Affaire du gang des barbares

L'affaire du gang des barbares (également appelée affaire Ilan Halimi) désigne les événements liés à la mort d'Ilan Halimi, enlevé dans la région parisienne puis séquestré et torturé en par un groupe d'une vingtaine de personnes se faisant appeler le « gang des barbares », dirigé par Youssouf Fofana. Leur choix se porte sur Ilan Halimi, car, du fait de son appartenance à la communauté juive, il est censé, selon eux, être riche.

« Affaire Ilan Halimi » redirige ici. Ne pas confondre avec Affaire Sarah Halimi.

Affaire du gang des barbares
Titre Affaire du gang des barbares
Fait reproché Enlèvement, séquestration, torture, antisémitisme et assassinat
Pays France
Date
Nombre de victimes 1
Jugement
Statut Affaire jugée

L'affaire suscite une vive émotion en France, y compris au plus haut niveau de l'État, du fait de l'antisémitisme des auteurs du crime et des conditions de séquestration et de mort d'Halimi. Le procès se déroule d'avril à , selon les règles de publicité restreinte puisque deux des accusés étaient mineurs au moment des faits ; il y a appel en 2010. Le retentissement médiatique est énorme et plusieurs livres en relation avec cette affaire sont publiés, ainsi que plusieurs adaptations au cinéma. L'affaire attire également l'attention internationale où elle figure comme un exemple d' antisémitisme en France.

Enlèvement

Contexte et circonstances

Ilan Halimi, de son nom de naissance Ilan Jacques Élie Halimi[1], fils aîné d'une famille juive marocaine[2], né le , est un vendeur travaillant dans un magasin de téléphonie mobile du boulevard Voltaire à Paris.

Le soir du vendredi 2006, après avoir dîné chez sa mère, il rejoint en voiture Yalda dite aussi « Emma », jeune fille qui l'a ouvertement dragué dans son magasin, une semaine plus tôt, et l'a rappelé pour passer une soirée avec lui[3].

Après avoir pris un verre ensemble porte d'Orléans, il pense la raccompagner chez elle dans la banlieue sud de Paris mais arrivé à la destination qu'elle lui indique vers Sceaux (Hauts-de-Seine), Ilan Halimi est à peine sorti de son véhicule que des individus le rouent de coups, tentent d'appliquer un chiffon imbibé d'éther sur son visage alors qu'il se débat et appelle à l'aide, puis « l’assomment et le jettent dans le coffre d’un 4X4 », menotté, les yeux et la bouche en sang couverts de ruban adhésif ; il est enlevé dans la nuit du 20 au [3],[4],[5].

Au petit matin, sa petite amie Mony d'origine asiatique, avec qui il vit, cherche vainement la voiture d'Ilan et inquiète, téléphone à ses amis et la famille Halimi[6]. Ce même jour, Youssouf Fofana adresse un courriel envoyé d'un cybercafé d'Arcueil à la famille Halimi, qui réclame 450 000 euros en échange de la libération d’Ilan Halimi, assorti d'une photographie du jeune homme yeux bandés, journal du jour dans les mains et pistolet pointé sur la tempe[7]. « La famille prévient alors la police, et la brigade criminelle, l'unité d'élite de la police judiciaire de Paris, se saisit de l’enquête »[3].

Semaines suivantes

Durant les semaines qui suivent, Halimi est le plus souvent laissé dans un peignoir de bain ou dénudé sur le sol dans la rudesse de l'hiver, attaché, le visage scotché (« complètement momifié »), le plus souvent nourri à la paille de boissons, torturé par plusieurs geôliers à tour de rôle pendant 24 jours, d'abord dans un appartement vide et non chauffé rue Serge-Prokofiev d'une HLM de la cité Pierre-Plate à Bagneux dans les Hauts-de-Seine puis dans une cave de l'immeuble mise à disposition par le concierge[7],[8],[5].

Durant ce calvaire, Didier Halimi, son père, reçoit des coups de téléphone, des messages, des mails, en tout 600[9] à 700[5] appels des ravisseurs, souvent insoutenables, dont des menaces de mutilation, où les revendications sont mouvantes ; les policiers lui dictent toutes les réponses pour temporiser afin d'essayer de localiser les ravisseurs[9]. Durant la séquestration d'Ilan Halimi, la police demande à ses parents de garder le silence sur cette affaire, de ne pas demander d'aide pour payer la rançon de leur fils, ni de montrer sa photographie à des personnes qui pourraient fournir des informations[10]. Quand la police autorise enfin Didier Halimi à déposer une rançon contre son fils, les malfaiteurs lui donnent plusieurs consignes et rendez-vous le menant jusqu'à Bruxelles où le père ne trouve encore personne pour l'échange[7].

Ses ravisseurs, qui furent surnommés le « gang des barbares », voulaient obtenir une rançon pour sa libération. Le « gang des barbares » était composé d'une vingtaine de personnes qui gravitaient autour d'un chef, Youssouf Fofana. Toutefois, les enquêteurs, évoquant plusieurs déplacements en Côte d'Ivoire de Youssouf Fofana durant le rapt, ont avancé l'hypothèse d'un autre chef. Son avocat a déclaré, sans autres précisions : « Il [est] parti deux fois en Côte d'Ivoire sur vingt et un jours [durant le rapt] […] il n'était peut-être pas le seul à diriger les choses » et « Je ne suis pas convaincu qu'il puisse parler librement tant que d'autres personnes sont dehors »[11].

De jolies jeunes filles étaient utilisées comme appâts pour attirer les victimes dans un guet-apens. Ilan Halimi ne serait pas la première victime du gang : il y aurait eu cinq tentatives d'approche avant lui, mais toutes auraient échoué[7].

Le motif de ce crime est crapuleux et antisémite : il s'agissait d’enlever un Juif « parce qu’ils sont bourrés de thunes »[12], selon Youssouf Fofana, et d'extorquer de l'argent à la famille de la victime, toujours « supposée riche car juive », alors que le salaire d'Ilan Halimi n'était que de 1 200 euros mensuels et que sa famille est modeste[13]. Lorsque les ravisseurs se sont rendu compte que la famille (le père, Didier Halimi, gérant deux boutiques de vêtements, la mère Ruth, secrétaire) ne disposait pas de la somme exigée — dont le montant a varié de 5 000 à 450 000 voire 500 000 euros de 2006 —, ils ont chargé un rabbin choisi au hasard dans l'annuaire téléphonique de récolter l'argent dans « sa communauté » pour payer la rançon[14],[13],[9].

Plaque signalétique sur voie ferrée à Sainte-Geneviève-des-bois (2019)

Laissés souvent sans nouvelle de leur « cerveau », Youssouf Fofana, qui exige d'Abidjan de ses acolytes une « photo gore avec du sang, qui marque les esprits » ou change souvent de directives, les geôliers s'impatientent et deviennent brutaux avec leur prisonnier[4].

Le 12 février 2006, ses geôliers reçoivent l'ordre de préparer Ilan Halimi pour sa libération ; on nettoie son corps toujours menotté, pour effacer les « preuves d'ADN », on rase ses cheveux ; dans la nuit du 12 au 13, Youssouf Fofana le prend sur son dos, enveloppé nu d'un drap, pour le charger dans le coffre d'une voiture volée[7],[4].

Découvert nu, tondu, bâillonné, menotté, défiguré, le corps brûlé et agonisant, le , le long des voies ferrées du RER C à Sainte-Geneviève-des-Bois dans le département de l'Essonne, Ilan Halimi meurt peu de temps après son transfert à l'hôpital[15],[13],[12].

