Électricité en France

Le secteur de l'électricité en France était le dixième producteur mondial d'électricité en 2018 ; sa production nette s'est élevée à 500,1 TWh en 2020.

L'électricité représentait 25 % de la consommation finale d'énergie en France en 2019.

Le marché de l'électricité est encore dominé par la société nationale Électricité de France (EDF) : malgré le processus d'ouverture progressive à la concurrence promue par la Commission européenne, en septembre 2020, la part de marché des fournisseurs alternatifs est de 27,5 % en nombre de sites, 25,2 % des consommations pour le marché résidentiel et 49,4 % pour le marché non résidentiel. Les principaux concurrents d'EDF sont Engie, Total Énergies et Eni.

Il est aussi marqué par l'importance de la production nucléaire (3e rang mondial derrière les États-Unis et la république populaire de Chine en 2020), qui représentait 67,1 % de la production nationale nette en 2020, par une stagnation de la consommation depuis 2007, suivie d'une chute de 5 % en 2020.

La France est en 2020 le premier pays exportateur d’Europe, avec un solde exportateur de 43,2 TWh, et en 2018 le premier pays exportateur au monde, totalisant 63 TWh, soit 11 % de sa production.

La part des énergies renouvelables dans la production nette d'électricité atteint 24,1 % en 2020 (hydroélectricité : 13 %, éolien : 7,9 %, solaire : 2,5 %, bioénergies : 1,6 %). Par rapport à la consommation intérieure (après soustraction du solde exportateur), elle atteignait 26,9 % en 2020.

La centrale nucléaire de Cruas en France, vue d'avion en .

Comparaisons internationales

Selon les statistiques de l'Agence internationale de l'énergie, la France se classe dans les premiers rangs pour plusieurs indicateurs du domaine de l'électricité :

Place de la France dans les classements mondiaux
Source d'énergie indicateur rang année quantité unité  % monde commentaires
Électricité[k 1] Production 10e 2018 577 TWh 2,2 % 1er : Chine (7 149 TWh)
Exportation nette 1er 2018 63 TWh 16,9 % 2e : Allemagne (49 TWh)
Nucléaire[k 2] Production 2e 2018 413 TWh 15,2 % 1er : États-Unis (841 TWh), 3e : Chine (295 TWh)
Puissance installée 2e 2018 63 GW 15,9 % 1er : États-Unis (99 GW)
% nucléaire/élec*[1] 1er 2019 70,6  % 2e : Ukraine (53,9 %), 3e : Slovaquie (53,9 %)
Hydroélectricité[k 3] Production 10e 2018 71 TWh 1,6 % 1er : Chine (1 232 TWh)
Puissance installée 10e 2018 26 GW 2,0 % 1er : Chine (352 GW)
% hydro/élec* 7e 2018 12,1  % 1er : Norvège (95,0 %)
Énergie éolienne[k 4] Production élec. 9e 2018 29 TWh 2,2 % 1er : Chine (366 TWh), 2e : États-Unis (276 TWh)
Puissance installée 7e 2018 14,9 GW 2,6 % 1er : Chine (184,3 GW), 2e : États-Unis (94,5 GW)
% éolien/élec*[n 1] 9e 2018 4,9  % 1er : Espagne (18,5 %), 2e : Allemagne (17,1 %)
Solaire PV[k 5] Production élec. 8e 2018 11 TWh 1,9 % 1er : Chine (177 TWh), 2e : États-Unis (81 TWh)
Puissance installée 9e 2018 9,6 GW 1,9 % 1er : Chine (175,1 GW), 2e : États-Unis (62,5 GW)
% solaire PV/élec* 9e 2018 1,8  % 1er : Italie (7,8 %), 2e : Allemagne (7,1 %)
* % source (nucléaire, éolien, solaire)/total production d'électricité

Marché

Production

Production brute d'électricité par source en France
EIA (1980-2019)[2], RTE (2020-production nette)[t 1].
NB : l'énergie marémotrice est incluse dans l'hydraulique et les déchets dans les bioénergies.

Le graphique ci-contre fait ressortir, en dehors de l'essor du nucléaire au cours des années 1980 et 1990 et de l'apparition récente de l'éolien et du solaire, deux faits marquants moins connus : la stagnation de la production depuis 2005 et l'impact très marqué des crises sur la demande d'électricité : en 2009, la production a baissé de 6,7 % et en 2020 de 7 %.

En 2020, la production nette[n 2] d'électricité a chuté à 500,1 TWh, en baisse de 7 % par rapport à 2019. C'est le niveau de production le plus bas depuis vingt ans, conséquence directe de la diminution de la consommation d’électricité en France et en Europe. La part des énergies renouvelables atteint 23,4 % de l’énergie électrique totale, en forte hausse : la production éolienne progresse de 17,3 %, la production solaire de 2,3 % et la production hydraulique de 8,4 %. La production nucléaire baisse de 11,6 % et la production thermique fossile de 10,6 %[y 1].

En 2019, la production nette d'électricité s'est élevée à 537,7 TWh, en baisse de 2 % ; les énergies renouvelables (hydraulique, solaire et éolien) en ont fourni plus de 20 %, malgré une baisse de la production hydraulique de plus de 12 % par rapport à 2018, grâce à la forte progression de la production éolienne (+21,2 %) et de la production solaire(+7,8 %). La baisse de la production hydraulique et nucléaire entraîne une hausse de la production thermique à combustible fossile de 9,8 % malgré un très fort recul de la production des centrales à charbon : -72 %. La part du nucléaire est de 70,6 %[x 1].

En 2018, la production nette s'est élevée à 548,6 TWh, en forte hausse : +3,7 % ; les énergies renouvelables ont bénéficié de conditions particulièrement favorables et ont représenté 22,7 % de la production totale, contre 18,5% en 2017 ; le redressement de la production d'origine nucléaire (+3,7 %) et la forte hausse de la production hydraulique (+27,5 %) ont entraîné une moindre mobilisation des moyens thermiques à combustible fossile (-26,8 %)[z 1] ; la part du nucléaire s'est élevée à 71,7 %[z 2]. Environ 90 % de l’électricité est produite par des sources bas carbone (nucléaire et renouvelables)[3].

RTE publie des statistiques de production nette (après déduction des consommations propres des centrales) :

Évolution de la production nette d'électricité[t 1],[x 1],[y 2]
TWh 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 % 2019 2020 % 2020
Thermique nucléaire407,9421,1404,9403,7415,9416,8384,0379,1393,2379,570,6 %335,467,1 %
Thermique fossile59,551,548,143,625,934,445,353,938,942,67,9 %37,67,5 %
dont charbon19,113,417,419,98,48,67,39,85,81,60,3 %1,40,3 %
fioul8,07,66,73,83,33,82,63,01,82,30,4 %1,70,3 %
gaz29,930,524,019,914,321,935,441,131,238,67,2 %34,56,9 %
Hydraulique67,650,363,875,568,159,164,053,568,260,011,2 %65,113 %
dont renouvelablendndndndnd53,959,248,663,155,510,3 %60,812,1 %
Éolien9,712,114,915,917,121,120,924,028,134,16,3 %39,77,9 %
Photovoltaïque0,62,44,14,75,97,48,49,210,811,62,2 %12,62,5 %
Bioénergies4,95,65,87,17,58,08,79,59,69,91,8 %9,62,0 %
dont renouvelablendndndndnd5,96,57,07,67,71,4 %7,61,6 %
Total EnR[n 3]82,870,488,6103,298,688,394,788,8108,7108,920,3 %120,724,1 %
Production nette550,2543,0542,0550,0540,4546,8531,4529,2548,8537,7100 %500,1100 %
Part EnR[n 4]
dans la conso
[y 3]
14,9 %13,3 %16,8 %19,4 %19,6 %18,7 %19,7 %18,5 %22,7 %23 %26,9 %
Données du Ministère de la Transition écologique et solidaire[g 1] (OA : obligation d'achat, CR : complément de rémunération) et, pour 2020, de la CRE[4][source insuffisante]:
TWh produits sous OA + CRndnd404345505458667268,7
Subventions OA+CR (M€)ndnd330050575739639465136668697378988633
TWh achetés à l'ARENH[5]ndnd6164711608296120126
Achats ARENH (M€)ndnd25542701299971103524409450575292

Faits marquants :

  • les variations de la production des centrales nucléaires découlent des variations du taux de disponibilité du parc nucléaire (par exemple : prolongations des arrêts pour maintenance durant l'été 2012, arrêts de plusieurs réacteurs pour contrôles sur injonction de l'ASN en 2016 et 2017, impact sur le calendrier de maintenance des centrales lors de l'épidemie de Covid-19 en 2020[6]) ;
  • la production des centrales hydrauliques fluctue fortement d'une année à l'autre selon l'abondance des précipitations : +26,8 % en 2012, +18,7 % en 2013, -9,7 % en 2014, -13,7 % en 2015, -16,3 % en 2017, +27,5 % en 2018, -12,1 % en 2019 ;
  • la production des centrales thermiques à combustible fossile sert de terme de bouclage ; en 2017, la baisse de la production nucléaire de 1,3 % et celle de 16,3 % de l'hydroélectricité ont nécessité un recours important à la production d’origine thermique fossile : +20 %, et à l'inverse, en 2018, la hausse du nucléaire et de l'hydraulique a fait baisser le thermique fossile de 26,8 % ;
  • la production issue des sources d’énergies renouvelables hors hydraulique progresse rapidement ; en 2017, la production éolienne progresse de 14,8 % et celle du solaire de 9,2 %, en 2018 : +15,3 % et +11,3 %, en 2019 : +21,2 % et +7,8 % ;
  • la mise en place du dispositif ARENH en . Jusqu’en 2014, plus de 15 % de la production nucléaire était rachetée dans ce cadre à EDF par les fournisseurs alternatifs ; la forte baisse des prix sur les marchés de gros de l’électricité, passés sous le tarif fixé dans le cadre de l’ARENH, a causé l'effondrement de ces achats en 2015 et leur disparition en 2016, puis une brusque augmentation du niveau de souscription à ce produit depuis 2017[g 1].
Puissances installées

La puissance électrique renouvelable s'est accrue de 2 039 MW, dont 1 105 MW d'éolien et 820 MW de solaire, atteignant 55 906 MW fin 2020. Le parc éolien atteint 17 616 MW au 31 décembre 2020, en progression de 1 105 MW, alors que 2 200 MW par an seraient nécessaires pour atteindre l'objectif de 24 100 MW fixé pour 2023 par la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Le parc solaire s'est accru de 820 MW, alors qu'il faudrait 3 300 MW par an pour atteindre l'objectif de 20 100 MW en 2023 ; le parc solaire atteint 10 387 MW fin 2020. Le parc hydroélectrique atteint une puissance installée de 25 732 MW, en hausse de 28 MW. La filière bioénergies électriques atteint une puissance installée de 2 171 MW (+86 MW)[7]. Les retards constatés dans l'éolien et le solaire sont causés par des problèmes d'accès au foncier et des difficultés croissantes liées à l'acceptabilité locale des projets de grandes installations[8].

La puissance installée du parc de production électrique en France métropolitaine atteignait 136 211 MW au 31/12/2020 ; sa répartition a évolué comme suit :

Puissance installée France métropolitaine (MW)
Filière au [t 2] au [y 4] Variation
2020/2010
Variation
en 2020
Facteur de charge
en 2020 (%)*
Thermique nucléaire63 13061 370-2,8 %-2,8 %61,3 %
Thermique fossile27 39918 935-30,9 %+2,1 %22,8 %
dont charbon7 9422 978-62,5 %05,4 %
fioul10 4943 389-67,7 %+0,7 %5,7 %
gaz8 96312 567+40,2 %+3 %31,7 %
Hydraulique25 39225 732+1,3 %+0,1 %28,8 %
Éolien5 76217 616+206 %+6,7 %26,5 %
Photovoltaïque87810 387+1083 %+8,6 %14,4 %
Bioénergies1 2242 171+77 %+3,1 %51,1 %
Puissance totale123 785136 211+10,0 %+0,5 %41,9 %
* le calcul des facteurs de charge prend en compte l'échelonnement des mises en service.

Faits marquants :

  • la fermeture de centrales thermiques classiques charbon (−1 500 MW en 2015[b 1] après −1 296 MW en 2014[r 1]) et fioul (−1 359 MW en 2016, −3 039 MW en 2017[T 1] et −657 MW en 2018), remplacées en partie par 881 MW de nouvelles centrales gaz en 2016[e 1], 218 MW en 2018 et 371 MW en 2020 ;
  • la fermeture en 2020 de la centrale nucléaire de Fessenheim (1 760 MW) ;
  • les centrales thermiques fossiles jouent le rôle de terme de bouclage : leur facteur de charge est resté élevé en 2016 et 2017 à cause des nombreux arrêts de réacteurs nucléaires, et plus encore à cause de la faible hydraulicité ; par contre, il a chuté en 2018 et plus encore en 2019, sauf celui des centrales à gaz ;
  • la forte progression du parc éolien et du solaire photovoltaïque, dont les facteurs de charge restent faibles ;
  • le développement des centrales thermiques à combustible renouvelable (bioénergies).
Surcapacité 2013-2015

La surcapacité du parc français pendant la période 2013-2015 résultait de deux évolutions qui n'avaient pas été anticipées[9] :

  • la consommation d'électricité avait été fortement réduite par la crise : alors que RTE prévoyait, dans le scénario médian de son bilan prévisionnel 2007, une consommation de 500 TWh pour 2013, la réalisation a été de 476 TWh : le déficit était de 24 TWh, soit 4,8 % ;
  • les mises en service de nouvelles unités thermiques à flamme, surtout à gaz, ont atteint 3,8 GW en cinq ans (de 2008 à 2012) : +3,95 MW de centrales à cycle combiné gaz et +0,9 GW de turbines à combustion, en partie compensées par −0,75 GW de centrales au fioul et −0,3 MW charbon ;
  • la progression des énergies renouvelables a en revanche été inférieure à la prévision 2007 ; le déficit était de l'ordre de 10 TWh, ce qui ne compense que 40 % du déficit de consommation.

Cet accroissement du parc en période de baisse de la demande a produit une situation de surcapacité ; la durée de fonctionnement des centrales à cycle combiné gaz est donc tombée au-dessous du seuil de rentabilité, déclenchant une série de décisions de fermeture comme dans le reste de l'Europe ; le choix de fermer des centrales gaz plutôt que des centrales charbon a été pris sur la base des prix du charbon en forte baisse (de 200 $/t fin 2008 à 80 $/t début 2013 sur le marché d’Anvers-Rotterdam-Amsterdam) à cause de l'arrivée sur le marché de grandes quantités de charbon américain évincé du marché américain par la baisse des prix du gaz produite par le boom du gaz de schiste. De plus, l'effondrement du prix des quotas de CO2 (de 35 €/t au début 2008 à 4 à €/t en 2013) dû à la crise, a encore accru l'intérêt du charbon. Cependant, au cours de 2013, le prix du gaz a fortement remonté aux États-Unis, d'où une baisse des exportations de charbon, et en 2015 de nombreuses centrales à charbon (3,6 GW) seront déclassées du fait de l’application de la directive européenne sur les grandes installations de combustion, ce qui devrait résorber la surcapacité actuelle.

