Jean XXII
Jacques Duèze, né en 1244 à Cahors, mort en 1334 à Avignon, issu d'une famille de la bourgeoisie aisée de Cahors, devient le 196e pape de l’Église catholique en 1316 sous le nom de Jean XXII.
Jean XXII | ||||||||
Fresque. XIVe siècle. Archives iconographiques du palais du Roure à Avignon. | ||||||||
Biographie | ||||||||
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Nom de naissance | Jacques Duèze | |||||||
Naissance | Cahors (royaume de France) |
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Ordre religieux | Ordre des Prêcheurs | |||||||
Décès | (à 89 ou 90 ans) Avignon (royaume de France) |
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Pape de l’Église catholique | ||||||||
Élection au pontificat | ||||||||
Intronisation | ||||||||
Fin du pontificat | (18 ans, 3 mois et 27 jours) |
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Autre(s) antipape(s) | Nicolas V (1328-1330) | |||||||
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Âgé de 72 ans lors de son élection, il inaugure véritablement la série des papes d’Avignon, après Clément V (1305-1314), qui ne s'était pas durablement installé dans la ville en 1309 et mourut à Roquemaure. Élu par des cardinaux pressés de trouver un compromis temporaire et qui espéraient le voir mourir rapidement, Jean XXII est mort à 90 ans environ, après 18 ans de règne.
Naissance et premières charges
Arnaud Duèze et Hélène (de Bérail, de Béral), de Béraldi, d'une famille de banquiers, bourgeois aisés de Cahors, ville active dans le domaine commercial et bancaire, eurent plusieurs enfants :
- Arnaud Duèze (Cahors en 1220 julien, Cahors après 1271, bourgeois de Cahors) x Hélène de Béraldi[1]
- Jacques, pape de 1316 à 1334 sous le nom de Jean XXII[1]
- Marie Duèze x Pierre de Via. Ils eurent trois enfants, dont[1] :
- Huguette/Marguerite x Guillaume de Creysse
- descendance[1]
- Marguerite x Bernard de Jean[1]
- Gaucelme de Jean (Cahors, Avignon 1348), cardinal[1]
- Pierre Duèze (Avignon, 1326), consul de Cahors, x Catherine de Grandis (Grand)[2],[3] → descendance jusqu'à nos jours
Jacques Duèze fait ses études chez les dominicains à Cahors puis son droit à Montpellier et à la faculté de théologie catholique de Paris[4]. Il enseigne à Toulouse[5]. Il est nommé archiprêtre à Cahors, chanoine de la cathédrale Saint-Front de Périgueux, archiprêtre de Sarlat et doyen du Puy. Il est le clerc du roi de Naples Charles II d'Anjou et fait partie de l’entourage de son fils Louis à Toulouse. Évêque de Fréjus en 1300, il est appelé par Charles II d'Anjou comme chancelier de Provence en 1308[4]. Il est nommé évêque d’Avignon le puis cardinal-évêque de Porto en 1313[4].
Début du pontificat
Après la mort de Clément V, le Sacré Collège s'installe à Carpentras, le , pour élire un nouveau pape. Or, trois partis étaient en compétition : les Gascons au nombre de dix, les Italiens au nombre de sept, adversaires acharnés des Gascons, avec Napoléon Orsini, Niccolò Alberti de Porto, et des cardinaux français d’origines diverses : trois Languedociens, un Quercinois et deux Normands complétaient le Sacré Collège. Les luttes de tendances entre Italiens, Gascons et Français furent telles que deux longs mois passèrent sans qu’ils parviennent à un accord pour trouver un successeur à Clément V.
Une élection difficile
Le , le conclave est attaqué. Les responsables de ce coup de force sont Bertrand de Got, seigneur de Monteux, et Raymond Guilhem de Budos, recteur du Comtat Venaissin, neveux de Clément V. Ils pillent la ville, incendient nombre de demeures et surtout emportent avec eux le trésor de guerre de leur oncle, un million de florins destinés à la croisade. Affolés, les cardinaux s’enfuient.
Deux ans plus tard, la chrétienté est toujours sans pape. Sur l’initiative de Philippe de France, comte de Poitiers, frère du roi Louis X le Hutin, un nouveau conclave est réuni à Lyon. Il commence ses travaux, au début du mois de , avec un certain mauvais vouloir[n 1]. Les cardinaux, entre deux sessions, apprennent que, le , Louis X a rendu l’âme.
Le comte de Poitiers, qui n’est pour l’instant que régent car la reine Clémence de Hongrie attend un enfant, veut accélérer l'élection pour rentrer à Paris. Le , prenant prétexte de la célébration d’un service funèbre en l’honneur du roi défunt, il assemble le Collège des cardinaux dans l’église des Dominicains. Elle est aussitôt cernée par les troupes de Jean Ier de Forez[6] et, lors de l’office, le régent en fait murer toutes les ouvertures. Les cardinaux sont condamnés à trouver un pape.
Cependant, il faut attendre jusqu’au , pour que Napoléon Orsini s’entende avec ses collègues Francesco Caetani et Arnaud de Pellegrue. Les trois cardinaux proposent d’élire le candidat pour lequel s’étaient déjà prononcés Philippe de Poitiers et Robert d’Anjou, nouveau comte de Provence et roi de Naples. C’était Jacques Duèze, originaire de Cahors, ancien évêque d’Avignon et cardinal de Porto, en qui ses confrères ne voyaient qu’un vieillard cacochyme.
Le pape était âgé de 72 ans. Il n’est pas impossible que son âge avancé fût pris en considération par les cardinaux qui pensaient élire ainsi un pape de transition. D'autant que n'étant ni italien ni gascon, il n'avait eu qu'un rôle politique effacé jusqu'alors[7]. Or son aspect chétif, sa petite taille, son teint pâle et sa voix fluette cachaient une robuste santé renforcée par une remarquable hygiène de vie. Le pape mourut à 90 ans, après 18 ans d'un pontificat qui fut le plus long de tous ceux des papes d’Avignon.
Dans Lyon en liesse, le nouveau pape est couronné le et choisit le nom de Jean XXII. Il décide alors de rejoindre Avignon. Le Souverain pontife débarque au pied du pont Saint-Bénézet, le , et s’installe dans le palais épiscopal qu’il avait longtemps occupé[n 2].
Le complot
Une procédure judiciaire avait été ouverte contre l’évêque de Cahors, Hugues Géraud, accusé de malversations[8]. Ce dernier, se sentant perdu, décide d’empoisonner le pape. Il s’assure la complicité de deux personnes de l'hôtel pontifical : Pons de Vassal et Isar d’Escodata.
Il se procure des poisons et des statuettes de cire pour procéder à l’envoûtement du pape. Le rite est d’abord pratiqué contre Jacques de Via qui mourut (coïncidence ?) le . Trois figurines de cire à l’effigie du pape, de Bertrand du Pouget et de Gaucelme de Jean sont cachées dans des pains et confiées à des messagers pour les porter dans le palais épiscopal. L’attitude étrange des voyageurs attire l’attention de la police pontificale qui découvre ces voults. À la fin de , toutes les personnes impliquées, dont Hugues Géraud, sont arrêtées. Celui-ci est déclaré coupable de l’assassinat de Jacques de Via, dégradé de l’épiscopat et livré au bras séculier ; il périra sur le bûcher.
Ce complot illustre les pratiques d’une époque où le recours à la sorcellerie n’était pas exceptionnel. Par une bulle pontificale de 1318, Jean XXII élargit les pouvoirs donnés aux inquisiteurs pour intenter des procès aux sorciers. En 1317, Jean XXII fait aussi mener un procès inquisitoire contre l'archevêque d'Aix-en-Provence Robert de Mauvoisin, un membre de la famille de Clément V et du « parti gascon », ancien ami d'Hugues Géraud. Robert de Mauvoisin est en particulier accusé d'avoir eu recours aux prédictions d'un astrologue juif, Moïse de Trets, pour savoir combien de temps le pape vivrait et à quel moment il valait le mieux lui envoyer des cadeaux pour obtenir sa bienveillance. Moïse lui avait aussi confectionné des talismans. L'archevêque ne fut pas accusé de sorcellerie, mais dut démissionner, et c'est un proche de Jean XXII, Pierre Des Prés, qui lui succéda[9].
Choix d’Avignon pour résidence
Pour Clément V, prédécesseur de Jean XXII, Avignon avait été plutôt une halte qu’une résidence. Au contraire Jean XXII fut le pape qui s’implanta effectivement à Avignon. Le choix de cette ville présentait de nombreux avantages. En effet l’Église possédait déjà le Comtat Venaissin, grâce au traité de Paris, signé le entre Louis IX, roi de France, et le comte Raymond VII de Toulouse. Ce dernier précisait dans ce traité « quant aux païs et domaines qui sont au-delà de ce fleuve (Rhône) dans l’Empire, avec tous les droits qui peuvent m’appartenir, je les ai cédés précisément et absolument à perpétuité à l’église romaine. » Avignon qui ne faisait pas partie de cette donation car la ville appartenait aux comtes de Provence, présentait de nombreux avantages. Elle est située au carrefour d’axes de communication, elle dispose d’un port fluvial et possède le fameux pont Saint-Bénezet, premier ouvrage de franchissement du Rhône en remontant ce fleuve. De plus cette ville se trouve à l’intérieur d’une riche zone agricole produisant les ressources nécessaires au ravitaillement d’une population nombreuse telle que celle de la cour pontificale.
Seulement neuf jours après son élection, Jean XXII se réserve le la disposition du couvent des frères prêcheurs. Son neveu Jacques de Via étant évêque d’Avignon, il le nomme cardinal sans lui désigner de remplaçant, afin de disposer du palais épiscopal qu’il avait habité auparavant[7]. Il sait que ces bâtiments sont dans le secteur de la ville le plus facile à défendre, d’où son choix. Il entreprend d’adapter son ancien palais à sa nouvelle charge[10]. Guasbert Duval (ou Gasbert de la Val), vicaire général, compatriote du pape et futur évêque de Marseille, est chargé des acquisitions nécessaires à l’agrandissement. Il est nommé le archevêque d'Arles, puis archevêque de Narbonne le par le pape Benoît XII. Les premiers travaux sont confiés à Guillaume de Cucuron. Le logement du pape se trouve dans l’aile ouest, ainsi que les bureaux et appartements de ses plus proches collaborateurs. Le côté nord est constitué par l’église paroissiale Saint-Étienne qui est transformée en chapelle pontificale. À l’est, sont installés les logements des cardinaux neveux, ainsi que différents services. Dans cette aile orientale, mais plus au sud, se trouvent les services du trésorier et du camérier. Au sud un bâtiment est construit pour les audiences.
