Paralittérature

La paralittérature regroupe toutes les formes d'écrits qui se situent en marge de l'institution littéraire, autrement dit le corpus des textes dont le statut littéraire est rendu incertain par l'absence de reconnaissance sans être pour autant pleinement identifiable à un autre régime d'écriture (comme l'histoire, le journalisme, etc.)[1]. On emploie cette notion surtout pour désigner les différentes formes de littérature populaire, comme la littérature de colportage, le roman d'aventure, le roman policier, le roman de gare, la science-fiction, le roman d'amour, etc., genres où l'ambition littéraire semble céder le pas au plaisir immédiat du lecteur ou à l'appât du gain que ce plaisir laisse envisager.

Différentes formes

Les paralittératures sont relativement nombreuses. On peut les classer en grands groupes comme :

Toutes ces littératures sont encore souvent méprisées par l'institution universitaire, sauf en ce qui concerne le fantastique, le roman historique et maintenant le roman policier, mais certaines universités proposent des cours pour permettre de découvrir la littérature populaire.

La littérature numérique est une littérature qui permet de mettre en ligne des œuvres littéraires déjà existantes ou d'en créer de nouvelles. Les ouvrages sont publiés sur une plateforme virtuelle qui utilise le dispositif informatique comme medium[2].

Une typologie générale des genres paralittéraires a été établie dès 1975, puis corrigée et enrichie en 1979, dans un ouvrage solidement documenté[Lequel ?] sous la supervision d'Yvon Allard pour le compte des bibliothèques du Québec. Par ailleurs, la somme des ouvrages consacrés à la paralittérature connaît aussi un essor depuis la publication des travaux de Norbert Spehner (voir biblio).

Le concept de littérarité

Concept complexe, la littérarité peut dépendre de critères internes à l’œuvre (l'inscription dans un genre, le style, le niveau de langue…) et/ou de critères externes à l’œuvre : ceux-ci vont de la richesse d'une thématique ou la liberté d'un imaginaire jusqu'aux processus par lesquels une œuvre accède à la reconnaissance, voire à la consécration.

Pour la première conception de la littérarité, on peut se référer à l'essai de Gilles Philippe intitulé Sujet, verbe, complément.[3] dans lequel l'universitaire montre l'évolution de l'épistémè littéraire au cours de cette période : la littérarité tient alors moins à des faits extérieurs au texte qu'à la grammaire, désormais considérée comme le lieu où peuvent se réaliser des choix d'auteurs et s'effectuer un travail artistique.

La définition de la littérarité par le recours à des critères extérieurs au texte amène au contraire à s'aventurer dans le domaine de la sociologie de la littérature, en analysant par exemple les procédés parfois arbitraires utilisés par « l'institution littéraire » pour juger de la valeur d'une œuvre (voir sur ce point l'essai de Jacques Dubois, L'Institution de la littérature[4]).

Notes et références

  1. Angenot, Marc, « Qu’est-ce que la paralittérature ? », dans Études littéraires, vol. 7, (lire en ligne).
  2. Nathalie Lacelle et Prune Lieutier, « Littérature numérique : typologie, caractéristiques et écriture collaborative », Érudit, , p. 56-57 (ISSN 1923-5119, lire en ligne)
  3. Gilles Philippe, Sujet, verbe, complément. Le moment grammatical de la littérature française (1890-1940), Paris, Gallimard, « Bibliothèque des idées », 2002, 258 p.
  4. Jacques Dubois, L'Institution de la littérature, Bruxelles, Labor, 1978, 188 p.

Voir aussi

Bibliographie

  • Yvon Allard, Paralittératures, Montréal, Centrale des bibliothèques, 1979, 728 p.
  • Yvon Allard et Norbert Spehner, Écrits sur le roman policier, Longueuil, Le Préambule, coll. « Paralittératures », 1990 (ISBN 2-89133-121-4).
  • Marc Angenot, Le roman populaire : recherches en paralittérature, Montréal, Presses de l'Université du Québec, coll. « Genres et discours » (no 1), , X-145 p. (ISBN 0-7770-0119-5).
  • Noël Arnaud (dir.), Francis Lacassin (dir.) et Jean Tortel (dir.), Entretiens sur la paralittérature : Centre culturel international de Cerisy-la-Salle, -, Paris, Plon, , 479 p. (présentation en ligne).
Reproduction en fac-similé : Noël Arnaud (dir.), Francis Lacassin (dir.) et Jean Tortel (dir.) (avertissement d'Édith Heurgon), La paralittérature : Colloque du Centre culturel international de Cerisy-la-Salle, -, Paris, Hermann, coll. « Cerisy archives : littérature », (1re éd. 1970), 466 p. (ISBN 978-2-7056-8416-7, présentation en ligne).
  • Alain-Michel Boyer, La Paralittérature, Paris, PUF, 1992, 127 p. (Que sais-je ?, no 2673).
  • Daniel Couégnas, Introduction à la paralittérature, Paris, Seuil, , 200 p. (ISBN 2-02-013555-8).
  • Jacques Dubois, L'Institution de la littérature, Bruxelles, Labor, 1978, 188 p.
  • Umberto Eco, De Superman au surhomme, Paris, Grasset, 1993.
  • Daniel Fondanèche (préf. Pierre Brunel), Paralittératures, Paris, Vuibert, , 734 p. (ISBN 2-7117-7214-4, OCLC 300495050).
  • Mircea Marghescou, Le Concept de littérarité. Critique de la métalittérature, Paris, Kimé, 2009, 180 p.
  • Norbert Spehner, Écrits sur le fantastique, Le Préambule, coll. « Paralittératures », Longueuil, 1986 (ISBN 2-89133-077-3).
  • Norbert Spehner, Écrits sur la science-fiction, Le Préambule, coll. « Paralittératures », Longueuil, 1988 (ISBN 2-89133-092-7).
  • Norbert Spehner, Écrits sur le roman d’espionnage, Nuit blanche, coll. « Études paralittéraires », Québec, 1994 (ISBN 2-921053-23-3).
  • Norbert Spehner, « Paralittératures : les indispensables (une bibliothèque de référence) », Études littéraires, vol. 30, no 1, , p. 119–130 (DOI 10.7202/501193ar, lire en ligne).
  • Gabriel Thoveron, Deux siècles de paralittératures, Liège, CEFAL, 1996, 576 p.

Articles connexes

Liens externes

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