Risque de manque de capacité en pointe

Le gestionnaire du réseau électrique RTE, dans son bilan prévisionnel d'équilibre entre l'offre et la demande d'électricité à l'horizon 2023, publié le , prévoit « une transition énergétique sous contrainte », avec des marges très faibles jusqu'à 2020 du fait des retards subis par les projets de Flamanville (2020), des six parcs éoliens en mer (2021) et de la centrale à gaz de Landivisiau (2021) ; sous les conditions que ces dates de mise en service soient respectées ainsi que les interconnexions prévues, on peut envisager de fermer la centrale à charbon de Cordemais mi-2020, deux autres groupes en 2021 et le dernier en 2022[10].

RTE avait lancé en un avertissement sur le risque de défaillance à la pointe en cas de froid pour les hivers 2015-16 (déficit de capacité de 900 MW), 2016-17 (déficit de GW) et 2017-18 (déficit de 800 MW), du fait de la fermeture d'ici fin 2015 de centrales au fioul (3,8 GW) et au charbon (2,1 GW déjà fermées et 1,9 GW à fermer en 2015) non conformes aux nouvelles normes européennes d'émissions de polluants, de la fermeture fin 2016 de la centrale nucléaire de Fessenheim (1 760 MW) et de la mise sous cocon de trois centrales à cycle combiné gaz (1,3 GW)[P 1].

Pour faire face à ce risque, RTE espère que l'entrée en vigueur prévue au du mécanisme de capacité institué par la loi NOME incitera les opérateurs à mettre en œuvre tout ou partie de solutions mobilisables rapidement : mise aux normes de centrales au fioul, retour en exploitation de cycles combinés gaz ou développement de nouvelles capacités d'effacement par de nouvelles dispositions réglementaires instaurant une prime versée aux opérateurs[P 2]. Un report de la fermeture de Fessenheim pourrait avoir le même effet.

Le Bilan prévisionnel 2015 de RTE conclut que la France retrouve des marges de sécurité d’approvisionnement électrique jusqu’en 2020. Cette amélioration est due au maintien en exploitation après mise aux normes de centrales au fioul, à l'éloignement des perspectives de mises sous cocon de cycles combinés au gaz, au développement de nouvelles capacités d'effacement et à l'amélioration de l'efficacité énergétique qui entraine une réduction de 5,5 TWh de la prévision de consommation 2019. Les marges de sécurité d'approvisionnement électrique demeureront globalement suffisantes en cas d'arrêt de production de la centrale de Fessenheim précédant la mise en service de l'EPR[11].

En , l’ASN ordonne la réparation des huit soudures situées au milieu de la double enceinte de béton qui protège le bâtiment réacteur de Flamanville 3, donc très difficiles à atteindre ; cette décision repousse le démarrage de la centrale à la fin de l'année 2022, au plus tôt[12],[13]. Cette décision est lourde de conséquences pour les finances d'EDF, mais aussi pour la sécurité d'approvisionnement du pays ; en effet, RTE avait averti fin 2018 que « parmi les nouvelles variantes étudiées, c'est le report de l'EPR qui constitue la situation la plus pénalisante pour le système français. Ce retard conduit à lui seul à un déficit de capacités significatif. » Il pourrait s'avérer nécessaire de maintenir temporairement ou convertir à la biomasse la centrale à charbon de Cordemais[14].

En , RTE prévient que la sécurité de l'approvisionnement électrique de la France doit faire l'objet d'une « vigilance » en 2022-2023, notamment à cause de l'arrêt programmé des centrales à charbon ; il existe un risque spécifique pour l'Ouest de la France et notamment la Bretagne si la fermeture de la centrale à charbon de Cordemais n'est pas compensée par une entrée en service de l'EPR de Flamanville[15].

Dans son bilan prévisionnel à horizon 2030 publié en mars 2021, RTE alerte sur une situation de « vigilance particulière » qui va perdurer jusqu'en 2024, du fait du retard de mise en service de l'EPR de Flamanville ainsi que de l'importance des travaux en cours sur le parc de réacteurs d'EDF pour la prolongation de leur durée de vie (« Grand carénage »). Ces tensions sont aggravées par les effets collatéraux de la crise sanitaire qui ont décalé sur plusieurs années le programme de maintenance des centrales nucléaires, ainsi que par des retards sur la mise en service des éoliennes en mer et un développement de l'énergie solaire très en deçà des objectifs. Au cours des trois prochains hivers, le critère de sécurité d'approvisionnement en électricité ne sera pas respecté. RTE juge donc « nécessaire de conserver la centrale au charbon de Cordemais, qu'EDF projette de convertir à la biomasse, sur le réseau jusqu'en 2024 et il serait prudent de la conserver jusqu'en 2026 » et « estime que les conditions prévues par la programmation pluriannuelle de l'énergie, pour la fermeture anticipée de deux réacteurs nucléaires entre 2025 et 2026, pourront très difficilement être remplies »[16],[17].

Centrales thermiques nucléaires
Carte des centrales françaises en activité, classées selon leur type.
Centrale nucléaire de Gravelines (5 400 MW - la plus puissante d'Europe occidentale), vue depuis la mer, 19 avril 2014.

La chaleur dégagée par la fission nucléaire du combustible (uranium, plutonium) est généralement[réf. souhaitée] utilisée pour produire de la vapeur d'eau à haute pression, laquelle fait tourner une turbine à vapeur entraînant un générateur d'électricité.

Parc de centrales nucléaires

Au , la France compte 56 réacteurs nucléaires opérationnels et un réacteur EPR en construction, tous de la filière REP, répartis dans 18 centrales[18] :

  • 32 réacteurs de 900 MWe répartis en trois paliers :
    • CP0 : 4 réacteurs : Bugey 2 à 5[19],
    • CP1 : 18 réacteurs,
    • CP2 : 10 réacteurs ;
  • 20 réacteurs de 1 300 MWe :
    • 8 du palier P4,
    • 12 du palier P'4 ;
  • 4 réacteurs de 1 450 MWe du palier N4 ;
  • 1 réacteur EPR 1 600 MWe.

La politique des paliers a permis, par une standardisation poussée de la conception des tranches et des commandes groupées, des économies d'échelle considérables sur les coûts de construction : les centrales d'EDF ont coûté deux à trois fois moins cher que celles qui ont été construites, à la même époque, aux États-Unis, qui étaient commandées à l'unité par les nombreuses « utilities » américaines[20].

La filière EPR a été lancée en 2005 (coulage des fondations du premier bâtiment réacteur EPR). En France, depuis 2007 un réacteur EPR est en cours de construction sur le site de Flamanville en Normandie, où EDF exploite déjà deux réacteurs REP de 1 300 MW. Ce réacteur, deuxième exemplaire de cette nouvelle filière, après l'EPR OL3 construit en Finlande par AREVA, a connu une longue suite de problèmes, qui ont considérablement accru la durée de sa construction, initialement prévue à cinq ans et portée à 13 ans, la mise en service étant prévue en 2020, et son coût, initialement prévu à 3,3 milliards d'euros et révisé plusieurs fois à la hausse pour passer à 10,9 milliards d'euros selon la dernière estimation de [21]. En , les experts de l'ASN demandent d'importants travaux pour réparer huit soudures mal réalisées, ce qui affecte le calendrier de mise en service et le coût de construction[22]. En , après confirmation de cette exigence de l'ASN, EDF annonce que la mise en service du réacteur ne peut être envisagée avant fin 2022[23].

Alors que le gouvernement a acté en le report au-delà de 2025 de la baisse de la part du nucléaire de 75 à 50 % de la production d'électricité, EDF ne compte pas fermer d'autre réacteur nucléaire que les deux unités de la centrale de Fessenheim d'ici 2029[24] ; son objectif est d'amener la durée de vie de ses réacteurs à cinquante ans.

Le président Emmanuel Macron a déclaré : « Je ne fermerai pas des centrales pour donner des gages politiques. Je fermerai des centrales le jour où je serai certain que ça n'aggrave pas le réchauffement climatique », et le compte-rendu du Conseil des ministres du précise que « l'évolution de notre système électrique ne devra nécessiter aucun nouveau projet de centrale thermique à combustibles fossiles, ni conduire à une augmentation de gaz à effet de serre de notre production électrique ».

Après Flamanville, EDF souhaite entamer le renouvellement de son parc nucléaire avec la mise en service d'un nouvel EPR en 2030[24]. Dans sa contribution au débat sur la Programmation pluriannuelle de l'énergie, la SFEN préconise une décision rapide d’un programme de construction de réacteurs EPR en France, avec mise en service d’une première paire aux alentours de 2030, puis d’un programme de six à huit réacteurs au total ; elle estime que des gains de l'ordre de 30 % sur le coût de construction et de 50 % sur le coût de financement (grâce à un « contrat pour différence » analogue à celui accordé par le gouvernement britannique pour la centrale de Hinkley Point) sont possibles[25].

Une mission lancée par l'ex-ministre de la Transition écologique et le ministre de l'Économie sur le maintien des compétences dans le nucléaire préconise de construire six EPR à partir de 2025 ; la construction du premier réacteur démarrerait en 2025 pour une mise en service en 2035[26].

Le président Macron annonce le le programme de fermetures de 14 réacteurs nucléaires sur 58 d'ici 2035 : les deux réacteurs de Fessenheim en 2020, deux autres, en 2025 et 2026, sous conditions (marges du système électrique, prix et mix de production des pays voisins), puis un par an à partir de 2027 (deux en 2033). La PPE prévoit une croissance de la production d'électricité d'environ 15 % à l'horizon 2028[27]. Le président a rappelé que le nucléaire « nous permet pour le moment de bénéficier d'une énergie décarbonée et à bas coût. Je n'ai pas été élu sur un programme de sortie du nucléaire » tout en soulignant son engagement de campagne : la réduction à 50 % de la part du nucléaire dans le mix électrique. Il a précisé : « Nous ne pouvons pas dire pour le moment à quelle date précise nous fermerons tel ou tel réacteur. Le rythme variera en fonction de l’évolution du mix énergétique en France et chez nos voisins ». Les arrêts de réacteurs devraient avoir lieu parmi les plus anciens sites, soit : Tricastin (Drôme et Vaucluse), Bugey (Ain), Gravelines (Nord), Dampierre (Loiret), Blayais (Gironde), Cruas (Ardèche), Chinon (Indre-et-Loire) et Saint-Laurent (Loir-et-Cher). Au sujet de l'EPR, il « demande à EDF de travailler à l’élaboration d’un programme de 'nouveau nucléaire' en prenant des engagements fermes sur le prix, pour qu’ils soient plus compétitifs. Tout doit être prêt en 2021 pour que le choix, qui sera proposé aux Français, puisse être un choix transparent et éclairé »[28]. Le , dans le cadre de la demande gouvernementale de mise en œuvre de la transition énergétique, « EDF propose au gouvernement d'étudier la mise à l'arrêt de paires de réacteurs à Blayais, Bugey, Chinon, Cruas, Dampierre, Gravelines et Tricastin. L'arrêt des réacteurs, qui doit avoir lieu d'ici à 2035, ne se traduira pas par la fermeture des centrales elles-mêmes ». Le gouvernement français ne prévoit pas d’indemniser l’exploitant EDF pour le manque à gagner faisant suite à la demande de mise à l’arrêt des réacteurs concernés[29].

En , le président de la région Normandie Hervé Morin déclare que « la Région est, avec l’ensemble des collectivités concernées, candidate à l’installation d’un deuxième EPR sur le site de Penly »[30]. La région Hauts de France s'est également portée candidate, mais le président d'EDF Jean-Bernard Lévy considère que la centrale de Penly reste le meilleur endroit pour construire les prochains réacteurs EPR[31].

EDF doit remettre à la mi-2021 un rapport complet au président de la République pour lui permettre de décider (ou pas) de construire six nouveaux EPR. La filière nucléaire défend le choix de construire ces réacteurs par paire pour limiter les coûts et mutualiser les équipes. Le président de la République Emmanuel Macron a déjà fait savoir que cette décision ne pourrait être prise formellement qu’après le démarrage de l’EPR de Flamanville en 2023. La direction du groupe EDF a présenté à son conseil d’administration le quatre sites pour les six nouveaux réacteurs. Le premier site choisi devrait être celui de la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime), qui compte déjà deux réacteurs en activité. Trois autres sites seraient à l’étude : la centrale nucléaire de Gravelines, celle du Tricastin (Drôme) et celle du Bugey (Ain)[32].

Le 4 février 2021, EDF remet à l'Autorité de sûreté nucléaire le rapport préliminaire de sûreté qui détaille très précisément la conception de ses « EPR 2 », réacteurs conçus sur le modèle de celui de Flamanville mais plus standardisés et donc censés être plus simples et moins chers à construire. Chez Framatome, l'usine du Creusot commencera dès 2021 à forger de premières pièces des chaudières des EPR. Framatome met en avant la nécessité de maintenir les savoir-faire et de réduire les risques industriels[33].

Le 6 mai 2021, Jean-Bernard Lévy annonce avoir remis à l'État le dossier de faisabilité portant sur la construction de six nouveaux réacteurs EPR[34].

Évolution récente de la production nucléaire

En 2020, la capacité de production nucléaire installée a diminué pour la première fois depuis 2009, passant de 63,1 GW à 61,4 GW, du fait de la fermeture définitive des deux réacteurs de 900 MW de la centrale nucléaire de Fessenheim qui a cessé de produire définitivement le 29 juin (Fessenheim, entrée en activité en 1977, était la plus ancienne des centrales nucléaires françaises). La production nucléaire de 2020 est en baisse de 11,6 % (-44 TWh) par rapport à 2019 et se situe à son niveau le plus bas depuis 1993, la France passant du deuxième au troisième rang mondial des producteurs d’électricité d’origine nucléaire derrière les États-Unis et la République Populaire de Chine[35]. Elle représente 67,1 % de la production totale d’électricité en France. Cette baisse s’explique par la fermeture de la centrale de Fessenheim, mais surtout par une moins bonne disponibilité des centrales[y 5] : l'indisponibilité moyenne du parc nucléaire a atteint en moyenne 22,3 GW contre 17,8 GW en 2019, du fait de nombreux prolongements de maintenance sur une grande partie des réacteurs, conséquence directe de la crise sanitaire qui a ralenti les travaux de maintenance des centrales. Par ailleurs, une partie des réacteurs a été arrêtée au second et au troisième trimestre de l’année afin d’économiser le combustible pour maximiser la disponibilité du parc nucléaire sur l’hiver 2020-2021[y 6].

