Hidjab
Le hidjab[1],[2] ou hijab[alpha 1] /ʔid͡ʒab/[alpha 2] (arabe : حِجَاب, hijāb /ħɪˈd͡ʒaːb/[alpha 3] ou /ħeˈɡæːb/[alpha 4]), voile ou foulard, désigne un vêtement féminin porté par des femmes musulmanes et qui couvre leur tête en laissant le visage apparent.
Le port du hidjab trouve sa source dans certaines interprétations du Coran, où il n'est jamais explicitement mentionné, ainsi que des hadiths, mais ne cesse de susciter une polémique dépassant le cadre religieux, depuis le tournant du XXIe siècle. Le dévoilement des femmes qui contestent le port du hidjab est appelé al-sufûr.
Lorsque le visage est couvert aussi, on ne parle pas de hidjab mais plutôt de voile intégral qui peut prendre la forme d'un niqab, d'un sitar ou d'une burqa.
Origine du voile
Le voile est d'origine proche-orientale, et bien plus ancien que l'Islam. Déjà mentionné dans la tablette A 40 des lois assyriennes du roi Teglath-Phalasar Ier vers 1000 av. J.-C., il est une obligation pour les femmes et filles d'hommes libres et interdit aux esclaves et prostituées[3] :
« Les femmes mariées […] qui sortent dans la rue n'auront pas leur tête découverte. Les filles d'hommes libres seront voilées. La concubine qui va dans les rues avec sa maîtresse sera voilée. La prostituée ne sera pas voilée, sa tête sera découverte. Qui voit une prostituée voilée l'arrêtera […]. Les femmes esclaves ne sont pas voilées et qui voit une esclave voilée l'arrêtera. »
— Loi assyrienne, attribuée au roi Téglath Phalazar 1er (1112-1047 av. J.-C.). Tablette A 40[4].
Dans le code d'Hammourabi au XVIIIe siècle av. J.-C., la femme libre, contrairement à l'esclave, porte le voile sous peine de sanctions. Un texte assyrien en fait un signe distinctif de la femme honorable (contrairement aux esclaves, prostituées et filles des rues). Dans la période antique, grecque puis romaine, le voile a la même fonction. C'est un signe de distinction sociale.
Le rabbin Josy Eisenberg souligne que « les lois antiques des civilisations sémitiques comme celles des Assyriens, obligeaient le port du voile aux femmes mariées »[réf. nécessaire].
La question du voile se pose dans les premières communautés chrétiennes. Saint Paul dans la première épître aux Corinthiens note :
« L'homme lui ne doit pas se voiler, il est l'image de la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l'homme… C’est pourquoi la femme doit avoir sur la tête un signe de sa dignité, à cause des anges[5] » et : « Pour la femme, la chevelure lui a été donnée en guise de voile[6]. »
Dans la plupart des campagnes de France, jusqu'au milieu du XXe siècle, les femmes se couvraient les cheveux d'un petit foulard de tête, ou d'un voile léger en dentelle (mantille), pour aller à l'église. L'usage de la mantille a persisté en Espagne, notamment, ainsi que pour des femmes ayant audience avec le Pape.
Pour certains auteurs, le voile islamique s'inscrit dans la continuité du voile préislamique[7]. D’autres historiens s'accordent en revanche sur la fonction du voile ; cette couverture portée sur les cheveux aurait pour vocation de distinguer les femmes esclaves des femmes libres. D’après eux, aux premiers temps de l'islam, dans la ville de Médine, il aurait été ainsi recommandé aux femmes de le porter lorsqu'elles sortaient du domicile, la nuit, pour faire leurs besoins dans la rue - comme c'était l'usage à cette époque - afin que les hommes ne les confondent pas avec des esclaves dont ils pouvaient librement abuser[8][réf. à confirmer].
Terminologie
Le terme « hidjab » (en arabe : حِجَاب, hijāb) est dérivé de la racine ḥ-j-b[9], hadjaba qui signifie « dérober au regard, cacher ». Par extension, il prend également le sens de « rideau », « écran »[7]. Le champ sémantique correspondant à ce mot est plus large que pour l'équivalent français « voile » qui couvre pour protéger ou pour cacher, mais ne sépare pas.
Selon les pays et les courants religieux, sa forme diffère : en Iran, par exemple, il s'appelle tchador et ne cache pas le visage ni les vêtements de la femme; par contre, en Afghanistan, dans certaines régions du Pakistan ou d'Inde où il s'appelle tchadri, il cache tout le corps ne laissant voir que le bas de ses jambes couvertes d'un pantalon (la femme sous son voile est habillée d'un pantalon recouvert d'une robe tombant légèrement sous les genoux) et à l'occasion ses bras et ses mains. Quand il s'appelle burqa, au sens qu'on lui donne depuis la fin des années 1980, il ne laisse rien voir du corps de la femme, ni ses mains, ni ses pieds : les Occidentaux l'appellent « voile intégral ». Traditionnellement, tchadri et burqa étaient des termes synonymes bien que le second ne soit connu que de l'intelligentsia afghane, et ait été très modifié par l'influence salafiste.
Dans un contexte non arabophone, il désigne plus particulièrement le voile que certaines femmes musulmanes portent, couvrant la tête et laissant le visage découvert. Il est aussi appelé « voile islamique ». C'est le cas de pays comme la Malaisie ou l'Indonésie.
- Arabe ou Bédouine voilée, Beer-sheva, Palestine mandataire, av. 1946
- Hidjab de jeunes Pakistanaises.
- Comoriennes en saluva et châle.
