Judaïsme orthodoxe moderne

Le terme orthodoxe moderne (anglais : modern orthodox) désigne des juifs orthodoxes qui aspirent à une insertion aussi complète que possible dans la société, tout en restant dans le cadre de la halakha telle qu’elle est définie par ce courant. Leur mode de vie se rapproche pour certains de celui de la fraction la plus traditionaliste du mouvement Massorti, dont ils tiennent néanmoins à se distinguer. En effet, pour les orthodoxes modernes, les décisions rabbiniques ne doivent pas remettre en question les opinions cumulées du Choulhan Aroukh et des Aharonim successifs, alors que les Massorti ont vis-à-vis de la loi juive une latitude d’interprétation plus large. D'autres tenants de ce courant se rattachent clairement au courant conservateur par leur pratique religieuse, se distinguant des orthodoxes par l'intégration harmonieuse des sciences modernes à la pensée religieuse.

À l’opposé du pôle ultra-conservateur de l’orthodoxie, qui voit le monde moderne et séculier comme menaçant et cherche à s’en isoler, ils attachent une valeur positive au contact avec ce monde, en particulier selon la perspective de sa « réparation », n’exceptant que quelques domaines fondamentalement irréconciliables. Ils ne cherchent pas à éviter outre mesure le contact avec les non-juifs et les autres courants du judaïsme. Ils accordent de la valeur au savoir non religieux et aux sciences, au-delà de la simple nécessité professionnelle. Ils optent plus souvent pour l’observation moins sévère (kula) de la loi. Ils soutiennent l'État juif et constituent le seul courant orthodoxe au sein duquel on peut trouver des opinions favorables à l’élargissement de la participation religieuse féminine, voire des courants féministes. En 2009, une femme, Sara Hurwitz, est nommée à la tête de la communauté orthodoxe moderne de Riverdale, à New York. Elle porte le titre, créé à cette occasion, de « maharat », un acronyme hébreu pour « dirigeante en matière de loi, de spiritualité et de Torah »[1].

Bien que la plupart du temps revendiqué, le terme orthodoxe moderne est parfois utilisé par dérision par les autres membres de l’orthodoxie pour stigmatiser les mauvais observants.[réf. nécessaire]

Les orthodoxes modernes se réfèrent souvent aux figures et concepts suivants :

  • Le rabbin Azriel Hildesheimer (1820-1899) : croyant à l’harmonie possible entre judaïsme et science, il fonda des établissements d’enseignement incorporant dans leur programme des connaissances académiques non religieuses, dont le Rabbiner Seminar für das Orthodoxe Judenthum, l’une des premières yeshivot de ce type, ainsi que des établissements scolaires pour les deux sexes. Il agissait volontiers en coopération avec d’autres courants du judaïsme, en particulier en faveur de l’État juif[2].
  • La philosophie Torah im Derech Eretz (en) ([suivre] la Torah selon les voies du pays [de résidence]) du rabbin Samson Raphael Hirsch (1808-1888), qui pensait qu’il était possible de s’impliquer dans des domaines non religieux en leur appliquant la philosophie de la Torah, les sacralisant ainsi. Néanmoins, les héritiers directs de Hirsch sont les néo-orthodoxes plus stricts, qui ne se reconnaissent pas dans le mouvement orthodoxe moderne.
  • La philosophie Torah Umadda (en) (Torah et connaissances séculières), soutenue en particulier par le rabbin Joseph B. Soloveitchik (1903-1993), directeur académique de l'université Yeshiva, promeut une synthèse personnelle entre science, démocratie et judaïsme orthodoxe.
  • Le rabbin Abraham Isaac Kook (18641935), inspirateur du sionisme orthodoxe.

Institutions se réclamant de l’orthodoxie moderne : Union orthodoxe (OU), Rabbinical Council of America (en) (RCA) et Yeshivat Chovevei Torah aux États-Unis, Meimad en Israël, ainsi que l’Alliance féministe du judaïsme orthodoxe (JOFA).

Voir aussi

Notes

  1. Good morning, Madame le rabbin, par Henri Pasternak dans L'Arche, juin 2009
  2. « Orthodoxie Moderne | Ayeka | France », sur Ayeka (consulté le )

Liens externes

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