En 2019, la production nucléaire est en baisse de 3,5 % (-13,7 TWh). Elle représente 70,6 % de la production totale d’électricité, taux le plus faible depuis 1989. Cette baisse s’explique essentiellement par une moins bonne disponibilité des centrales : 17,7 GW en moyenne contre 16,3 GW en 2019. Les indisponibilités non prévues ont été causées en juillet par la canicule, en novembre et décembre par le tremblement de terre qui a causé un arrêt de la centrale de Cruas et en décembre par une période de grève[x 1].

Les variations de la production nucléaire s’expliquent en grande partie par la disponibilité du parc. En effet, le coefficient de disponibilité[n 5] du parc nucléaire s’est établi à 73,9 % en 2019 contre 76,6 % en 2018, 77,1 % en 2017, 77,6 % en 2016 et 80,7 % en 2015 (80,8 % en 2014, son plus haut niveau depuis le record de 2006 : 83,6 %). Cette baisse s’explique par la durée plus longue qu’à l’accoutumée des arrêts de production des centrales, en raison d’opérations de maintenance et du nombre de contrôles renforcés exigés par l’Autorité de sûreté nucléaire[g 2].

En 2018, la production nucléaire d'EDF a progressé de 14,1 TWh par rapport à 2017, soit +3,7 %, atteignant 393,2 TWh ; malgré cette amélioration, c'est la troisième année consécutive où la production nucléaire d'EDF reste inférieure à 400 TWh, alors qu'elle n'avait rencontré cette situation qu'une seule fois, en 2009, en raison d'une longue grève. Les années 2016 et 2017 avaient été marquées par des arrêts exceptionnels de réacteurs liés aux contrôles de l'Autorité de sûreté sur la qualité de gros composants. La production de l'année 2018 a été réduite de 10 TWh par un problème générique lié à l'usure de pièces (« manchettes thermiques ») situées sur le couvercle de la cuve de certains réacteurs. Le parc nucléaire français a produit à 71,1 % de ses capacités théoriques maximales l'an dernier, alors que le groupe visait encore un taux de disponibilité de plus de 80 % il y a cinq ans. EDF prévoit une production nucléaire de l'ordre de 395 TWh pour 2019 et les années suivantes, du fait de la programmation de sept visites décennales en 2019 et de 25 autres d'ici 2030[36].

Le principal facteur explicatif des variations du coefficient d'utilisation des tranches nucléaires réside dans les réductions de puissance qui peuvent leur être imposées par le gestionnaire de l'équilibre offre-demande ; les centrales nucléaires ont en effet la possibilité de moduler la puissance produite en fonction de la demande (suivi de charge), dans certaines limites ; cela peut provenir des variations de la production hydroélectrique : lorsqu'il y a beaucoup d'eau à turbiner, les centrales au fil de l'eau, qui sont prioritaires sur tout autre type de centrale, prennent une part accrue ; quant aux centrales de lac, les modèles informatiques qui optimisent la production hydraulique attribuent à leur production une valeur économique moindre, et y font donc appel plus souvent, au détriment des autres moyens de production, dont le nucléaire. La production nucléaire peut également être réduite du fait des variations de la demande : lors des creux de la demande (nuit, week-ends, été), si le nombre de centrales nucléaires en fonctionnement est élevé et si la production fatale (hydraulique au fil de l'eau + éolien + solaire) est également élevée, la production nucléaire additionnée à cette production fatale peut dépasser la demande, conduisant à une modulation à la baisse de la production nucléaire.

La production nucléaire d'EDF a connu un nouveau recul en 2017 : -1,3 %, à 379,1 TWh, loin de l'objectif de 420 TWh que l'entreprise s'était fixée en 2015 ; c'est la plus mauvaise performance depuis 1999. La cause principale réside dans les arrêts de réacteurs imposés par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) fin 2016 et début 2017 pour contrôler la teneur en carbone de certains composants forgés, il y a plusieurs dizaines d'années, ainsi que pour contrôler des composants dont le dossier avait été falsifié par AREVA, et pour consolider la digue protégeant la centrale de Tricastin ; EDF reconnait aussi de trop nombreux défauts de maintenance et d'exploitation. La disponibilité des réacteurs est tombée à 68,6 % alors que l'objectif est de 85 %[37].

En 2016, la production nucléaire est tombée à l'un de ses plus bas niveaux : 384 TWh, soit une baisse de 7,9 % par rapport à 2015, en raison des arrêts pour contrôles demandés par l'ASN à la suite de la détection d'une teneur en carbone trop importante dans l'acier de certains générateurs de vapeur[38].

En 2016, EDF a adapté son parc nucléaire aux variations de production qu’entraîne l’arrivée des énergies solaire et éolienne sur le réseau électrique. Les réacteurs sont déjà capables de faire varier leur puissance de 80  % à la hausse ou à la baisse en l’espace de trente minutes, et EDF forme ses équipes de conduite pour qu’à chaque instant, deux tiers des réacteurs soient capables de manœuvrer, contre un  réacteur sur deux auparavant. À moyen terme, cela peut contribuer à chasser l'électricité à base de combustible fossile, la plus chère en coût marginal et donc la moins souvent appelée sur le réseau. De plus, en cas d'arrêt complet, un réacteur met plus de temps à redémarrer ; la manœuvrabilité accrue permet donc de limiter les pertes de production[39].

En 2015, le parc nucléaire français totalisait une puissance électrique de 63,13 GWe et a produit 416,8 TWh, soit 76,3 % de la production nette d'électricité[b 2].

Suites de Fukushima

Après l'accident nucléaire de Fukushima (), l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a demandé à EDF de prendre une série de dispositions dites « noyaux durs post-Fukushima » visant l'amélioration de la sûreté nucléaire à la suite des évaluations complémentaires de sûreté menées en 2011 ; EDF a donc présenté le un programme de travaux : construction de centres de crise bunkérisés, générateurs diesel d’ultime secours, création d’une source ultime d’eau froide... complétés par la mise en place fin 2012 d'une « Force d'action rapide nucléaire » (Farn) dotée de moyens lourds et organisée de manière à pouvoir acheminer en urgence des secours (eau, générateurs) à une centrale en péril, par hélicoptère si les accès routiers sont coupés. L'ASN a demandé à l'IRSN d'analyser ce programme et de proposer si nécessaire des compléments ; l'IRSN a présenté ses conclusions fin 2012, estimant que les dispositions d'EDF « devaient être complétées afin de limiter significativement, en cas d’accident de perte totale et durable des sources électriques ou de la source froide, les conséquences pour l’environnement »[40]. Le , l'ASN a adopté 19 décisions (une par centrale) fixant à EDF des exigences complémentaires détaillées pour la mise en place du « noyau dur » post Fukushima, issues du rapport de l'IRSN et visant à compléter le concept de noyau dur par la définition d’un ensemble de matériels permettant de faire face aux vulnérabilités identifiées par EDF ; ces matériels devront être mis en place d'ici 2020[41].

Prolongation de la durée d'exploitation

Le premier réacteur de la centrale du Tricastin s'arrête en pour lancer les travaux de prolongation de sa durée d'exploitation de 40 à 50 ans, alors que l'ASN ne rendra son avis générique (initialement prévu en 2018) sur le sujet que fin 2020 ; mais les travaux impliqués par la visite décennale se déploient sur cinq ans ; il sera donc possible d'y intégrer d'éventuelles demandes additionnelles de l'ASN. Trois autres visites décennales sont prévues en 2020, puis cinq en 2021[42],[43].

Le , l'ASN publie son projet de décision, soumis à la consultation du public, sur la poursuite de leur exploitation pour dix années supplémentaires, moyennant de nouvelles conditions pour EDF : entre autres, les hypothèses de températures prises pour tenir compte du réchauffement climatique devront être renforcées ainsi que les moyens d'alimentation en eau de secours et certains murs en béton afin de faire face au risque ultime de fusion du cœur du réacteur, en cas d'accident très grave. 32 réacteurs de 900 MW sont concernés par cette prolongation de 40 à 50 ans. Selon l'ASN, « les dispositions prévues par EDF, complétés de celles demandées par l'ASN, permettraient d'atteindre un niveau de sûreté qui se rapproche de celui du réacteur de troisième génération EPR »[44].

Le 25 février 2021, l'ASN publie sa décision finale sur la poursuite de l'exploitation jusqu'à 50 ans des 32 réacteurs de 900 MW. Elle fixe le détail des travaux à effectuer et leur calendrier détaillé jusqu'en 2035[45].

Fabrication des centrales nucléaires

La conception et la fabrication des principaux composants des centrales nucléaires (cuve du réacteur, générateurs de vapeur, etc.) ainsi que leur maintenance étaient assurées par Areva depuis sa création par fusion de Framatome avec la Cogema en 2001.

Afin de résoudre les graves difficultés subies par Areva (déficit de 4,8 milliards d'euros en 2014), l'État a exigé un accord entre EDF et Areva, qui a été conclu le  : EDF va alors acquérir 75 % du capital d'Areva NP (activité réacteurs d'Areva), autrement dit l'ex-Framatome, dont Areva conservera 25 % ; EDF compte revendre une partie de ses actions à d'autres partenaires, tout en restant majoritaire ; la valeur d'Areva NP est évaluée à 2,7 milliards d'euros, sous réserve d'une « due diligence » ; son chiffre d'affaires est de 3,1 milliards d'euros[46]. Les accords définitifs sont signés le  : EDF rachète 75,5 % de l'activité de réacteurs nucléaires d'Areva, appelée New NP, dont Mitsubishi Heavy Industries acquiert 19,5 % et Assystem 5 %[47].

Bernard Fontana, président du directoire de Framatome, annonce en , dans le cadre de son programme « Juliette » destiné à assurer « la continuité de la charge opérationnelle » dans ses usines, son intention de lancer la production de certains composants des EPR de nouvelle génération dès mi-2021, soit un an et demi avant la date butoir fixée par l'exécutif pour s'engager dans la commande de nouveaux réacteurs. Il estime qu'« avec cette organisation nous pouvons réduire nos coûts de production de 25 %[48]. »

Centrales thermiques à flamme
Les centrales thermiques au charbon en France
Centrale charbon EDF de Cordemais (1 200 MW), photo août 2009.
Centrale charbon EDF de La Maxe (500 MW, fermée en avril 2015, photo novembre 2011.
Centrale fioul EDF de Porcheville (4 × 600 MW), mars 2012.
Centrale de Vaires-sur-Marne (3 TAC au fuel léger de 185 MW), 2011.
Production

Les centrales thermiques à flamme (ou thermiques classiques) utilisent du charbon, du gaz naturel ou des dérivés du pétrole comme combustibles. En 2020, ces centrales ont produit 37,6 TWh nets, soit 7,5 % de la production nette totale d'électricité en France[y 2] ; les centrales à gaz ont produit 34,5 TWh, soit 6,9 % de la production totale, dont 20 TWh dans les centrales à cycle combiné et 11,2 TWh dans les centrales de cogénération[y 7]. La production baisse de 10,6 % par rapport à 2019 (gaz : -10,4 % ; charbon : -12,7 % ; fioul : -13,3 %)[y 8].

Puissance installée

La puissance installée du parc thermique fossile s'établissait fin 2020 à 18 935 MW, en hausse de 2,1 %, dont 2 978 MW à charbon, 3 389 MW au fioul (+0,7 %) et 12 567 MW au gaz naturel(+3 %)[y 4].

La baisse de 657 MW du parc fioul en 2018 correspond à la fermeture du dernier groupe fioul de Cordemais[z 2], celle de 3 039 MW en 2017 à la fermeture des quatre groupes de Porcheville et d'un groupe de Cordemais[T 1].

Les principaux changements en 2015 ont été les fermetures de centrales thermiques classiques utilisant du charbon : les six derniers groupes de 250 MW de Bouchain, Vitry et La Maxe[b 2], après ceux de Blénod et Cordemais 1 en 2014[r 1].

Contrairement aux centrales nucléaires qui fournissent la production de base, les centrales thermiques à flamme fournissent une production de semi-base ou de pointe. Ainsi, les centrales à charbon fonctionnent entre 2 500 et 5 000 h/an, celles au fioul de 200 à 1 500 h/an, et les turbines à combustion[n 6] de quelques dizaines à quelques centaines d'heures par an[F 1].

Politique énergétique

Les centrales à charbon étaient vouées à la fermeture au par la directive européenne 2001/80/CE sur les Grandes installations de Combustion (GIC) si elles n'étaient pas mises aux normes DeSOx-DeNOx (élimination poussée des émissions d'oxydes de soufre : -90 %, et d'azote : -80 %). Ainsi, EDF a décidé la fermeture de neuf centrales de 250 MW à charbon et d’une ancienne unité de 600 MW au Havre pour la fin 2015, et a mis en place des systèmes de désulfuration et de dénitrification des fumées équipant les plus récentes unités 600 MW à charbon (deux à Cordemais et une au Havre) ; en outre, ces rénovations en cours amélioreront la fiabilité de ces unités, rendant possible leur exploitation au-delà de 2025. De même, des brûleurs bas NOx sont testés sur les centrales au fioul de Cordemais et Porcheville avec l’objectif d’un fonctionnement au-delà de 2015[A 1]. Pour sa part, la SNET (groupe E.ON) a programmé la fermeture de cinq centrales à charbon de 2013 à 2015 ; elles ne conservera que deux tranches thermiques charbon de 600 MW (Provence 5 et Emile Huchet 6), mises aux normes en 2007 grâce à des équipements permettant le traitement des fumées (DeSOx-DeNOx) et ainsi pérennisées au-delà de 2025[49]. Les cinq tranches charbon les plus anciennes d'EDF fermeront au printemps 2015 sur les sites de Bouchain (Nord), La Maxe (Moselle) et Vitry (Val-de-Marne), portant à dix le nombre de tranches fermées en trois ans (neuf de 250 MW ainsi qu'une de 600 MW au Havre)[50].