Autopsie

L'autopsie réalisée le à l'hôpital d'Évry (Essonne) révèle des « brûlures » sur 80 % du corps, de multiples « hématomes et contusions », « une plaie à la joue » faite au cutter et « deux plaies à l'arme blanche sous la gorge »[16]. Mais le médecin légiste conclut : « Aucun des coups n'est mortel. » Ce n'est donc pas un coup isolé qui a provoqué la mort, mais l'ensemble des violences et tortures subies pendant les trois semaines de séquestration. Contrairement à des rumeurs ayant couru au moment des faits, aucune trace de violence sexuelle ni de mutilation n'a été décelée à l'autopsie[17]. Il apparaît aussi que le froid (l'enlèvement s'est passé fin janvier) et la faim ont contribué à l'affaiblissement de la victime.

Sépulture

Vue aérienne du cimetière Har HaMenuchot à Givat Shaul

Ilan Halimi est inhumé en février 2007 au cimetière Har HaMenuhot (Mont des Répits) dans le quartier de Guivat Shaoul à Jérusalem Ouest en Israël, dans une section spéciale, après l'exhumation et le transfert de sa dépouille via un vol d'El Al, du cimetière parisien de Pantin en France où il avait été initialement enterré[18],[19]. Ses deux enterrements sont espacés d'exactement une année, selon le calendrier hébraïque[20].

Sur sa pierre tombale est désormais écrit[13] :

« Ilan Jacques Halimi, torturé et assassiné en France parce qu’il était juif à l’âge de 23 ans ».

Antisémitisme

À la date du , la circonstance aggravante d'antisémitisme a été retenue par les juges d'instruction. Le quotidien Le Monde du publie des informations en faveur d'une interprétation antisémite de l'affaire, après des interrogatoires de certains prévenus. Les préjugés antisémites de la bande de Bagneux apparaissent dans les auditions de ses membres. D'après Youssouf Fofana, ils ont visé la communauté juive à cause de la richesse présumée de ses membres. Néanmoins, la bande avait d'abord visé des personnes non juives et c'était au terme de deux échecs qu'elle avait l'idée de cibler un juif en pensant que celui-ci aurait de l'argent ou du moins une communauté prête à en réunir[21].

Youssouf Fofana nie avoir eu des motivations antisémites. Plusieurs autres membres se sont défendus d'être antisémites[22] et certains se sont contentés de déclarer lors des interrogatoires qu'« un juif, c'est riche »[23], ce qui n'était notamment pas le cas d'Ilan Halimi, issu d'une famille modeste.

Un officier de police a signalé que les membres du groupe ne sont pas connus comme extrémistes. Les juges chargés du dossier ont toutefois retenu l'antisémitisme comme circonstance aggravante du crime pour deux des prévenus, Youssouf Fofana et Jean-Christophe G.

Dans le livre intitulé 24 jours : la vérité sur la mort d'Ilan Halimi, (2009), co-écrit avec Émilie Frèche, Ruth Halimi, la mère de la victime, affirme que la police n'a jamais soupçonné que les ravisseurs de son fils de 23 ans le tueraient, en partie parce qu'elle niait le caractère antisémite du crime, sur lequel pourtant, la famille Halimi attirait son attention : « [la police] n'a pas compris le profil du gang... Ils pensaient avoir affaire à des bandits classiques »[10],[3]. Cet aspect est exposé comme un déni et également développé dans le documentaire L’Assassinat d’Ilan Halimi de Ben Isaak[13],[3].

Dans son livre Affaire Halimi. Du crime crapuleux au meurtre antisémite (2014), Gilles Antonowicz, avocat d'un des membres du gang, soutient que les médias et certains experts (Didier Lapeyronnie) ont exagérément présenté l'antisémitisme comme étant l'une des motivations principales des membres du groupe[24],[25].

Le philosophe Adrien Barrot, interrogé à propos de cette affaire, considère que « l’antisémitisme revêt une dimension intrinsèquement crapuleuse »[3].

Me Francis Szpitner a rappelé qu'Ilan Halimi a été enfermé et torturé puis, pour effacer toute trace, il a été douché, tondu, tué puis brûlé : « le processus de la mort d'Ilan Halimi ne peut que renvoyer à la mémoire juive qui est celle de l'exécution des juifs » par les Nazis[3].

Motivation religieuse et politique

Lors de perquisitions, il a été trouvé chez les ravisseurs des documents de soutien au Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens, ainsi que du matériel de propagande salafiste[26]. Au téléphone, un ravisseur avait récité une sourate du Coran à la famille d'Ilan Halimi[27].

Enquête policière

Alors que ni les médias ni le public ne sont mis au courant de l'enlèvement, l'enquête policière dure trois semaines et mobilise jusqu'à 400 policiers. Choisissant une méthode comportant des risques, les enquêteurs de la PJ ne préviennent pas non plus les commissariats de cette affaire et ne diffusent pas la photographie de Fofana, qu'ils possèdent[28].

François Jaspart, alors patron de la Police judiciaire parisienne, reconnaîtra que ses équipes n'ont pas eu affaire aux professionnels qu'ils s'étaient imaginés mais à de petites frappes, des bras-cassés, « à des gens immatures, irrationnels et changeant sans cesse d'avis »[5].

Gilles Antonowicz dans son ouvrage met en cause le travail de la brigade criminelle du quai des Orfèvres, s'étonnant notamment que celle-ci ait interrompu les négociations avec les ravisseurs et parlant d'« incurie policière »[29]. Lors du procès, Didier Halimi, le père de la victime, dénoncera également les méthodes employées par la brigade criminelle : « On en est arrivé là à cause de la police, elle a pris un chemin qui n'était pas le bon »[28].

Ainsi, la mère de la victime, Ruth Halimi, apprend la mort de son fils dans le journal gratuit 20 minutes[13].

Youssouf Fofana

Youssouf Fofana (né le dans le 12e arrondissement de Paris) est le « cerveau des barbares » autoproclamé, surnommé lors de cette affaire « le Boss » ou « Django »[7]. Il est le cinquième enfant d'une fratrie de sept. Sa mère, Fatouma, était femme au foyer et le décrit comme « un enfant sage, obéissant et respectueux [...], bien élevé comme tous les enfants d'Afrique »[5]. Il va à l'école maternelle près du marché d'Aligre et voit une orthophoniste pour son bégaiement qui le complexe[5]. En 1989[30] ou 1994[5], les Fofana emménagent dans une grande HLM à Bagneux, cité du Prunier-Hardy. La scolarité de Youssouf, au collège Joliot-Curie de Bagneux, a été catastrophique. Il n'a pas réussi à obtenir son BEP de comptabilité au lycée professionnel de Montrouge[31].

Dès l'âge de seize ans, il accumule les petits délits (13 sur sa fiche de police) et est condamné cinq fois entre 2000 et 2003 pour vols, violences volontaires, deux braquages et agression d'un policier. Il aurait déjà passé quatre années en prison pour faits divers dont vol et résistance aux forces de l'ordre[32]. Il est donc bien connu des services de la Police nationale (outrages et rébellions) et d'Interpol. Depuis 1995, il est suivi par la Protection judiciaire de la Jeunesse (PJJ) mais manque fréquemment ses rendez-vous obligatoires relevant d'une mesure judiciaire[5]. Son père sait que Youssouf a fait trois ans de prison après sa majorité mais il en a oublié la raison, et déplore qu'il n'ait « pas compris qu'il fallait changer et travailler honnêtement après ». Youssouf habitait à la maison, comme les autres enfants, mais ne rangeait jamais rien et n'aidait pas financièrement ses parents, contrairement à son cadet Mamadou. Aux yeux du père, Youssouf est « très croyant » : « Il fait la prière cinq fois par jour et va à la mosquée de Bagneux, mais par contre il ne travaille pas, et moi, ça m'énerve. Ça me fait mal. Moi, je suis vieux, je me lève tous les jours à six heures et Youssouf, lui, ne fait pas d'efforts »[31]. De ses six frères et sœurs, un a déjà été condamné à de la prison ferme.

