Wallon
Le wallon (autonyme : walon /wa.ˈlɔ̃/) est une langue d'oïl parlée en Belgique, en France et, très résiduellement, dans la partie nord-est de l'État américain du Wisconsin[2]. Elle est reconnue comme langue régionale endogène par la Communauté française de Belgique, au sein de laquelle elle est la plus importante des langues romanes endogènes pour ce qui est de la superficie (70 à 75 % de la Région wallonne) et de la population (1 000 000 à 1 300 000 locuteurs en 1998)[3].
Pour les articles homonymes, voir Wallon (homonymie).
Wallon | |
Pays | Belgique, France, États-Unis, Suède |
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Région | Wallonie, Ardennes, Wisconsin |
Nombre de locuteurs | 360 000 (2018)[1] |
Nom des locuteurs | wallophones |
Typologie | SVO (+ VSO), flexionnelle, syllabique |
Écriture | Alphabet latin |
Classification par famille | |
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Statut officiel | |
Langue officielle | Langue régionale endogène de Belgique |
Codes de langue | |
ISO 639-1 | wa |
ISO 639-2 | wln |
ISO 639-3 | wln |
IETF | wa |
Échantillon | |
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme en rfondou walon (voir le texte en système Feller avec l'accent liégeois, ou en français). Prumî årtike Tos les omes vinèt å monde libes et ewals po çou k' est d' leu dignité et d' leus droets. Leu råjhon et leu consyince elzî fwait on dvwer di s' kidure inte di zels come des frés. |
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Carte | |
Situation du wallon parmi les langues d'oïl. | |
Le wallon fait partie d'un groupe de langues qui comprend le picard, le franc-comtois et le lorrain. Ces langues ont en effet un certain nombre de caractéristiques en commun, dont une influence germanique. Le wallon était la langue la plus parlée en Belgique romane jusqu'à la Première Guerre mondiale. Depuis, son usage dans la vie quotidienne s'est largement réduit au profit du français, qui est devenu la principale langue de la Wallonie. L'Union culturelle wallonne a comme objectif la défense du wallon, mais aussi du picard, du lorrain, du champenois et du francique (ou luxembourgeois). Elle fait partie de l'AIDLCM (l'Association internationale des langues et cultures menacées).
Langue de la partie romane de l'ancien diocèse de Liège, le wallon se compose de quatre grandes variétés dialectales et d'une forme normalisée. Ses locuteurs peuvent être appelés des Wallons[4], mais ce terme se référant avant tout aux habitants de la Wallonie, on lui préfère de plus en plus celui de wallonophone[5] (walon-cåzant en wallon).
Nom
Le nom Wallon est issu du moyen néerlandais Wale (aujourd'hui Waal), continuateur de walh utilisé par les Germains pour désigner les populations celtophones ou romanes, suivi du suffixe -on. Sa plus ancienne trace écrite, d'après les travaux d'Albert Henry, philologue romaniste belge, date de la seconde moitié du XVe siècle dans les Mémoires de Jean, sire de Haynin et de Louvignies[6],[7],[8] où il désigne les populations romanes des Pays-Bas bourguignons. La portée sémantique se réduira encore un peu plus lors de la République et de l'Empire français, le Royaume-Uni des Pays-Bas et l'indépendance belge pour ne plus désigner que les Belges de langue romane. Les recherches en dialectologie durant le XIXe siècle vont peu à peu faire la distinction entre les différents dialectes belgo-romans, et restreignent alors dans le domaine linguistique le mot wallon à la langue wallonne stricto sensu.
Histoire
Le contexte historique de la formation du wallon est lié à l'extension territoriale du diocèse de Liège. L'ancien diocèse de Liège, en sa partie wallonne (dans le sens de roman ou de "francophone"), a des limites qui coïncident de manière frappante avec celle du wallon (les archidiocèses de Trèves et de Reims ont laissé leur marque en Belgique avec respectivement le gaumais et champenois, et les diocèses de Cambrai et Tournai avec le picard). L’Atlas linguistique de la Wallonie a bien mis en valeur cette très ancienne trace possible de l’influence des subdivisions de l’Église.
Se renseigner sur l'évolution du wallon avant 1600 pose un véritable problème : c'est Le problème de l'ancien wallon, comme l'a appelé Louis Remacle. Non seulement, les rares textes latins « fournissent de-ci de-là un terme roman attestant un changement phonétique, mais les nombreux documents écrits en « langue vulgaire » sont, selon Haust, « écrits en français, et n'est wallon que dans certaines prescriptions et par intermittence». En se basant sur les attestations disponibles, Louis Remacle a montré que, « en 800 déjà, une dizaine de divergences traçaient dans le nord de la Gaule les grandes lignes d'une segmentation dialectale » . Le wallon « était nettement et définitivement individualisé dès 1200 ou dès le début du XIIIe siècle ». Au sujet de la datation, il ajoute : « Les faits classés sous la rubrique "Avant 1300" par exemple, sont attestés entre 1250 et 1300, mais il se peut très bien qu'il se soient produits plus tôt. »[9]. Autrement dit, les dates proposées par Remacle pour les diverses évolutions phonétiques, sont des « dates butoirs » qui, en l'absence d'autres attestations, laissent toute possibilité à une date antérieure, a priori imprécise.
Les environs de l'an 1600 apportent comme une confirmation écrite des évolutions des représentations au cours des siècles antérieurs : c'est à cette époque que s'impose définitivement le système graphique français en pays wallon[10]. C'est au début du XVIIe siècle qu'on prend conscience de l'écart entre la langue parlée (le wallon) et la langue écrite (le français), ce qui permet l'émergence d'une littérature wallonne : ces textes relèvent de la para-littérature satirique et bouffonne. Le français était et est resté la seule langue pour les textes formels, officiels, etc.
Il est bon de s'attarder sur les acteurs de la création du wallon, sans conteste les légionnaires romains retraités, mais aussi leurs épouses, les autres vétérans germaniques, les domestiques ouvriers agricoles, esclaves ou non, des Lètes (en l'occurrence les Lètes Lagenses) et autres paysans légionnaires. Quelle était leur langue, leur métier, leur statut social...? De quand datait leur immigration ? Cédons la place aux historiens : Pline Tacite, Strabon, etc.