EDF a annoncé le son intention d’arrêter d’ici 2018 ses centrales au fioul : celle de Porcheville (Yvelines) et les deux tranches fioul de celle de Cordemais (Loire-Atlantique), alors qu'elle avait la possibilité de poursuivre leur exploitation jusqu'en 2023 ; avec la production déjà stoppée des deux tranches de la centrale d’Aramon (Gard) depuis le début de 2016, EDF aura donc fermé quelque 5,2 GW de capacités de production, soit la moitié de son parc thermique fossile (gaz, charbon...). Ce parc a généré un cash-flow négatif de 800 millions € en 2015 ; le parc au fioul, qui représentait 6,7 % des capacités installées, n’a fourni que 0,6 % de la production[51]. Ces fermetures ont été anticipées : la centrale de Porcheville ainsi qu'une des deux tranches de celle de Cordemais, soit 3,8 GW, ont été fermées le 1er mai[52].

EDF expérimente l'utilisation de biomasse mélangée au charbon pour abaisser les émissions de CO2 à Cordemais[53].

Le ministre de l'Environnement Nicolas Hulot confirme le la proposition d'Emmanuel Macron de fermer les dernières centrales au charbon d'ici à 2022 en France, soit un an avant le terme de 2023 précédemment fixé dans la programmation pluriannuelle de l'énergie ; cela concerne trois tranches charbon d'EDF et deux tranches appartenant à l'allemand Uniper[54].

Le ministre de l'Environnement François de Rugy annonce en que la centrale à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique) pourra fonctionner au-delà de 2022 pour garantir l'approvisionnement en électricité de la Bretagne, si son projet de conversion à la biomasse réussit. EDF teste un dispositif de cocombustion à base de biomasse, avec pour objectif de parvenir à un ratio de 80 % de biomasse et 20 % de charbon à l'hiver 2022/2023, avant d'atteindre le 100 % biomasse à horizon 2025/2027[55]. Mais l'État indique qu'il ne subventionnera pas l'électricité produite à partir de biomasse, trop chère (115 €/MWh, soit deux fois et demi le prix de marché) et qu'il préfère voir utilisée pour produire de la chaleur. Par ailleurs, le fonctionnement des tranches à biomasse ne pourrait se prolonger au-delà de 2026, date à laquelle la centrale devra passer une visite décennale qui imposerait des travaux trop coûteux pour être engagés[56].

Uniper a demandé le la tenue de discussions avec l'exécutif pour s'entendre sur une indemnisation financière ou une éventuelle « solution industrielle » ; la sortie accélérée du charbon, prévue initialement autour de 2030, affecte plus de la moitié des capacités de production d'électricité et des effectifs en France d'Uniper[57]. Le , Uniper annonce être en négociations exclusives avec EPH, entreprise tchèque de production et de distribution d'électricité détenue par le milliardaire Daniel Křetínský, pour lui vendre sa filiale française. EPH reprendrait tous les actifs d'Uniper-France : les deux centrales à charbon (600 MW chacune) de Saint-Avold (Moselle) et Gardanne (Bouches-du-Rhône), deux centrales à gaz (828 MW), également à Saint-Avold, qu'il revendrait à Total pour le , une centrale biomasse à Gardanne, six parcs éoliens et deux centrales solaires[58]. Cette acquisition est finalisée en [59].

EDF a arrêté définitivement le sa dernière grande unité de production d’électricité au fioul, celle de Cordemais 3 en Loire-Atlantique ; mise en service en 1976, elle disposait d’une capacité de production de 700 MW[60].

EDF compte prolonger le fonctionnement de la centrale de Cordemais jusqu'en 2024, voire 2026. Réseau de transport d'électricité (RTE) a en effet alerté sur les risques liés à la fermeture de cette centrale pour la sécurité d'approvisionnement d'ici à 2023. Le projet de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) prévoit d'« arrêter les dernières centrales électriques fonctionnant exclusivement au charbon d'ici à 2022 », ce qui laisse la possibilité de prolonger l'exploitation de Cordemais en y brûlant aussi des granulés fabriqués à partir de débris de bois et de rebuts d'ameublement. À cet effet, EDF a déposé le le dossier de demande d'autorisation environnementale pour utiliser de la biomasse[61]. Ces essais techniques doivent se poursuivre jusqu'au démarrage de l'EPR de Flamanville prévu pour 2023[62].

En , le groupe tchèque EPH de Daniel Kretinsky s'est décidé à fermer la centrale à charbon de Gardanne (Bouches-du-Rhône) avant la fin de 2020 et celle de Saint-Avold (Moselle) début 2022[63]. Gazel Energie, filiale d'EPH, a entamé la réalisation du plan de suppression de 219 emplois lié à l'arrêt de ces deux centrales[62].

La centrale à charbon du Havre, propriété d'EDF, a fait son « dernier feu » le [62].

Le 7 juillet 2021, le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, annonce qu'EDF a décidé de mettre fin au projet de reconversion du site de Cordemais à la biomasse baptisé « Ecocombust » pour deux raisons principales : le coût du projet et le départ récent du partenaire industriel d'EDF, le groupe Suez. Il confirme que « la loi énergie-climat permet de poursuivre l'exploitation de la centrale au-delà de 2022, en utilisant du charbon, puisque RTE a confirmé le besoin jusqu'en 2024, voire 2026 »[64].

Centrales à cycle combiné gaz

La part du gaz dans la production électrique française restait très modeste (4 %) en 2009, comparée à celle de ses voisins (40 % en Italie, 35 % au Royaume-Uni, en Espagne et en Autriche). Toutefois, les cycles combinés gaz (CCG) sont clairement inscrits dans les objectifs français de production d'énergie : la programmation pluriannuelle des investissements (PPI) 2009[65] prévoit ainsi de moderniser le parc de production d'électricité à partir d'énergies fossiles afin d'en réduire les impacts environnementaux ; l'article 3 de cet arrêté prévoit notamment la réduction de moitié du parc de centrales à charbon, trop émetteur de CO2, et que « le parc centralisé de production d'électricité à partir de gaz naturel sera développé ». La PPI 2009[M 1] retenait comme hypothèse la réalisation d'au moins dix CCGT à l'horizon 2012.

Pour la production de pointe, EDF a installé 1 060 MW de turbines à combustion en région parisienne depuis 2005[A 2].

La fin des années 2000 et le début des années 2010, avec l'ouverture du marché de la production électrique et un différentiel important entre les prix du gaz et de l'électricité, voit de nombreux projets de centrales à cycle combiné se monter en France. Une centrale à cycle combiné est composée d'une turbine à gaz et d'une turbine à vapeur qui fonctionne avec la vapeur produite à partir de la chaleur dégagée par les gaz de combustion de la turbine à gaz. Cette technologie dite de cycle combiné, permet une meilleure efficacité énergétique qu'une centrale avec une simple turbine à gaz.

Mais à partir de 2012, le marché devient moins rentable, leur taux d'utilisation tombe de 42 % en 2011 à 33 % en 2012[66]. La baisse du prix de l'électricité associée à une hausse du prix du gaz et à une baisse du prix du charbon (rendant le fonctionnement des centrales à charbon économiquement intéressantes) ont entraîné le gel de plusieurs de ces projets et la « mise sous cocon » de quelques centrales déjà construites. Ainsi GDF Suez (aujourd'hui Engie) annonce le la fermeture provisoire de trois de ses quatre centrales à gaz en France : Cycofos (Fos-sur-Mer) sera mise sous cocon pour une période indéterminée, Combigolfe (Fos-sur-Mer) et Spem à Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique) seront mises sous cocon l'été tout en continuant à fonctionner l'hiver.

La situation des centrales à cycle combiné en 2015 est la suivante.

Premier exemplaire de forte puissance de CCGT construit en France, la centrale de DK6 est active depuis à Dunkerque, avec une capacité de 790 MWe. Elle brûle du gaz naturel et des gaz sidérurgiques provenant de l'usine Sollac proche.

Poweo a construit une CCGT à Pont-sur-Sambre (Nord) de 412 MW, active entre 2009 et 2014. Le groupe a également construit une autre centrale à cycle combiné gaz de 413 MW à Toul (Meurthe-et-Moselle), mise en service début 2013. Ces deux centrales étaient opérées par Siemens. Possédées par l'Autrichien Verbund (qui avait racheté Poweo et était encore propriétaire de ses moyens de production après la revente de l'activité distribution à Direct Énergie), elles ont été rachetées fin 2014 par le fonds d'investissement américain KKR.

GDF-SUEZ (aujourd'hui Engie) a construit CycoFos 424 MWe mise en service début 2010 à Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône. La centrale CombiGolfe, d'Electrabel (société belge, propriété de GDF-SUEZ), a ajouté une capacité de 432 MWe également à Fos-sur-Mer et a mis en service, en , la centrale de Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique) qui ajoute 435 MWe de capacité.

La SNET (propriété du groupe allemand E.ON) a construit deux groupes de CCG sur son site de la centrale thermique Émile Huchet, alors uniquement au charbon, à Saint-Avold (Moselle) totalisant 860 MWe (2 × 430 MWe). Elle prévoyait également la construction plusieurs groupes de cycles combinés gaz à l’horizon 2010-2015 sur les sites de ses trois autres centrales à charbon historiques (Hornaing, Lucy et Provence), ainsi que sur le site de Lacq (Pyrénées-Atlantiques); mais ces projets semblent abandonnés, notamment ceux d'Hornaing (site fermé en 2013[67]) et de la centrale de Lucy dont le site, qui héberge une centrale au charbon, a fermé courant 2014[68].

L'énergéticien suisse Alpiq, via sa société 3CB[69] (Centrale à Cycle Combiné de Bayet), exploite une centrale de 408 MWe à Bayet (Allier), près de Saint-Pourçain-sur-Sioule, depuis juin 2011. Alpiq avait développé à Monchy-au-Bois (Pas-de-Calais) un second projet, 3CA, qui disposait de toutes les autorisations administratives requises mais a été mis en sommeil pour raisons économiques.[réf. nécessaire]

Trois cycles combinés ont été construits par EDF à Martigues (Bouches-du-Rhône) et Blénod-lès-Pont-à-Mousson ( Meurthe-et-Moselle). Le site de Martigues possède deux cycles combinés de 465 MW chacun équipés d'une post-combustion, ils réutilisent les turbines à vapeur des anciennes unités chauffées au fioul. Le site de Blénod-lès-Pont-à-Mousson possède un CCGT de 430 MW qui a été mis en service en [70].

À la suite d'une fuite sur un circuit d'huile[71], un incendie s'est déclaré le sur une des turbines de la centrale de Martigues, entrainant l'indisponibilité des deux cycles combinés pendant plusieurs mois. L'un a pu redémarrer en [71], l'autre est annoncé pour [71].

Une troisième centrale à cycle combiné gaz (605 MW) a été mise en service en à la centrale thermique de Bouchain dans le Nord. Elle remplace la centrale au charbon située sur le même site, qui a fermé en . Elle utilise la nouvelle turbine à combustion de type 9HA construite par General Electric à Belfort, actuellement la turbine à gaz la plus puissante au monde, qui a atteint un rendement de 62,2 % au cours des essais, et est capable de passer de l'arrêt à la pleine puissance en trente minutes[72].

Direct Energie portait un projet, sur la commune de Verberie (Oise), qui fut bloqué en 2013 à la suite d'un rejet du projet lors de l'enquête publique[73]. La société mena un autre projet pour un CCGT à Hambach (Moselle) qui fut retardé par un refus en 2012 du permis de construire par le tribunal administratif de Strasbourg[74], projet actuellement au point mort.
En coopération avec Siemens, Direct Énergie mène un projet à Landivisiau[75] dans le Finistère. Les premiers travaux sont intervenus en [76], pour une ouverture prévue initialement en 2018[76]. Le fonctionnement de cette centrale d'un coût de 450 millions d'€ est soutenu financièrement dans le cadre du Pacte électrique breton, visant à sécuriser l'approvisionnement électrique de la Bretagne[77]. Ce projet a pris plus de deux ans de retard à cause de recours déposés par les associations locales de défense de l'environnement ; la construction de la centrale de 440 MW devrait commencer en 2018 et durer 25 à 30 mois[78].

Direct Energie a racheté pour 45 millions d'euros la centrale à cycle combiné gaz de 408 MW d'Alpiq à Bayet (Allier) ; mise en service en 2011, elle avait coûté plus de 300 millions d'euros au groupe suisse, en difficulté financière. Cette acquisition doit être rentabilisée avec la mise en œuvre du mécanisme de capacité, à compter de l'hiver 2016-2017. Tous les propriétaires de centrales à gaz en France tiennent le même raisonnement. Engie a profité de l'amélioration des conditions de marché pour remettre en marche l'hiver sa centrale de Cycofos (Bouches-du-Rhône), qui était « sous cocon » depuis . Elle fonctionne désormais, comme les centrales de Montoir (Loire-Atlantique) et de Combigolfe (Bouches-du-Rhône), sur un rythme saisonnier[79].

En 2015, grâce à la baisse des prix du gaz, qui ont reculé de 21 % en Europe dans le sillage des prix du pétrole, la consommation de gaz dans les centrales électriques a augmenté de 161 %, après deux années particulièrement faibles, et Engie a pu redémarrer sa centrale à gaz de Cycofos (Bouches-du-Rhône), sous cocon depuis . Les douze centrales à gaz françaises sont toutes en fonctionnement, mais restent moins compétitives que les centrales au charbon. Pour que les coûts du gaz et du charbon soient équivalents en Europe continentale pour la production d’électricité, il faudrait que le prix du gaz baisse encore de 40 %, ou que celui du charbon augmente de 90 %, ou encore que le prix du carbone soit multiplié par quatre[51].

Énergies renouvelables

La part des énergies renouvelables (EnR) dans la production d’électricité atteint 23,4 % en 2020 sous l'effet conjugué de la baisse des consommations et de la hausse des productions des principales EnR : +17,3 % pour l'éolien, +2,3 % pour le solaire et +8,4 % pour l'hydraulique[y 1]. La production d’électricité d’origine renouvelable atteint 120,7 TWh ; le taux de couverture de la consommation par la production renouvelable est en augmentation très significative, passant de 23 % à 26,9 % en 2020 grâce à des conditions météorologiques propices, à la croissance du parc et à la baisse des consommations causée par la crise sanitaire. L’hydraulique contribue à hauteur de 50,3 %, l’éolien de 32,8 %, le solaire de 10,6 % et les bioénergies de 6,3 %[y 3].

En 2019, les énergies renouvelables ont participé à hauteur de 23 % à la couverture de la consommation d’électricité contre 22,7 % en 2018, 18,5 % en 2017 et 19,7 % en 2016 ; l'hydroélectricité y contribue pour 51,9 %, l'énergie éolienne pour 29,5 %, l'énergie solaire photovoltaïque pour 10 % et les bioénergies pour 8,9 %[x 2].

Biomasse

Alors que la biomasse est aujourd'hui, de loin, la première énergie renouvelable en France, son utilisation pour la production d'électricité est encore peu développée, mais la Programmation pluriannuelle des investissements de production d’électricité 2009[65] prévoit 2 300 MW pour fin 2020, et préconise de développer la cogénération à partir de sources d’énergie renouvelables, notamment la biomasse.

