Ardenne

L’Ardenne est une région naturelle et culturelle qui s'étend sur les territoires belge, français, luxembourgeois et allemand, située à l'est de la Meuse et de la Sambre et limitée au sud par les plaines de Lorraine et de Champagne. Le massif ardennais est une ancienne chaîne de montagnes.

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Ardenne

Paysage de la vallée de la Semois, près de Frahan, en Belgique.

Pays Belgique
France
Luxembourg
Allemagne
Subdivision administrative Wallonie
Ardennes (Grand Est)
Villes principales La Roche-en-Ardenne, Libramont-Chevigny, Neufchâteau, Bouillon, Bastogne, Spa, Saint-Hubert, Chimay, Sedan, Charleville-Mézières, Givet, Revin
Coordonnées 50° 30′ 06″ nord, 6° 05′ 35″ est
Relief Point culminant :
Signal de Botrange (694 mètres)
Régions naturelles
voisines
Eifel
Fagne-Famenne
Argonne
Plateau lorrain
Calestienne
Condroz
Gutland
Thiérache
Crêtes préardennaises
Avesnois
Régions et espaces connexes Massif ardennais
Hautes Fagnes
Oesling

Toponymie

Origines du nom

Arduenna est le nom, probablement d’origine celtique, d’une forêt située sur et aux abords du massif de l’Ardenne (ainsi que d'une déesse celte, Arduinna), citée par Jules César et Strabon. Certains auteurs modernes défendent la couleur noire comme signification (du celtique Ar'Den qui signifie «la sombre»).

L'Ardenne était peuplée depuis l'âge du fer (-800) par les Gaulois (Celtes), dont les tribus principales étaient les Rèmes, les Trévires, les Nerviens et les Aduatuques, mais aussi, au cœur de la région, les Éburons, les Condruses, les Caeroesi, les Pémanes et les Sègnes. Les premières citations latines de cette Arduenna silva se retrouvent dans le récit de la guerre des Gaules (De bello gallico) de Jules César. César qui y a passé peu de temps, y décrit la forêt ardennaise comme ayant une longueur de 500 miles romains (environ 700 km), traversant le pays des Trévires et s'étendant depuis les rives du Rhin jusqu’au pays des Nerviens et des Rèmes (rive gauche de la Meuse)[1]. Le géographe grec Strabon cite également la forêt d'Ardenne[2].

Aujourd’hui, on applique les noms Ardenne(s) et Ardennais dans les dénominations de territoires naturels ou administratifs qui se situent sur le vieux massif forestier, traversé par la Meuse. Il est parfois difficile de reconnaître les limites de ces territoires, d’autant que les nombreuses tentatives d’appropriation de ce nom entretiennent une certaine confusion.

Tous pays confondus, le terme « Ardenne » est aujourd'hui généralement employé pour désigner l'ensemble des territoires français, belges, luxembourgeois et allemands couvrant l'espace occupé par l'ancien massif ; une marque touristique du même nom, créée entre les territoires français, belges et luxembourgeois, en témoigne. Par ailleurs, l'emploi des termes « les Ardennes » ou « les Ardennes françaises » renvoie à la partie française ; l'expression « Ardenne » peut aussi, en Belgique, être employée désigner la partie belge de ces territoires naturels, là où en France, on désignera ces mêmes espaces belges par les expressions « l'Ardenne belge » ou « les Ardennes belges ». Par abus de langage et par voisinage frontalier, l'expression « les Ardennes » peut parfois, si le contexte prévient de toute confusion, faire référence non pas aux Ardennes administratives françaises, mais à l'ensemble de la région franco-belge.

Langues régionales

L'Ardenne porte différents noms selon les différentes langues parlées sur son territoire.

Pour les langues romanes : Årdene en wallon, Ardenes en champenois.

Pour les langues germaniques : Ardennen en luxembourgeois, allemand et néerlandais.

Géographie

Les hautes terres transfrontalières des Ardennes et de l'Eifel, délimitées par la Meuse, la Semois (ou Semoy) la Moselle et le Rhin.