La langue wallonne reste jusqu'au début du XXe siècle la langue parlée par la majorité de la population de la moitié Est de la Belgique romane car le français y est seulement la langue des lettrés et des classes supérieures. Le bilinguisme wallon-français est alors une réalité, que ce soit dans le monde professionnel ou dans le monde politique. Dans la sidérurgie et à la mine, le wallon est souvent la langue utilisée pour la formation des ouvriers et dans de nombreuses communes, les conseils communaux se font souvent dans les deux langues[11].
Identification de la langue
La distinction entre les différentes langues régionales de Belgique romane n'a été établie qu'à la fin du XIXe siècle par le philologue allemand Altenburg qui précise d'ailleurs que l'aire du wallon ne peut ni se restreindre au liégeois ni s'étendre au picard :
« Le dialecte liégeois est senti comme nettement plus différent du picard que les dialectes des provinces de Namur et de Hainaut. Même si le dialecte actuel de la région française limitrophe [...] constitue en quelque sorte un chaînon intermédiaire ou une transition entre le wallon et picard et même si les variétés occidentales du wallon se rapprochent du rouchi, cependant le phonétisme, principalement le consonantisme, accuse de profondes différences entre le picard et le wallon[Note 1]. »
De par cette identification tardive, les autres langues endogènes de la Belgique romane sont quelquefois désignées comme « wallonnes », y compris par leurs propres locuteurs, ce qui peut entraîner une certaine confusion.
Certains linguistes plus contemporains classent cependant l'ensemble du wallon au sein d'un groupe appelé langues d'oïls septentrionales avec le picard, le normand septentrional (voir Ligne Joret) et l'anglo-normand (langue éteinte), alors que le champenois, le lorrain et le bourguignon sont définis comme groupe des langues d'oïls orientales[12].
Normalisation de la langue
Depuis le début des années 1990, un groupe d'animateurs et d'écrivains de langue wallonne tente de réévaluer le système de transcription Feller. Ce système a été créé par des dialectologues et pour des dialectologues, et ce avant l'apparition de la linguistique moderne, dans le but de protection d'un patrimoine littéraire patoisant ou l'étude dialectologique plutôt que de promotion d'une langue moderne. Ce groupe vise l'établissement d'une norme écrite commune, dans un but symbolique et politique, pour une langue dont les modalités parlées varient de région en région, mais sont inter-compréhensibles. Ce système d'écriture commun et normalisé s'appelle le wallon unifié ou rfondou walon en wallon. La particularité du système est que certaines notations sont communes aux diverses variantes locales, mais se prononcent de manière différente selon l'endroit. Par exemple, la notation « ea » (comme dans vea, veau) se prononcera ia [ja] à l'ouest et ê [ɛː] à l'est de la région de langue wallonne, donc respectivement via ou vê en système Feller. Cette nouvelle façon d'écrire n'est néanmoins pas acceptée par tous les wallonophones. Malgré les avantages incontestables du système, il se heurte surtout au fait qu'il est encore ignoré de la plupart des locuteurs et qu'il prend peu en compte les différences régionales au niveau lexical.
Géographie
Wallonie dialectale
Le wallon est parlé dans son aire traditionnelle, que l'on nomme « Wallonie dialectale »[13] ou plus rarement « Wallonie linguistique »[14]. Elle regroupe une importante partie de la Belgique romane, plus la Wallonie de France : une dizaine de villages et une ville, Givet, traditionnellement wallonophones, dans les Ardennes françaises.
Les accents du wallon de l'ensemble des localités de la Wallonie linguistique ont été étudiés par l'Atlas linguistique de la Wallonie, avec les autres points où l'on parle d'autres langues endogènes romanes en Belgique. Tous ces accents du wallon ont été mis à contribution pour l'établissement du wallon unifié ou rfondou walon.
On peut séparer quatre zones dialectales distinctes :
- Le dialecte est-wallon, appelé aussi liégeois, est parlé en province de Liège (sauf en Communauté germanophone et dans les communes de Baelen, Plombières, Welkenraedt et villages avoisinants, où l'on parle le francique ripuaire) ainsi que dans le nord de la province de Luxembourg, dans le Val de Salm et la région d'Ourthe et Aisne. Le domaine du liégeois se subdivise selon ses quatre régions naturelles : l'Ardenne (liégeois ardennais), le Condroz (liégeois condrusien), la Hesbaye (liégeois hesbignon) et le Pays de Herve (liégeois hervien-verviétois).
- Le dialecte centre-wallon, appelé aussi namurois, est parlé dans l'est de la province du Brabant wallon, en Hesbaye brabançonne, dans les Ardennes brabançonnes, dans la majeure partie de la province de Namur (excepté la Fagne, les Ardennes namuroises et le pays champenois), en France dans la botte de Givet.
- Le dialecte wallo-picard, appelé aussi ouest-wallon improprement[Note 2], est un dialecte de transition entre le picard à l'ouest et le wallon namurois à l'est dont la zone est délimitée par l'ouest de la province du Brabant wallon (autour de Nivelles), dans le Roman Païs, la région de Charleroi, la Thudinie, le sud-ouest de la province de Namur (la Fagne) et par quelques villages du département du Nord (Cousolre).
- Le dialecte sud-wallon, appelé aussi wallo-lorrain, est parlé en province de Luxembourg (hors Gaume et arrondissement d'Arlon), dans le sud-est de la province de Namur (Ardennes namuroises) et dans quelques villages du Luxembourg (Doncols, Harlange, Sonlez, Tarchamps, Watrange), où il est maintenant probablement éteint.
Wisconsin
Il existe aussi aux États-Unis une petite zone du Wisconsin, autour de Green Bay, où l'on parle le namurois[15] en raison d'une émigration assez importante au XIXe siècle : à partir de 1850, 15 000 personnes[16], provenant pour la plupart des alentours de Gembloux et de Wavre émigrèrent vers le nord de cet État américain, mais la mortalité fut importante à bord des bateaux. La première vague d'immigrants partit de Grez-Doiceau pour s'établir dans l'actuelle localité de Robinsonville-Champion[17] (aujourd'hui Green Bay (town), Wisconsin (en)).
