Pierre Soulages

Pierre Soulages, né le à Rodez, est un artiste peintre et graveur français. Associé depuis la fin des années 1940 à l'art abstrait, il est particulièrement connu pour son usage des reflets de la couleur noire, qu'il appelle « noir-lumière » ou « outrenoir ». Il est l'un des principaux représentants de la peinture informelle. En 2014, François Hollande le décrit comme « le plus grand artiste vivant dans le monde »[1].

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Biographie

Enfance et découverte de l'art

Pierre Jean Louis Germain Soulages est né à Rodez, rue Combarel[alpha 1],[2], en 1919. Il est le fils d'Amans Soulages, carrossier (fabricant de voitures à cheval)[3] et d'Aglaé Zoé Julie Corp[4]. Amans Soulages avait été marié une première fois avec Lucie Pélagie Galtier, qui meurt en 1902, quelques semaines après avoir donné naissance à leur premier fils Gaston Pierre Amans Soulages[5].

En 1926, il est élève à l'institution Saint-Joseph, un pensionnat fondé et dirigé par les Frères des écoles chrétiennes[alpha 2] et perd son père malade[6] (il meurt d'un cancer du pancréas[7]). Il est désormais élevé par sa mère et sa sœur Antoinette[2], de quatorze ans son aînée[8]. « J'ai été élevé par deux mères qui portaient le deuil »[3]. Sa mère prend alors la charge d'un magasin d'articles de chasse et de pêche[3].

Dès son plus jeune âge, à Rodez, Soulages est fasciné par les vieilles pierres, les matériaux patinés et érodés par le temps, l'artisanat de son pays du Rouergue, passant beaucoup de temps dans les boutiques des artisans du cuir, du fer et du bois[9], et ses âpres paysages, particulièrement les Causses. Il a tout juste huit ans lorsqu'il répond à une amie de sa sœur aînée qui lui demande ce qu’il est en train de dessiner à l’encre sur une feuille blanche : un paysage de neige. « Ce que je voulais faire avec mon encre, dit-il, c’était rendre le blanc du papier encore plus blanc, plus lumineux, comme la neige. C’est du moins l’explication que j’en donne maintenant[A 1]. »

Statue-menhir dite « la Dame de Saint-Sernin », découverte en 1888 à Saint-Sernin-sur-Rance en Aveyron

À douze ans, alors élève au lycée Foch, son professeur l'emmène, avec sa classe, visiter l'abbatiale Sainte-Foy de Conques[alpha 3],[2], où se révèlent sa passion de l'art roman et le désir confus de devenir un artiste[2]. Il reçoit aussi, par l'intermédiaire de publications, le choc émotionnel des peintures rupestres des grottes du Pech-Merle dans le Lot, de Font-de-Gaume en Dordogne, d'Altamira en Cantabrie (Espagne), puis de Lascaux en Dordogne (découverte en 1940). Plus tard, il accompagnera dans ses recherches l'archéologue Louis Balsan et découvrira lui-même, au pied d'un dolmen, des pointes de flèches et des tessons de poteries préhistoriques qui entrent au musée Fenaille de Rodez[2],[alpha 4] où il avait été auparavant bouleversé par la collection des statues-menhirs datant du Néolithique (tout particulièrement la statue-menhir de la Verrière[10]).

Formation et premières peintures

À partir de 1934, Pierre Soulages commence à peindre quotidiennement, des paysages d’hiver, des arbres sans feuilles, noirs, se détachant sur des fonds clairs : « Ce qui m’intéressait était le tracé des branches, leur mouvement dans l'espace... »[A 1]. Après l'obtention de son baccalauréat, en , il part s'installer à Paris en septembre et s'inscrit à l'atelier privé du peintre et lithographe René Jaudon qui le remarque : « Il faut viser le prix de Rome ! Toutes les audaces vous seront permises ! »[3]. Il peint notamment la toile Le Pont Neuf qui sera vendue une première fois dès 1940 puis adjugée aux enchères à Nîmes 80 ans plus tard[11]. À la demande de son professeur, il se présente au concours d'entrée à l'école des beaux-arts. Il y est admis en mais est vite découragé par la médiocrité et le conformisme de l'enseignement qu'on y reçoit. Pendant ce bref séjour dans la capitale, il visite le musée du Louvre, le musée de l'Orangerie où il admire Les Nymphéas de Monet et voit, à la galerie Paul Rosenberg, des expositions de Cézanne et Picasso qui sont pour lui des révélations, l'incitant à regagner Rodez, pour se consacrer pleinement à la peinture.

Sainte Agathe,
peint par Zurbarán (1630-1633)

Il est mobilisé en 1940 et envoyé à Bordeaux (il est élève officier)[12]. Après l'Armistice en juin, il rejoint les chantiers de jeunesse à Nyons dans la Drôme. Le , démobilisé, il s'installe en zone libre, à Montpellier[13] (il est témoin de la rencontre entre Pétain et Franco qui s'y déroule le même jour[14]), et fréquente assidûment le musée Fabre où il admire Les Baigneuses de Courbet[G 1], Descente de croix de Pedro de Campaña ou bien encore Sainte Agathe de Francisco de Zurbarán[alpha 5].

D' à , il prépare le professorat de dessin à l'École des beaux-arts de Montpellier où il rencontre Colette Llaurens (née le )[13], qu'il épousera le de la même année à l'église Saint-Louis de Sète[15]. Réfractaire au STO, il obtient de faux papiers et devient régisseur dans le vignoble du mas de la Valsière à Grabels[D 1]. Il fait alors la connaissance de l'écrivain Joseph Delteil, qui croit en lui dès les premiers instants. Ce dernier lui dira : « Vous peignez avec du noir et du blanc, vous prenez la peinture par les cornes, c'est-à-dire par la magie »[D 1].

Au début de 1943, il rencontre également Sonia Delaunay qui l'initie à l'Art Abstrait[16].

En , mobilisé à nouveau au moment de la Libération, il se rend à Toulouse où il se lie avec Vladimir Jankélévitch et son beau-frère Jean Cassou, qui deviendra l'un des premiers défenseurs de son œuvre. Démobilisé à la fin de cette même année, il retourne à la Valsière[D 1]. Entre 1942 et 1945, il n'aura quasiment pas peint[E 1].

Premières expositions

Le , Pierre Soulages s'installe dans la banlieue parisienne (à Courbevoie, au no 3 de la rue Saint-Saëns[D 1]) et se consacre désormais entièrement à la peinture. Rompant définitivement avec la figuration[G 2], il commence à produire des œuvres sur papier, utilisant le fusain ou le brou de noix, et de grandes toiles sombres[B 1], refusées au Salon d'automne de 1946. Sur les conseils de son ami peintre Francis Bott[G 2], il en expose trois au quatorzième Salon des Surindépendants (un salon sans jury) d'octobre à [2],[17], où celles-ci d'une « impressionnante symphonie de sombres coloris »[18] contrastent avec les autres toiles présentées, compositions colorées des peintres Roger Bissière, Jean Le Moal ou Alfred Manessier qui dominent à l'époque : « Avec l’âge que vous avez et avec ce que vous faites, vous n’allez pas tarder à avoir beaucoup d'ennemis », le prévient alors Picabia[2],[19],[20] (rencontré un peu plus tard à la Galerie René Drouin), qui qualifie néanmoins une de ses œuvres de « meilleure toile du Salon »[D 1],[19],[alpha 6]. En , il trouve un atelier à Paris, au no 11 bis de la rue Victor-Schœlcher, près de Montparnasse[D 1],[alpha 7] (il occupera plusieurs ateliers dans la capitale ainsi qu'à Sète, sur les pentes du Mont Saint-Clair, à partir de 1961[21]).