Au , la puissance installée des centrales de la filière bioénergie atteint 2 171,5 MW, en progression de 66 MW (+3,1 %) ; cette puissance se répartit en 895,6 MW (41,3 %) d'usines d'incinération des déchets ménagers (+0,2 %), 680,3 MW (31,3 %) de centrales utilisant le bois-énergie et les autres biocombustibles solides (+3,1 %), 544,8 MW (25 %) de centrales à biogaz (+8,7 %) et 50,8 MW (2,4 %) de centrales utilisant des déchets de papeterie[y 4]. En 2016, elle s'était accrue de 215 MW (+12,6 %), dont les 150 MW de la centrale biomasse « Provence 4 »[e 1]. La puissance installée totale a plus que doublé entre 2007 (953 MW) et 2016[t 2].

Ces centrales ont produit 9,6 TWh en 2020, en baisse de 0,8 %, soit 2,0 % de la production d'électricité du pays ; la part renouvelable de cette production est évaluée à 7,6 TWh (1,6 %) ; les centrales à biomasse solide (bois, etc.) ont produit 2,5 TWh (-5,8 %), celles à biogaz 2,9 TWh (+8,6 %), les incinérateurs de déchets ménagers 4,0 TWh (-2,5 %), dont 50 % considérés renouvelables[y 2].

Le , l'autorisation d'exploitation de la centrale à bois de Gardanne (Provence 4) a été annulée par le tribunal administratif de Marseille pour insuffisance de son étude d'impact, qui s'est contentée d'analyser ses effets dans un périmètre de 3 kilomètres, alors qu'elle prévoit de s'approvisionner en bois dans des forêts bien plus distantes ; la pollution atmosphérique ainsi que l'impact des rotations de camions de bois pour l'alimentation de la centrale ont aussi été insuffisamment pris en compte[80].

Les 1 579 MW existant fin 2014 se répartissaient en 544 MW raccordés au réseau de transport et 1 033 MW aux réseaux de distribution. La file d'attente de raccordement de la filière s'élevait à 478 MW. La production d'électricité s'élevait à TWh en 2014, en hausse de 8,4 %[n 7], et elle couvrait 1,1 % de la consommation d'électricité[p 1].

Évolution de la production d'électricité à partir de biomasse en France (GWh)[81]
Type 2000 2005 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Biomasse solidend12541597162221681795171019722270
Biogaz295460882101411361294152217462131
Déchets (part renouvelable)102116562042199121162241184018411762

Le parc est composé de 501 installations fin 2014, dont 342 à biogaz, 99 à déchets ménagers, 9 à déchets de papeterie et 52 à bois et combustibles divers. La puissance moyenne des centrales à déchets est la plus importante : MW pour les déchets ménagers et 11 MW pour les déchets de papeterie ; les centrales bois ont une puissance moyenne de MW, la plus grande atteint 39 MW ; les installations à biogaz sont en moyenne inférieures au MW, mais peuvent atteindre 17 MW[p 2].

La centrale biomasse de 22 MW construite par Inova Var Biomasse dans la région de Brignoles a été raccordée en au réseau de transport d’électricité ; c'est la première fonctionnant au bois-énergie en PACA ; elle fournira 168 GWh/an, en brûlant 185 000 tonnes/an de bois forestier, recueilli dans un rayon de moins de 100 kilomètres. La centrale biomasse du groupe allemand E.ON située à Gardanne, d’une puissance de 170 MW, devrait être raccordée d’ici à la fin 2015 ; la région PACA deviendra alors la première productrice d’électricité provenant de bioénergies en France[82].

Ces moyens de production fonctionnent généralement en base, sur un grand nombre d'heures ; ils présentent le grand avantage d'être pilotables, mais la régularité de l'approvisionnement en combustibles est difficile à assurer, et la production simultanée de chaleur (cogénération), nécessaire pour la rentabilité de l'installation, doit elle aussi être assuré dans la durée[P 3].

Le parc a augmenté de 8,4 % en 2012, 6,3 % en 2013 et 6,2 % en 2014, et de 52 % en cinq ans, depuis 2009 ; les capacités installées dépassent 100 MW dans quatre régions : Aquitaine, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Rhône-Alpes et Île-de-France, cette dernière possédant plus de 300 MW (surtout incinérateurs de déchets ménagers)[r 2].

Répartition par région du parc bioénergie au 31/12/2014[p 3], de sa production en 2014[p 4] et taux de couverture de la consommation par cette production[p 5]
Région Parc 2014
MW
Prod. 2014
GWh
Taux couv.
en 2014
Île-de-France3267441,1 %
Aquitaine1546642,7 %
Provence-Alpes-Côte d'Azur1313250,8 %
Rhône-Alpes1183470,6 %
Nord-Pas-de-Calais943160,9 %
Haute-Normandie882161,3 %
Lorraine852581,3 %
Midi-Pyrénées772581,3 %
Centre762271,2 %
Pays de la Loire632621,0 %
Picardie601971,3 %
Languedoc-Roussillon552071,3 %
Limousin553697,6 %
Bretagne511850,9 %
Alsace36730,5 %
Auvergne271021,1 %
Champagne-Ardenne231010,9 %
Bourgogne19690,6 %
Franche-Comté13260,3 %
Poitou-Charentes12250,2 %
Basse-Normandie11590,6 %
Corse2110,6 %
Total France 1 579 5 041 1,1 %

À la Réunion, la bagasse (résidu de la fabrication du sucre à partir de la canne à sucre, est utilisée comme combustible alternatif au charbon dans les centrales thermiques de Bois Rouge (1992, portée à 108 MWh en 2004) et du Gol (1995, portée à 122 MWh en 2006) ; ces centrales brûlent de la bagasse pendant la saison de récolte de la canne et sucre, et du charbon (ainsi que des huiles usées) le reste du temps ; la bagasse représente 10 % de la production d'électricité de l'île ; un projet d'évolution des cultures vers des variétés à vocation uniquement énergétique permet d’espérer, à terme, la substitution de l’énergie actuellement produite de charbon, par l’énergie « bagasse », sans baisse de revenu pour les planteurs[83].

À la Guadeloupe, la centrale à bagasse du Moule a été inaugurée en 1999 ; il est prévu qu'elle couvre jusqu'à 35 % des besoins d'électricité de l'île en brûlant 180 000 tonnes de bagasse et 165 000 tonnes de charbon colombien pour produire 220 000 tonnes de vapeur pour la sucrerie de Gardel, 15 GWh d'électricité pour les besoins de la sucrerie et 360 GWh pour la distribution publique[84].

Le Fonds Chaleur, ou Fonds Chaleur Renouvelable, est un dispositif de soutien financier mis en place par l'État dans le cadre du Grenelle de l'Environnement pour développer la production de chaleur à partir des énergies renouvelables (biomasse, géothermie, solaire thermique…). Il est destiné à l’habitat collectif, aux collectivités et à toutes les entreprises (agriculture, industrie, tertiaire). Il est géré par l'ADEME. Il a été doté d'un milliard d'euros pour la période 2009-2011[85].

Dans le cadre du Fonds chaleur, l'ADEME lance depuis 2008 des appels à projets intitulés BCIAT : Biomasse Chaleur Industrie, Agriculture et Tertiaire[86]. Le BCIAT contribue au financement des installations de production d'énergie à partir de la biomasse d'une capacité supérieure à 1 000 tep/an, avec un objectif indicatif de 125 000 tep par an. Malgré un écart avec l’objectif initial, le BCIAT 2011 permet de maintenir le cap et les projets soutenus par l’ADEME depuis 2007 représenteront à terme une consommation supplémentaire de biomasse de 633 000 tep/an pour répondre aux besoins énergétiques des industriels français. 8 unités bénéficiaires des BCIAT 2009 et 2010 sont entrées en fonctionnement fin 2011 ; 22 projets ont été retenus en 2012.

Par ailleurs, la CRE organise des appels d'offre, dont :

  • appel d'offres portant sur des installations de production d'électricité à partir de biomasse () : 16 dossiers ont été déposés, pour une puissance totale de 440 MW (dont 3 projets pour 191,5 MW dans la région PACA)[87].

Exemples de réalisations :

  • Dalkia (filiale de Veolia Environnement à 66 % et d'Électricité de France (EDF) à 34 %) a été retenu dans le cadre du 4e appel à projets de la CRE (cogénération), pour construire et exploiter la centrale Brest Métropole Océane. Cette unité valorisera 150 000 tonnes de bois par an, alimentera le réseau de chaleur de la ville et des entrepôts frigorifiques, et évitera le rejet de 70 000 tonnes de CO2 par an. Dalkia réalisera aussi deux projets pour les papetiers Arjo Wiggins à Bessé-sur-Braye et Seyfert Paper à Descartes : au total 400 000 tonnes de bois valorisées et 200 000 tonnes de CO2 évitées par an[A 3].
  • GDF Suez construit la centrale cogénération biomasse de Lacq (Pyrénées-Atlantiques), retenue dans le 4e appel à projets de la CRE ; la mise en service est prévue en 2016. Cofely Services, filiale de GDF Suez et exploitant de la centrale, a signé un contrat de vingt ans avec Sobegi, la société gestionnaire du site industriel d'Induslacq où est implantée la centrale, pour fournir de la vapeur aux usines environnantes ; la centrale produira également 89 GWh d'électricité par an. Elle nécessitera la fourniture de 160 000 tonnes de biomasse par an[88].
Géothermie

L'énergie géothermique, bien qu'encore modeste en France, semble avoir un potentiel important ; la puissance installée à fin 2015 est de 17 MW ; la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) publiée fin prévoit une hausse de cette puissance de MW d’ici fin 2018 et de 53 MW d’ici 2023[81].

Les principaux sites existants ou en projet sont :

  • la Centrale géothermique de Bouillante en Guadeloupe (15 MW), construite en deux étapes : 1986 (MW) puis 2005 ; elle a longtemps été exploitée par Géothermie Bouillante, filiale du BRGM, sans parvenir à l’équilibre économique, faute d’investissements suffisants ; faute de pression suffisante dans le réservoir géothermique, Bouillante ne tourne qu’à 10-11 MW de puissance effective ; depuis fin 2015, la société d’exploitation a un nouvel actionnaire majoritaire : Ormat Technologies, développeur américain de projets géothermiques depuis trente ans à travers le monde, qui détient 60 % des parts du site, alors que le BRGM en conserve 20 % et la Caisse des dépôts, les 20 % restants. Ormat compte investir 70 millions d’euros pour porter la capacité installée à 45 MW d'ici 2021[81] ;
  • un peu plus au sud, sur la commune de Vieux-Habitants, la société guadeloupéenne Teranov a obtenu en un permis exclusif de recherche ; sur ce site sera construit le démonstrateur du projet Geotref ; sur l’île de Saint-Kitts, au nord de la Guadeloupe, Teranov a conclu un partenariat public privé avec le fournisseur d’électricité local afin de réaliser une centrale ; par contre, l’ambitieux programme envisagé sur l’île de la Dominique est au point mort après l'abandon d'EDF et Engie[81].
  • un projet Géothermie à La Réunion lancé en 1985 et abandonné en 2010 ;
  • le projet d'exploitation de la géothermie profonde à Soultz-sous-Forêts dans le Bas-Rhin, lancé en 1987 en collaboration entre la France, l'Allemagne et l'Union européenne, a abouti en 2008 à la production des premiers kWh grâce à des forages à 5 000 m de profondeur ; la centrale avait une puissance nette de 1,5 MW ; après d'importants travaux, la production a été relancée en avec l'objectif de produire 11 GWh/an[81].
  • les partenaires français du projet de Soultz commencent à appliquer à une échelle industrielle les acquis scientifiques du pilote : à Rittershoffen, la centrale géothermique Ecogi, financée par Électricité de Strasbourg, l’amidonnier Roquette Frères et la Caisse des dépôts, a été inaugurée fin 2016 afin d’alimenter en vapeur l’usine Roquette de Beinheim ; plusieurs autres projets sont en cours, si bien que l'Alsace devrait compter huit centrales géothermiques en 2020 avec une puissance totale de 20 à 30 MWe et 150 MWth[81].
  • le Ministère de l'Écologie a reçu une vingtaine de projets en géothermie haute température[89]. Six permis ont été délivrés en 2013 et cinq en 2014, dont la majeure partie à Fonroche Géothermie : Landes, Pyrénées-Atlantiques (permis d’Arzacq), Ardèche, Drôme (permis de Val de Drôme), Bouches-du-Rhône, Gard (permis de Vistrenque), Cantal, Haute-Loire, Puy-de-Dôme (permis de Cézallier) et Allier (permis d’Allier-Andelot). La société Electerre de France a reçu un permis dans le Puy-de-Dôme. La majorité des permis sont accordés en Alsace, dans le nord du Bas-Rhin. Huit permis ont été déposés par plusieurs industriels, et le groupe Électricité de Strasbourg (ES) détient seul ou en association cinq permis à haute température[81].
  • le groupement Geodeep, créé en , réunit 17 entreprises françaises actives dans la géothermie en vue de développer l'exportation du savoir-faire français et de créer un fonds de garantie du risque géologique[81].
Énergies marines

La France dispose d'une importante façade maritime et de vastes territoires ultramarins (plus de 10 millions de km2), où existent des potentiels énergétiques parmi les plus importants au monde en termes de ressources d'énergie marine.

Le barrage de la centrale marémotrice de la Rance.

L'énergie marémotrice est déjà exploitée depuis 1966 par l'usine marémotrice de la Rance, en Bretagne, qui a été la première du genre au monde et est restée pendant 45 ans la plus grande du monde ; d'une puissance de 240 MW elle produit 540 GWh par an[F 2]. Un projet beaucoup plus ambitieux consistant à exploiter l'énergie des marées dans la baie du mont Saint-Michel, qui bénéficie de la plus grande amplitude des marées en Europe, par une digue de 40 km avec 800 turbines[90] ou, selon une autre source, 150 groupes de 20 MW qui auraient pu produire 12,8 TWh/an[91], n'a jamais pu être réalisé à cause de son impact considérable sur l'environnement.

L'énergie hydrolienne connait un début de développement : EDF évalue le potentiel hydrolien de la France à 3 000 MW, soit 20 % du potentiel européen, et souligne les atouts de cette énergie : prévisibilité et compacité (la densité de l'eau étant près de 1 000 fois supérieure à celle de l'air, les hydroliennes sont beaucoup plus compactes que les éoliennes pour une même puissance). EDF prépare une première expérimentation devant l'île de Bréhat avec une hydrolienne de 16 mètres de diamètre développant 0,5 MW, construite par la société irlandaise Openhydro et la DCNS ; le parc de Paimpol-Bréhat devrait à terme être équipé de quatre hydroliennes (MW)[F 3]. Plusieurs autres expérimentations et projets sont en cours (voir article hydrolienne).