En 1860, ils étaient plus de 4 500 dont 80 % dans les comtés de Kewaunee, Door et Brown. Au début des années 2000, leurs descendants étaient au nombre de 20 000, mais rares sont les jeunes qui parlent encore le wallon qui est donc en voie d'extinction même si la conscience des origines est encore vivace[18],[19],[20]. Plusieurs localités du Wisconsin conservent dans leur nom la trace de cette immigration : Brussels, Namur, Rosiere, Wisconsin (en) (de Rosières), Champion, Walhain, Wisconsin (en), Grand-Leez. La cuisine du Wisconsin a adopté certains plats wallons, comme le Booyah (stew) (en), terme wallon pour bouillon.
En 2012, l'ethnologue James Leary constata que les Wallons de la péninsule du Wisconsin restaient plus que les autres — descendants d’Allemands, de Tchèques, de Norvégiens ou de Polonais — attachés à leurs origines européennes[21],[22] L'émission télévisée Questions à la Une de la Radio-télévision belge de la Communauté française leur consacra un reportage en [23].
Allemagne et Suède
Le wallon s'est répandu dans certaines zones proto-industrielles de ces pays, à l'occasion des expatriations d'experts en sidérurgie au XVIIe et XIXe siècles.
En Suède, c'est surtout la région d'Eskilstuna qui est concernée[24].
En ce qui concerne l'Allemagne, une anecdote populaire, qu'on retrouvera dans chaque faubourg liégeois, veut que lors de la Seconde Guerre mondiale les gens se parlaient en wallon pour ne pas être compris des soldats allemands. Lors d'une telle conversation, le qwant n'èriont-îs (« quand s'en iront-ils ») des locaux aurait été intercepté par un soldat allemand wallophone, qui aurait donné ensuite des conseils de prudence en wallon.
Linguistique
Famille
Le wallon fait partie des langues d'oïl et plus spécifiquement du groupe d'oïl septentrional qui comprend le normand septentrional et le picard.
La phonétique wallonne est singulièrement conservée : la langue est restée assez proche de la forme qu'elle avait durant le haut Moyen Âge.
Alphabet
Le wallon s'écrit en alphabet latin, avec un certain nombre de diacritiques et conventions semblables à ceux utilisés en français.
Il existe deux systèmes d'écriture, aux buts distincts.
L'un, généralement désigné comme système Feller, du nom de son inventeur, se développant à la charnière entre le 19e et 20e siècle. Son but est de à la fois coller aux conventions d'écriture du français (par exemple les graphies traditionnelles ch et g sont été remplacées par tch et dj; xh est abandonné car inconnu en français), et de noter au plus près les différences dialectales de prononciation. Il supprime aussi toutes les doubles consonnes (à moins qu'elles soient réellement prononcées doubles), et fixe l'écriture de la fin des mots (notation des marques grammaticales même si non audibles, et non notation du phénomène audible d'assourdissement des consonnes en syllabe fermée). Un signe particulier, la a rond en chef (å) est introduit. Au départ pour noter un son vélaire particulier présent dans certains dialectes levantins; mais rapidement adopté pour noter ce qui était écrit â mais prononcé [ɔ:] (come dans le mot Årdène, auparavant écrit Ârdenne). Cette lettre, inexistante en français, devient un symbole visuel fort du wallon là où elle est utilisée (principalement à l'Est).
L'autre, appelé r(i)fondou walon en wallon, fut développé à la charnière des 20e et 21e siècle et se veut une adaptation du précédent afin de créer une orthographe commune pour la langue (variations dialectales non notées spécifiquement). Cela est fait en introduisant un certain nombre de graphies, dites betchfessîs scrijhas en wallon (litt. graphies tête-bêche), recouvrant des prononciations dialectales différentes. Plusieurs de ces graphies sont des réhabilitations de traditions anciennes d'écriture du wallon (comme ai, ea, xh, oi, oe, sch); ou encore des élargissements de sens de graphies ou principes du système Feller (comme å, én, é, le principe d'écriture morphologique plutôt que phonétique étendu à -tchv- (provenant de -tch(i)v-; et écrit phonétiquement dj’v ou tch’f en Feller), -djn- (provenant de -dj(i)n- et écrit gn.gn en Feller), dn, vn (écrits nn et mn en Feller)). Quelques autres sont créés par analogie (ae, jh).
La notation du son /K/ suit (comme en espagnol ou italien) une règle purement déterministe (en fonction de la lettre qui suit, et non de l'étymologie). Et le nombre de diacritiques est drastiquement restreint, n'étant plus écrits lorsque la phonologie de la langue rends évidente la longueur d'une voyelle (rejoignant ainsi les anciennes traditions écrites). Le signe "e" (sans diacritique) n'est muet qu'en fin de mot (marque du féminin ou simplement pour marquer comme audible une consonne qui en position finale ne le serait pas), et prononcé partout ailleurs, ce qui fait que la notation "è", omniprésente en système Feller, deviens très ténue. Les apostrophes internes ne sont plus utilisées (on tchvå, cwate tchivås (un cheval, quatre chevaux) au lieu de on dj’vå (dj’vâ/tch’fau/tch’fô), cwate (qwate/kwate/kate) tchivås (tchivâs/tchuvås/tchivaus/tchivôs/tchëvôs/...) en Feller)
Pareillement qu'en français, la présence d'un diacritique ne modifie pas l'ordre alphabétique; et les digraphes (eg: ch, oi, ou,...) et trigraphes (tch, oen, sch) sont triés comme la suite de lettres qui les composent. Le nom des lettres est le même qu'en français, sauf å qui s'appelle a-bole (a boule), w qui s'appelle wé (ou doublu (double u)) et y qui s'appelle î gréc ou yod.
