque formé par Le Secret de La Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge, Tintin s'affranchit de l'actualité oppressante de son époque pour investir le thème traditionnel de l'épopée flibustière et de la recherche d'un trésor[p 9]. Ce diptyque complète également la « famille » de Tintin, avec la première apparition du Professeur Tournesol et l'installation du capitaine Haddock au château de Moulinsart[p 10]. Hergé poursuit son « évasion littéraire » dans l'aventure suivante : si l'action des Sept Boules de cristal se situe en Belgique, la présence de l'occupant et ses interdictions ne sont pas évoquées dans l'aventure. En parallèle, il entame une collaboration avec le dessinateur Edgar P. Jacobs. Le souci du détail, la perfection et la minutie de ce dernier sont d'une aide précieuse pour Hergé qui s'attaque alors à la refonte des premiers albums de Tintin dans le cadre de leur première parution en couleur, à la demande de Casterman[a 18].

La libération du pays le provoque l'arrêt de la parution du Soir et, partant, celle des Sept boules de cristal. Arrêté pour faits de collaboration, Hergé se trouve alors empêché de toute publication : le haut-commandement allié en Belgique ordonne que « tout rédacteur ayant prêté son concours à la rédaction d'un journal pendant l'Occupation soit momentanément interdit d'exercer sa profession »[a 19].

Intermittences (1944-1950)

Illustration du Temple du Soleil.

C'est durant cette période que se manifestent chez lui les premiers signes d'un profond syndrome dépressif[p 11]. Finalement, le , la justice décide de n'entamer aucune poursuite à son encontre[a 20] alors que d'autres journalistes du Soir ne bénéficient pas d'autant d'indulgence[a 21]. Cette clémence s'explique en partie par l'intervention de certaines de ses relations, mais aussi à « son image, sa popularité et la sympathie qui s'en dégage »[a 22]. Lavé de tous soupçons, Hergé obtient le certificat de civisme nécessaire à se reprise du travail et s'associe à l'éditeur de presse et résistant Raymond Leblanc pour lancer le journal Tintin. La publication de ses aventures reprend, à commencer par Le Temple du Soleil, qui constitue la suite des Sept Boules de Cristal[17].

Logo du journal Tintin.

Pour autant, Hergé continue de subir des attaques quant à son attitude équivoque sous l'occupation. Sensible à ces accusations, il s'enfonce dans la dépression[p 12]. Au même moment, la collaboration avec Edgar P. Jacobs, qui souhaite développer sa propre série, cesse[p 13]. Guy Dessicy et Franz Jaguenau sont sollicités pour pallier son départ et travailler aux décors[a 23].

Les différents épisodes dépressifs d'Hergé l'amènent à prendre du recul. Le dessinateur se montre incapable de tenir le rythme de production qui était auparavant le sien[p 14]. La publication du Temple du Soleil est interrompue pendant plusieurs semaines[a 24] et l'achèvement de l'histoire se fait « dans la douleur » pour son auteur[a 25] et « tient du cauchemar »[p 15]. Pour soulager Hergé, il est décidé pendant quelques semaines que seules deux bandes sur les trois composant la planche hebdomadaire doivent être consacrées à l'aventure de Tintin, la place restante étant dédiée à une chronique didactique écrite par Jacques Van Melkebeke sous le titre « Qui étaient les Incas ? », tandis que son ami Bernard Heuvelmans lui fournit quelques idées pour achever son scénario[p 15]. La crise que traverse le dessinateur se double d'un certain désamour pour son pays[a 26] qui se traduit par l'envie de prendre un nouveau départ et un projet d'installation en Argentine au début de l'année 1948[p 16].

La fusée lunaire de Tintin installée dans l'aéroport de Bruxelles.

Ce projet avorté, Hergé parvient tant bien que mal à reprendre et terminer l'histoire de Tintin au pays de l'or noir, interrompue par la guerre puis par sa dépression, tout en y glissant le personnage du capitaine Haddock qui n'aurait pas dû figurer dans ce récit débuté avant la guerre et donc avant sa première apparition[18],[p 17]. La charge de travail auquel il s'astreint est bien trop importante : la réalisation des nouvelles planches et la refonte de ses précédents albums le conduisent au surmenage et ne font qu'aggraver sa santé mentale. Dès lors, Hergé est convaincu qu'il doit s'entourer d'une équipe. Plusieurs dessinateurs et scénaristes sont recrutés, parmi lesquels Bob de Moor et Jacques Martin, ce qui aboutit à la création des Studios Hergé au début de l'année 1950[a 27]. Hergé s'appuie également sur les conseils de certains de ses amis qui ne rejoignent pas les Studios mais l'aident dans son travail de recherche, comme l'écrivain Bernard Heuvelmans qui contribue à l'écriture du scénario du diptyque lunaire, Objectif Lune et On a marché sur la Lune[a 28].

Une icône internationale (1950-1959)

À Bruxelles, l'enseigne lumineuse géante au sommet de l'« immeuble Tintin », siège des éditions Le Lombard, est le symbole du succès de Tintin dans les années 1950.

Au cours des années 1950 et au début de la décennie suivante, Tintin devient une véritable icône internationale. Les ventes d'albums de la série se développent et conquièrent de nouveaux marchés[19]. Au milieu des années 1960, 1,5 million d'albums sont vendus chaque année, tandis que Tintin en Amérique, On a marché sur la Lune et Le Trésor de Rackham le Rouge dépassent tous les trois le million d'exemplaires vendus depuis leur sortie[a 29]. En parallèle, les Studios Hergé s'installent dans des locaux plus vastes et Raymond Leblanc travaille à l'implantation du premier magasin Tintin à Bruxelles[20].

L'Affaire Tournesol, qui commence à paraître le , figure pour de nombreux tintinologues au sommet de l'œuvre d'Hergé[a 30]. Cette aventure, véritable « thriller de la guerre froide »[21], est saluée pour « la richesse du thème, la rapidité des enchaînements, la science du cadrage et l'art du dialogue »[22]. Cet album, éminemment politique, offre en quelque sorte une synthèse critique du totalitarisme en bande dessinée[23].

Dans la foulée, Coke en stock, « complexe, ambigu, quasi labyrinthique »[p 18], propose une dénonciation de l'esclavagisme[a 31]. Surtout, il est sans doute l'album où Hergé va le plus loin dans la mise en scène de son univers, par le rappel de nombreux personnages secondaires[p 18]. Il précède Tintin au Tibet, l'album le plus personnel de l'auteur[24] qui le qualifie lui-même de « chant dédié à l'Amitié »[25], comme un « instantané biographique du créateur au tournant de son existence »[a 32].