Un premier appel à manifestation d'intérêt a été lancé à Cherbourg fin par François Hollande : il concerne trois ou quatre « parcs pilotes d'hydroliennes » de cinq à dix hydroliennes chacun, qui pourront être installées dans le raz Blanchard (devant le Cotentin) et dans le passage du Fromveur (devant le Finistère). Les projets retenus seront subventionnées à hauteur de 30 millions d'euros chacun, et leur production sera vendue au prix standard des énergies marines (173 €/MWh). L'Allemand Siemens pourrait se montrer intéressé ainsi qu'EDF, GDF Suez et Alstom, ces deux derniers industriels ayant déjà une hydrolienne d'MW en cours de test en Écosse en 2013. EDF a de son côté inauguré une hydrolienne-pilote devant l'île de Bréhat (Côtes-d'Armor), construit par le chantiers navals DCNS et posé à 35 m de fond[92].

L'énergie des vagues peut être exploitée par des houlo-générateurs ou houlomoteurs : EDF a lancé un projet pilote de machine houlomotrice au large de l’île de la Réunion[F 3].

L'éolien offshore peut être rangé dans les énergies marines ; il est traité dans le chapitre "Éolien".

L'énergie thermique des mers, exploitant la différence de température entre les eaux superficielles et les eaux profondes des océans, a fait l'objet d'une étude en 1980, abandonnée en 1986. Une réalisation est en projet à La Réunion : le CHU de Saint-Pierre, ville de la côte sud de l’île, a retenu un projet pilote conduit par la direction des systèmes énergétiques insulaires d’EDF, consistant à utiliser, pour la climatisation des locaux de l’hôpital, la thalassothermie, ou Swac (Sea Water Air Conditioning), technologie qui se développe pour répondre aux besoins de climatisation des bâtiments. Cette solution permet d’économiser plus de 90 % de l’électricité nécessaire à la climatisation. L’eau de mer profonde est naturellement froide, avec une température de 5 à 7 °C lorsqu’on se situe entre −800 et −1 000 mètres. Pompée, elle refroidit une eau douce qui circule dans les climatiseurs. Elle retourne ensuite à l’océan à une température compatible avec le milieu naturel (environ 12 °C). L’île de La Réunion présente un profil idéal : à une distance de 3 à 15 km des côtes, les zones sont déjà suffisamment froides[F 4].

L'énergie osmotique, basée sur les différences de salinité entre eaux douces et salées dans les estuaires, ne fait pas l'objet de projet en France ; elle est expérimentée en Norvège, au Japon et aux États-Unis.

Déséquilibres régionaux

Alors que la Bretagne est une région très consommatrice d'électricité (27 % de la consommation régionale d'énergie contre 25 % sur l'ensemble de la France, hausse de 13 % depuis 2005), le taux d'autonomie de sa production d'électricité n'est que de 18 % en 2018 alors que le « pacte électrique breton », signé en 2010 par les différents acteurs de la filière (État, région, collectivités territoriales), prévoyait d'atteindre, grâce aux énergies renouvelables, une autonomie de production de 34 % en 2020. Malgré les investissements d'un montant de 242 millions d'euros engagés sur cinq ans par RTE pour sécuriser le réseau électrique, la Bretagne n'est toujours pas à l'abri de coupures de courant en cas de grand froid. Le pacte électrique breton prévoyait, pour soutenir le réseau en cas de besoin, la construction d'une centrale à cycle combiné gaz à Landivisiau, dans le Finistère ; ce projet avait été attribué par appel d'offres à Direct Énergie, devenu depuis filiale de Total, mais il n'a toujours pas pu être réalisé du fait d'interminables procédures judiciaires lancées par des associations de défense de l'environnement[93].

Une autre zone fragile est le département des Alpes-Maritimes.

Particularités des systèmes isolés

Les « petits systèmes isolés » du réseau métropolitain (Corse, DROM, COM - autrefois nommés DOM-TOM), appelés « zones non interconnectées » (ZNI), ont des caractéristiques spécifiques (absence d'interconnexion directe avec le réseau général, petite taille du réseau et de la clientèle, éloignement de la métropole, climats différents et ressources naturelles différentes de celles de la métropole…) qui justifient des modalités de gestion spécifiques, et sur certains points des choix techniques spécifiques ; sur le plan juridique également, des lois et règlements ad hoc s'appliquent (cf chapitre Réglementation).

Chacun de ces systèmes doit produire son électricité à partir des ressources locales, en général plus coûteuses que celles de la métropole car de plus petite taille, et les compléter par des moyens classiques tels que des groupes Diesel ou des centrales à charbon, pour l'approvisionnement desquels il faut importer des combustibles à des prix supérieurs à ceux des contrats des grandes centrales de métropole, du fait de la faible taille des cargaisons commandées et parfois aussi de l'éloignement. Ainsi, en Corse et en outre-mer, le coût de revient de l'électricité est, dans le meilleur des cas, deux fois plus élevé que son prix de vente au tarif garanti par la péréquation tarifaire. Un système de compensation a été créé pour compenser ces surcoûts : la contribution au service public de l'électricité (CSPE). Établie par la loi, cette contribution est payée par tous les consommateurs d'électricité en France et versée dans un fonds géré par la Caisse des dépôts et consignations qui la répartit entre les producteurs qui ont supporté ces surcoûts (EDF pour l'essentiel).

EDF a créé le service EDF SEI (Systèmes Énergétiques Insulaires)[F 5] pour gérer ces systèmes : il produit, achète, transporte et distribue l'électricité dans les systèmes électriques isolés français suivants : la Corse, les DOM (archipel de la Guadeloupe, Guyane, Martinique, La Réunion), et les collectivités d'outre-mer de Saint-Martin, Saint-Barthélémy (rattachées chez EDF SEI à l'archipel de la Guadeloupe) et l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon.

EDF s'est doté d'une filiale à 100 % : « EDF Production Électrique Insulaire » (EDF PEI) pour moderniser son parc de centrales thermiques en Corse et en outre-mer : dans les prochaines années, EDF PEI prévoit de produire près de 1 000 MW. EDF intervient également dans l'éolien à travers sa filiale EDF Energies Nouvelles et dans les équipements de production d’eau chaude et de chauffage et d’électricité solaire à partir d’énergies renouvelables à travers « Giordano Industries », dont « EDF Énergies Nouvelles » détient 25 % du capital[F 6].

Les autres collectivités d'outre-mer : Polynésie française et Wallis-et-Futuna, ainsi que Mayotte, devenue DOM en 2011, et la Nouvelle-Calédonie, qui dispose d'un statut particulier de large autonomie, ont des assemblées et des gouvernements qui édictent leurs propres règles. Chacun de ces territoires a sa ou ses sociétés d'électricité.

Enfin, les Terres australes et antarctiques françaises et l'Île de Clipperton, qui n'ont pas de population permanente, sont administrées directement par l'État.

Bilan électrique en Outre-mer

En 2016, les cinq DOM (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte et Réunion) ont produit 7,9 TWh, soit 1,5 % de la production nationale (métropole + DOM) ; la production d'électricité a reculé de 0,8 % en 2017 ; elle repose pour l'essentiel (79 % au total, mais seulement 35 % en Guyane contre 95 % en Martinique et à Mayotte, 85 % en Guadeloupe et 78 % à la Réunion) sur les centrales thermiques classiques fonctionnant à partir de combustibles fossiles importés (pétrole et charbon), mais aussi en partie avec des combustibles renouvelables locaux, en particulier la bagasse à la Réunion et en Guadeloupe. Le mix énergétique des centrales bi-combustibles charbon-bagasse varie fortement selon la disponibilité de la bagasse ; ce sont des centrales de cogénération, qui produisent à la fois de la chaleur pour le fonctionnement de la sucrerie et de l'électricité injectée sur le réseau ; il existe aussi quelques unités à biogaz. Chaque DOM exploite ses particularités géographiques pour produire son électricité : la Réunion et la Guyane disposent de ressources hydrauliques (pluviométrie importante, relief et cours d'eau) qui assurent respectivement 14 % et 59 % de la production, et la Guadeloupe de ressources géothermiques et éoliennes. Les cinq DOM ont tous un fort ensoleillement qui a permis le développement du solaire photovoltaïque, fournissant environ 5 % de l'électricité et même 8 % à la Réunion[M 2].

Les particularités de la demande des DOM sont l'absence d'industries électro-intensives et de chauffage électrique et le développement de la climatisation ; la consommation d'électricité a stagné en 2017 (-0,1 %), atteignant 7,2 TWh ; les secteurs résidentiel et tertiaire représentent respectivement 47 % et 41 % de la consommation finale ; les autres secteurs (industrie, agriculture et transports), qui pèsent 31 % en métropole, se partagent seulement 12 % dans les DOM[M 2].

Bilan électrique en outre-mer[M 3]
2011 2012 2013 2014 2015 Var.2015
/2011
GWh % GWh % GWh % GWh % GWh % %
Production d'électricité
Électricité primaire1 24516,71 61621,31 68522,21 57620,61 64321,2+32 %
dont : hydraulique89012,01 06614,01 07314,195312,41 01013,0+13,5 %
dont : éolien570,8700,9731,0710,9700,9+23 %
dont : photovoltaïque2423,24305,74586,04776,24806,2+98 %
dont : géothermie560,8500,7811,1751,0831,1+48 %
Thermique classique6 19083,35 97378,75 91777,86 09179,46 11178,8-1,3 %
Production totale brute7 4351007 5881007 6031007 6671007 755100+4,3 %
Consommation branche énergie (% de la production)
Conso producteurs d'énergie680,9630,8520,7500,7
Conso interne centrales élec.3624,93564,73544,63414,5
Pertes et ajustements6598,97369,76989,26909,0
Total conso branche énergie1 08914,61 15515,21 11214,61 10414,41 09014,1+0,1 %
Consommation finale d'électricité
Résidentiel2 85645,02 91245,32 93845,32 93844,82 99845,0+5,0 %
Tertiaire2 94846,53 00246,72 79643,12 94344,92 98044,7+1,1 %
Industrie, agric., transports5428,55188,075811,768110,468610,3+27 %
Consommation finale6 3461006 4331006 4911006 5631006 664100+5,0 %
Politique énergétique pour les systèmes isolés

Les collectivités locales des régions isolées sont particulièrement sensibilisées aux problématiques d'indépendance énergétique et de lutte contre le changement climatique, qui passent par les politiques d'économie d'énergie et de développement des énergies renouvelables. Par exemple, La Réunion s'est donné comme objectif d'atteindre l'autonomie électrique à l’horizon 2030, grâce en particulier au développement de l'utilisation de la bagasse et des énergies marines[94].

En Corse et outre-mer, un quart de l'électricité est issue des énergies renouvelables (25 % en 2012). Afin de renforcer leur développement, EDF travaille sur[95] :

  • les énergies à puissance garantie (géothermie, biomasse, biogaz, énergie thermique des mers), dont l'avantage est de pouvoir faire face aux variations de consommation d'électricité ; ces énergies peuvent donc compléter, voire se substituer progressivement au thermique pour assurer la production électrique de base ;
  • les énergies intermittentes, comme l'éolien et le solaire : l'enjeu est de faire reculer les limites techniques actuelles pour leur insertion sur les réseaux électriques insulaires (leur caractère aléatoire est un facteur de risque pour l'équilibre ces réseaux) ; dans ce but, EDF développe des modèles de prévision des productions et expérimente un stockage d'énergie de grande capacité (MW, à La Réunion) ;
  • le renforcement de la sécurité des réseaux électriques.

Afin d'encourager les comportements d’efficacité énergétique, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de faciliter l'intégration des énergies intermittentes (éolien, solaire) dans les réseaux insulaires, confrontés à des risques de déstabilisation lors des variations trop amples et trop rapides, EDF a lancé le projet Millener[96], soutenu par l’Union Européenne via les fonds FEDER, l’État via l’ADEME dans le cadre des Investissements d’Avenir et les Collectivités Territoriales de Corse : il s'agit d'expérimenter les techniques de « réseaux électriques intelligents » (smart grids) en testant sur trois îles (Corse, Ile de la Réunion, Guadeloupe) et pendant trois ans, deux types de dispositifs de gestion énergétique chez des particuliers volontaires : 1 000 Énergie Box, ou passerelles énergétiques, et 500 installations de stockage d’énergie associées à des panneaux photovoltaïques.

Afin d'éviter les risques de déstabilisation du réseau, un plafond a été fixé pour les énergies renouvelables intermittentes : leur puissance maximale ne doit pas dépasser 30 % de la puissance de pointe de la demande. Cette limite étant déjà atteinte, le développement du photovoltaïque, qui peut atteindre 30 % en pointe mais ne produit que 5 % de l'énergie électrique, est bloqué ; le SER propose donc l'instauration d'un nouveau tarif dans les DOM pour les installations de puissance inférieure à 100 kWc associant autoconsommation, stockage, service réseau et maîtrise de l’énergie[97].

La loi sur la transition énergétique adoptée en 2015 fixe pour les départements d'outre-mer l'objectif de produire plus de la moitié de leur électricité à partir d'énergies renouvelables en 2020 contre 28 % en moyenne en 2014, avec de fortes disparités : 6 % à la Martinique, 62 % en Guyane, grâce notamment à l'hydroélectricité, 18 % en Guadeloupe et 38 % à La Réunion. Le coût de production de l'électricité y est bien plus élevé qu'en métropole, qui bénéficie du nucléaire amorti et de l'interconnexion des réseaux ; selon le dernier rapport de la Commission de régulation de l'énergie, il était compris entre 200 et 250 €/MWh, contre moins de 40 €/MWh sur le marché de gros en métropole. Dans les îles, le solaire et l'éolien se comparent au charbon ou au fuel importés. Le remplacement du charbon par de la biomasse (bagasse) dans les centrales d'Albioma devrait contribuer à se rapprocher de l'objectif, mais le développement des énergies intermittentes est plus compliqué : EDF SEI (SEI pour Systèmes Energétiques Insulaires) estime qu'au-delà de 30 % de la capacité électrique installée, elles risquent de déstabiliser le réseau ; cette limite imposée est contestée par les producteurs de solaire et d'éolien, et EDF pourrait la revoir sensiblement à la hausse, à 35 % en 2018 et entre 40 et 45 % en 2023, grâce à un système de stockage centralisé en cours de tests et à la baisse des coûts des batteries. La géothermie et l'énergie des mers ont un potentiel important, et les 130 000 chauffe-eau solaires installés à La Réunion ont permis d'éviter l'installation de deux ou trois turbines à combustion[98].

