Bas-Poitou

Le Bas-Poitou est l'ancienne division du Poitou, correspondant à sa partie occidentale. Ses habitants sont les Bas-Poitevins.

Situation du Bas-Poitou dans le Poitou.

Elle représente approximativement au département de la Vendée et à la partie nord-ouest des Deux-Sèvres jusqu'à Airvault[1] (le Bocage bressuirais et une partie de la Gâtine). La Vendée y prend sa source.

Définition

Le Bas-Poitou est une partie du gouvernement militaire de Poitou créée par un arrêt du Conseil du . Par opposition au Haut-Poitou, il est défini à l’ouest d’une ligne de démarcation établie entre Coulonges et Saint-Martin-de-Sanzay suivant le cours de l’Autise et du Thouet. Sa capitale, située à Fontenay-le-Comte, accueille l’un des deux lieutenants généraux du gouvernement, l’autre étant à Poitiers.

Un autre arrêt, daté du exclut du Bas-Poitou les faubourgs de Thouars, de Parthenay et de Saint-Loup.

Toutefois, la singularité du Bas-Poitou apparait dès le milieu du Moyen Âge et témoigne de son éloignement vis-à-vis du reste du Poitou[2]. Cette singularité tient à la fois aux caractéristiques naturelles (marais, collines) du Bas-Poitou, fort différentes des plaines céréalières du Haut-Poitou, mais aussi à la situation géographique de cet espace soumis aux attaques maritimes et aux invasions bretonnes et angevines[2].

Aussi, le Bas-Poitou était plus qu'une simple circonscription administrative, puisque ses habitants, ou du moins certains d'entre eux, possédaient une conscience d'appartenance à ce même territoire que formait le Bas-Poitou et se considéraient comme "Bas-Poitevins"[3].

Toponymie

Le terme de « Bas » pour désigner cette partie du Poitou, n'a pas par de rapport avec l’altitude mais avec la richesse et désignait le territoire de la province considéré par les élites poitevines comme plus pauvre et de moindre valeur que celui de la partie considérée comme « Haute »[4],[5].

En effet, comme le Bas-Maine, ou la Basse-Normandie[5], le Bas-Poitou était majoritairement une région granitique, de bocages armoricains, peu propice à la céréaliculture et marquée par l’élevage. A l’inverse le Haut-Poitou comprenait essentiellement les plaines fertiles du bassin parisien (à l'instar du Haut-Maine et de la Haute Normandie) et était donc plus urbanisé.

Géographie

Une marche géographique et culturelle entre l'Aquitaine et l'Armorique

La Vendée, territoire correspondant peu ou prou à l'ancien Bas-Poitou, constitue, à de nombreux égards, une région de marche entre l'Aquitaine et l'Armorique[6].

Une marche naturelle et paysagère

Le bocage bressuirais, territoire historiquement bas-poitevin, fait partie intégrante du massif armoricain.

Sur le plan géologique, la majeure partie de la région vendéenne appartient au Massif Armoricain et comporte des sols granitiques et schisteux. Toutefois, les sols du bassin de Chantonnay, de la plaine et les îles du marais, sont quant à eux calcaires et plus sec, ce qui n'est pas sans rappeler le bassin aquitain[6].

Cette double appartenance géologique s'observe sur le littoral vendéen. Les côtes du plateau armoricain sont souvent rocheuses et marquées par les falaises granitiques (ex : Corniche des Sables-d'Olonne et de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, falaises de l'île d'Yeu). Les côtes du bassin aquitain et notamment du marais poitevin, sont, quant à elles, plus sablonneuses (ex : Pointe d'Arçay, plages des Conches).

Sur le plan paysagé, le territoire se divise entre un bocage couvrant la majeure partie du territoire et une région de culture et de champs ouverts. Cette région constitue aussi une marge paysagère entre les forêts humides, que l’on retrouve aussi dans les territoires celtiques, et les forêts sèches qui se rapproche davantage des forets méditerranéennes[6].

Une marche culturelle

La langue occitane au milieu du Moyen Âge. La Vendée est au nord-ouest de la carte.

Sur le plan linguistique et culturel, la Vendée est française. Toutefois si le patois vendéen (poitevin) se rattache au domaine de langue d’oïl, il est aussi soumis aux influences des pays celtes et occitans[6].