L'épineuse question des franciscains
Toute la chrétienté est secouée par un profond débat sur la pauvreté de l'Église. Il a été suscité par les franciscains et a provoqué des fractions en leur sein même, l'ordre des Frères mineurs se divisant entre conventuels et spirituels.
Spirituels et conventuels
Pour tenter de calmer ces tensions, Jean XXII, le , canonise Louis d'Anjou, archevêque franciscain de Toulouse proche des spirituels. Mais le frère aîné du roi Robert est surtout porté sur les autels comme étant un homme de toute science, toute pitié et toute charité, plein de compassion envers les pauvres[n 3].
Ce geste lui attire la gratitude de Michel de Césène, général des franciscains, qui intervient auprès du Souverain pontife pour qu'il fixe la constitution franciscaine. Aussi, le , Jean XXII rend publique sa décrétale Quorumdam Exigit qui reconnaît les délibérés du dernier chapitre général de Pérouse comme lucides, solides et mûrs, tout en attribuant des biens propres aux frères mineurs[n 4].
Le pape ordonne de plus que tous les minorites soient revêtus de l'habit des conventuels et obéissent à leurs supérieurs sous peine d'excommunication. Ce qui met hors d'eux les partisans de la pauvreté absolue de l'ordre[n 5]. Dès le mois de décembre, les spirituels et les fraticelles entrent en révolte ouverte. À la demande de Michel de Césène, ministre général des mineurs, le pape réagit durement en prononçant, par les bulles du et du , l'excommunication des spirituels et des fraticelles.
Parmi ceux-ci, il fallait faire un exemple. Jean XXII charge Michel Monachi, dit Lemoine, inquisiteur franciscain, d'instruire l'affaire et d'excommunier les insoumis. Ainsi, à Marseille, il fait arrêter cinq franciscains. Un seul confesse ses erreurs ; les quatre autres, dénommés Jean Barrani, Dieudonné Michaëlis, Guilhem Sancton et Pons Rocha de Narbonne, ayant refusé de se rétracter, sont jugés coupables et brûlés vifs le dans le cimetière des Accoules à Marseille[11]. De la sorte, spirituels et fraticelles les proclament saints et martyrs. Et dans leurs prêches, ils traitent ouvertement le pape d'Antéchrist et de monstre dévorant[n 6].
Un franciscain languedocien, Bernard Délicieux, se rend à Avignon pour défendre devant le Souverain pontife la cause de ses frères. Dès son arrivée, en , il est arrêté et envoyé à Carcassonne devant le tribunal de l'Inquisition présidé par Jacques Fournier, dit Novellès, évêque de Pamiers[n 7]. Son procès débouche, le , sur une condamnation à la prison perpétuelle[n 8].
Michel de Césène et Guillaume d'Occam
Mais Jean XXII, tout en condamnant les déviances des spirituels, ne se prive pas d'utiliser les compétences des conventuels. Le , à la demande de Philippe V, il envoie une ambassade à Louis de Nevers, fils du comte de Flandre. Celle-ci est conduite par Michel de Césène.
Pour la circonstance, le général des franciscains s'attache les services du très avisé Guillaume d'Occam, célèbre franciscain qui soutient des thèses originales sur l'existence de Dieu et la présence réelle dans l'eucharistie[n 9].
L'ambassade des deux mendiants est couronnée de succès : le comte de Flandre accepte les offres de paix du roi. Jeanne, la fille du Hutin, renonce à toutes ses prétentions sur la couronne de France. Mais elle conserve ses droits sur celle de Navarre, qui lui venait de sa grand-mère, et doit épouser Philippe d'Évreux, cousin du roi de France. Il est prévu qu'un traité ultérieur formalisera cet accord sous l'égide pontificale.
Jean XXII fait encore un geste envers les frères mendiants, le , en portant sur les autels Thomas de Canteloupe, évêque franciscain anglais, mort en 1282 ; en revanche, il refuse de sanctifier la moniale Claire de Montefalco, décédée en 1308, à cause de ses évidentes sympathies pour les fraticelles.
La querelle sur la pauvreté de l'Église
En dépit des concessions pontificales, des divergences éclatent à nouveau au début de l'année 1322. Ubertin de Casale, théoricien des franciscains spirituels, que le cardinal Napoléon Orsini avait pris sous sa protection en le choisissant comme pénitencier, est sollicité par le Souverain pontife pour lui présenter une relation motivée sur la question de la pauvreté. Ses conclusions sont immédiatement condamnées par le pape.
Pour répliquer à cette bulle pontificale du dans laquelle le principe de la pauvreté de l'Église est remis en question, Michel de Césène réunit, à Pérouse, le suivant, le chapitre général. Il défend les arguments du spirituel Béranger Talon que le pontife a jeté en prison pour avoir affirmé que Nicolas III avait fait de la pauvreté un dogme dans sa bulle « Exit qui seminal ».
Le , le pontife avignonnais réplique au chapitre de Pérouse par la bulle Ad conditionem canonum. Il y décide que le siège apostolique se déchargera sur les « pauvres » franciscains de tous les biens qu'il gérait en leur nom.
Le , Jean XXII accepte pourtant, au cours d'un consistoire, d'écouter les arguments des minorites. Leur porte-parole, Bonagrazia de Bergame, dans une péroraison enflammée, se met à contester au pape le droit de régenter leur Ordre car celui-ci était de droit divin. Excédé par cette outrance, le Souverain pontife envoie aussitôt l'impertinent reconsidérer ses thèses entre quatre murs.
Enfin Jean XXII, par sa décrétale Cum inter non nullus, condamne le chapitre de Pérouse. Du coup, Louis de Bavière, auquel le pape contestait l'Empire, se fait un devoir de soutenir les franciscains dans une déclaration faite à Sachsenhausen ; une Église pauvre ne pouvant lui contester le droit de légiférer sur les affaires terrestres. Jean XXII réplique à cette prise de position par sa décrétale Quia quorundam et convoque sans façon Michel de Césène à Avignon. Préférant rester en Italie dans son bastion de Pérouse, le général des franciscains se fait passer pour malade et délègue à sa place les frères Modeste Custodio et Jean Fidanza. Prudent, le cardinal Orsini convainc le pape de charger Ubertin de Casale de porter sa décrétale auprès du roi d'Aragon.
Politique intérieure
Les premiers palais des papes
Dès son arrivée, profitant de sa connaissance du diocèse d’Avignon, Jean XXII le réorganise. Un de ses premiers actes fut de doter la manse du chapitre canonial de Notre-Dame des Doms en lui adjoignant les abbayes de Saint-Paul-de-Mausole, à Saint-Rémy-de-Provence, et de Saint-Michel de Frigolet, à Barbentane.
D’emblée, le nouveau pape s’impose comme un remarquable administrateur et un grand bâtisseur. À peine installé depuis un trimestre, il fait construire un château neuf, dans ce qui allait devenir Châteauneuf-du-Pape[n 10]. Les comptes de la révérende chambre apostolique nous apprennent que Jean XXII consacra 3 000 florins à la restauration du vieux château datant du XIIe siècle[n 11].
Les travaux vont durer de 1317 à 1333. Son maître d’œuvre est Raynaud Hébrard et son maître charpentier Raymond Mézières. Ce dernier dut faire descendre deux trains entiers de bois flotté sur le Rhône par les radeliers de Seyssel. Dans le même temps, le pontife fait planter, par des vignerons venus de Cahors, le premier vignoble pontifical.
On dit que c’est encore l’amour du bon vin qui décide sa Sainteté, en 1317, à acquérir auprès de Jean II, Dauphin du Viennois, le terroir et la ville de Valréas. Cet achat est conclu le pour 16 000 livres parisis que Jean XXII va récupérer par imposition sur les villes et les villages du Comtat Venaissin. Et le il achète à Giraud Amic de Sabran, son vignoble de Séoule (aujourd’hui Sylla), sur le terroir de Saint-Saturnin-lès-Apt.
À la même période, le pontife fait construire d’autres châteaux neufs à Bédarrides, Barbentane, Châteauneuf-de-Gadagne (alors Giraud-Amic), Noves et Saint-Laurent-des-Arbres. Pour les décorer et orner, il fait venir Pierre du Puy, un franciscain de Toulouse qualifié de « peintre du pape », assisté de Pierre Massonnier. Entre 1316 et 1322, l’architecte de tous ces chantiers est Guillaume Giraud de Cucuron, que le pape va combler de bénéfices à Noves, Saint-Andiol et faire chanoine de Saint-Agricol d’Avignon[12].
- Palais des papes de Sorgues et le pont sur l'Ouvèze, dessin de Laincel.
- Palais des papes de Sorgues, côté ouest, dessin de Laincel.
- Palais des papes de Sorgues, côté sud-est, dessin de Laincel.
- Palais des papes de Sorgues, gravure de Baugéan.
- Vestiges du palais des papes de Sorgues en 1907.
En 1322, quand l’abbé de Cluny rétrocède à Jean XXII Pont-de-Sorgues où depuis 1274 était installé l’atelier de frappe des monnaies pontificales, le pontife y fait aménager le premier palais des papes près du château ayant appartenu aux comtes de Toulouse[n 12].
La restructuration des diocèses occitans
Puis, entre 1317 et 1318, ce fut une énorme mutation que fit subir le pape à la majorité des diocèses du sud de la France. Celui de Toulouse fut amputé des diocèses de Saint-Papoul le , de Lombez le et de Lavaur le . Pour faire passer sa réforme, Jean XXII jugea politique d'élever l'évêché toulousain au statut d'archevêché le . L'archidiocèse de Narbonne, quant à lui, fut amputé des diocèses d’Alet, après la suppression de l'éphémère évêché de Limoux[n 13], le . Saint-Pons-de-Thomières fut créé par bulle du .