Graphème | Prononciation | Exemple | Graphème | Prononciation | Exemple | |
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A a | [a] | gade [gat] (chèvre) | L l | [l] | lére [le:ʀ] (lire) (la graphie commune lére recouvre aussi [li:ʀ], qui s'écrit lîre en F.) | |
 â | [a:] | diâle [dja:l] (diable) (non utilisé en rfondou, ou ce son est recouvert, suivant les mots, par å ou a sans signe diacritique) | M m | [m] | mwin [mwɛ̃] (main) (la graphie commune mwin recouvre aussi [mɛ̃], écrit min en F.) | |
Å å | [ɔ:] (F.) / [ɔ:/o:/ɑ:] (rif.) | djåzer [d͡ʒɔ:.'ze] (parler) (en F. la réalisation [d͡ʒa:.'ze] s'écrit djâzer) | N n | [n] | nawe [naw] (fainéant) | |
AE ae | [a/ɛ] | glaece [glas/glɛs] (glace) (propre au rfondou; en F. c'est glace ou glèce) | O o | [ɔ] | soris [sɔʀi] (souris) | |
AI ai | [e:/ɛ:] | mwaisse [mwɛ:s/mɛ:s/me:s] (maître) (en F. on utilise plutôt ê pour [ɛ:] et é pour [e:] : mêsse, mwêsse, mésse, maisse, maîsse) | Ô ô | [o:] (F.) / [o:/ɔ̃/ʊ:] (rif.) | rôze (rose) (en F. on note parfois la réalisation nazalisée comme rôⁿze ou ronze) | |
AN an | [ɑ̃/ɔ̃] | blanc [blã] (blanc) | OE oe | [wɛ/ø/ɛ/œ] | moes (mois) (propre au rfondou; en F. mwès, meûs) | |
B b | [b] | bén (bien) | OI oi | [wa/wɛ/oː/ʊː] | moirt (mort) (propre au rfondou, en F. mwért, mwèrt, mwârt, mwart, môrt, moûrt) | |
C c | [k/s] | crole [kʀɔl] (boucle de cheveu) | ON on | [ɔ̃] | djondou [d͡ʒõ.'du] (touché) | |
Ç ç | [s] | çoula [su.'la] (cela) | OU ou | [u] | atouwer [a.tu.'we] (tutoyer) | |
CH ch | [ʃ] | chal (ici) (très rare en rfondou, où ce son peut correspondre à des graphies ci/cy (le mot d'exemple s'écrit cial [ʃal] ou [sjal]), xh, sch ou sh) | OÛ oû | [u:/y:] | noû [nu:] (neuf, noveau) | |
D d | [d] | wårder [wɔ:ʀ.'de/wa:ʀ.'de] (garder) (en F. la réalisation [wa:ʀ.'de] s'écrira wârder) | P p | [p] | aprinde [a.'pʀɛ̃t] (apprendre) | |
DJ dj | [dʒ] | djin [d͡ʒɛ̃] (personne) | Q q | [k] | qwè [kwɛ] (quoi) (non retenu en wallon standard, le mot s'écrivant cwè) | |
E e | muet en F. / [ɛ] (rif.) | efant [ɛ.'fã](enfant) (en F. èfant) | R r | [ʀ] | arester [a.ʀɛs.'te] (arrêter) (en F. arèster) | |
É é | [e] | pés [pe] (pis de vache) (en rfondou un é en syllabe finale recouvre aussi des réalisations [i:] : ceréjhe (cérise) = cèréhe, cèrîhe, cèlîhe, cèrîje,...) | S s | [s] | sûner [sy:.ne] (suinter) | |
EA ea | [ja/e:/ɛ:] | bea [bja/be:/be:] (beau) (propre au rfondou, le mot est bia, bê, bé en F.) | SS ss | [s] | dissu [di.'sy] (dessus) | |
ÉN én | [ẽ] (F.) / [ẽ/ɛ̃] (rif.) | tchén (chien) (en F. tchén, tchîⁿ, tchin) | SCH sch | [h/ʃ/ç/sk] | scheter (casser) (propre au rfondou; en F. (è)skèter, chèter, hèter, hyèter) | |
EU eu | [ø/œ/ə] (F.) / [ø:/œ:/ø/œ/ə] (rif.) | djeu (jeu) (en F. la longueur est notée: djeû) | SH sh | [ʃ/s] | shijh (six) (propre au rfondou; en F. sîh, chîj) | |
EY ey | [ɛj/ɛ:j/i:j/i:] | åjhey (facile) (propre au rfondou; le F. utiilise èy ou îy : åhèy, âhèy, åhêye, åhî, âhî, auji, aujîye, aujîle,...) | T t | [t] | tins [tɛ̃] (temps) (bien que la prononciation soit la même partout, en F. on a des variantes: tins, timp, timps) | |
F f | [f] | filozofe [fi.lɔ.'zɔf] (philosophe) | TCH tch | [tʃ] | tchant [tʃã](chant) | |
G g | [g] | gueuye [gø:j] (gueule) (en F. la longueur est notée: gueûye) | U u | [y] | pus [py] (plus) | |
GN gn NY ny | [ɲ] | agnon [a.'ɲõ] (oignon) | Û û | [y:] | ût [y:t] (huit) | |
H h | [h] (F.) / [h] ou rien (rif.) | hoye (charbon) (en F. hoye, oye, ouye) | Un un | [œ̃] | djun [d͡ʒœ̃] (juin) (son très rare en wallon; djun et brun sont quasimment les seuls mots) | |
I i | [i/ɪ] | pitit (petit) (c'est aussi la notation en rfondou de la voyelle faible éllidable, qui peut avoir une grande variété de timbre suivant les régions; pour pitit, li ptit (petit, le petit) en rif. = pitit, putit, pëtit, pètit, peutit,...; li/lu/lë/èl/... p’tit en F.) | V v | [v] | vint [vɛ̃] (vent) | |
Î î | [i:] | pî [pi:] (pied) (en rifondou le circonflexe n'est pas utilisé lorsque le "i" est devant une consonne sourde, puisqu'il est alors naturellement long: Lidje [li:t͡ʃ] (Liège), en F. Lîdje) | W w | [w] | walon [wa.lõ] (wallon) | |
IN in | [ɛ̃] | rinde [ʀɛ̃t] (rendre) | X x | [ks/gz] | taxi (taxi) (non retenu en rfondou (le mot d'exemple s'écrit tacsi), plutôt rare en F.) | |
J j | [ʒ] | jate (tasse) (très rare en rfondou, car ce son est soit un allophone de la graphie jh soit un import étranger, adapté alors avec dj (le mot d'exemple est djate [dʒat] ) | XH xh | [h/ʃ/ç/x] | pexhon (poisson) (propre au rfondou; pèchon/pèhon/pèhyon en F.) | |
JH jh | [h/ʒ/ç] | prijhon (prison) (propre au rfondou; prijhon en rif. = prîjon, prîhon, prîhyon en F.) | Y y | [j] | yebe [jɛp] (herbe) (en F. on note parfois la palatisation; yebe en rif. = yèbe, jèbe, êrb en F. | |
K k | [k] | stoumak [stu.'mak] (estomac), | Z z | [z] | zûner [zy:ne] (bourdonner) |
Phonétique et phonologie
- Le latin et le germanique [k] et [g] + e, i, ont donné en wallon des consonnes affriquées épelées tch [t͡ʃ] et dj [d͡ʒ] comme en ancien français : latin vacca > vatche « vache » ; lat. gamba > djambe « jambe » ; francique *stikkian > stitchî « faire saillie » (cfr. anc. fr. estechier, estichier) ; frq. *kawa > tchawe « choucas » ; frq. *garba > djâbe « gerbe ».
