Congrégation de Saint-Maur

La Congrégation de Saint-Maur, souvent connue sous le nom de mauristes, est une congrégation de moines bénédictins français créée en 1618, connue pour le haut niveau de son érudition. La congrégation et ses membres tirent leur nom de saint Maur (mort en 565), disciple de saint Benoît auquel on attribue l'introduction en Gaule de la règle et de la vie bénédictines.

Pour les articles homonymes, voir Saint-Maur.

Congrégation de Saint-Maur
Ordre religieux
Type Ordre monastique
Spiritualité Office divin, prière, études
Règle Règle de saint Benoît
Structure et histoire
Fondation 1618 et 1621
Paris
Fondateur Louis XIII, roi de France
Fin 1790
Liste des ordres religieux

L'école historique et critique des bénédictins de Saint-Maur, commencée en 1632 par leur supérieur général Dom Tarrisse, a produit un grand nombre d'auteurs et des centaines de collections monumentales comme Gallia Christiana, L'Art de vérifier les dates, l’Histoire littéraire de la France, l’Histoire générale de Languedoc, dont la valeur d'érudition est omniprésente.

L'abolition des vœux monastiques et la suppression des ordres réguliers hors éducation et œuvres de charité par l'Assemblée constituante (décret du 13 février 1790) met fin à la Congrégation et à ses travaux. Les matériaux qui en restent constituent des centaines de volumes de manuscrits de la Bibliothèque nationale et d'autres bibliothèques en France.

Histoire

Fondation de la congrégation

Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (janvier 2021). 
Pour l'améliorer, ajoutez des références vérifiables [comment faire ?] ou le modèle {{Référence nécessaire}} sur les passages nécessitant une source.

À la fin du XVIe siècle, les monastères bénédictins de France étaient tombés dans la désorganisation et le laxisme. Dans l'abbaye Saint-Vanne de Verdun, une réforme fut initiée par dom Didier de La Cour, et elle s'étendit à d'autres maisons du duché de Lorraine. 1604 vit l'établissement de la congrégation réformée de Saint-Vanne, dont les membres les plus distingués furent Ceillier et Calmet. À partir de septembre 1610 (autorisation royale), un certain nombre de maisons françaises rejoignirent la nouvelle congrégation, mais comme la Lorraine était alors encore indépendante de la couronne de France, on jugea souhaitable de créer sur le même modèle une autre congrégation pour la France.

En août 1618, le roi Louis XIII signa les lettres patentes autorisant la fondation d'une nouvelle congrégation bénédictine placée sous le patronage de saint Maur, premier disciple de saint Benoît et, selon la tradition, introducteur de sa règle en Gaule. En novembre 1618 eut lieu à Paris, dans le monastère des Blancs-Manteaux, le chapitre de fondation, qui élut dom Martin Tesnières comme «président». Le , le pape Grégoire XV promulgua la bulle d'érection de la nouvelle congrégation, appelée officiellement Congregatio sancti Mauri Gallicana Parisiensis[1].

En 1633, la réforme de la congrégation de Saint-Maur est imposée à l'abbaye de Saint-Denis par une sentence du Conseil d'État rendue le 21 juillet. Dès le mois d'août, les moines de la nouvelle congrégation prennent possession des lieux.

Développement de la congrégation

La plupart des monastères bénédictins de France, à l'exception de ceux qui appartenaient à Ordre de Cluny, rejoignirent peu à peu la nouvelle congrégation, qui atteindra son apogée dans les années 1690-1700 avec 190 monastères répartis en 6 provinces (France, Normandie, Bretagne, Gascogne, Chezal-Benoît et Bourgogne). La maison mère était à Saint-Germain-des-Prés, à Paris, c'était la résidence du supérieur général et le centre de l'activité intellectuelle de la congrégation. Le Chapitre général (réuni tous les trois ans) désignait l'ensemble des prieurs locaux (pour au maximum deux mandats triennaux successifs dans le même monastère), les six visiteurs provinciaux, le Supérieur général et ses deux assistants. Chaque province avait son noviciat et ses maisons d'études. Cet aspect organisationnel de la réforme visait à remédier aux effets néfastes du Régime de la commende. Celui-ci attribuait les "bénéfices" (revenus) des abbayes et prieurés à de simples clercs tonsurés devenant ainsi des Abbés ou prieurs "commendataires" qui n'avaient nullement le souci de veiller au respect de la Règle, n'étant pas eux-mêmes moines et ne résidant d'ailleurs pas dans la communauté. Une déliquescence de la vie proprement monastique en était la conséquence.