- Femmes afghanes en tchador.
- Fillette arabe en abaya.
- Femmes irakiennes en niqab, considéré comme voile intégral.
- Femmes afghanes en burqa, considéré comme voile intégral.
Le voile dans les textes
Pendant longtemps, les légistes musulmans, s'appuyant sur le Coran et la Sunna, ont affirmé le caractère obligatoire du port du voile pour les femmes musulmanes[10].
Dans le Coran
Les légistes musulmans se basent principalement sur la sourate 24 pour conclure à l'obligation, pour les femmes musulmanes libres et nubiles, de porter le voile. Ils se fondent sur le verset 31, qui est considéré comme « peu clair » et qui impose le respect de la pudeur, tant pour les hommes que pour les femmes, et sur le verset 59 de la sourate 33[11]. Dans le Coran, le voile n'est pas un signe de soumission, ni à Dieu, ni aux hommes. Il désigne avant tout un élément de reconnaissance, « qui est réputé les mettre à l'abri des insultes et autres agressions extérieures »[11].
Le hidjab coranique
Le mot « hidjab » est utilisé sept fois dans le Coran. Dans cinq cas, il évoque une barrière d'ordre spirituelle. Dans aucun cas il ne fait référence à un vêtement féminin[12]. Hidjab signifie « séparation », et dans un sens concret il se traduit la plupart du temps par « rideau » : il est devenu le symbole d'une séparation, même si dans le Coran, il ne signifie pas obligatoirement que ce soit entre les hommes et les femmes[13].
Dans le verset 53 de la sourate 33, le Coran évoque une séparation avec les femmes de Mahomet[13] : « Et si vous leur demandez (aux femmes du prophète) quelque objet, demandez-le leur derrière un rideau : c'est plus pur pour vos cœurs et leurs cœurs[14]. » Mais il s'agirait plutôt de distances et d'obstacles qui interdiraient les contacts directs des invités du prophète avec ses femmes. Cette séparation, d'abord réservée aux femmes de Mahomet, se serait ensuite postérieurement étendue aux femmes musulmanes en général[15].
Van Reeth voit cette disposition comme un possible reflet de l'attitude misogyne de Umar. Il est possible de voir dans l'évocation du hidjab un arrière plan biblique : l'auteur évoque le voile de Moïse ou le voile eschatologique. Néanmoins, ici, il s'agit clairement d'un rideau et ce verset n'est en aucun cas une prescription du port du voile[16].
Dans la sourate 24, les versets 30-31
D'après les données hagiographiques de la vie de Mahomet, cette sourate XXIV serait à dater de 626, mais des éléments y auraient été ajoutés. Cette sourate est, pour les spécialistes, composite. En particulier, pour Bell, le verset 30 est un ajout plus tardif[17],
« Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu'elles rabattent leur [khimar] sur leur poitrine ; et qu'elles ne dévoilent leurs charmes qu'à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu'elles possèdent, ou aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties cachées des femmes. Et qu'elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que l'on sache ce qu'elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous tous devant Allah, ô croyants, afin que vous récoltiez le succès. »
— Sourate XXIV, v.31.
Dans les versets 30-31, le mot « voile » n'apparaît pas. Le mot traduit par « fichu » ici est le mot arabe « khoumour » (au singulier, khimar) qui peut signifier tout drap ou vêtement que portait la femme. Quant au terme rendu par « poitrine », il s'agit du terme arabe « jouyoub », que d'autres traducteurs ont rendu par échancrure, gorge, seins, ou encore décolleté[18]. Le terme jouyoub est utilisé par le Coran au singulier jayb à propos de Moïse (27:12 ; 28:32) dans le sens de l'ouverture de la chemise. Le terme « charmes » (parfois traduit par agrément, atours, ornements, nudité...) a été perçu fautivement par certains juristes comme mot désignant le visage[19]. M. Azaiez précise que cette injonction ne vise que la poitrine et non les visages. L'elargissement au cheveux provient des « juristes et [d]es exégètes musulmans [qui] ont une conception plus large et considèrent que ce voile doit couvrir non seulement la poitrine mais également les cheveux, les oreilles et la gorge »[20].
Des parallèles thématiques clairs et des parallèles linguistiques apparaissent entre ce texte et la Didascalie des apôtres malgré certaines différences (la Didascalie ne s'adresse qu'aux femmes). Cette proximité prouve l'existence « d'un environnement légal commun qui suggère que l'auditoire du Coran connaissait la Didascalia syriaque »[21]. Medhi Azaiez compare ces prescriptions à celles du Nouveau Testament[20].
Dans la sourate 33, le verset 59
Les verset 28 à 59 forment la partie la plus complexe de cette sourate, possiblement fortement remaniée et réduite[16].
« Ho, le Prophète ! dis à tes épouses, et à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et exemptes de peine. Et Dieu reste pardonneur, miséricordieux. »
— Coran, XXXIII, 59. trad. Muhammad Hamidullah.
Le terme utilisé dans ce verset (djalâbib, pluriel de djilbab) « est d'origine éthiopienne et désigne un manteau et n'a donc rien d'un voile »[22]. Aussi, quand des éditions traduisent : « dis […] de ramener sur elles leurs voiles » ou « grands voiles », André Chouraqui préfère traduire par « dis […] de resserrer sur elles leur mante »[23]. Ce verset ne précise pas quelle(s) partie(s) du corps il faudrait cacher. « La réponse à cette question dépend de la définition adoptée de la ’awra de la femme musulmane libre : son corps entier à l'exception de son œil gauche, sa chevelure... »[11].