Du point de vue de la géographie humaine, l’Ardenne correspond au territoire forestier accidenté limité au sud par la Lorraine (y compris le Gutland, ou Bon Pays, au Luxembourg et la Gaume en Belgique) et la Champagne, à l’ouest et au nord par le sillon tracé par la Sambre et la Meuse, par la Famenne et la Hesbaye, à l’est par la région volcanique de l’Eifel qui longe les frontières belge et luxembourgeoise en gros entre Aix-la-Chapelle (Aachen) et Wasserbillig. La plus grande partie de l’Ardenne se trouve en Belgique, exclusivement en Région wallonne, où elle s’étend sur la majeure partie des provinces de Luxembourg et de Liège, une petite moitié de la province de Namur et une petite partie de la province de Hainaut. En France elle couvre le territoire du département des Ardennes et une partie du département de la Meuse. Elle couvre aussi la partie septentrionale du Luxembourg appelée l’« Oesling ». L’Ardenne culmine à 694 mètres, au signal de Botrange dans les Hautes Fagnes de la province de Liège. La forêt ardennaise est formée de lambeaux de l’ancienne forêt charbonnière. L’Ardenne ne constitue plus un massif boisé unique et compact. Cependant, l’aire forestière est actuellement en légère expansion.

Hydrographie

La Semois (affluent de la Meuse), près de Bouillon.
Revin est divisée en trois parties par les « boucles » de la Meuse.

L’Ardenne est un lieu où de nombreuses rivières prennent leur source, comme la Lesse, l’Ourthe, l’Amblève, la Sûre, etc.

La région est traversée par un seul fleuve important, la Meuse, à son extrémité ouest. Cependant d'autres cours d'eau importants délimitent ses frontières avec la région de l'Eifel comme la Moselle et le Rhin.

Les plus hauts sommets

D'autres sommets et reliefs ne figurent pas parmi les plus élevés et sont dépassés par de nombreux sommets parfois non nommés, mais méritent néanmoins d'être mentionnés, car ils se démarquent assez nettement : le Roc-la-Tour (408 m, en Champagne), le plateau de Rocroi (380 m, en Champagne), le Vaalserberg (322 m, à la limite du Limbourg néerlandais, du Limbourg belge et de la Rhénanie ; point culminant des Pays-Bas), Le Hérou (320 m, en Luxembourg belge), le Point du Jour (272 m, en Hainaut français) et la Montagne Saint-Pierre (120 m, à la limite du Limbourg néerlandais, du Limbourg belge et de la province de Liège).

Des régions en Ardenne

L'Ardenne[3] se prolonge en Allemagne (par l’Eifel), au Luxembourg (par l’Oesling) et en France (où elle n'occupe qu'une faible part du département des Ardennes). La partie orientale du massif schisto-gréseux constitue la Haute Ardenne où se trouvent les Hautes Fagnes.

Climat

Les sommets ardennais à ± 400 mètres d'altitude autour de Monthermé.

Les étés sont doux et humides, les hivers froids et longs. Le climat est majoritairement influencé par le relief de ce massif. Tout d'abord, les températures de l'Ardenne sont moins élevées que dans les régions environnantes à cause de l'altitude. En montant, l'air se refroidit, ce qui provoque une perte d'environ 0,7 °C tous les 100 m. Lors d'une situation anticyclonique, il arrive que la température soit supérieure à celles se trouvant en plaine.

Outre le relief, le massif forestier contribue également à ce climat tempéré. Cette vaste couverture forestière capte une grande partie du rayonnement solaire, empêchant l'augmentation de la température du sol. L'air s'échauffe moins vite qu'ailleurs. Le phénomène inverse existe aussi : la nuit, les arbres empêchent la radiation nocturne, ce qui entraîne une forte diminution des températures.

Géologie

Isthme du méandre formé par la Meuse dans l’Ardenne primaire, à Fumay.

D’un point de vue géologique[4], on subdivise l’Ardenne en deux ensembles :

  • L’Ardenne secondaire ou jurassique correspond à la partie méridionale du domaine ardennais. Pendant la période jurassique (de −205 à −135 millions d’années), la partie méridionale de l’ancienne chaîne hercynienne considérablement rabotée par l’érosion, est envahie par une transgression marine qui débute un peu avant, au Rhétien (entre −230 et −205 Ma), et se trouve libérée de la mer par la régression marine qui s’opère au Portlandien (entre –145 et –135 Ma). Le Jurassique se présente ainsi pour l’Ardenne méridionale comme un important cycle sédimentaire.
La Meuse dans le massif ardennais à Laifour - France.


