Paradis

Le paradis est le « lieu de séjour où, dans les différentes traditions, les âmes se retrouvent après la mort »[1] Dans un sens large, le concept de paradis est présent dans presque toutes les religions.

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Dante et Béatrice au paradis par Gustave Doré.

Dans le Christianisme, le paradis est aussi appelé jardin d'Éden et représente souvent le lieu final où les humains seront récompensés de leur bon comportement ou de leur foi. C'est un concept important présenté au début de la Bible, dans le livre de la Genèse. Il a donc un sens particulier pour les religions dites abrahamiques. Ces croyants parlent aussi du « Royaume de Dieu » qui sera manifesté à la fin du monde.

Un concept semblable, le nirvāna, existe dans l'hindouisme, le jaïnisme et le bouddhisme, même s'il représente dans ce cas davantage un état spirituel qu'un lieu physique.

Étymologie et autres emplois concrets du terme

Le terme paradis est issu d'une langue très ancienne, l'iranien avestique dans laquelle pairidaēza, signifie enceinte royale ou nobiliaire. Le terme se transmet ensuite au persan (pardēz, voulant dire enclos), puis au grec ancien παράδεισος paradeisos » signifiant un parc clos où se trouvent des animaux sauvages) pour aboutir enfin au latin chrétien (paradisus). Il apparaît pour la première fois vers -370 chez Xénophon, dans l’Anabase, pour désigner un grand parc peuplé d'animaux sauvages que le roi de Perse Cyrus le Grand avait fait installer pour pouvoir y chasser[2].

Selon son acception première dans le monde gréco-romain, le terme latin commun pǎrǎdīsus désigne un jardin d'agrément[3]. Mais il prend avec la christianisation le sens de jardin céleste proposé par la Bible grecque, à savoir παράδεισος désignant le « jardin [plus exactement l'enclos] de la Genèse ». La lecture des Pères de l’Église, tels que Tertullien ou Jérôme de Stridon confirme le décalque sémantique du grec sur le latin pour désigner, à la fois le jardin donné à Adam et Ève par Dieu lors de l'épisode de la Création et le « séjour des justes » (pareïs) au Ciel s'opposant à l’enfer inferi ou les limbes incertaines des païens.

Avec Augustin d'Hippone, le terme latin évoque de manière plus imagée et plus large un « lieu de bonheur spirituel ». La forme savante médiévale paradis remplace la forme pareïs à la fin du XIe siècle[4]. À partir du XIe siècle, le mot exprimant la félicité tout en conservant la notion de jardin, est utilisé dans la locution de « paradis terrestre », pour désigner un lieu riche et fécond.

Mais le terme est également entré par diverses analogies dans le lexique français usuel pour désigner certains concepts profanes, variés, avec une connotation plutôt positive. Il semble que le paradis ait très tôt désigné l'atrium ou cour intérieure des bâtiments ou grandes maisons construites selon la tradition romaine, espace de déambulation souvent entouré de portiques couverts, disposant de bassin d'impluvium ou de fontaine, et probablement végétalisé et fleuri, à l'instar des patios andalous, pour justifier l'appellation. Très tôt, au Moyen Âge, les jardins enclos ont parfois pu être dénommés « paradis », qu'ils soient des lieux de repos ou des havres de paix ou de jouissance pour le délassement des élites, ou de simples jardins productifs de modestes paysans, où ils se reposent du labeur des champs.

Attesté dès la fin du XIIe siècle par la graphie parewis de Marie de France, le mot ancien français parvis s'applique à l'espace situé devant une église, en général entouré d'une balustrade ou de portiques[5] ; ce mot représente l'évolution du terme latin « paradis » qui désignait la place devant la façade de l'église cathédrale, par exemple à Saint-Pierre-de-Rome ou devant la moindre église à façade ouvragée, où le rituel assignait la place du cercueil avant et après la messe du mort ou cérémonie mortuaire.

Au XIVe siècle, les habitations luxueuses, retraites spirituelles ou résidences isolées des chanoines peuvent être appelées des « paradis », dénomination justifiée par la définition déjà citée de Saint Augustin, et qui est parfois restée attachée à des lieux-dits ou écartés, voire des fermes ou de simples habitations.