- Le wallon ne connaît pas la voyelle prosthétique qui fait du latin scola, l'ancien français escole (cfr. français école), ni non plus l'étape suivante de la chute du latin [s] : spène « épine », fistu « fétu », biesse « bête ». Autres exemples : lat. spissus > spès « épais », stella > steûle « étoile », sternutare > stièrnî « éternuer », stomachus > stoumak « estomac », strictus > stroet « étroit », scribere > scrîre « écrire », etc. Toutefois, le wallo-picard, plus proche du picard, dit escole
Le wallon comporte cependant une voyelle d'appui, qui évite de devoir prononcer un trop grand nombre de consonnes successives : si l'on dit Dj'é stî à scole, ou Dj'a stou a scole « Je suis allé à l'école », on dira ène belle escole (à l'ouest) ou ine belle sicole (à l'est) ou encore sucole « une belle école », selon les régions.
- Le latin et le germanique [sk], à part quelques exceptions, donne en wallon /sch/ (en refondou) : schame « escabeau » (lat. scamnum), (a)schoûter « écouter » (auscultare), scheûre « secouer » (excutere ; cfr. anc. fr. escourre), schåle « échelle » (scala), dischåssî « déchausser » (discalceare), etc.
- Les consonnes voisées sont toujours assourdies en position finale : rodje « rouge » se prononce exactement comme rotche « roche ».
- Les voyelles nasales peuvent être suivies de consonnes nasales, comme dans djonne (qui se prononce djon + ne) « jeune », crinme « crême », branmint « beaucoup ».
- La longueur des voyelles a une valeur phonologique. Elle permet de distinguer par exemple cu « cul » et cût « cuit », i l'hosse « il la berce » et i l'hôsse « il la hausse », messe « messe » et mêsse « maître », etc.
- La loi de Bartsch, constatée en ancien français, ne s'applique pas au wallon. Exemples :
- a libre : lat cārus > (Zink en API) [tʃerɔ] VIe siècle² > [tʃierɔ]> chier [tʃiɛr] VIIe siècle > cher [ʃɛr], le wallon donnant finalement tchîr [tʃi:r].
- a entravé : lat cattem donne français chat (pas d'effet de Bartsch), mais le wallon donnant tchèt [tʃɛ].
Le vieux franconien a laissé beaucoup d'etyma dans les différentes langues d'oïls du nord comme le picard, le champenois, le bas-lorrain et le wallon, plus qu'en français commun. La plupart des mots franconiens avec le phonème w l'ont changé en gu lors de l'entrée dans l'ancien français et d'autres langues romanes. Cependant, les dialectes de la langue d'oïl septentrionale tels que le picard, le nord normand, le wallon, le bourguignon, le champenois et le bas-lorrain ont conservé le [w] ou l'ont transformé en [v]. Un exemple connu est « wardon » qui est entré dans la langue wallonne sous la forme « wårder » et en français comme « garder ».
Dans certains dialectes du wallon (est-wallon, en Hesbaye liégeoise et en Haute Ardenne), le h final est prononcé [ç]. Il s'écrit xh ou h. Exemple : ouxh, ouh [uç] « porte » (cfr. fr. huis). Le wallon est la seule langue gallo-romane qui utilise le son [ç]. On le retrouve également dans des noms de famille (Xhignesse, Moxhet, Destexhe, Daxhlet) ou des noms de lieux (Xhenlesse, Xhenmåle, Xhizogne, Xhofrai).
Morphologie
- Les adjectifs féminins pluriels devant le nom prennent une finale -ès non accentuée (sauf dans le dialecte wallo-lorrain) : comparez li djaene foye (la feuille jaune) et les djaenès foyes (les feuilles jaunes).
- Il n'y a pas de distinction de genre dans les articles définis et les déterminants possessifs (sauf dans le dialecte wallo-lorrain) : le wallon a li vweture et li cir alors que le français a, respectivement, la voiture et le ciel. De même, le wallon a si coir et si finiesse pour le français son corps et sa fenêtre.
Tutoiement et vouvoiement
L'utilisation du vos (« vous ») est l'usage, tant en contexte formel qu'informel, y compris pour s'adresser aux animaux domestiques. Au contraire ti (« tu ») est rare voire inexistant par endroits, considéré vulgaire, et généralement mal et agressivement perçu par la personne à qui il est adressé. Cependant, le tutoiement est régulièrement utilisé dans un contexte de colère[25] : Taijhe tu ! (« Tais-toi ! »).