Du diocèse de Clermont (Clermont-Ferrand) fut sorti celui de Saint-Flour le ; du diocèse d'Albi, celui de Castres en 1317 ; et du diocèse d'Agen, celui de Condom en 1317. Le diocèse de Poitiers se vit retirer ceux de Luçon et de Maillezais le ; le diocèse de Cahors perd celui de Montauban le ; Pamiers, ceux de Rieux, le , et de Mirepoix, le . Du diocèse de Périgueux, ce fut Sarlat ; de celui de Limoges, Tulle ; et celui de Rodez, Vabres, tous constitués en évêchés le .
En multipliant ainsi les évêchés, le second pape d’Avignon, en bon cadurcien[n 14], remettait le pouvoir spirituel à des prélats citadins, alliés naturels de la bourgeoisie marchande. Jean XXII n'oublia pas la ville des comtes-évêques de Cahors en y créant en 1332 une université afin de renforcer cette élite.
Réorganisation du Comtat Venaissin
Afin d’asseoir sa puissance en tant que comte du Venaissin, Jean XXII informe le grand maître Foulques de Villaret, le , qu’il désirait se faire restituer toutes les possessions que les Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem géraient dans le Comtat depuis 1276.
L’ordre de l’Hôpital, mal dirigé par Foulques de Villaret, était très endetté. En 1319, les Hospitaliers déposent Foulques et le remplacent par Maurice de Pagnac. Jean XXII convoque les deux protagonistes à Avignon. Pour éviter la dilapidation des possessions, il interdit les aliénations des terres et met en place des ressources nouvelles. Il sauve ainsi cet Ordre prestigieux.
Il entreprit ensuite de restructurer l’administration de ses États. Par la « bulle de dismembration », en date du , il autorisa son neveu Arnaud de Trian, recteur du Comtat, à quitter Pernes pour s’installer à Carpentras qui devint ainsi la nouvelle capitale du Venaissin[n 15].
Le , il nomme sur la recommandation des dignitaires de l'Ordre le prieur de Provence Hélion de Villeneuve grand maître des Hospitaliers[13]. Le pape se fait céder les biens gérés par l’Ordre dans le Comtat[n 16]. Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem se dépossèdent de tous leurs fiefs comtadins, des droits relevant de l’ancienne baillie du Temple à Richerenches ainsi que de la majorité de leurs biens propres.
La croisade des pastoureaux
À la suite d’un pèlerinage au Mont-Saint-Michel, des groupes de miquelets, essentiellement de jeunes paysans du Nord de la France, s’étaient organisés pour partir en croisade[n 17]. Ce sont les pastoureaux[14]. Ce vaste mouvement populaire est soutenu par les prêches enflammés d’un bénédictin apostat et d’un prêtre interdit pour sa conduite, qui les ont convaincus de l’urgence du « Saint Voyage » pour aller combattre les infidèles. Par bandes entières, ces pastoureaux convergent vers Paris, où ils entrent le [n 18]. Cinq jours plus tard, averti de ce mouvement incontrôlé et subversif, Jean XXII lance l’excommunication contre tous ceux qui se croisent sans l’autorisation pontificale.
Après quelques pogroms, ils se laissent convaincre de quitter Paris, recrutant sur leur passage de nouveaux adeptes. Au début du mois de juin, les pastoureaux traversent la Saintonge et le Périgord, qu’ils dévastent et pillent. De plus en plus nombreux, ils entrent en Guyenne. Arrivés dans l’Agenais, ils se divisent en deux groupes. Le premier traverse les Pyrénées par le chemin de Saint-Jacques, pour continuer ses massacres de juifs et ses pillages en Espagne puis en Provence et en Navarre[n 19]. Le second groupe remonta la vallée de la Garonne, massacrant cagots[n 20] et juifs.
Mis au courant du carnage, Pierre Raymond de Comminges, que Jean XXII venait de nommer archevêque de Toulouse, écrit au pape pour lui demander aide et conseil. Le pape accuse alors le roi de France Philippe V d’irresponsabilité, et s’étonne, auprès de son légat Gaucelme de Jean, « que la prévoyance royale ait négligé de réprimer les excès et le pernicieux exemple des Pastoureaux, qu’on devrait plutôt appeler "loups, rapaces et homicides", dont les procédés offensent gravement la Majesté Divine, déshonorant le pouvoir royal et préparant, pour tout le royaume, des dangers inexprimables si on ne les arrête pas ».
Ce qui n’empêche point les pastoureaux, le , de s’en prendre aux juifs d’Albi et de Toulouse. Quatre jours plus tard, ils sont aux portes de Carcassonne, où l’armée royale les attend. Placée sous le commandement d’Aimeric de Cros, le sénéchal du Languedoc, elle a le soutien des troupes du jeune Gaston II de Foix-Béarn, alors âgé de douze ans. Les pastoureaux sont écrasés - après avoir décimé 120 communautés juives et tué des milliers de leurs membres[15].
Les rescapés du massacre s’enfuient vers la région de Narbonne. Les consuls, avertis par le Sénéchal, mettent leur cité en état de défense[n 21]. Le pape écrit à l’archevêque Bernard de Fargues pour qu’il fasse de même. Les routes et les cols sont barrés, et l’on pend systématiquement les chemineaux, les fuyards, et tout ce qui ressemble de près ou de loin à un pastoureau. Bref, il n’en reste plus un seul en Languedoc à l’[n 22].
Le pape spolie les juifs
Mais les malheurs des juifs n’en sont pas finis pour autant. Charles IV le Bel, troisième fils de Philippe le Bel, après la mort de son frère Philippe, est couronné à Reims par l’archevêque Raymond de Courtenay, le . Considérant que son Trésor est trop limité, il n’hésite pas à poursuivre la politique de son père et par ordonnance du , fait expulser les juifs de France afin de récupérer leurs biens.
Jean XXII trouve la mesure excellente et, pour ne pas être en reste, il fait de même avec les juifs d’Avignon et du Comtat vénaissin qui se réfugient en Dauphiné et en Savoie. Pour parfaire l’expulsion, le pape juge utile et nécessaire de faire jeter à bas les synagogues de Bédarrides, Bollène, Carpentras, Le Thor, Malaucène, Monteux et Pernes[n 23] et de raviver en 1326 des mesures du concile de Latran, en imposant aux Juifs de plus de quatorze ans le port de la rouelle, et aux Juives de plus de douze ans celui de cornailles (chapeaux à cornes)[15].
Cette chasse aux juifs n’empêche pas la justice royale de se pencher sur le cas d’un brigand gascon du nom de Jourdain de l’Isle. Ses actes lui valent d’être arrêté en , à la veille de la Trinité. C’est un neveu par alliance de Jean XXII[16]. Accusé de viols, assassinats, rapines et brigandages, il est condamné à mort et exécuté le mois suivant, revêtu d'une robe blanche aux armes du pape[n 24].
Le pape et la sorcellerie
Jean XXII publia en la bulle Super illius specula, assimilant pratiquement la sorcellerie à l'hérésie. Une voie que suivirent ses successeurs de Benoît XII à Alexandre V en pérennisant la chasse aux sorcières[17].
Le pape conteste en vain les innovations musicales
Le compositeur et théoricien Philippe de Vitry avait publié vers 1320 à Paris son fameux traité Ars nova, qui faisait le point sur des innovations en matière de notation musicale permettant aux compositeurs de l'époque de s'affranchir de certaines contraintes rythmiques et d'enrichir le langage musical.
Le pape, sollicité par certaines autorités ecclésiastiques, rédige en 1324-1325, la décrétale Docta Sanctorum Patrum[18] dans laquelle il fustige[19] ces innovations et leurs conséquences : « ils mettent toute leur attention à mesurer les temps, s'appliquent à faire les notes de façon nouvelle, préfèrent composer leurs propres chants que chanter les anciens, divisent les pièces ecclésiastiques en semi-brèves et minimes ; ils hachent le chant avec les notes de courte durée, tronçonnent les mélodies par des hoquets, polluent les mélodies avec des déchants et vont jusqu'à les farcir de « triples » et de motets en langue vulgaire ».
Cette décrétale resta sans effet et le Pape en prit son parti puisqu'il finit par témoigner à Philippe de Vitry son estime en le comblant de bénéfices et en l'invitant à Avignon.
Politique extérieure
Italie du Nord
Bénéficiant de la protection des royaumes de France et de Naples, la papauté n'est plus vulnérable aux intrigues italiennes ou à une intervention de l'armée impériale en Italie. Par contre le pape est conscient de la prééminence des gibelins[n 25] dans les villes du Nord de l'Italie et s'inquiète en particulier de la puissance de Matteo Visconti[20]. À la mort de l'empereur Henri VII en 1313, il y a concurrence entre Louis de Bavière et Frédéric d’Autriche avec une double élection faite respectivement à Aix-la-Chapelle et à Bonn. Les princes s'étant divisés en deux factions, Jean XXII pense pouvoir en profiter : il refuse de choisir entre les deux élus. Il déclare l'Empire vacant et nomme le roi de Naples Robert le Sage vicaire pour l'Italie le [21]. Le conflit tourne à l'épreuve de force avec les gibelins : Matteo Visconti, le maître de Milan récemment excommunié, envoie son fils Marco Visconti assiéger Gênes. Robert le Sage débloque la ville le [20]. Le légat Bertrand du Pouget, envoyé à la tête d'une armée pontificale pour appliquer la décision, s'acquitte de sa tâche avec rudesse et s'attire de nombreuses inimitiés[22].
Le pape et l’empereur
Louis IV de Bavière, vainqueur de Frédéric d’Autriche à Mühldorf le , entreprend de faire valoir ses droits en Italie et proteste contre l’occupation de la Lombardie « terre d’Empire » par les troupes pontificales et angevines. Intervenant militairement en faveur des Visconti, il délivre Milan assiégée le et occupe Pavie[23]. Il prend contact avec les Milanais qui se posent en vicaires du roi des Romains et se heurtent aux représentants du pape. Ce conflit soulève une question de principe : le pape prétend être le vicaire de l'Empire en Italie pendant la vacance du trône impérial. Or, à ses yeux, le trône est vacant puisque la désignation de Louis de Bavière n'a pas obtenu l'approbation pontificale[24]. Le , le pape déclare que le « Bavarois » a usurpé les droits dont il fait usage ; s'il n'y renonçait pas dans les trois mois, il serait excommunié ; en attendant, le vicariat d'Empire en Italie reviendrait au roi de Naples, Robert d'Anjou. Cet ultimatum est le point de départ d'une querelle qui durera près d'un quart de siècle. L'empereur dépêche une armée dans la péninsule et répond qu'il tient l'Empire de Dieu seul grâce à l'élection des princes et donc que son élection ne requiert aucune confirmation et que la seule prérogative papale en la matière est de le couronner.