Attesté en France en 1606, le paradis représente la galerie supérieure d'un théâtre ou, de manière générale, les places situées en hauteur pour assister à un spectacle[6]. L'usage profane du mot paradis semble être très répandu après les grandes découvertes maritimes européennes, comme le prouve le pommier du paradis ou mala paradisiaca, attesté en 1542 ou par l'oiseau de paradis, décrit en 1585 et inspirant une constellation homonyme. Aux XVIe siècle et XVIIe siècle, le « paradis » peut aussi désigner un bassin aménagé dans un port pour abriter des navires ou à défaut un petit port dans lequel les navires sont placés en sécurité.

Mythologie gréco-romaine

Xénophon raconte dans l’Anabase qu'à Sardes, en Asie Mineure, où Cyrus le Jeune a concentré le corps expéditionnaire des mercenaires grecs destiné à l'aider à reconquérir le pouvoir, ce dernier leur fait visiter son jardin. Les Grecs sont éblouis, ils ne connaissent rien de semblable. Pour nommer cette splendeur, Xénophon emploie le mot perse pour jardin entouré de murs : paradeisos[7].

Les descriptions de l'au-delà dans la mythologie gréco-romaine ne sont pas uniformes, selon qu'on se réfère à Homère, Virgile[8]... D'une manière générale, pour les anciens, l'univers des morts constitue une forme de négatif du monde des vivants, les Enfers (inferi) ou « ce qui est en dessous »  où les morts vivent sous forme d'ombres impalpables. C'est le royaume d'Hadès  Pluton pour les romains  et de son épouse Perséphone  Proserpine pour les Romains. Les âmes des morts passent devant les trois juges Éaque, Minos et Rhadamanthe qui statuent sur leur sort pour l'éternité.

Dans le mythe d'Er, Platon expose les conceptions populaires de l'après-vie en offrant une description fort concrète des punitions corporelles graduées qui attendent les méchants après la mort, alors que les personnes qui ont mené une vie bonne ont accès à la félicité. Il est le premier auteur à marquer la séparation géographique de l'enfer, du purgatoire et du paradis[9]. Alors que les méchants sont envoyés vers la gauche, dans une ouverture qui les mène aux enfers souterrains (le Tartare), les justes sont invités à prendre « la route qui montait à droite à travers le ciel », dans un endroit d'une beauté indicible, se réjouissant « de partir dans la prairie pour y camper comme dans une assemblée de fête »[10].

Ce séjour de félicité est traditionnellement désigné comme les champs Élysées ou les Îles des Bienheureux. Les élus y vivent dans un printemps éternel, sur une terre féconde qui produit trois récoltes par an, dans l'insouciance et l'oisiveté. Suivant Virgile, les élus ont en commun l'importance des services rendus à la communauté et on retrouve parmi eux des fondateurs de ville, de grands guerriers, des prêtres, des poètes ou encore des artistes[8]. Ces visions imagées de l'au-delà étaient cependant loin de faire consensus, comme en atteste par exemple le scepticisme de Juvénal qui parle de fables auxquelles nul ne pourrait croire excepté les nourrissons[11].

Mythologie et influence mésopotamienne

Lorsqu'un roi perse voulait honorer quelqu'un qui lui était cher, il le nommait « compagnon du jardin », et lui donnait le droit de marcher dans le jardin en sa compagnie. On trouve probablement un écho de cette pratique dans la Bible, où Dieu est décrit à l'image du roi: « ils entendirent le Seigneur Dieu qui se promenait dans le jardin au souffle du jour » (Gn 3:8)[12]. Comparer Dieu à un roi perse peut être quelque peu étrange. L'extrait mentionné ci-dessus est quelque peu différent dans le texte établi par l'abbaye de Maredsous : « Ils entendirent le bruit du Seigneur Dieu, qui passait dans le jardin à la brise du soir. », Gn 3,8.

Dans la Bible, l'apparition du jardin en Éden, bien que d'une grande sobriété dans sa description contrastant avec la luxuriance des jardins orientaux, doit à la civilisation perse : le mot Eden apparait dans plusieurs langues sémitiques pour désigner une plaine fertile ou une terre arable. Le terme perse pairi daēsa désignait le parc de la résidence de Cyrus le Grand (VIe siècle av. J.-C.)  auquel les hébreux doivent la fin de leur captivité à Babylone  à travers lequel passait le fleuve Méandre et où l'on trouvait un jardin d'agrément, un verger et un domaine réservé à la chasse[13].