Cette double influence s’observe, par ailleurs, dans l’architecture locale. La maison traditionnelle vendéenne possède des traits hérités à la fois de l’architecture bretonne, telles que ses ouvertures encadrées de granite, mais aussi des caractéristiques architecturales issues de l’influence du monde occitan, telles que les toits de tuiles romaine. La Renaissance et la réforme protestante, qui ont profondément marqué le Bas-Poitou ainsi que son architecture, notamment par la construction de manoirs aux formes fantaisistes et de temples relativement sobres, sont arrivées du monde occitan. Par ailleurs, de nombreuses croix et statues ont été érigées par Louis-Marie Grignon de Monfort, clerc catholique, originaire d’un territoire Celte, la Bretagne, lors de ses missions visant à reconvertir au catholicisme les habitants du Bas-Poitou[6].

Un territoire historiquement Aquitain, sous influence nantaise

La Veuze, cornemuse traditionnelle du Pays Nantais, est aussi présente en Vendée.

Le Bas-Poitou est aux confins des aires d'influence de Poitiers et de Nantes. Si ce territoire appartenait administrativement au Poitou sous l'ancien régime, il est davantage dans l'aire d'influence de Nantes que dans celle de la capitale poitevine[6].

L'influence de Nantes sur ce territoire est ancienne et s'observait déjà sur le comté d'Herbauges au Haut Moyen Âge. Ainsi, ce territoire fût longtemps disputé entre les comtes de Poitiers (Duché d'Aquitaine) et les comtes de Nantes (Duché de Bretagne). Après le traité signé en 942 entre Alain Barbetorte, Duc de Bretagne et Guillaume Tête d'Etoupes Duc d'Aquitaine (également comte de Poitiers), les pays de Tiffauges, des Mauges et d'Herbauges, correspondant au nord-ouest et à l'ouest du Poitou furent rattachés au comté de Nantes au sein du Duché de Bretagne[7].

Ainsi entre le Xe siècle et la stabilisation des frontières entre la Bretagne, le Poitou et l'Anjou, le comté de Nantes, dirigé par les princes Bretons Hoël puis Guérech, s'étendait jusqu'au Lay au sud et au Layon à l'est, comprenant ainsi la majeure partie de l'actuel département de la Vendée.

Géologie

Partie géologique sud du Massif armoricain, les hauteurs des monts et puys de Vendée s'élèvent jusqu'à 290 mètres à Saint-Michel-Mont-Mercure, à 269 mètres au puy Crapaud et, dans la Gâtine, à 271 mètres au Terrier de Saint-Martin-du-Fouilloux. L'Absie, à 256 mètres d'altitude, est le plus haut bourg des Deux-Sèvres.

Carte géologique du nord-ouest de la France. Le Poitou est situé en bas de carte. Le Bas-Poitou, à l'Ouest du Poitou, forme les contreforts méridionaux du massif armoricain.

Hydographie

Il s'agit d'un bassin versant : les pluies venant des flux de l'Atlantique se déversent depuis le littoral, en passant sur les plaines, jusqu'aux hauteurs de l'est du territoire. Le réseau hydrographique distribue cette eau de pluie d'un côté vers la Boulogne, la Vie, le Lay, la Vendée et la Sèvre niortaise jusque dans les marais et l'océan Atlantique, et de l'autre côté vers la Maine et la Sèvre nantaise qui se jettent dans la Loire, puis dans l'océan Atlantique.

Climat

Le climat y est de type tempéré et océanique, influencé par l'océan Atlantique, le Gulf Stream et la Dérive nord atlantique, sensiblement abrité des flux de nord-ouest par la péninsule bretonne.

Entre la Loire, véritable frontière climatique naturelle au nord, et les zones humides de grandes superficies que représentent les Marais poitevin au sud et breton-vendéens plus au nord et le long du littoral, les flux océaniques s'engagent et les nuages, parfois chargés en eau, s'engouffrent vers les plaines de Vendée, et poussés par les vents dans ce long couloir jusque vers l'est du territoire, ils se heurtent et s'accrochent aux hauteurs granitiques, provoquant régulièrement la formation de brumes matinales et de brouillards, typiques et passagers.