Le groupe Albioma (ex-Séchilienne-Sidec) assure une part importante de la production d’électricité outre-mer, avec ses centrales thermiques au charbon et à la bagasse (le résidu fibreux de la canne à sucre) : 30 % en moyenne (hors Mayotte) et même 53 % à La Réunion. EDF SEI estime que la montée en puissance de la biomasse sera le principal contributeur à l’atteinte des objectifs d'énergies renouvelables dans les DOM. En 2014, 59 % de la production électrique d'Albioma provenait du charbon, et jusqu’à 80 % à La Réunion. Mais le potentiel d’amélioration est élevé. Les usines d’Albioma comptent parmi les rares au monde à être capables de brûler indifféremment de la biomasse et du charbon, ce qui devrait permettre de faire tomber la proportion de charbon à 55 % en 2015 et à 20 % en 2023.  À elle seule, cette évolution permettrait de faire passer la part des énergies renouvelables dans l’électricité des DOM de 28 % en 2013 à 47 % en 2023. Albioma prévoit d’investir pour cela 350 millions d’euros sur dix ans, à la fois pour remplacer le charbon par de la biomasse dans ses centrales existantes et pour construire de nouvelles centrales 100 % biomasse ; le potentiel de la bagasse étant déjà atteint, il faudra utiliser la paille de canne à sucre et des déchets verts provenant de la collecte sélective et de l’exploitation forestière ; pour démarrer la transition, à la Martinique ou à La Réunion, Albioma utilisera des pellets de bois importés[99].

Corse et départements et régions d'outre-mer
  • Corse :
  • Guadeloupe :
  • Guyane :
  • Martinique :
  • La Réunion :
  • Saint-Pierre-et-Miquelon :
Autres collectivités d'outre-mer
  • Mayotte :
  • Polynésie française :
  • Wallis-et-Futuna : l'électricité est fournie au moyen d'une centrale Diesel par la société EEWF (Eau et Électricité de Wallis-et-Futuna), filiale d'Eau et Électricité de Nouvelle-Calédonie (EEC), elle-même filiale de GDF-Suez[100].
  • Nouvelle-Calédonie :

Impact environnemental

L'impact le plus important de la production d'électricité sur l'environnement réside dans les émissions de gaz à effet de serre causées par la combustion de charbon ou de gaz.

Émissions de gaz à effet de serre

En 2020, les émissions de CO2 dues à la production d'électricité ont baissé de 9 %. La crise sanitaire a entrainé une diminution des besoins en électricité, et la production s’est donc significativement ajustée à la baisse. La production d’origine nucléaire a baissé en 2020, passant de 70 % à 67 % en proportion de la production totale d’électricité. Mais cette diminution a été compensée partiellement par les productions d’origine hydraulique, éolienne et solaire qui ont progressé respectivement de +8 %, +17 % et +2 %. La baisse des émissions de CO2 associées à la production électrique constatée en 2020 s‘explique donc directement par la baisse de la production à partir des moyens les plus polluants tels que le charbon et le gaz, production en retrait de 11 %[y 9]. Les émissions dues à l’autoconsommation (62 % de gaz, 18 % de fioul, 17 % d’incinération de déchets ménagers et 3 % de charbon) sont évaluées à 3,2 Mt de CO2, en baisse de 11 %[y 10]. Contrairement à d’autres pays européens, la France n’a pas augmenté sa part d’électricité décarbonée de manière significative depuis 1993 (fluctuant entre 90 % et 95 % ; 92 % en 2020), car la production nucléaire baisse progressivement depuis 2005 du fait d’une moindre disponibilité du parc de production (maintenances, visites décennales) ; seule la production solaire et éolienne terrestre progresse depuis vingt ans. La production d’électricité représentait environ 4,8 % des émissions totales de CO2 en France en 2019[y 11]. Les émissions de CO2 dues à la production d'électricité (hors autoconsommation) s'élevaient à 17,1 Mt en 2020 contre 18,7 Mt en 2019 ; leur principale source est le gaz naturel (13,5 Mt)[y 12].

En 2019, les émissions de CO2 dues à la production d'électricité[n 8] ont reculé de 6 %, tombant de 20,4 Mt à 19,2 Mt, niveau proche de celui de 2015, après trois années de hausse due à la conjonction de la baisse de la production nucléaire et de celle de l'hydraulique, puis une chute de 28 % en 2018. Elles proviennent des centrales thermique fossiles pour 17,5 Mt (gaz : 14,8 Mt, charbon : 1,5 Mt, fioul : 1,2 Mt) et des UIOM pour 1,7 Mt ; le recul de 2019 provient surtout des centrales à charbon : −4,1 Mt, en partie compensé par une augmentation des émissions des centrales à gaz : +2,8 Mt[x 3].

En 2016, elles avaient augmenté de 21,8 % ; cette remontée découlait de l'augmentation de la production thermique fossile causée par les arrêts pour contrôle de plusieurs réacteurs nucléaires imposés par l'ASN. Ces émissions restaient cependant inférieures de 12 % à celles de 2013 ; on constate depuis 2008 une tendance globale à la diminution de ces émissions, proches à cette époque de 35 Mt[e 2].

La production d'électricité est responsable en 2016 de 11 % des émissions due à la combustion d'énergie en France, taux particulièrement bas comparé à la moyenne de l'Union européenne de 34 % et à la moyenne mondiale de 40 %[101].

Les émissions unitaires de CO2 pour la production d'électricité sont inférieures à 80 g de CO2 par kilowatt-heure en 2017 contre plus de 300 g pour l'Union européenne à 28 ; elles sont élevées dans les pays où la filière charbon est encore importante, comme l’Allemagne : 480 g et la Pologne : 800 g ; seule la Suède fait mieux que la France, grâce à sa production hydroélectrique (45 %) et nucléaire (39 %)[101].

Une centrale électrique à charbon émet 0,87 tCO2/MWh pour une centrale à charbon, tandis qu'une autre à gaz émet 0,36 tCO2/MWht[101].

Autres émissions nocives
  • oxydes d'azote, souvent désignés par le terme générique « NOx » : le protoxyde d'azote N2O est un puissant gaz à effet de serre ; parmi les oxydes d’azote, les principaux polluants atmosphériques sont NO et NO2, qui proviennent essentiellement de la combustion des combustibles fossiles ; le NO2 est très toxique, surtout pour les asthmatiques ; par ailleurs, il intervient indirectement dans l'effet de serre ; enfin, NO et NO2 contribuent au phénomène de pluies acides.
  • dioxyde de soufre (SO2) : la pollution atmosphérique en dioxyde de soufre issue de l'industrie provient principalement de la consommation de combustibles fossiles ; il est toxique par inhalation ou ingestion ; c'est une des principales causes des pluies acides ;
  • particules fines

La directive européenne 96/61/CE du Conseil du (codifiée par la directive 2008/01/CE du ) relative à la prévention et à la réduction intégrées de la pollution, dite IPPC, vise à prévenir et réduire toutes les pollutions chroniques et risques de pollution chronique émises par 50 000 installations européennes estimées les plus polluantes. En France, la directive est transposée dans la législation relative aux installations classées pour la protection de l’environnement (articles L.511-1 et suivants du Code de l'environnement en vigueur depuis le ).

Les producteurs d'électricité ont investi des sommes considérables dans la mise aux normes de leurs centrales thermiques ; cependant, la prochaine étape d'abaissement des seuils d'émission de NOx va entraîner la fermeture de la plupart des centrales à charbon françaises.

Déchets nucléaires

En France, à partir des critères internationalement reconnus, différents types de déchets ont été définis par l'Autorité de sûreté nucléaire, chacun nécessitant une gestion différente :

  • les déchets de haute activité (HAVL) et les déchets de moyenne activité et à vie longue (MAVL) : ce sont principalement les déchets issus du cœur du réacteur, hautement radioactifs ; et dont la radioactivité reste notable pendant des centaines de milliers, voire millions d'années (mais pas à un niveau « hautement radioactif » - à échelle géologique, ces déchets se transforment en « faible activité vie longue » (FAVL)).
  • les déchets de faible et moyenne activité à vie courte (FMA-VC) : ce sont principalement les déchets technologiques (gants, combinaisons, outils, etc.) qui ont été contaminés pendant leur utilisation en centrale ou dans une installation du cycle. Leur nocivité ne dépasse pas trois cents ans.
  • les déchets de très faible activité (TFA) : ce sont principalement des matériaux contaminés provenant du démantèlement de sites nucléaires : ferraille, gravats, béton… Ils sont peu radioactifs mais les volumes attendus sont plus importants que ceux des autres catégories.

Les déchets de haute activité sous forme chimique solide et stable (généralement des oxydes) dégagent de la chaleur et sont donc entreposés dans des piscines d'eau ou dans des installations ventilées sur les sites de la Hague et de Marcoule.

Un processus de séparation sélective, effectué dans l'usine de la Hague, puis de vitrification produit un volume de colis de déchets hautement radioactifs d'environ 100 m3 par an.

La France n'a pas encore défini de mode de gestion de long terme pour les déchets à haute activité et à vie longue. La loi Bataille du a organisé les recherches jusqu'en 2006 pour encadrer trois axes de recherche :

  1. Transmutation et/ou séparation chimique,
  2. Stockage des déchets radioactifs en couche géologique profonde définitif ou réversible,
  3. Entreposage nucléaire en surface ou subsurface.

Le stockage en couche géologique profonde est étudié par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA). La loi du 28 juin 2006 confirme ce rôle de l'ANDRA et lui demande d'étudier la mise en service industriel d'un stockage réversible en couche géologique en 2025 (projet Cigéo).

Les deux autres axes de recherche sont confiés par la loi Bataille au CEA jusqu'en 2006. La loi du a confié à l'Andra la responsabilité des études sur l'entreposage nucléaire.

Le projet de centre de stockage profond de déchets radioactifs Cigéo[102] est conçu pour stocker les déchets hautement radioactifs et à durée de vie longue produits par l’ensemble des installations nucléaires actuelles, jusqu’à leur démantèlement, et par le traitement des combustibles usés utilisés dans les centrales nucléaires. Ce principe du stockage profond a été retenu par la loi, après 15 ans de recherche et un débat public, comme seule solution sûre à long terme pour gérer ce type de déchets sans en reporter la charge sur les générations futures. Il est implanté à Bure, dans l’Est de la France, à la limite de la Meuse et la Haute-Marne. Entré en phase pré-industrielle en 2011, le projet Cigéo pourrait accueillir les premiers déchets en 2025 après une série de rendez-vous définis par la loi :

  • organisation d’un débat public, prévu en 2013 ;
  • dépôt de la demande d’autorisation de création par l’Andra en 2015 ;
  • entre 2015 et 2018 :
    • instruction de cette demande par les autorités compétentes et avis des collectivités ;
    • loi sur les conditions de la réversibilité du stockage ;
    • enquête publique ;
    • en fonction des résultats des étapes précédentes, autorisation de création de Cigéo.

Les déchets FMA sont stockés en France sur un site de surface. Ils sont d'abord solidifiés pour éviter la dispersion de la radioactivité, puis enrobés de béton, de résine ou de bitume pour éviter toute possibilité de réaction chimique et bloquer le déchet dans son conteneur. Ils sont finalement placés dans des conteneurs métalliques ou en béton, de bonne résistance mécanique et manipulables sans dispositions particulières de radioprotection. Les conteneurs sont stockés en surface dans deux sites de l'Andra :

Les déchets TFA, principalement issus du démantèlement, sont compactés et conditionnés en big-bags ou en caissons métalliques. Ils sont rangés dans des alvéoles creusés dans l'argile, dont le fond est aménagé pour recueillir d'éventuelles eaux infiltrées pendant toute la durée du stockage.

Coûts de production

Les coûts de production sont des informations difficilement accessibles, car relevant du secret commercial. Cependant, dans le secteur électrique, fortement réglementé et contrôlé, les organismes de régulation et de contrôle ont accès à ces données et fournissent des informations assez complètes, voire parfois très détaillées ; c'est le cas en particulier pour le nucléaire et les énergies renouvelables.

Nucléaire

La Cour des Comptes a publié le un rapport très complet, qui fait référence, sur « Les coûts de la filière électronucléaire »[CCn 1] ; en 430 pages, il étudie de façon exhaustive tous les aspects de la question, en étudiant les coûts en 2010 ; parmi les informations les plus importantes, on note :

  • le coût total de construction des 58 réacteurs actuellement en fonctionnement[CCn 2] : 83,2 milliards d'euros 2010[n 9], plus 12,8 milliards d'euros d'intérêts intercalaires[CCn 3] (intérêts payés pendant la période de construction sur les emprunts contractés pour son financement), soit au total 96 milliards d'euros 2010 ; il conviendrait d'y ajouter les investissements de maintenance (remplacements de composants tels que les générateurs de vapeur, etc.), mais la Cour n'en a pas trouvé d'inventaire exhaustif et cite seulement leurs montants annuels, qui croissent rapidement de 584 M€ (€ 2010) en 2003 à 1 748 M€ en 2010[CCn 4].
  • le coût du combustible nucléaire : 5,23 €/MWh[CCn 5] ; ce coût inclut, en plus des achats, à AREVA ou à d'autres fournisseurs, d'assemblages combustibles prêts à l'utilisation, le coût de portage du stock, c'est-à-dire le coût financier de l'immobilisation de trésorerie que représente le combustible en réacteur et le stock de sécurité (4 ans de consommation au total) ; par contre, il ne comprend pas les coûts de l'aval du cycle (retraitement, stockage de longue durée), examinés plus loin ; on peut remarquer que le coût de combustible ne représente qu'une part modeste dans le coût complet du kilowatt-heure ; de plus, il comprend une part majoritaire de valeur ajoutée sur le sol français (fluoration, enrichissement, fabrication des assemblages) : le poids des importations de minerais est donc très faible ;
  • le total des charges d'exploitation (combustible, personnel, sous-traitance, impôts et taxes, coûts centraux) : 22 €/MWh[CCn 6] ;
  • les coûts prévisionnels de démantèlement : 18,4 Mds €[CCn 7] (cumul sur l'ensemble du parc, calculé par EDF selon la méthode des coûts de référence) ; la Cour compare cette évaluation avec des évaluations faites par d'autres pays et remarque que celle d'EDF est la plus faible ; EDF répond que ces évaluations ne sont guère comparables, soit parce que les centrales ne sont pas de la même filière, soit surtout parce qu'il s'agit de centrales construites en un ou deux exemplaires pour un exploitant régional (cas des États-Unis), alors que les réacteurs français, construits en série selon la méthode des paliers, permettront des économies substantielles grâce à l'effet de série ;
  • les coûts prévisionnels de gestion des combustibles usés : 14,8 Mds €[CCn 8] ;
  • les coûts prévisionnels de gestion des déchets : 23 Mds €[CCn 9] ;
  • les coûts de l'EPR[CCn 10] : estimé fin 2008 par EDF à 54,3 €/MWh pour un EPR de série ; pour celui de Flamanville, tête de série pénalisée par de multiples problèmes et surtout par un allongement extrême de sa durée de construction, accroissant considérablement les intérêts intercalaires, le coût complet est évalué entre 70 et 90 €/MWh ; la réévaluation du cout de la centrale de 8,5 à 10,5 Milliards d'euros en 2015 laisse à penser que le coût du mégawatt-heure de cette centrale sera encore plus élevé[104] ;
  • le coût complet du nucléaire[CCn 11] : entre 33,1 et 49,5 €/MWh selon quatre méthodes d'évaluation différentes, la plus basse étant un coût comptable abaissé par l'amortissement avancé des centrales actuelles, la plus élevée résultant d'une approche économique plus représentative du coût à long terme de l'ensemble du parc existant. En prenant en compte le programme d'investissements annoncé par EDF depuis 2010 et renforcé après l'accident nucléaire de Fukushima, le coût complet atteindrait selon la Cour 54,2 €/MWh[CCn 12].