Il a été arrêté dans la nuit du 22 au à Abidjan par les gendarmes ivoiriens. Ses avocats ont essayé, sans succès, de s'opposer à son extradition en arguant de sa nationalité ivoirienne. Il a finalement été extradé le 4 mars[33].

Fofana a reconnu avoir prémédité l'enlèvement d'Halimi depuis , lors d'un séjour en prison, l'avoir séquestré, lui avoir porté plusieurs coups de poignard, et avoir donné l'ordre de le « saigner » car ne pouvant plus le garder. Il se serait ravisé et aurait ordonné qu'on le « lave » (à l'acide, afin d'effacer toute trace d'ADN), cependant, il nie l'avoir tué et charge ses complices sur ce point[34]. Trois jours après la mort d'Ilan Halimi, alors qu'il se trouvait encore à Abidjan, il a appelé le père de la victime pour lui demander s'il était content et l'insulter[7]. Il appellera également la petite amie d'Ilan Halimi, pour la menacer.[réf. nécessaire]

En , Youssouf Fofana contacte son avocat Me Philippe Missamou et lui demande de lui servir d'intermédiaire auprès des maisons d'édition pour publier un livre relatant ses mémoires sur l'affaire[35].

Le , une enquête pour « outrage à magistrat » est ordonnée à son encontre, à la suite d'un courrier menaçant et insultant qu'il avait envoyé à la juge d'instruction Corinne Goetzmann. Il sera condamné pour ces faits à une année de prison[30].

En 2012, Fofana se filme à l'intérieur de la prison de Clairveaux et poste sur YouTube une quinzaine de vidéos où il développe une rhétorique antisémite et islamiste qui lui vaudra sept ans supplémentaires pour apologie du terrorisme[8]. Il est aussi connu pour faire du prosélytisme islamique en détention[8].

Fofana a été incarcéré dans plusieurs établissements de la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Paris et de Lille. Il a notamment fréquenté les établissements pénitentiaires de Villepinte, Amiens, Compiègne, Lille-Sequedin, Moulins-Yzeure[36], Bois d'Arcy et Alençon où son agression d'un surveillant de l'administration pénitentiaire à l'aide d'un stylo[37], le , a entraîné sa condamnation à 3 ans supplémentaires[38].

Il est considéré comme un détenu ingérable du fait des nombreuses pathologies mentales dont il souffre. Il est peu respecté et mal considéré par ses codétenus, qui le méprisent[réf. nécessaire].

En 2017, il est condamné à dix années de prison supplémentaires, assorties d'une période de sûreté des deux tiers pour tentatives d'extorsion de fonds et menaces de mort remontant à 2002-2005, à l'époque où, à travers des courriers menaçants, il se faisait passer pour un messager du Front de libération de la Palestine ou pour un collecteur d'impôt révolutionnaire d'Armata Corsa, pour tenter de racketer des milliers d'euros à plus de quarante personnes notables dont des PDG de grandes entreprises, des notaires, des médecins et notamment Rony Brauman ou Jérôme Clément[9],[30].

« Au cours de sa détention, il s'est pacsé avec une détenue de la prison de Rennes, condamnée dans la même affaire... Seulement, depuis que la jeune femme a été libérée, elle ne lui aurait plus donné de nouvelles. Youssouf Fofana reçoit néanmoins du courrier de la part de certaines admiratrices »[8].

Arrestation

Youssouf Fofana, qui s'est réfugié en Côte d'Ivoire le , revendique une prétendue nationalité ivoirienne pour s'opposer à son extradition vers la France. Visé par un mandat d'arrêt international, il est arrêté à Abidjan le et incarcéré à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (MACA). Youssouf Fofana s'était attaché les services de cinq avocats ivoiriens qui avançaient que ce Français né en France avait la double nationalité, son père étant ivoirien. Si ce fait avait été avéré, cela aurait effectivement bloqué l'extradition, la Côte d'Ivoire n'extradant pas ses ressortissants. Selon Francis Szpiner, l'avocat de la famille de la victime, il s'agit d'« une affaire très simple » : Youssouf Fofana, né dans l'Hexagone, ne s'est jamais « prévalu » de la nationalité ivoirienne, c'est « un citoyen français. Il est entré en Côte d'Ivoire avec un passeport français. Il était muni d'un visa, ce que tout étranger fait lorsqu'il veut rentrer dans un pays, et c'est donc un Français qui est en fuite ».

Le , la justice ivoirienne autorise l'extradition vers la France du principal suspect dans l'affaire du « gang de Bagneux ». Aucun recours n'est possible sur la décision judiciaire rendue par la chambre d'accusation d'Abidjan, réunie à huis clos. L'extradition devient exécutoire lorsque le président ivoirien Laurent Gbagbo signe le décret. La France affrète alors un Airbus A310[39] avec une dizaine de gendarmes pour rapatrier Youssouf Fofana sous très haute sécurité.

À son arrivée, Youssouf Fofana est aussitôt mis en examen pour « association de malfaiteurs, enlèvement, séquestration en bande organisée avec actes de tortures et de barbarie, assassinat » avec circonstance aggravante de faits commis « en raison de l'appartenance de la victime à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée » par les juges Corinne Goetzmann et Baudoin Thouvenot. Une « fois emprisonné, il signe des lettres à la gloire de la Palestine et contre le « capitalisme juif », des « Allah Akar » en en-tête »[7].

Captivité

Après le procès, Youssouf Fofana est emprisonné dans le centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe (prison la plus sécurisée du pays) et fait figure de détenu incontrôlable, ayant notamment agressé des surveillants en et , faits pour lesquels il est condamné à quatre ans de prison supplémentaires[8].

Suites de l'affaire Halimi : Le Maire et les barbares

En février 2020, Eve Szeftel, journaliste à l'AFP, publie chez Albin Michel Le maire et les barbares[40], une enquête révélant les liens entre certains protagonistes de l'affaire Halimi et la municipalité UDI de Bobigny, ville-préfecture de la Seine-Saint-Denis. En effet, en juin 2014, trois mois après la victoire de l'UDI aux élections municipales, un tract anonyme révèle que la nouvelle municipalité a embauché la compagne de Jean-Christophe Soumbou, condamné à 18 ans de prison pour l'enlèvement et la séquestration d'Ilan Halimi, comme chargée de mission "politiques urbaines". L'affaire de l'embauche de Lynda B. est rendue publique par Marianne en juillet 2014[41]. Intriguée par la réaction de la mairie qui, au lieu d'écarter la jeune femme, par ailleurs condamnée dans une sordide affaire de violences[42], fait bloc derrière elle, la journaliste décide d'explorer plus avant les liens entre le pouvoir et le gang des Barbares et en particulier la proximité de certains collaborateurs du maire avec Jean-Christophe Soumbou, dit « Craps », qui a grandi à Bobigny dans la cité Paul-Eluard. Lors d'un procès lié au tract anonyme, en octobre 2015, le directeur de l'Urbanisme à la mairie de Bobigny affirme ainsi publiquement que « Craps » est son ami et que c'est la raison pour laquelle sa femme est protégée[41]. En enquêtant, la journaliste découvre que Jean-Christophe Soumbou avait recruté deux complices de Bobigny pour mener à bien l'enlèvement d'Ilan Halimi, qui n'ont jamais été inquiétés par la justice et que l'un de ces complices, Yassine N., appartient à une famille très influente à Bobigny. Ainsi, le frère aîné de Yassine N. a obtenu des faveurs de la municipalité, dont un effacement de dette locative, qui lui a permis d'ouvrir une salle de sport islamiste dans la cité Paul-Eluard[42].