Sa dépression étant de plus en plus marquée, Hergé est soumis à des « rêves blancs » qui le hantent la nuit. Il prend l'initiative de consulter un psychanalyste zurichois qui lui conseille de cesser le travail pour vaincre ses démons intérieurs, mais il s'y refuse, et l'achèvement de l'album agit finalement comme une sorte de thérapie. Le blanc est d'ailleurs omniprésent dans l'album, à mesure que Tintin gagne en altitude pour sauver son ami Tchang[a 33]. Tintin au Tibet marque une autre rupture dans la série, car pour la première fois, le héros n'est confronté à aucun méchant. Il ne s'agit pas pour Tintin de conduire une enquête policière, mais bien une « quête spirituelle ». Sans renoncer au registre comique, porté par le seul personnage du capitaine Haddock, Hergé apporte un visage plus humain et plus émouvant à celui de Tintin[a 34], et confère ainsi à cette histoire une « dimension philosophique et spirituelle inégalée dans les autres albums de la série »[26].

Derniers albums et œuvre inachevée (1960-1983)

Dans l'aventure suivante, Les Bijoux de la Castafiore, Hergé bouscule les codes de la série. L'auteur renonce à l'exotisme pour camper une action qui se déroule entièrement au château de Moulinsart et donner ainsi une unité de lieu à une intrigue qui n'a jamais été aussi mince[a 35]. Cette histoire, sorte de « non-aventure axée sur un anti-héros »[a 36], rencontre pourtant un grand succès populaire. Plus encore, grâce au génie de l'auteur qui parvient à mélanger « le comique et l'absurde avec un sens aigu du dosage le plus subtil », l'album est salué par de nombreux intellectuels[a 37], dont le philosophe Michel Serres, qui en fait une analyse dans la revue Critique[27], ou l'écrivain Benoît Peeters, qui lui consacre entièrement un essai[28].

Dans les années 1960, Tintin doit faire face à la concurrence grandissante d'Astérix.

Si les ventes d'albums de Tintin ne cessent de croître, leur rythme de production s'essouffle, Hergé ne pouvant cacher une certaine lassitude à l'égard de son personnage[a 38]. Poussé par la concurrence grandissante d'un autre personnage phare de la bande dessinée francophone, Astérix[a 39], il se lance dans l'écriture d'une nouvelle aventure, Vol 714 pour Sydney, dont la construction est laborieuse. Dès sa parution, ce récit est jugé bien moins réussi que les précédents[a 40].

À cette époque, les Studios Hergé s'occupent principalement de la refonte des anciens albums, le plus souvent à la demande de l'éditeur. Ainsi, des corrections sont apportées à L'Île Noire pour gagner en réalisme, Coke en stock subit quelques modifications pour contrer les accusations de racisme, mais c'est surtout Tintin au pays de l'or noir qui est modifié en profondeur. Le récit, écrit à l'aube de la Seconde Guerre mondiale, évoquait la lutte entre des groupes terroristes juifs et des soldats britanniques présents en Palestine, ce qui n'est plus d'aucune actualité trente ans plus tard. Hergé remplace donc ce conflit par un affrontement entre les partisans de l'émir Ben Kalish Ezab, souverain du Khemed, et ceux de son rival, le cheikh Bab el Ehr, au sujet de l'exploitation des champs pétroliers que compte le pays, pour apporter un caractère intemporel et universel à son album[a 41].

La parution de Tintin et les Picaros commence en 1975, soit huit ans après l'aventure précédente. Pour de nombreux spécialistes, cet album est un échec : Benoît Peeters estime qu'il n'ajoute rien à la gloire ni au génie de l'auteur[p 19], quand Pierre Assouline considère qu'il s'agit d'un « album de trop »[a 42]. Les critiques portent autant sur une intrigue relâchée et sans relief que sur un graphisme jugé « parfois maladroit »[a 43].

L'œuvre d'Hergé demeure pour toujours inachevée : diminué par la maladie quand il commence la rédaction de Tintin et l'Alph-Art, le dessinateur meurt le [a 44]. Fanny Rodwell, sa seconde épouse et légataire universelle de son œuvre, accepte que cet album inachevé soit publié, mais à la condition qu'il le soit dans l'état laissé à la mort de son créateur[29]. En cela, le souhait d'Hergé qui ne voulait pas que son héros lui survive est respecté[30].

Ensemble des œuvres

Série « classique »

Les neuf premiers albums ont d'abord été publiés en noir et blanc. Hergé, à l'aide de son équipe, a fait par la suite une version en couleurs de tous ces premiers albums (redessinés une fois dans les Studios Hergé par son équipe et lui et dont il a plus ou moins modifié le scénario), à l'exception de Tintin au pays des Soviets ; L'Île Noire a même fait l'objet d'une troisième version. Bien qu'initialement publiés en couleur, les albums L'Étoile mystérieuse et Tintin au pays de l'or noir ont également fait l'objet d'une seconde version, plus neutre politiquement : publiée pendant la Seconde Guerre mondiale, la première version de L'Étoile mystérieuse a pu être interprétée[Par qui ?] comme une œuvre de propagande en faveur de l'Axe Rome-Berlin, tandis que la première version de Tintin au pays de l'or noir fait explicitement référence au conflit israélo-palestinien.

Les dates mentionnées ci-dessous sont celles de la première édition en album. Les trois premiers albums ont été publiés aux éditions du Petit Vingtième, à Bruxelles, et les autres, chez Casterman, à Tournai. Tous les scénarios et dessins sont de Hergé. Pour les 13e et 14e albums, la couleur est d’Edgar P. Jacobs.

Parmi ces vingt-quatre albums, seul Tintin et l'Alph-Art ne fut pas achevé.


Les 22 albums canoniques (de Tintin au Congo à Tintin et les Picaros) représentent au total 15 000 cases et 1 364 planches[31].

Projets inachevés et jamais édités

  • La Piste indienne (1958)[32] : projet inachevé où Hergé désirait traiter la problématique des Indiens d'Amérique avec des éléments plus sérieux que dans Tintin en Amérique.
  • Nestor et la justice (1958)[32] : projet d'aventure dans laquelle Nestor est accusé de meurtre.
  • Les Pilules (1960) : à court d'inspiration, Hergé a demandé à Greg de lui écrire un scénario. Celui-ci a finalement été abandonné, Hergé préférant la liberté de créer seul ses histoires.
  • Tintin et le Thermozéro (1960) : continuation, toujours avec Greg, du projet des Pilules, reprenant la trame de ce dernier. Également abandonné pour les mêmes raisons. Un peu moins d'une dizaine de planches crayonnées ont été dessinées.
  • Lors du cocktail de présentation de Vol 714 pour Sydney dans les locaux parisiens de Qantas, compagnie aérienne australienne, Jacques Bergier, qui a inspiré le personnage de Mik Ezdanitoff, propose à Hergé un sujet le remettant en scène : « On apprendrait un jour que Tournesol a remplacé Einstein à l'université de Princeton, et qu'il a là une chaire de sémiologie, la science de la science, la science de l'expression. Je présenterais le professeur Tournesol en lui apportant mon hommage, et ce pourrait être le point de départ de nouvelles aventures à la découverte de la science absolue[33]. »
  • Un jour d'hiver, dans un aéroport (1976-1980) : projet d'aventure se déroulant uniquement dans un aéroport, fréquenté par un bon nombre de personnages pittoresques. Le scénario prévoyait que la lecture pouvait commencer à n'importe quelle page de l'album et s'achever 61 pages plus loin[34]. Abandonné au profit de l'Alph-art.