Immeuble où vécut Pierre Soulages de 1947 à 1967, rue Victor-Schœlcher.

À partir de 1948, il expérimente la technique du goudron sur verre[17],[alpha 8]. Il participe à des expositions à Paris (« Prises de terre, peintres et sculpteurs de l'objectivité » à la galerie René Breteau en février[alpha 9], troisième Salon des réalités nouvelles en juillet) et en Europe, notamment à « Grosse Ausstellung Französische abstrakte Malerei » (un de ses brous de noix, traité en négatif, sert d'ailleurs d'affiche à l'exposition) organisée en novembre[17] par le collectionneur Ottomar Domnick (de), dans plusieurs musées allemands, aux côtés des premiers maîtres de l'art abstrait comme Del Marle, Domela, Herbin, Kupka, Piaubert, etc.

Début de notoriété

En , il obtient sa première exposition personnelle à la galerie Lydia Conti à Paris et participe pour la première fois au Salon de mai (il y participera jusqu'en 1957) ; il expose également à la galerie Otto Stangl de Munich, à l'occasion de la fondation du groupe Zen 49, ainsi qu'à la galerie Betty Parsons de New York, en compagnie de Hans Hartung et Gérard Schneider, pour l'exposition intitulée Painted in 1949, European and American Painters[22]. La même année, le Musée de Grenoble acquiert une de ses œuvres, Peinture 146 × 97 cm, , la première à entrer dans une collection publique[23].

De 1949 à 1952, Soulages réalise plusieurs décors de théâtre (notamment pour la pièce Héloïse et Abélard de Roger Vailland, créée au Théâtre des Mathurins[D 1] et La Puissance et la Gloire d'après le roman de Graham Greene, au Théâtre de l'Athénée[alpha 10]) ou de ballet (Abraham de Marcel Delannoy au Théâtre du Capitole de Toulouse[A 1] et Quatre gestes pour un génie de Maurice Cazeneuve au Château d'Amboise[24], tous deux chorégraphiés par Janine Charrat) et exécute ses premières gravures à l'eau-forte à l'atelier Lacourière (rue Foyatier à Montmartre).

En 1950, il figure dans des expositions collectives à New York (galerie Sidney Janis pour l'exposition France-Amérique[25]), Londres, São Paulo, Copenhague. D'autres expositions de groupe présentées à New York voyagent ensuite dans plusieurs musées américains, comme « Advancing French Art » (1951), « Younger European Painters » (Musée Guggenheim, 1953). Dès le début des années 1950, ses toiles commencent à entrer dans les plus grands musées du monde comme la Phillips Memorial Gallery à Washington (Peinture 162 × 130 cm, en 1951), le Musée Guggenheim (Peinture 195 × 130 cm, en 1953) et le Museum of Modern Art de New York (Peinture 193,4 x 129,1 cm, 1948-1949 en 1952)[26], la Tate Gallery de Londres (Peinture 195 × 130 cm, en 1953), le Musée national d'Art moderne de Paris (Peinture 146 × 114 cm, en 1952), le Musée d'Art moderne de Rio de Janeiro (Peinture 195 × 130 cm, en 1955[alpha 11]), etc.

Conquête des États-Unis

En , le marchand d'art Samuel M. Kootz (en) contacte Soulages et organise dans sa galerie new-yorkaise sa première exposition personnelle aux États-Unis[D 1]. L'année suivante, le peintre participe à la première documenta à Cassel en Allemagne.

En , il transfère son atelier au no 48 de la rue Galande, dans le quartier de la Sorbonne, où il reçoit de nombreux artistes et collectionneurs[D 1]. Il se remet à la gravure (exposition personnelle de gouaches et gravures organisées par Heinz Berggruen à Paris) et part pour la première fois à New York, où il rencontre de nombreux peintres américains (William Baziotes, Adolph Gottlieb, Willem de Kooning, Franz Kline, Robert Motherwell ou encore Mark Rothko avec lequel il se lie d'amitié)[D 1].

Premières rétrospectives

En 1960 ont lieu ses premières expositions rétrospectives dans la galerie de Hanovre (la Kestnergesellschaft), le musée de Essen (Musée Folkwang), en 1961 au Kunsthaus de Zurich et au Musée municipal de La Haye, en 1966 au Musée des Beaux-Arts de Houston. En 1963, il participe à la septième Biennale de São Paulo, l'un des trois principaux événements du circuit international de l'art. De nombreuses autres expositions suivent, notamment en 1968 au Musée d'art contemporain de Montréal ou celle qu'organise de manière itinérante en France André Parinaud, Trente créateurs, en 1975-1976 aux côtés de Pierre Alechinsky, Olivier Debré, Hans Hartung, François Heaulmé, Roberto Matta, Zoran Mušič et Édouard Pignon.

En 1965, à la demande du Musée Suermondt-Ludwig d'Aix-la-Chapelle, Soulages réalise son premier vitrail[27], mosaïque de verres éclatés offrant un dégradé de bleu qui « crée des différences de lumière et de couleur »[27].

En 1968, il crée une œuvre murale en céramique commandée par les propriétaires du One Oliver Plaza, un immeuble à Pittsburgh. Composée de 294 carreaux de céramique formés à la main (28 x 28 cm), la pièce monumentale (3,92 x 6,16 m) est réalisée avec l'Atelier Mégard (à Puyricard). Intitulée 14 mai 1968, elle prend place dans le hall du building[G 3] (en 2010, la pièce est restaurée et réinstallée dans la Soulages Gallery du Butler Institute of American Art de Youngstown dans l'Ohio[G 3]).

Lors des Jeux olympiques de Munich en 1972, Soulages est retenu parmi les « meilleurs artistes de l'époque » pour réaliser une affiche[D 1]. Entre le printemps 1972 et le début de 1974, Soulages ne peint pas, première longue pause dans son œuvre sur toile[F 1]. Il se remet à l'eau-forte, à la lithographie et aborde pour la première fois la sérigraphie.

En , il fait partie des membres fondateurs du Comité des intellectuels pour l'Europe des libertés[28],[alpha 12].