Le mot djilbab signifierait ici plutôt un « drap » qu'un quelconque habit, et permettrait de cacher l'identité donc couvrir ou découvrir le visage. Cacher l'identité des réfugiées de la Médine au début de leur refuge (la Hejra vers la Médine) diminuerait les offenses des originaux de la cité ; mais ultérieurement quand grandissait la force et le pouvoir des Musulmans à Médine il s'agissait plutôt de découvrir le visage voire l'identité pour diminuer les offenses[réf. à confirmer][24].
Le verset 59 n'est probablement pas une prescription pour les musulmanes à se voiler. Ce verset évoque les femmes de la famille de Mahomet qui rabattent un bout de leur manteau sur leur visage[16]. Des penseurs se sont interrogés sur le fait de savoir si une prescription faite aux femmes de Mahomet s'appliquait à toutes les femmes croyantes[13]. Le verset 69 permet de relier ce passage avec la vie de Moïse « dont nous ignorons également la nature exacte »[16].
Dans les hadiths
« Aïcha, mère des croyants, a dit : Asma, fille d'Aboubécer s'est présenté auprès du Messager de Dieu (que la paix soit sur lui) alors qu'elle portait un vêtement léger (riqâq). Le Messager de Dieu (que la paix soit sur lui) s'est alors détourné d'elle et a dit : « Ô Asma, lorsqu'une femme atteint l'âge de la menstruation, il ne convient pas que l'on voit d'elle les parties de son corps, sauf cela et cela. » et il a montré son visage et ses mains propres. Abou Daoud dit : ce hadith vient d'une tradition mursal (c.-à-d. le narrateur qui l'a transmit d'Aïcha est inconnu), Khaled ibn Duraïk n'a jamais rencontré Aïcha (que Dieu soit satisfait d'elle). »
— Sunan Abi Dawud, XXXIV, 85.
Il est considéré comme authentique par les juristes musulmans salafistes Muhammad al-Albani et Shouayb al-Arnaout[25].
Fonction du voile
Le voile peut être interprété comme une protection pour la femme[26] et pour l'homme contre le désir sexuel[27]. Le voile permettrait de cacher les atours féminins afin de ne pas attirer le regard des hommes. À l'inverse, les pulsions masculines étant considérées comme incontrôlables, le voile permettrait de ne pas créer la « concupiscence » (notion chrétienne). Cette interprétation ne figure pourtant pas dans le Coran, qui insiste davantage sur l'exigence de modestie et l'absence de vanité dans la toilette, que sur des impératifs strictement vestimentaires. Il s'agit avant tout, dans le texte, de mettre en garde contre le « clinquant », l'« apparat » de la vie matérielle[28].
Par extension, il pourrait servir de marqueur identitaire[29]. La revendication du voile peut être considéré comme « un repli identitaire » qui dépasse l'aspect religieux vers le politique[30]. En effet, le voile est un marqueur triple de l'appartenance à un sexe, à une religion et à une culture[31].
Selon certains responsables politiques comme Manuel Valls, « le voile est un asservissement pour la femme[32]. » D'autres considèrent qu'il participe d'un rabaissement de la dignité de la femme[33] car il serait un signe de « la nature mauvaise et perverse » de la femme. Marquant une limite entre le masculin et le féminin, il permettrait de limiter l'accès aux femmes « aux institutions de la civilisation »[34]. Ces déclarations sont jugées islamophobes par certains médias musulmans de France[35].
Le hidjab comme prescription religieuse
Bien que les prescriptions vestimentaires n'occupent qu'une place très marginale dans le Coran, cet aspect est mis au premier plan par les traditionalistes qui tentent de clore le débat sur la question en affirmant que l'obligation de voilement n'est contestée par aucune source islamique et que la question ne se pose pas[réf. nécessaire]. Cependant, les libéraux revendiquent ce débat[réf. nécessaire]. Par ailleurs, il y a eu dans l'histoire contemporaine des différents pays musulmans certaines périodes de dévoilement (al-sufûr)[réf. nécessaire]. Il n'existe en fait dans le Coran aucune recommandation explicite pour une telle pratique, qui puise son origine aussi bien dans la Jâhilîya pré-islamique que chez certains auteurs chrétiens rigoristes du christianisme primitif comme Paul de Tarse. Ainsi selon l'imame Kahina Bahloul « Le voile n’est pas une obligation religieuse, c’est une question d’interprétation de texte »[36].
Le débat et les interprétations portent généralement sur la partie à cacher qui relève de l'interprétation du concept coranique de 'awra, les parties à dissimuler au nom de la pudeur à la vue des autres, après la puberté, la notion de pudeur étant dialectique : elle se définit objectivement ou subjectivement selon qu'il s'agisse du point de vue du/de la regardé(e) ou du/de la regardant(e). Pour les femmes nubiles, il s'agit, pour la plupart des commentateurs, du corps entier à l'exception du visage et des mains, parfois des pieds[37]. Pour certains courants[Lesquels ?], la 'awra inclut aussi la parole des femmes qu'elles doivent cacher en public[38]. Le compagnon de Mahomet, Abdullah ibn Abbas, ainsi que son élève Moudjahid et également Hasan Al Basri et d'autres, définissent l'expression « ce qui en parait » de la sourate XXIV, verset 31 comme désignant le visage et les mains qu'il n'est pas obligatoire de couvrir. Aïcha, une des épouses de Mahomet, aurait quant à elle indiqué que l'expression désigne le visage, les mains et les pieds.