Dans le dernier chapitre du Maire et les barbares, qui s'intitule « L'affaire Halimi n'est pas finie », la journaliste de l'AFP tente de faire la lumière sur certaines zones d'ombre de l'affaire et réévalue le rôle de Jean-Christophe Soumbou (et de « l'équipe de Bobigny ») au sein du gang des Barbares. Se replongeant dans le dossier d'instruction, elle découvre que Youssouf Fofana craignait « Craps », qu'il appelait aussi son « copain Crim », et qu'en son absence, c'était ce dernier qui dirigeait le gang, avec l'aide de Samir Aït Abdelmalek à Bagneux. Des questions se posent aussi sur l'assassinat d'Ilan Halimi, dont Youssouf Fofana a nié être l'auteur lors de sa garde-à-vue en Côte d'Ivoire, affirmant avoir remis l'otage à « Craps » et à l'un de ses complices[43],[44]. D'ailleurs, l'enquête a établi que le téléphone de Jean-Christophe Soumbou bornait dans la zone du crime la nuit où Ilan Halimi a été assassiné, à Saint-Geneviève-des-Bois (Essonne), et la journaliste s'interroge sur la raison pour laquelle cet élément à charge n'a pas été pris en compte.

Sorour Arbabzadeh

Enfance et rencontre avec Fofana

Sorour Arbabzadeh[45], dite « Yalda » ou « Emma » ou « Nour », a servi d'appât pour piéger Ilan Halimi le 2006. D'origine iranienne, elle est arrivée en France à l'âge de 11 ans en 1998. Sa mère, infirmière, est réfugiée politique et son père est décédé dans un accident de voiture en Iran. Elle a une sœur handicapée mentale.

Emma est instable et immature. En 2001, à l'âge de 14 ans, elle a été violée par trois garçons, mais sa mère a retiré sa plainte après avoir appris que sa fille aurait été consentante selon les déclarations des trois auteurs. Suivie par un juge pour enfants de Bobigny et des éducateurs spécialisés, elle a tenté de se suicider à plusieurs reprises. Élève de seconde à l'internat de Thiais, dans le Val-de Marne, multi-redoublante, elle est considérée comme une élève médiocre. Après avoir rencontré Fofana (une « bête de meuf », la qualifie-t-il[5]) et être devenue la maîtresse de plusieurs voyous du gang des barbares (ce qu'elle a toujours nié), il lui aurait déclaré : « Avec toi, je peux faire des merveilles », avant de lui montrer les boutiques « juives » du boulevard Voltaire, à Paris. Séductrice et influençable, Emma « aime plaire », ont affirmé les experts psychiatres. Avec le chef de clan dominateur, elle s'est sentie « valorisée ».

Dans l'affaire Ilan Halimi

Arbabzadeh a reconnu avoir servi d'« appât » pour amener Halimi dans leur repaire. Elle a également reconnu avoir été conduite en voiture par Youssouf Fofana (qu'elle appelle « Oussama ») boulevard Voltaire à Paris, s'être rendue dans la boutique de téléphonie où travaillait Ilan Halimi, l'avoir trouvé « mignon » et lui avoir demandé son numéro de téléphone qu'elle remet à Fofana qui l'attend dehors ; celui-ci lui dit : « Avec toi, je sens que je peux faire de bonnes affaires. Vu ton physique, tous les garçons tomberont dans le panneau»[4]. Elle fixe ensuite rendez-vous Ilan Halimi à Sceaux dans le sud de Paris et l'entraîner à Bagneux où « deux ou trois gros bras », dont Fofana, ont maîtrisé Ilan Halimi avant de le séquestrer. Elle rapporte aux enquêteurs ce témoignage à propos de Youssouf Fofana : « D'après lui, les Juifs étaient les rois, car ils bouffaient l'argent de l'État et lui, comme il était noir, était considéré comme un esclave par l'État. » Persuadée par lui qu'ils sont tous deux dans la même galère[4], elle déclare aussi : « Youssouf, il explique tellement bien les choses qu'on dirait qu'il n'y a rien de grave. »

Lorsque la juge d'instruction lui demande : « Avez-vous conscience que c'est vous et bien vous seule qui avez choisi la victime ? » Elle répond : « Oui. » La femme, qui dément avoir été la petite amie de Fofana (comme il l'affirme), nie avoir touché de l'argent (malgré la promesse de 3 000 à 5 000 euros) pour avoir participé à la séquestration d'Ilan Halimi. En revanche, elle a bénéficié d'une nuit d'hôtel 3 étoiles (108 euros), payée par Fofana en remerciement, pour elle et son ami Samir, le soir de l'enlèvement.

Dès son incarcération, Sorour Arbabzadeh subit un avortement et elle fera en prison plusieurs tentatives de suicide[8] En , elle est hospitalisée pour une tentative de suicide dans sa cellule de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne)[46]. Elle avait été mise en examen pour « complicité[pas clair][réf. nécessaire] » et « association de malfaiteurs ».

En , Emma écrit aux parents de la victime pour leur confier son sentiment de culpabilité, assurant : « Je souffre tellement de vous avoir fait autant de mal. » Pendant son procès, les proches du jeune supplicié espéraient qu'elle autoriserait la levée des mesures de publicité restreinte auxquelles était soumise l'audience parce qu'Arbabzadeh était mineure à l'époque des faits. Mais son avocate, Me Dominique Attias, a signifié un refus : « Les débats, qui seront sûrement extrêmement douloureux, doivent se dérouler dans la sérénité[47]. » Aux enquêteurs, puis aux psychiatres, l'adolescente a tenté d'expliquer, sans émotion particulière, pourquoi elle s'est retrouvée à jouer un rôle de premier plan dans le rapt d'Ilan Halimi pour « rendre service » — et contre la promesse de 5 000 euros.

En , Sorour Arbabzadeh est condamnée en première instance à 9 ans d'emprisonnement, peine confirmée en appel. Elle est alors incarcérée à la prison pour femmes de Versailles.

Dans l'affaire Gonçalves

Deux mois plus tard, certaines de ses codétenues de Versailles rapportent à l'administration pénitentiaire qu'elle bénéficierait d'un traitement de faveur dans l'obtention d'un poste de travail avantageux au sein de la prison. Le ministère de la Justice saisit l'inspection générale des services pénitentiaires, qui découvre que la jeune femme a obtenu bien plus qu'un poste de travail avantageux. Deux personnes qu'elle aurait séduites et qui lui auraient fait passer colis et puces téléphoniques sont mises en cause. Il s'agit de l'un des surveillants et du directeur de la maison d'arrêt, Florent Gonçalves.

Ce dernier reconnaît devant la justice s'être épris de la jeune femme qui, notamment, lui a envoyé des photographies suggestives et qu'il surnomme « Fleur d'Orient » sur Facebook, et avoir eu deux relations sexuelles avec elle, avant qu'elle ne soit transférée à la maison d'arrêt de Fresnes pour le procès en appel du « gang des barbares »[48]. Florent Gonçalves est révoqué du corps des directeurs des services pénitentiaires en , et condamné à un an de prison ferme[49],[50]. La jeune femme est condamnée à un an de prison dont quatre mois fermes[50].

À Fresnes, elle est reconnue coupable de recel et est condamnée en correctionnelle à huit mois de prison ferme, assortis de quatre mois avec sursis[8].

En , Sorour Arbabzadeh est libérée en conditionnelle, après près de six ans passés en détention[51].

