Ordre des Frères mineurs

L'ordre des Frères mineurs (O.F.M.) (en latin : ordo fratrum minorum), dont les membres sont couramment appelés franciscains, est un ordre religieux catholique né en Italie sous l'impulsion de saint François d'Assise en 1210. À l'imitation du Christ, les membres tentent de vivre une vie de grande pauvreté et simplicité évangélique. Insistant sur l'aspect de fraternité dans leur vie les franciscains ont choisi de s'appeler « frères ». Aujourd'hui, la majorité d'entre eux sont prêtres.

« Franciscain » redirige ici. Pour les autres significations, voir Franciscain (homonymie).

Ordre des Frères mineurs
(Franciscains)

Armoiries de l'ordre des Frères mineurs
Ordre religieux
Type Ordre religieux, ordre mendiant
Spiritualité Franciscaine
Structure et histoire
Fondation 1210
Fondateur François d'Assise
Abréviation O.F.M.
Site web ofm.org
Liste des ordres religieux

Quatre penseurs ont marqué l'histoire des franciscains : saint Bonaventure de Bagnoregio, Roger Bacon, Jean Duns Scot et Guillaume d'Ockham.

Saint François d'Assise et la fondation de l'Ordre des frères mineurs

Saint François d'Assise à genoux, de Francisco de Zurbarán (Londres, National Gallery).

Saint François d'Assise est un jeune homme issu d'une riche famille marchande — son père vend des tapis jusqu'en France, d'où le prénom de Francesco — qui mène une jeunesse dissipée. Il veut devenir chevalier et se fait emprisonner un an, à la suite d'une guerre entre sa ville, Assise, et la ville voisine de Pérouse. À la suite de sa détention, il tombe gravement malade et se convertit.

Il crée en 1209 une confrérie primitive, fondée sur la pauvreté totale et la prédication. Ses premiers compagnons sont Bernard de Quintavalle et Pierre de Catane. Saint François envoie ses confrères deux par deux dans toutes les régions autour d'Assise. Les frères vivent du travail de leurs mains et de l'aumône. Très vite, la communauté rencontre un très grand succès.

En 1210, le pape Innocent III (dont le nom est choisi pour honorer les chrétiens tués sans raison) approuve verbalement la nouvelle communauté. Saint François choisit le nom de frères mineurs par référence aux « plus petits d'entre nous » dont parlent les Évangiles (Mt 25:40-45). En 1212, il est rejoint par sainte Claire, jeune fille d'une noble et riche famille, qui a été convertie par François. Ce sera la fondation de l'ordre des Pauvres Dames, les Clarisses, second ordre franciscain. En 1221, les franciscains s'agrandissent par la fondation du tiers-ordre, réservé aux séculiers. Saint François étend ainsi l'idéal biblique à tous et permet à chacun de se reconnaître dans le Christ sans renoncer au monde séculier.

En 1217, une première organisation est donnée à l'ordre : l'Italie est découpée en provinces, chacune ayant à sa tête un « ministre provincial ». François s'oppose à toute forme d'organisation plus poussée. Parallèlement, des groupes de missionnaires sont envoyés en Palestine. Saint François lui-même part, laissant l'ordre entre les mains de deux vicaires généraux, parmi lesquels Pierre de Catane. Ceux-ci décident Honorius III à publier une bulle imposant un noviciat d'un an, une profession de vœux formelle et un contrôle de la prédication.

À son retour en 1220, saint François s'oppose à ces changements. Contraint de donner une constitution formelle à l'ordre, il rédige la Regula Prima. Elle est basée sur le respect total des enseignements de Jésus-Christ. Jugée trop longue et trop stricte, elle est remplacée en 1223 par une seconde règle, elle aussi de la main de saint François, approuvée par la bulle Solet Annuere d'Honorius III, d'où son nom de Regula bullata[1]. Cette règle beaucoup moins sévère est rédigée à la suite de tensions à l'intérieur de l'Ordre : une partie des frères considère que la pauvreté évangélique est trop dure à supporter et souhaite posséder des couvents ou encore des livres. Finalement saint François cède sous la pression de frère Hugolin et frère Élie. Il écrit en 1225 le Cantique de Frère Soleil. Il aurait reçu les stigmates de la Passion du Christ peu de temps avant sa mort.

En 1220, saint François avait quitté la tête de l'ordre, et l'avait confié à Pierre de Catane, devenu son vicaire. À la mort de ce dernier en 1221, le vicariat passe à Élie de Cortone. Saint François d'Assise meurt en 1226, laissant un Testament où il professe son attachement à la pauvreté évangélique. En 1227, Élie de Cortone convoque un chapitre général, qui élit Giovanni Parenti (en) ministre général.