Chez les traditionalistes eux-mêmes, il y a débat sur l'étendue de la awra (la partie à cacher) de la femme. Abu Hanifa est d'avis que les pieds de la femme ne sont pas une awra tandis que Mâlik ibn Anas ou Ahmad Ibn Hanbal considèrent eux que les pieds de la femme doivent être cachés en se basant sur des avis postérieurs à Mahomet[réf. nécessaire].
La plupart des légistes tempèrent également l'obligation de se voiler[37] si elle entre en contradiction avec cette participation. C'est par exemple le cas pour commercer, ce qui ne peut se faire anonymement et nécessite que l'on montre son visage et ses mains.
Interprétations traditionalistes
Suivant certaines tendances traditionalistes, le hidjab doit correspondre en tout ou en partie à certains critères[réf. nécessaire] :
- Couvrir tout le corps à l'exception du visage et des mains (et des pieds chez la majorité des hanafites)
- Ne pas être une belle parure en lui-même
- Être opaque
- Être large, non moulant
- Ne pas être parfumé
- Ne pas ressembler aux habits des hommes
- Ne pas symboliser les habits des non-musulmanes
- Ne pas attirer le regard
Contestation de l'interprétation traditionaliste
Plusieurs penseurs libéraux contemporains, spécialistes de l'islam, se sont employés à remettre en question l'obligation du hidjab :
- À partir des sources religieuses elles-mêmes : en contestant le sens donné par les traditionalistes à certains termes coraniques, dont aucun ne réfère explicitement aux cheveux, en rappelant que les trois versets du Coran utilisés par certains théologiens pour affirmer que le voile des femmes est une obligation ont été révélés pour remédier à des situations spécifiques : pour l'un imposer le respect de l'intimité et du domicile du prophète de l'islam Mahomet, l'autre aux femmes de Mahomet qui doivent s'habiller d'une certaine façon afin d'être reconnues et de ne point être importunées et la troisième au fait qu'il faut couvrir la poitrine (entre les seins); ou encore en remettant en cause l'authenticité du hadith invoqué par les traditionalistes à l'appui de leur démonstration; enfin en notant que, si elle existe, cette prescription n'est assortie, ni dans le Coran ni dans les hadith, d'aucune sanction.
- À partir d'une analyse du contexte socio-culturel : les libéraux estiment que les Anciens ont tenu le voilement pour une évidence parce qu'ils baignaient dans un contexte socio-culturel où les normes vestimentaires d'inspiration bédouine étaient très ancrées. Si les oulémas qui leur ont succédé (depuis ceux des grandes écoles jurisprudentielles sunnites, chiites, ibadites jusqu'à ceux d'aujourd'hui) n'ont jamais songé à prendre leurs distances avec les Anciens sur cette question, c'est justement, selon les libéraux, parce que leur mode d'apprentissage et de pensée consiste à assimiler les arguments développés par ces Anciens sans les remettre en cause, alors même que l'évolution de nos sociétés contemporaines nécessiterait une réévaluation de la signification de cette norme vestimentaire.
De tous les éléments ci-dessus, ces libéraux déduisent que le voile n'est pas un principe fondamental de l'islam, et encore moins une prescription. On peut citer parmi eux par exemple l'historien Mohamed Talbi, Iqbal Baraka (journaliste égyptienne), Muhammad Saïd al-Ashmawi (en) (ancien magistrat et spécialiste de droit musulman et comparé) ou encore Gamal El Banna (frère du fondateur des Frères musulmans). En revanche, les libéraux s'accordent tout de même avec la majorité des théologiens (oulémas) sur l'obligation de bienséance dans les vêtements et de pudibonderie dans les attitudes (aussi bien pour les hommes que pour les femmes du reste).
Selon certains commentateurs, le terme désignerait dans le Coran (sourate 33 verset 53), un obstacle (rideau, paravent, voile, tenture)[39]. Dans ce contexte, le terme renverrait plus précisément à une barrière symbolique, à une frontière séparant les Hommes de Dieu, ou à une frontière séparant les croyants des non-croyants[40]. Ainsi, selon Éric Chaumont, dans les sociétés musulmanes, la question a rarement eu l'importance qu'elle revêt aujourd'hui et le thème du voile n'a été abordé généralement dans la littérature musulmane que d'un point de vue théologique[37]. Il s'agirait par ailleurs d'un obstacle offusquant la vision de Dieu et non d'une tenue vestimentaire[37].
Critique du voile
Le voile est souvent présenté comme un signe de reconnaissance des femmes de musulmans, qui les met à l'abri des « agressions extérieures ». Néanmoins, les commentateurs musulmans ont souvent abordé le sujet sous l'angle de l'éthique musulmane qui favorise la primauté masculine[37].
Considéré par certains comme un signe d'appartenance librement consenti et par d'autres comme un outil de réclusion et d'humiliation, il soulève des questions largement débattues ou commentées pour des points de vue divergents, s'écartant de la question plus générale de l'éthique vestimentaire dont il relevait traditionnellement[37][Quoi ?].
Le voile fait l'objet de polémique dépassant le cadre religieux[42]. Il est considéré par certains comme une remise en cause de la dignité de la femme. Il serait une pression exercée sur la femme voire une oppression patriarcale ou masculine[43] qui irait jusqu'à la négation de sa personne[33]. Le voile participe à maintenir la « femme musulmane dans une sorte de réclusion » par un enfermement de leur corps[7],[44]. Il irait à contre-courant du mouvement de l'égalité hommes-femmes[44] et aurait une dimension politique ou idéologique[45].
