Gabriel (archange)

Gabriel (de l'hébreu : גַּבְרִיאֵל [ġabrīēl]) est un personnage du Livre de Daniel qui fait partie de la Bible hébraïque et du Nouveau Testament, appelé Cebrail [djébraïl] dans différentes cultures, il apparaît sous le nom de Djibril (arabe : جِبْرِيل [jibrīl]) dans le Coran. Il s'agit d'un archange, considéré comme un messager de Dieu. On l'appelle par ailleurs « la force de Dieu », car en plus d'être le plus puissant des anges, c'est également le seigneur des anges.

Statue de l'archange Gabriel (XVe siècle), ornant le sommet du pilier d'angle nord-ouest du Palais des Doges à Venise.

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Dans la Bible hébraïque et l'Ancien Testament

Dans le livre de Daniel, qui fait partie de l'Ancien Testament, il explique au prophète Daniel sa vision du bélier et du bouc, puis il énonce la Prophétie des 70 semaines. Conformément à la signification de son nom (hébreu : גַּבְרִיאֵל [ġabrīēl], La Force de Dieu ou Dieu est ma Force ou le Héros de Dieu), de gabar (force) et El (Dieu), lorsqu'il se matérialise dans la Bible ou quand il apparaît dans une vision, son aspect est semblable à celui d'un homme robuste (Dan 8:15 ; Dan 12-7). Il est considéré comme la main gauche de Dieu.

  • Daniel, VIII, 17 : « Gabriel s'approcha de l'endroit où je me tenais. Terrifié, je me jetai le visage contre terre, mais il me dit : « Toi qui n'es qu'un homme, sache pourtant que cette vision concerne la fin des temps ».
  • Daniel, IX, 21 : « Or, tandis que je priais ainsi, l'ange Gabriel, que j'avais vu dans ma vision précédente, s'approcha de moi d'un vol rapide, à l'heure où l'on offre le sacrifice de l'après-midi ».
Annonciation de Fra Angelico, Florence, cellule 3 du couvent San Marco.

Dans le Nouveau Testament

Dans le Nouveau Testament, il annonce à Zacharie que sa femme Élisabeth aura un fils qu'il appellera Jean, puis il annonce la naissance de Jésus à la Vierge Marie (Lc 1,11–20 et 26–38) : c'est l'Annonciation.

  • Luc, I, 19 : « L'ange lui répondit : Moi je suis Gabriel et je me tiens devant Dieu, et j'ai été envoyé pour te parler et t'annoncer ».
  • Luc, I, 26 : « Le sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth ».

Par bref apostolique du , le pape Pie XII a proclamé Gabriel, « qui apporta au genre humain, plongé dans les ténèbres et désespérant de son salut, l'annonce longtemps souhaitée de la Rédemption des hommes », « céleste patron de toutes les activités relatives aux télécommunications et de tous leurs techniciens et ouvriers ».

Il est fêté, avec les autres archanges Michel et Raphaël, par l'Église latine le 29 septembre[1],[2]. Cette date correspond à la dédicace d'une basilique en l'honneur de saint Michel, au nord de Rome au Ve siècle. La date a été reprise pour les trois archanges (Michel, Raphaël et Gabriel)[3].

Il est fêté par l'Église orthodoxe le 8 novembre (Synaxe des Archistratèges de la Milice Céleste, Michel et Gabriel, et des autres Puissances célestes et incorporelles)[4], le 26 mars (Synaxe de l'Archange Gabriel)[5] et le 13 juillet (Synaxe de l'Archange Gabriel)[6] par l'Église orthodoxe.

Il est le saint patron des ambassadeurs, des diplomates[7], ainsi que des télécommunications et de la poste[8].

Dans le Coran et les traditions islamiques

Gabriel est connu sous le nom arabe de Jibrīl (جبريل [ʒɛbrɪːl]) ou Jibrāʾīl (جبرائيل [ʒɛbrɛːjɪːl]). Le nom Jibrīl (جِبْرِيل) est la forme utilisée dans le Coran et dans les contextes islamiques. Dans le Coran, Jibril est mentionné dans deux passages : « La Défense », LXVI, 4 et « La Vache », II, 97-99[9]. Les mentions coraniques de Jiibril sont complexes à exploiter. Son lien avec la révélation est « peu évident(e) et pose un problème dans la formulation précise du texte coranique » [9].Il n’est pas impossible, pour Chabbi, que ces passages aient « subi des altérations »[9].