Expérience de l'Outrenoir

En , lors d'un travail sur une toile, Soulages ajoute et retire du noir : « Depuis des heures, je peinais, je déposais une sorte de pâte noire, je la retirais, j'en ajoutais encore et je la retirais. J'étais perdu dans un marécage, j'y pataugeais. Cela s'organisait par moments et aussitôt m'échappait »[29]. Ne sachant plus quoi faire, il quitte l'atelier, désemparé. Lorsqu'il y revient deux heures plus tard : « Le noir avait tout envahi, à tel point que c'était comme s'il n'existait plus »[30]. Cette expérience marque un tournant dans son travail. La première toile recouverte intégralement de noir est Peinture 162 × 127 cm, , conservée au Musée Fabre de Montpellier[G 4].

À l'automne de la même année, le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou organise Soulages, peintures récentes, qui expose ses premières peintures monopigmentaires, fondées sur la réflexion de la lumière sur les états de surface du noir, qu'il appellera en 1990 outrenoir : « au-delà du noir une lumière reflétée, transmutée par le noir. Outrenoir : noir qui cessant de l'être devient émetteur de clarté, de lumière secrète. Outrenoir : un autre champ mental que celui du simple noir »[D 1].

Consécration

En 1984, Soulages reçoit une commande publique pour la réalisation de deux tapisseries destinées à orner une salle du nouveau bâtiment du Ministère des Finances. Attelé au projet dès 1985 au sein de la manufacture de la Savonnerie, il livre deux cartons peints au brou de noix puis, l'année suivante, met au point avec les teinturiers les différents tons qu'il désire voir rendus. Les tapisseries Savonnerie I, 4,30 × 10,75 m, 1985 et Savonnerie II, 4,30 × 10,75 m, 1985 sont terminées et livrées en 1991.

Extérieur de l'abbatiale avec les vitraux de Soulages.

En 1986, il se voit confier par le Ministère de la Culture, mené alors par Jack Lang, une commande exceptionnelle. Sept années de travail, en collaboration avec l'atelier du maître-verrier Jean-Dominique Fleury à Toulouse, lui sont nécessaires pour réaliser les 104 vitraux pour les 95 fenêtres et neuf meurtrières de l'abbatiale Sainte-Foy de Conques (en remplacement de ceux posés en 1952). De nombreuses recherches sur la matière ont lieu et aboutissent à la création d'un verre unique, blanc et translucide, composé de grains de verre aggloméré et de verre cristallisé, diffusant ainsi la lumière à l’intérieur de l'édifice, tout en occultant ce qui se passe à l’extérieur[31]. Les nouveaux vitraux sont inaugurés le en présence du ministre de la Culture, Jacques Toubon[32].

En 2004, il abandonne l'usage de la peinture à l'huile pour celui exclusif de l'acrylique qui, riche de nouvelles possibilités quant à la réflexion de la lumière (effets de matière beaucoup plus importants et possibilité de contrastes mat/brillant), permet de modeler l'épaisseur, sèche assez rapidement sans craqueler même lorsque la couche est profonde[33]. À partir de cette année-là, Soulages inaugure ce que Pierre Encrevé nomme la « seconde période de l'outrenoir »[34].

L'œuvre

Soulages a choisi l'abstraction, car il dit ne pas voir l'intérêt de passer « par le détour de la représentation […] Je ne représente pas, dit-il, je présente. Je ne dépeins pas, je peins »[A 1]. Son approche picturale n'est pas celle de choix prédéfinis mais s'élabore dans la peinture en train d'être « faite » et dans les interactions entre le peintre et sa réalisation lors du processus de création, dans les rapports aux formes, proportions, dimensions, couleurs, etc.[35],[36] À ses débuts, sa peinture est proche du style abstrait d'Hans Hartung, avec une palette restreinte dont les effets de clair-obscur sont perceptibles, y compris en transparence.

« Des anciens brous de noix et goudrons sur verre à ces outrenoirs récents, le parcours artistique de Pierre Soulages décrit un imprévisible chemin d'aventure et de renouvellement, et, en même temps, affirme une fidélité rigoureuse à une même quête celle d'un art, dit-il, «qui ne transmet pas de sens, mais fait sens […], qui est avant tout une chose qu'on aime voir, qu'on aime fréquenter, origine et objet d'une dynamique de la sensibilité». »

 Bruno Duborgel, in Soulages, dix-neuf peintures au Louvre, Bernard Chauveau Éditeur, 2020

Périodes et techniques

Le critique d'art Pierre Wat distingue cinq cycles, avant 1979, en fonction des techniques ou des matières employées ainsi que des variations de forme et de fond modifiant les caractéristiques des œuvres (formats, effets visuels)[E 2]. Ces cycles, dans une logique de l’exploration et de l’épuisement des moyens, étant chaque fois une nouvelle tentative de réponse à l'interrogation originelle du peintre sur le rapport entre matière, couleur et forme[E 2].

1946-1949

Au moyen du brou de noix (à l'origine destiné à teinter le bois) sur papier[alpha 13], Soulages trace des formes sombres, graphiques, parfois qualifiées de « signes », qui se détachent nettement du fond clair. La forme faisant écho à la lumière du fond[E 2].

« Un graphisme simple, viril, presque rude, des harmonies sombres et chaudes, un sens naturel de la pâte et des possibilités spécifiques de la peinture à l’huile, et surtout, peut-être un son à la fois humain et concret, voilà l’apport de Soulages à la peinture abstraite. »

 Charles Estienne, in Combat,

1949-1956

Les formes-signes, pourtant dépourvues de signification, rappellent un semblant d'écriture cunéiforme. Elles dialoguent avec des fonds colorés non uniformes, créant ainsi des effets de clair-obscur. La forme sombre se transforme, les bandes de couleur s'élargissent, le contraste se fait sur des accords moins binaires. Le signe tend à disparaître au profit du rythme (agencement d'horizontales et de verticales)[E 2].

« Venant d'un fond qui laisse apercevoir ses trouées de clarté entre les membres plus sombres d'une forme nouée, la lumière non seulement crée l'espace, mais, sans modeler à proprement parler la forme, la définit, l'écrit, l'installe, et souligne ses noirceurs d'une sorte de frange colorée. »

 Bernard Dorival, in Pierre Soulages, catalogue d'exposition, Paris, Musée national d'Art moderne, 1967

1956-1963

La couleur (le blanc, le rouge ou le bleu), est posée sur la toile en premier, avant d'être recouverte d’un noir épais. Ce n'est que dans un troisième temps, celui de l'arrachage, nommé parfois « raclages  », que le peintre fait réapparaître (il creuse au couteau la peinture fraîche) une partie de la couleur, sous le noir[E 2].

« À l'intérieur d'une gamme colorée certes réduite, privilégiant les terres, les ocres, les noirs, Soulages use maintenant volontiers d'effets de clair-obscur. Il fait apparaître une couleur plus claire par arrachement, raclant plusieurs couches de peinture pour révéler des couches inférieures. Par le jeu des opacités et des transparences, il fait sourdre la couleur-fond, et, venue de si loin, la lumière n'en paraît que plus intense. »

 Alfred Pacquement, in Soulages, catalogue d'exposition, Tokyo, The Seibu Museum of Art, 1984

1963-1971

Le raclage disparaît presque complètement, la matière colorée devient plus fluide, les formes traitées en aplats s'étalent en largeur. Le tableau Peinture 256 x 202 cm, 24 novembre 1963 (sur un fond brossé ocre clair transparent, la toile est partiellement envahie par une nappe noire très fluide qui efface tout geste de dépose), Peinture 97 × 130 cm, ou encore Peinture 162 × 130 cm, sont emblématique de cette période.