Jean XXII, qui est peu conciliant de caractère, doit faire comprendre au monde chrétien que le déplacement de la papauté de Rome à Avignon n'affecte aucunement l'autorité du successeur de Pierre. Excellent juriste, il entend faire appliquer à la lettre les textes canoniques. Loin de se soumettre, Louis de Bavière riposte en publiant trois « appellations », entre et : destinées en principe au pape, elles s'adressent aussi à tous ceux qui sont capables en Allemagne, dans les villes surtout, de discerner les enjeux du débat. Jean XXII l'excommunie le [23]. De son côté, de la chapelle des Teutoniques de Sachsenhausen, Louis lance un appel au concile général pour juger le pape, accusé d'hérésie et d'usurpation de bien d'autrui. Les papes d'Avignon, qui vivent dans l'opulence, se heurtent depuis des années à l'opposition des ordres mendiants, et Louis de Bavière accueille et soutient les fransciscains. Le , l’alliance entre l’empereur excommunié et les franciscains spirituels est rendue publique[n 26]. Ce front uni est aussi inattendu que dangereux. Aussi, le , le pape déclare le Bavarois déchu de ses droits impériaux et contumax, puis, le , Jean XXII dépose Louis de Bavière[23].
Les franciscains soutiennent l’Empire…
Mais Louis de Bavière sait que le pape est vulnérable et ne cède pas. Le coût de la réorganisation du Saint-Siège en un État moderne lui suscite des ennemis : la levée des annates et la centralisation mécontentent les collateurs ordinaires dont elles rognent les prérogatives et poussent à bout les contribuables impitoyablement pressurés[25]. La fraction de l'ordre franciscain qui prône une pauvreté radicale se dit profondément scandalisée par la richesse des dignitaires ecclésiastiques ; certains de ces « spirituels » professèrent le joachimisme qui annonçait l'irruption d'une ère nouvelle. Condamnés par la papauté, persécutés à l'intérieur de leur famille religieuse, ils pouvaient penser qu'ils étaient seuls à être marginalisés ; or, en 1323, nombreux sont ceux qui contestent le poids de la fiscalité papale, l'accusant de servir à financer le faste de la cour avignonnaise. Dans les faits, Jean XXII refusait le luxe des cours princières même s'il n'était pas austère[25]. Les Fraticelles eurent la surprise de voir la majorité de leurs confrères, ministre général en tête, les rejoindre dans l'opposition au pape : celui-ci venait de condamner une opinion partagée par la plupart des franciscains, la pauvreté personnelle du Christ. En promulguant ce texte, Jean XXII se fait des adversaires dans toute la chrétienté et nombre de théologiens de talent, tel Guillaume d'Occam[n 9], qui les rallient. Louis de Bavière en joue et accueille les franciscains en rupture de ban, auxquels se joint Marsile de Padoue dont l'œuvre maîtresse, le Defensor pacis, subordonne le pouvoir spirituel au temporel[26]. Conseillé par cet état-major, Louis décide de se rendre à Rome pour se faire couronner. Il descend en Italie avec son armée et met fin à une série de succès militaires du Légat Bertrand du Pouget qui a rallié l'Émilie et la Romagne, occupé Modène, Parme et Reggio à l' et soumis Bologne (qui pourrait être une capitale pontificale plus stable que Rome) en [27].
En Avignon, une algarade entre Michel de Césène et le pontife déclenche une tempête. Le , Jean XXII se permet de traiter le général des franciscains de « tyran, fauteur d’hérésie et serpent réchauffé dans le sein de l’Église ». Assigné à résidence, Césène s’attend à être arrêté à tout moment. C’est alors que l’on apprend à la Cour pontificale que Louis de Bavière et ses troupes impériales sont entrés en Italie. Arrivé à Trente, il déclare que Jean XXII — qu’il n’appelle plus que le « prêtre Jean » ou « Jacques de Cahors » — est hérétique et indigne du trône de saint Pierre. Puis il quitte le Trentin le pour rejoindre la Lombardie.
Le , Michel de Césène et Guillaume d'Occam, accompagnés de François d’Ascoli, Bonagrazia de Bergame et Henri de Talheim, s’éclipsent d’Avignon. À Aigues-Mortes, ils sont rejoints par le cardinal Pierre d'Arrablay qui tente de les convaincre de retourner dans la cité papale. Sa mission échoue. Les cinq franciscains embarquent et passent par Pise au cours du mois de . L’archevêque pisan, Simone Saltarelli, en informe aussitôt le siège apostolique d’Avignon. Le , alors que Louis de Bavière entre dans Pise, Simone Saltarelli quitte la ville avec ses familiers et nombre de clercs. Il se réfugie à Sienne, puis à Massa Marittima le , ensuite à Florence et, pour terminer, s'installe à Avignon auprès du pape.
Poussé par les franciscains, l'empereur excommunié, qui est attendu par les gibelins comme celui qui pourra s'opposer au légat du Pape, se rend rapidement impopulaire par de nombreux impairs. Le , à Milan, il reçoit la couronne des rois lombards des mains d'un évêque excommunié, car l'archevêque s'est absenté pour ne pas officier. Il fait arrêter Galeazzo Visconti, qui l'a pourtant reçu fastueusement mais manifeste trop d'esprit d'indépendance. L'empereur, se croyant tout permis, nomme trois évêques. Sa popularité s'effondre même chez les gibelins les plus convaincus : pour rentrer dans Pise, il doit assiéger la ville pendant un mois[27]. Rome lui ouvre ses portes, plus pour se venger du transfert de la papauté à Avignon que par attrait pour l'empereur. Le légat Giovanni Orsini ayant ordonné à tout le clergé de quitter la ville, c'est Sciarra Colonna, un membre puissant de la noblesse romaine qui, en tant que représentant du peuple romain, couronne l'empereur, le . En recourant à des laïcs pour sacraliser une fonction qui est en partie religieuse, Louis de Bavière perd tout son crédit. Le pape saisit l'occasion pour déclarer la déchéance de l'empereur le . Seule l'incapacité des électeurs à s'entendre empêche l'élection d'un nouvel empereur[28].
… et font sacrer un antipape
Le , l'empereur est rejoint à Rome par Michel de Césène et Guillaume d'Occam. Ils lui apportent leur soutien et il n’est pas négligeable, le général des franciscains justifiant sa présence par un axiome très occamiste : « Tout pape peut errer dans la foi ou dans les mœurs, mais l’Église prise dans son ensemble n’erre jamais ». Cela pousse Louis à surenchérir : le , il déclare Jean XXII déposé pour hérésie. Michel de Césène et Guillaume d'Occam n’ont aucune peine à convaincre le Bavarois qu’il lui faut un nouveau souverain pontife à sa convenance. Souhaitant s'assurer le soutien des Romains, il édicte le que le pape ne pourrait plus quitter Rome sans leur accord et qu'il ne devrait pas s'éloigner plus de 2 jours[28] ! Mais aucun cardinal n'a abandonné le pontife et il se passe donc d'élection : il désigne le franciscain Pietro Rainalucci da Corbara sur proposition de Michel de Césène. Il fait valider cette désignation par acclamation par le peuple romain. L'antipape prend le nom de Nicolas V et est couronné à Saint-Pierre le [29]. Le pontife n'étant reconnu par aucun évêque, il promeut seize clercs mais aucun n'est reconnu dans son diocèse : l'audience de Nicolas V se limite à des couvents franciscains[29]. Louis de Bavière nomme alors Marsile de Padoue « Vicaire au spirituel » de Rome avant de s’en retourner à Pise annoncer qu’il repasserait sous peu le col du Brenner[n 27].
Dans cette affaire, Louis de Bavière s'est complètement discrédité : la chrétienté reste fidèle à Jean. Il sort de Rome sous les huées le . Il s'établit à Pise après avoir ravagé le duché de Spolète. Nicolas V ne peut se maintenir à Rome et doit fuir et rejoindre l'empereur à Pise en , dérogeant ainsi à l'édit du . Apprenant que les Visconti se rapprochaient du légat Bertrand du Poujet, Louis redoute de voir se fermer l'itinéraire d'un retour en Italie. Il quitte précipitamment Pise pour soutenir les gibelins de Lombardie, mais il trouve portes closes. Pendant ce temps, Bertrand du Pouget, renforcé par une armée florentine, exerce une répression féroce contre les gibelins. Louis de Bavière regagne la Germanie[n 28] et la Ligue gibeline privée de chef et de raison d'être se dissout en 1330[30]. Rassurées par leur prochain départ d’Italie, le , les cités de Florence et de Pise jugent opportun de signer la paix avec les Impériaux.
Nicolas V est isolé. Après maints périples[n 29], il se réfugie, le , chez le comte de Donoratico. Celui-ci obtient la vie sauve du franciscain au bout d’un an de transactions. L’antipape doit accepter de se soumettre et faire amende honorable[n 30]. Livré à Jean XXII, il abdique le et abjure publiquement ses erreurs le . Selon l’expression des chroniqueurs de l’époque, « le pape le traite en ami et le garde en ennemi ». Il meurt consigné dans le palais pontifical le .
Louis de Bavière très affaibli se met en quête d'une solution négociée. Mais les points de vue sont inconciliables et les négociations durent 7 ans sans aboutir : Louis veut bien reconnaître ses fautes, mais il refuse catégoriquement de faire dépendre l'exercice de son pouvoir de l'approbation du Saint-Siège ; or le Saint-Siège maintient cette exigence. Benoît XII, qui succède en 1334 à Jean XXII, est plus souple que son prédécesseur mais ne cède pas sur la question de l'approbation papale. Aux divergences de fond venaient s'ajouter les lenteurs d'une procédure canonique extrêmement complexe.
- Michel de Césène, ministre général de l'ordre des franciscains.
- Guillaume d'Occam.
- Marsile de Padoue en 1319.