Lexique
- Il existe quelques mots latins qui ont disparu des langues romanes voisines, comme le wallon dispierter, l'espagnol despertar (réveiller) et le roumain deșteptare ; le wallon sacwant(es) et le romanche insaquant(es) et leurs dérivées; le wallon moude (mulgere, traire) et l'italien mungere, le roumain mulge ; le wallon ouxh et le roumain uşă ; le wallon cras (crassu, gras) et le roumain gras; ou d'autres issus directement du bas latin : arincrin (araneae crinis, toile d'araignée), tier ou tienne (termen, limite marquée par une colline), ay (ay, interjection d'approbation partielle), etc. (in Dictionnaire liégeois par Jean Haust).
- Il y a un nombre important d'emprunts aux langues germaniques (dialectes néerlandais et allemands), par exemple le wallon flåw (faible) et le néerlandais contemporain flauw. Parmi beaucoup d'autres emprunts appartenant à la langue courante, on peut citer : dringuele (pourboire ; néerlandais drinkgeld), crole (boucle de cheveu), spiter (éclabousser ; même racine que l'anglais to spit ou l'allemand dialectal spützen), stamper (se dresser, se mettre debout), li sprewe (l'étourneau; néerlandais : spreeuw), blinker (briller, néerlandais et allemand blinken, to blink en anglais), crompire (pomme de terre, Grundbirne en allemand dialectal, littéralement poire de sol ; des variantes se retrouvent dans les langues de territoires anciennement soumis à l'empire austro-hongrois), etc. Nombre de ces emprunts se retrouvent également dans le français de Belgique comme belgicismes.
Syntaxe
- L'adjectif qualificatif est souvent placé devant le nom : comparez le wallon on fwärt ome et le français « un homme fort » ; ene blanke måjhon et « une maison blanche ».
- Emprunt syntaxique au germanique : la construction Cwè-ç ki c'est di ça po ene fleur ? (« qu'est-ce que cette fleur ? ») se traduit mot à mot en néerlandais Wat is dat voor een bloem ? ou allemand Was ist das für eine Blume ?
- L'ordre des pronoms : dijhoz-m' el, alors qu'en français on dirait : « Dites-le-moi. »
- Le pronom complément d'objet direct se met devant les verbes de pouvoir : dj' el sai scrire, vos mi ploz houkî, alors qu'en français on dit plutôt : « Je peux l'écrire, tu peux m'appeler. »
Orthographe
- Depuis 1100, on écrit le wallon au moins dans les noms géographiques et dans les actes de basse justice, et les actes notariés. L'écriture ne permet pas toujours de décider comment était la prononciation ("u" peut être une notation du son « u » ou « ou »). Certaines notations sont typiquement wallonnes xh (qui note un h aspiré), ea, eie.
- Au XVIIIe siècle, on continue à utiliser certaines des conventions du Moyen Âge xh (Villers), oi (Theâtre liégeois).
- Au XIXe siècle, l'écriture du wallon était largement individuelle. Mais différents essais de régulation sont proposés :
- pour l'accent de Liège (Henri Forir) ;
- pour l'accent de la Wallonie prussienne (Toussaint, Nicolas Pietkin) ;
- pour l'accent de Namur (Auguste Vierset, Léopold Godenne).
- Au XXe siècle, on assiste à la généralisation du système de notation Feller. Les trouvailles les plus intéressantes du Feller : les notations DJ et TCH, les demi-consonnes W et Y, la notation î du i long, oû du ou long ; les notations å et ô.
- Il faut attendre le XXIe siècle pour voir apparaître une orthographe unifiée, c'est-à-dire l'accord de tous les utilisateurs que tel mot s'écrit d'une seule façon, quelle que soit la manière dont la prononciation a évolué dans telle ou telle région.
Une tentative de norme orthographique commune existe : le « rfondou walon », dont le principe est d'écrire un même mot de la même façon, indépendamment des différences phonétiques locales. Cette orthographe se base sur des diasystèmes pouvant être prononcés différemment selon le lecteur, à l'instar de l'orthographe du breton dont l'exemple a inspiré le projet. Les graphies tentent de concilier les usages phonétiques actuels avec les traditions anciennes (notamment réintroduction de xh, oi) et la logique phonologique propre de la langue.
Wallonismes
La langue française possède quelques wallonismes, c'est-à-dire qu'elle a emprunté quelques termes au wallon. Ces emprunts lexicaux ont eu lieu notamment dans le vocabulaire de la mine et de la sidérurgie, du fait du caractère précurseur des régions wallonophones dans ces domaines. On peut citer les mots houille, terril, faille, fagne, grisou, faro[26], estaminet, … Le terme « houille » serait l'équivalent francisé du wallon hoye ou hougne. Dans la Province de Liège, le mot remonterait au XIe siècle, où on le retrouve dans des actes du Chapitre de Saint-Lambert en 1278 et 1299, ainsi que dans ceux de l'abbaye du Val Benoît en 1281. D'après Jean Haust, le mot « hoye » existait avant la découverte de la houille et signifie « fragment, éclat, motte » en wallon liégeois. Avec la découverte du charbon, « hoye » fut utilisé pour désigner la houille en morceaux et le mot se répandit à partir de 1200 à l'ouest et au sud de la Wallonie dialectale[27]. Un wallonisme désigne également un trait caractéristique du wallon, que ce soit au niveau du lexique, de la prononciation des idiotismes ou de la grammaire, que l'on retrouve dans le français parlé au sein de la Wallonie dialectale.
Littérature
La littérature wallonne existe depuis le XVIe siècle ou le début du XVIIe siècle et a connu son « âge d'or », à la fin du XIXe siècle[28]. Cette période a vu l'efflorescence d’œuvres littéraires, de pièces de théâtre et d’œuvres poétiques, ainsi que de périodiques.
Le premier texte daté et conservé en original de la littérature en langue wallonne est le Sonèt lîdjwès â minisse du frère Hubert Ora, ou d’Heure, Mineur de Liège. Publié en 1622, il constitue la conclusion d’un débat théologique écrit, ayant opposé le théologien catholique, Louis du Château, au pasteur protestant, Daniel Hochedé de la Vigne, entre et [29].