« Voyez à l’exposition tous ces rouges, ces bleus, ces ocres qui, même dans les dernières toiles presque entièrement recouvertes d'une énorme tache noire, éclatent, fusent, transpercent l'obscurité et semblent ramper sous la sombre écorce. »

 André Fermigier, Le noir n'est pas si noir, in Le Nouvel Observateur,

À partir de 1968, le peintre délaisse la couleur et ne travaille plus qu'avec le noir et le blanc, le noir ayant tendance à occuper une place de plus en plus importante dans la toile dont le format s'agrandit[E 2].

« J'ai commencé à faire une série de peintures en noir sur blanc, retournant à un ascétisme cistercien. J'ai senti personnellement le besoin profond, l'exigence de ce retour. »

 Pierre Soulages[34]

Autre changement notable : les formes ordonnées et répétées, comme une écriture horizontale, à lire de gauche à droite. Par ce rythme, cette scansion musicale, l'artiste introduit dans son œuvre la dimension du temps[34].

1972-1978

Retour du travail sur papier : eau-forte, lithographie et sérigraphie[F 1]. Soulages fait revivre trois plaques de cuivre préalablement utilisées pour leur empreinte sur le papier : elles sont agrandies, moulées, fondues et pliées[G 5]. Il en résulte trois bronzes, polis ou creusés directement par l'artiste : Bronze I (1975), Bronze II (1976) et Bronze III (1977), pièces uniques tirées à trois ou cinq exemplaires[G 5].

« La planéité ayant disparu, il y avait des sortes d'ondulations que je pouvais ou renforcer en les polissant, ou creuser même en les attaquant directement. J'ai joué avec la lumière qui brillait sur les surfaces lisses et l'ombre qui était là, fixe, à l'endroit qui correspondait à ce que j'avais gravé autrefois sur le cuivre. »

 Pierre Soulages[G 5]

La rupture de 1979

Après 1979, ses tableaux font beaucoup appel à des reliefs, des entailles, des sillons dans la matière noire qui créent à la fois des jeux de lumière et de couleurs. Car ce n'est pas la valeur noire elle-même qui est le sujet de son travail, mais bien la lumière qu'elle révèle et organise : il s'agit donc d'atteindre un au-delà du noir, d'où le terme d'outre-noir utilisé pour qualifier ses tableaux depuis la fin des années 1970 ; d'où aussi l'utilisation du qualificatif « mono-pigmentaire » de préférence à celui de « monochrome » pour qualifier sa peinture. Soulages évoquera « un basculement » pour signifier que ce n'est pas une rupture radicale avec le passé mais davantage une « rupture avec la conception classique de la peinture » qui s'efforce d'éliminer le reflet, contrairement à ses outrenoirs[G 6].

« Ses toiles géantes, souvent déclinées en polyptyques, ne montrent rien qui leur soit extérieur ni ne renvoient à rien d'autre qu'elles-mêmes. Devant elles, le spectateur est assigné frontalement, englobé dans l’espace qu’elles sécrètent, saisi par l’intensité de leur présence. Une présence physique, tactile, sensuelle et dégageant une formidable énergie contenue. Mais métaphysique aussi, qui force à l’intériorité et à la méditation. Une peinture de matérialité sourde et violente, et, tout à la fois, d'« immatière » changeante et vibrante qui ne cesse de se transformer selon l'angle par lequel on l'aborde. »

 Françoise Jaunin[A 1]

Variations infinies

L'outrenoir présente une variété d'effets : utilisation de couleurs comme le brun ou le bleu, mêlées au noir ; utilisation du blanc en contraste violent avec le noir et du blanc sur l'entière surface de la toile.

« Dans la proximité de l'outrenoir, le bleu vient renforcer cette transmutation du noir en lumière. Il ne s'agit plus alors d'un accord entre noir et bleu, mais au contraire, pour Soulages, d'un rapport tonal, d'une véritable continuité chromatique entre le bleu, l'outrenoir et la lumière qu'il réfléchit : la lumière naturelle est bleue et c'est pourquoi la couleur bleue va créer une continuité entre le noir et la lumière qu'il reflète. »

 Pierre Encrevé[C 1]

Le travail de la lumière par reflet se fait au départ, et pendant un certain nombre d'années, sur l'opposition parties lisses/parties striées mais, assez rapidement, il n'y a plus que des stries. Entre 1999 et 2001, le contraste noir et blanc fait son retour[E 3] mais sous une forme radicalement neuve[E 4]. Apparaissent aussi des panneaux entièrement lisses avec, dans le courant des années 2000, la coexistence d'un noir mat et d'un noir brillant[E 3],[E 4]. Il y a en outre une grande diversité sur le plan de l'approche de la surface, des formats (recours aux polyptyques, surtout verticaux) et dans la structure formelle[E 5].

« Depuis 2004, Soulages ne travaille plus avec de l'huile mais avec des résines autorisant des épaisseurs qu'il n'avait jamais atteintes ; sur une surface noire unie, brillante, émettrice d'une clarté apaisée, il grave un à un des sillons de plus en plus profonds rythmant l'espace de la toile, de larges entailles sensuelles provoquant une émotion troublante dans la grandeur majestueuse d'un silence proprement pictural. »

 Pierre Encrevé, in 90 Peintures sur toile, Gallimard, 2007

Œuvre gravé et imprimé

L'œuvre imprimé de Soulages est rare, limité à 43 gravures, 49 lithographies, 26 sérigraphies, soit 118 œuvres[F 1], avec des tirages allant de 65 à 300 exemplaires. Si les premières œuvres sont directement liées à des peintures sur toile ou sur papier, les suivantes sont sans lien avec ses peintures antérieures ou à venir. Soulages utilise alors la gravure comme un moyen d'expression à part entière, créant des œuvres qui tirent parti des spécificités de chaque technique de gravure.

Œuvres sur papier

Réalisées à l'aide de différents médiums (l'encre de Chine, la gouache, le brou de noix ou encore le fusain), ces œuvres constituent un ensemble unique au sein de sa production, qui s'étend des années 1940 aux années 2000. Elles ont fait l'objet d'une exposition en 2018-2019 au Musée Soulages de Rodez, intitulée Pierre Soulages, œuvres sur papier - Une présentation et réunissant cent dix-sept d'entre elles.

Sélection

Soulages a réalisé plus de 1 700 toiles[37] dont les titres sont pour la plupart composés du mot « peinture » suivi de la mention du format[alpha 14].

Voir : Catégorie:Œuvre de Pierre Soulages

Hommages et cote

Il est l'une des personnalités à l'origine de la création de la chaîne de télévision Arte[38],[39].

