Patronage
Un patronage est une forme d'initiative destinée à remplir une mission de service quasiment publique, car tendant à protéger ou à venir en aide à une cause réelle et tangible ayant des fondements à la fois moraux, économiques, sociaux et culturels.
Pour les articles homonymes, voir Patronnage.
Historique
En France, l'origine des patronages remonte au développement de l'organisation de protection à la fois de l'Église et des corporations, plaçant certaines de leurs structures sous la protection d'un saint patron. Par extension, le terme « patronage », ou parfois aussi simplement patro, désigne le local où se réunissent ceux qui en bénéficient.
Avec les progrès de l'industrialisation et devant le surmenage, ou l'indifférence des pouvoirs publics, les patronages ecclésiastiques connaissent un fort développement, du fait l'augmentation des enfants démunis voire orphelins.
Pendant la 2e moitié du XIXe siècle, les patronages encadrent localement de nombreux enfants et jeunes issus de milieux populaires ainsi que des orphelins. Le mouvement prend de l'ampleur au début du XXe siècle mais sans coordination nationale notable. Il existe alors des patronages de filles et de garçons, qui sont laïcs, privés, paroissiaux mais aussi municipaux. L'apogée de ce mouvement d'éducation populaire se place entre 1945 et 1950.
Diverses activités (sorties, jeux collectifs, etc.) sont organisées pour les enfants le jeudi après-midi (puis le mercredi après-midi), jour de congé scolaire. Les samedis et dimanches sont plus rarement occupés. Certains patronages développent plus particulièrement les arts comme le théâtre puis le cinéma paroissial et un sport comme la boxe, le basket-ball ou le football.
Il subsiste encore au XXIe siècle des patronages en France, qu'ils soient laïcs ou religieux. Les centre de vacances et de loisirs sont considérés en partie comme leurs successeurs.
Objectifs
À leur début, ces patronages répondent à deux objectifs concernant les jeunes :
- apporter une aide matérielle et/ou morale à des enfants démunis, les éduquer, les former et placer ces jeunes issus de milieux défavorisés. Cela se fait au sein de patronages scolaires ouverts aux enfants orphelins ou apprentis ;
- recevoir les enfants et les adolescents durant leurs loisirs et leur apporter — dans un but de formation morale, physique et sociale — des activités sportives et éducatives distrayantes : « les patronages laïcs cherchent à créer un cadre agréable pour les activités des enfants. Ils emploient des moyens éducatifs et pédagogiques adaptés, organisent des jeux et excursions[1] », « L’œuvre du patronage des jeunes ouvrières […] s'occupe du placement des jeunes filles après leur première communion, règle les conditions de leur apprentissage, donne à chacun d'entre elles une dame patronnesse et leur offre le dimanche, chez les sœurs, l'instruction religieuse et quelques délassements[2] ».
Les patronages paroissiaux
Les premiers patronages sont des œuvres catholiques attachées alors à l'éducation et loisirs des jeunes gens. Celles-ci apparaissent aux limites des XIXe et XXe siècles dans les divers pays d'Europe — en particulier sous le vocable d'Orel dans les provinces de l'Empire austro-hongrois — mais le terme de patronage reste bien attaché à la Belgique et plus encore à la France.
En France
En France, les patronages paroissiaux voient le jour avec la fondation des ordres mendiants.
Les ordres mendiants, soutenus dès leur origine par le pape Innocent III, se consacrent à la prédication de l'Évangile et au service des pauvres. Plus important que la prédication est cependant leur témoignage de vie, à la suite du Christ pauvre.
Les deux principaux ordres furent fondés par Saint Dominique (« Dominicains ») et Saint François d'Assise (« Franciscains »). Respectivement implantés dans le Sud de la France et dans le Nord de l'Italie, ils proposèrent un modèle de service de Dieu au sein de la société.
Ils attirèrent rapidement le patronage, tant de la bourgeoisie que de l'aristocratie. Leur action se développa rapidement dans les villes dont l'accroissement de la population nécessitait une prédication et une approche pastorale adaptées.
Au XIXème siècle, à la fin du Consulat avec l’abbé Jean-Joseph Allemand, à Marseille. L’idée est reprise, en 1820, par l’abbé Joseph-Marie Timon-David et se développe ensuite largement au sein des congrégations : les Frères des écoles chrétiennes, les Salésiens de Jean Bosco, les Religieux de Saint Vincent de Paul de Frédéric Ozanam, le Tiers-Ordre dominicain puis plus tardivement chez les Fils de la charité au début du XXe siècle.