En adoptant une organisation centralisée, la réforme se démarquait de la Règle de saint Benoît qui impose l'élection directe des supérieurs par les religieux; et le vœu de stabilité par lequel le moine est attaché pour toujours à son monastère de profession. Ce dernier aspect était toutefois tempéré par une stabilité au sein de la Province[1].

Au départ, l'idée principale n'était pas d'entreprendre des travaux littéraires et historiques, mais de revenir à une vie monastique régie par la Règle, les us et coutumes écrites, où la première place revient à la prière communautaire et personnelle. Tout au long de la période la plus glorieuse de l'histoire des mauristes, on n'autorisa pas le travail d'érudition à gêner l'exécution obligatoire de l'Office divin au Chœur, ni les autres devoirs de la vie religieuse. Vers la fin du XVIIIe siècle, une tendance s'insinua quelquefois à desserrer l'observance monastique en faveur de l'étude, mais les constitutions de 1770 montrent qu'un régime proprement monastique fut maintenu jusqu'au bout.

Débats théologiques

L'histoire des mauristes et leurs travaux furent traversés par les controverses ecclésiastiques qui déchirèrent l'Église de France au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. Certains de ses membres s'identifièrent à la cause janséniste, mais la plupart, y compris presque tous les plus grands noms, suivirent une voie moyenne, s'opposant à la théologie morale relâchée, condamnée en 1679 par le pape Innocent XI, et adhérant à des opinions bien fermes sur la grâce et la prédestination associées aux écoles augustinienne et thomiste de la théologie catholique romaine. En même temps, comme toutes les écoles et les facultés de théologie sur le sol français, les mauristes étaient tenus d'enseigner les quatre articles gallicans.

Vers la fin du XVIIIe siècle, rationalisme et libre-pensée semblent avoir envahi quelques-unes des maisons.

La congrégation fut supprimée et les moines dispersés lors de la Révolution.

Le dernier supérieur général, Dom Ambroise Chevreux, est massacré avec 190 autres ecclésiastiques, dont trois évêques, dans la nuit du 2 au 3 septembre 1792 à la prison des Carmes.

Chapitres généraux

(liste non exhaustive)

Travaux

Leur école historique et critique a produit un certain nombre d'ouvrages d'érudition dont la valeur est permanente. Les fondements de cette école ont été posés par Dom Tarrisse, le premier supérieur général, qui en 1632 a donné pour instructions aux supérieurs des monastères d'entraîner les jeunes moines à des habitudes de recherche et de travail organisé. Les pionniers dans cette production ont été Ménard et Luc d'Achery.

La bibliographie mauriste contient au total les noms de quelque 220 auteurs et plus de 700 œuvres. Les œuvres mineures couvrent dans une large mesure les mêmes domaines que ceux qui figurent dans la liste. Ce qui a été produit n'est qu'une partie de ce qui avait été envisagé et préparé.

La Révolution française a mis fin brutalement à de nombreuses entreprises, et les matériaux qui en restent constituent des centaines de volumes de manuscrits de la Bibliothèque nationale de France et d'autres bibliothèques en France. On trouve à Paris 31 volumes de matériaux dus à Berthereau, à l'usage des historiens des croisades, pas un seul n'est en latin ni en grec, mais dans les langues orientales[2],[3] ; c'est de là qu'a été tiré en grande partie le Recueil des historiens des croisades dont 15 volumes in-folio ont été publiés par l'Académie des inscriptions et belles-lettres[4]. Il existe aussi les matériaux préliminaires pour une édition de Rufin et une d'Eusèbe de Césarée, et pour la continuation des Lettres pontificales et des Concilia Galliae. Dom Cafflaux et Dom Villevielle ont laissé 236 volumes de matériaux pour un Trésor généalogique. Ajoutons les Antiquités bénédictines (37 vol.), un Monasticon Gallicanum et un Monasticon Benedictinum (54 vol.) Parmi les histoires des provinces de France, c'est à peine si une demi-douzaine a été imprimée, mais ce qui avait été collecté pour le reste remplirait 800 volumes de manuscrits. Les matériaux pour une géographie de la Gaule et de la France en 50 volumes ont disparu dans l'incendie de la maison mère à Saint-Germain-des-Prés,au cours de la Révolution.