L'ordre des frères mineurs est le seul mouvement religieux chrétien pour lequel on peut parler d'une capitale, Assise, et d'un centre, l'Ombrie, du fait de l'empreinte laissée par François dans ces lieux[2].

Liste des premiers frères Franciscains cités dans le récit des Fioretti de Saint François d'Assise
  • Frère Jean de La Chapelle, chapitres 1., 31.
  • Frère Gilles d'Assise, chap. 1., 4., 6., 26., 28., 34., 48.
  • Frère Philippe le Long, chap. 1., 45.
  • Frère Sylvestre, chap. 1., 2., 16.
  • Frère Bernard de Quintavalle, chap. 1., 2., 3., 4., 5., 6., 26., 28.
  • Frère Rufin d’Assise (cousin de sainte Claire), chap. 1. 29., 30., 31.
  • Frère Elie, chap. 4., 6., 31., 38.
  • Frère Massée de Marignano, chap. 4., 10., 11., 12., 13., 16., 29., 32.
  • Frère Léon, chap. 8., 9., 30., 36.
  • Frère Ange Tancrède de Rieti, chap. 16.
  • Frère Jacques de la Massa (de Massa Fermana), chap. 16., 41., 48., 51.
  • Le Jeune garçon (Fanciullo) appartenant à l’ordre. chap. 17.
  • Pellegrino de Falerone, frère de la Marche d’Ancône et pèlerin, et Richer de Muccia, (aussi Ricerius de Marchia) frère et ministre de la Marche d’Ancône, chap. 27
  • Frère Jacques de Falerone, chap. 32., 51.
  • Saint Antoine de Padoue, chap. 39., 40.
  • Frère Simon d’Assise, chap. 41.
  • Frère Bentivoglia de San Severino Marche, chap. 42.
  • Frère Massée de San Severino Marche, chap. 42.
  • Frère Pierre de Monticello (près de Todi), chap. 42., 44.
  • Frère Servadeo d'Urbino, chap. 42.
  • Frère Conrad d'Offida (couvent de Sirolo), chap. 42., 43., 44.
  • Frère Lucide l’Ancien de Monterubbiano, chap. 42., 48., 51.
  • Frère Jean de la Penna San Giovanni, chap. 45.
  • Frère Hugolin de Fabriano (frère jumeau de frère Jacques de la Marche), chap. 45.
  • Frère Matthieu de Monterubbiano, Ministre de la Marche d’Ancône, chap. 45., 48., 51.
  • Frère Humble et frère Pacifique de la Marche d'Ancône, chap. 46.
  • Un frère du couvent de Soffiano près de Sarnano, (probablement Liberato de Lauro), chap. 47.
  • Frère Marc de Montino, chap. 48.
  • Frère Junipère, chap.48.
  • Frère Jean de Parme, Ministre général au chapitre de Lyon, chap. 48.
  • Frère Jean de l’Averne, (ou Jean de Fermo) (1259-1322) , et les chanoines de saint Pierre de Fermo, chap. 49., 50., 51., 52., 53.

La querelle des spirituels

Bulle Vobis extremam patientibus d’Innocent IV autorisant les franciscains à séjourner et exercer leur ministère en tous lieux frappés d'interdit. Acte scellé d'une bulle de plomb à Rome, . Archives nationales.

Dès la mort du fondateur, les conflits éclatent. En 1230, le pape Grégoire IX dispense les franciscains de suivre le testament du fondateur. L'ordre est normalisé par saint Bonaventure, ministre général de 1257 à 1274 : on insiste moins sur la pauvreté et on s'intéresse aux activités intellectuelles et pastorales.

Une tendance s'oppose à cette évolution et tient à conserver la pauvreté absolue vantée par saint François d'Assise. Ce sont les Spirituels, aussi appelés zelanti en Italie ; les plus extrémistes d'entre eux formeront le groupe des fraticelles, très marqués par la pensée eschatologique et apocalyptique de Joachim de Flore. Leurs foyers spirituels se situent dans le Languedoc (Pierre-Jean Olieu, ou Pierre de Jean Olivi), en Toscane (Ubertin de Casale) et dans les Marches (Ange Clareno, Pierre de Macerata).