Autres membres du gang

  • Christophe Martin-Vallet : Christophe Martin-Vallet, dit « Mocko », féru d'informatique, aurait suggéré l'idée des rapts et aurait organisé les opérations de séduction des rabatteuses. Il aurait également amené Emma (Sorour Arbabzadeh) à son rendez-vous avec la victime et l'aurait reconduite une fois la victime capturée[52],[53]. Il est également accusé de viol avec Fofana, par un des « appâts ». Il aurait participé à six tentatives d'enlèvement.
  • Jean-Christophe G. : Jean-Christophe G., dit « JC », « Zigo », mineur au moment des faits, violent, ce serait lui qui aurait torturé Ilan Halimi, lui aurait écrasé un joint sur le front et lui aurait donné des gifles et des coups de manche à balai. Il fut exclu en classe de quatrième du collège Béranger à Paris, et avait déjà été interpellé pour vol de lecteur MP3 et possession de cannabis. Il aurait acheté quelques provisions (protéines liquides, pailles et ciseaux). « Au bout de trois ou quatre jours, on l'a nettoyé car il devait être remis en liberté. Je lui ai découpé ses vêtements aux ciseaux et je les ai mis à la poubelle »[7]. Il témoigne : « La victime a sans doute fait du bruit ou gémi, et comme je fumais un joint, j'ai appuyé un court instant ma cigarette au milieu de son front. J'ai ensuite écrasé mon mégot au sol. »[réf. nécessaire] « Je lui ai mis des coups au visage pour le faire taire», et des coups de balai dans les jambes »[7].
  • Samir Aït Abdelmalek : Samir Aït Abdelmalek, dit « Smiler », père de trois enfants, déjà condamné pour des affaires de drogue et de vol de voiture, aurait fourni l'appartement de la séquestration à Bagneux, avant qu'Ilan Halimi ne soit séquestré dans la chaufferie de l'immeuble[réf. nécessaire]. Samir est aussi considéré comme le bras droit de Youssouf Fofana qu'il connaissait depuis dix ans. Il aurait fourni l'acide utilisé pour « nettoyer » la victime et lui aurait donné un coup de cutter. Il était prévu qu'il touche 1 500 euros pour ses prestations. Dans le procès-verbal du de son interrogatoire par la brigade criminelle de Paris, Samir Aït Abdelmalek, déclare à propos d'un des actes de torture[8] (destiné à produire une image) : « J'ai sorti la lame de cutter et après qu'il a mangé et bu, j'ai cherché un endroit où lui mettre un coup de cutter pour que ça saigne sans lui faire trop mal. Je ne voulais pas toucher à l'adhésif qui l'empêchait de hurler. Sans prévenir Ilan pour qu'il ne stresse pas, je lui ai mis un coup de cutter sur cinq ou six centimètres sur la joue gauche. Malgré le sparadrap, cela a saigné vite dans sa barbe qui n'avait pas été rasée. » À propos de la mort d'Ilan Halimi sur le bord d'une ligne de chemin de fer, le policier qui interroge le jeune homme poursuit : « À ce moment, m'a-t-il expliqué, Ilan avait réussi à relever son bandage sur les yeux. Du coup, Youssouf avec un couteau lui a mis un coup dans la gorge vers la carotide puis un coup de l'autre côté de la gorge. Ensuite il a essayé de lui couper le bas de la nuque. Puis il lui a mis un coup de couteau dans le flanc. Il avait sûrement dû revenir avec un bidon d'essence car il m'a dit qu'il avait utilisé un bidon pour asperger Ilan avec ce combustible et l'a incendié sur place. À ce moment il m'a dit : « Cela a fait une grande flamme et je suis parti. »
  • Yahia Touré Kaba : Yahia Touré Kaba, alias « Yaks », analphabète, aurait été geôlier deux semaines et demie. Il aurait coupé les cheveux de la victime et fourni deux autres amis pour sa relève, « Fabrice » et « Baba ». Il a témoigné en expliquant à propos de l'otage : « Il pissait dans une bouteille et faisait caca dans un sac en plastique. »[réf. nécessaire] Il serait impliqué dans une précédente tentative d'enlèvement.
  • Fabrice Polygone : étudiant en BTS, il aurait été geôlier pendant toute la séquestration, et aurait aussi aidé à couper les cheveux de la victime. Il explique ce qui s'est passé la veille de la mort d'Ilan Halimi : « Dos contre le mur, jambes un peu repliées vers le torse, il était en peignoir. J'ai vu nettement des traces d'éraflure ou de frottement sur le côté gauche de son torse, un peu partout, vers les côtes, le cou, la poitrine. Ça ne saignait pas. » « Nabil, Zigo et moi, on devait le laver avec de l'eau, du gel douche qui se trouvait sur place et des gants de toilette. Je lui ai coupé les cheveux. Zigo et Nabil ont trouvé que ce n'était pas assez court et ils ont essayé de lui raser les cheveux avec un rasoir mécanique à deux lames, noir ou bleu. »
  • Jérôme Ribeiro : Jérôme Ribeiro, alias « Coup de Tête », issu d'une famille de six frères et sœurs, n'avait plus de travail depuis la mi-. Il était manutentionnaire intérimaire. Soupçonné d'avoir participé à l'élaboration du projet d'enlèvement, « il était plus qu'un geôlier », selon une source judiciaire. Son témoignage aurait permis aux enquêteurs de remonter à d'autres membres du gang. Il a quitté le groupe à la fin du mois de . Des autocollants antisémites et des documents à la gloire des nazis ont été découverts dans l'appartement où il avait vécu. Il déclare : « Il [Fofana] m'a demandé si je voulais me faire beaucoup d'argent, j'ai répondu oui. Il m'a indiqué qu'il suffirait de garder trois jours un homme. »[réf. nécessaire] Il a été impliqué dans une autre tentative d'enlèvement : chargé de brûler un véhicule pour faire diversion, il se brûlera au cou et au visage.
  • Giri Oussivo N'Gazi : ami de Jérôme, il aurait été geôlier.
  • Francis Oussivo N'Gazi : il aurait lui aussi été geôlier et aurait fourni son appartement pour les réunions de groupe. Il est voisin de l'appartement des Fofana. Il aurait également fourni d'autres « filles-appâts » à Youssouf Fofana dans une autre affaire.
  • Nabil Moustafa : Nabil Moustafa, alias « Bilna », livreur de pizzas et footballeur, aurait été geôlier et aurait amené Cédric dans le groupe. Il témoigne : « Lorsque j'ai soulevé sa couverture, j'ai vu des taches de sang sur son pyjama avec des trous, au niveau des jambes et du ventre. Quand on l'a déshabillé, j'ai vu des plaques rouges sur son ventre (…), ça ressemblait un peu à des brûlures. »[réf. nécessaire] « On a dit qu'on en avait assez. Le boss a réfléchi et il a décidé qu'il n'y avait plus que ce soir-là, que l'autre devait dégager. »[réf. nécessaire] Il serait également impliqué dans une autre tentative d'enlèvement.
  • Cédric Birot Saint-Yves : Cédric Birot Saint-Yves, alias « Babas », ami de Nabil, aurait été geôlier. Il déclare : « Dès le premier jour, j'ai pu constater que l'otage présentait des traces de brûlure par mégots au niveau des côtes et du dos. » Les coups auraient débuté après un premier échec de remise de rançon. « Tous les quatre, Nabil, Yahia, Jérôme et moi, nous lui avons mis des tartes quand il gémissait pour avoir des cigarettes (…) Il m'est arrivé aussi de lui mettre de petits coups de balai sur les jambes, cuisses ou mollets. » Il est mis en examen pour séquestration, actes de torture et de barbarie. Le , il est condamné par le tribunal de Créteil à cinq mois d'emprisonnement ferme pour avoir utilisé un téléphone portable dans l'enceinte de la prison de Fresnes (Val-de-Marne) où il était incarcéré. Sa sœur cadette s'est vu infliger une peine de deux mois avec sursis pour lui avoir fait passer la puce électronique.
  • Gilles Serrurier : Àgé de 39 ans au moment des faits, il était le gardien de l'immeuble où fut séquestré Ilan Halimi. Il a prêté aux bourreaux l'appartement, ou du moins la chaufferie où ils ont torturé la victime, en leur remettant les clefs[8]. Ancien enfant de la DDASS, endetté par un divorce selon un locataire[54], père de deux enfants, il aurait notamment remis les clefs de la chaufferie à Samir. Il est incarcéré pour « complicité de séquestration en bande organisée ».
  • Jean-Christophe Soumbou : Jean-Christophe Soumbou, alias « Marc », alias « Crim », alias « Craps » : ancien codétenu de Youssouf Fofana, il fait un séjour à la prison de Nanterre, où il était incarcéré pour vol avec violence[55]. De corpulence musclée, il se rendra le sous la pression exercée par la police sur son entourage. Il reconnaît avoir recruté deux hommes de main et fourni la voiture utilisée pour enlever la victime. Refusant de dévoiler le nom de ses deux complices, au motif que cela le mettrait en danger, lui et sa famille, ceux-ci ne seront pas arrêtés. Il a été placé en garde à vue après sa déposition. Il est également impliqué dans d'autres tentatives d'enlèvement, aux côtés de Youssouf Fofana, dont celle, ultra-violente, de Michaël D., en janvier 2006, qui a été laissé pour mort[7]. C'est après ce nouvel échec qu'il décide de reprendre les choses en main et de recruter, en vue du prochain coup, une équipe de « gros bras ». D'après la journaliste Eve Szeftel, il aurait été libéré en juillet 2019.
  • Franco Louise : Ancien champion de France de boxe thaïlandaise à 23 ans[56], il n'est pas poursuivi dans l'affaire Halimi à proprement parler.
  • Almane Diallo : Almane Diallo ou Alhassane, prêteur sur gages, soupçonné d'avoir pu servir d'intermédiaire dans le cas où une remise d'argent aurait été organisée. Il a été une des premières personnes arrêtées et mises en détention provisoire dans l'affaire.
  • Jérémy Pastisson : Il aurait participé à plusieurs tentatives d'enlèvement — dont une échouera grâce à l'intervention des voisins : le , Mickael Douïeb est menotté et attaqué à coups de barre de fer, et insulté parce que juif. Le véhicule de Pastisson aurait servi à transporter Ilan Halimi.
  • Yassine N. : Il serait un homme de main recruté par Jean-Christophe Soumbou. Ami d'enfance de ce dernier, il s'est rendu à la police le 10 avril 2006, le même jour que Soumbou, mais il a été remis en liberté faute de preuves suffisantes, « Craps » ayant assuré qu'il était étranger à toute cette affaire.
  • Tiffenn Gouret : Àgée de 19 ans, elle aurait fourni des « appâts » à Fofana qu'elle admire. C'est aussi l'ex-petite amie de Jean-Christophe G., et une amie d'Emma/Yalda (Sorour Arbabzadeh) car elles ont été scolarisées dans le même foyer éducatif à Bagneux. Elle mettra Emma en contact avec Fofana, qu'elle coachera pour son rôle d'appât[4]. Elle recueille les confessions d'Emma après que cette dernière a attiré Ilan Halimi dans le guet-apens. Elle déclare : « j'ai fait ça pour rendre service » [à Youssouf Fofana]. Lors d'une autre tentative d'enlèvement, elle fournira directement les coordonnées et les habitudes d'un de ses camarades. Après l'enlèvement, elle conseillera à Emma de se teindre les cheveux. Elle lui répète que « ce n'est pas grave ».
  • Audrey Lorleach : Audrey Lorleach, dite « Léa » ou « Natacha », aurait servi auparavant d'« appât ». Jeune étudiante en assistance médicale, elle est la petite amie clandestine de Jérôme Ribeiro. À la recherche d'un plan pour gagner de l'argent, ce dernier la présente à Youssouf Fofana qui la recrute pour servir d'appât. Ses deux tentatives pour aguicher des jeunes hommes n'aboutissent pas, et Fofana, non sans avoir insisté, abandonnera l'idée de recourir à ses services. Mise au courant de l'enlèvement d'Ilan Halimi par son ami Jérôme, elle ne se signale à la police que deux jours après l'annonce de la mort du jeune homme et la publication de son portrait-robot. Elle est très amie avec Muriel Izouard qui l'a poussée à se dénoncer. Elle recouvre la liberté après neuf mois de détention provisoire.
  • Sabrina Fontaine : elle serait impliquée dans une tentative d'enlèvement ayant eu lieu en . Elle est interpellée peu après le passage d'un véhicule de police qui met la tentative d'enlèvement en échec.
  • Ruth : présentée par Tiffen Gouret à Fofana, et âgée de 15 ans au moment des faits supposés, elle aurait aussi servi d'appât ; avec l'argent versé par Fofana (80 euros) pour avoir obtenu un numéro de téléphone, elle se serait acheté des bottes.
  • Sarah : elle aussi aurait servi d'appât et aurait tenté (en vain) de séduire une proie rencontrée par Alexandra Sissilia au Queen.