Carte de l'ensoleillement en France - 2011. Du fait de sa situation au sud de la Loire, le Bas-Poitou bénéficie d'un ensoleillement inédit au sein du Massif Armoricain.
La province du Poitou au XVIIIe siècle, et les communes actuelles.

Paysage

Du fait l'appartenance de cette région au Massif Armoricain, les paysages du Bas-Poitou sont relativement différents de ceux des alentours de Thouars ou de Poitiers[2].

— À l'ouest, le littoral, ses ports et villes côtières, bordés de marais à aménager du nord au sud ;

— au centre, la plaine vendéenne est située entre le littoral de l'océan Atlantique, le Marais poitevin et les bocages du massif granitique. Elle présente, aujourd'hui encore, un paysage de grande culture céréalière ;

— à l'est sur les massifs granitiques, le bas-bocage et le haut-bocage vendéens typiques de l'ouest de la France ; ce paysage est surtout consacré à l'élevage, pour lequel il est propice, et se constitue d'une succession de champs entourés de haies.

Administration

Circonscriptions

Au haut Moyen Âge le territoire se divisait en plusieurs circonscriptions administratives que l'on qualifiait de pagi[2].

Parmi ceux présents en Bas-Poitou, trois ont été clairement identifiés[2].

  • Le Pagus d'Herbauges (comprenant le territoire s'étirant entre l'embouchure de la Loire, la baie de l'Aiguillon et la Moine).
  • Le Pagus de Tiffauges (comprenant Tiffauges et St-Georges de Montaigu).
  • Le Pagus des Mauges (comprenant le territoire entre la Moine, la Loire et le Layon).

Deux autres circonscriptions ont été identifiées avec une moindre certitude [2]:

  • Le Pagus de Thiré
  • Le Pagus de Mervent (aux alentours de Sainte-Hermine)

Chef-lieu

Fontenay-le-Comte devient la capitale du Bas-Poitou en 1242, sous l'autorité d'Alphonse de Poitiers.

En 1317 Luçon, évêché par la volonté du pape Jean XXII, est devenue capitale ecclésiastique du Bas-Poitou.

En 1804, après la guerre de Vendée, Napoléon décide de déplacer la capitale au centre du territoire : La Roche-sur-Yon.

Histoire

L'Antiquité

Formée dès l'Empire romain, en Gaule vers -52 av J.-C.. , cette région agglomère les peuples gaulois des Ambilatres et des Pictons.

Un territoire Ambilatre avant la conquête romaine

Avant la conquête romaine en -56 av. J.-C., cette partie du massif armoricain située au sud de la Loire, comprenant l'actuelle Vendée ainsi que le Pays de Retz[8] et les Mauges, était habitée par le peuple gaulois des Ambilatres. Ces derniers entretenaient des relations avec les Vénètes[9], puissant peuple, situé sur l'autre rive de la Loire, qui contrôlait le commerce dans l'embouchure de ce fleuve et sur la côte atlantique.

Le rattachement à la Cité des Pictons

À la même époque, le peuple des Pictons, situés plus à l'est et au sud contrôlaient les espaces stratégiques du seuil du Poitou et du golfe qui pris par la suite le nom de ce peuple[10]. En Vendée, les Pictons étaient déjà présent dans le sud-est du territoire, dans la plaine, où ils bâtirent une ville sur le site des Chirons (Le Poiré-sur-Velluire) leur permettant probablement l'accès au Golfe des Pictons[11].

À la suite de la guerre des Vénètes, le territoire des Ambilatres fut rattaché à la Cité des Pictons alliés des romains dans leur guerre contre les Vénètes.

La Province romaine d'Aquitaine s'étendait au nord jusqu'à la Loire et comprenait le port de Rezé.

La Cité des Pictons connut ainsi une importante expansion territoriale puisqu'elle s'étendit désormais sur l'ensemble de l'actuel département de la Vendée ainsi que sur les Mauges et sur l'ensemble de la partie de l'actuelle Loire-Atlantique située au sud de la Loire. Sur cette dernière, les Pictons fondèrent le port de Ratiatum sur la Loire qui devint par la suite la ville de Rezé.

L'Armorique fut divisée administrativement par les romains et sa partie située au sud de la Loire, passée sous contrôle Picton, fut rattachée à la province romaine d'Aquitaine.