C'est pourquoi ils sont vite accusés d'hérésie. En 1323, le pape Jean XXII règle la question de la pauvreté en déclarant par sa bulle Cum inter nonnullos que la pauvreté de Jésus et des apôtres n'a pas été absolue. Bon nombre de spirituels sont emprisonnés et les fraticelles sont livrés à l'Inquisition ; et les meneurs meurent sur le bûcher ou en prison au XIVe siècle. Les spirituels renaissent cependant sous la forme des frères mineurs observants (fusion de diverses branches, les claréniens, colettan, amadéens, etc.), famille créée en 1517 par la bulle Ite et vos du pape Léon X[3].

Description

Un franciscain au XVIIIe siècle.

Les franciscains portaient un froc de laine gris, avec une ceinture de corde et un capuchon court et arrondi. Ils avaient le droit de se livrer dans leurs églises à la confession et à la prédication. Ces religieux, protégés par les papes, se répandirent par toute l'Europe, et comptèrent bientôt des milliers de couvents, enrichis par la pitié des fidèles.

Rivalités avec les Dominicains

Les franciscains étaient en rivalité avec l'ordre des Prêcheurs (les dominicains), surtout depuis leur introduction dans les chaires de l'université de Paris.

Dans le domaine de l'enseignement de la philosophie et de la théologie, les deux ordres eurent pour principaux guides : chez les franciscains Duns Scot, chez les dominicains saint Thomas d'Aquin, qui pendant longtemps divisèrent l'école en scotistes et thomistes. Ces deux ordres mendiants, fondés au XIIIe siècle, restèrent en opposition pour obtenir la mainmise sur l'Inquisition, notamment en Provence[4] et à Florence en Toscane.

Communautés

Cet ordre a donné naissance à une foule de communautés particulières, soit d'hommes, soit de femmes.

Les plus connues sont :

En 1221, saint François avait fondé en outre un tiers-ordre pour les laïcs qui voulaient être associés au mode de vie évangélique des frères mineurs (quelques membres déviants de cet ordre sont les béguards), et des religieux : le tiers-ordre régulier, comme les picpus, ainsi appelés du monastère de Picpus, près de Paris, où ils s'établirent.

La totalité des religieux des deux sexes de Saint-François était au XVIIe siècle de 115 000 moines et de 28 000 nonnes, répartis dans 8 000 couvents.

Ils disparurent de France, avec les autres ordres religieux, à la suite du décret du qui interdit les vœux monastiques et supprima les ordres religieux réguliers[5], mais ils subsistèrent au XIXe siècle en Europe, surtout en Italie, au Proche-Orient et en Amérique du Sud. Les capucins et les franciscains reparurent en France à partir de 1850.

Gardiens des Lieux saints

En vertu de deux bulles du pape Clément VI en 1342, Gratias agimus et Nuper carissimae[6], les franciscains de Terre sainte revendiquent la « garde des Lieux saints ». Ce privilège s'explique par le rôle pacificateur joué par saint François d'Assise lors de la cinquième croisade en 1219[7].

Ainsi, depuis le XIVe siècle, les franciscains sont les gardiens de nombreux sanctuaires en Terre sainte, dont le Saint-Sépulcre à Jérusalem.

Composition actuelle

Aujourd'hui, la famille franciscaine se décompose ainsi :

  • Tiers-ordre :
    • Tiers-ordre régulier : fraternités régulières (sœurs franciscaines ou prêtres) depuis 1221 (environ 850 membres).
    • Tiers-Ordre séculier : fraternités séculières (laïcs, célibataires ou mariés, prêtres diocésains).

Actualités de la famille franciscaine

En juin 2015, le pape François approuve la béatification de 26 membres de l'Ordre tués par les Républicains espagnols lors de la Guerre civile espagnole.

Franciscans International

Franciscans International est une organisation non gouvernementale (ONG) créée en 1984 et dotée du statut consultatif (catégorie générale) auprès de l'Organisation des Nations unies (ONU). Elle est le porte-parole de la Famille franciscaine dans le monde entier. Elle est au service des sœurs et des frères et étend son engagement à toute la communauté humaine en intégrant les valeurs spirituelles, éthiques et franciscaines aux forums et programmes des Nations unies.

Papes franciscains

  • Alexandre V (1409), est aujourd'hui considéré comme un antipape.
  • Sixte IV (1471-1484), maître de l'Ordre.
  • Sixte V (1585-1590), vicaire général de l'Ordre.
  • Clément XIV (1769-1773).
  • Pie XI (1922-1939), était membre du tiers ordre.

Le pape François a choisi son nom en hommage à saint François, le premier à avoir agi ainsi, mais est issu de la Compagnie de Jésus. Il est pape à partir de 2013.

Personnalités

Franciscains français

Armoiries de l'ordre des Frères mineurs

Armes des Franciscains.