Autres personnes impliquées

  • Alcino Ribeiro : père de Jérôme Ribeiro, ce maçon de 52 ans, tout comme la belle-mère de Jérôme, sont accusés, par Leila Appolinaire, de les avoir dissuadés de parler, en leur conseillant de faire profil bas. Alcino Ribeiro a comparu libre au procès. Le procureur a requis une peine ferme symbolique à son encontre, « parce que c'est le seul adulte qui avait une autorité, qui savait, mais qui n'a rien dit »[réf. nécessaire].
  • Christine G. : gardienne d'immeuble, c'est la compagne d'Alcino Ribeiro. Elle est aussi accusée de n'avoir pas dénoncé les faits.
  • Murielle Izouard : amie d'Audrey Lorleach, elle ne semble pas faire partie des opérations mais a été inculpée de « non-dénonciation de crime ». Elle s'est indignée des aveux de son amie et lorsqu'elle a reconnu le portrait-robot d'Audrey dans les journaux, elle l'a immédiatement alertée. « Je n'ai rien dit, car je n'y croyais pas. » En revanche, elle a poussé Audrey à se dénoncer. Admissible à l'écrit au concours de gardien de la paix, elle n'a pas pu passer l'oral, ayant été mise en examen pendant cette période. Incarcérée provisoirement, le juge des libertés a ordonné sa libération.
  • Leila Appolinaire : petite amie régulière de Jérôme Ribeiro, elle fut mise au courant des faits, mais les parents de Jérôme l'auraient dissuadée de les dénoncer pour que Jérôme ne soit pas le seul à porter le chapeau.
  • Alexandra Sissilia : elle aurait servi d'appât précédemment et a déclaré avoir été violée par Youssouf Fofana, Christophe Martin et Jérôme Ribeiro — une instruction sur cette agression a été ouverte par le parquet de Paris en et sera conclue par un non-lieu. Elle aurait été impliquée dans une autre tentative violente d'enlèvement, sur Michael D., le , qui aurait échoué grâce à des passants. Elle n'aurait plus agi pour le groupe à partir de cette date. Elle a également été mise en détention provisoire.
  • Isabelle Mensah : confidente de Yalda (Sorour Arbabzadeh), âgée de 18 ans au moment des faits, et dans le même lycée que Tiffen Gouret, était au courant des faits mais ne les a pas dénoncés. Elle témoigne : « Pour moi, c'est un truc de malade. J'y ai cru, mais je ne réalisais pas[57]. »

Dans son livre paru en 2009, Ruth Halimi, la mère de la victime, déplore le grand nombre de mis en cause : « Parce que vingt-neuf personnes savaient et qu'aucune n'a sauvé Ilan. Parce que des parents, pour protéger leur fils des démêlés judiciaires, ont sacrifié le mien... Vingt-neuf personnes, c'est beaucoup »[9].

Procès

Le procès des 27 accusés (18 hommes et 9 femmes) s'ouvre le à la cour d'assises spéciale pour mineurs du Palais de justice de Paris. La plupart d'entre eux sont accusés d'enlèvement et séquestration en bande organisée, actes de tortures et de barbarie, et assassinat avec, pour sept d'entre eux (six hommes et une femme) l'accusation d'« association de malfaiteurs en vue de commettre un meurtre avec préméditation en raison de l'appartenance ou la non appartenance, vraie ou supposée, de la victime à une ethnie, une nation, une race ou une religion », autrement dit la circonstance aggravante d'antisémitisme[58].

