Gaule Belgique

La Gaule Belgique (Gallia Belgica en latin) était une des quatre provinces (avec la Gaule Aquitaine, la Gaule Lyonnaise et la Gaule Narbonnaise) créées par Auguste au début de son principat à partir des conquêtes effectuées par Jules César en Gaule entre 58 et 51/50 av. J.-C. Le Sud de la Gaule et la vallée du Rhône, jusqu'à Vienne, sont alors déjà romains, depuis leur conquête effectuée antérieurement entre 125 et 121 av. J.-C. Cette dernière région constitue une province distincte, de rang sénatorial, la Narbonnaise, tandis que Gaules belgique, Lyonnaise et Aquitaine sont des provinces impériales. Ces trois dernières provinces issues du découpage augustéen se trouvaient cependant réunies, à travers les notables gaulois à la tête des cités, dans le cadre d'une assemblée commune, à vocation politique et religieuse, liée au culte impérial, le Sanctuaire fédéral des Trois Gaules, et dont le siège se situait face à la colonie romaine de Lugdunum (Lyon). La province de Gaule Belgique a compté au moins dix-huit peuples dont les Rèmes.

Gaule Belgique
(la) Gallia Belgica

Ier siècle av. J.-C.  Ve siècle

La Gaule belgique dans l’Empire romain, vers 120.
Informations générales
Statut Empire romain d'Occident
Capitale Durocortorum puis Augusta Treverorum
Langue(s) gaulois
Latin vulgaire
puis Gallo-roman

Entités précédentes :

Histoire

De la conquête césarienne à l’organisation d’Auguste

Lorsque s’achève la guerre des Gaules, l’accord fragile entre César et Pompée vole en éclats et les guerres civiles commencent, entre les deux premiers protagonistes d’abord, puis après l’assassinat de César en 44 av. J.-C. entre Marc Antoine et Octave. Si ces guerres n’ont pas eu pour théâtre la Gaule, celle-ci sera cependant aussi l’objet de rivalités entre Marc Antoine, qui obtient dans un premier temps le gouvernement de cette nouvelle province, avant qu’Octavien, dans le cadre d’un accord de paix précaire avec Marc Antoine n’en prenne à son tour le contrôle. Ce n’est qu’au terme de ces guerres civiles et après l’affermissement du nouveau régime qu’Octave, devenu Auguste en 27 av. J.-C., est alors en mesure d’organiser les territoires conquis par César. La date de la réorganisation territoriale est encore discutée, soit entre 27 et 25 av. J.-C., soit entre 16 et 13 av. J.-C., lors de deux séjours différents effectués par Auguste en Gaule. Cette réorganisation territoriale a pour conséquence de diviser le vaste territoire conquis par César entre la Narbonnaise, sur laquelle il s’appuie, et les Pyrénées et le Rhin, en trois provinces de rang impérial : la Gaule Belgique, la Gaule lyonnaise et la Gaule aquitaine. Mais cette œuvre d’organisation n’est pas que territoriale. Il convient de signaler aussi la mise en place d’un premier réseau viaire, ayant Lugdunum (Lyon) pour cœur, et qui est l’œuvre d’Agrippa ; la création d’un atelier monétaire impérial à Lugdunum en 15 av. J.-C. ; la fondation en 12 av. J.-C. du Sanctuaire fédéral des Trois Gaules, à Lugdunum aussi, et destiné à maintenir un cadre unifié, mais essentiellement religieux, à l’échelle des trois provinces Gaules venant d’être séparées ; la création enfin, vers 15 av. J.-C., d’une zone douanière interne à l’Empire, unifiée non seulement à l’échelle des Trois Gaules, mais intégrant aussi la Narbonnaise.

La Belgique d'Auguste à Domitien

Les Trévires, sous le commandement des nobles Julius Classicus et Julius Tutor, et les Lingons, dirigés par Julius Sabinus, se soulevèrent et se joignirent aux Bataves de Civilis pour créer un empire en Gaule en 70. Les autres Gaulois ne les suivirent pas et les nobles des autres cités leur demandèrent de se désarmer ; Sabinus fut vaincu par les Séquanes, Tutor, Classicus et Civilis par le général Cerialis.

Partition

En 297, sous Dioclétien, la Belgique fut divisée en trois provinces :

  • La Belgique première, capitale Augusta Treverorum (Trèves),
  • La Belgique seconde, capitale Durocortorum (Reims),
  • La Séquanaise, capitale Vesontio (Besançon).

Ces trois provinces sont rattachées au diocèse des Gaules et à la préfecture du prétoire des Gaules.