Dans la croyance mésopotamienne, tous les morts se retrouvent aux Enfers, sans espoir de salut, où ils vivent une existence morne et ténébreuse, condamnés à se nourrir de poussière et d'eau boueuse, incapables de subvenir à leurs besoins sans l'aide des vivants. Il ne semble pas exister de jugement post-mortem[14]  inutile en l'absence de théologie sotérologique  et seules les divinités échappent au « Pays du non-retour ». Il existe une exception notable au sort partagé par tous les humains, celui de Uta-Napishtim, seul humain à atteindre la vie éternelle grâce à la plante de vie[15].

Néanmoins, les mythes orientaux ont toujours accordé une grande place aux jardins et aux éléments qui le composent, arbres, plantes et eau. Le souverain mythologique perse de l'âge d'or réside dans un jardin en hauteur où poussent des arbres magiques dont l'arbre de la vie et d'où coule l'eau de la vie qui rend la terre fertile. On retrouve la figuration symbolique de ces jardins mythologiques dans les temples mésopotamiens qui coiffent les ziggourats : dans un jardin suspendu où ruisselle l'eau d'une vasque à côté de laquelle se tient un serpent[16], des arbres de diverses essences, parmi lesquels l'arbre de la vie qui ouvre la porte du ciel font le cadre de la couche nuptiale des dieux. Dans l'épopée de Gilgamesh, le héros mésopotamien, à la quête de la plante de la vie qui confère l'immortalité, rejoint un jardin dont les feuillages sont en lapis-lazuli et les fruits en rubis[13].

Selon le judaïsme

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Le livre hébreu de la Genèse ne parle que du « Jardin d'Éden » (Gan 'Eden). Traduction œcuménique de la Bible, livre de la Genèse :

2:8 « Le Seigneur Dieu planta un jardin en Éden, à l'orient, et il y plaça l'homme qu'il avait formé. Le Seigneur Dieu fit germer du sol tout arbre d'aspect attrayant et bon à manger, l'arbre de vie au milieu du jardin et l'arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais. »
3:23 « Le Seigneur Dieu l'expulsa [Adam, qu'on a toujours traduit, à tort !, par le premier homme ; « adam » désignerait l'Humanité, dans un sens collectif, puisque l'Éternel ajouta « qu'ILS soient les maîtres… »][réf. nécessaire] du jardin d'Éden pour cultiver le sol d'où il avait été pris. Ayant chassé l'homme, il posta les chérubins à l'orient du jardin d'Éden avec la flamme de l'épée foudroyante pour garder le chemin de l'arbre de la vie. »

On trouve le mot hébreu Pardès, seulement dans le sens de « verger », en trois occurrences de la Bible hébraïque : Cantique des Cantiques 4, 13, Ecclésiaste 2, 5 et Néhémie 2,8.

Mais dans la Septante cela devient « un paradis en Éden », et ainsi de suite.

Dans la littérature de l'époque du Second Temple, le paradis est parfois assimilé au troisième ciel. Par exemple dans l'Apocalypse de Moïse.

Le shéol est un lieu mentionné dans la Torah juive et où séjournent les âmes des croyants, en vue de leur disparition finale dans les derniers temps.

Selon le christianisme

Dans la religion chrétienne, il y a deux paradis : le paradis terrestre et le paradis céleste.

Selon le catholicisme

Adam et Ève au paradis dans un tableau de Lucas Cranach.

Le paradis terrestre

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L'expression « paradis terrestre » n'existe pas  en tant que telle  dans le texte hébreu de la Genèse (premier livre de l'Ancien Testament).

Le vocable est utilisé dans les titres de chapitres rajoutés dans certaines éditions (comme celle de la Vulgate), afin de rendre le texte original plus facile à lire. Le texte original de la Genèse est écrit sans aucune tête de chapitre (voir par exemple la Bible de Jérusalem) et ne mentionne donc aucun paradis terrestre. Sur le fond, l'expression désigne le lieu créé par Dieu pour Adam et sa femme (que l'homme désigna par Ève, puisque c'est elle qui donnera la vie à ses descendants, Ève signifierait donc la Vie), et où ces derniers devaient vivre ainsi que leurs descendants.

Selon le premier livre de la Bible, le livre de la Genèse décrit un jardin des délices ou jardin d'Éden, jardin merveilleux où poussent toutes sortes d'arbres et de plantes aux fruits délicieux, et où cohabitent en harmonie tous les animaux, sous la direction de l'Homme.

