Maur (saint)
Saint Maur ou Amaury, Amalric, Maura, Morane, Mauro est né à Rome vers 512 et mort vers 584. Premier des disciples de saint Benoît de Nursie, il est le saint patron des charbonniers, des chaudronniers, des fossoyeurs. Il est fêté le 15 janvier[1].
Pour les articles homonymes, voir Saint Maur (homonymie).
Histoire et tradition
Fils d'Equitius, sénateur romain, il fut confié à saint Benoît, dont il devint le plus proche disciple et vécut avec lui à l'abbaye du Mont-Cassin. Selon la légende, saint Benoît l'envoya en Gaule où il fonda l'abbaye de Glanfeuil, première abbaye bénédictine d'Anjou.
Ce saint chrétien est mentionné dans la biographie de saint Grégoire le Grand en tant que premier oblat ; jeune garçon, il est offert au monastère par ses parents nobles romains pour être éduqué dans la vie monastique.
Quatre histoires impliquant Maurus raconté par Grégoire ont formé un modèle pour la formation idéale d'un moine bénédictin. Le plus célèbre de ces derniers implique saint Maurus dans le sauvetage de saint Placide, un plus jeune garçon offert à saint Benoît en même temps que saint Maurus.
L'évènement a été reproduit dans beaucoup de peintures médiévales et de la Renaissance.
Une longue Vie de saint Maur est apparue vers la fin du IXe siècle, supposément composée par un contemporain de saint Maur.
Selon ce texte, l'évêque du Mans, en Francie occidentale, a envoyé une délégation à saint Benoît demandant un groupe de moines de la nouvelle abbaye du Mont-Cassin afin d'établir la vie monastique en France selon la règle de la saint Benoît.
La Vie raconte le long voyage de saint Maur et de ses compagnons d'Italie en France, accompagné de beaucoup de miracles et d'aventures, telles que comment saint Maur est transformé du disciple obéissant de Benoît en homme saint puissant et faiseur de miracles de plein droit.
Selon ce texte, après le grand voyage, saint Maur a fondé Glanfeuil comme premier monastère bénédictin en France. Glanfeuil fut établi sur la rive sud du fleuve de la Loire, quelques lieues à l'est d'Angers. On y retrouve encore, la nef de l'église datant du XIIIe siècle ainsi que quelques vignes. Le raisin de chenin aurait d'ailleurs été cultivé pour la première fois dans ce monastère.
Les disciples croient à présent que cette vie de Maurus serait une contrefaçon du IXe siècle, rédigée par un abbé de Glanfeuil, appelé Odo. Comme cela a été le cas pour les vies de beaucoup d'autres saints dans l'empire carolingien, la vie de Maurus aurait été rédigée afin de populariser les cultes des saints locaux.
Les os de saint Maur auraient été trouvés à Glanfeuil par un des prédécesseurs immédiats d'Odo. Au milieu du IXe siècle, l'abbaye devient un lieu de pèlerinage local, concurrençant les abbayes voisines de Fleury — qui a prétendu détenir les os de saint Benoît lui-même — et du Mans — qui aurait obtenu les os de la sœur de saint Benoît, sainte Scolastique.
Odo et les moines de Glanfeuil sont obligés de fuir vers Paris face aux attaques des Vikings le long du Loire. Là Odo rétablit le culte de saint Maur à l'abbaye parisienne de Saint-Pierre-des-Fossés, renommée plus tard Saint-Maur-des-Fossés. Le culte de saint Maur s'est lentement propagé à tous les monastères de France et est adopté au XIIe siècle par le mont Cassin en Italie, avec un culte rétabli de saint Placide.
À la fin du Moyen Âge, le culte de saint Maur, souvent lié à saint Placide, se propage à tous les monastères bénédictins. Il est parfois associé au semi-légendaire saint Amaro, que l'on dit avoir voyagé au paradis terrestre.
Au XVIIIe siècle, le culte de saint Maur est déplacé à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Il reste un centre religieux populaire jusqu'à ce que les reliques soient dispersées par la foule parisienne pendant la Révolution française.
Saint Maur est toujours vénéré par les congrégations bénédictines aujourd'hui ; beaucoup de moines adoptant son nom et consacrant des monastères à son patronage, en dépit des doutes des disciples au sujet des événements prodigieux qui ont accompagné sa vie.
Attributs et Iconographie
Dans l'art, il est dépeint en tant que jeune moine, tenant la crosse abbatiale et une pelle (une allusion aux Fossés du nom du monastère).
Un autre des attributs du saint est la béquille, en référence à son patronage des estropiés. Il est invoqué contre le rhumatisme, l'épilepsie et la goutte. Il est également parfois montré avec une balance, une référence à la balance employée pour mesurer la nourriture, que Benoît lui donnait. Les moines de Saint-Maur-des-Fossés ont exhibé cet instrument tout au long du Moyen Âge.
Le thème de saint Maur sauvant saint Placide de la noyade est fréquemment représenté dans la haute Renaissance :
- Saint Benoît bénissant saint Maur pour avoir empêché Placide de se noyer de Spinello Aretino - 1390 - se trouve à Florence.
- Une œuvre de Fra Filippo Lippi sur le même thème a été réalisée en 1445.
- Un panneau de prédelle réalisé par Bartolomeo di Giovanni, Maur sauve Placide de la noyade (32 × 30 cm, détrempe sur bois, v. 1490), est conservé à la Galerie des Offices à Florence[2].
Dicton
S'il gèle le jour de la Saint-Maur, la moitié de l'hiver est dehors.
Notes et références
- Nominis : Saint Maur
- Mina Gregori, Le Musée des Offices et le Palais Pitti : La Peinture à Florence, Editions Place des Victoires, (ISBN 2-84459-006-3), p. 105
Bibliographie
- Rosa Giorgi; Stefano Zuffi (ed.), Saints in Art (Los Angeles: Getty Publications, 2003), 272.
- John B. Wickstrom: "Text and Image in the Making of a Holy Man: An Illustrated Life of Saint Maurus of Glanfeuil (MS Vat. Lat. 1202), Studies in Iconography 14(1994), 53-85.
Liens externes
- (en) Maurus dans la Catholic Encyclopedia
- abbaye.net - Abbayes françaises et francophones
- La Sainte Règle de Saint Benoît
- Benedictine College - Dynamically Catholic, Benedictine, Liberal Arts, and Residential
- Portail du catholicisme
- Portail du christianisme
- Portail du monachisme
- Portail du haut Moyen Âge