Les Grandes Invasions

À l'époque de la division de l'Empire Romain, les Taifales, peuple originaire du monde germanique, étaient présents en Bas-Poitou et se battaient au service des Romains puis des Mérovingiens. Des terres leur furent concédées par la suite sur les bords de la Sèvre Nantaise, territoire qui devait être relativement sauvage à l'époque. Ce peuple donna son nom à cette région du Bas-Poitou qui devint le Pagus Thaiphalgicus ou Theophalgicus, le Pays de Tiffauges.

Après le passage des Vandales et des Alains, les Wisigoths, issus des Goths, entrent dans l'Empire romain lors des grandes invasions vers le Ve siècle. Ils créent le royaume wisigoth, qui durera en Poitou jusqu'en 507, où Clovis défait Alaric II et les wisigoths durant la bataille de Vouillé près de Poitiers, lui ouvrant la conquête du sud de la France jusqu'aux Pyrénées, créant la capitale de son nouveau royaume à Paris dès 508.

Le Moyen Âge

Les Francs saliens forment alors un groupe occidental qui s'est en partie fondu dans les territoires gallo-romains au parler roman, devenant ainsi la langue d'oïl. Ils s'installent de façon certaine en Deux-Sèvres dès l'époque des mérovingiens et jusqu'à l'île de Noirmoutier, puis, au tout début de l'époque carolingienne. Ils exploitent les mines de Melle de 602 jusqu'aux environs de 995. Situées sous la ville et aux alentours, ces mines fournissent la part la plus importante de l'argent produit dans l'Empire. Après l'ère du plomb sous Dagobert Ier et la fin des Mérovingiens avec Childéric III, les Francs utilisent l'argent pour leur monnaie : deux types de monnaies d'argent y sont frappés, l'obole et le denier, sous Pépin le BrefCharlemagne avec son monogramme, Louis le Pieux et Charles le Chauve.

Le nom de « Gâtine », superficie d'à peu près le tiers central du Poitou et qui est situé au nord-ouest de Melle, est directement issu de la présence des Francs saliens à cette époque, d'où l'influence du vieux bas francique sur la toponymie et l'étymologie des noms de familles toujours présentes, aux racines d'origine germanique, encore traduisible de nos jours, tantôt en néerlandais, tantôt en allemand.

Les Vikings (souvent appelés Normands dans la bibliographie ancienne) menés par leur chef Hasting [12] attaquent, puis occupent à la fin du VIIIe siècle les îles du Bas-Poitou Yeu et Noirmoutier. Ils s'en servent ensuite de bases arrière pour leurs actions, en remontant les cours des fleuves et réseaux hydrographiques de l'Ouest de la France, détruisant les monastères de Luçon et de Saint-Michel-en-l'Herm, jusqu'à piller Melle et Poitiers de 852 à 865.

Le Comté d'Herbauges

Jusqu'aux IXe et Xe siècles, le Poitou, membre de l'Aquitaine, s'étendait jusqu'à la Loire, et ce, depuis le partage administratif de la Gaule effectué sous l'empereur Auguste. Ainsi, à l'époque, le comté du Poitou incluait encore le pays des Mauges[13].

Afin de lutter plus efficacement contre les raids Normands, les pagi d'Herbauges, des Mauges et de Tiffauges furent séparés du comté du Poitou et formèrent le comté d'Herbauges[13].

Ce comté était dirigé par un certain Renaud, d'origine Aquitaine, mentionné par la Chronique de Nantes. Les frontières de ce comté, situé au sud de Nantes comprenaient un territoire situé entre l’océan Atlantique la Loire, le Lay et les Mauges. Du fait de sa grande ruralité et de la distance importante qui le séparait de Poitiers, ce territoire était soumis à l’attraction de la ville de Nantes. Renaud d'Herbauges reçu d'ailleurs le titre de duc de Nantes[2].

Une région de marche

Après que le Comté d'Herbauges ait disparu, les comtés et vicomtés voisins ont tenté d'étendre leur influence sur le territoire de cet ancien comté[2]. Le territoire bas-poitevin est ainsi devenu une région de contact entre la Bretagne, l'Anjou et le Poitou. Ainsi l'enclave qu'a constitué le Bas-Poitou entre l’axe ligérien au nord, l’axe aquitain au sud, avec le seuil du Poitou et la porte Rochelaise, a longtemps été l’enjeux des ambitions territoriales opposées des duchés d’Aquitaine, de Bretagne et du Royaume de France[14].

