Heder

Le heder[1],[2], [3],[4],(en) [5] (hébreu חדר, « chambre ») est une école élémentaire traditionnelle où sont enseignés les rudiments de judaïsme et d'hébreu. Elle occupe une place importante dans le folklore juif, particulièrement dans la culture yiddish, où elle symbolise le lieu par excellence d'éducation juive.

Un heder typique au mont Meron, en 1912

Pour l’article ayant un titre homophone, voir Eder.

Au Heder, (ru) L. Horowitz, 1878

Histoire

Le heder était une institution répandue dans toute l'Europe jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Les leçons se donnaient dans la maison du melamed, salarié par la communauté juive ou plus souvent un groupe de parents. L'enseignement était traditionnellement dispensé aux seuls garçons - l'éducation des filles étant seulement assurée par leurs mères à domicile. Les groupes comprenaient des enfants de différents âges.

Les enfants entraient généralement au heder à 5 ans. Après avoir appris l'alphabet hébreu et à le lire (avec la prononciation ashkénaze, qui était la même que celle du yiddish, la lingua franca des Juifs d'Europe du nord et de l'est depuis le Moyen Âge), ils commençaient à étudier la Torah, en commençant par Vayikra, puis le Talmud (Mishna, Gemara, et commentaires rabbiniques ultérieurs). La lecture à voix haute et l'apprentissage des leçons par cœur étaient les principales techniques d'étude. La fin de l'apprentissage d'un élève au heder, à l'âge de 13 ans, était célébré par sa bar mitzvah.

Affiche de propagande soviétique anti-Heder dépeignant le Heder comme menant à l'ignorance et la pauvreté, et vantant les qualités d'une éducation dans les écoles d'Etat formant des citoyens productifs, 1920-32

Certains poursuivaient leurs études dans les yeshivot afin de devenir rabbin ou sofer, principalement celles de Worms, Fürth et Prague.

Vers la fin du XVIIIe siècle, le système du heder fut critiqué tant par les membres de l'orthodoxie juive que par les partisans de la haskala.

Heder à Bnei Brak (Israël), 1965

Pour les premiers, les instituteurs étaient insuffisamment qualifiés ; ceux qui exerçaient ce métier le faisaient souvent par défaut, n'ayant pu devenir bouchers, chanteurs voire fossoyeurs, métiers au reste mieux payés. De plus, ils faisaient avancer leurs élèves trop rapidement, car les frais d'éducation pour les élèves des classes supérieures étaient plus élevés.

Pour les seconds, acquis aux idéaux des Lumières, critiquaient le système dans son ensemble, affirmant qu'il aboutissait à une isolation socio-linguistique des enfants, les empêchant de s'intégrer et s'émanciper. Ils préconisaient l'ajout de leçons dans la langue du pays, et l'ajout de matières plus conformes à l'esprit du temps en général.

Ces idées furent promptement mises en pratique par les Juifs d'Allemagne qui fondèrent avec le judaïsme réformé les Freischulen écoles libres »). Ceci, et l'introduction de l'éducation publique obligatoire, conduisit à la fin du heder dans les pays germanophones, mais non en Europe de l'Est où il se perpétua jusqu'à la destruction des communautés juives locales au cours de la Shoah.

De nos jours

Dans les pays occidentaux, les enfants sont parfois envoyés au heder après les heures de cours d'école. Le heder y a toutefois été le plus souvent remplacé par le Talmud Torah, qui fonctionne comme une école traditionnelle, particulièrement dans les milieux orthodoxes américains et en Israël.

Notes et références

Articles connexes

  • Portail de la culture juive et du judaïsme
  • Portail de l’éducation
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.