Jean XXII et l’Espagne
La mort du roi Sanche de Majorque, le , avait entraîné un conflit entre Jacques de Majorque, neveu du défunt mais âgé seulement de 10 ans, et Jacques II d'Aragon. Jean XXII intervint et fit accepter Philippe de Majorque comme tuteur du jeune roi. Les Perpignanais s’étant emparés du jeune roi, l’interdit fut jeté sur Perpignan. Un compromis fut trouvé, le : Jacques II d’Aragon renonçait à tous ses droits sur Majorque, et Jacques III de Majorque devait épouser la fille de l’infant Alphonse, grâce à une dispense pontificale. Jean XXII accorda cette dérogation après que le roi d’Aragon eut pacifié la ville de Perpignan et rendu le jeune roi de Majorque au régent Philippe. Jean XXII remportait ainsi un brillant succès politique.
Le royaume de Naples
Le roi de Naples, Robert d'Anjou, comte de Provence, avait, depuis son second mariage avec Sancia de Majorque, écouté d'une oreille favorable les thèses des fraticelles. Parmi les ordres mendiants, Jean XXII avait fait son choix et aux franciscains, partisans de la pauvreté absolue de l'Église, il privilégia l’ordre des dominicains qui défendait la notion de pauvreté relative de l’Église.
La canonisation de Thomas d’Aquin
À Avignon, durant le premier semestre 1323, on ne parla que de la canonisation de Thomas d'Aquin, théologien dominicain dont le procès commencé en 1318 s'était terminé en 1322.
Thomas d’Aquin étant issu de la famille des comtes d’Aquino, dans le royaume de Naples, cela servit de prétexte à Jean XXII pour inviter à cette cérémonie Robert d’Anjou, afin de tenter de le remettre dans le « droit chemin » de « la vérité ». Le comte-roi assista en personne au consistoire du , au cours duquel le pape proclama la sainteté de la vie et des mœurs du futur « docteur angélique ».
Les frères de la Pauvre Vie et les Angevins de Naples
Philippe de Majorque[n 31], beau-frère du roi Robert et « mystique étrange et révolutionnaire », juge judicieux, quant à lui, d’affronter vivement la papauté. Le (« jour saint Nicolas »), dans un violent prêche, il défend, contre Jean XXII, les béguins et ses frères de la Pauvre Vie, une branche des fraticelles ou « zelanti » en Italie. Grâce au couple royal, ce franciscain avait pris une place décisive dans la Cour angevine. C'est d’ailleurs à sa demande que Delphine de Sabran, amie et confidente de la reine Sancia, prononce, en 1331, ses vœux de pauvreté. Pour réaliser sa promesse, elle dut vendre les seigneuries et le patrimoine foncier que lui avait légués, en 1317, son défunt époux Elzéar, comte d’Ariano.
Sous la double influence de Philippe de Majorque et de la comtesse de Sabran, la Cour de Naples était devenue un repaire de franciscains intransigeants. Les chapelains royaux, Andrea de Galiano et Pietro de Cadeneto, soutenaient les thèses de Michel de Césène. Roberto de Mileto, autre éminence grise de la Cour, était un proche d’Angelo Clareto, tête pensante des fraticelles. La reine Sancia avait même accueilli deux évêques en rupture de ban, Giovanni de Bartholeo, relevé de son siège de Calvi, et Guillaume de La Scala, qui était devenu son confesseur.
Divergences avec le roi Robert
Jean XXII souhaite profiter de l'affaiblissement de l'empereur pour prendre le contrôle de toute l'Italie.
Jean de Luxembourg, dit « l'Aveugle », roi de Bohême et fils de Henri VII, qui avait été évincé de l'élection de Louis IV car trop jeune, a des vues sur la Lombardie. L’Italie du Nord est en proie à de nombreux conflits. La ville de Brescia est l’objet de l’un d’eux : cette ville guelfe, assiégée par les gibelins, fait appel à Jean l'Aveugle. Il répond en et, les ayant libérés, s'impose comme maître des Brescians. Lancé contre les gibelins, il met la main en 1331 sur les villes gibelines de Bergame, Pavie, Verceil et Novare. Il continue son offensive et s'empare de villes aux confins des États pontificaux : Parme, Reggio et Modène. Il prend aussi Lucques, ce qui inquiète les Florentins. Des négociations s'engagent avec les autorités pontificales et, le , Jean de Luxembourg restitue Parme, Reggio et Modène, mais les récupère comme fiefs tenus du Saint-Siège[31]. L'idée est de créer un royaume guelfe en Italie du Nord, subordonné à l'autorité pontificale de manière équivalente au royaume de Naples pour l'Italie du Sud. Cela permettrait aussi de limiter les possibilités pour Robert d'Anjou de soumettre la papauté à un véritable protectorat.
Par ailleurs, Jean de Bohême fréquente de longue date la cour de Philippe VI[32]. Le roi de Bohême a besoin du soutien français dans les affaires lombardes et négocie à Fontainebleau un traité d'alliance, qui sera cimenté par le mariage d'une de ses filles avec le futur Jean II le Bon. Les clauses militaires du traité de Fontainebleau stipulent qu'en cas de guerre, le roi de Bohême se joindrait à l'armée du roi de France avec quatre cents hommes d'armes, si le conflit se déroulait en Champagne ou dans l'Amiénois ; avec trois cents hommes, si le théâtre des opérations était plus éloigné. Les clauses politiques prévoient que la Couronne lombarde ne serait pas contestée au roi de Bohême s'il parvenait à la conquérir ; et que s'il peut disposer du royaume d'Arles, celui-ci reviendrait à la France. Enfin, la ville de Lucques est cédée au roi de France. Mais le roi Robert, comte de Provence, ne peut qu’être hostile à ce projet soutenu par Jean XXII et les villes italiennes ont depuis longtemps goûté à leur indépendance : il n'est plus possible désormais de leur imposer la soumission à un royaume guelfe, comme c'est le cas en Italie du Sud. Guelfes et gibelins s'allient et créent une ligue à Ferrare, qui repousse les forces de Jean de Luxembourg et de Bertrand du Pouget[33]. Brescia, Bergame, Modène et Pavie tombent à l'. Jean de Luxembourg retourne en Bohême en 1333, et Bertrand du Pouget est chassé de Bologne par une insurrection en 1334[34].
Fin du pontificat
Controverse théologique sur la vision béatifique
Bien qu’il fût attentif à éviter les controverses, Jean XXII provoqua un grave différend qui eut un grand retentissement. Ce bourreau de travail et remarquable gestionnaire — il venait de restructurer efficacement les finances pontificales — aborda le sujet complexe de la vision béatifique. Dans un sermon à la Métropole Notre-Dame-des-Doms d'Avignon prononcé le , commentant un texte de Bernard de Clairvaux, il affirma, contrairement à l’opinion générale des théologiens, que les âmes des justes ne contemplent pas Dieu avant la résurrection des corps et que c’est seulement après celle-ci qu’elles auront la contemplation de l’essence divine. Cette idée fut reprise dans deux autres sermons les et . Dans ce prêche, Jean XXII conclut sa nouvelle orientation théologique en déclarant que les damnés n’iraient en enfer qu’après la résurrection des corps.
Il y eut une insurrection dans l’Église. Certains franciscains recommencèrent à dénigrer le pape. Mais leur général, Gérard Odon, défend les thèses pontificales et prononce le à Notre-Dame de Paris un sermon reprenant les propos du pape.
En revanche les partisans de Louis de Bavière s’empressèrent de qualifier Jean XXII d’hérétique. Napoléon Orsini, le cardinal au train de vie le plus opulent du Sacré Collège et qui avait été à l’origine de son élection, lâcha le pape et se rapprocha de ses ennemis les spirituels. On parla de destitution. Philippe de Majorque fut même pressenti pour lui succéder. Ce frère de la Pauvre Vie, était le candidat du cardinal Orsini qui œuvra ouvertement pour un concile déposant le « pape hérétique ». Le pape est alors appelé par dérision Jacques de Cahors. Une assemblée de prélats et de théologiens réunie le , et présidée par le dominicain Pierre La Palud, se prononce contre la doctrine pontificale. La Sorbonne ne manque pas de faire part au roi de France de ses inquiétudes… L’archevêque Pierre Roger est immédiatement mandé à Avignon, où il arrive à la fin du mois de , et fait un prêche devant le pape, sans le sermonner[n 32].
Le sagace sermon avignonnais de Pierre Roger avait tant charmé Jean XXII qu’il le désigne pour prêcher, à Paris, le sainct voyage d’Oultre Mer, une croisade qui n’eut jamais lieu. Et, gravement malade, le pape se rétracte le . En fait, le pape déclara ce : « Nous déclarons comme suit la pensée qui est et qui était la nôtre. […] Nous croyons que les âmes purifiées séparées des corps sont rassemblées au ciel […] et que, suivant la loi commune, elles voient Dieu et l'essence divine face à face » (Jean XXII : bulle Ne super his du , rédigée peu avant sa mort). L'expression « qui est et qui était » prouve qu'il a cru cela durant toute sa vie.
Jean XXII affirme également : « Nous croyons que les âmes purifiées séparées des corps […] voient Dieu et l'essence divine face à face […]. Mais si de façon quelconque sur cette matière autre chose avait été dit par nous, […] nous affirmons l'avoir dit ainsi en citant, en rapportant, mais nullement en déterminant ni même en y adhérant » (recitando dicta sacræ scripturæ et sanctorum et conferendo, et non determinando, nec etiam tenendo) (Jean XXII : bulle Ne super his du ).
La dernière initiative pontificale
Les nouvelles venues des plats pays du Nord étaient peu rassurantes. Le duc Jean III de Brabant était en butte aux menaces de guerre de ses voisins depuis qu’il avait accueilli Robert d’Artois, le beau-frère félon du roi de France. Le , l’affaire parut assez sérieuse à Avignon pour que le pape envoie en légation Hugues Aimeric, évêque du Tricastin, et Jean Artaud, évêque de Marseille. Ils partirent quatre jours plus tard porteurs de missives pour le duc de Brabant, les échevins de Malines et Louis de Nevers, comte de Flandre[n 33].
Décès
Le , à l'aube, Jean XXII mourait à 90 ans.
Jean XXII a été avant tout le grand organisateur de l'administration pontificale et de la structuration du fonctionnement ordinaire de l'Église. Il a étendu la réserve des collations, mis en place une fiscalité sur les bénéfices, créé les rouages d'un gouvernement central. Il se montra un excellent gestionnaire et laissa une trésorerie importante à son successeur.