Le serpent tentant Adam et Eve (cathédrale Notre-Dame de Paris).
Autre représentation (Église Saint-Trophime d'Arles (XIIe siècle)).

L'arbre de la connaissance du bien et du mal, présent dans le Paradis est une image allégorique du Livre de la Genèse suivant lequel Dieu plante dans le jardin d’Éden « deux arbres mystérieux » :

« Le Seigneur Dieu planta un jardin en Eden, à l'Orient, et y plaça l'homme qu'il avait formé. Le Seigneur Dieu fit germer du sol tout arbre d'aspect attrayant et bon à manger,
« l'arbre de vie » au milieu du jardin et « l'arbre de la connaissance du bonheur et du malheur »

 (Genèse 2,8-9)[17]

Cependant, le serpent, compris par la suite comme étant Satan (voir (Ap 12,9), réussit à convaincre Adam et Ève de s'émanciper. Cette émancipation les conduit à connaître et expérimenter leur nature humaine, faite de « Bien » mais aussi de « Mal ». En conséquence :

  • ils perdent leur statut d'innocence première : ils découvrent qu'ils sont « nus » et sortent de l'illusion de la « perfection primitive »[18] ;
  • Ils découvrent qu'ils ne sont pas Dieu. Cette prise de conscience amère débouche sur la conscience morale, la culpabilité, le péché originel. Ce déclassement est symbolisé par le fait qu'ils se sentent « chassés du paradis terrestre » ;
  • Le serpent (symbole du mal) à l'œuvre en eux-mêmes et dans le monde est aussi « maudit »[19] ;
  • L'expérimentation du principe de réalité, sous la forme de finitude, de la rareté et de la nécessité est également vécu par eux : « Désormais tu travailleras à la sueur de ton front »[20].

Certaines confessions fondamentalistes chrétiennes préfèrent mettre l'accent sur des visions moins symboliques du Paradis et privilégient des interprétations plus strictes, centrées sur les idées de châtiment, de chute, et de péché originel.

Le paradis céleste

Contrairement à l'Ancien Testament, le Nouveau Testament (texte grec), utilise le mot Paradis.

Jésus remet les clés du Paradis à saint Pierre.(Le Pérugin)

Selon l'idée commune, le paradis céleste est la demeure des âmes des justes après leur mort[21]. Ce n'est pas un lieu matériel mais un état spirituel, où les justes connaîtront le repos, le bonheur éternel, parfait et infini dans la contemplation de Dieu[22]. Le paradis terrestre était l'image du paradis céleste.

C'est également par choix que, à l'opposé, les âmes des personnes qui refusent Dieu se séparent de lui et cette « auto-exclusion » (catéchisme de l'Église catholique) constitue l'enfer[23] car on s'auto-exclut de facto de l'Amour et du Bonheur, Dieu étant l'un et l'autre[24].

Dans l'Évangile selon Luc (Lc 23,42-43), le bon larron, crucifié à côté de Jésus lui demande :

« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne. »
Jésus lui répondit :
« Amen je te le déclare : aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le paradis[25]. »

Remarque : D'autres traductions rendent ce texte ainsi :

« Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis[26]. »
Ou encore "en vérité je te le dis aujourd'hui : tu seras avec moi dans le paradis." TMN

s'appuyant sur le fait que Jésus n'a été ressuscité que le troisième jour après et non le jour même de sa mort. De plus, après sa résurrection, Jésus déclare à Marie Madeleine :

« Cesse de te cramponner à moi. Car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va-t'en vers mes frères et dis-leur : « Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu. » (Jn 20,17)

Cela laisse supposer que la promesse de Jésus faite à l'ancien malfaiteur ne sera accomplie que le jour de la Résurrection comme annoncée par Jésus lui-même en Jean  5. 28-29.

Selon le protestantisme

Dans le protestantisme, le paradis est vu comme un « service de Dieu au bénéfice d'un progrès moral universel »[réf. nécessaire].

Selon le christianisme évangélique

Dans le christianisme évangélique, le paradis est vu comme le lieu promis par Jésus-Christ pour les croyants chrétiens qui auront été justifié par la foi et la grâce[27].

Selon l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours

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Le Plan de salut

La définition du paradis, pour l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (mormons), est fondée sur le chapitre 76 de Doctrine et Alliances, et sur l'épître aux Corinthiens (chapitre 1), dans la Bible.

