Libido (psychanalyse)

En psychanalyse, la libido (du latin : libido) correspond à l'énergie de la pulsion sexuelle.

Pour les articles homonymes, voir Libido.

Histoire de la notion

La pulsion sexuelle définie comme un concept à la limite somato-psychique, la libido en désigne l’aspect énergétique ; elle est « la manifestation dynamique dans la vie psychique de la pulsion sexuelle »[1]

Freud a théorisé la libido, dans la première théorie des pulsions, en tant qu'énergie psychique employée dans une dialectique entre les pulsions sexuelles et les pulsions d'autoconservation, puis entre les pulsions sexuelles et les « pulsions du Moi »[2]. Il a introduit une nouvelle dualité pulsionnelle issue de la seconde topique (1920), entre pulsion de vie (Éros) et pulsion de mort (Thanatos).

Sigmund Freud définit la libido comme « l'énergie, considérée comme un ordre de grandeur quantitative […] de ces instincts qui ont à voir avec tout ce qui peut être compris sous le mot « amour »[3]. C'est l'énergie, ou la force de l'instinct, contenue dans ce que Freud appelait le ça, la structure strictement inconsciente de la psyché. En 1895, dans un article publié directement en français, Freud, afin de différencier les obsessions et les phobies, décrit d'un côté l'excitation sexuelle somatique, et de l'autre, la libido psychique transformée, voire substituée, par des obsessions pénibles ou des phobies : « des femmes pas du tout satisfaites dans leur mariage, se débattaient contre les désirs et des idées voluptueuses qui les hantaient à la vue d'autres hommes »[4]. Dans ce contexte, les phobies et la névrose anxieuse sont d'origine sexuelle, sont la manifestation psychique d'une accumulation de la tension "génésique" fruste, de l'excitation sexuelle frustrée[5].

Développement de l'enfance à l'âge adulte

Freud développa l'idée d'une série de phases développementales dans lesquelles la libido se fixe sur différentes zones érogènes - d'abord au stade oral (illustré par le plaisir du nourrisson lors de l'allaitement), puis au stade anal (illustré par le plaisir du tout-petit à contrôler ses sphincters), puis au stade phallique, à travers un stade de latence dans lequel la libido est en sommeil, jusqu'à sa réapparition à la puberté au stade génital[6]. Karl Abraham ajoutera plus tard des subdivisions dans les deux stades oraux et anaux[7]. Dans son article encyclopédique « Théorie de la Libido » (Libidotheorie)[8], publié en 1923 dans Handwörterbuch der Sexualwissenschaften, Freud présente la libido en tant que manifestation dynamique dans la vie psychique de la pulsion sexuelle.

Lien avec la psychopathologie

Freud a souligné que ces pulsions libidinales peuvent entrer en conflit avec les conventions du comportement civilisé, représentées dans le psychisme par le surmoi. C'est ce besoin de se conformer à la société et de contrôler la libido qui conduit à la tension et à la perturbation chez l'individu, incitant les défenses du moi à dissiper l'énergie psychique de ces pulsions non satisfaites et principalement inconscientes vers d'autres formes. L'utilisation excessive des défenses du moi entraîne la névrose. Un objectif principal de la psychanalyse est de ramener les pulsions du ça à la conscience, en leur permettant d'être rencontrées directement et de réduire ainsi la dépendance du patient à l'égard des défenses du moi[9].

Freud considérait la libido comme traversant une série d'étapes de développement au sein de l'individu. L'incapacité à s'adapter adéquatement aux exigences de ces différentes étapes pourrait entraîner l'accumulation de l'énergie libidinale dans ces stades, produisant certains traits de caractère pathologiques à l'âge adulte. Pour Freud, le but de la psychanalyse était d'amener ces fixations à la conscience et leur donner du sens pour les résoudre. « Tout ce qui est névrotique est un équivalent d'angoisse, car tous les symptômes viennent de la libido et la libido peut se transformer en angoisse »[10].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « libido » (voir la liste des auteurs).
  1. Freud S., 1921, Psychologie collective et analyse du moi, PBP, p. 100.
  2. Sigmund Freud, Pour introduire le narcissisme (1914)[réf. souhaitée]
  3. S. Freud, Group Psychology and the Analysis of the Ego, 1959
  4. Freud S., Obsessions et phobies, in Névrose, psychose et perversion, PUF, 1985, p. 41.
  5. Freud S., Obsessions et phobies, in Névrose, psychose et perversion, PUF, 1985, p. 45
  6. Sigmund Freud, New Introductory Lectures on Psychoanalysis (PFL 2) p. 131
  7. (en) Otto Fenichel, The Psychoanalytic Theory of Neurosis (1946)p. 101
  8. Sigmund Freud, « Psychanalyse » et « Théorie de la libido », in Résultats, idées, problèmes, II, Paris, Presses universitaires de France, 1985, trad. J. Altounian, A. Bourguignon, P. Cotet, A. Rauzy, p. 72-77
  9. (en) Reber, Arthur S.; Reber, Emily S. (2001). Dictionary of Psychology. New York: Penguin Reference. (ISBN 0-14-051451-1).
  10. Freud S., 1907, Les premiers psychanalystes, Minutes, Gallimard, Paris, 1976, 9 octobre 1907, p. 230.

Voir aussi

Textes de référence

Études

Articles connexes

Lien externe

  • Portail de la psychologie
  • Portail de la psychanalyse
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.