Invasion

Les Francs, jusque-là établis sur la rive droite du Rhin, se déplacèrent progressivement sur la rive gauche dès l'hiver 405/406. Le Nord de la Belgique seconde fut envahi par les Francs saliens entre 440 et 460, le Sud tombant sous l'autorité du royaume romain de Soissons, séparé de l'Empire romain d'Occident, en 461. Le Nord de la Belgique première fut occupé par les Francs rhénans (Francs ripuaires) aux alentours de 480, le Sud étant simultanément submergé sous la pression des Alamans. La Séquanaise fut quant à elle prise par les Burgondes vers 460.

Géographie

La province romaine de Gallia Belgica du début de la période impériale correspondait pratiquement à l'ensemble des cités de l'ancienne fédération belge, c'est-à-dire les territoires sis entre le Rhin et la Seine, auxquels César donnait le nom de Belgia. Au départ, la capitale de la province est Durocortorum (Reims) puis, à une date indéterminée (mais probablement pas avant la fin du Haut-Empire), la capitale est transférée à Augusta Treverorum (Trèves).

Sur le terrain, les frontières de la Gaule belgique, tant avec la Gaule lyonnaise qu'avec la Germanie, sont floues. Les cités des Leuques et des Triboques semblent avoir appartenu dès l'origine à la province de Gaule Belgique, mais pas celles des Lingons ni des Séquanes, d'abord rattachées à la Gaule lyonnaise au début de la période impériale. Le premier événement qui vient clarifier ces limites, même s'il les modifie par la même occasion, est la création par l'empereur Domitien d'abord de deux districts, puis de deux provinces : la Germanie inférieure et la Germanie supérieure, entre 82 et 90 ap. J.-C. La création de ces deux provinces se concrétise par la perte définitive des Ubiens, des Vangions, et des Triboques. La deuxième grande réforme territoriale qui toucha la Belgique date, comme pour le reste de l'Empire, de 297. La réorganisation territoriale voulue par l'empereur Dioclétien a pour conséquence la division en trois de la province : Belgique première, Belgique seconde, et Séquanaise (Belgica Prima, Belgica Secunda, et Maxima Sequanorum en latin). Nous connaissons exactement la composition de ces provinces grâce à la Notitia dignitatum, inventaire de l'administration du Bas-Empire.

Administration

La Gaule Belgique était une province impériale administrée par un légat d'Auguste propréteur de rang prétorien installé à Durocortorum (Reims).

Division en cités au Haut-Empire

Au Ier et au IIe siècles, le territoire de la Gaule Belgique était composé des civitas (cités gallo-romaines) suivantes[1] :

Économie

Nord-Est de la Gaule vers 70 ap. J.-C. avec les frontières (provinciales et linguistiques).

L'agriculture de ces cités devint florissante vers 80-90 et les villes de Durocortorum (Reims) et Augusta Treverorum (Trèves) comptaient alors parmi les plus grandes villes de Gaule et d'Occident. En revanche, un bon nombre d'habitants de cette province connut une romanisation plus lente qu'en Lyonnaise ou en Narbonnaise, cela pouvant être dû au contact des populations gauloises de langue germanique habitant la vallée du Rhin, attirées par la Gaule romaine.

L'intérêt des axes militaires et marchands ont préservé l'économie effondrée après la conquête et le collapsus démographique qui s'ensuivit. Les voies gauloises, rectifiées et améliorées par les légions romaines, offraient des services techniques de roulage et de charronnerie, des lieux d'accueil et d'hébergement de voyageurs, en retrait prudent de la voie, tous les 70 à 80 stades. Des nœuds routiers protégés, devenus aussi marchés prospères et même lieux de pèlerinage, apparurent, comme Bavay, Tournai, Tongres, Arlon. La Belgique ne différait pas de la Gaule lyonnaise, elle exportait au loin des émaux et bijoux, des lainages, du cochon en salaison et du lin.

L'agriculture de la Gaule Belgique est décrite par Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle. Il y vante leur technique de moissonnage par l'usage d'une moissonneuse, le vallus. Pline cite la grande diversité des légumes cultivés : oignons, choux et fèves, ainsi que les diverses variétés de pommiers. De vastes étendues céréalières d'arinca (variété de blé) et d'orge permettaient la fabrication du pain mais aussi de la cervoise[2]. Les sauneries du littoral produisaient du sel utilisé pour la conservation du poisson et de la viande : le jambon ménapien, salé ou fumé, était réputé et importé jusqu'à Rome[2].