Albums tirés de films

Hors-série

Personnages

Tintin et Milou

Décoration murale de la station Stockel du métro de Bruxelles, représentant des personnages des Aventures de Tintin. Réalisée par Bob de Moor et les Studios Hergé, d'après des esquisses d'Hergé.

Tintin est un jeune reporter belge qui se trouve mêlé à des affaires dangereuses dans lesquelles il passe héroïquement à l'action pour sauver la mise. Pratiquement toutes les aventures montrent Tintin accomplissant avec enthousiasme ses tâches de journaliste d'investigation, mais, à l'exception du premier album, on ne le voit jamais en train d'écrire des articles[4]. C'est un jeune homme adoptant une attitude plus ou moins neutre ; il est moins pittoresque que les seconds rôles de la série. À cet égard, il est à l'image de Monsieur Tout-le-monde (Tintin signifie d'ailleurs littéralement en français « rien du tout »).

Au cours de sa carrière, Hergé affirme que le personnage de Tintin est né en quelques minutes. Son visage est ainsi très sommaire, presque inachevé : une tête ronde, deux points noirs pour les yeux, un petit nez rond, ainsi qu'une silhouette grossièrement ébauchée dans la première aventure au pays des Soviets[4]. Ce n'est qu'à partir de la huitième planche de cet album, sous l'effet d'une violente accélération en voiture, que sa houppe caractéristique se relève, le rendant identifiable au premier coup d'œil[4].

Milou, un fox-terrier blanc, est le compagnon à quatre pattes de Tintin. Ils se sauvent régulièrement l'un et l'autre de situations périlleuses. Milou « parle » fréquemment au lecteur par l'intermédiaire de ses pensées (affichant souvent un humour pince-sans-rire), lesquelles sont censées ne pas être entendues par les autres personnages. Comme le capitaine Haddock, Milou adore le whisky Loch Lomond. Les quelques fois où il en boit lui attirent des ennuis, tout comme le fait sa violente arachnophobie. Le nom de Milou est généralement considéré comme une référence indirecte à un amour de jeunesse de Hergé, Marie-Louise Van Cutsem, dont le diminituf est « Milou »[4]. L'apparence du compagnon de Tintin aurait pour modèle le chien d'un cafetier installé à côté du siège du Le Vingtième Siècle[4].

On peut expliquer autrement les origines des deux personnages. Certains ont prétendu que Robert Sexé, un reporter-photographe dont les exploits ont été racontés dans la presse belge du milieu à la fin des années 1920, avait inspiré le personnage de Tintin. Il est célèbre pour sa ressemblance avec ce dernier, et la Fondation Hergé a reconnu qu'il n'était pas difficile d'imaginer que les aventures de Sexé aient pu influencer Hergé. À ce moment-là, Sexé avait parcouru le monde sur une moto fabriquée par Gillet et Herstal. René Milhoux est un champion et recordman de moto de l'époque. En 1928, alors que Sexé était chez Herstal en train de parler de ses projets avec Léon Gillet, Gillet le mit en contact avec son nouveau champion, Milhoux, qui venait de quitter les motos Ready pour l'équipe Gillet-Herstal. Les deux hommes se lièrent rapidement d'amitié et passèrent des heures à parler de motos et de voyages, Sexé demandant à Milhoux de lui transmettre ses connaissances sur la mécanique et les motos poussées au-delà de leurs limites. Grâce à ce mélange d'érudition et d'expérience, Sexé a mené un grand nombre de voyages à travers le monde ; il en a publié de nombreux comptes rendus dans la presse[37].

Le secrétaire général de la fondation Hergé a admis qu'on pouvait facilement imaginer que le jeune Georges Remi ait pu être inspiré par les exploits médiatisés des deux amis, Sexé avec ses voyages et ses documentaires, et Milhoux avec ses victoires et ses records, pour créer les personnages de Tintin, le fameux journaliste globe-trotter, et de son fidèle compagnon Milou.

Le psychanalyste Serge Tisseron émet l'hypothèse qu'enfant, George Remi avait apprécié le roman Sans famille d'Hector Malot, dont le héros est un jeune garçon appelé Rémi et qui possède un petit chien appelé Capi (allusion au capitaine Haddock).

Le capitaine Haddock

Tintin, Milou et Haddock peints sur le parcours BD de Bruxelles.

Le capitaine Archibald Haddock, un capitaine au long cours à l'ascendance incertaine (peut-être d'origine anglaise, française ou belge), est le meilleur ami de Tintin. Il apparaît pour la première fois dans Le Crabe aux pinces d'or. Haddock est initialement dépeint comme un personnage instable et alcoolique, mais il est devenu plus respectable par la suite. Il se transforme en véritable héros sur la piste du trésor de son ancêtre François de Hadoque, dans Le Secret de La Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge, et même en personnalité mondaine lors de l'exposition de ce trésor dans le château de son ancêtre. Le côté humain et bourru, les sarcasmes du capitaine viennent tempérer l'héroïsme incroyable de Tintin. Il est toujours prompt à asséner un commentaire tranchant à chaque fois que le jeune reporter semble trop idéaliste. Le capitaine Haddock vit dans le luxueux château de Moulinsart. Haddock emploie une palette colorée d'insultes et de jurons pour exprimer sa mauvaise humeur, tels que : « mille millions (ou mille milliards) de mille sabords », « tonnerre de Brest », « troglodyte », « bachi-bouzouk », « ectoplasme », « anacoluthe », « choléra », « va-nu-pieds », « marchand de tapis », mais aucune expression qui soit réellement considérée comme une grossièreté.

Haddock est un buveur invétéré, amateur inconditionnel de whisky. Ses moments d'ivresse sont souvent utilisés pour provoquer un effet comique.

Hergé affirmait que le nom de famille de Haddock était inspiré d'un « triste poisson anglais qui boit beaucoup », autrement dit l'aiglefin fumé – ou haddock – qu'il appréciait particulièrement[38]. Haddock est resté sans prénom jusqu'au dernier album complet paru, Tintin et les Picaros, où le prénom Archibald est évoqué.

Tryphon Tournesol

Le physicien Auguste Piccard inspire le personnage du professeur Tournesol.

