Catalogue raisonné

Le catalogue raisonné d'un artiste peintre, joaillier ou sculpteur est l'inventaire le plus complet possible de ses œuvres et de leur localisation et avec la mention de leurs propriétaires moyennant leur accord. Une présentation générale de l'artiste accompagne souvent ce travail, le titre le plus courant est le nom de l'artiste et ses dates, exemple : Dommenchin de Chavannes, (1673-1744), sa vie son œuvre, l'idéal est d'avoir le plus d'informations sur l'artiste : sa généalogie, sa formation, ses débuts, sa maturité, la fin de sa vie. Sa fortune critique (comment jusqu'à aujourd’hui, il a été perçu par la critique et le grand public). On mentionnera ses collègues et amis, ses élèves, sa postérité. Des documents d'archives seront bienvenus : acte de baptême, acte(s) de mariage(s), naissance des éventuels enfants, acte de décès, inventaire après décès, vente après décès.

Rôle et histoire

Edme-François Gersaint (1694-1750) est le premier à publier un catalogue raisonné de l'œuvre graphique d’un seul artiste en 1751 : il concerne les gravures de Rembrandt, et est publié à titre posthume sous le titre Catalogue raisonné de toutes les pièces qui forment l’œuvre de Rembrandt[1]. Dès ce premier essai, il aborde également en détail, dans un chapitre, les attributions douteuses et les questions de connaisseur consistant à distinguer l’œuvre de Rembrandt de celle de ses élèves[2],[3].

Ce terme, né en France et conservé en français dans les autres langues, est utilisé dans le monde par :

  • les conservateurs de musées, pour la rédaction des catalogues des musées et des publications relatives à leur institution ;
  • les historiens d'art : études générales, ou autres catalogues raisonnés ;
  • par les professionnels du commerce artistique :
    • à l'occasion de ventes publiques[4]: commissaire priseur, Christie's, Sotheby's, Tajan ;
    • à l'occasion de ventes privées : galeriste. Ceci afin de rassurer les éventuels acheteurs et de confirmer les prix demandés ou estimés, l'inclusion ou non d'une œuvre dans un catalogue raisonné non encore édité, est aussi une information capitale.
    • à l'occasion d'inventaire réalisés par des experts,
  • par les amateurs de collection, pour, entre autres, leur déclaration d'assurance.

Parfois, les artistes tenaient un répertoire de leurs travaux, ce qui facilite la rédaction de leur catalogue raisonné, on mentionnera ainsi le Liber Veritatis de Claude Gellée dit Le Lorrain, le peintre à qui l'on avait présenté un faux très habile, fait de son vivant, avait dû solliciter sa mémoire pour savoir si oui ou non il était l'auteur de ce tableau, il décida alors de conserver dans un album des dessins pour se souvenir de ses tableaux – en italien, ces dessins s'appellent des riccordo. Le livre de compte de Hyacinthe Rigaud est aussi un précieux document qui permet de s'apercevoir de l'œuvre d'équipe que constituait cet atelier.

Les auteurs des catalogues raisonnés présentent les œuvres qu'ils estiment authentiques, ils peuvent exprimer leurs doutes, dans une, ou plusieurs, sections spéciales. Les numéros des tableaux attribués ou douteux portent alors une lettre fatidique : R 12, pour Poussin, veut dire douzième tableau rejeté, souvent une table de concordance permet de savoir quels numéros porte un tableau selon les différents auteurs, exemple pour Rembrandt : Bode, Valentiner, Bredius, Bauch, Gerson, Rembrandt Research Project, l'histoire de l'art devient alors une sorte de jeu de piste mathématique. Certains historiens d'art, connaissant par cœur les ouvrages fondamentaux, se complaisent à citer les tableaux d'après leur numéro, pour van Gogh, par exemple, on pourra lire ou entendre : Le Lafaille 99 est bien mieux conservé que le Lafaille 47.