L'habitat était dense, hormis dans la région littorale ; il était essentiellement composé de villæ (grandes fermes)[2]. La présence romaine apporta quatre siècles de prospérité à la région. La sécurité des frontières face aux Germains était assurée par les légions et les premières voies de communication furent créées d’une part entre Boulogne et Cologne, d'autre part entre Reims et Trèves. Plusieurs bourgs furent bâtis à l’intersection de ces axes, tels Arlon et Bavay, ou encore Tongres et Tournai.

Villes principales : Durocortorum (Reims), Augusta Treverorum (Trêves), Gesoriacum (Boulogne-sur-Mer), Aduatuca Tungrorum (Tongres), Bagacum Nerviorum (Bavay), Colonia Claudia Ara Agrippinensium (Cologne), Divodurum (Metz), etc.

Religion

Pendant longtemps, la religion gauloise ne fut connue qu'au travers des descriptions romaines. La classe sacerdotale des druides connaissait l'écriture, mais privilégiait systématiquement la transmission orale. Aussi les premiers documents écrits sur leur religion passent par le prisme de l'interpretatio romana[3], comme dans les Commentaires sur la Guerre des Gaules où César décrit leurs rites et leurs dieux :

« Le dieu qu'ils honorent le plus est Mercure. Il a un grand nombre de statues ; ils le regardent comme l'inventeur de tous les arts, comme le guide des voyageurs, et comme présidant à toutes sortes de gains et de commerce.
Après lui ils adorent Apollon, Mars, Jupiter et Minerve… Apollon guérit les maladies ; Jupiter tient l'empire du ciel, Mars celui de la guerre ; Minerve enseigne les éléments de l'industrie et des arts.
Les Gaulois se vantent d'être issus de Dis Pater, tradition qu'ils disent tenir des druides. »
(Livre VI 17 §1,2 & 18 §1) [4].

Les découvertes du sanctuaire de Ribemont-sur-Ancre dans les années 1960 et de Gournay-sur-Aronde en Picardie a permis de connaître plus précisément des rites sacralisant les espaces naturels autour d'enclos sacrés[5].

Notes et références

Notes

    Références

    1. Persée : Carte inédite de la Gaule romaine sous le Haut-Empire
    2. Janine Desmulliez, Histoire des provinces françaises du Nord, Ludovicus Milis, page 63.
    3. Chloé Chamouton, « Le druide, garant de l'ordre social », Le Monde des religions, no 24, , p. 32.
    4. Jacqueline Desmulliez et L.J.R. Milis, Histoire des provinces françaises du Nord : De la préhistoire à l'An Mil, t. 1, Artois presses université, coll. « Histoire », (lire en ligne), p. 90-99.
    5. Brunaux Jean-Louis, Méniel Patrice, Rapin André, « Un sanctuaire gaulois à Gournay-sur-Aronde (Oise) », Gallia, no Tome 38 fascicule 1, , p. 1-25 (lire en ligne).

    Sources

    • Jacqueline Desmulliez et L.J.R. Milis, Histoire des provinces françaises du Nord : De la préhistoire à l'An Mil, t. 1, Artois presses université (lire en ligne).
    pour l’époque celtique
    • Venceslas Kruta, Les Celtes, Histoire et Dictionnaire, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1005 p. (ISBN 2-7028-6261-6).
    • John Haywood (intr. Barry Cunliffe, trad. Colette Stévanovitch), Atlas historique des Celtes, Paris, éditions Autrement, (ISBN 2-7467-0187-1).
    • Blaise Pichon, « Formes et rythmes de la romanisation dans l’Ouest de la Gaule Belgique », dans Bernadette Cabouret-Laurioux, Jean-Pierre Guilhembet et Yves Roman (directeurs d'ouvrage), Rome et l’Occident : IIe s. av. J.-C. au IIe s. apr. J.-C., Presses Universitaires du Mirail, (ISBN 978-2-8107-0052-3, lire en ligne), pages 317 à 350.
    • Paul Van Ossel, « La romanisation des campagnes de la Gaule septentrionale (Lyonnaise, Belgique, Germanies) : Retour sur le sens d’une mutation », dans Bernadette Cabouret-Laurioux, Jean-Pierre Guilhembet et Yves Roman (directeurs d'ouvrage), Rome et l’Occident : IIe s. av. J.-C. au IIe s. apr. J.-C., Presses Universitaires du Mirail, (ISBN 978-2-8107-0052-3, lire en ligne), pages 373 à 385.

    Voir aussi

    Articles connexes

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