Dès la première audience, Youssouf Fofana se livre à des provocations. Il arrive tout sourire et lance, le doigt en l'air, un « Allah vaincra ». Lorsqu'on lui demande son identité et sa date de naissance, il répond « arabe africain islamiste salafiste » et donne le à Sainte-Geneviève-des-Bois, date et lieu de la mort de sa victime Ilan Halimi. La cour siège à huis clos vu la « sensibilité » du dossier et le procès est tenu selon les règles de publicité restreinte[59], car certains des accusés étaient mineurs au moment des faits[60].

Témoignant à la barre, Ruth Halimi, mère de la victime, s’est « dit "effarée" par le comportement des accusés dans le box depuis l’ouverture (du) procès. Leurs sourires, leurs attitudes décontractées, et certaines évidences qu’ils nient encore »[28].

Youssouf Fofana est reconnu comme l'organisateur qui a emmené Halimi dans le coffre d'une voiture volée jusqu'à un bois près de Sainte-Geneviève-des-Bois, le long d'une voie ferrée, lui a tranché la gorge et aspergé de white spirit avant de l'incendier et le laisser sur place. Une policière explique à la barre qu'Halimi est parvenu à s'extirper du véhicule en feu et ramper jusqu'à la voie ferrée[61]. Il est condamné le à la peine maximale en droit français pour ce crime, soit la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de vingt-deux ans. Il décide de faire appel de cette condamnation mais se rétracte finalement peu après, cette condamnation à perpétuité devenant définitive[62]. Les autres verdicts vont de 18 ans de prison ferme à l'acquittement.

Procès en appel

À la demande de Michèle Alliot-Marie, garde des Sceaux, le parquet fait appel pour les condamnations inférieures aux réquisitions de l'avocat général[63] soit 17 sur 27. Le procès en appel a lieu à Créteil, devant la cour d'assises des mineurs, du au . La cour prononce des peines allant de 8 mois de prison à 18 ans de réclusion (dont 7 peines aggravées de 1 à 2 ans de prison supplémentaires) ainsi qu'un acquittement[64].

Nom Réquisitoire

()

Verdict en 1ère instance[65] () A l'issue du 1er procès Verdict définitif

(à l'issue de l'appel)[66],[67]

Jugement
Youssouf Fofana Perpétuité avec 22 ans de sûreté Perpétuité avec 22 ans de sûreté Décision définitive Perpétuité avec 22 ans de sûreté
Samir Aït Abdelmalek 20 ans de prison 15 ans de prison Appel du parquet 18 ans de prison
Jean Christophe Soumbou 20 ans de prison 18 ans de prison Appel du parquet 18 ans de prison
Jean Christophe G.[68]. 15 ans de prison[69] 15 ans de prison Décision définitive 15 ans de prison
Nabil Moustafa 13 ans de prison 13 ans de prison Appel du parquet 14 ans de prison
Sorour Arbabzadeh

dite Emma / Yalda[70]

10-12 ans de prison[71] 9 ans de prison Appel du parquet 9 ans de prison
Cédric Birot Saint-Yves 12 ans de prison 11 ans de prison Appel du parquet 12 ans de prison
Fabrice Polygone 12 ans de prison 11 ans de prison Appel du parquet 12 ans de prison
Yayia Touré Kaba 12 ans de prison 11 ans de prison Appel du parquet 11 ans de prison
Jérôme Ribeiro 12 ans de prison[72] 10 ans de prison Appel du parquet 10 ans de prison
Tifenn Gourret 10 ans de prison 9 ans de prison Appel du parquet 11 ans de prison
Gilles Serrurier 10 ans de prison 9 ans de prison Appel du parquet 10 ans de prison
Franco Louise 8-10 ans de prison 5 ans de prison Appel du parquet 5 ans de prison
Christophe Martin-Vallet 8-10 ans de prison 10 ans de prison Décision définitive 10 ans de prison
Alexandra Sisilia 8-10 ans de prison 8 ans de prison Décision définitive 8 ans de prison
Francis Oussivo N'Gazi 6-8 ans de prison 7 ans de prison Décision définitive 7 ans de prison
Guiri Oussivo N'Gazi 5-7 ans de prison 6 ans de prison Décision définitive 6 ans de prison
Jérémy Pastisson 5-7 ans de prison 3 ans de prison Appel du parquet 3 ans de prison
Sabrina Fontaine 5 ans de prison 3 ans de prison ?  ?
Alcino Ribeiro 1 an ferme 8 mois de prison Appel du parquet 8 mois de prison
Alhassane D 5 ans de prison avec sursis Acquitté Appel du parquet Acquitté
Kamel F. 5 ans de prison avec sursis Acquitté Décision définitive Décision définitive
Audrey Lorleach 3 ans de prison,

dont 28 mois de sursis

2 ans de prison,

dont 16 mois avec sursis

?  ?
Isabelle Mensah 18 mois de prison avec sursis 6 mois de prison avec sursis Décision définitive Décision définitive
Christine G. 1 an de prison avec sursis 6 mois de prison avec sursis Décision définitive Décision définitive
Leila Appolinaire Acquittement 6 mois de prison avec sursis Décision définitive Décision définitive
Muriel Izouard Acquittement Acquittée Décision définitive Décision définitive

En 2014, 80 % des inculpés sont libres[13] et en 2016, soit dix ans après le crime, presque tous les autres membres du gang ont recouvré leur liberté[8].

En 2019, à la suite de la libération de Jean Christophe Soumbou[73] tous les membres du gang sont libres sauf Youssouf Fofana et son bras droit Samir Aït Abdelmalek.

Réactions

L'écho dans les médias et les réactions politiques ont été rapides et indignées. L'idée d'un développement de l'antisémitisme en France a longtemps été évoquée. Cette circonstance aggravante d'antisémitisme a été retenue par les deux juges chargés de l'instruction du dossier[74].

Réactions politiques

De nombreuses associations et personnalités politiques condamnent ce meurtre. Le mardi , lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, Nicolas Sarkozy déclare que, bien que ce meurtre ait eu pour motivation première l'extorsion d'argent, le choix d'une cible juive dénote un « antisémitisme par amalgame ». Julien Dray, élu du Parti socialiste, considère que ce meurtre est dû à un climat d'antisémitisme que, selon lui, Dieudonné a contribué à créer. Celui-ci, qui poursuit Julien Dray en diffamation, est débouté par le tribunal correctionnel de Paris le [75].

Manifestation du 26 février 2006 à la mémoire d'Ilan Halimi[76].

Le jeudi , une cérémonie est organisée à la mémoire d'Ilan Halimi à la synagogue de la Victoire à Paris en présence notamment de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin. Une manifestation est organisée le dimanche à l'appel de différentes associations dont la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA), SOS Racisme, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), qui appellent à une mobilisation de tous les Français[76]. Le gouvernement est représenté par Nicolas Sarkozy, Philippe Douste-Blazy et Catherine Colonna. Les principaux partis démocratiques français (UDF, UMP, PS, Les Verts) participent à cette manifestation.
Le MRAP retire son soutien à cette manifestation en raison de la présence annoncée du Front national et du Mouvement pour la France, car, pour cette association, cela met « en lumière le caractère ambigu de cette manifestation et son instrumentalisation politique »[77]. Interviewé par le journal 20 minutes à ce sujet, le vice-président de SOS Racisme, Patrick Klugman, déclare que de la part du MRAP « cet argument est crapuleux » et qu'il « n'est pas nouveau qu'il y a un malaise au sein de ce mouvement sur les questions de l'antisémitisme ».