L'au-delà est tout d’abord divisé en deux parties jusqu'au Jugement dernier ; il est ensuite divisé en quatre niveaux, dont trois sont qualifiés de degrés de gloire qui, à titre d'illustration, sont comparés à des corps célestes.

Avant le Jugement dernier, les esprits, séparés de leur corps physique au moment du décès, vont soit au paradis, soit vers la prison des esprits en fonction de leurs mérites acquis dans la vie.

  • Le paradis est un lieu de repos tandis que ses habitants continuent à apprendre et se préparent pour le Jugement Dernier.
  • La prison des esprits est un lieu d'angoisse et de souffrance pour les méchants et les impénitents, mais l’œuvre missionnaire est accomplie parmi ces esprits en prison afin de leur permettre de se repentir, d’accepter l’Évangile, l’expiation et de recevoir le baptême, par la pratique du baptême pour les morts.

Après la résurrection et le jugement dernier, les gens sont envoyés dans l’un des quatre niveaux :

  • Le royaume céleste qui est le plus haut niveau, avec sa puissance et la gloire comparable au soleil. Ici, les fidèles et courageux disciples du Christ qui ont accepté la plénitude de son Évangile et gardé leurs alliances par l’intermédiaire des prophètes de leur dispensation respective sont réunis avec leur famille et avec Dieu le Père, Jésus-Christ et le Saint-Esprit pour toute l'éternité. Ceux qui auraient accepté l'Évangile de tout leur cœur s’ils en avait eu la possibilité dans la vie (suivant jugement par le Christ et Dieu le Père) vont également dans le Royaume céleste.

Les saints des derniers jours ne croient pas en la notion du péché originel, mais pensent être des enfants innocents à travers l'expiation. Par conséquent, tous les enfants qui meurent avant l'âge de responsabilité hériteront de cette gloire. Les hommes et les femmes qui ont contracté le mariage céleste sont admissibles, sous la tutelle de Dieu le Père, à devenir des dieux et des déesses en tant que cohéritiers avec Jésus-Christ.

  • Le Royaume terrestre, dont la puissance et la gloire sont comparables à celle de la lune, est réservé à :
    • ceux qui ont entendu et rejeté le plein Évangile dans la vie, mais ont vécu une vie juste,
    • ceux qui ont accepté l'Évangile mais n’ont pas continué l'alliance, par la poursuite du processus de la foi, la repentance et le service aux autres,
    • ceux qui sont morts sans loi (D&A 76:72) mais ont accepté le plein Évangile et se sont repentis après la mort grâce à l’œuvre missionnaire effectuée auprès des esprits en prison.

Dieu le Père ne vient pas dans le royaume terrestre, mais Jésus-Christ les visite et le Saint-Esprit est avec eux.

  • Le Royaume céleste qui est comparable à la gloire des étoiles. Ceux qui vont dans le royaume céleste subissent les douleurs de l'enfer après la mort parce qu'ils ont été menteurs, meurtriers, adultères, blasphémateurs, etc. Ils sont finalement sauvés de l'enfer et sont rachetés par le pouvoir de l'expiation à la fin du millénaire. En dépit de sa condition moindre dans l'éternité, le royaume céleste est décrit comme étant meilleur que la Terre dans son état actuel. La souffrance est le résultat d'une pleine connaissance des péchés et des choix qui ont définitivement éloigné une personne de la joie extrême qui vient d'être en présence de Dieu et de Jésus-Christ, même si elle a le Saint-Esprit avec elle.
  • Le royaume de perdition, ou les ténèbres, est le niveau le plus bas et n'a aucune gloire. Il est réservé à Satan, ses anges, et ceux qui ont commis le péché impardonnable. C'est l'état le plus bas possible dans les éternités et auquel très peu de gens nés dans ce monde seront réduits, puisque le péché impardonnable exige que la personne sache avec une parfaite connaissance que l'Évangile est vrai, qu'elle l'ait rejeté et se soit ensuite opposé à Dieu. Le seul fils de perdition est Caïn, dont il est généralement admis qu'il a probablement toujours vécu en traversant les siècles.

Selon l'islam

Dans le Coran, la notion de paradis peut évoquer le paradis originel dans lequel vivait Adam, dans une conception très proche de celle du Livre de la Genèse, mais aussi des jardins dans lesquels vont les croyants après leur mort. Cette conception est quant à elle différente de la conception biblique du Paradis. En effet, une description aussi précise d'une "géographie céleste" est absente du judaïsme et du christianisme. Elle "constitue une originalité fondamentale de l'eschatologie musulmane"[28]. Ce lieu extraordinaire et incommensurable est réservé, selon le Coran et la tradition islamique, aux croyants préislamiques et aux musulmans pieux dans l'Au-delà pour l'éternité[29].