Un timbre-poste Pierre Soulages est émis en France en 1986[40].

Le compositeur Gilles Racot, compose une pièce en 1987, Noctuel, ou Hommage à l'œuvre de Pierre Soulages, pour basson et bande.

Il est le premier artiste vivant invité à exposer au musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg (mai 2001), puis à la galerie Tretiakov de Moscou (septembre de la même année). Depuis 2002, il est même le seul peintre vivant à avoir une toile conservée en Russie : Peinture 220 × 324 cm, , acquise par le musée de l'Ermitage et exposée au quatrième étage du bâtiment de l'État-Major, salle 444[G 7].

En 2007, le Musée Fabre de Montpellier lui consacre une salle pour présenter la donation faite par le peintre à la ville. Cette donation comprend 20 tableaux de 1951 à 2006 parmi lesquelles des œuvres majeures des années 1960, deux grands outre-noir des années 1970 et plusieurs grands polyptyques.

Lors de son exposition temporaire en 2012-2013 intitulée Soulages XXIe siècle, Pierre Soulages fait acquérir par le musée des beaux arts de Lyon trois toiles qui figurent dans l'espace permanent des peintures contemporaines.

90 ans au Centre Pompidou

À l'occasion de son 90e anniversaire, le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou présente du au la plus grande rétrospective jamais consacrée à un artiste vivant par le Centre depuis le début des années 1980, avec plus de 2 000 m2 d'exposition[41]. Malgré trois semaines de fermeture en raison d'une grève du personnel, l'exposition reçoit 502 000 visiteurs, se classant en quatrième position des expositions les plus fréquentées de toute l'histoire du Centre Pompidou. Parallèlement, le Musée du Louvre expose la même année une toile de l'artiste, Peinture 300 × 236 cm, , dans le Salon Carré de l'aile Denon[42].

100 ans au Louvre

À l'occasion de son 100e anniversaire[43],[44], le Musée du Louvre présente du au une rétrospective dans le Salon Carré de l'aile Denon avec des toiles empruntées notamment au MoMA de New York, la Tate Modern de Londres ou la National Gallery of Art de Washington ainsi que des œuvres récentes de l’artiste[45],[46]. Pour cet événement, il a créé en août et octobre 2019 trois nouvelles toiles (Peinture 390 × 130 cm, , Peinture 390 × 130 cm, et Peinture 390 × 130 cm, )[47], peintures verticales de grands formats pensées uniquement pour cette exposition et en fonction de l’espace qui leur était réservé[48]. Le peintre devient ainsi, après Chagall et Picasso, le troisième artiste à connaître de son vivant l'hommage d'une rétrospective au Louvre[47].

Une cote de plus en plus élévée

Dans les années 1950 et 1960, les œuvres de Soulages se vendent à la Koozt gallery de New York, plus cher que ceux de Mark Rothko[G 8]. Ils sont achetés par les plus grands collectionneurs, notamment par les metteurs en scène d'Hollywood[G 8].

Dès le début des années 1980, la cote de Soulages affiche des enchères supérieures à 100 000 francs et, en 1986, on[Qui ?] enregistre un score à plus de 500 000 francs. C'est ensuite l'enchère historique de 264 000 livres (soit 2,65 millions de francs de l'époque), prononcée en à Londres sur un grand format de 1961[49].

Peintre français vivant le plus cher

Le , après que sa toile, Peinture, , s'est vendue à 4,3 millions de livres (5,1 millions d'euros) à Londres, il devient l'artiste français vivant le plus cher aux enchères[50].

Le , sa toile Peinture 162 × 130 cm, s'est vendue à 6,1 millions d'euros à Paris, devenant ainsi son œuvre la plus chère aux enchères[51].

Le , après que sa toile, Peinture 186 × 143 cm, s'est vendue à 11 millions de dollars, soit 9,2 millions d'euros, (battant le record de l'année précédente) à New York, il devient le premier artiste français vivant à dépasser la barre symbolique des dix millions de dollars, intégrant ainsi un club très fermé[52].

Le , sa toile, Peinture 146 × 114 cm, s'est vendue à 5,5 millions de livres (6,48 millions d'euros) à Londres[53].

Le , sa toile, Peinture 200 × 162 cm, s'est vendue à 9,6 millions d'euros à Paris, surpassant le précédent record[54].

Musées et conservation

Musée Soulages

Ce musée abrite à Rodez la plus grande collection au monde de l'artiste. Pierre Soulages accepte en 2005 de léguer plus de 500 œuvres regroupant toutes les techniques employées au cours de sa carrière : peintures, eaux-fortes, sérigraphies, lithographies ainsi que les ébauches des travaux des vitraux de l'abbaye de Conques. Cette donation est complétée par les cessions de 2012[55] et 2020[56].

Le musée consacre 500 m2 de son espace d'expositions temporaires à d'autres artistes[57]. L'artiste dépose lui-même la première pierre du musée le . Son inauguration a lieu le .

Principales collections publiques

Aujourd'hui, plus de 230 de ses œuvres se trouvent dans 110 musées de par le monde[58].

Prix et distinctions

Prix

Distinctions

Publications

  • Dépaysage, recueil de poèmes de Jean-Clarence Lambert, illustrations de Pierre Soulages, Falaize, 1959
  • Sur le mur d'en face, Texte et sérigraphies originales de Soulages dont 3 hors-texte signées et numérotées, tirage limité à 75 exemplaires, Paris, FB Éditions,
  • Conques, les vitraux de Soulages, préface de Georges Duby, textes de Christian Heck et Pierre Soulages, Éditions du Seuil, 1993
  • Pierre Soulages, Noir lumière, entretiens avec Françoise Jaunin, Lausanne, éd. La Bibliothèque des arts, 2002
  • Entretien Pierre Soulages et Jacques Le Goff, De la pertinence de mettre une œuvre contemporaine dans un lieu chargé d'histoire, préface de Xavier Kawa-Topor, photographies Pascal Piskiewicz, Le Pérégrinateur Éditeur, Toulouse, 2003
  • Pierre Soulages, Écrits et propos, textes recueillis par Jean-Michel Le Lannou, Paris, Éditions Hermann, 2009
  • Pierre Soulages, Outrenoir, entretiens avec Françoise Jaunin, Lausanne, éd. La Bibliothèque des arts, 2012
  • Pierre Soulages, Conversation avec Roger-Pierre Turine, Éditions Tandem, 2014
  • Pierre Soulages, Paroles d’artistes, Fage éditions, 2017
  • Pierre Soulages, L'Intériorité dans la peinture, entretiens avec Anne-Camille Charliat, Paris, Éditions Hermann, 2019

