Expulsion des Juifs
L’expulsion des Juifs est l’un des éléments les plus caractéristiques de leur histoire, leurs exodes en masse ayant « rarement » été le fruit de leurs décisions propres.
Débutant aux premiers temps de leur histoire et participant à la création de la diaspora juive, les expulsions deviennent au Moyen Âge l’une des mesures anti-juives les plus fréquentes, dont les motivations sont autant théologiques, qu’économiques et politiques. Selon Raul Hilberg, l’expulsion des Juifs est l’étape suivant logiquement les diverses politiques d’ostracisation des Juifs et précédant la mesure ultime, à savoir leur tentative d'extermination.
Expulsion d'Angleterre
Expulsion de 1290
En 1290, édit du roi Édouard Ier d'Angleterre, tous les juifs (environ 16 000 personnes) sont expulsés.
Expulsions d'Allemagne
IIIe Reich
En Allemagne avant la Seconde Guerre mondiale, les mesures antisémites incitent les Juifs au départ. Ceux qui le peuvent émigrent vers plusieurs pays, dont les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Palestine.
Expulsion d'Autriche
Interdiction de 1670
Le 19 juin 1669, un décret impérial de l'empereur Léopold Ier du Saint-Empire bannit les Juifs de Vienne et leur enjoint de quitter la ville avant le 14 avril 1670, délai étendu ensuite au 26 juillet 1670.
Expulsion du Brésil
Un certain nombre de Juifs hollandais avaient émigré à Pernambouc, au Brésil, sous domination hollandaise de 1630 à 1654[1] et durent quitter ce pays quand les Portugais en reprirent le contrôle et y rétablirent l'Inquisition. Certains s'établissent alors aux Antilles françaises et il est dit que la capitale de la Guadeloupe, Pointe-à-Pitre, doit son nom à un Juif hollandais, appelé Peter ou Pitre selon la transcription en français[2]. Toutefois, les Juifs quittent les Antilles françaises quand ils en sont expulsés en 1683, expulsion confirmée par le Code Noir en 1685, dont le premier article enjoint à « tous nos officiers de chasser de nos dites îles tous les Juifs qui y ont établi leur résidence, auxquels, comme aux ennemis déclarés du nom chrétien, nous commandons d'en sortir dans trois mois à compter du jour de la publication des présentes »[3].
Au XVIIIe siècle, des Juifs reviennent en Martinique, où ils ne sont que tolérés jusqu'à la Révolution. Ils sont souvent les correspondants commerciaux des entrepreneurs bordelais comme la famille Gradis[4].
Expulsion de Bretagne
En 1240, les Juifs sont expulsés de Bretagne par Jean Ier Le Roux par l'ordonnance de Ploërmel du 10 avril[5].
Expulsion de Crimée
Expulsions de France
- Le premier édit, celui de Childebert Ier, fils de Clovis, est publié en 533[réf. nécessaire] parce que les juifs refusent de se convertir au christianisme, alors que les mariages mixtes avec des juifs sont interdits sous peine d’excommunication des chrétiens ou de mort pour les juifs.
- Le deuxième édit date de 633, par Dagobert qui faute d’avoir pu convaincre les juifs de la rue de la Cité à Paris (ancienne rue de la Juiverie) de se convertir, finit par les expulser.
- La troisième expulsion est signée de Philippe Auguste en 1182, en plein sabbath, arrestation des juifs de Paris, dépouillés de leur or et de leurs effets personnels ; libération en échange d’une forte rançon et l’année suivante, saisie de leurs biens immobiliers, reconcédés par la suite à des commerçants non-juifs, et expulsion.
Au fil des ans, les juifs seront rappelés par les rois et expulsés à nouveau, maintenus en état de soumission, avec des interdits, des humiliations et des massacres. Même ceux du comté de Toulouse devront trouver refuge en Provence, époque où les cathares seront réprimés.
- La quatrième expulsion de France est celle de Louis IX (dit Saint Louis) en 1254 après plusieurs injonctions leur interdisant de se livrer à l'usure et de prendre des métiers artisanaux ou agricoles. Un procès avait été fait au Talmud en 1240 à l'instigation de Nicolas Donin, juif converti au christianisme, avec comme défenseur l'éminent rabbin Yehiel de Paris, lequel avait abouti à la condamnation du livre à être brûlé en place de Grève en 1242. Engagé dans la septième croisade, le roi est fait prisonnier en 1250 en Égypte. À la nouvelle, des Juifs sont pris pour cible.
- En juin 1306, édit du roi Philippe le Bel donnant un mois aux Juifs pour se convertir ou quitter le royaume. Entre 1292 et 1306, les biens juifs sont confisqués, ponctuée d’arrestations, de taxes spécifiques, de saisies et ventes de biens, avec obligation de rachats pour se voir ensuite signifier une nouvelle expulsion. En 1311 le roi rétablit l'or comme monnaie en créant l'agnel ou agnel d'or ou mouton d’or qui restera émis jusqu'au règne de Charles VII le Victorieux (1422 – 1451). Bien que rappelés en 1315, peu reviennent.