Le sous-sol de l’Ardenne est composé de pierre schisteuse de couleur foncée, cette caractéristique géologique permet de distinguer l’Ardenne proprement dite des régions voisines (la Gaume au sud, le Condroz au nord).

Les méandres de la Meuse coupent la commune de Revin en trois parties.
La Meuse, dans les Ardennes françaises (Laifour).

Histoire

Carte de la Gaule à l’époque de la conquête romaine.

Âge du fer

Les premières traces d’occupation régulière de l’Ardenne datent de l'âge du fer (-800). C’est l’époque de l’expansion des Celtes. L’Ardenne serait d’ailleurs un des rares endroits en Europe où les Celtes ne se seraient pas métissés avec d’autres populations déjà installées. Mais la croissance de la population y fut très lente : en effet, le climat de l’Ardenne est plus froid que celui des régions avoisinantes, les rivières n’y sont pas navigables (à l'exception de la Moselle et de la Meuse), le relief rend les déplacements plus difficiles qu’ailleurs, les terres agricoles produisent peu et, de plus, le territoire est parsemé de landes appelées fagnes où rien ne pousse hormis la sphaigne. Le centre des hauts plateaux schisteux de l’Ardenne est densément occupé vers 480/470 avant notre ère par des Celtes. Leur civilisation nous y est essentiellement connue par les vestiges funéraires (les tombelles) qui constellent l’Ardenne. Lors de la conquête romaine, le chef Ambiorix finit par se réfugier dans la forêt d'Ardenne et ne sera jamais capturé. Vers 10 av. J.-C. Au Ier siècle, fondation d'Arlon, vicus de la Cité des Trévires. Des villas gallo-romaines sont édifiées à travers le pays, notamment à Malagne. En 89, formation de la province de Germanie inférieure comprenant la Civitas Tungrorum qui auparavant faisait partie de la Gaule belgique. Cette province fait partie du diocèse des Gaules lui-même faisant partie de la préfecture des Gaules. Au IVe siècle, création du diocèse de Tongres sur base de la Civitas Tungrorum. La voie des Ardennes, appelée en wallon Ågn'neûse võye, correspond probablement à l'axe qui s'étendait d'Atuatuca Tungrorum, chef-lieu de la Civitas Tungrorum, actuellement Tongres dans la province de Limbourg (Belgique), à Augusta Treverorum (Civitas du peuple des Trévires), actuellement Trèves (Allemagne). L'évêque de Tongres Lambert de Maastricht (né vers 636 et mort vers 705) finit l'œuvre d'évangélisation de l'Ardenne. Avant l'an 700, un groupe de clercs réguliers s’établit à Ambra (Andain ou Andage[5]) et fondent l'abbaye de Saint-Hubert.

Moyen Âge

Le château de Bouillon mentionné pour la première fois en 988 est vendu en 1082 par Godefroid de Bouillon à Otbert, évêque de Liège, pour financer la première croisade.