Notes et références

Notes

  1. Cette maison de trois étages située au no 4 de la rue Combarel est acquise en 2014 par la communauté d'agglomération du Grand Rodez qui souhaite en faire une résidence d'artistes.
  2. Cette institution catholique, fondée en 1745, perdure encore de nos jours.
  3. C'est en fait sa seconde visite à l'abbatiale Sainte-Foy ; la première avec sa mère ne lui avait pas donné d'inspiration. C'est cette seconde visite qui est déterminante : « Je suis revenu par la suite avec un professeur du lycée et là, j'ai véritablement découvert l'espace intérieur de cette abbatiale. C'est ce jour-là que je me suis dit que je voulais être peintre, et non architecte. Ma sœur […] m'a offert une boîte de couleurs. Elle avait beau me dire : « C'est joli les couleurs », je préférais dessiner avec l'encre des encriers. »
  4. Une étiquette le mentionne parmi les membres d'une équipe ayant fait don des résultats des fouilles d'un dolmen de la région.
  5. « Il y avait aussi Zurbarán avec sa Sainte Agathe jaillie de la pénombre et ses seins sur un plateau de métal, Campaña avec sa ténébreuse Descente de croix pyramidale sur un ciel clair. » cité par Pauline Mérange dans la revue Cimaise no 293, .
  6. D'après les dires de l'artiste Christine Boumeester, rapportés par Soulages.
  7. En 1955 et jusqu'à sa mort en 1986, Simone de Beauvoir y habitera, juste à l'étage au-dessous.
  8. Trois sont aujourd'hui conservés : Goudron sur verre 45,5 × 76,5 cm, 1948-1, Goudron sur verre 45,5 × 45,5 cm, 1948-2 et Goudron sur verre 76,5 × 45,5 cm 1948-3.
  9. Soulages y expose la toile Peinture 100 × 81 cm, .
  10. La pièce ne fut pas donnée en raison du décès de l'acteur-metteur en scène Louis Jouvet.
  11. Détruite en 1978 dans l'incendie du musée.
  12. Dissous en 1986.
  13. Durant cette période, Soulages réalise en parallèle des huiles sur toile mais en nombre limité (dix seulement pour l'année 1948).
  14. À partir du , Soulages systématise la mention de ces titres. La date y figure ensuite en tant que complément hors titre.

Principaux ouvrages cités

  • Pierre Soulages, Noir lumière, entretiens avec Françoise Jaunin, Lausanne, La Bibliothèque des Arts, , 157 p. (ISBN 978-2-88453-104-7)
  1. op. cit.
  • Michel Ragon, Soulages, les peintures sur papier, Paris, Éditions Hazan,
  1. op. cit.
  • Pierre Encrevé, Soulages. L'Œuvre complet. Peintures : 1979-1997, tome III, Paris, Éditions du Seuil, (ISBN 978-2-02-014766-8)
  1. op. cit.
  • Musée Soulages : à Rodez, Paris, Hors-série du magazine Beaux Arts, TTM éditions, , 57 p. (ISBN 979-10-204-0102-1)
  1. op. cit., p. 34-37.
  • Soulages : Au Centre Pompidou, Paris, Hors-série du magazine Beaux Arts, TTM éditions, , 50 p. (ISBN 978-2-84278-694-6)
  1. op. cit., p. 15.
  2. op. cit., p. 20-21.
  3. op. cit., p. 11.
  4. op. cit., p. 30.
  5. op. cit., p. 12.
  • Pierre Encrevé, Soulages, l'œuvre imprimé, Paris, BnF éditions, , 199 p. (ISBN 978-2-7177-2226-0)
  1. op. cit.
  • D'un siècle à l'autre, Pierre Soulages, le noir en lumière, Toulouse, Hors-série du journal Midi libre, , 178 p. (EAN 378-0027-40450-6)
  1. op. cit., p. 20.
  2. op. cit., p. 31.
  3. op. cit., p. 175.
  4. op. cit., p. 96.
  5. op. cit., p. 48.
  6. op. cit., p. 118.
  7. op. cit., p. 130.
  8. op. cit., p. 136.