Le premier passage évoque une querelle matrimoniale entre Mahomet et ses épouses. Gabriel apparait comme protecteur de Mahomet, ce qui pourrait lui permettre de répudier ses épouses et de les remplacer[9]. Le second texte commence (v.97)[Note 1] par une phrase grammaticalement instable (peut-être en raison d’un déplacement textuel). La seconde partie de la phrase évoque un intermédiaire anonyme « il », souvent associé à Gabriel, de la Révélation coranique. L’intermédiaire classique de la révélation du Coran est l’Esprit, ruh. Le verset 98[Note 2], quant à lui, cite Gabriel dans un contexte qui n’évoque plus la révélation mais l’entourage angélique d’Allah[9]. C’est pourtant sur ces versets « très problématique[s] dans sa compréhension » que se base la figure de Gabriel telle qu’elle sera développée par les traditions[9]. Le rôle principal du Gabriel coranique est d’être un « exécuteur des missions de force, contre les ennemis de Dieu et les épouses indociles »[9].

Pour Chabbi, le Gabriel coranique est très éloigné du Gabriel des traditions[9]. La place de Gabriel s’est développée dans les hadîths et la sîra. Ainsi, l’épisode de l’ouverture de la poitrine de Mahomet provient de la tradition et a été associé à un verset coranique[10]. Chabbi met en garde contre l’explicitation des textes, « fussent-ils considérés comme sacrés, à partir de présupposés qui s’appuient sur une base de croyance formulée a posteriori. »[9]. La figure de Gabriel dans les traditions musulmanes est inspirée de la tradition judéo-chrétienne.

De même, les commentateurs associent Gabriel au Ruh, à l’Esprit[10]. Pour Chabbi, « il n’y a aucune raison d’admettre l’assimilation faite par certains savants entre le ruh et Gabriel ». Ce ruh est une figure d’« ascendance biblique »[9]. Un passage du Coran (XVII, 85) semble même exclure l’assimilation de Gabriel au ruh[9]. Cette attribution tardive, niant l’évolution du texte,  participe à un « effacement de la temporalité du texte […] récurrent dans l’exégèse musulmanes médiévale »[9]. Pour Dye, à propos de la sourate 17, « Rūḥ ne désigne pas ici le souffle de vie (Q 15:28), l’ange Gabriel (Q 19:17), ou le contenu du message inspiré (Q 42:52), mais bien plutôt l’esprit de Dieu censé parler à travers les propos du prophète (à rapprocher, bien sûr, de l’Esprit saint…) »[11]. Pour Toorawa, si l’association avec Gabriel n’est pas impossible, elle paraît improbable[11].

Notes et références

Notes

  1. Sourate 2 97 : « Dis : celui qui est l'ennemi de Gabriel... [ce membre n'a pas de suite], car il (Gabriel ? l'Esprit ?) l'a (la Révélation ?) fait descendre avec la permission d'Allah sur ton cœur, pour confirmer la vérité de ce qu'il (?) avait entre les mains (Révélations passées ?) et pout apporter la bonne nouvelle et la bonne direction aux croyants. »
  2. « Celui qui est l'ennemi de Dieu et de ses anges, de ses messagers [ici plutôt des messagers surnaturels que des hommes prophètes], de Gabriel et de Michaël… [ce membre n'a pas de suite] Dieu est l'ennemi des incrédules »

Références

  1. Service National de la Pastorale Liurgique et Pastorale, Le 29 septembre et le 2 octobre : fête des anges
  2. Nominis : Saint Gabriel l'archange (en Occident)
  3. « La messe, fête des saints Michel, Gabriel et Raphaël », Magnificat, no 238, , p. 378.
  4. Calendrier Orthodoxe : Novembre
  5. Calendrier Orthodoxe : Mars
  6. Calendrier Orthodoxe : Juillet}
  7. Saint Gabriel sur Sanctis.fr
  8. L'Archange saint Gabriel, patron des télécommunications et de la poste
  9. CHABBI Jacqueline, Le Coran décrypté. Figures bibliques en Arabie, Paris, Fayard, « Bibliothèque de culture religieuse », 2008, p. 97 et suiv.
  10. « Gabriel », dans Dictionnaire du Coran, 2008, Paris, p. 355-358.
  11. Azaiez, Mehdi / Reynolds, Gabriel Said / Tesei, Tommaso / Zafer, Hamza M., The Qur'an Seminar Commentary / Le Qur'an Seminar A Collaborative Study of 50 Qur'anic Passages / Commentaire collaboratif de 50 passages coraniques, partie QS 19, Q 17 ; 85

Annexes

Bibliographie

  • Meir Bar-Asher, article « Gabriel » in M. Ali Amir-Moezzi (dir.) Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 355-360.

Articles connexes

Liens externes

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