Auteurs de langue wallonne
Willy Bal | Gabrielle Bernard | Léon Bernus |
Joseph Bily | Nicolas Defrêcheux | Joseph Dejardin |
Chantal Denis (wa) | Franz Dewandelaer | Jean-Luc Fauconnier |
Eugène Gillain | Émile Gilliard | Joseph Houziaux |
Lucien Mahin | Albert Maquet | Arthur Masson |
Édouard Remouchamps | Henri Simon | Charles-Nicolas Simonon |
Lucien Somme (wa) | Joël Thiry | Roger Viroux (wa) |
Joseph Vrindts | Arthur Balle |
Charles-Nicolas Simonon. Édouard Remouchamps. Nicolas Defrêcheux.
Chantal Denis (2002). Roger Viroux (2002), à gauche sur la photo. Émile Gilliard (2008).
Bande dessinée en wallon
Les éditions Casterman publient l'album Les Bijoux de la Castafiore des Aventures de Tintin en différentes variantes du wallon. La lecture de ces albums permet de se rendre compte des spécificités régionales du wallon. On compte aujourd'hui trois versions différentes : L'èmerôde d'al Castafiore en liégeois ; Lès pindants dèl Castafiore en ottintois ; Les berlokes del Castafiore en aclot. Une quatrième version wallonne de l'album, cette fois en carolorégien, est parue en 2008 sous le titre Lès-ôr’rîyes dèl Castafiore.
L'album no 10 de Gaston Lagaffe est édité en rfondou walon[30].
Il existe également des bandes dessinées directement éditées en wallon, c'est le cas du Li vî bleû (Le vieux bleu) de François Walthéry dont a été tiré une pièce de théâtre.
Un éditeur liégeois, Noir Dessin Production, publie également des BD en wallon, mettant en scène le légendaire Tchantchès ou la ravissante Natacha.
Presse écrite en wallon
La presse écrite en wallon se résume à quelques revues, dont certaines ont une plus ou moins grande partie écrite en français. Les moyens de ces revues en wallon sont extrêmement limités et leur présentation est parfois réduite à la simple feuille, photocopiée et agrafée comme les revues Li Rantoele, Coutcouloudjoû ou l'Académîye des Foyants mais c'était également le cas des anciennes revues comme Li pompe ås Ramons. Toutefois, certaines sociétés littéraires en langue wallonne arrivent à éditer des revues de très bonne tenue grâce au soutien financier du Conseil des Langues Régionales Endogènes de la Communauté française de Belgique. C'est le cas du El Bourdon depuis 1983 ou encore de Djåzans walon, Singuliers et des Cahiers wallons.
Il existait jusqu'au premier tiers du XXe siècle des journaux à tirage hebdomadaire en wallon, le El tonnia d'Châlerwet était tiré jusqu'à 35 000 exemplaires et Li Mârmite se vendait jusqu'à Londres.
Théâtre
Au XVIIIe siècle, le liégeois, Jean-Noël Hamal (1709-1778), compose quatre opéras en wallon : Li Voyèdje di Tchôfontinne (Le Voyage de Chaudfontaine), Li Lîdjwès ègadjî (Le Liégeois engagé), Li Fiesse di Hoûte-s’i-Ploût (La Fête de Houte-Si-Plout) et Les Ipocondes. Le compositeur, Eugène Ysaÿe, réalise, en 1931, l'opéra, Pire li Houyeu (Pierre le mineur), œuvre qui rend hommage aux conditions de vie des mineurs de la fin du XIXe siècle.
Aspect sociologique
Le wallon a été la langue prédominante du peuple wallon jusqu'au début du XXe siècle, quoique la connaissance passive du français était courante. Depuis, le français régional s'est répandu partout, au point que 30 à 40 % seulement de la population wallonne pratiquent encore leur langue propre, les proportions variant de 70 à 80 % chez les plus de 60 ans à environ 10 % chez les moins de 30 ans. La connaissance passive est beaucoup plus courante : elle irait de 36 à 58 % dans le groupe d'âge où la connaissance active est la plus faible, c'est-à-dire chez les jeunes. Légalement, le wallon est reconnu depuis 1990 par la Communauté française de Belgique, l'autorité compétente en matière culturelle pour les francophones dans l'État fédéral belge, comme « langue régionale endogène » qu'il faut étudier et dont il faut encourager l'utilisation. Le mouvement culturel wallon repose entre autres sur l'Union culturelle wallonne (UCW), qui regroupe plus de deux cents cercles de théâtre amateur, des groupes d'écrivains, des comités de promotion du wallon à l'école. Une bonne douzaine de revues paraissent régulièrement. Il faut aussi citer la Société de langue et de littérature wallonnes (fondée en 1856 comme Société liégeoise de Littérature wallonne), qui promeut la littérature wallonne et l'étude des langues régionales romanes de Wallonie (surtout dialectologie, étymologie, etc.).
Dans la pratique, à cause de l'utisation de la langue française dans les églises, les écoles et à la télévision, la pratique du wallon a largement disparu en Wallonie. Le wallon avait un statut inférieur aux français. On éduquait les garçons en wallon et les filles en français. Les administrations, francophiles, ont largement favorisé ce passage au français, comme cela a été le cas pour d'autres langues régionales comme le breton ou l'alsacien. En 2017, lorsque Frédéric Gillot, député ouvrier au Parlement Wallon fait une intervention en wallon, l'administration refuse d'écrire les notules dans cette langue[31].
Une maison d'édition liégeoise, Noir Dessin Production, commercialise, à côté de livres d'histoire locale en français, différents objets (parapluie, tee-shirt, autocollants) portant des maximes en wallon.
La Radio-Télévision belge francophone consacre encore quelques émissions radiophoniques dialectales en décrochage, mais il est loin, le temps où on enregistrait pour la télévision des spectacles en salle et en extérieur en wallon, parfois sous-titrés en français.
Plusieurs offices religieux sont célébrés en wallon, notamment la traditionnelle Messe en wallon le lundi des Fêtes de Wallonie, le premier dimanche de mai dans le hameau des Boscailles à Éghezée, à Ciney ou le 15 août en Outremeuse à Liège...