Parallèlement au catholicisme social, ces institutions se développent en France dans les paroisses à la fin du XIXe siècle pour donner naissance à une fédération sportive en 1898, quelques années après la Belgique. Cette fédération devient en 1903 la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France et, à partir de 1968, la Fédération sportive et culturelle de France. En 1905, avec la loi de séparation des Églises et de l'État, les patronages adoptent le statut d'associations loi de 1901. Ils connaissent ensuite un développement très important entre les deux guerres et après 1945 ; mais à partir de 1965, les choix pastoraux de l’Église de France les contraignent à la laïcisation et les patronages actuels ne sont le plus souvent que des associations sportives et culturelles laïques qui restent cependant attachées à leurs références originelles pour le plus grand nombre d'entre elles.
Quelques patronages français célèbres
Plusieurs grands clubs sportifs français ont pour origine des patronages catholiques, parmi lesquels :
- l'AJ Auxerre, créée par l'abbé Deschamps qui a laissé son nom au stade bourguignon ;
- le Cercle Saint-Pierre de Limoges, né du patronage de la paroisse de Saint-Pierre du Quérois ;
- l'Élan Béarnais Pau-Orthez ;
- la Jeune-France de Cholet issue du Patronage Notre-Dame-de-la-Garde de Cholet et qui a donné naissance à Cholet Basket.
- Le patronage du Bon Conseil[3] à Paris dans le 7e arrondissement, créé par l'abbé Esquerré en 1894.
Au Canada
La désignation "patronage" est généralement remplacée par le terme "PATRO". Au Canada, on retrouve actuellement sept patro. On peut retrouver leur historique sur la page d'accueil de la Fondation des Patro[4]. Les sept patro sont:
- Patro Roc-Amadour[5] (Ville de Québec, secteur Limoilou)
- Patro Laval[6] (Ville de Québec, secteur Basse-Ville)
- Patro de Charlesbourg[7] (Ville de Québec, secteur Charlesbourg)
- Patro de Lévis[8] (Ville de Lévis)
- Patro de Jonquière[9] (Ville de Saguenay, secteur Jonquière)
- Patro Le Prévost[10] (Ville de Montréal, secteur Villeray)
- Patro d'Ottawa[11] (Ville de Ottawa, secteur centre-ville)
Notes et références
- Pierre Laroque, Les institutions sociales de la France, La Documentation Française, 1980
- Dictionnaire de la langue française XIXe siècle, Éditions Larousse
- « Le Bon Conseil », sur www.bonconseil.org (consulté le )
- « Fondation des Patro », sur www.patro.ca (consulté le )
- « Patro Roc-Amadour », sur www.patro.roc-amadour.qc.ca (consulté le )
- « Milieu de vie qui m'anime », sur Patro Laval (consulté le )
- « Patro Charlesbourg », sur www.patrocharlesbourg.net (consulté le )
- « Patro de Lévis », sur Votre Patro ! (consulté le )
- « Patro Jonquière », sur www.patrojonquiere.org (consulté le )
- « Accueil - Patro Le Prevost », sur www.patroleprevost.qc.ca (consulté le )
- « Patro-ottawa.com », sur monsite (consulté le )
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- Gérard Cholvy (sous la direction de), Mouvements de jeunesse chrétiens et juifs, sociabilité juvénile dans un cadre européen. 1789 - 1968, Paris, Cerf, 1985, 435 pages.
- Gérard Cholvy, « Patronages et œuvres de jeunesse dans la France contemporaine », Revue d'histoire de l'Eglise de France, tome LXVIII, n° 181, juillet-, pp.235-256.
- Gérard Cholvy (sous la direction de), Le patronage, ghetto ou vivier? Actes du colloque des 11 et , Paris, Nouvelle Cité, 1988, 369 pages.
- Vincent Feroldi, La force des enfants. Des Cœurs Vaillants à l'A.C.E., Paris, Les éditions ouvrières, 1987, 336 pages.
- Michel Launay, Pierre Pierrard, Rolande Trempé, La J.O.C., regards d'historiens, Paris, Éditions ouvrières, 1984, 235 pages.
- Francis Lebon, Du patronage au centre de loisirs, Paris, L'Harmattan, 2005.
- Jean Millet, « En 1939, à quatorze ans, j'entre à la JOC », Autrement, numéro 8, , pp.56-61.
- Charles Molette, L'A.C.J.F. 1886-1907. Une prise de conscience du laïcat catholique, Paris, Armand Colin, 1968, 807 pages.
- Yvon Tranvouez, « Les "patros" revisités », Vingtième siècle, revue d'histoire, octobre-, pp.106-109.
- Vincent Vier, Championnet (1919-1939) : Un patronage de jeunesse au XXe siècle, Université P.M.F., I.E.P., Grenoble, 1992, 215 pages.
- Sport, culture et religion. Les patronages catholiques (1898-1998), Centre de recherche bretonne et celtique, 1999.
- (en) Laura Lee Downs, Childhood in the Promised Land: Working-Class Movements and the Colonies de vacances in France de 1880 à 1960, Duke University Press, 2002.
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