Les premières armoiries de l'ordre des Frères mineurs apparaissent au XIVe siècle. Elles se composent des cinq plaies du Christ[8] souvent représentées par des lames de feu. À la fin du XVIe siècle, un nouvel emblème franciscain apparaît, appelé « conformités », dont l'écu montre deux bras passés en sautoir de carnation et stigmatisés de gueules, hissant d’une nuée d’azur clair et brochant sur une croix haute de tanné (croix de calvaire). Le bras nu est celui du Christ ; le bras couvert d'une manche de bure, celui de saint François[9]. L'écusson central peut combiner différents insignes de l'ordre (cinq plaies, bras en sautoir, croix de la custodie franciscaine de Terre sainte, séraphin à six ailes)[10]. Le blason peut être timbré par le cœur du Christ traversé des trois clous de la Passion et auréolé de la couronne d'épine.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Franciscains. La famille multiple de saint François, Cerf, coll. « Semeurs », Paris, 1981.
  • Franciscains d'Oc, les Spirituels : ca. 1280–1324, Privat, Cahiers de Fanjeaux, no 10 (1995), Toulouse.
  • (en) R. Brooke, Early Franciscan Government. Elias to Bonaventura, Cambridge University Press, Cambridge, 1959.
  • T. Desbonnets, De l'intuition à l'institution, Le Cerf et les Éditions franciscaines, Paris, 1983.
  • (en) J.R.H. Moorman, A History of the Franciscan Order from its Origins to the Year 1517, Clarendon Press, Oxford, 1968
  • Umberto Eco, Le Nom de la rose, 1980 (roman).
  • W. Van Dijk, Franciscains, in Encyclopedia universalis, t. IX, Paris, 1990, p. 931-932.
  • L.-E. Ghesquières, Tiers Ordre séculier, in Catholicisme hier – aujourd’hui – demain de G. Jacquemet, t. XIV, Paris, Letouzey et Ané, 1996, p. 1247-1249.
  • L. Iriarte, L'Histoire du Franciscanisme, Paris, Éd. franciscaines, Cerf, 2004, 670 p.
  • G.G. Merlo, Au nom de saint François. Histoire des Frères mineurs et du franciscanisme jusqu'au début du XVIe s, Paris, Éd. franciscaines, Cerf, 2006, 414 p.
  • L'Homéliaire de Jean Vitrier. Spiritualité franciscaine en Flandre au XVIe siècle. Texte, étude thématique et sémantique, coll. Travaux d'humanisme et Renaissance, CXVI, Genève, Librairie Droz, 1971.
  • Giacomo Todeschini, Richesse franciscaine. De la pauvreté volontaire à la société de marché, éd. Verdier, 2008.
  • André Vauchez, François d'Assise, Fayard, , 548 p. (ISBN 978-2-213-61886-9).
  • Bernard Forthomme, Histoire de la théologie franciscaine. De saint François d'Assise à nos jours, Éditions franciscaines, 2014[11].
  • Bernard Forthomme, La pensée franciscaine, un seuil de la modernité, Paris, Belles Lettres, 2014[12].
  • Frédéric-Marie Le Mehaute, La fin du mouvement spirituel dans l’Ordre Franciscain, du Concile de Lyon en 1274 à la condamnation par Jean XXII en 1318, Les franciscains de Toulouse. Séminaire Saint Cyprien, (lire en ligne)

Références

  1. Jacques Tyrol, « La règle de saint François », sur la-croix.com, (consulté le ).
  2. André Vauchez, pp.25-26.
  3. Frédéric Meyer, Pauvreté et assistance spirituelle : les franciscains récollets de la province de Lyon aux XVIIe et XVIIIe siècles, Université de Saint-Etienne, , p. 18
  4. Article de Holly Grieco, recension en ligne.
  5. Hors ceux chargés de l'éducation publique et des maisons de charité
  6. La Custodie de Terre Sainte, sur le site du Commissariat de Terre Sainte
  7. « La puissance des Franciscains », L'Histoire 7/2012, no 378, p. 44-44, lire en ligne (consulté le 26 janvier 2014)
  8. Deux trous aux mains, deux aux pieds et le coup de lance du soldat romain sur le côté.
  9. Louis Réau, Iconographie de l'art chrétien, Presses universitaires de France, , p. 1451.
  10. Séraphin sous la forme duquel le Christ apparut à François quand il fut stigmatisé.
  11. « Histoire de la théologie franciscaine, de saint François d'Assise à nos jours - Editions Franciscaines », sur www.editions-franciscaines.com (consulté le )
  12. « La Pensée franciscaine. Un seuil de la modernité », sur www.lesbelleslettres.com (consulté le )

Sources

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