Selon la chargée de mission pour l'Éducation nationale, Hanifa Chérifi[46], « Entre le voile [hidjâb] et la burqa, il n’y a qu’une différence de degré, non de nature »[47].
Dévoilement
Le port du voile, à l'origine destiné à distinguer les femmes de bonne famille des esclaves, a été remis en question avec la disparition de cette séparation dans les sociétés modernes. En conséquence, la plupart des grands leaders politiques progressistes du monde arabe en ont déconseillé et « ringardisé » son usage pendant tout le XXe siècle. Ainsi à partir des années 1960, le port du voile ne fut ni imposé et ni spécialement recommandé dans la plupart des pays à majorité musulmane, à l'exception de l'Arabie saoudite (créée en 1932). Cependant, le dévoilement (al-sufûr) rencontra la résistance des campagnes où les femmes continuèrent de porter le voile[48]. Ce n'est qu'au XXIe siècle qu'il est redevenu un enjeu politique majeur, avec la percée de partis politiques islamistes sous l'impulsion de l'Iran et de l'Arabie Saoudite.
Égypte
En Égypte, on considère que la première remise en cause du voile a lieu à la fin du XIXe siècle : Qasim Amin, qui appartient alors au courant de pensée moderniste qui cherche à interpréter l'islam pour le rendre compatible avec la modernisation de la société, s'exprime en faveur d'une évolution du statut de la femme dans son ouvrage Tahrîr al-mar'a (La libération de la femme) publié en 1899. Il s'exprime notamment pour l'éducation des femmes, la réforme de la procédure de divorce et la fin du voile et du confinement des femmes. En ce temps là, Amin fait référence au voile facial (burqu : voile de mousseline blanche qui recouvrait le nez et la bouche) que portent les femmes de classe aisée en ville, qu'elles soient chrétiennes ou musulmanes. Le hidjab d'alors est effectivement lié à l'isolement des femmes. On considère généralement que c'est à ce moment que le hidjab cesse d'être le symbole d'un statut social et de richesse pour devenir un symbole d'arriération, selon ses détracteurs, et un enjeu social, politique et religieux. En 1923, Huda Sharawi, considérée comme l'une des premières féministes arabes[48], retire son voile facial en rentrant d'une rencontre féministe à Rome, lançant ainsi, d'après de nombreux auteurs, un mouvement de dévoilement (al-sufûr).
Avec la modernisation de l’Égypte au long du XXe siècle, l'usage du voile se raréfie, tout d'abord dans les grandes villes puis dans une large partie de la population. Ainsi, dans les années 1950, le président égyptien et charismatique leader du monde arabe Gamal Abdel Nasser prononce un discours devenu célèbre, dans lequel il ridiculise les Frères musulmans qui voudraient rétablir le port du hidjab dans le pays :
« J'ai rencontré le conseiller général des Frères musulmans. Il a présenté ses demandes. Que demandait-il ? D'abord, m'a-t-il dit, il faut que tu imposes le voile en Égypte, et que tu ordonnes à chaque femme qui sort dans la rue de se voiler. [rires du public ; quelqu'un lance "qu'il le porte lui-même !", rires, applaudissements.] Je lui ai répondu que c'était revenir à l'époque où la religion gouvernait, et où on ne laissait les femmes sortir qu'à la nuit tombée. Moi, à mon avis, chacun est libre de ses choix. [...] Je lui répondis : monsieur, vous avez une fille à la faculté de médecine, et elle ne porte pas le voile. Pourquoi ne l'obligez-vous pas à le porter ? [rires du public, applaudissements.] Si vous n'arrivez pas à faire porter le voile par une seule fille, qui plus est la vôtre, comment voulez-vous que je le fasse porter à 10 millions d'égyptiennes ? »
— Président Gamal Abdel Nasser, 1954[49].
Maghreb
En Tunisie, au tournant des XIXe et XXe siècles, le Mouvement des Jeunes Tunisiens milite pour l'abolition du voile[48]. Habib Bourguiba (président entre 1957 et 1987) interdit le port du voile dans l'administration publique et déconseille fortement aux femmes de le porter en public.
Au Maroc à l'avènement de l'indépendance, le roi Mohammed V (roi de 1957 à 1961), père du roi Hassan II, demande à sa propre fille d'ôter le voile en public, comme symbole de la libération de la femme[réf. souhaitée].
Algérie
Avant la création de l'Algérie française, il n'était pas dans la culture musulmane d'envoyer les filles à l'école. Après des débuts difficiles où très peu de musulmans étaient scolarisés ; en 1944, un décret étend à l'Algérie l'obligation scolaire pour les enfants de 6 à 13 ans. Les filles se mettent à affluer vers les écoles. Pour la plupart elles ne portent pas le voile en classe, en raison de leur âge et de l'absence de mixité[50],[51]. Ce début de scolarisation et la cohabitation croissante des deux communautés, a entraîné une évolution de la société arabe. Cette transformation progressive des mentalités était due non seulement à l'école mais aussi à l'armée et à la politique d'intégration du gouvernement français. En 1958, de nombreuses musulmanes arrachent leurs voiles et les brûlent derrière les grilles du Gouvernement général sous les applaudissements des pieds-noirs qui les encouragent à se dévoiler.
