Fouquet's

La brasserie Fouquet's Paris est un restaurant historique depuis 1899, associé à l'hôtel Barrière Le Fouquet's Paris, au 99 avenue des Champs-Élysées dans le 8e arrondissement de Paris[1]. La salle est inscrite à l'inventaire des monuments historiques depuis 1990[2]. Le restaurant dispose de deux terrasses, l'une côté Champs-Élysées et l'autre côté George V.

Pour les articles homonymes, voir Fouquet.

Le lieu est décliné en huit versions en dehors de Paris à Cannes (Le Majestic), Courchevel (Les Neiges), La Baule (Le Royal La Baule), Marrakech (Hôtel & Ryads Le Naoura), Toulouse (Casino Barrière Toulouse), Enghien-les-Bains (Resort Barrière Enghien-les-Bains), Montreux, en Suisse et Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis.

Historique

Création

En 1899, le limonadier Louis Fouquet achète « The Criterion », un estaminet pour cochers de la célèbre avenue parisienne, qu'il transforme en bar de luxe rebaptisé « The Criterion-Fouquet's Bar », à la mode anglo-américaine de l'époque, à l'instar de son célèbre confrère parisien Maxim's de la rue Royale.

XXe siècle

Le , le pilote franco-brésilien Alberto Santos-Dumont  inventeur, pionnier de l'aviation  réalise, avec son ballon dirigeable no 9 « La Baladeuse », un vol libre motorisé contrôlé. Décollant de son hangar de Neuilly-sur-Seine, il survole le bois de Boulogne, contourne l'Arc de triomphe, et se pose devant son domicile du 114 avenue des Champs-Élysées[3]. Il fête cet exploit qui le rend célèbre, au Fouquet's voisin. Rebaptisé Bar de l'Escadrille, l'établissement devient dès lors un célèbre bar d'aviateurs, as et héros de l'aviation française de la Première Guerre mondiale, fréquenté notamment par Jean Navarre, René Fonck et Georges Guynemer.

En 1913, le restaurateur Léopold Mourier succède à Louis Fouquet (propriétaire du « Foyot », du « Café de Paris » et du « Pavillon d'Armenonville ») et crée une brasserie de luxe, richement décorée en acajou, pour recevoir le tout-Paris mondain et les personnalités du monde du sport hippique de l'époque, dont Raymond Poincaré, Theodore Roosevelt, Aristide Briand, Paul Poiret, Alberto Santos-Dumont, Ettore Bugatti, Pierre Brasseur, Colette, Liane de Pougy, l'Aga Khan III[4], etc., avec à la carte le tournedos Rossini au foie gras, la bécasse flambée, la sole au champagne, le soufflé Grand Marnier, etc.

Louis Barraya et Maurice Drouant succèdent à Léopold Mourier (propriétaire du célèbre restaurant parisien Drouant, organisateur des prix Goncourt et prix Renaudot). Avec l'arrivée du cinéma muet, puis du cinéma sonore des années 1930, et du célèbre acteur de l'époque Raimu (qui vit 17 rue Washington et qui fait du Fouquet's voisin sa cantine et son « bureau »), le Fouquet's devient un des hauts lieux parisiens où se négocient de nombreux gros contrats de l'industrie cinématographique, avec pour habitués à travers le temps Marcel Pagnol, Fernandel, Tino Rossi, Marcel Carné, Sacha Guitry, Maurice Chevalier, Henri-Georges Clouzot, Joséphine Baker, Marlene Dietrich, Sophia Loren, Jeanne Moreau, Michèle Morgan, Jean Gabin, Lino Ventura, Alain Delon, Gene Kelly, Orson Welles, Yves Montand et Simone Signoret, Catherine Deneuve, Marcello Mastroianni, Michel Galabru, Charles Aznavour, Kirk Douglas ou encore Gérard Depardieu[5].

Dans les années 1950, les réalisateurs de la Nouvelle Vague (François Truffaut, Jean-Luc Godard et Claude Chabrol) en font leur quartier général. Le décor est entièrement renouvelé en 1958 par le décorateur Jean Royère.

En 1976, le restaurateur Maurice Casanova achète le lieu qu'il fait ressusciter, avec Georges Cravenne, avec lequel il initie l'organisation du déjeuner des nommés aux César du cinéma, de la Nuit des Molières, des illuminations de Noël de l'avenue des Champs-Élysées, de l'émission radiophonique Le Pop-Club de José Artur (sur France Inter), du prix Louis-Delluc, du prix Roger-Nimier et de nombreux dîners parisiens de premières théâtrales et de cinéma…

Chaque année depuis 1979, le restaurant accueille le traditionnel dîner de gala à la suite de la cérémonie des César[6].