Jean XXII, qui avait fait agrandir l’église Notre-Dame des Doms et restaurer les portails, désira que sa dépouille y eût sa sépulture. Son neveu, Jacques de Via, décédé en 1317, s’était déjà fait enterrer dans une chapelle de cette église. Le tombeau de Jean XXII est un magnifique monument qui servit de modèle à ses successeurs. Il s’agit d’un tombeau à dais en pierre fine de Pernes avec de multiples clochetons[35]. Le monument, attribué au sculpteur anglais Hugues Wilfred, a été mutilé à la Révolution et mal restauré. Toutes les statuettes qui garnissaient les niches ont disparu, sauf deux qui se trouvent au musée du Petit Palais[36]. La statue du pape, brisée, a été remplacée par celle d’un évêque.
Bulles
Les bulles de Jean XXII sont contenues dans 70 volumes manuscrits.
- 1317 : le , érige l'abbaye Saint-Pons de Thomières en évêché, où l'évêque Pierre Roger est également abbé.
- 1317 : canonisation de saint Louis de Toulouse.
- 1317 : le , reconnaissant l'ordre de Montesa, affilié à Cîteaux, réunissant dans le royaume de Valence, dépendant du roi d'Aragon, les biens de L'Hospital et du Temple.
- 1317 : le , Sancta Romana, désignant les spirituels franciscains, apostoliques, bégards, et tenants du Libre Esprit, dits fraticelles, imposant la hiérarchie des trois vertus monastiques : l'obéissance, la chasteté et la pauvreté.
- 1317 : Spondent quas non exhibent, condamnant les alchimistes à des amendes, déclarant infâmes les laïcs s'adonnant à l'art hermétique, et dégradant les religieux le pratiquant.
- 1318 : création du diocèse de Sarlat et nomination de son premier évêque Raymond d'Apremont de Roquecorne, un religieux bénédictin de l'abbaye de la Chaise-Dieu.
- 1318 : élargissant les pouvoirs donnés aux inquisiteurs pour intenter des procès aux sorciers.
- 1318 : reconnaissant Cambridge comme université.
- 1318 : , fixation des limites du diocèse de Saint-Pons-de-Thomières.
- 1319 : le , reconnaissant les chevaliers du Christ (ordre du Christ).
- 1319 : le , ordonnant la sécularisation de l'église de Saint-Malo[37].
- 1320 : le , Bulle de dismembration, autorisant son neveu, Arnaud de Trian, à quitter Pernes pour Carpentras, nouvelle capitale du Comtat Venaissin, plaçant la seigneurie de Carpentras sous son autorité et sa juridiction temporelle[38].
- 1320 : ordonnant de dépouiller de l'habit religieux le frère Bernard Délicieux.
- 1322 : remettant en cause le principe de la pauvreté du Christ et des apôtres.
- 1322 : le , Ad conditionem canonum.
- 1323 : le , Cum inter nonnulos condamnant la doctrine de la pauvreté du Christ et des apôtres.
- 1323 ou 1324 : Docta Sanctorum Patrum sur le chant liturgique.
- 1325 : le bulle des provisions de Raymond d'Apremont de Roquecorne, nommé évêque au diocèse de Saint-Pons-de-Thomières.
- 1326 : chargeant l'abbé de l'abbaye Saint-Martin de Nevers d'excommunier Bernard Marchand, officier de justice séculière à Autun, coupable d'avoir emprisonné un moine[39].
- 1326 : Super illius specula, assimilant pratiquement la sorcellerie à l'hérésie[17],[40].
- 1329 : le , instituant le collège de Gaillac, dans l'actuel Tarn.
- 1329 : le , In agro dominico (de) condamnant à titre posthume 28 propositions de Maître Eckhart.
- 1331 : sur la vision béatifique.
- 1334 : séparant l'Italie de l'empire d'Allemagne[n 34].
- 1334 : Ne super his (supra).
Jean XXII et l'alchimie
La situation de Jean XXII par rapport à l'alchimie est paradoxale. D'un côté, il a promulgué la décrétale Spondent quas non exhibent (1317) contre les alchimistes.
« Ils promettent des richesses qu'ils ne produisent pas, les pauvres alchimistes, et, en même temps, eux qui s'estiment sages, tombent dans la fosse qu'ils ont creusée. Car, sans aucun doute, les maîtres de cet art d'alchimie se leurrent les uns les autres… Ces mêmes hommes dissimulent par des paroles leur imposture, jusqu'à feindre enfin, dans une transmutation truquée, l'or et l'argent véritables que la nature interdit d'être. Parfois leur témérité va jusqu'à frapper les caractères de la monnaie publique sur du métal honnête devant des yeux honnêtes, et par ce seul moyen ils dupent le peuple ignorant du feu alchimique. (…) Nous décidons par cette constitution édictale que quiconque aura fait de l'or ou de l'argent de cette manière… qu'il soit contraint de payer au Trésor public, pour distribuer aux pauvres, à titre de peine, une quantité d'or ou d'argent égale à celle de l'or alchimique[41]. »
D'un autre côté, deux traités d'alchimie sont attribués à Jean XXII : L’élixir des philosophes[42] et L'art transmutatoire[43],[44]. Ceci rejoint le visage paradoxal de ce pape vis-à-vis de la figure du démon. Il est à la fois indéniable qu'il était persuadé plus que ses prédécesseurs de l'action diabolique dans le monde, et a engagé à ce titre de nombreuses enquêtes, mais en même temps, la postérité, pour des raisons très difficiles à cerner, s'est complue à le décrire sous des traits sataniques, et à lui prêter des écrits, des actions en accord avec ce portrait inventé et sulfureux[45].
- Jean d'Andreas présentant son Commentaire sur les décrétales à Jean XXII.
- Jean XXII recevant Odoric de Pordenone.
- Jean XXII, gravure du XVIIe siècle.
- Camée de Jean XXII à Notre-Dame de Paris.
- Portrait de Jean XXII (XIXe siècle).
Dans la fiction
La figure du cardinal Duèze, devenu pape sous le nom de Jean XXII, a été popularisée par le feuilleton télévisé Les Rois maudits, adaptation de la série romanesque éponyme de Maurice Druon : son personnage, apparaissant dans plusieurs épisodes, y est interprété par Henri Virlogeux (puis par Claude Rich dans la version de 2005).
Une série télévisée en huit épisodes, diffusée sur France 2 en 2007, La Prophétie d'Avignon, avec Louise Monot, se réfère au pontificat de Jean XXII.
Un roman, Habemus Papam de Robert Azaïs, relate l'histoire du conclave menant à l'élection de Jean XXII.
L'ouvrage Le Nom de la rose d'Umberto Eco a pour cadre général les querelles théologiques entre les franciscains et la Papauté à propos de la pauvreté du Christ et, par extension, de l’Église. C'est la raison première de la présence du frère franciscain Guillaume de Baskerville dans le monastère d'Italie du Nord où se noue l'intrigue : il fait partie de la délégation franciscaine chargée de résoudre la querelle avec les envoyés du Pape. Jean XXII est décrit dans le roman comme un individu retors[46] et cupide[47]; il apparaît en filigrane dans l'adaptation cinématographique, son nom étant par exemple cité par le grand inquisiteur dominicain Bernard Gui.
On trouve également une référence au pape Jean XXII dans un tableau du XVe siècle, le Retable de Boulbon, conservé au musée du Louvre ; Jean XXII est évoqué par son blason.
- Retable de Boulbon.
- Les armes du pape Jean XXII.
Pour approfondir
Chroniques contemporaines
- Guillaume de Nangis, Chronique latine de Guillaume de Nangis de 1113 à 1300 avec les continuations de cette chronique de 1300 à 1368, t. I et II, Société de l’Histoire de France, Paris, 1843.
- Guillaume de Nangis, Chronique, en ligne dans Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France de Guizot, édition de 1825 chez J.L.J. Brière, sur Gallica
Ou édition électronique contemporaine, d'après la précédente sur Wikisource. - J. Froissart, Chroniques, texte et notes de Kervyn de Lettenhove, Bruxelles (cf. t. IV à VIII), 1868.
- J. Froissart, Chroniques, texte et notes de Siméon Lucé, Paris (cf. t. IV à VIII), 1873-1874.
- J. Le Bel, Chronique de Jean le Bel (1326-1361), texte et notes de J. Viard et E. Deprez, t. I et II, vol. 1, 1326-, vol. 2, -1361, Société de l’Histoire de France, Paris, 1904-1905.
Études générales
- É. Baluze, Vitae paparum Avenionensium, sive collectio actorum veterum, vol. I et II. Paris, 1693.
- Tessier, Histoire des souverains pontifes qui ont siégé dans Avignon, Avignon, 1774.
- Abbé André, Histoire de la monarchie pontificale au XIVe siècle ou la Papauté à Avignon, Paris, 1845.
- J. B. Christophe, Histoire de la papauté pendant le XIVe siècle avec des notes et des pièces justificatives, t. I et II, Paris, 1853.
- J. B. Joudou, Histoire des souverains pontifes qui ont siégé à Avignon, Avignon, t. I et II, 1855.
- Guillaume Mollat, Les papes d’Avignon 1305-1378, Letouzey & Ané, Paris, 1949, neuvième édition, 598 pages.
- Y. Renouard, La papauté à Avignon, Paris, 1954.
- É. G. Léonard, Les angevins de Naples, Presses Universitaires de France, Paris, 1954, 576 pages.
- B. Guillemain, La cour pontificale d’Avignon, (1309-1376). Étude d’une société, Paris, 1962.
- D. Paladilhe, Les papes à Avignon, Paris, 1975.
- R.L. Mouliérac-Lamoureux, Le comtat Venaissin pontifical, 1229-1791, Publications de l’institut vauclusien d’études rhodaniennes, Vedène, 1977.
- B. Guillemain, Les papes d’Avignon (1309-1376), Paris, 1998.
- Florian Mazel, La noblesse et l’église en Provence, fin Xe-début XIVe siècle, Comité des travaux historiques et scientifiques, Paris, 2002.
- [Favier 2006] Jean Favier, Les papes d'Avignon, éd. Fayard, (présentation en ligne)
Études particulières
- Edmond Albe, « Autour de Jean XXII. Hugues Gérard, évêque de Cahors : l'affaire des poisons », Bulletin de la Société des études littéraires, scientifiques et artistiques du Lot, t. XXIX, 1904, republié chez J. Girma éditeur, Cahors et E. Privat éditeur, Toulouse, 1904 [lire en ligne].