Pendant plusieurs siècles, les frontières de ces comtés et duchés voisins en Bas-Poitou ont été relativement mouvantes. Elles se sont stabilisées lors de la création des marches Bretagne-Poitou-Anjou.

Ces marches qui s'étendaient sur le nord des Pagi d'Herbauges et de Tiffauges, ne tenant pas compte des frontières de ces anciennes circonscriptions, ne délimitaient pas des espaces homogènes mais les avancées des armées à la conquête du territoire Bas-Poitevin[2].

Contrairement au Haut-Poitou, mais comme l'Aunis et la Bretagne, cette partie du Poitou était exemptée de Gabelle.

La concurrence entre les différents comtés pour le contrôle de ce territoire frontalier qu'était le Bas-Poitou a permis à ses habitants, de part et d'autre des frontières, de bénéficier d'un ensemble de privilèges et a certainement donné aux communautés rurales la possibilité de profiter de davantage de libertés que dans d'autres régions[2].

La Renaissance

Sous l'Ancien Régime, la culture y est globalement la même qu'en Haut-Poitou : région de langue d'oïl, le Poitevin est la langue couramment parlée.

Carte des langues d'oïl. Le saintongeais est très proche du poitevin. Le maraîchin, variété du poitevin-saintongeais est parlé dans le Nord Ouest du Bas-Poitou.

François Rabelais rejoint l'ordre franciscain au couvent du Puy Saint-Martin à Fontenay-le-Comte en 1520, où il étudia le grec et le latin, ainsi que les sciences, la philologie et le droit. Il y poursuit ses études et fréquente les beaux esprits de la cité dans les salons du célèbre légiste André Tiraqueau. Il y rencontre l’évêque de l’abbaye bénédictine de Maillezais, Geoffroy d’Estissac. De franciscain, dont l’autorité de l’ordre ne lui convenait guère, il devient bénédictin, et surtout secrétaire particulier de Geoffroy d’Estissac : c’est un moine en « demi-congé[15] ». Le langage poitevin influence dès lors le style de la verve rabelaisienne[16].

Le protestantisme en Bas-Poitou

Pour autant, du fait de la proximité de l'Atlantique, le Bas-Poitou a été beaucoup plus influencé que le reste de la province poitevine par des apports normands, bretons, anglais, hollandais, basques et espagnols, dans une moindre mesure toutefois que la ville portuaire de Nantes et l'estuaire nantais, par exemple.

Les liens commerciaux fort entretenus par La Rochelle avec les espaces calvinistes du Nord de l’Europe ont entrainé la diffusion rapide de cette nouvelle confession dans cette ville ainsi que dans les ports du Bas-Poitou comme Talmont et la Chaume. Par ailleurs, cette confession se développe aussi dans bocage.

Du fait de sa situation intermédiaire entre La Rochelle, bastion Huguenot, et la Bretagne, restée majoritairement catholique, le Bas-Poitou est au cœur des guerres de religions.

Des places de sureté sont créées dans cette région parmi lesquelles Talmont, Beauvoir, Fontenay, Maillezais, Marans, Niort et Thouars.

Les rébellions huguenotes

Entre 1621 et 1628, la ligue catholique mène une campagne depuis Nantes et reprend les territoires Huguenots du Bas-Poitou et de l’Aunis. Les villes de Riez, Talmond, Fontenay, Niort et La Rochelle sont prises les unes après les autres.

Le Bas-Poitou constituait le nord ouest du croissant huguenot.

En 1622, les Huguenots du Bas-Poitou et d'Aunis affrontent les troupes de Louis XIII sur l'île de Riez. L'armée protestante est défaite et environ 4000 protestants sont massacrés, tandis qu'environ 700 d'entre eux sont emprisonnés au Sanitat de Nantes.

Le reste de l'armée huguenote du Bas-Poitou se réfugie à la Rochelle, qui finit elle aussi par tomber, en 1628, après un long siège.

L'émigration

Les protestants ayant survécu connaissent des persécutions. Ces dernières prennent la forme de dragonnades et s'accentuent après la révocation de l'Edit de Nantes en 1685.