Dans le Coran se trouvent de nombreuses mentions du paradis promis aux croyants. Le texte les décrit avec leurs beautés. Les croyants y seront servis par des belles personnes, ils porteront de beaux vêtements[28]. Y sont décrits les étoffes, les pierres précieuses, les parfums. À l'inverse, "les descriptions de la topographie paradisiaque sont au contraire peu précises". Toute une littérature s'est développée sur ce sujet, jusqu'à nos jours. Elle décrit ses portes, les créatures célestes… "jusqu'au mobilier du paradis"[28]. De « [t]rès nombreux sont les hadîths consacrés au paradis et à la vie paradisiaque. Leur tendance dominante est un littéralisme qui insiste sur la réalité et le détail des délices sensibles »[30]. Pour Boisliveau, l'histoire du texte coranique permet de comprendre les différentes interprétations. À propos de la description paradisiaque de la sourate 37, une première strate évoquerait des délices fruitiers, tandis qu'une plus récente aurait intégré des plaisirs sexuels, sous l'influence peut-être de textes zoroastriens[31].

Selon l'hindouisme

Selon Jean Herbert, indianiste français, « enfers et paradis ne sont considérés dans l’Inde que comme des lieux de résidence temporaire où nous allons dans certains cas recueillir la rétribution de nos bonnes et de nos mauvaises actions qui n’ont pas encore porté leurs fruits. « Un paradis qui serait éternel est une contradiction » [selon Vivekananda], et de même pour l’enfer. Certains textes, pris littéralement (par exemple la Bhagavad-Gita, I, 44), semblent indiquer le contraire, mais tous les commentateurs et, ce qui est plus important, tous les sages sont catégoriques. Ce caractère non éternel s’explique en particulier par deux considérations d’ordre logique. La première, c’est que puisque ces séjours ont un début, ils doivent, comme tout ce qui a un début, avoir aussi une fin. La seconde, c’est que les actions dont est capable l’homme étant nécessairement limitées, finies, et ne pouvant être infinies, leurs conséquences ne peuvent avoir le caractère d’infinité qu’elles n’ont pas elles-mêmes. La durée des châtiments et récompenses de ces actions humaines est donc forcément limitée et proportionnelle[32]. »

Selon les spiritualités modernes

Selon l'ésotérisme

D'après les ésotéristes modernes, à savoir le théosophisme d'Helena Blavatsky, l'anthroposophie de Rudolf Steiner, Omraam Mikhaël Aïvanhov et tant d'autres, réincarnationnistes, il y a, après la mort du corps physique, survivance de certains corps subtils, puis enfer et paradis, enfin réincarnation. Aïvanhov écrit : à la mort, « vous quittez les différents corps dont vous devez vous libérer les uns après les autres : d'abord le corps physique, puis, quelque temps après, une semaine ou deux, le corps éthérique ; ensuite, le corps astral, et, là, c'est beaucoup plus long, parce que, dans le plan astral, sont entassés les passions, les convoitises, tous les sentiments inférieurs. Et c'est cela l'Enfer : le plan astral et le mental inférieur [le corps mental] où l'on doit rester quelque temps pour se purifier. Ensuite, vous vous libérez du corps mental, et c'est là que commence le Paradis, avec le premier ciel, le deuxième ciel, le troisième ciel… La tradition rapporte qu'il y en a sept. Ce n'est qu'après s'être complètement dépouillé qu'on entre nu dans le septième ciel ; 'tout nu' c'est-à-dire purifié, sans entraves. Et c'est le retour de l'homme sur la Terre, la naissance de l'enfant. Il s'habille tout d'abord de ses corps subtils (âtmique, bouddhique, causal), puis de ses corps mental, astral, éthérique, et enfin du corps physique » (L'homme à la conquête de sa destinée, Éditions Prosveta, 1981, p. 161-162).

Selon les philosophies spiritualistes

D'après les œuvres d'Emanuel Swedenborg et d'Allan Kardec, plus une personne progresse et développe ses qualités durant sa vie terrestre, plus le monde qui l'accueille dans l'au-delà est évolué[33].