Inventeur de génie, personnage tête-en-l'air et dur d'oreille, le professeur Tournesol apparaît dans la douzième aventure, Le Trésor de Rackham le Rouge. La surdité de cet éternel distrait est une source inépuisable de quiproquos, si bien que ce personnage porte une large part de la puissance comique de la série[39]. Tournesol s'inscrit dans la longue lignée de savants qui peuplent l'univers de Tintin, de l'égyptologue Philémon Siclone dans Les Cigares du pharaon à l'astronome Hippolyte Calys dans L'Étoile mystérieuse en passant par le sigillographe Nestor Halambique dans Le Sceptre d'Ottokar, avec qui il partage une tenue vestimentaire désuète et négligée ainsi qu'une relative indifférence aux événements du quotidien, comme pour souligner que le savant « n'appartient pas à son époque, qu'il est en quelque sorte détaché du contexte historique et social immédiat dans lequel il évolue »[40].

Mais alors que ses prédécesseurs disparaissent au terme d'un seul album, Tournesol devient un personnage récurrent et s'installe durablement dans la série. Ses inventions fournissent à l'auteur une importante matière narrative qui sert de déclencheur au récit, comme l'arme de destruction par ultrasons qu'il met au point dans L'Affaire Tournesol et pour laquelle Bordures et Syldaves se déchirent ou la fusée lunaire qu'il met au point dans Objectif Lune[40]. L'évolution de sa carrière est prodigieuse, comme le souligne le philosophe Michel Serres : « Du grenier où les lits à bascule et les machines à brosser pullulaient, il était passé au laboratoire atomique »[41].

Il est inspiré physiquement du physicien suisse Auguste Piccard, professeur à l'Université libre de Bruxelles, qu'Hergé apercevait parfois dans les rues de la capitale belge dans les années 1930[39]. Si la ressemblance physique est frappante (même type de vêtements, même chapeau, même « style lunaire et décalé »)[a 45], la petite taille et la surdité sont les caractères du seul Tournesol[p 20]. Certains spécialistes, comme Frédéric Soumois et François Rivière, évoquent une autre inspiration possible à travers l'ingénieur irlandais John Philip Holland, qui participe au développement des premiers sous-marins[39],[42].

Dupond et Dupont

C'est dans la quatrième aventure, Les Cigares du pharaon, qu'apparaissent les Dupond et Dupont, d'abord sous le nom de X33 et X33bis. Ce n'est qu'à partir du Sceptre d'Ottokar qu'ils adoptent leur nom définitif[43]. Les deux détectives ne sont autres que la caricature du père et de l'oncle d'Hergé, Alexis et Léon Remi, tous deux jumeaux inséparables. Pour autant, la gémellité des Dupondt n'est pas attestée : s'ils portent les mêmes cannes, les mêmes costumes et chapeaux melons noirs, et ne se distinguent que par la forme de leur moustache (celle de Dupond est taillée droite tandis que celle de Dupont est recourbée vers l'extérieur), leur nom diffère par la lettre finale[44]. La tenue des Dupondt s'inspire de celle des agents de la Sûreté photographiés en une du Miroir en 1919 lors de l'arrestation de l'anarchiste Émile Cottin[43].

Leur bêtise et leur maladresse légendaire transparaît dès leur première apparition : leur sens de l'orientation défaillant et leurs nombreux lapsus sont autant de running gags parmi les plus drôles de la série, tout comme les costumes folkloriques qu'ils revêtent dans chaque aventure pour tenter de passer incognito[43],[45].

Bianca Castafiore

La célèbre cantatrice Bianca Castafiore est le seul personnage féminin récurrent de la série[46]. Le « rossignol milanais » fait une entrée remarquée dans le huitième album de la série, Le Sceptre d'Ottokar, à la manière d'un « typhon dévastateur », selon le mot de François Rivière. Dès sa rencontre avec Tintin, que sa voiture prend en auto-stop, elle interprète son air favori, celui des bijoux, extrait de Faust, l'opéra de Charles Gounod[47]. Tour à tour égocentrique et narcissique, infiniment exubérante, la Castafiore incarne la diva par excellence. Blonde et opulente, Hergé l'affuble systématiquement de tenues extravagantes comme pour accentuer son aspect ridicule[47],[48]. Elle ne se déplace jamais sans sa camériste, Irma, son pianiste, monsieur Wagner, ou même ses fameux bijoux qui font l'objet d'une intrigue à part entière dans Les Bijoux de la Castafiore.

La relation qu'elle entretient avec le capitaine Haddock, dont elle est incapable de prononcer correctement le nom[49], est pour le moins ambiguë. Comme Tintin, ce dernier reste insensible à ses qualités vocales, mais il est parfois troublé en présence de la cantatrice[50],[48].

Séraphin Lampion

Si son entrée dans la série est tardive, puisqu'il n’apparaît que dans la dix-huitième aventure, L'Affaire Tournesol, Séraphin Lampion, des assurances « Mondass », s'impose directement comme le « fâcheux par excellence »[51]. Bavard intarissable et sans gêne, ses intrusions répétées et sa familiarité excessive suscitent l'exaspération des autres personnages, en particulier le capitaine Haddock. Antihéros résolument ancré dans le quotidien, « insignifiant » aux dires mêmes de son créateur, ce « personnage carnavalesque » symbolise l'intrusion de la société de masse dans l'univers de Tintin[52].

Son humour pesant, ses costumes aux tons criards et son aplomb imperturbable font de lui l'archétype de l'éternel casse-pieds[53],[51], un personnage moins « lumineux » que ne le laisse entendre son nom[54].

Personnages secondaires

D'autres personnages jouent aussi un rôle de façon plus ou moins récurrente :

Phylactère ou bulle de bande dessinée avec le mot Tintin

Hergé

Hergé s'est représenté lui-même dans certains de ses albums. On le reconnaît facilement à des signes distinctifs : une silhouette grande et maigre, une chevelure blonde, courte et abondante, un visage long et étroit, des joues creuses, un nez pointu, un menton en retrait. Il est un simple figurant.

Les apparitions d'Hergé dans Les Aventures de Tintin[55] sont les suivantes :

  • dans Tintin au Congo, parmi le groupe de journalistes qui accompagnent Tintin à son départ (p. 1) ;
  • dans Le Sceptre d'Ottokar, parmi les invités du concert dans le palais royal (p. 38) et parmi les invités à la cérémonie de décoration de Tintin (p. 59) ;
  • dans Les Sept Boules de cristal, parmi les spectateurs du music-hall (p. 6) ;
  • dans L'Affaire Tournesol, parmi les badauds installés devant la grille du château (p. 13).

Les créateurs du dessin animé ont tenu à garder ce concept et ont fait figurer Hergé dans chacun des épisodes.