Au Moyen Âge, la forêt d'Ardenne couvrait une vaste étendue de territoire depuis la Vesdre au nord jusqu'à la Meuse à l'ouest, la Chiers et la Moselle, ou tout au moins l'Alzette et la Sûre au sud. Le pagus Ardennensis englobait primitivement tout ce territoire, c'est-à-dire l'Ardenne proprement dite, ainsi que le Condroz, la Famenne, une partie du Luihgau, de la Woëvre et peut-être de l'Eifelgau[6]. Dès 839, un comté d'étendue beaucoup plus restreinte fut créé. Vers le sud, il ne dépassait pas les limites du diocèse de Liège : c'est le comté d'Ardenne, qui se divise rapidement[7]. En 1082, le château de Bouillon est hérité par Godefroy de Bouillon, duc de Lothier, qui le vend au prince-évêque de Liège pour financer sa participation dans la première croisade[8]. Pendant les guerres de Religion, de nombreux protestants sont accueillis dans la Principauté de Sedan, intellectuels, avocats, artisans, ils sont la source de la prospérité de la ville. L'académie de Sedan attire professeurs et élèves. Avant le XVIIIe siècle, la forêt était déjà très exploitée, en raison notamment des modes de construction, de pratiques liées à l'affouage, à l'essartage, au panage et au pâturage, ainsi que de la fabrication du charbon de bois utile au fonctionnement des nombreuses forges qui conféraient à l’Ardenne une vocation sidérurgique : au XIXe siècle cette région était en effet l’une des premières d'Europe pour la métallurgie grâce à cette source d’énergie. C’est à cette époque qu'à la faveur du développement industriel de la région mosane, que l’Ardenne sort de son isolement. On y construit alors à grands frais des voies ferrées et des routes, mais les rivières ardennaises restent sauvages et l’industrie lourde ne peut s’établir qu'aux frontières Nord et Sud de l'Ardenne. L’industrie modifie cependant les paysages, puisque c’est aussi au XIXe siècle, pendant l'essor industriel, que l’on introduit les plantations massives d’épicéas, une espèce de conifère originaire des pays nordiques qui s’adapte à merveille aux landes fagnardes, ce sont surtout ces terres peu fertiles qui furent enrésinées. Ces essences servaient surtout au boisage des galeries de mines.

Seconde Guerre mondiale

La Seconde Guerre mondiale s'ouvre sur la Campagne des chasseurs ardennais et la Traversée des Ardennes. Résistance des chasseurs ardennais à Bodange, Martelange, Léglise, Witry, Chabrehez et Bastogne. La bataille des Ardennes est l'appellation donnée à l'ensemble des opérations militaires qui se sont déroulées dans cette région de Belgique et dans le nord du Grand-Duché de Luxembourg pendant l'hiver 1944-1945. La bataille commence le par une attaque surprise allemande à laquelle on a donné le nom d'« offensive von Rundstedt ». Les Allemands l'appellent « opération Wacht am Rhein » et les Anglo-Américains l'appellent « Battle of the Bulge » Bataille du Saillant ») vu la forme de coin que la ligne de front avait prise lorsque la pénétration allemande fut arrêtée. La bataille des Ardennes se termine fin janvier 1945 après le refoulement des Allemands au-delà de leur ligne de départ.

XXIe siècle

Au XXIe siècle, l’Ardenne est un réservoir d’espaces verts et sa première ressource économique est le tourisme.

Communes

Le territoire des communes suivantes se trouve entièrement ou partiellement en Ardenne.

Belgique

Situation de l’Ardenne belge.
Province de Liège Province de Luxembourg Province de Namur Province de Hainaut

France

Localisation du département des Ardennes.

Luxembourg

  • Clervaux
  • Vianden
  • Wiltz

Gastronomie

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre V, paragraphe 3 et Livre VI, paragraphe 29.
  2. Strabon, Géographie, III, 5 : Le pays des Morins, des Atrébatiens et des Éburons offre le même aspect que celui des Ménapes, l'aspect d'une forêt, mais d'une forêt d'arbres très peu élevés, qui, tout en présentant une superficie considérable, n'a pourtant que les 4000 stades d'étendue que les historiens lui donnent. On désigne cette forêt sous le nom d'Arduenne.
  3. Voir par exemple : J.P. Ledant, L'Ardenne grandeur nature, Bruxelles, Éditions Aparté, (ISBN 2-930327-00-6).
  4. Voir par exemple :
    • G. Waterlot, A. Beugnies & J. Bintz (1973). Ardenne – Luxembourg, Guides géologiques régionaux, Masson & Cie, Paris. (ISBN 2-225-36784-1).
  5. Émile Poumon, Abbaye de Belgique, Office de publicité, S.A, éditeurs, Bruxelles, 1954, p. 105-106.
  6. Léon Vanderkindere, La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, vol. II, Bruxelles, H. Lamertin, (réimpr. 1981), 88 p. (lire en ligne), p. 228
  7. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 228-229.
  8. Pierre Aubé, Godefroy de Bouillon, Fayard, , p. 221
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