Il s'agit d'une production prodigieuse, si l'on songe qu'elle venait d'une seule société. Les qualités qui ont rendu proverbial le travail des mauristes pour l'érudition sont leur sens critique et leur rigueur.

La congrégation compta parmi ses membres Dom Mabillon, Dom Brial, Dom Liron, Dom Morice, Sainte-Marthe, Maur Dantine, Luc d'Achery, Ambroise Janvier, Dom Wartel, Dom Deschamps, Dom Thierry Ruinart et une foule d'autres savants.

Elle a exécuté les travaux les plus précieux pour l'histoire ecclésiastique et civile, entre autres :

Influence et expansion en France

Île-de-France et limitrophe

Aquitaine

Auvergne

  • Abbaye de Saint-Allyre de Clermont, diocèse de Clermont

Bretagne

Centre

Champagne-Ardenne

Languedoc-Roussillon

Limousin

Midi-Pyrénées

Normandie

Nord-Pas-de-Calais

Pays de la Loire

Picardie

Poitou-Charentes

Provence-Alpes-Côte d'Azur

Rhône-Alpes

Personnalités

Supérieurs généraux

Dom Grégoire Tarrisse, supérieur général de la Congrégation de Saint-Maur.
  • Dom Martin Tesnière (1618-1621), président
  • Dom Colomban Regnier (1621-1624), président
  • Dom Martin Tesnière (1624-1627)
  • Dom Maur Dupont (1627-1630)
  • Dom Grégoire Tarrisse (1630-1648), 1er supérieur général
  • Dom Jean Harel (1648-1660)
  • Dom Bernard Audebert (1660-1672)
  • Dom Vincent Marsolle (1672-1681)
  • Dom Benoît Brachet (1681-1687)
  • Dom Évroult-Claude Boitard (1687-1699)
  • Dom Simon Bougis (1699-1711)
  • Dom Arnoulf de Loo (1711-1714)
  • Dom Charles Petey de L'Hostallerie[7] (1714-1720), 9e supérieur général
  • Dom Denis de Sainte-Marthe (1720-1725)
  • Dom Pierre Thibault (1725-1729)
  • Dom Jean-Baptiste Alaydon (1729-1733)
  • Dom Hervé Menard (1733-1736)
  • Dom Claude Dupré (1736- abbaye Saint-Germain-des-Prés, le 30 décembre 1736)[8]
  • Dom René Lanneau (1737-1753)
  • Dom Jacques Nicolas Maumousseau (1754-1756)
  • Dom Marie-Joseph Delrue (1756-1766)
  • Dom Pierre-François Boudier (1766-1772)
  • Dom René Gillot (1772-1778)
  • Dom Charles Lacroix (1778-1781)
  • Dom Chartié-Mousso (1781-1783)
  • Dom Ambroise Chevreux (1783-1792)