Paysages

Les paysages représentés dans Tintin ajoutent de la profondeur aux vignettes dessinées par Hergé. Il y mélange des lieux réels et imaginaires. Le point de départ de ses héros est la Belgique, avec dans un premier temps le 26, rue du Labrador, puis le château de Moulinsart. Le meilleur exemple de la créativité d'Hergé en la matière est visible dans Le Sceptre d'Ottokar où Hergé invente deux pays imaginaires (la Syldavie et la Bordurie) et invite le lecteur à les visiter en insérant une brochure touristique au cours de l'histoire.

Hergé a donc dessiné plusieurs milieux différents (des villes, des déserts, des forêts et même la Lune), mais, pour amplement démontrer le talent d'Hergé, on notera trois grands espaces : la campagne, la mer et la montagne[56].

Un Orient rêvé

Dans ses Aventures, Hergé dresse la représentation d'un Orient fantasmé et merveilleux : « Des immensités sans repères, ponctuées de campements de Bédouins : l'Arabie de Tintin est une illusion »[57],[58]. Si le Moyen-Orient est l'un des décors les plus représentés de la série, à travers trois albums que sont Les Cigares du pharaon, Tintin au pays de l'or noir et Coke en stock, il est aussi l'un des moins bien définis[57]. Cette représentation s'inscrit dans l'image d'un Orient rêvé qui prédomine en Europe depuis la vague de l'orientalisme au XIXe siècle et largement véhiculée au début du siècle suivant notamment par les écrits des Britanniques Thomas Edward Lawrence, auteur des Sept Piliers de la sagesse, et Charles Montagu Doughty[58], ou des films à succès comme Le Fils du Cheik, sorti en 1926[57].

Les décors du Crabe aux pinces d'or, dont l'action se déroule pourtant au Maroc, se rapprochent néanmoins de ceux du Moyen-Orient, sans variation. Le dessinateur montre ainsi le monde arabe comme un seul et même territoire, où le décor est à peu près le même partout : des oasis de vies humaines au milieu d'un désert immense, vide et hostile. Selon la géographe Anna Madœuf, « L'Orient d'Hergé n'est jamais absolument réel, ni tout à fait improbable, au point d'être son propre pastiche. Tout est plausible, mais presque tout peut se révéler factice »[57].

Traductions

Historique

En 1946-1947, les albums sont traduits en néerlandais à destination du lectorat flamand et des Pays-Bas ; depuis 1947, les albums paraissent simultanément en français et néerlandais. En 1952, Tintin est traduit en anglais, espagnol et en allemand : Casterman souhaite développer les éditions internationales. « Le succès ne sera pas au rendez-vous, la diffusion restera confidentielle et cette tentative ne connaîtra pas de lendemain sauf en allemand »[59]. En 1958, une nouvelle tentative de traduction est lancée, en Espagne, Royaume-Uni et États-Unis ; les premières traductions en portugais sortent au Brésil en 1961. En 1960, plusieurs albums de Tintin sont traduits en suédois, danois, puis en finnois l'année suivante. Le succès international de Tintin arrive véritablement dans les années 1960. De nouvelles traductions paraissent en italien, grec, norvégien (années 1970), mais également en arabe (Égypte et Liban), afrikaans, malais, indonésien, iranien, hébreu... « Depuis lors, le succès est au rendez-vous et la diffusion ne s'est plus arrêtée »[59]. Plus de 2700 titres ont ainsi été publiés, toutes langues confondues[59]. En Asie, des traductions pirates de Tintin sont imprimées, notamment en Chine, au Viêt Nam, en Malaisie[60] ou en Turquie (où, dès 1950, des feuillets de Tintin paraissent dans des magazines)[59]. Ce phénomène est devenu marginal, car Casterman a conclu de nombreux accords avec les différents éditeurs pirates afin de régulariser la situation[59]. En Iran, les éditions officielles se sont arrêtées après la révolution islamique de 1979, laissant place à des traductions pirates.

En 2001, une traduction en mandarin de l'album Tintin au Tibet provoque une polémique : le titre est « Tintin au Tibet chinois », ce qui provoque les vives protestations de Fanny Rodwell, qui menace de cesser toute collaboration avec l'éditeur chinois[61]. 10 000 exemplaires sont imprimés, avant que l'album ne soit retiré de la circulation[62] et réédité sous son titre original[63].

Tintin est également traduit dans de nombreuses langues régionales de France ou de Belgique. La plupart des traductions en sont réalisées par des associations culturelles, qui se chargent du financement et de la promotion de l'album avec l'aval de Casterman[64].

En 2009, depuis 1929, plus de 230 millions d'albums de Tintin ont été vendus à travers le monde en plus de 90 langues[65]. En 2014, les Aventures de Tintin ont été traduites en plus de 100 langues[64].

Les noms des personnages ont également été traduits ou adaptés selon les langues, pour des raisons de prononciation[60] et pour préserver l'aspect humoristique des noms.

Liste des langues

  • 50 langues officielles (2009)[66] :

(La date mentionnée entre parenthèses est la première date d'édition.)

Afrikaans (1973) - Allemand (1952) - Anglais américain (1959) - Anglais britannique (1952) - Arabe (1972) - Arménien (2006) - Bengali (1988) - Bulgare - Catalan (1964) - Chinois mandarin (2001) - Singhalais (1998) - Coréen (1977) - Danois (1960) - Espagnol (1952) - Espéranto (1981) - Estonien (2008) - Finnois (1961) - Grec (1968) - Hébreu (1987) - Hongrois (1989) - Indonésien (1975) - Islandais (1971) - Italien (1961) - Japonais (1968) - Khmer (2001) - Latin (1987) - Letton (2006) - Lituanien (2007) - Luxembourgeois (1987) - Malais (1975) - Mongol (2006) - Néerlandais (1946) - Norvégien (1972) - Persan (1971) - Polonais (1994) - Portugais (1936) - Portugais brésilien (1961) - Romanche (1986) - Roumain (2005) - Russe (1993) - Serbo-croate (1974) - Slovaque (1994) - Slovène (2003) - Suédois (1960) - Taïwanais (1980) - Tchèque (1994) - Tibétain (1994) - Thaï (1993) -Turc (1962) - Vietnamien (1989).

  • 43 langues régionales (2009)[66] :

Alghero (1995) - Allemand (Bernois, 1989) - Alsacien (1992) - Anversois (2008) - Asturien (1988) - Basque (1972) - Borain (2009) - Bourguignon (2008) - Breton (1979) - Bruxellois (2007) - Bruxellois (2004) - Cantonais (2004) - Corse - Créole antillais (2009) - Créole mauricien (2009) - Créole réunionnais (2008) - Féroïen (1988) - Flamand (Ostende, 2007) - Francoprovençal (Bresse) (2006) - Francoprovençal (Gruyère, 2007) - Francoprovençal (unifié, 2007) - Frison (1981) - Gaélique[Lequel ?] (1993) - Galicien (1983) - Gallo (1993) - Gallois (1978) - Gaumais (2001) - Néerlandais (Hasselts, 2009) - Monégasque (2010)[67] - Néerlandais (Twents, 2006) - Occitan (1979) - Picard (Tournai-Lille, 1980) - Picard (Vimeu) - Papiamentu (2008) - Provençal (2004) - Tahitien (2003) - Vosgien (2008) - Wallon (Charleroi) - Wallon (Liège, 2007) - Wallon (Namur, 2009) - Wallon (Nivelles, 2005) - Wallon (Ottignies) (2006) - Français québécois (2009).