Autres références

  1. « Rodez : Hollande cherche la lumière au pays de Soulages », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  2. Bernard Géniès, « Pierre Soulages : l'enfant de Rodez », Le Nouvel Observateur, no 2585, , p. 106-107.
  3. Pauline Mérange, « Pierre Soulages à Lausanne – Le noir transmuté », Cimaise, no 293, (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Journal de l'Aveyron - 04/01/1920 (Archives départementales de l'Aveyron) », sur archives.aveyron.fr (consulté le ).
  5. « 4 E 212-63 - RODEZ Naissances 1900/1903 - 1900 - 1903 Archives départementales de l'Aveyron », sur archives.aveyron.fr (consulté le )
  6. « Journal de l'Aveyron - 03/01/1926 (Archives départementales de l'Aveyron) », sur archives.aveyron.fr (consulté le ).
  7. Soulages, le dernier roi du Louvre par Anne-Cécile Beaudoin dans le magazine Paris Match du 11 décembre 2019.
  8. « 4 E 212-64 - RODEZ Naissances 1904/1907 - 1904 - 1907 Archives départementales de l'Aveyron », sur archives.aveyron.fr (consulté le )
  9. Interview de Pierre Encrevé, Commissaire de l’Exposition Soulages du Centre Pompidou Article du 10 octobre 2009 sur le site aveyron.com
  10. Rodez : la statue-menhir de la Verrière prend place au musée Soulages Article du quotidien Centre Presse (Aveyron) le 18 septembre 2021.
  11. Gard. « Le Pont Neuf » du peintre Pierre Soulages s'arrache aux enchères à 195 000 euros par NG dans le journal Ouest-France du 7 décembre 2020.
  12. Isabelle Dillmann, « Entretien avec Pierre Soulages, « Le bâtisseur de lumière » », Revue des Deux Mondes, (lire en ligne, consulté le )
  13. Jean-Marie Gavalda, Pierre Soulages : « Je me fous de ma mort, tant que mes toiles vivent » , La Dépêche du Midi, 24 décembre 2018.
  14. L'historien Matthieu Séguéla, trait d'union entre le Japon et l'Aveyron Article de Centre Presse (Aveyron) du 5 février 2021.
  15. Anne Consigny, Rencontre : Pierre Soulages, portrait de l’artiste en jeune homme, Vanity Fair, 21 novembre 2019.
  16. (en) Pierre Soulages : Painting, November 20, 1956 sur le site du Musée Guggenheim.
  17. [PDF] Pierre Soulages, du noir à la lumière sur le site officiel du Musée des Beaux-Arts de Lyon.
  18. Maximilien Gauthier dans l'hebdomadaire Opéra, 1947.
  19. [PDF] Pierre Soulages, dans la lumière du noir Entretien avec Philippe Prigent, dans le revue art absolument no 57, janvier-février 2014, p. 50
  20. Christophe Donner, Entretien avec Pierre Soulages, Le Monde 2 du 3 février 2007, p. 48
  21. Émission Square consacrée à Pierre Soulages le 24 février 2013 sur Arte.
  22. Voir sur sothebys.com.
  23. Serge Lemoine, Image d'une collection : musée de Grenoble, Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais, 1999, p. 186 (ISBN 978-2711837953)
  24. Léonard aurait eu 500 ans... en 1952 ! sur le site memoire.ciclic.fr (images d'archives en Centre-Val de Loire)
  25. Pierre Soulages "Paris-New York" sur le site officiel de Pierre Soulages.
  26. Paris-New York, catalogue d'exposition, Paris, Centre Georges Pompidou, 1977, p. 522
  27. Rencontre : Pierre Soulages, portrait de l’artiste en jeune homme par Arnaud Laporte et Éric de Chassey dans le magazine Vanity Fair du 21 novembre 2019.
  28. « Tous au CIEL : un combat intellectuel antitotalitaire (1978-1986) présenté par Alain Laurent », sur lesbelleslettresblog.com,
  29. cité in : Les couleurs du noir : entretien avec Pierre Soulages, catalogue d'exposition, Lausanne, Galerie Alice Pauli, 1990, p. 13
  30. cité in : Pierre Soulages, Entretien avec Christophe Donner, Op. cit., 2007, p. 52
  31. Christian Heck, Pierre Soulages, Jean-Dominique Fleury, Conques : les vitraux de Soulages, photographies de Vincent Cunillère, préface de Georges Duby, Paris, Seuil, 1994, 115 p. (ISBN 9782020225939)
  32. Vingt ans après Pierre Soulages, Conques célèbre ses vitraux par RdS dans le quotidien Centre Presse du 29 août 2014.
  33. Soulages : «Je ne dépeins pas, je peins» par Vincent Noce dans Libération du 18 janvier 2013.
  34. Soulages : noir désir en 6 chefs-d’œuvre par Sabine Gignoux dans le magazine Connaissance des arts du 20 août 2020.
  35. Pierre Soulages : Fiat lux ! interview de l'artiste.
  36. Jean-Max Albert «Pierre Soulages», Opus, no 57, 1975.
  37. Valérie Duponchelle, Soulages, radioscopie d'un succès quasi centenaire, Le Figaro, 24 décembre 2018.
  38. Jean-Michel Meurice, La véritable histoire des origines d'ARTE par l'un de ses créateurs, Article paru dans la revue Télévision no 2, CNRS Éditions, 2011, p. 35 à p. 51
  39. Aux origines d'Arte… était la Sept par Olivier Milot dans le magazine Télérama du 6 avril 2011.
  40. [image] Timbre poste français, émis en 1986, en hommage à Pierre Soulages
  41. Art - Les noirs lumineux de Pierre Soulages,Loïc Torino-Gilles, francesoir.fr, 6 août 2009
  42. Les artistes contemporains au Louvre en 2009-2010
  43. Site officiel des célébrations des cent ans du peintre.
  44. Centenaire de Pierre Soulages sur le site officiel du Ministère de la Culture.
  45. Agenda chargé pour Pierre Soulages sur le site Art Critique.
  46. Hommage à Soulages, l'exposition au Musée du Louvre sur le site de Sortir à Paris.
  47. «Soulages au Louvre»: trois peintures inédites sur «la lumière du noir» sur le site rfi.fr le 10 décembre 2019.
  48. Pour son exposition au Louvre, Soulages peint trois nouvelles œuvres sur le site Art Critique le 16 décembre 2019.
  49. Pierre Soulages, une cote éblouissante Article de La Gazette Drouot du 23 février 2007.
  50. Soulages devient l'artiste français le plus cher aux enchères par Béatrice De Rochebouet dans Le Figaro du 27 juin 2013.
  51. Record pour une peinture de Pierre Soulages à plus de 6 millions d'euros par l'AFP dans Le Figaro du 8 juin 2017.
  52. Pourquoi David Hockney ne touchera rien des 80 millions d’euros de son «Portrait» par Paméla Rougerie dans Le Parisien du 16 novembre 2018.
  53. (en) Led by $10.6 M. Basquiat, Christie’s Contemporary Sale in London Brings in $80.4 M. par Annie Armstrong dans la revue ARTnews du 4 octobre 2019.
  54. Une toile de Soulages vendue au prix record de 9,6 millions d’euros à Paris par l'AFP dans Le Figaro du 28 novembre 2019.
  55. Pierre Soulages : comment ont été conçus les vitraux de l’abbaye de Conques et le musée de Rodez sur le site du ministère de la Culture.
  56. AFP, « Pierre Soulages fait don d'une vingtaine d'œuvres au musée de Rodez qui lui est dédié », sur lefigaro.fr,
  57. « Pierre Soulages : "Je refuse d'être un mausolée" », entretien , Le Figaro, 10 mars 2013.
  58. Voir sur ramdam.com.
  59. Michaël de Saint-Cheron et Matthieu Séguéla, Soulages. D'une rive à l’autre, Actes Sud, coll. « Beaux-Arts », hors collection, 2019.
  60. (en) Peinture 256 x 202 cm, 24 novembre 1963, Carnegie Museum of Art, Pittsburgh.
  61. « Les Grands Prix de la Ville de Paris », Le Monde, 6 juin 1975.
  62. Prix González 2006/2007 – Pierre Soulages sur le site officiel du peintre et sculpteur Julio González.
  63. « Prix du Rayonnement français 2019 », sur www.prixdurayonnement.fr (consulté le )
  64. « Décret du 3 avril 2015 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier », Journal officiel de la république française, no 0081, 5 avril 2015, p. 6287.
  65. « Distinctions accordées par La Renaissance française ; Promotion du 15 Mai 2019 », La Renaissance française, (consulté le ).
  66. https://www.midilibre.fr/2020/11/03/le-japon-accorde-sa-plus-haute-distinction-au-peintre-pierre-soulages-9180069.php

Annexes

Catalogues raisonnés

  • Pierre Encrevé, Soulages. L'Œuvre complet, 4 vol. (catalogue raisonné de 1 554 œuvres) :
  1. Peintures I : 1946-1959, Paris, Seuil, 1994
  2. Peintures II : 1959-1978, Paris, Seuil, 1996
  3. Peintures III : 1979-1997, Paris, Seuil, 1998
  4. Peintures IV : 1997-2013, Paris, Gallimard, 2015
  • Pierre Encrevé, Soulages. Les Peintures. 1946-2006, Paris, Seuil, 2007 (réédition des trois premiers volumes du précédent ouvrage, augmentée d'un chapitre concernant la période 1998-2006, mais avec beaucoup moins de reproductions)
  • Pierre Encrevé, Soulages, l'œuvre imprimé, Paris, BnF éditions, 2003, réédition en 2011 (catalogue raisonné de l'intégralité de l'œuvre imprimé dans les trois techniques de l'estampe : gravure, lithographie et sérigraphie)
  • Pierre Encrevé, Soulages, les papiers du musée, Paris, Gallimard, 2014