Pierre Rosenberg est un historien d'art qui a mené de front une très belle carrière à la conservation, puis à la direction du musée du Louvre, et a assuré la publication de nombreux catalogues raisonnés d'artistes majeurs.

Marc Sandoz publia de 1975 à 1988 neuf catalogues raisonnés des peintres de l'ancienne Académie Royale, anciens pensionnaires de l'École des élèves protégés par le Roi.

Certains marchands[5] s'attellent aussi à cette tâche qui permet d'entrer en contact avec des propriétaires d'œuvres.

Organisation des catalogues raisonnés

Le terme « raisonné » signifie que l'historien présente le corpus de l'artiste selon un ordre choisi.

  • Chronologique.
  • Thématique.
  • Par taille, rare, mais pratique voir le catalogue raisonné de Constant Troyon.

Certains artistes, tels Demarne, n'ont pratiquement aucune évolution stylistique ; l'approche chronologique n'est pas adéquate, et son catalogue raisonné s'organise par sujets : routes, fermes, foires, marines, etc.

Des catalogues raisonnés

Sélection de catalogues raisonnés d'artistes majeurs :

  • Camille Claudel par Reine-Marie Paris
  • Gustave Courbet par Robert Fernier
  • Gustave Doré par Henri Leblanc, 1931
  • Marcel Duchamp par Arturo Schwarz (1969 et suiv.)
  • Jeanne Hébuterne par Marc Restellini, 2008
  • René Lalique, par Félix Marcilhac, 4e édition parue en 2011, 4000 pièces photographiées
  • Modigliani par Christian Parisot, 2006 puis par Marc Restellini[6]
  • Rembrandt par Wilhelm Valentiner, 1921 - inventaire de 711 œuvres. En 1935, Abraham Bredius réduit le nombre à 630 ; en 1966 Kurt Bauch le réduit encore à 562 œuvres ; et en 1968, Horst Gerson recense 420 œuvres de la main du Maître. Pendant cinq ans, le Rembrandt Research Project publie trois des cinq volumes projetés, en se basant premièrement sur Bredius, puis Gerson. Le nombre des peintures expertisées comme authentiques diminue de 420 vers 300, bien que l'équipe scientifique accepte des peintures antérieurement rejetées par Gerson en 1968.
  • Nicolas de Staël, par Françoise de Staël, 1re édition de 1968, 11000 œuvres répertories.

Notes et références

  1. Edme François Gersaint, P. C. A. Helle et Jean-Baptiste Glomy, Catalogue raisonné de toutes les pièces qui forment l'œuvre de Rembrandt, Paris, Chez Hochereau, l'aîné, , 326 p. (OCLC 8451071, lire en ligne).
  2. Mariët Westermann, Rembrandt, Phaidon, , 352 p. (ISBN 978-0-7148-3857-1, OCLC 43968643), p. 321.
  3. Musée du Petit Palais, Rembrandt : Eaux fortes, Paris, Paris Musées, , 307 p. (ISBN 2-905028-10-6), p. 9.
  4. Un tableau de Gabriel de Saint-Aubin passa en vente avec la mention figure dans le catalogue raisonné de Dacier, or dans cet ouvrage le tableau y figure bien, mais avec un texte disant que le tableau n'est pas de l'artiste.
  5. Comme Georges Wildenstein, son fils Daniel et les fils de ce dernier.
  6. « Catalogues raisonnés - Institut Restellini », sur www.institut-restellini.com (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • François Duret-Robert, « La dictature des cataloguistes », Connaissance des arts, 1989, numéro de mai ou de juin, p. 131-143. (article illustré par Jean Gourmelin)
  • A. C. I. – Art Catalogue Index – Catalogues Raisonnés of Artists 1780-2008 (édition bilingue), Zurich, Blondeau & Meaudre / JRP|Ringier, 2009

Articles connexes

Liens externes

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