Conception de la série

Recherches documentaires

Hergé mène ses premières recherches documentaires approfondies pour l'album Le Lotus bleu, ce qu'il confirme lui-même : « C'est à cette époque que je me suis mis à me documenter et que j'ai éprouvé un réel intérêt pour les gens et les pays dans lesquels j'envoyais Tintin, accomplissant une sorte de devoir de crédibilité auprès de mes lecteurs. » La documentation d'Hergé et son fonds photographique l'ont aidé à construire un univers réaliste pour son héros. Il est allé jusqu'à créer des pays imaginaires et à les doter d'une culture politique qui leur était propre. Ces contrées fictives sont largement inspirées par les pays et les cultures de l'époque d'Hergé.

Blason de la Syldavie (1939).

Pierre Skilling affirme qu'Hergé voyait la monarchie comme « une forme légitime de gouvernement », remarquant au passage que « les valeurs démocratiques semblent absentes dans ce type de bande dessinée classique franco-belge »[68]. La Syldavie, en particulier, est décrite avec beaucoup de détails, Hergé l'ayant dotée d'une histoire, de coutumes et d'une langue qui est en fait du dialecte flamand bruxellois. Il situe ce pays quelque part dans les Balkans et il s'inspire, de son propre aveu, de l'Albanie. Le pays se retrouve agressé par sa voisine, la Bordurie, qui tente de l'annexer dans Le Sceptre d'Ottokar. Cette situation rappelle évidemment celle de la Tchécoslovaquie ou de l'Autriche face à l'Allemagne nazie juste avant la Seconde Guerre mondiale.

On peut citer à titre d'exemple les mois de préparation nécessaires à Hergé pour imaginer l'expédition lunaire de Tintin, décrite en deux parties dans Objectif Lune et On a marché sur la Lune. Ces travaux ont conduit à la réalisation d'une maquette détaillée de la fusée lunaire, permettant de placer sans erreur les personnages dans le décor. Les recherches préalables à l'élaboration de son scénario ont été commentées dans le New Scientist : « Les recherches considérables entreprises par Hergé lui ont permis de créer une tenue spatiale très proche de celle qui serait utilisée pour les futurs voyages lunaires, même si sa fusée était bien différente de ce qui a existé par la suite. »[69] Pour cette dernière, Hergé s'est effectivement inspiré des V2 allemands.

Influences

Hergé admirait, dans sa jeunesse, l'illustrateur Benjamin Rabier. Il a avoué que de nombreux dessins de Tintin au pays des Soviets reflétaient cette influence, en particulier ceux représentant des animaux. Le travail de René Vincent, le dessinateur de mode de la période Art déco, a également eu un impact sur les premières aventures de Tintin : « On retrouve son influence au début des Soviets, quand mes dessins partent d'une décorative, une ligne en S, par exemple (et le personnage n'a qu'à se débrouiller pour s'articuler autour de ce S !). »[70] Hergé reconnaîtra aussi sans honte avoir volé l'idée des « gros nez » à l'auteur de bandes dessinées américain George McManus : « Ils étaient si drôles que je les ai utilisés sans scrupules ! »[70]

Au cours des nombreuses recherches qu'il a menées pour Le Lotus bleu, Hergé a également été influencé par le dessin chinois et japonais, et par les estampes. Cette influence est particulièrement visible dans les paysages marins d'Hergé, qui rappellent les œuvres de Hokusai et Hiroshige[56].

Hergé a aussi reconnu que Mark Twain l'avait influencé, même si son admiration l'a conduit à se tromper en montrant des Incas ne sachant pas ce qu'était une éclipse solaire, lorsque ce phénomène a lieu dans Le Temple du Soleil. T. F. Mills a rapproché cette erreur de celle de Mark Twain décrivant des « Incas craignant la fin du monde dans Un Yankee à la cour du roi Arthur »[71].

Critiques contre la série

Certains critiquent les premières Aventures de Tintin, considérant que celles-ci contiennent de la violence, de la cruauté envers les animaux, des préjugés colonialistes et même racistes, présents entre autres dans la description qui y est faite des non-Européens. Néanmoins, beaucoup considèrent ces critiques comme étant totalement anachroniques.

Tintin paraît à l'origine dans le journal Le Petit Vingtième. Même si la Fondation Hergé met ces éléments sur le compte de la naïveté de l'auteur et que certains chercheurs comme Harry Thompson prétendent que « Hergé faisait ce que lui disait l'abbé Wallez (le directeur du journal) »[72], Hergé lui-même sent bien que, vu ses origines sociales, il ne peut échapper aux préjugés : « Pour Tintin au Congo, tout comme pour Tintin au pays des Soviets, j'étais nourri des préjugés du milieu bourgeois dans lequel je vivais. […] Si j'avais à les refaire, je les referais tout autrement, c'est sûr. »[73]

Dans Tintin au pays des Soviets, les bolcheviques sont dépeints comme des personnages maléfiques. Hergé s'inspire du livre de Joseph Douillet, ancien consul de Belgique en Russie, Moscou sans voile, qui est extrêmement critique envers le régime soviétique. Il remet cela dans le contexte en affirmant que, pour la Belgique de l'époque, nation pieuse et catholique, « tout ce qui était bolchevique était athée »[70]. Dans l'album, les chefs bolcheviques ne sont motivés que par leurs désirs personnels, et Tintin découvre, enterré, le « trésor caché de Lénine et Trotsky ». Hergé a plus tard attribué les défauts de ce premier album à « une erreur de jeunesse »[70]. Mais aujourd'hui, avec la découverte des archives soviétiques, sa représentation de l'URSS, bien que caricaturale, possède quelques éléments de vérité. En 1999, le journal The Economist, de tendance libérale, écrira que « rétrospectivement, la terre accablée par la faim et la tyrannie dépeinte par Hergé était malgré tout étrangement exacte »[74].

Le couple royal en visite au Congo belge en 1928.