- En 1322, sixième expulsion de tous les juifs de France, du Languedoc et de Bourgogne par le roi Charles IV le Bel. Ceux du Languedoc croient trouver refuge en Aragon où ils subissent les persécutions de 1391. Bûchers, procès, massacres et spoliations.
- En 1394, c’est la septième mesure d'expulsion, l’édit d’expulsion définitif. Le roi Charles VI (roi de France) donne quarante-cinq jours aux Juifs pour quitter le royaume après avoir vendu leurs biens. Certains partent pour la Savoie, l’Allemagne, les États du Pape (Avignon et Comtat Venaissin rattaché à la France en 1791) et Jérusalem.
- La Provence étant rattachés au royaume, viennent les 8e et 9e expulsions en 1491 et 1501. Direction Jérusalem et l’Afrique du Nord pour les Sarfati (Français), les Narboni et les Elbaz (de Béziers)[réf. nécessaire], et 1615, la 10e expulsion, purement formelle est sans effet, puisqu’il ne reste qu’un seul Juif au royaume de France, le médecin de la cour de Marie de Médicis. Les juifs reviendront après le rattachement de l’Alsace et la Lorraine en 1648 (traité de Westphalie).
- En 1683 et 1724, respectivement Louis XIV et Louis XV expulsent les Juifs des Antilles et de Louisiane, signant les 11e et 12e expulsions.
Expulsion de Bretagne en 1240
Le , Jean Ier le Roux, duc de Bretagne, comte de Richemond prend à Ploërmel une assise ou ordonnance qui expulse tous les Juifs de Bretagne, annule toutes leurs créances, et demande au roi de France une confirmation de ces assises par des lettres patentes[6].
Expulsion d'Italie ou des États pontificaux
Expulsions de Hongrie
Interdiction de 1349
Interdiction rapidement rapportée.
Interdiction de 1360
En 1360, après une tentative de conversion forcée, édit du roi Louis Ier de Hongrie. Les Juifs expulsés s'établissent en Autriche, Moravie et Pologne.
Expulsion de Lituanie
Expulsions de la péninsule ibérique
Expulsion par les rois wisigoths
- Sisebut, c. 616.
Expulsion d'Espagne de 1492
En 1492, Isabelle Ire de Castille et Ferdinand II d'Aragon, prennent le décret de l'Alhambra qui expulse tous les Juifs d'Espagne. Sur 200 000 personnes, on estime qu'environ 50 000 acceptent de se convertir au catholicisme, et 150 000 doivent s'exiler. Le sultan Bayezid II les autorise à s'établir dans l'Empire ottoman. Beaucoup s'établissent en Afrique du Nord.
Cette expulsion entraîna celle des juifs de Sicile et de Sardaigne en 1492, qui étaient sous souveraineté de l'Espagne[7], puis celle de l'Italie du Sud en 1505, à la suite de l'annexion du royaume de Naples.
Expulsion de Palestine ou d'Israël
Déportation à Babylone en - 597
Selon le livre de Jérémie, la déportation des Judéens s'est faite en trois fois (Jérémie 52,28-30). La première au temps de Joaquin (597 av. J.-C.), à la suite de la défaite du royaume de Juda face à Nabuchodonosor II ; le Temple de Jérusalem est alors partiellement dépouillé et la majorité des citoyens emmenés. Onze ans plus tard, en 587 av. J.-C., après une révolte contre l'empire sous le règne de Sédécias, la ville est entièrement rasée et une nouvelle déportation, moins importante, s'ensuit. Finalement, Jérémie fait état d'un troisième exil cinq ans plus tard, soit en 581 av. J.-C..
Cette mesure est levée par l'empereur Cyrus II libère les Juifs après la prise de Cyrus II avec la permission de reconstruire le Temple de Jérusalem (538 av. J.-C.). Leur pays devient la province perse de Judée.
Expulsion de Jérusalem et de la Judée en 135
En 135, Julius Severius, lieutenant de l'empereur Hadrien expulsant tous les Juifs de Jérusalem qui est rebaptisée Ælia Capitolina et de l'ensemble de la Chôra, c'est-à-dire d'une grande partie de la Judée. Les juifs émigrent pour la plupart en Galilée. Les juifs ne peuvent pas revenir dans la cité sous peine de mort, sauf un jour par an, où ils ont le droit de venir se lamenter sur les ruines du Temple détruit. La province romaine de Judée est rattachée à celle de Syrie qui prend le nom de Provincia Syria-Palestina. Bien que certaines familles riches alliées des Romains aient été autorisées à revenir sous Antonin le Pieux, cette interdiction est maintenue au moins jusqu'à la conquête musulmane.