Exemples
Wallon | Français |
---|---|
Walon | Wallon |
Flamin | Flamand |
Diè wåde | Adieu (littéralement "Dieu [vous] garde") |
Bondjoû | Bonjour |
A | Salut (souvent suivi d'une autre expression) |
Årvey | Au revoir |
Comint ça vos va ? | Comment vas-tu ? |
Dji n' sai nén | Je ne sais pas. |
Dji n'a rén vèyou | Je n'ai rien vu |
poyon | poussin |
betch | bisou (Namur) |
Taijhe-tu ! | Tais-toi ! (Tu exagères ; tu galèges) |
Oufti ! | (interjection ; marque l'étonnement) Ça alors ! (Liège) |
Vinéz châl | Viens ici (approche) |
Notes et références
Notes
- (de) « Der Lütticher Dialekt steht freilich dem Picardischen weit fremder gegenüber als die Dialekte der Provinzen Namür und Hennegau. Wenn auch der jetzige Dialekt der französ. Grentzgebiete (...) eine Art Mittelglied oder Uebergang zwischen wallonisch und picardisch dartsellt und sogar die südlichen Nuancen des Wallonischen sich dem Rouchi nähern, so zeigt doch der Lautbestand, zumal der Consonantismus, des Picardischen und des Wallonischen durchgreiffende Unterschiede. » W. Altenburg, Versuch einer Darstellung der wallonischen Mundart nach ihren wichtigsten Lauterverhälnissen, I, Eupen, Theil, 1880
- « On préfère l'appellation de zone wallo-picarde à celle d'ouest-wallon […] autrefois considérée comme principalement wallonne, selon la carte traditionnelle d'A. Maréchal, mais que les travaux de Louis Remacle ont fait plus ou moins basculer du côté picard. » « Daniel Droixhe, Lexique des littératures dialectales du Hainaut, Université Libre de Bruxelles, le 20 septembre 2000 », sur www.ulb.ac.be (consulté le )
Références
- https://plus.lesoir.be/143137/article/2018-03-02/le-wallon-nest-pas-une-langue-quon-spotche
- Université du Wisconsin : collection de documents sur l'immigration wallonne au Wisconsin, enregistrements de témoignages oraux en anglais et wallon, 1976 (en) « University of Wisconsin Digital Collection : Belgian-American Research Collection », sur digicoll.library.wisc.edu (consulté le )
- Jean-Michel Eloy (Éditeur scientifique) et Centre d'études picardes (Amiens) (Éditeur scientifique), Évaluer la vitalité : variétés d'oil et autres langues (Actes du colloque international Évaluer la vitalité des variétés régionales du domaine d'oïl, 29-30 nov. 1996, Amiens), Amiens, Centre d'études picardes, coll. « Centre d'études picardes » (no 47), , 270 p. : ill., couv. ill. ; 23 cm (ISBN 2-85925-011-5, ISSN 0338-098X, notice BnF no FRBNF36702969)
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- Jacques Allières, La formation de la langue française, éditions PUF, coll. « Que sais-je ? », , p. 119 - 120
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- « Toute la semaine, nous vous emmenons à la rencontre des Wallons du Wisconsin, de Namur à Walhain, du Vî Tchinisse à la Belgian Pie. È voye ! », sur www.lavenir.net (consulté le )
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- The Rademacher Forges https://www.eskilstuna.se/uppleva-och-gora/museer-och-konst/rademachersmedjorna/besoksinfo/in-english.html
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- Anthologie de la littérature wallonne, Mardaga, Liège, 1978, (ISBN 2-8021-0024-6)
- Marie-Guy Boutier, La Littérature wallonne, Chap. VII. Université de Liège, 2009, p.247
- J. Def., « Gaston Lagaffe parle le rfondou walon », La DH Les Sports+, (consulté le ).
- [Commission d’enquête Publifin: les 7 questions de base https://www.lavenir.net/cnt/dmf20170208_00956559/commission-d-enquete-publifin-les-7-questions-de-base]
Voir aussi
Bibliographie
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- Yannick Bauthière, Motî d'potche walon-francès & francès-walon, Fouesnant, Yoran embann, coll. « Pouloupig », , 340 p., 1 vol. (340 p.) : couv. ill. en coul. ; 12 cm (ISBN 978-2-914855-60-0, ISSN 1951-7769, notice BnF no FRBNF42055429)
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- Hervé Hasquin, La Wallonie, son histoire, Bruxelles, Luc Pire, (ISBN 2-930240-18-0, OCLC 42278304)
- Hervé Hasquin (dir.), Rita Lejeune (dir.), Jacques Stiennon (dir.) et Francis Vanelderen (dir.), La Wallonie : le pays et les hommes, Bruxelles, La Renaissance du livre, 1975-1981, 2 tomes en 6 vol. : ill. en noir et en coul. ; 29 cm (notice BnF no FRBNF37699611)
- Joseph Dejardin (Éditeur scientifique), Alphonse Le Roy (Éditeur scientifique) et Adolphe Picard (Éditeur scientifique), Dictionnaire des spots ou Proverbes wallons, Liège, Barthes et Lowell, , VIII-p. 5-628 ; in-8 (notice BnF no FRBNF37289957)
Dictionnaire des spots ou Proverbes wallons sur Gallica - Jules Feller, Notes de philologie wallonne, Liège, H. Vaillant-Carmanne, , In-8°, XXVII-420 p. et 1 portr. (notice BnF no FRBNF32098972)
Notes de philologie wallonne sur Internet Archive - Albert Henry, Wallon et Wallonie : esquisse d'une histoire des mots, Mont-sur-Marchienne, Institut Jules Destrée, , 1 vol. (152 p.) : ill. ; 21 cm (notice BnF no FRBNF40956730)
Articles connexes
Liens externes
- (en) Présentation synthétique du wallon par Lucien Mahin (au colloque international "Promotion ou relégation: la transmission des langues minorisées d'hier à aujourd'hui", Poitiers, France, 6 et )
- « Site du wallon unifié », sur rifondou.walon.org (consulté le )
- « Grammaire wallonne en ligne », sur users.skynet.be (consulté le ) par Laurent Lorint Hendschel sous GFDL)
- (en) Fiche langue
[wln]
dans la base de données linguistique Ethnologue.
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