On reproche à Tintin au Congo de représenter les Africains comme des êtres naïfs et primitifs. Dans la première édition de l'album, on voit Tintin devant un tableau noir, donnant la leçon à des enfants africains. « Mes chers amis, dit-il, je vais vous parler aujourd'hui de votre Patrie : la Belgique. » En 1946, Hergé redessine l'album et transforme cette leçon en un cours de mathématiques. Il s'est par la suite expliqué sur les maladresses du scénario original : « Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l'époque : "Les Nègres sont de grands enfants… Heureusement pour eux que nous sommes là !", etc. Et je les ai dessinés, ces Africains, d'après ces critères-là, dans le plus pur esprit paternaliste qui était celui de l'époque en Belgique. »[75]

L'auteur Sue Buswell résume en 1988, dans le journal britannique Mail on Sunday, les problèmes posés par cet album, en soulignant deux éléments : « Les lèvres molles et les tas d'animaux morts [NDT : en référence à la manière dont sont dessinés les Africains dans l'album, et aux animaux qui y sont tués par Tintin]. »[76] Néanmoins, Thompson pense que cette citation est mise « hors de son contexte »[77]. L'expression « animaux morts » est une allusion à la chasse au gros gibier, très en vogue à l'époque de la première édition de Tintin au Congo. En transposant une scène de chasse du livre d'André Maurois Les Silences du colonel Bramble (1918), Hergé présente Tintin comme un chasseur de gros gibier, abattant quinze antilopes, alors qu'une seule serait nécessaire pour le dîner. Ce nombre important d'animaux tués conduit l'éditeur danois des Aventures de Tintin à demander quelques modifications à Hergé. Ainsi, une planche où Tintin tue un rhinocéros en perçant un trou dans le dos de l'animal et en y insérant un bâton de dynamite est jugée excessive. Hergé la remplace par une autre planche montrant le rhinocéros accidentellement touché par une balle du fusil de Tintin, alors que ce chasseur d'une autre époque est embusqué derrière un arbre.

En 2007, un organisme britannique, la Commission pour l'égalité raciale, demande, à la suite d'une plainte, que l'album soit retiré des rayonnages des librairies, en affirmant : « Cela dépasse l'entendement qu'à notre époque, un vendeur de livres puisse trouver acceptable de vendre ou faire la promotion de Tintin au Congo. »[78] Le , une plainte est déposée par un étudiant de République Démocratique du Congo à Bruxelles, celui-ci estimant que l'ouvrage constitue une insulte envers son peuple[79]. En réaction, une institution belge, le Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme, met en garde contre « une attitude hyper-politiquement correcte »[80] dans ce dossier. Le , la cour d'appel de Bruxelles rend son jugement : elle considère que l'album ne contient pas de propos racistes et que « Hergé s'est borné à réaliser une œuvre de fiction dans le seul but de divertir ses lecteurs. Il y pratique un humour candide et gentil », confirmant ainsi le jugement de première instance de 2011[81]. Loin de promouvoir la haine ou la peur à l'égard des autres peuples, Hergé a cependant recours, comme le souligne Marc Angenot, à une « imagologie xénophobe comme source élémentaire inépuisable de comique[82] ».

Plusieurs des premiers albums de Tintin ont été remaniés pour être réédités, le plus souvent à la demande des maisons d'édition. Par exemple, à la demande des éditeurs américains des Aventures de Tintin, la plupart des personnages noirs de Tintin en Amérique ont été recolorés pour devenir blancs ou d'origine indéterminée[83]. Dans L'Étoile mystérieuse, on trouvait à l'origine un « méchant » américain nommé Monsieur Blumenstein (un patronyme juif), ce qui était tendancieux, d'autant plus que le personnage avait un faciès correspondant exactement aux caricatures de Juifs. Hergé attribue par la suite à son personnage un nom jugé moins connoté – Bohlwinkel – et le fait habiter dans un pays sud-américain imaginaire, le São Rico. Hergé a découvert bien plus tard que Bohlwinkel était également un nom juif[70],[84].

Aspects économiques

Édition, impression, datation et cote

Les trois premiers albums ont été publiés aux éditions du Petit Vingtième, à Bruxelles, et les autres, chez Casterman, à Tournai.

ll existe souvent une confusion entre la date du dépôt légal ou du copyright et la date d'édition. Il faut alors se référer aux modifications successives du texte du quatrième plat ou quatrième de couverture pour identifier l'année d'édition, selon une nomenclature établie par le catalogue BDM : Série A (1937-1945) allant de A1 à A24 ; Série B (1945-1975), numérotée de B1 à B42bis ; Série C (1975-) numérotée de C1 à C8[85]. La datation exacte d'un album permet d'en déterminer la cote.

Propriété intellectuelle et critiques

La société Moulinsart SA est chargée de la gestion et de la perception des droits des œuvres d'Hergé depuis 1987. Fondée par sa femme en qualité de légataire universelle, cette société est actuellement dirigée par Nick Rodwell, qui en est le gestionnaire délégué. Très regardante sur la gestion des droits moraux et sur leur perception financière, la société provoque régulièrement la controverse en interdisant toute utilisation d'une image de Tintin sans son autorisation formelle.

Ainsi, à l'heure d'internet, toute forme de parodie, détournement ou réutilisation est fortement combattue par la société Moulinsart SA. De même, le fait de poster une simple bulle d'une BD de Tintin est réprimandé selon les lois des différents pays[86].

Cette attitude inquiète certains passionnés de culture et de BD franco-belges qui se demandent comment ils vont pouvoir faire en sorte que Tintin reste dans le patrimoine culturel francophone si la diffusion de son image est aussi fortement restreinte dans les médias modernes.

Cependant, une décision rendue par la Cour de La Haye au début de l'année 2015 a esquissé un changement. La justice néerlandaise a donné raison à l'association Hergé Genootschap, qui s'était vu réclamer plusieurs dizaines de milliers d'euros par Moulinsart SA pour l'utilisation de vignettes originales dans ses publications, après y avoir longtemps été autorisée. En effet, la Cour a retenu que la légataire universelle d'Hergé, Fanny Rodwell, n'avait jamais remis en cause un contrat de 1942 stipulant explicitement la cession de l'intégralité des droits sur les textes et vignettes des albums d'Hergé à Casterman. Ce verdict a été perçu comme pouvant instaurer un précédent dans la jurisprudence, ouvrant ainsi la porte à des réparations éventuelles de Moulinsart SA envers les associations ayant dû verser des sommes d'argent pour l'utilisation d'une ou plusieurs vignettes de Tintin. Moulinsart SA a contesté ce jugement[87],[88].

L'œuvre d'Hergé entrera dans le domaine public le . Mais Moulinsart SA, qui perdrait ainsi de substantielles sources de revenus, envisage d'en empêcher l'utilisation et la publication par tous en publiant une nouveauté Tintin en 2052. Cette opération ferait face à des limites juridiques et à un certain problème moral[89].

Autres médias et adaptations

Les Aventures de Tintin ont été diffusées dans de nombreux médias venus s'ajouter à la bande dessinée originale. Certaines sont des œuvres originales, d'autres des adaptations. Hergé était favorable aux adaptations de Tintin, et il encourageait ses équipes à participer à des projets d'animation de la série. Après sa mort, les studios Hergé sont devenus la seule institution habilitée à donner son accord pour des adaptations de Tintin.