Après la guerre d'Algérie, le front de libération nationale (FLN), mouvement qui rejetait absolument l'athéisme et n'était pas ouvertement laïque, et a fortement contribué à l'indépendance de l'Algérie, a progressivement stoppé le dévoilement des musulmanes, même si un grand nombre de femmes continue dans les villes à se libérer des contraintes vestimentaires. A l'inverse, l'influence grandissante de mouvances fondamentalistes venues du Moyen-Orient a poussé à un mouvement de « revoilement » des algériennes. L'imame Kahina Bahloul témoigne « j’ai vu cette transformation sociale dans l’Algérie des années 90, avec l’arrivée des courants fondamentalistes, qui ont diffusé l’idée que pour être une bonne musulmane, il fallait porter le voile, allant jusqu'à culpabiliser les femmes de s’habiller normalement »[36].
De nos jours, le discours n’a pas changé et le thème de l’émancipation féminine a presque disparu du champ politique algérien[52].
Afghanistan
En Afghanistan, le port du voile est rendu facultatif en 1959 par décret royal pris par Mohamed Zaher Chah. Les femmes des milieux aisés, intellectuels ou diplomatiques seront nombreuses à Kaboul, notamment, à profiter de cette largesse. Les talibans, au pouvoir de septembre 1996 à novembre 2001 rétablirent l'obligation du port du tchadri.
À la libération du pays par les Américains, les Britanniques et les Français, notamment, des femmes à Hérat, Mazâr-e Charîf et particulièrement Kaboul abandonnèrent à nouveau le tchadri pour ne conserver qu'un simple foulard sur la tête. Dans les écoles, les collèges et les lycées, les élèves portent un uniforme veste/pantalon généralement noir et un foulard blanc ; leurs femmes professeurs portent un uniforme vert clair ou gris et aussi un foulard.
Turquie
En Turquie et en Iran, le dévoilement est imposé au début du XXe siècle par Mustafa Kemal Atatürk et le chah d'Iran[48], qui voient l'adoption de la tenue occidentale comme un signe de modernisation. Le voile est alors interdit dans l'administration et l'école turques[48]. Cette idée ne survivra pas au tournant islamiste de Recep Tayyip Erdoğan, dont la femme Emine est voilée, qui encourage le port du voile, et en février 2008 la Grande Assemblée nationale de Turquie, dominé par le Parti de la justice et du développement (Turquie) (AKP), vote une loi autorisant les femmes à porter le voile dans les universités[53]. Cet amendement est cependant annulé par la Cour constitutionnelle, qui interprète la laïcité dans le sens de l'interdiction du voile sur la base de l'article 2 de la Constitution.
Iran
Le Kashf-e hijab est une loi de 1936, votée sous le gouvernement de Mohammad Ali Foroughi puis celui de Mahmoud Jam, sur une proposition de l'empereur Reza Chah. Cette loi abolit et prohibe, s'il le faut par la force, l'utilisation des voiles traditionnels pour les femmes iraniennes. Le gouvernement inclut cette mesure dans un programme d'évolution des droits de la femme et d'occidentalisation et modernisation de la société[54],[55],[56].
Très critiquée, cette loi est probablement la plus controversée du règne de Reza Shah. Son impact, ou plutôt sa perception populaire varie beaucoup selon les sources ; si après la promulgation de la loi en 1936, le 8 janvier (17 Dey) en Iran devint la Journée de la Femme, la Révolution islamique changea la donne après 1979. Aujourd'hui, en Iran, ce phénomène est considéré comme une atteinte à la liberté et à la dignité de la femme (musulmane), et une provocation ainsi qu'un crime contre l'Islam (chiite)[57],[58].
Depuis la révolution islamique de 1979, le port du voile en public est redevenu obligatoire pour toutes les femmes en Iran (tandis que l'Arabie saoudite oblige les femmes non musulmanes à porter l'abaya sans qu'elles soient obligées de se couvrir les cheveux)[59].
En avril 2007, la police iranienne a interpellé des dizaines de contrevenantes et a distribué 10 000 avertissements[59].
« Entre janvier 2018 et aout 2019, 32 femmes ont été arrêtées pour avoir enlevé publiquement leur foulard et commis d'autres actes de désobéissance civile contre le port du hijab obligatoire ; sur cette période et pour des refus de hijab, 12 femmes ont été condamnées à des peines allant de six mois à 33 ans de prison, indique le Centre des Droits de l'homme en Iran (CHRI) »[60]. En août 2019, Saba Kord Afshari est condamnée à 24 ans de prison pour avoir enlevé son voile en public[61].
En janvier 2020, la championne d'échecs iranienne Mitra Hejazipour, retire son hijab en plein tournoi d'échecs à Moscou, ce qui entraîne son renvoi immédiat de l'équipe nationale sous l'égide de laquelle elle jouait depuis douze ans[60],[62]. Dans le même esprit, l'actrice Sadaf Taherian quitte le pays en 2015 pour protester contre l'obligation d'en porter[63].
Retour du hidjab aujourd'hui
Depuis les années 1970, le port du voile fait son retour dans de nombreux pays : ce processus est appelé « revoilement ». Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer cette évolution : d'abord, les femmes musulmanes sont davantage présentes dans l'espace public[48]. Lucette Valensi parle également d'islamisation des consciences par les fondamentalistes islamistes : le port du voile serait une réaction contre la licence qui règne en Occident[48]. À Gaza, les émissaires de l'organisation Hamas (considérée comme terroriste par l'Union européenne) promeuvent le port du hijab auprès des petites filles des écoles primaires palestiniennes[64]. En France, certaines jeunes filles musulmanes se voilent pour se distinguer socialement de leurs mères et des non-musulmanes[48].