- Edmond Albe, « Quelques-unes des dernières volontés de Jean XXII », p. 205-219, dans Bulletin de la Société des études du Lot, 1902, tome 27 [lire en ligne].
- Edmond Albe, « Autour de Jean XXII. Jean XXII et les familles du Quercy », dans Annales de Saint-Louis-des-Français, , p. 341-396 (lire en ligne)
- L. Baudry, Guillaume Occam, sa vie, ses œuvres, ses idées sociales et politiques, Paris, 1949.
- Alain Boureau, Le pape et les sorciers : une consultation de Jean XXII sur la magie en 1320, École française de Rome, 2004 (ISBN 2-7283-0695-8).
- M. Dykmans, Pour et contre Jean XXII. En 1333 : deux traités avignonnais sur la vision béatifique, Biblioteca Apostolica Vaticana, Rome, 1975.
- « Jean XXII et le Midi », Cahiers de Fanjeaux 45, 2012 Présentation et sommaire sur le site des Cahiers de Fanjeaux.
- Noël Valois, « Jacques Duèse pape sous le nom de Jean XXII », dans Histoire littéraire de la France, Imprimerie nationale, Paris, 1914, p. 391-630 (lire en ligne)
- Guillaume Mollat, « L’Élection du pape Jean XXII », Revue d'histoire de l'Église de France, t. 1, no 1, , p. 34-49 (DOI 10.3406/rhef.1910.1903).
- Guillaume Mollat, « L’Élection du pape Jean XXII », Revue d'histoire de l'Église de France, t. 1, no 2, , p. 147-166 (DOI 10.3406/rhef.1910.1911).
- Michel Mollat, Les changeurs d’Avignon sous Jean XXII, t. IV, Mémoires de l’Académie du Vaucluse, 1905.
- [Ramet 1941] Henri Ramet, « Jean XXII, pape quercynois (1316-1334) », Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 13e série, t. 3, , p. 235-279 (lire en ligne)
- Jean-Patrice Boudet et Julien Théry, « Le procès de Jean XXII contre l'archevêque d'Aix Robert de Mauvoisin : astrologie, arts prohibés et politique (1317-1318) », Cahiers de Fanjeaux no 45, 2012, p. 159-235 [disponible en ligne].
- V. Verlaque, Jean XXII, sa vie et ses œuvres, d'après des documents inédits, Éd. Plon, Paris, 1883.
Articles connexes
Liens externes
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- (en) British Museum
- (en) Grove Art Online
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- Biographie du pape d'Avignon Jean XXII.
- Généalogie de la famille Duèze, puis Caraman.
- L'élection de Jean XXII sur persee.fr 1re partie.
- L'élection de Jean XXII sur persee.fr 2e partie.
- Satan hérétique : l’institution judiciaire de la démonologie sous Jean XXII.
Notes et références
Notes
- Les cardinaux acceptèrent de se réunir en conclave à la seule condition « que nulle violence ne serait exercée sur eux et qu’ils ne seraient pas contraints de rentrer en clôture pour procéder à une élection ».
- Jacques Duèze, cardinal de Porto au titre de Saint-Vital, avait été remarqué par Louis d’Anjou, évêque de Toulouse. Ce qui lui valut d’être favorisé par les comtes de Provence. En 1308, il monta sur le siège épiscopal de Fréjus et fut fait chancelier du royaume de Naples. Clément V le nomma évêque d’Avignon deux ans plus tard. Le palais épiscopal de Jacques Duèze étant devenu celui de son neveu Jacques de Via, en dédommagement, celui-ci reçut de son oncle le chapeau de cardinal et une Livrée.
- Louis d'Anjou avait été nommé évêque de Toulouse en 1296. Il s'était éteint à Brignoles en 1297, âgé seulement de vingt-cinq ans. Son procès avait été initié par Clément V dès 1307.
- En 1316, les franciscains étaient estimés à 30 000 religieux et occupaient mille quatre cents maisons.
- Depuis 1315, la France de langue d'Oïl subissait une telle pénurie de vivres que cette période de deux ans est considérée comme le premier grand cataclysme économique du bas Moyen Âge. La famine fit d'énormes ravages tant à Paris que dans toutes les grandes villes du royaume qui manquèrent totalement de blé et de céréales. Le sel même, qui servait à conserver la viande, fit défaut. Aussi, selon le désir de Michel de Césène, Jean XXII autorisa les frères mineurs à faire désormais des réserves de blé et de vin, à posséder en propre greniers et chais. Ce fut cette clause de propriété qui souleva l'ire des partisans de la pauvreté absolue.
- Les spirituels occitans et les fraticelles italiens, partisans de la pauvreté de l'Église et de la thèse catharisante du mariage « sacrement mineur », avaient comme maîtres à penser Pierre-Jean Olieu (Olive), en Languedoc, et Ubertin de Casale, en Toscane. Le premier avait publié, en 1276, à Narbonne, un traité contre le mariage (un bordel privé) intitulé « De Perfectione Evangelica », le second, auteur de « Arbor Vitæ Crucifixæ », avait réussi à ce que les thèses du frère Olieu ne fussent pas condamnées par le concile de Vienne. Elles étaient popularisées en Languedoc par Bernard Délicieux et Mathieu de Bouzigues ; en Provence, par Jean Joli et Philippe Alquier de Riez. Tous prêchaient que l'Église était en train de pourrir, gangrenée par les vices et l'argent, en clamant : « C'est la Babylone, la grande prostituée qui mène à leur perte les hommes et les corrompt ».
- L'évêque de Pamiers, Jacques Fournier, était le futur pape Benoît XII. Il retint contre Bernard Délicieux deux chefs d'accusation : complot contre le roi de France avec l'infant Ferrand de Majorque, empoisonnement du pape Benoît XI avec des figues dans lesquelles le minorite aurait introduit une préparation concoctée par Arnaud de Villeneuve, le médecin pontifical. Ce second point, par trop comique, fut rapidement abandonné !
- Le jugement déclarait qu'il était ennemi de l'Inquisition, traître au roi de France et nécromancien. Bernard Délicieux fut emmuré (emprisonné) à Carcassonne et décéda peu après.
- Les thèses de Guillaume d'Occam avaient ému les éminents docteurs de la Sorbonne qui subodorèrent illico les risques extrêmes d'un agnosticisme. L'ayant convoqué à Avignon pour qu'il se justifie, Jean XXII avait écouté Guillaume d'Occam et considéré ses théories comme non erronées tout en étant assez hardies. Du coup, tous tremblaient de respect devant le « Docteur Invincible » et, dans son Ordre, ses propos passaient pour être paroles d'évangile. Le franciscain, poussant jusqu'au bout ses théories, les avait appliquées à la présence du Christ dans l'eucharistie et en arrivait à nier les preuves classiques de l'existence de Dieu. Non censuré par la papauté, Guillaume d'Occam le fut par la Sorbonne. Mais paradoxalement, le nominalisme qu'il prônait représentait une telle avancée face à une scolastique sclérosée, que ce fut à l'Université de Paris qu'il eut ses disciples les plus importants avec des docteurs aussi éminents que Jean Buridan, Jean Gerson et Pierre d'Ailly.
- Le château neuf, qui avait donné son nom au village de Châteauneuf, était celui de l’Hers sur la rive gauche du Rhône.
- Celui-ci avait été donné en 1157 par l’empereur Frédéric Barberousse à Gaufredi (Geoffroy), évêque d’Avignon, par une charte datée de Besançon.
- L’hôtel des Monnaies de Pont-de-Sorgues ne fut transféré à Avignon, dans l’actuelle rue Saluces, qu’en 1354.
- Le diocèse de Limoux, créé en 1317, avec sur son siège Durand, fut rapidement supprimé, en raison d'oppositions locales. Limoux ne fut alors pas soumis à l'évêque d'Alet, mais resta dans l'archidiocèse de Narbonne.
- Les habitants de Cahors passaient pour d’aussi efficaces banquiers et hommes d’affaires que les Lombards ou les Florentins.
- La bulle du plaçait sous l’autorité pontificale la seigneurie de Carpentras et sa juridiction temporelle. Le Recteur Arnaud de Trian était le fils du noble cadurcien Guilhem de Trian, époux de Huguette Duèze, sœur de Jean XXII.
- La révérende chambre apostolique devenait Dame de Cairanne, Buisson, Villedieu, Roaix, Sainte-Cécile, la Garde-Paréol, Mornas, Bourbotan, Lapalud, Saint-Roman-de-Mallegarde, Pierrelatte et Solérieux. Rentraient dans son patrimoine une partie de Montaigu, une maison de Saint-Paul-les-Trois-Châteaux et le douzième de Valréas ainsi que les commanderies de l’Hôpital à Pernes, Malaucène et Bonpas. Jean XXII fit construire sur le site de cette dernière une chartreuse. Situées hors des États pontificaux, tout en dépendant de Richerenches, les anciennes commanderies templières de Bourdeaux, Poët-Laval, Rochefort, Clansaye et l’Estagnol restèrent acquises aux Hospitaliers de Rhodes.
- Une première croisade des pastoureaux eut lieu en 1251.
- Les pastoureaux arboraient les armes de Louis Ier de Clermont, en Beauvaisis, premier duc de Bourbon. Originaires de Normandie, ils se réclamaient non seulement du duc, mais voulurent qu’il prît leur tête contre les infidèles. Ce que le petit-fils de Louis IX se garda bien de faire.
- Ces pastoureaux entrèrent dans Jaca puis ils tuèrent sauvagement les juifs de Montclus avant de se diriger vers Pampelune, capitale de la Navarre. Jaime III d’Aragon mit fin à leurs sinistres exploits en envoyant son fils Alfonse les anéantir.
- Les cagots, dits aussi gafets ou crestiaas, étaient des réprouvés installés de part et d’autre des Pyrénées. Accusés d’être congénitalement atteints de la lèpre, ils vivaient dans des villages ou des quartiers à part.
- Aimeric de Cros avait envoyé aux consuls de Narbonne une missive expliquant : « Que plusieurs de ceux qu’on nommait Pastoureaux, sachant la capture qui venait d’être faite de plusieurs d’entre eux, avaient pris la fuite et tâchaient de se sauver du côté de Narbonne pour se soustraire à la peine qu’ils avaient si justement méritée par les actions qu’ils avaient commises contre la majesté royale ; qu’ainsi il leur adjoignait d’apporter toute la diligence possible pour se saisir de leurs personnes ».