Selon le bouddhisme

Dans le bouddhisme, il existe plusieurs Cieux (voir la cosmologie bouddhiste), qui font toujours partie du samsara (réalité illusoire). Ceux qui accumulent un bon karma peuvent renaître dans l'un d'entre eux. Cependant, leur séjour dans le Ciel n'est pas éternel ; éventuellement, ils utiliseront leur bon karma et subiront une renaissance dans un autre domaine, en tant qu'être humain, animal ou autre. Parce que le ciel est temporaire et fait partie du samsara, les bouddhistes se concentrent davantage sur l'évasion du cycle de renaissance et sur l'illumination (nirvana). Le Nirvana n'est pas un paradis, mais un état mental.

Selon la cosmologie bouddhiste, l'univers est impermanent et les êtres transmigrent à travers un certain nombre de « plans » existentiels dans lesquels ce monde humain n'est qu'un « royaume » ou un « chemin ». Ceux-ci sont traditionnellement envisagés comme un continuum vertical avec les Cieux existant au-dessus du royaume humain, et les royaumes des animaux, des fantômes affamés et des êtres de l'enfer qui existent sous celui-ci. Selon Jan Chozen Bays dans son livre Jizo Gardien des enfants, des voyageurs et autres voyagistes, le domaine de l'asura est un raffinement ultérieur du domaine céleste et a été inséré entre le royaume humain et les Cieux. Un ciel bouddhiste important est le Trāyastriṃśa, qui ressemble à l'olympe de la mythologie grecque.

Dans la vision du monde Mahayana, il y a aussi des terres pures qui se situent en dehors de ce continuum et sont créées par les Bouddhas en obtenant l'illumination. La renaissance dans la terre pure d'Amitabha est perçue comme une assurance de la bouddhéité, car lorsque le processus de renaissance est achevé, les êtres ne retombent pas dans l'existence cyclique, à moins qu'ils ne choisissent de le faire pour sauver d'autres êtres, le but du bouddhisme étant l'obtention de l'illumination et la libération de soi-même et des autres du cycle de la naissance et de la mort.

L'un des sutras bouddhistes affirme que cent ans de notre existence sont égaux à un jour et une nuit dans le monde des trente-trois dieux. Trente jours semblent s'ajouter à leur mois. Douze de ces mois deviennent un an, alors qu'ils vivent pendant mille années, bien que l'existence dans les cieux soit finalement finie et que les êtres qui y résident réapparaissent dans d'autres royaumes en fonction de leur karma.

Le mot tibétain Bardo signifie littéralement « état intermédiaire ». En sanskrit, le concept a le nom antarabhāva.