Jérusalem en 1948
Les Juifs installés dans la vieille ville de Jérusalem en 1948 furent chassés par la ligue arabe lors de la proclamation d'indépendance de l'État d'Israël.
Expulsion de la Bande de Gaza en 1982
Les Juifs installés dans des colonies en territoire occupé (Sinaï (1982), Bande de Gaza (2006)) sont expulsés par l'armée israélienne à la suite de la décision prise par le gouvernement d'Israël.
Expulsion de Pologne
Expulsion de mars 1968
Des dizaines de milliers de citoyens juifs polonais en mars 1968 par le gouvernement soviétique qui les avait contraint à quitter le pays. Les services des forces de l’ordre communistes avaient confisqué les passeports polonais de ressortissants juifs polonais en échange d’un aller simple vers l’extérieur.
Expulsion du Portugal
Expulsion du Portugal par décret du 5 décembre 1496.
Expulsion de Russie et d'URSS
Après la Seconde Guerre mondiale
En même temps que les personnes déplacées, de nombreux Juifs ne purent rejoindre leurs maisons après la guerre.
Expulsion de Tunisie
Notes et références
- (en) Cyrus Adler et L. Hühner, « JE, Recife (Pernambuco) ».
- Félix-Hilaire Fortuné, La France et l'Outre-Mer antillais : quatre siècles d'histoire économique et sociale, Paris/Montréal (Québec)/Budapest etc., L'Harmattan, , 553 p. (ISBN 2-7475-0315-1)
- Suzy Halimi, Commerce(s) en Grande-Bretagne au XVIIIe siècle, Publications de la Sorbonne, Paris, 1990, (ISBN 2-85944-195-7) édité erroné.
- Gotthard Deutsch et S. Kahn, « JE, Martinique ».
- « Le bannissement des Juifs de Bretagne par le duc Jean Ier le Roux (10 avril 1240) » sur des-mondes-singuliers.coop.
- " À tous ceux qui les présentes lettres verront, Jean, duc de Bretagne, comte de Richemont, salut. Sachez que nous, sur la demande des évêques, des abbés, des barons et des vassaux de Bretagne, ayant examiné avec soin l’intérêt du pays, nous chassons de Bretagne tous les Juifs. Ni nous, ni nos héritiers n’en tiendrons jamais un seul sur nos terres en Bretagne et nous ne souffrirons pas qu’aucun de nos sujets en ait sur les siennes. Toutes les dettes contractées envers des juifs établis en Bretagne, de quelque manière et pour quelque raison que ce soit, nous les remettons entièrement et nous en donnons quittance. Toutes les terres hypothéquées à des Juifs, tous les gages mobiliers ou immobiliers détenus par eux feront retour aux débiteurs ou à leurs héritiers, sauf les terres et les autres gages qui auraient été vendus à des chrétiens par jugement de notre Cour. Personne ne sera accusé ou mis en jugement pour avoir tué un juif avant aujourd’hui. Nous prierons, nous engagerons de bonne foi et de tout notre pouvoir Monseigneur le Roi de France à confirmer par ses lettres la présente assise ou ordonnance, et nous nous portons garant pour notre père et pour nous que les dettes contractées en Bretagne envers les Juifs ne seront jamais payées sur les terres de notre père. Cette assise, comme elle est ici écrite, nous avons juré de bonne foi de l’observer à jamais ; s’il nous arrivait d’y contrevenir, tous les évêques de Bretagne ensemble ou chacun séparément, peuvent nous excommunier et mettre l’interdit sur nos terres sises dans leurs diocèses, nonobstant tout privilège obtenu ou à obtenir par nous. De plus, nous voulons et accordons que nos héritiers qui au temps à venir nous succèderont, quand ils auront atteint l’âge légitime, s’engagent par serment à fidèlement observer cette assise comme elle est écrite ici. Les barons, les vassaux et tous autres astreints à jurer fidélité au comte de Bretagne ne la jureront point ni ne rendront leur hommage à nos héritiers, tant que ceux-ci, dûment requis par deux évêques ou deux barons au moins au nom des autres, n’auront pas juré de garder cette assise fidèlement. Mais ce serment fait, les barons et tous ceux qui doivent fidélité au comte de Bretagne jureront fidélité et rendront hommage immédiatement à nos héritiers. Enfin, les évêques, les barons et tous les vassaux de notre duché ont juré et accordé que jamais ils ne recevront ni ne permettront de recevoir des Juifs dans leurs terres en Bretagne. Donné à Ploërmel, le mardi avant la Résurrection de notre Seigneur l’an MCCXXXIX.[=10 avril 1240 nouveau style] »
- Voir page 609 dans Medieval Jewish civilization: an Encyclopedia sous la direction de Norman Roth, Routledge, 2003.
Voir aussi
Articles connexes
- Le Juif errant
- Expulsion des jésuites
- Migration vers Israël entre 1948 et 2008
- Opération Tapis volant (1949-1950)
Textes
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