Un nombre assez important de Poitevins, souvent au départ du port de La Rochelle, ont émigré vers les Antilles et La Réunion, le Québec, l'Acadie et la Louisiane, où les Acadiens sont devenus les Cajuns ; des Acadiens réfugiés du « Grand Dérangement » de 1755 s’installent à Belle-Île, contribuant à établir ainsi des liens importants entre le Poitou et toutes ces régions.

Reconversion au catholicisme
La pratique religieuse dans la France rurale en 1947 selon Fernand Boulard. Comme le reste du massif armoricain, mais contrairement à l'essentiel des bassins parisien et aquitain, la Vendée et le bressuirais sont restés marqués par le catholicisme plus longtemps que la moyenne nationale.

Après la période des guerres de religion, quelques minorités protestantes se sont maintenues dans le bocage, toutefois, la majorité des Bas-Poitevins se sont reconvertis au catholicisme dans le cadre de la Contre-Réforme.

En effet, contrairement au Bas-Poitou, et plus généralement à l'Aquitaine, marqués par le calvinisme, la Bretagne était restée relativement catholique au XVI-ème et XVII-ème siècle[17]. Cette caractéristique s'explique par l'histoire spécifique de ce territoire. Dès le Haut-Moyen-Age, la Bretagne bénéficiait déjà d'une plus forte densité de prêtres et de moines ainsi que d'une certaine indépendance religieuse[18]. Le catholicisme s’est progressivement lié avec l'identité Bretonne au travers de pratiques à la fois spirituelles et culturelles (les pardons, l'art religieux...)[17].

Après les guerres de religion des évangélisateurs locaux tels que Julien Maunoir et Michel le Nobletz contribuèrent au regain du catholicisme en Bretagne.

Au sud de la Loire, ce mouvement de reconversion fut porté, en partie, par le Père Breton Louis Marie Grignon-de-Monfort qui réalisa plusieurs missions en Bas-Poitou[19], puis par les communautés religieuses qu'il fonda dans les espaces ruraux tels que les Monfortains, et les Filles de la Sagesse.

La création des départements de la Vendée et des Deux-Sèvres

Lors de la Révolution Française, les provinces d'ancien régime son supprimées. En revanche, l'Assemblée Constituante créer le 26 février 1790, un nouvel échelon territorial : le département. Le Poitou est alors divisé en trois département : la Vienne, les Deux-Sèvres et la Vendée, alors qu'historiquement, il n'existait en Poitou que le Haut-Poitou et le Bas-Poitou[1]. Le concept de « Moyen Poitou » pour désigner les Deux-Sèvres n'est apparue qu'après la création de ce département qui rassemblait des territoires appartenant auparavant au Haut et au Bas-Poitou[1].

La guerre de Vendée

La guerre de Vendée, à ne pas confondre avec la chouannerie qui s'inscrit aussi dans la période de la Révolution française, est la guerre civile qui opposa dans l'Ouest de la France les révolutionnaires républicains (bleus) aux vendéens royalistes (blancs) entre l'an I et l'an IV (1793 et 1796).

Terres gagnées sur l'océan

Marais breton-vendéen

Situés au nord-ouest, vers Challans, sur le littoral de l'océan Atlantique, le Marais breton-vendéen ou Marô (le marais en patois vendéen) ou « Marais breton », marque la limite entre deux anciennes provinces françaises, la Bretagne et le Poitou.

Ils s'étendent sur 45 000 hectares, comprenant un réseau de canaux (étiers), des prairies humides et des polders. Il s'étend, du nord au sud, des communes des Moutiers-en-Retz à Saint-Gilles-Croix-de-Vie sur le littoral et de Machecoul-Saint-Même à Challans dans les terres, à l'est.

Marais poitevin

Passerelle au-dessus d'un canal dans la « Venise verte » : Le Marais Poitevin

Situé au sud, vers Luçon, Fontenay-le-Comte, Niort, le Marais poitevin débouche dans la baie de l'Aiguillon, et la Rochelle sur le littoral de l'océan Atlantique,

Le Golfe des Pictons

Dans l'Antiquité et au début du Moyen Âge, le Marais Poitevin n'existait pas encore et un vaste Golfe parsemé d'îles et d'îlots s'étendait à l'intérieur des terres, dans le prolongement du Pertuis Breton, jusqu'à hauteur de l'actuelle ville de Niort.