En 1988, à la suite de l’expiration du contrat de bail, le consortium koweïtien propriétaire des murs donne congé au restaurateur, pour ouvrir une galerie marchande ou de peinture d'art. Un important comité de soutien mené par José Artur, Roger Hanin, Christine Gouze-Rénal, Jean-Paul Belmondo, Jacques Chancel, Robert Hossein, Robert Sabatier, Odette Ventura, Henri Verneuil, Léon Schwartzenberg et Jean-Michel Folon sauve les lieux en le faisant inscrire à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques le , par le ministre de la Culture Jack Lang. Sont inscrits par arrêté du la « salle du rez-de-chaussée, salle et salons de l'entresol, avec leur décor, de la partie de l'immeuble abritant le restaurant Le Fouquet's » (Cad. 08 : 01 AS 8)[7]. Le certificat indique que « le restaurant Le Fouquet's présente un intérêt d'histoire et d'art suffisant pour en rendre désirable la préservation en raison de la qualité des décors de Jean Royère, du rôle de témoin des grands cafés de l'avenue des Champs-Élysées, que joue cet établissement, enfin de son importance dans la vie littéraire et cinématographique ».

En 1998, Diane Barrière-Desseigne, héritière du groupe Barrière, acquiert le Fouquet's, auquel son époux Dominique Desseigne ajoute en 2006 l'Hôtel Fouquet's Barrière réalisé par les architectes décorateurs Édouard François et Jacques Garcia.

XXIe siècle

En 2016, en difficulté financière (le groupe Barrière paie 8 millions d'euros de loyer par an), le Fouquet's présente un plan de sauvegarde de l'emploi[8] qui prévoit huit créations de postes et 24 suppressions (sur un effectif total de 315 personnes)[9].

Entièrement rénovée en 2017, la brasserie expose une importante galerie de photographies de stars du cinéma français habitués des lieux, avec des plaques aux noms des tables d’habitués. La carte du chef Pierre Gagnaire propose le merlan Colbert, le filet de bœuf Simmental au poivre, le flambé au cognac sauce Champs-Élysées, le tartare de thon rouge, etc. Environ 200 clients habitués des lieux y possèdent leur rond de serviette en argent, marqué à leur nom.

Autour de la brasserie

Le Fouquet's saccagé lors de l'acte XIX du mouvement des Gilets jaunes le .
  • Les frères et sœur Lina, Pierre et Michel Renault, trois modestes retraités bourguignons, se sont battus aux tribunaux pendant des dizaines d'années jusqu'en 1992, pour faire valoir sans succès leur héritage présumé du Fouquet's. Héritage de la comtesse Octavie de Coëtlogon, décédée en 1865 sans héritiers, qui avait légué sa fortune à son mari et à son cousin germain Joseph-Paul Mauprivez, qui avait lui-même transmis son héritage aux grands-parents des frères et sœur Renault[10],[11].
  • Le , au soir de sa victoire à l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy fête l'événement au Fouquet's en compagnie d'une centaine de personnes, famille et amis, dont nombre de grandes fortunes et de personnalités du monde des affaires. Cette soirée sera par la suite largement médiatisée et apparaîtra comme un des symboles « bling-bling » du sarkozysme[12].
  • Le , au cours d'une manifestation des Gilets jaunes, le restaurant est saccagé et un début d'incendie se déclare ensuite dont la cause n'est pas clairement identifiée[13]. À la suite de ces détériorations, la direction annonce que le restaurant sera fermé plusieurs mois pour procéder à des travaux afin de réparer des « dégâts considérables »[14]. Il rouvre le [15].

Événements culturels liés au Fouquet's

Photo de l'équipe de la brasserie (César 2016).

Notes et références

  1. Voir sur lemonde.fr.
  2. « Fouquet's », notice no PA00088881, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  3. Gérard Hartmann, « Les machines volantes de Santos-Dumont » [PDF], sur hydroretro.net (consulté le ), p. 14.
  4. Philippe Couderc, « La vérité sur le Fouquet's », Challenges, (lire en ligne).
  5. Voir sur voyagerpratique.com.
  6. « César 2018 : dans les coulisses du Fouquet's avec Pierre Gagnaire », Le Figaro, (lire en ligne).
  7. « archives monuments historiques », sur archives-ouvertes.fr
  8. Voir sur bfmbusiness.bfmtv.com.
  9. Voir sur capital.fr.
  10. « Monopoly – Lina Renault n’est pas propriétaire du Fouquet’s, elle ne paie pas 30 000 euros », sur Le Monde.fr, .
  11. « Trois modestes retraités officiellement propriétaires », L'Obs, (lire en ligne).
  12. Ariane Chemin et Judith Perrignon, La Nuit du Fouquet's, Fayard, 24 octobre 2007 (ISBN 978-2213635453 et 2213635455).
  13. « Acte XVIII : les forces de l'ordre ont-elles réellement mis le feu au Fouquet's avec des grenades lacrymogènes ? », Libération, (lire en ligne).
  14. « "Gilets jaunes" : le Fouquet's, restera fermé "plusieurs mois" », sur Le Figaro.fr, .
  15. « La brasserie le Fouquet's, dévasté lors des manifestations “gilets jaunes”, rouvrira pour le défilé du 14 juillet », sur Francetvinfo.fr, .
  16. « Le dîner des César au Fouquet's : on y était », sur Le Figaro, .
  17. Hadrien Gonzales, « Les César se régalent au Fouquet's », Le Figaro.fr, 16 février 2015.

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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