- En Philippe de Valois conduisit les dernières bandes de Pastoureaux au siège de Verceil contre Galeazzo Visconti, fils du potentat de Milan.
- Ce fut la seconde expulsion des juifs du Comtat. La première avait été décidée le , par Mathias de Chiéti — dit Matthieu de Chéate — recteur du Comtat Venaissin, qui les accusait de pratiquer l’usure.
- Jourdain de l’Isle fut attaché à la queue d’un cheval lancé au galop puis pendu par le col au gibet de Montfaucon.
- Le nom des gibelins venait de Conrad Weibelingen, empereur germanique. « Légitimistes et partisans de l’empereur » (E. G. Léonard), ils souhaitaient que celui-ci, en tant que Vicaire du Christ, puisse régenter toutes les souverainetés laïques. Le gibelinisme s’appuyait sur le peuple. Les guelfes (de l’allemand whelf) formaient le « parti de la banque et de l’autel ». Ils considéraient que le pape, lui aussi Vicaire du Christ, avait vocation à diriger et à régner sur toutes les sociétés humaines. Robert d’Anjou, malgré ses tendances fraticelles, se posait en tant que chef de file du guelfisme, dont le but était l’indépendance de l’Italie.
- Le , Marsille de Padoue remit solennellement à Louis de Bavière son traité « Defensor Pacis » (Défense de la paix) dans lequel il détaillait toute une argumentation contre les thèses pontificales. Reprenant et développant les thèmes laïques avancés par Guillaume de Nogaret, il justifiait l’indépendance de l’État face à l’Église. Ses idées fonderont, théoriquement, la future Pragmatique Sanction.
- En attendant le Bavarois imposait sa loi à Pise. En , en lieu et place de Simone Saltarelli, il fit nommer (mais non consacrer) par son antipape un nouvel archevêque en la personne de Giovanni di Bettino Nazzari di Lanfranchi. Mais ce fut Gherardho Orlandi, autre nouvel évêque d’Aléria, qui administra le diocèse tout en résidant à Montevaso.
- Louis V de Bavière était aussi accompagné par Guillaume d'Occam et Michel de Césène, qu’il accueillit à sa Cour. Ce fut là, et à Munich, qu’entre 1334 et 1339, Occam rédigea « Compendium errorum Iohannis papæ XXII ». Puis il s’attela dès 1338 à son important « Dialogus super dignitate papali et regia » qu’il publia en 1342. Dans ses « Huit questions à propos de l’autorité pontificale », il ne reconnaissait au pape qu’une fonction spirituelle. Pour lui, l’Église romaine devait être uniquement la fédération des Églises nationales. Enfin, Guillaume d'Occam niait à la fois l’infaillibilité pontificale et celle des conciles généraux. Mais lors du chapitre général de l’ordre, en 1348, il semble que le Docteur Invincible se réconcilia avec Clément VI. Il décéda à Munich un an plus tard.
- Le , l’antipape Nicolas V, dans la cathédrale pisane, excommunia Jean XXII qu’il tenta de présenter comme un fantoche vêtu en habit pontifical. En réplique, toute la cité de Pise fut frappée d’interdit par le pape.
- Avec ce revirement de situation, l’archevêque Simone Saltarelli quitta Avignon et put rentrer dans Pise le .
- Comme la reine Sancia, seconde épouse du roi Robert d’Anjou, Philippe de Majorque était l’un des enfants du roi Jaime II de Majorque. Ils étaient apparentés aux Sabran par leur belle-sœur Isabelle qui avait épousé l’infant Ferrand Ier. Leur fils Jaime III devint roi de Majorque, et Jaime IV, leur petit-fils, épousa la reine Jeanne de Naples.
- On sait que Pierre Roger prêcha devant Jean XXII, dans la chapelle pontificale d’Avignon, au cours de la journée du . Mais, en fin politique, l’archevêque de Rouen se garda évidemment d’aborder le sujet sensible de la vision béatifique.
- Trois ans auparavant, Robert avait présenté de faux actes pour hériter du comté d’Artois qui avait été attribué à sa tante Mahaut. Convaincu de félonie, et malgré ses liens avec la couronne de France, il avait été condamné au Louvre par une cour plénière. Le faux comte, qui s’était enfui, fut accueilli à Namur, en , par le duc Jean. Ce fut un tollé ! Dès le mois d’août, les voisins du duché étaient prêts à organiser une expédition punitive. Ils temporisèrent… Ce qui permit à Robert d’Artois de prendre contact avec le roi d’Angleterre. Cela exaspéra. Il fut prié, le , de quitter le Brabant et ne s’exécuta pas. Une expédition militaire fut alors mise sur pied en 1334 pour l’en faire déguerpir.
- Cette bulle n'a pas été appliquée par ses successeurs.
Références
- Héraldique et généalogie, no 135, p. 131, 1988
- Héraldique et généalogie, no 135, p. 132, 1988
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- Favier 2006, p. 121.
- Jacques-Antoine Delpon, Statistique du département du Lot, t. I, Paris, Bachelier, (réimpr. 1979), 554 p. (ISBN 2-902422-00-8), « Des Hommes célèbres qu'a produit le département du Lot », p. 338.
- Cf. DRUON Maurice, Les Rois maudits, Intégrale (Tome 4. La Loi des mâles) éditions PLON, Paris, .
- Favier 2006, p. 122.
- Edmond Albe, Autour de Jean XXII : Hugues Géraud, évêque de Cahors : L'affaire des poisons et envoûtements en 1317, Cahors, J. Girma, , 200 p., in-8 (lire en ligne)
- Jean-Patrice Boudet, Julien Théry, Le procès de Jean XXII contre l'archevêque d'Aix Robert de Mauvoisin : astrologie, arts prohibés et politique (1317-1318), in Cahiers de Fanjeaux 45, 2012, p. 159-235 [lire en ligne].
- Favier 2006, p. 123.
- Augustin Fabre, Les rues de Marseille, Éd. Camoin, Marseille, 1867, tome 2, page 71.
- [Faucon 1882] Maurice Faucon, « Les arts à la cour d'Avignon sous Clément V et Jean XXII (1307-1334) », Mélanges de l'école française de Rome, no 2, , p. 36-83 (lire en ligne [sur persee], consulté le ).
- Jean-Marc Roger, « Fr. Jean de Nanteuil, prieur d'Aquitaine, Amiral de France », Revue historique du Centre-Ouest, vol. VII, , p. 254, note 90 (ISSN 1767-6320).
- Gwendoline Dos Santos, Frédéric Lewino, « . Le jour où les Pastoureaux entament une croisade antisémite », sur Le Point, (consulté le )
- [Cohen 2000] Jean-Claude Cohen, Les communautés juives d'Avignon et du Comtat Venaissin au XVIIIe siècle : "Les juifs du pape", Château-Renard, Imprimé par l’auteur, , 470 p., sur acjp.fr (lire en ligne).
- [De Gaulle 1839] Jules de Gaulle, Nouvelle histoire de Paris et de ses environs, éd. Pourrat, , sur books.google.fr (lire en ligne), p. 299.
- [Villette 1961] Pierre Villette, « La sorcellerie à Douai », Mélanges de sciences religieuses, no 18, , p. 123-173, p. 123.
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- Favier 2006, p. 434.
- Favier 2006, p. 377.
- Favier 2006, p. 435.
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- Yannick Rub, Louis IV de Bavière (1286-1347). Roi des Romains (1314-1346) et empereur (1327-1347) [Atrium lire en ligne].
- Favier 2006, p. 124.
- Favier 2006, p. 382.
- Favier 2006, p. 440.
- Favier 2006, p. 441.
- Favier 2006, p. 442.
- Favier 2006, p. 444.
- Favier 2006, p. 448.
- Françoise Autrand, Charles V, Fayard, 1994, p. 13.
- Favier 2006, p. 449.
- Favier 2006, p. 450.
- Notre-Dame des Doms Tombeau de Jean XXII.
- Musée du Petit Palais statue en albâtre provenant du tombeau de Jean XXII.
- Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris, Ms 347.17 fo 79 vo.
- Chartier de l'évêché de Carpentras, conservé à la bibliothèque municipale de Carpentras, Ms 560. no 10.
- Avec copie à l'abbé de l'abbaye Saint-Martin d'Autun. Cartulaire de l'abbaye Saint-Martin d'Autun, Charte no CIX.
- Martine Ostorero, « Alain Boureau, Satan hérétique. Naissance de la démonologie dans l'Occident médiéval (1280-1330). Paris, Odile Jacob, 2004, 318 p. », Médiévales. Langues, Textes, Histoire, no 48, , p. 165–168 (ISSN 0751-2708, lire en ligne, consulté le )
- Corpus juris canonici, éd. par E. Friedberg, t. II, Leipzig, 1879, réimpr. Graz, 1959, col. 1295-1296 (cité par Robert Halleux, Les textes alchimiques, Brepols, 1979, p. 124-125 texte latin, trad. fr).
- L’élixir des philosophes.
- L'art transmutatoire.
- L’œuvre alchimique du pape Jean XXII, Massanne, 2001, 215 p.
- Alain Boureau, « Satan hérétique : l’institution judiciaire de la démonologie sous Jean XXII », Médiévales, no 44, Paris, PUV, , p. 17-46.
- Umberto Eco (trad. de l'italien par Jean-Noël Schifano), Le Nom de la rose, , Quatrième jour, « Sexte » : « […] je parlais de son habileté à trahir les jurements sans qu'on le puisse accuser de parjure. Quand il a été élu, et pour être élu, il a promis au cardinal Orsini qu'il aurait ramené le Saint-Siège à Rome, et il a juré sur l'hostie consacrée que s'il n'avait pas tenu sa promesse, il ne serait plus jamais monté sur un cheval ou sur une mule. Eh bien savez-vous ce qu'il a fait ce renard ? Quand il s'est fait couronner à Lyon (contre la volonté du roi, qui désirait que la cérémonie eût lieu en Avignon) il a pris le bateau ensuite, de Lyon à Avignon ! […] Et je ne sache pas qu'il ne soit vraiment plus remonté à cheval. »
- Umberto Eco, Le nom de la rose, Quatrième jour, « Sexte » : « C'est une pie voleuse, un usurier juif, on trafique plus en Avignon qu'à Florence ! »
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