L'aménagement du marais

Après dons et concessions faits par de grands seigneurs féodaux aux abbayes alentour, les abbayes de Maillezais, de Nieul-sur-l'Autisel'AbsieSaint-MaixentSaint-Michel-en-l'Herm, et Moreilles, ou encore le monastère de Luçon ont aménagé le marais poitevin à partir du VIIe siècle ; aménagé, drainé, asséché, canalisé, fait de prairies humides, de polders et d'un important réseau de canaux (étiers) permettant le transport de marchandises (denrées agricoles et vins) facilitant le commerce avec le port de la Rochelle, notamment.

La « Venise verte » s'étend ainsi sur environ 100 000 hectares.

Gastronomie

  • La mogette, rapportée d’Amérique du Sud au XVIe siècle : des moines découvrirent en périphérie du marais poitevin un environnement propice à sa culture.

Personnalités liées

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes aussi

Références

  1. Que reste-t-il du Poitou ?.
  2. JANNEAU, Cédric. Le Bas-Poitou du Xe siècle au milieu du XIIIe siècle : organisation de l'espace, affirmation du lignage et évolution des structures de la société. Thèse d'histoire médiévale. Poitiers : Université de Poitiers, 2006. 1698 p.
  3. Henri BRUNETIERE, A la veille de la Vendée : Le Bas-Poitou et la préparation des Etats Généraux de 1789, Les Sables d'Olonne, Le Cercle d'Or, , 188 p. (lire en ligne), p. Le Bas-Poitou et ses habitants, p.16
  4. MUSSET René Le Bas-Maine, étude géographique, 1917
  5. DEPREZ.E., « « Un pays de Bocage du massif Armoricain : Le Bas-Maine, à propos du récent ouvrage de M. Musset » », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest 34-2, , pp. 143-167 (lire en ligne)
  6. CHAUVET, Alain. & RENARD, Jean., La Vendée : le pays, Les hommes, Les Sables-d’Olonne, Edition le Celcle d’Or, , pp. 260 p. (lire en ligne), Première partie : la région vendéenne
  7. J-B Joseph AUBERT et Joseph BOUTIN, Le Vieux Tiffauges, SITOL-GUIBERT, , 120 p. p. (lire en ligne), Histoire p.7-8
  8. BLANCHET Philippe, « Problématique de la situation ethnolinguistique du Pays de Retz (Loire-Atlantique) : pratiques linguistiques et identité en zone de marches », dans F. Manzano (dir.) Langues et parlers de l'Ouest, Cahier Sociolinguistique 1, Presses universitaires de Rennes, , p.45-80 (lire en ligne)
  9. Jean Hiernard, « "Corbilo et la route de l'étain" », Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 1982, 3e trimestre, pp. 497-578
  10. PICARD Gilbert-Charles, « La République des Pictons », Comptes rendus des séances de l'Académie des inscriptions et Belles Lettres, 126 -ème année, N 3, , pp. 532-559
  11. « Actualité | Une agglomération gauloise en Vendée », sur Inrap, (consulté le )
  12. Dillange, Michel., Les Comtes de Poitou : Ducs d'Aquitaine (778-1204), Mougon, Geste éditions, , 303 p. (ISBN 2-910919-09-9, OCLC 35212897, lire en ligne).
  13. Véron Teddy, L'intégration des Mauges à l'Anjou au XIe siècle, Limoges, Cahiers de l'Institut d'anthropologie juridique ; 15, , 1 vol. (403 p.) p. (lire en ligne), p.30
  14. Chauvet Alain, « L'Armorique : essai de géographie régionale », Norois n°127, , pp. 345-364
  15. « François Rabelais, un boulimique de connaissance », sur http://www.accueil-vendee.com.
  16. Faustin Poëy-d'Avant, De l'influence du langage poitevin sur le style de Rabelais..., Techener, (lire en ligne).
  17. « "Il était une foi…" Quand les catholiques bretons résistaient aux protestants », sur Aleteia, (consulté le )
  18. David Peyrat, « Histoire de la Bretagne, une terre de "résistance" », Geo.fr,
  19. Philippe GILBERT, « « Saint Louis-Marie, missionnaire en nord Poitou » », Ouest-France,
  20. « luma — Wiktionnaire », sur fr.wiktionary.org (consulté le ).
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