Depuis quelques années, la question du voile est devenue l'objet d'un large débat, l'importance des codes vestimentaires sharaïques se posant de manière paradigmatique dans le cadre de la réaffirmation de la normativité musulmane face à l'influence supposée néfaste des mœurs et discours permissifs occidentaux. Ainsi, dans nombre de pays à majorité musulmane où il était l'exception, comme l'Égypte et la Turquie, il tend à se généraliser depuis le milieu des années 1980[37].
Celui-ci se diversifie au fur et à mesure que cette nouvelle manière de se couvrir la tête se répand si bien que hidjab ne désigne plus seulement la tenue traditionnelle, mais l'ensemble des nouvelles manières de se voiler adoptées, principalement par les femmes appartenant à la classe moyenne au cours des années 1970 et 1980, et dont la tenue est devenue courante dans l'ensemble du monde arabe et du monde musulman.
Le terme renvoie à une diversité de phénomènes : le hidjab n'est pas le même et n'a pas le même sens en Arabie saoudite, dans la Turquie laïque ou en France. Ainsi, une nouvelle catégorie de hidjab moderne a vu le jour surtout en Turquie et ce à travers des tenues hidjab abordant des lignes modernes mais sobres et conformes aux préceptes de l'Islam ayant trait au prêt-à-porter féminin, ce qui a créé un marché commercial pour ces nouvelles tenues qui n'existaient pas avant mais également critiqué en France[43],[65].
En Europe
En 2016, quand plusieurs grandes marques (Dolce et Gabbana, H&M, Uniqlo…) ont commercialisé des vêtements islamiques tels des « burkinis » et des hijabs, à grand renfort de publicité, les professionnels de la mode, les féministes, les politiques, les penseurs se sont divisés sur cette « mode islamique » opportuniste, son marché et le sens de sa visibilité, certains la soutenant et d'autres appelant même au boycott de ces marques[44],[43],[66],[67],[68] .
En France
Les circonstances entourant le port du voile en public sont communément appelées les « affaires du voile islamique ».
Le , l'IFAB décide d'autoriser le port du voile ou hidjab dans les compétitions sportives[69]. Cette décision est aussitôt critiquée par les associations féministes et partis politiques[70]. La Fédération française de football a annoncé qu'elle « n'autorise pas les joueuses à porter le voile » en sélection nationale ou dans ses propres compétitions[71],[72].
En février 2019, Decathlon suscite la polémique en annonçant vouloir commercialiser en France un hidjab de course. Plusieurs personnalités politiques, comme la ministre de la Santé Agnès Buzyn, le président du Modem François Bayrou, la députée du Parti socialiste Valérie Rabault ou la porte-parole des Républicains Lydia Guirous s'indignent et appellent au boycott de l'enseigne[73]. Face au tollé, Decathlon finit par reculer[74].
En octobre 2019, Julien Odoul, élu Rassemblement national au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, proteste contre la présence d'une mère voilée qui accompagne un groupe d'enfants venu assister à une séance. L'événement ranime le débat sur le port du voile islamique lors des sorties scolaires et sur l'application des règles de la laïcité dans l'espace public.
Alors qu'un important débat médiatique se met en place à l'automne 2019, un collectif de 100 musulmans précise dans les colonnes du magazine Marianne les différences entre voile et Islam :
« Il est grand temps que nos compatriotes sachent que le port du voile ne fait pas l'unanimité, chez « les » musulmans. Il ne relève pas du culte, contrairement au jeûne du Ramadan ou aux cinq prières quotidiennes. Il n'est pas un « signe religieux » puisque l'islam réprouve tout fétichisme matériel. L'islam se vit dans le cœur, pas sur la tête. D'ailleurs, « les » musulmans, cela n'existe pas. Il y a DES musulmans, DES pratiques, DES interprétations, et DES convictions. Ces clivages et oppositions existent depuis le VIIe siècle.
Nous, signataires de ce texte, affirmons haut et fort que le port du voile est le signe ostentatoire d'une compréhension rétrograde, obscurantiste et sexiste du Coran. Voiler les femmes, c'est stigmatiser leur présence dans l'espace public. Faire d'elles des citoyennes assignées à la scandaleuse identité de « subordonnées au désir supposé des hommes ». Or, notre beau pays lutte pour aller vers toujours plus d'égalité entre les sexes. Le sexisme et la diabolisation du corps des femmes sont contraires à nos idéaux. »
En Iran
En 2017, la coache de la Fédération internationale des Echecs (FIDE), Dorsa Derakhshani, se voit « interdire par la Fédération iranienne d’échecs de jouer pour l’équipe nationale après avoir joué au championnat de Gibraltar de 2017 sans porter de foulard »[76].
En janvier 2020, la championne d'échecs (Grand maître féminin du top 100 des joueurs mondiaux féminin)[77] de 27 ans de la République islamique d'Iran, Mitra Hejazipour, retire son hijab en plein tournoi d'échecs à Moscou, ce qui entraîne son renvoi immédiat de l'équipe nationale sous l'égide de laquelle elle jouait depuis douze ans[76]. Hejazipour déclare qu'elle avait décidé « de ne plus participer à cet horrible mensonge et de ne plus jouer au jeu de "Nous aimons le hijab et n'avons aucun problème avec lui" »[60],[62].
En Afrique
En décembre 2015, le président de la Gambie Yahya Jammeh décide d'imposer aux femmes fonctionnaires de se couvrir :
« Tout le personnel féminin au sein du gouvernement, des ministères, des départements et des agences gouvernementaux n’est plus autorisé à montrer ses cheveux pendant les heures de travail officielles à compter du . Le personnel féminin est appelé à se couvrir les cheveux et à les attacher[78]. »
Cette décision est à contre-courant des autres pays d’Afrique subsaharienne : le Congo Brazzaville interdit le voile intégral en mai 2015, imité les semaines suivantes par le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Gabon, notamment en réaction à des attentats-suicide de femmes de Boko Haram portant cette tenue[78].