Théâtre

Radio

Entre 1956 et 1961, Radio Luxembourg diffuse les Aventures de Tintin, émissions réalisées par Jean Maurel.

Entre 1959 et 1963, la radiodiffusion-télévision française présente un feuilleton radiophonique des Aventures de Tintin de près de 500 épisodes, produit par Nicole Strauss et Jacques Langeais. Adaptés sous la forme de disques 33 tours, ces épisodes rencontrent un grand succès[90].

En 2015, une adaptation des Cigares du pharaon est coproduite par France Culture, Moulinsart SA et la Comédie-Française. Elle est diffusée en sur les ondes de France Culture[91]. Puis la série radiophonique à écouter sur France Culture continue avec trois nouvelles adaptations : Le Lotus bleu[92] ; Les 7 boules de cristal[93] et Le Temple du soleil[94]. Une adaptation de L'Affaire Tournesol est aussi annoncée.

Cinéma

Tintin a été adapté au cinéma, à la fois en prise de vues réelles et en animation. Certains films sont cependant des œuvres originales ; c'est le cas pour Tintin et le Mystère de la Toison d'or, Tintin et les Oranges bleues et Tintin et le Lac aux requins.

Jamie Bell en 2011.

Les photos des films sortis ont été reprises dans plusieurs albums et sous forme de strips pour Le Lac aux requins (cf. ci-dessus).

Projets inachevés

  • En 1967, un troisième film avec Jean-Pierre Talbot était prévu, censé se dérouler en Inde, mais fut finalement annulé.[réf. nécessaire]
  • À partir de 1995, le producteur Claude Berri et le réalisateur Alain Berberian, tout juste sorti du succès de La Cité de la peur, montent une superproduction adaptée du diptyque Les Sept Boules de cristal / Le Temple du Soleil, avec un large budget de 120 millions de francs, destiné à rivaliser avec le cinéma américain[97]. Jean Reno est prévu en capitaine Haddock, Darry Cowl en professeur Tournesol et Sami Frey en roi des Incas[97]. Berri et Berberian sont en désaccord sur leur choix de Tintin, le premier réclamant une vedette trentenaire tandis que le second désire un jeune inconnu entre 17 et 20 ans, qu'ils n'ont de toute façon pas trouvé malgré de très nombreuses auditions[97]. Claude Berri s'oriente finalement sur la première adaptation en prise de vues réelles d’Astérix, Astérix et Obélix contre César (1999)[97].
  • Au début des années 2000, le projet d'adapter Tintin au cinéma refit surface. Plusieurs réalisateurs furent pressentis puis démentis, notamment Jaco Van Dormael, Jean-Pierre Jeunet, Roman Polanski, tous trois tintinophiles avérés. Si dans la plupart des cas il s'agit avant tout de rumeurs, Jeunet fut réellement intéressé par le projet mais en 2002, il annonça qu'il y renonçait : « Le verrouillage des héritiers d'Hergé rend tout trop compliqué, je les ai rencontrés et j'ai compris qu'ils allaient me casser les pieds. »[98]

Télévision

Chansons

  • Sélection dans un juke-box des deux faces du 45 T de la « Chanson de Tintin & Milou » et de la « Chanson du capitaine Haddock ».
    La « Chanson de Tintin et Milou » d'Henri Colas et la « Chanson du capitaine Haddock » de Jean Frédéric et Maurice Montfort sont publiées dans Cœurs vaillants n° 31 du 31 juillet 1938 et enregistrées sur disque 45 T incassable chez Casterman par Guy Revaldy et une chorale d’amis de Tintin, en 1959, sous la direction orchestrale de Bill Woodie ; la pochette est illustrée par Hergé[102].
  • En 1979, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la naissance de Tintin, les studios Hergé prennent contact avec le producteur du groupe pop français Martin Circus et son leader, Gérard Blanchard, qui accepte d’écrire une chanson sur Tintin : « Notre meilleur copain, c’est Tintin »[102].
  • En 1980, Chantal Goya chante « Comme Tintin » composé par Jean-Jacques Debout, sous le label RCA ; d'après Fabien Lecœuvre, Hergé en personne avait demandé à Jean-Jacques Debout d'écrire et composer une chanson sur Tintin pour Chantal Goya[102],[103],[104].

Jeux vidéo

Magasins

The Tintin Shop à Covent Garden.

Il existe des magasins consacrés à Tintin, appelés « The Tintin Shop ». Le premier a ouvert en 1984 à Londres (Covent Garden) et les autres sont situés à Bruxelles (La Boutique de Tintin), Bruges, Toulouse, Cheverny et Montpellier. On peut y acheter tous les livres dans une variété de langues, des tee-shirts, des tasses et beaucoup d'autres objets à thème.

Parodies

Il existe plusieurs parodies de Tintin, dont Tintin en Suisse, publiée aux éditions Sombrero, qui utilise des mots obscènes et de la pornographie[105]. La série Les Aventures de Saint-Tin et son ami Lou, initiée par Gordon Zola et complétée par Bob Garcia et Pauline Bonnefoi, est également un pastiche de la bande dessinée.

Tintin est aussi parodié dans le film d'animation Le Chat du rabbin, lors de son voyage au Congo.

Autres

La compagnie aérienne belge Brussels Airlines a signé un partenariat avec Moulinsart SA afin de parer l'un de ses avions de l'image du héros d'Hergé. L'Airbus A320 immatriculé OO-SNB, rebaptisé Rackham pour l'occasion, a ainsi reçu une livrée unique montrant Tintin et Milou dans une scène extraite de l'album Le Trésor de Rackham le Rouge, qu'il portera de 2015 à 2019. À bord, l'album Le Trésor de Rackham le Rouge est mis à la disposition des passagers en français, néerlandais et anglais[106],[107].

Notes et références

Notes

  1. Le quotidien est relancé dans les jours qui suivent le début de l'occupation allemande de Belgique, contre la volonté de ses propriétaires, la famille Rossel. On le surnomme donc Le Soir volé.

Références

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Annexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Ouvrages

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  • Pol Vandromme Le Monde de Tintin, Gallimard, Paris, 1959. Réédition La Table ronde, Paris, 1994.
  • Collectif, « Hergé reporter : Tintin en contexte », Études françaises, numéro préparé par Rainier Grutman et Maxime Prévost, vol. 46, n° 2, 2010, 171 p. (http://revue-etudesfrancaises.umontreal.ca/volume-46-numero-2/).
  • (en) Harry Thompson, Tintin : Hergé and His Creation, Londres, Hachette UK, , 336 p. (ISBN 978-1-84854-673-8, lire en ligne).

Documents audio

  • Philippe Garbit, « La Nuit spéciale Tintin » avec Philippe Goddin et Benoît Mouchart, diffusion sur France Culture les 7 et  :

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