Taïfales

Le peuple « barbare » des Taïfales est un ensemble de tribus germaniques ou plus sûrement sarmates qui tient une place de second plan dans l'histoire des grandes invasions. Nomades et guerriers cavaliers, liés aux Goths, ils ont combattu puis servi les armées romaines, puis mérovingiennes. Ils se sont établis en Gaule à partir de la fin du IVe siècle, principalement en Aquitaine et dans le Poitou.

Le « dragon à la perle », motif des boucliers des Equites Honoriani Taifali iuniores cantonnés en Gaule, d'après le Notitia Dignitatum. Sur le fond blanc, le dragon et sa « perle » sont peints en bleu, de même que la bosse centrale, entourée d'une bande rouge.

Histoire

La plus ancienne mention des Taïfales par un auteur antique[1] date de la fin du IIIe siècle de notre ère. Les premiers faits d'armes qui leur sont attribués[2] remontent à leur participation aux campagnes du roi goth Cniva sur le bas-Danube, en Dacie et Mésie, autour de l'an 250[3]. Les textes anciens[4] permettent de les situer approximativement sur le rive nord du Danube, des environs de Sirmium jusqu'aux bouches du Danube. Leur appartenance ethnique est incertaine : politiquement et géographiquement, ils sont initialement proches des Goths, ce qui peut inciter à les affilier aux Germains orientaux[5] ; cependant leur non-assimilation à ceux-ci et la fréquence de leurs associations avec les Sarmates peut donner matière à les apparenter plutôt à ces derniers[6], établis dans la steppe pontique (Sud des actuelles Ukraine et Russie).

Ils apparaissent en compagnie des Sarmates sur le Danube et on les retrouve affrontant les Goths en 332. Peu après, ils signent un contrat, un fœdus, avec Rome. Aux termes de ce contrat, certains clans sont autorisés à entrer légalement et pacifiquement dans l'Empire romain, alors menacé de toute part et qui a besoin d'hommes comme mercenaires au service de sa défense. Des Taïfales alliés à des Goths attaquent pourtant l'empire en 377 : ils sont battus et les survivants sont installés dans le Nord de l'Italie et en Gaule, comme colons-cultivateurs.

Des Taïfales sont mentionnés parmi les tribus qui accompagnent les Huns dans leur invasion de la Thrace, en 378. On retrouve leurs descendants en 451, combattant aux champs Catalauniques aux côtés d'Attila, tandis que d'autres suivent les Wisigoths dans l’Empire après leur victoire sur l'empereur Valens à la bataille d'Andrinople. L'histoire de ces derniers, peu nombreux, se mêle dès lors à celle des Wisigoths, qu'ils suivent en Gaule (412), s'établissant en Aquitaine seconde.

Peu après, probablement en accord avec Rome, ils s'installent dans le Nord du Poitou : une tribu est cantonnée à Poitiers, une autre s'installe dans le Bas-Poitou, à proximité des villes actuelles de Montaigu et des Herbiers (Vendée) ; ces Taïfales donnent peut-être leur nom au pays de Tiffauges (Vendée) et Tivauche(s) (Côte-d'Or), qui remonteraient à l'archétype *Taifalicas. De même, le nom étrange de la localité de Taphaleschat en Corrèze[7], de *Taifalisca (Villa), est peut-être dû à ce peuple, comme ceux de Touffailles et Toufailloux en Aquitaine, voire celui de Chauffailles[8] en Bourgogne. On peut ajouter à cette liste le nom de Gourfaleur, en Normandie, qui remonterait à *Curte Taifalorum devenu *Curte Falorum, puis Corphalour (1056-1066)[9].

L'Histoire des Francs de Grégoire de Tours mentionne encore des Taïfales en Gaule au VIe siècle : bien que peu nombreux, ils y apparaissent une dernière fois en tant que groupe distinct en l'an 561, soit 150 ans après leur établissement en Gaule.

Les Taïfales pourraient également être à l'origine des rochers gravés de Saint-Aubin-de-Baubigné (Deux-Sèvres)[10].

Notes et références

  1. Mamertin, leur contemporain, en 291.
  2. Par Jordanès, qui écrit au VIe siècle.
  3. Wolfram 1988, p. 45.
  4. Ammien Marcellin, Eutrope.
  5. Goths tervinges ou Wisigoths, Goths greutunges ou Ostrogoths, Hérules, Burgondes, Vandales, Gépides, Ruges, Skires, Bastarnes, etc.
  6. Wolfram 1988, p. 92.
  7. Cassagne et Korsak 2003.
  8. Rossi 2009, p. 278-279.
  9. Beaurepaire 1986, p. 125. Cependant, d'après le même auteur, ce nom pourrait aussi bien dériver de celui des Falchovarii, tribu germanique, d'où provient l'appellation de la Westphalie.
  10. Albert Curtet, « Les rochers gravés de Saint-Aubin-de-Baubigné » dans Bulletin de la Société préhistorique de France, vol. 55, no 7-8, 1958 (Persée.fr).

Sources

  • François de Beaurepaire, Les Noms des communes et anciennes paroisses de la Manche, A. & J. Picard, , 253 p. (ISBN 978-2-7084-0299-7).
  • Jean-Marie Cassagne et Mariola Korsak, Origine des noms de villes et villages de la Corrèze, J.-M. Bordessoules, coll. « Origine des noms de villes et villages » (no 19), (ISBN 978-2-913471-49-8).
  • Mario Rossi, Les Noms de lieux du Brionnais-Charolais : témoins de l'histoire du peuplement et du paysage, Publibook, , 579 p. (ISBN 978-2-7483-5072-2, lire en ligne).
  • (en) Herwig Wolfram (trad. Thomas Dunlap), History of the Goths, University of California Press, (ISBN 978-0-520-05259-8).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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