En février 2006, après le meurtre d'Ilan Halimi, le militant anticolonialiste Kémi Séba menace, dans un courrier adressé à des associations juives, de s'en prendre physiquement aux rabbins français si ces organisations ont « l'envie d'effleurer ne serait-ce qu'un seul [des] cheveux » de Youssouf Fofana.

Réactions publiques

Dès le soir du verdict, des voix s'élèvent pour le contester[78],[79].

L'avocat Patrick Klugman critique le choix comme avocat général de Philippe Bilger dont il note : « [Ce] choix n'était certainement pas innocent. On lui concédera volontiers d'immenses qualités sans pour autant ignorer qu'il est l'un des plus farouches adversaires de la loi Gayssot »[80]. Dans un article publié par Le Nouvel Observateur le , l'avocat Francis Szpiner qualifie l'avocat général, dont le père fut collaborateur, de « traître génétique », d'où la demande du procureur général de Paris, Laurent Le Mesle, au bâtonnier de Paris, Christian Charrière-Bournazel, d'engager des poursuites disciplinaires à l'encontre de Francis Szpiner[81]. Cette procédure disciplinaire conclut que le terme employé contrevient au principe de délicatesse posé par le code de déontologie des avocats ; cette analyse sera confirmée judiciairement (Cour de cassation, Civ. 1re, no 13-19.284)[82].

Les avocats des accusés critiquent Me Szpiner : « Comment admettre que ce même avocat se soit targué pendant toute l'audience et lors de sa plaidoirie du fait qu'il ferait changer la loi, pour imposer une audience publique [en appel] ? » Une proposition de loi, permettant aux cours d'assises de choisir entre un procès privé et un procès public lorsque des mineurs sont en cause, a été déposée le par Jack Lang (PS) et par François Baroin (UMP), alors que la publicité restreinte est obligatoire si des mineurs sont jugés, sauf si ces accusés y renoncent[83].

Retentissement médiatique et culturel

Le retentissement médiatique est énorme en France comme à l'étranger. En juillet 2017, le Washington Post établit un rapprochement entre cette affaire et celle de Sarah Halimi (une homonyme) en avril 2017 [84],[85].

Plusieurs livres en relation avec cette affaire sont rapidement publiés en France :

  • 24 jours : la vérité sur la mort d'Ilan Halimi (2009) dont les auteurs sont Ruth Halimi, mère de la victime, et Émilie Frèche
  • Le gang des barbares : Chronique d’un fiasco policier (2009) d’Alexandre Levy
  • L'affaire du gang des barbares (2010) d'Elsa Vigoureux, journaliste au Nouvel Observateur
  • Tout, tout de suite (2012) de Morgan Sportès
  • Affaire Halimi. Du crime crapuleux au meurtre antisémite. Histoire d’une dérive (2014) de Gilles Antonowicz

Au cinéma, plusieurs films ont adapté cette affaire :

Des documentaires évoquent l'affaire Halimi :

Plusieurs chansons rendent hommage à Ilan Halimi :

  • Ça fait mal, de Frédéric Lerner ;
  • Lettre à Ilan, du rappeur Lasko L'alchimiste avec Vida et Miss Rosy.

Une émission de radio revient sur cette affaire :

Hommages

En hommage à Ilan Halimi, un jardin est rebaptisé en son nom en 2011, rue de Fécamp dans le 12e arrondissement de Paris.

Une plaque a également été posée à sa mémoire au départ d'un sentier de la forêt de Jérusalem, dans les monts de Judée, cette partie de la forêt étant rebaptisée « forêt Ilan Halimi ».

Une stèle commémorant Ilan Halimi est érigée en 2011 dans le parc Richelieu à Bagneux. Elle est brisée en 2015, rapidement remplacée et à nouveau profanée en , « couverte d'inscriptions antisémites et d'insultes » et arrachée[19]. Cette profanation est condamnée par de nombreuses personnalités politiques[89],[90].

L'arbre planté en 2006 à la mémoire d'Halimi, à l'endroit où le supplicié est retrouvé en train d'agoniser à Saint-Geneviève-des-Bois (Essonne), devenu lieu de recueillement, est scié à sa base ; remplacé par un arbre plus jeune pour le dixième anniversaire de son assassinat, il est retrouvé trois ans plus tard également tranché, lors des préparatifs de la cérémonie commémorative prévue à l'occasion du treizième anniversaire de sa disparition[91],[19].

La dépouille d'Ilan Halimi est désormais enterrée à Jérusalem où sa soeur dit qu'ici, « personne ne pourra aller salir sa tombe (…) Il est en paix »[13].

Notes et références

  1. « Dix ans après, que sont devenus les protagonistes de l'affaire Ilan Halimi? », sur 20 Minutes (consulté le )
  2. « Le "gang des barbares" jugé pour le supplice d'Ilan Halimi », sur Le Monde.fr (consulté le )
  3. Cécile Bouanchaud, « L’assassinat d’Ilan Halimi : retour sur un déni collectif », sur Europe 1, (consulté le )
  4. Patricia Tourancheau, « Du guet-apens au meurtre », sur Libération, (consulté le )
  5. Elsa Vigoureux, « Il y a 10 ans, la mort d’Ilan Halimi : voyage au bout du crime », sur L'Obs, (consulté le )
  6. Elsa Vigoureux, L'Affaire du gang des barbares, Éditions Flammarion, (lire en ligne), p. 53
  7. « CHRONOLOGIE. Il y a dix ans, la mort d'Ilan Halimi », sur leparisien.fr, (consulté le )
  8. Roland Gauron, « Dix ans après, que sont devenus les bourreaux d'Ilan Halimi ? », sur lefigaro.fr, .
  9. Cécilia Gabizon, « La mère d'Ilan Halimi raconte le martyre de son fils », sur LEFIGARO, (consulté le )
  10. (en-US) Déborah Lauter, « Murdered man's mother blames police », sur Jewish Telegraphic Agency, (consulté le )
  11. « Youssouf Fofana entendu pendant deux heures au Palais de justice de Paris », Le Monde, 5 avril 2006.
  12. « Hommage - 11 octobre 1982 : naissance d'Ilan Halimi », sur Crif - Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, (consulté le )
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Annexes

Documentaires télévisés

Bibliographie

  • David Mascré, Des barbares dans la cité. Réflexions autour du meurtre d'Ilan Halimi, Éditions de l'Infini, Reims, 2009 (ISBN 978-2-918011-05-7).
  • Émilie Frèche, La Mort d'un pote, Éditions du Panama, 2006 (ISBN 978-2-7557-0189-0).
  • Adrien Barrot, Si c'est un juif. Réflexions sur la mort d'Ilan Halimi, éd. Michalon, Paris, 2007.
  • Alexandre Lévy, Le Gang des barbares : chronique d'un fiasco policier, éd. Hachette, Paris, 2009 (ISBN 978-2-01-237262-7).
  • Émilie Frèche et Ruth Halimi, 24 jours, la vérité sur la mort d'Ilan Halimi, éditions du Seuil, Paris, 2009.
  • Jérôme Deneubourg, Affaire Ilan Halimi. Les clefs du procès, Éditions du Cygne, Paris, 2009 (ISBN 978-2-84924-133-2).
  • Elsa Vigoureux, L'Affaire du gang des barbares, éditions Flammarion, Paris, 2010 (ISBN 978-2-08-124027-8).
  • Morgan Sportès, Tout, tout de suite, éditions Fayard, Paris, 2011 (ISBN 9782213634340).
  • Gilles Antonowicz, L'Affaire Halimi. Du crime crapuleux au meurtre antisémite. Histoire d'une dérive, Nicolas Eybalin, , 208 p. (ISBN 9782366650518, lire en ligne)
  • Eve Szeftel, Le maire et les barbares, Albin Michel, 288 p.

Articles connexes

Liens externes

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