Obscénité
L'obscénité est le caractère de ce qui blesse ouvertement la pudeur et le bon goût.
Il peut s'agir de paroles, d'actions, d'images, d'objets.
Ce terme est fréquemment employé pour désigner ce qui porte atteinte à la pudeur dans le domaine de la sexualité, bien que ce ne soit pas son seul champ d'utilisation.
Cette notion de morale varie considérablement selon les cultures et l'Histoire[1].
Un mot à l'usage propre et figuré
Par son étymologie, «obscène» renvoie à ce qui devrait être «hors de la scène»[2]; ce qui ne devrait pas être vu par le grand public pour des raisons de bienséance.
Dans les dictionnaires actuels, le mot est pourvu de deux sens. Dans Le Trésor de la langue française, le premier sens se rapporte à la sexualité ; le second à la morale sociale ; dans la neuvième édition (en cours) du Dictionnaire de l’Académie française, le premier est propre ; le second figuré. Est obscène, selon les auteurs du Trésor de la langue française (1971-94), « ce qui offense ouvertement la pudeur dans le domaine de la sexualité ».
Les synonymes en sont : « cochon, dégoûtant, dégueulasse, graveleux, sale ».
Le second sens tient de la morale sociale : « qui offense le bon goût, qui est choquant par son caractère inconvenant, son manque de pudeur, sa trivialité, sa crudité ». Les synonymes sont : « cru, immoral, impudique, indécent, licencieux, ordurier, trivial ».
Les académiciens distinguent un sens propre (« qui blesse ouvertement la pudeur », sans préciser s’il s’agit ou non de sexualité) d’un sens figuré : « qui offense ostensiblement le sens esthétique ou moral ». Les exemples cités : « tenir des propos obscènes, déplacés, de mauvais goût ».
Le sens théâtral premier d'obscène est absent des dictionnaires.
Obscénité et pornographie
L’obscénité et la pornographie ont progressivement été constituées comme objets de sciences sociales à part entière — bien qu’encore marginaux.
Une telle approche ne doit cependant pas conduire à évacuer des réflexions sur l’obscénité et la pornographie la question de la censure. L’obscénité renvoie en effet à la qualification (morale, religieuse, juridique, littéraire...) qui en est faite par les acteurs sociaux d’une époque, d’un pays. L’enjeu de cette qualification est le plus souvent d’établir le bien-fondé de leur libre circulation ou au contraire la nécessité de l’encadrement de leur production et de leur diffusion.
La censure, sous ses différentes formes, est donc un des critères mêmes de définition de l’obscénité.
La question posée sur l'obscénité d'une œuvre signifie qu'il n'y a pas consensus de toute la société à ce sujet. Des groupes sociaux s'autorisent à qualifier d'obscène certaines œuvres, sur la base de critères qu'ils jugent universels.
Inversement d'autres groupes sociaux contestent cette qualification, au nom d'autres critères de jugement qu'ils jugent légitimes. Les groupes sociaux concernés sont nombreux et leurs arguments sont souvent divers, même parmi ceux qui défendent la même position.
Parmi les groupes sociaux les plus fréquents se trouvent des ligues de moralité, des experts de sciences sociales et médicales, des hommes politiques, des mouvements féministes, des producteurs et diffuseurs de contenus.
Références
- Ainsi, dans les années 1960, les étudiants nord-américains de l’université de Berkeley ont qualifié d’« obscen » la guerre du Viêt Nam.
- Sjef Houppermans, Présence de Samuel Beckett, Rodopi, , 533 p. (ISBN 90-420-2117-9, lire en ligne)
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Le Code criminel du Canada : violence et obscénité
- Définition d'Obscénité dans « Les Trésors de la Langue française »
- « Obscène » dans « La Nouvelle langue Française »
- Les mises en scène de la sexualité et leur (dis)qualification. Obscénité, pornographie et censure (XIXe-XXIe siècle)
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