Personnalités marquantes

Par ordre chronologique de la date de décès (à compléter)
PrénomNomAnnée de
naissance
Année de
décès
Description
Dom Nicolas-HuguesMénard15851644
Dom AnselmeLe Michel16011644Pilier de la première érudition mauriste, mais religieux problématique.
Dom GrégoireTarrisse1648Premier « supérieur général » de la congrégation.
Dom PhilbertOudin1650Socius de Dom Anselme Le Michel ; deposuit habitum en 1650.
Dom Germain (Claude)Espiard160016??
Dom AmbroiseJanvier16131682
Dom Luc d' Achery16091685
Dom JacquesDu Frische16401693
Frère LouisBulteau16251693
Dom ClaudeBretagne16251694
Dom ClaudeMartin1619
(2 avril)
1696Né à Tours, fils de la bienheureuse Marie de l'Incarnation.
Dom RobertWiard (Wyart, Wuyard, Guiard ou Huyard)[9]1638
(17 avril)
1714
(23 mai)
Né à Étaples (Pas-de-Calais), fils de Jean Wyart, mayeur de la ville, et mort à Saint-Valery (Somme) ; écrivit l'histoire de plusieurs abbayes.
Dom ClaudeEstiennot de la Serrée16391699
Dom EustacheEstiennot de la Serrée1643 (vers)1700 (après)Frère de Claude Estiennot de la Serrée, procureur de l'abbaye Saint-Bénigne à Dijon.
Dom PaulBriois16661700Socius de Dom Bernard de Montfaucon
Dom NoëlMars16121702Né à Orléans, historien.
Dom JeanMabillon16321707
Dom ThierryRuinart16571709
Dom SimonBougis16301714Abbé et supérieur général de la Congrégation.
Dom RobertGuérard16411715
Dom MichelFélibien16661719
Dom PierreCoustant16541721
Dom Denis deSainte-Marthe16501725Père abbé.
Dom Jean-MaurAudren de Kerdrel16511725
Dom Guy AlexisLobineau16261727
Dom NicolasAlexandre16541728Médecin.
Dom FrançoisLouvard16611729
Dom ClaudeDeVic16701734
Dom EdmondMartène16541739
Dom Charles deLa Rue16841740
Dom Bernard deMontfaucon16551741
Dom Jacques ÉtienneDuval17051742
Dom MaurDantine16881746
Dom JeanLiron16651748
Dom Jean-PhilippeLe Cerf de La Viéville16771748
Dom Pierre-HyacintheMorice de Beaubois16931750
Dom JacquesMartin16841751
Dom JosephVaissète16851756
Dom Vincent deLa Rue17071762
Dom PierreCarpentier16971767
Dom UrsinDurand16821771
Dom Léger MarieDeschamps17161774
Dom René ProsperTassin16971777
Dom CharlesClémencet17031778Professeur de rhétorique puis historien.
Dom FrançoisBédos de Celles17091779Facteur d'orgues et gnomoniste.
Dom AmbroiseChevreux17281792Dernier supérieur de la Congrégation, béatifié.
Dom Louis Barreau deLa Touche1792Béatifié.
Dom Jacques-LouisLe Noir17201792
Dom George FrançoisBerthereau17321794
Dom Jean-PierreDeforis17321794
Dom Antoine-JosephPernety176?1796
Dom GermainPoirier17241803Membre de l'académie des inscriptions et belles-lettres.
Dom Michel Jean JosephBrial17431828
Dom Charles-Joseph deBévy17381830Père abbé.

Notes et références

  1. « Abbayes et prieurés bénédictins mauristes », sur www.mauristes.org (consulté le )
  2. « Français 9050-9080 », sur Bibliothèque nationale de France.
  3. Paul Riant, « Inventaire des matériaux rassemblés par les Bénédictins au XVIIIe siècle pour la publication des historiens des Croisades (Collection dite de Dom Berthereau, Paris, Bibl. nat. fr-9050-9080) », dans Archives de l'Orient latin, 1882, tome II, p. 105-130.
  4. Henri Dehérain, « Les origines du recueil des "historiens des croisades" », dans Journal des savants, septembre-octobre 1919, p. 260-266 lire en ligne.
  5. Dom Tassin, « Histoire littéraire de la Congrégation de Saint-Maur », 1884.
  6. « Histoire de Montolieu », sur montolieu-livre.fr (consulté le ).
  7. Dom Paul Denis, « Dom Charles de l'Hostallerie, 9e Supérieur général de la congrégation de Saint-Maur (1714-1720) Sa vie et ses lettres », dans Revue Mabillon, 1908, p. 3-65, p. 336-403, p. 429-458.
  8. Gazette de France, vol. 2, 1767, p. 114.
  9. Voir sur data.bnf.fr.

Voir aussi

Sources et bibliographie

  • Y. Chaussy, Les Bénédictins de Saint-Maur, 2 vol., Paris, Institut d'études augustiniennes, 1989 et 1991, 384 p. et XIV-228 p.
  • Dom René Hesbert, « La congrégation de Saint-Maur », dans Revue Mabillon, avril-septembre 1961, p. 109-156 [lire en ligne]
  • G. Jacquemet (dir.), Catholicisme hier aujourd’hui demain, vol. 8, Paris, [détail des éditions], col. 966-980
  • René-Prosper Tassin, Histoire littéraire de la Congrégation de Saint Maur, ordre de Saint Benoît, Paris, Humblot, 1770, 800 p. [lire en ligne]

Articles connexes

Lien externe

  • Portail du catholicisme
  • Portail du monachisme
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.