Monographies

  • Georges Duby et Christian Labbaye, Soulages, eaux-fortes, lithographies 1952-1973, Yves Rivière, Arts et Métiers Graphiques, Paris, 1974
  • Bernard Ceysson, Soulages, Flammarion, 1979 ; réédition augmentée en 1996
  • Charles Juliet, Entretien avec Pierre Soulages, L'Échoppe, 1990
  • Michel Ragon, Les Ateliers de Pierre Soulages, Albin Michel, Paris, 1990 ; réédition en 2004
  • Sandor Kuthy, Pierre Soulages, Célébration de la lumière, Skira/Seuil,
  • Pierre Daix, Pierre Soulages, éditions Ides et Calendes, Neuchâtel, 2003
  • Russell Connor, Soulages : Au-delà du noir, Éditions Alvik,
  • Françoise Jaunin, Pierre Soulages. Outrenoir, La Bibliothèque des Arts, Lausanne, 2012

Autres ouvrages

  • Roger Van Gindertael, Pierre Soulages, gouaches et gravures, Paris, Berggruen & Cie,
  • Hubert Juin, Soulages, Paris, Georges Fall, coll. « Le Musée de Poche » (1re éd. 1958)
  • Michel Ragon, Soulages, les peintures sur papier, Paris, Éditions Hazan (1re éd. 1962)
  • Jean Grenier, Entretiens avec dix-sept peintres non figuratifs, Paris, Calmann-Lévy (1re éd. 1963) ; rééd. aux Éditions Folle Avoine, 1990
  • Raymond Bayer, Entretiens sur l'Art abstrait, Genève, Pierre Cailler, 1964
  • Bernard Dorival, Soulages, catalogue de l'exposition, 26 reproductions dont 15 hors-texte et 7 en couleurs, Éditions du Musée National d'Art Moderne, 1967
  • Pierre Schneider, Les Dialogues du Louvre, Paris, Éditions Denoël, ; réédition augmentée, Adam Biro, 1991
  • James Johnson Sweeney (en), Soulages, éditions Ides et Calendes, 1972
  • Gilbert Dupuis, Pierre Soulages peintre, Pierre Soulages graveur, Galerie Art et Essai, Université Rennes-II, 1986
  • Jean-Louis Andral, Pierre Encrevé et al. (préf. Suzanne Pagé), Soulages : noir lumière, Paris, Paris Musées, , 245 p. (ISBN 2-87900-281-8)
  • Jean Arrouye, Maryline Desbiolles, Georges Duby, Gilbert Dupuis et Bernard Muntaner, Une œuvre de Pierre Soulages, Marseille, Muntaner, coll. « Iconotexte », , 119 p.
  • Nathalie Reymond, La Lumière et l'Espace, éditeur Adam Biro, Paris, 1999
  • Jacques Laurans, Pierre Soulages. Trois lumières, éditions Farrago, 1999 ; éditions Verdier poche, 2009
  • Henri Meschonnic, Le Rythme et la lumière avec Pierre Soulages, éditions Odile Jacob, 2000
  • Michael Peppiatt, Rencontre avec Pierre Soulages, Éditions de l'Échoppe,
  • Guy Marester, Un éternel regard, Liancourt, Dumerchez,
  • Jean-Michel Le Lannou, La Forme souveraine. Soulages, Valéry et la puissance de l'abstraction, Paris, Éditions Hermann, 2008
  • Pierre Encrevé, Les Soulages du Musée Fabre, Gallimard, 2008
  • Michel Ragon, Pierre Soulages, coll. « Ateliers d’artistes », photographies de Vincent Cunillère 80 illustrations couleurs, couverture en carton brut sérigraphié, édition bilingue français/anglais, Thalia, 2009
  • Pierre Encrevé, Soulages – 90 peintures sur toiles / 90 peintures sur papier, dans un coffret sérigraphié, 182 illustrations couleurs, Gallimard, 2009
  • Pierre Encrevé et Alfred Pacquement, Soulages, catalogue de l'exposition, 245 illustrations couleurs, Éditions du Centre Pompidou, 2009; réédition complétée et augmentée, 2011
  • Xavier Isle de Beauchaine, Soulages – Album de l’exposition, parcours en images d’une sélection d’œuvres, texte de Pierre Soulages « Image et signification », 270 × 270, version bilingue français/anglais, Éditions du Centre Pompidou, 2009
  • Estelle Pietrzyk et Gilbert Dupuis, Soulages, le temps du papier, Cercle d'art/MAMCS,
  • Dominique Marin, Le Désir du peintre, entretien avec Pierre Soulages, Revue L'en-je lacanien no 15, Éditions Érès, 2010
  • Claude Pélissier, Conques, la couleur dans les vitraux de Soulages, éditions de L'Harmattan, 2012
  • Geneviève Vidal, Soulages/Variations, dessins de Pierre Lacôte, Zhor éditions, 2013
  • Henri Darasse, Soulages, la peinture. Poétique de l’accident, Nîmes, Lucie éditions, 2014
  • Lydie Dattas, La Blonde, les icônes barbares de Pierre Soulages, Éditions Gallimard, 2014
  • Pierre Encrevé, Soulages : Les papiers du musée, Éditions Gallimard, 2014
  • (en) Sean Sweeney, Soulages in America, New York, Dominique Levy Gallery,
  • Pierre Duterte, Pierre Soulages au fil de l'amitié, Michel de Maule éditeur, 2016
  • Michel Onfray, Féeries Sétoises : Géographie sentimentale, Dans la boîte, 2016
  • Michel Pastoureau, Pierre n'a plus peur du noir, Éditions Privat, collection jeunesse, 2016
  • Robert Fleck et Hans Ulrich Obrist, Pierre Soulages, Manuella éditions, 2017
  • Bruno Duborgel, L’Art de Pierre Soulages. Approches, Bernard Chauveau Éditeur, 2017
  • Bruno Duborgel, Pierre Soulages. Présences d’outrenoir, Le Réalgar, 2019
  • Christian Bobin, Pierre, Éditions Gallimard, 2019
  • Pierre Encrevé & Alfred Pacquement, Soulages au Louvre, Éditions Gallimard, 2019
  • Aliocha Wald Lasowski, Dialogue avec Alain Badiou sur l'Art et sur Pierre Soulages, Éditions Cercle d'art, 2019
  • Caroline Gaudriault, Soulages, nos reflets. Motif à une introspection, Éditions Paradox, 2019
  • Jacques Bellefroid, Soulages : Encre noire sur pages blanches, essai, Éditions du Canoë, 2019
  • Michaël de Saint-Cheron et Matthieu Séguéla, Soulages. D'une rive à l’autre, Actes Sud, coll Beaux-Arts, hors collection, 2019
  • Alain Badiou, Pierre Soulages : un peintre affirmationniste ?, Éditions du Centre Pompidou, collection Écrits, 2019
  • Jean-Yves Tayac, Soleil Agissant, Sol Agens, Soulages (sous-titré Poésies autour des œuvres de Pierre Soulages), Daidalon éditions, 2019
  • Alfred Pacquement, Pierre Nora et Camille Morando, Soulages au Louvre, catalogue de l'exposition, Éditions Gallimard/Musée du Louvre éditions, 2019
  • Olivier Margot (et 71 auteurs), Ce All Black nommé Soulages, Mille Sources, 2020
  • Bruno Duborgel, Soulages, dix-neuf peintures au Louvre, Bernard Chauveau Éditeur, 2020

Articles

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

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