Notes et références

  1. « PARADIS : Définition de PARADIS », sur cnrtl.fr (consulté le )
  2. Anabase, I, 2, 7. Texte en grec ancien sur Perseus.
  3. Nous ne citons pas les multiples usages du nom propre, que l'on trouve surtout en Syrie romaine pour désigner des villes ou agglomérations, un fleuve ou une rivière, ainsi que divers micro-toponymes probablement caractérisés par de beaux jardins.
  4. Article « Paradis » in Alain Rey (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, éd. Le Robert, 1998, p. 2560
  5. Ces enclos symboliques ont souvent disparu, d'où l'appellation traditionnelle de « parvis nu ».
  6. cf. Les enfants du paradis, film de Marcel Carné
  7. Anabase, Chapitre II, Livre I
  8. Catherine Salles, « Mythologie gréco-romaine : Voyage au centre de la Terre », in Historia-Thématique, no 117, janvier-février 2009, pp. 6-7
  9. Arendt, p. 130.
  10. Voir République, X, sections 13-16 (614 b - 621 d)
  11. Juvénal, Satire II, cité par Catherine Salles, op. cit.
  12. http://www.teheran.ir/spip.php?article2091#gsc.tab=0
  13. Jeanne Chaillet, « Les trois jardins d'éternité », in Historia-Thématique, no 117, janvier-février 2009, pp. 12-15
  14. cf. Véronique Van der Stede, Mourir au pays de deux fleuves : l'au-delà mésopotanien d'après les sources sumériennes et akkadiennes, éd. Peeters Publishers, 2007, extraits en ligne
  15. Lourik Karkajian, « La mort et l'après-mort dans le Proche-Orient ancien : Égypte et Mésopotamie », in Odette Mainville et Daniel Marguerat (dirs.), Résurrection : l'après-mort dans le monde ancien et le Nouveau Testament, éd. Médiaspaul, 2001pp. 23-44 extraits en ligne
  16. celui-ci, symbole d'éternelle jeunesse et de fertilité dans la mythologie mésopotamienne, sera délibérément désacralisé par les rédacteurs de la genèse ; cf. Jeanne Chaillet, op. cit.
  17. Se reporter aussi à Traduction Œcuménique de la Bible, éd. SBF/Cerf, 1978, p. 26 Genèse, 2, 8-9.
  18. Genèse 3,7
  19. Genèse 3,14
  20. Genèse 3,19
  21. « Catéchisme de l'Église catholique, 1re partie, 2e section, chap 3, Article 12 Je crois à la vie éternelle, II : le Ciel », sur vatican.va (consulté le ).
  22. 1 Jean 3,2 ; 1 Corinthiens 13,12 ; Apocalypse 22,4
  23. « Catéchisme de l'Église catholique, 1re partie, 2e section, chap 3, Article 12 Je crois à la vie éternelle, IV : l'enfer », sur vatican.va (consulté le ).
  24. Jean-Paul II, « AUDIENCE GÉNÉRALE, Mercredi 28 juillet 1999, L'enfer comme refus définitif de Dieu », sur vatican.va, (consulté le )
  25. Traduction officielle de l'Église catholique romaine pour la liturgie.
  26. Traduction Crampon Luc 23,43
  27. Walter A. Elwell, Evangelical Dictionary of Theology, Baker Academic, USA, 2001, p. 891
  28. Y. P., "Paradis", Dictionnaire du Coran, 2007, Paris p. 638 et suiv.
  29. Malek Chebel, Dictionnaire des symboles musulmans, éd. Albin Michel, 1995, p.  325
  30. Louis Gardet, « Djanna », Encyclopédie de l’Islam.
  31. A.S. Boisliveau, "Sourate 37, Le Coran des historiens, 2019, Paris, p. 1242 et suiv.
  32. Jean Herbert, Spiritualité hindoue, Albin Michel, , p. 108-109.
  33. « La vie dans les mondes supérieurs est déjà une récompense, car on y est exempt des maux et des vicissitudes auxquels on est en butte ici-bas. Les corps, moins matériels, presque fluidiques, n'y sont sujets ni aux maladies, ni aux infirmités, ni aux mêmes besoins. Les mauvais Esprits en étant exclus, les hommes y vivent en paix, sans autre soin que celui de leur avancement par le travail de l'intelligence. Là, règnent la véritable fraternité, parce qu'il n'y a pas d'égoïsme ; la véritable égalité, parce qu'il n'y a pas d'orgueil ; la véritable liberté, parce qu'il n'y a pas de désordres à réprimer, ni d'ambitieux cherchant à opprimer le faible. Comparés à la terre, ces mondes sont de véritables paradis ; ce sont les étapes de la route du progrès qui conduit à l'état définitif. La terre étant un monde inférieur destiné à l'épuration des Esprits imparfaits, c'est la raison pour laquelle le mal y domine jusqu'à ce qu'il plaise à Dieu d'en faire le séjour des Esprits plus avancés. C'est ainsi que l'Esprit, progressant graduellement à mesure qu'il se développe, arrive à l'apogée de la félicité ; mais, avant d'avoir atteint le point culminant de la perfection, il jouit d'un bonheur relatif à son avancement. Tel l'enfant goûte les plaisirs du premier âge, plus tard ceux de la jeunesse, et finalement ceux plus solides de l'âge mûr » Allan Kardec, Le Ciel et l'Enfer, Chapitre 3, paragraphe 11.

Voir aussi

Bibliographie

  • Xavier Kawa-Topor et Pierre Lançon (sous la direction de), Enfer et Paradis : l'au-delà dans l'art et la littérature en Europe, Actes du colloque international de Conques, 22-, Les cahiers de Conques no 1, édition CEACM, 1995, 426 p. (ISSN 1250-6168)
  • Giordano Berti, « Paradis terrestre » et « Paradis » in Les mondes de l'Au-Delà, Gründ, Paris, 2000.
  • Jean Delumeau, Une histoire du Paradis, I : Le Jardin des délices, Paris, Fayard, 1992 ; II : Mille ans de bonheur, Fayard, 1995 ; III : Que reste-t-il du Paradis ?, Fayard, 2000 ; rééd., 3 volumes, Pluriel, 2002.

Articles connexes

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