En Suède
« En janvier, les lectrices de l'édition suédoise du magazine Elle ont décerné la palme du « Look of the Year » à Imane Asry, une blogueuse mode qui porte le hijab et est suivie par 150 000 « followers » sur Instagram. « Ce prix est décerné à toutes celles d'entre nous qui n'apparaissent jamais dans les magazines de mode... Il y a là une forme de reconnaissance qui montre que l'industrie de la mode doit normaliser le hijab, il est plus que temps... », a déclaré Asry à Elle »[60]. Ainsi, « les citoyennes d'une nation qui se proclame féministe attribuent le prix à une femme qui porte le hijab, alors qu'une étude[79] commandée par les autorités suédoises a confirmé que pour de nombreuses femmes et enfants en Suède, le port du hijab est généralement contraint »[60],[80] : l'islam radical se diffusant dans plusieurs villes suédoises, « des parents... imposent le voile à leur fillette de trois ans » ; des enseignants imposent le voile aux élèves qui veulent l'ôter, pour respecter les convictions de leurs parents ; d'autres enseignantes non musulmanes arborent le hijab pour protester contre l'interdiction des autorités de la commune de Skurup de porter le voile à l'école ; décision municipale qualifiée de « raciste » par le président de l'organisation Jeunes musulmans de Malmö... Depuis, le nouveau parti islamique suédois Nyans (Nuance) a notamment pour but d' « interdire » tout débat sur l'interdiction du hijab[60].
En Indonésie
En Indonésie, pays à large majorité musulmane (90 %), où la réglementation des écoles publiques proscrivait le hidjab dans les années 1980, l'ONG Human Rights Watch indique en 2021 que des pressions sociales et réglementaires « sans précédent » s'exercent à l'encontre des écolières et dans les services publics à l'encontre des femmes, toutes religions confondues, pour qu'elles portent le hidjab. En 2019, un rapport estimait que 75% des musulmanes le portaient. Le gouvernement émet en février 2021 un décret interdisant aux écoles publiques de forcer les élèves à porter le hidjab, sans réel effet[81].
Risque sanitaire
En diminuant l'exposition du corps au soleil, le voile intégral, et dans une moindre mesure le hidjab, accroit le risque de carence en vitamine D. Ainsi une étude jordanienne[82] estime que 83 % des femmes portant le Niqab ont un taux faible de vitamine D, 55 % de celles portant le Hijab, et 31 % de celles ne portant pas de voile. Des résultats concordants ont été observés aux Émirats[83] et en Égypte[84].
Journée du Hijab
Lancé depuis 2013 par Nazma Khan, une musulmane new-yorkaise, le 1er février est déclaré « journée mondiale du Hijab » (WHD), et soutenu par de nombreuses personnalités et institutions musulmanes et non musulmanes disséminés dans quelque 190 pays au nom de la tolérance et la solidarité, tel l'État de New York en 2017 - événement amplement couvert par la presse anglo-saxonne,[85],[86]. En outre, il est demandé aux « citoyens du monde de toutes confessions et origines de porter le hijab (couvre-chef) pour une journée en solidarité avec les femmes musulmanes dans le monde entier », ce à quoi personnalités et voisines de quartier se prêtent volontiers[non neutre].
Notes et références
Notes
- La lettre arabe « ج » est quelquefois[réf. nécessaire] transcrite « j » par anglicisme[réf. nécessaire] plutôt que « dj », comme l'indique la transcription traditionnelle française[réf. nécessaire]. Elle est prononcée /d͡ʒ/ au Proche-Orient, /ɡ/ en Égypte et /ʒ/ au Maghreb.
- Prononciation en français de France standardisé retranscrite selon la norme API.
- Prononciation de l'arabe standard moderne retranscrite selon la norme API.
- Prononciation de l'arabe égyptien retranscrite selon la norme API.
Références
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Voir aussi
Bibliographie
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- Moulay-Bachir Belqaïd, Le voile démasqué, Erick Bonnier éditions, 2014
- Odon Vallet, Le Monde des religions, janvier-février 2012, no 51
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- Nilüfer Göle, Musulmanes et modernes. Voile et civilisation en Turquie, La Découverte, 2003.
Articles connexes
- Affaires du voile islamique
- Voile islamique en Europe
- Voile - Voile intégral
- Sitar
- Djilbab
- Tchador
- Tchadri
- Niqab
- Burqa
- Voiles traditionnels :
- Tenue masculine : Qamis, Dishdasha, Igal et Taqîya
- Voiles portés par les femmes chrétiennes
- Mode
Liens externes
- Les différents types de voile islamique : diaporama du Figaro
- Les différents types de voile islamique, sur le site la-croix.com
- Édouard Delruelle, "Signes convictionnels : légiférer sans illusions",Politique, revue de débats, Bruxelles, no 66, septembre-octobre 2010.
- Meyrem Almaci, "Casse-tête autour du foulard, le grand écart des progressistes", Politique, revue de débats, Bruxelles, no 55, juin 2008.
- Geneviève Petiot et Sandrine Reboul-Touré, « Le hidjab. Un emprunt autour duquel on glose », Mots. Les langages du politique, 82, 2006, consulté le 10 mars 2018.
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