Le rapport insiste beaucoup sur les nombreuses incertitudes qui pèsent sur les estimations de coûts prévisionnels ainsi que sur l'évolution future des coûts, en particulier ceux d'investissement. Il note cependant que les incertitudes sur les coûts de démantèlement et les dépenses de fin de cycle pèsent peu sur le coût global futur du nucléaire, qui dépendra beaucoup plus des décisions stratégiques qui seront prises sur :

  • la durée de vie des réacteurs actuels : 40 ans ou 60 ans ; la plupart des réacteurs construits aux États-Unis avant ceux du parc français actuels ont déjà été autorisés à poursuivre leur exploitation jusqu'à 60 ans ; une telle décision permettrait bien évidemment des économies d'investissement considérables ;
  • le choix des filières qui remplaceront le parc actuel : 3e génération (EPR) ou 4e génération (réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium, réacteur nucléaire à sels fondus, etc).

La Cour des Comptes a publié le , sur demande de l'Assemblée Nationale, un rapport d'actualisation de ses évaluations de 2012 : il en résulte que l'estimation du « coût courant économique » du nucléaire a augmenté de 21 % en trois ans, passant de 49,6 €/MWh en 2010 à 59,8 €/MWh en 2013 (+16 % en euros constants) ; cette augmentation est presque entièrement due à l’évolution des charges, en particulier des investissements de maintenance, qui représente plus de la moitié de l'augmentation totale ; les autres charges ont augmenté d'environ 10 %, soit +5 % en euros constants ; le programme dit de « grand carénage » d'EDF prévoit de mener pour 55 milliards d'euros de travaux de maintenance et de modernisation de ses 58 réacteurs nucléaires, d'ici 2025, pour améliorer leur sûreté et pouvoir prolonger leur durée de vie au-delà des 40 ans initialement prévus[105]. La Cour insiste sur sa recommandation au gouvernement de prendre position sur le prolongement de la durée d'exploitation des réacteurs au-delà de quarante ans, car l'évolution future du coût du nucléaire dépendra avant tout de ce facteur, alors qu'aux États-Unis 73 réacteurs ont déjà reçu l'autorisation d'aller jusqu'à soixante ans[106].

Énergies renouvelables
Évolution des tarifs d'achat de l'électricité photovoltaïque en France
source données : Commission de régulation de l'énergie.

Un autre rapport de la Cour des Comptes[CCc 1], publié en pour examiner les suites données aux recommandations sur la CSPE de son rapport public annuel de 2011, fournit un panorama très complet des coûts de ces énergies (du moins, indirectement à travers les prix auxquels les opérateurs - EDF en particulier - sont légalement obligés de les acheter - à comparer aux prix du marché de gros, qui fluctuent aux alentours de 50 €/MWh, autrement dit 5 c/kWh) :

  • éolien[CCc 2] : 8,5 c/kWh (soit 85 €/MWh) pendant dix ans pour les éoliennes terrestres, 23 c/kWh (soit 230 €/MWh) pour les éoliennes offshore ;
  • photovoltaïque[CCc 3] : 288,5 à 464 €/MWh pour les toitures résidentielles, 288,5 à 402 €/MWh pour les toitures non-résidentielles ;
  • biomasse[CCc 4] : 4,34 c/kWh + 7,7 à 12,5 c de prime d'efficacité ;
  • biogaz[CCc 4] : 8,12 c/kWh à 9,745 c + prime d'efficacité de 0 à 4 c ;
  • méthanisation[CCc 5] : 11,2 à 13,37 c/kWh + primes de 0 à 6,6 c ;
  • petite hydraulique[CCc 6] : 6,07 c/kWh + prime de régularité 0,5 à 1,68 c ;
  • géothermie[CCc 2] : 20 c/kWh + prime d'efficacité de 0 à 8 c (DOM : 13 c + prime de 0 à 3 c) ;
  • cogénération[CCc 7] : 8 à 13 c/kWh selon le prix du gaz ; la cogénération, production simultanée de chaleur et d'électricité, bien que ne relevant pas a priori des énergies renouvelables, est considérée comme un procédé bénéfique pour l'environnement parce qu'il permet d'atteindre des rendements élevés, donc d'économiser l'énergie (économie de l'ordre de 35 %) ; la chaleur est souvent utilisée pour alimenter un réseau de chaleur, ou pour un process industriel ou autre : de nombreux hôpitaux ont une centrale de cogénération.

Le graphique ci-joint présente l'évolution des tarifs d'achat du solaire photovoltaïque depuis le 2e trimestre 2011 : en 2 ans et demi, le tarif particuliers (<kW, intégration au bâti) a baissé de 37,3 % et celui qui s'applique aux installations à intégration simplifiée au bâti, hors résidentiel (<36 kW) de 52,1 %.

D'après une étude de 2015 de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe)[107], la production des énergies renouvelables dans l'Hexagone pourrait potentiellement atteindre 1 268 TWh par an, toutes filières vertes confondues (éolien, solaire, biomasse, géothermie, hydraulique, énergies marines), soit trois fois la demande annuelle d'électricité prévue au milieu du siècle : 422 TWh ; un choix énergétique avec 100 % d'énergies renouvelables serait à peine plus coûteux qu'une combinaison avec 50 % de nucléaire et 40 % de renouvelable. Damien Siess, directeur adjoint à la production et aux énergies durables de l'Ademe, déclare au Monde que « Les renouvelables sont aujourd'hui plus chères que le nucléaire, mais leur coût ne cesse de baisser. C'est l'inverse pour le nucléaire, qui est aujourd'hui peu cher mais dont le coût est à la hausse, en raison notamment des normes de sécurité exigées pour les nouveaux réacteurs comme l'EPR. » Le délégué général de l'Union française de l'électricité, Jean-François Raux, juge que l'étude n'est pas mal faite, mais que ce scénario « ne règle pas la question de la stratégie bas carbone pour le système énergétique global, puisqu'il ne porte que sur l'électricité »[107].

En , le quatrième appel d'offres photovoltaïque lancé par la Commission de régulation de l'énergie (CRE) a obtenu un prix moyen d'achat de l'électricité autour de 62,5 €/MWh pour des centrales au sol, prix nettement inférieur à celui de l'éolien, d'environ 80 €/MWh[108].

Financement des énergies renouvelables

Comme le montrent les prix cités ci-dessus, la plupart des énergies renouvelables ont un coût très supérieur au prix du marché de gros. Leur développement n'est donc possible, au moins dans une phase d'amorçage, que moyennant un système de subventions. En France, comme dans la plupart des pays européens, le système de financement public qui a été choisi repose sur une obligation d'achat imposée par la loi aux fournisseurs d'électricité, à des tarifs de rachat fixés par décret, avec en compensation un dédommagement égal au surcoût de ces tarifs par rapport aux prix de marché. Le gouvernement a choisi, vu l'état précaire des finances publiques, de financer ces dédommagements non par l'impôt, mais par un supplément de prix prélevé sur les factures d'électricité, dénommé Contribution au service public de l'électricité (CSPE) ; créée par la loi no 2003-8 du relative aux marchés du gaz et de l'électricité et au service public de l'énergie, la CSPE poursuit également plusieurs autres objectifs : compensation des surcoûts de production dans les ZNI (zones non interconnectées, à savoir la Corse et l'Outre-Mer), de ceux de la cogénération, des tarifs sociaux[109].

Au début de 2010, à la suite de la flambée des demandes d'achat d'électricité photovoltaïque reçues par EDF en novembre-, le gouvernement a décrété un moratoire des demandes d'achat, puis, sur la base d'un rapport de l'Inspection Générale des Finances (IGF)[110], a adopté à l'automne 2010 une série de mesures qui ont globalement réussi à assainir la filière.

Dans son rapport annuel public 2011, la Cour des Comptes consacrait un chapitre à la CSPE, constatant son insuffisance pour couvrir les surcoûts imposés aux producteurs d’électricité (fin 2010, le déficit cumulé atteignait 2,8 Mds € et pesait sur le fonds de roulement d’EDF) ; elle formulait plusieurs recommandations, en particulier : réexaminer le financement du soutien au développement des énergies renouvelables et des autres charges du service public de l’électricité, par le consommateur d’énergie et non par le consommateur d’électricité uniquement. En effet, le dispositif actuel, faisant supporter le surcoût des EnR aux seuls consommateurs d'électricité, affaiblit la compétitivité de cette énergie par rapport aux énergies émettrices de gaz à effet de serre, ce qui va directement à l'encontre du but poursuivi. Dans l'idéal, la CSPE devrait être affectée aux factures de gaz et de produits pétroliers et non à l'électricité.

Charges de service public dues aux énergies renouvelables en métropole

Les surcoûts des EnR, que la CRE désigne comme "charges de service public dues aux contrats d’achat d’EnR", sont passés de 323 M€ en 2007 à 3 156 M€ en 2013 ; la CRE, dans sa proposition pour 2015, estime qu'ils atteindront 3 722 M€ en 2014 et 4 041 M€ en 2015, dont 62 % pour le photovoltaïque[S 1].

Le détail des surcoûts découlant des achats d'EnR est le suivant :

Charges de service public dues aux contrats d’achat d’EnR en métropole
M€ 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014pr 2015pr % 2015
Éolien158,880,9319,2343,4399,7550,0641,8854,6966,525,8
Photovoltaïque1,17,854,3208,9794,91 683,21 919,92 146,62 239,759,7
Hydraulique111,3-70,0115,580,7151,8228,4351,4459,2545,314,5
Biomasse16,69,220,929,5
Biogaz10,14,325,130,0
Incinération o.m.*24,6-37,026,013,5
Total charges EnR322,5-4,9561,1706,71 346,42 461,62 913,13 460,43 751,5100,0
* Incinération o.m. : Incinération des ordures ménagères.
Sources : 2007-2010 : Cour des Comptes[CCc 8] ; 2011-2013 : CRE[S 2],[S 3],[S 1].

Pour compléter ces données, les charges EnR des zones non interconnectées pour 2015 sont estimées à 289,8 M€, dont 270,3 M€ pour le photovoltaïque.

Au total, sur la France entière, les charges 2013 dues aux EnR atteignaient 3 156,1 M€, dont 2 143,7 M€ pour le photovoltaïque, soit 68 % ; en 2014, elles passeront à 3 722,5 M€, dont 2 393 M€ de photovoltaïque, soit 62 %, et en 2015 à 4 041,4 M€, dont 2 510 M€ de photovoltaïque, soit 62,1 %[S 1].

Les coûts d'achat moyen par EDF (environ 90 % du total) pour les diverses EnR sont en 2010, 2011 et 2012[S 4]:

Coûts moyens d’achat d’énergies renouvelables par EDF
€/MWh 2010 2011 2012 variation
2012/10
Éolien84,185,387,4+3,9 %
Photovoltaïque538,2519,3498,1-7,5 %
Hydraulique60,264,463,4+5,3 %
Biomasse98,4107,3119,1+21,0 %
Biogaz86,192,6102,6+19,2 %
Incinération52,753,655,9+6,1 %

Les coûts moyens d'achat ci-dessus intègrent l'ensemble des contrats signés depuis la création du système ; ils sont donc différents des tarifs appliqués aux nouvelles installations, en particulier pour le photovoltaïque, dont les tarifs baissent : au 4e trimestre 2013, le tarif d'achat est de 29,1 c€/kWh (291 €/MWh) pour une installation intégrée au bâti[S 5].

En comparaison, les prix de marché utilisés pour calculer les surcoûts étaient en moyenne de 47,9 €/MWh en 2010, 48,5 €/MWh en 2011 et 45,5 €/MWh en 2012 mais ils ont atteint 82,45 €/MWh en contre 38,96 €/MWh en .

L'accroissement du surcoût des énergies renouvelables est très rapide ; les prévisions pour 2020 sont de 6,5 (EDF) à 8,4 milliards d'euros (CRE)[CCc 9], dont :

  • éolien terrestre : 926 à 1 291 M€ ;
  • éolien en mer : 1172 à 2 572 M€ ;
  • photovoltaïque : 2080 à 2 778 M€ ;
  • biomasse + biogaz : 1196 à 1 667 M€.

Le montant de la CSPE était de 10,5 €/MWh au 2e semestre 2012 ; 13,5 €/MWh en 2013, 16,5 €/MWh en 2014 et 19,5 €/MWh en 2015, alors que le montant prévisionnel calculé par la CRE était de 25,93 €/MWh[S 1] ; mais la loi plafonnant ses augmentations à €/MWh par an, il est passé à 19,5 €/MWh.

Le prix moyen toutes taxes comprises de l'électricité en France pour les ménages consommant entre 2 500 et 5 000 kWh au premier semestre 2014, tiré de la base de données d'Eurostat[111], était de 15,85 c€/kWh ; la CSPE de 16,5 €/MWh, soit 1,65 c€/kWh, en vigueur en 2014 représentait donc 10,4 % de la facture moyenne, et les 10 €/MWh relatifs au photovoltaïque[n 10] représentent 6,3 % de la facture ; en 2015, la CSPE de 19,5 €/MWh représentera environ 11,8 % de la facture moyenne ; selon la CRE, la CSPE représentera en moyenne, pour l'ensemble des ménages, 15 % de la facture d'électricité en 2015[S 1], etla part des énergies renouvelables dans la CSPE 2015 sera de 10,97 €/MWh[S 6].

En Allemagne, où l'EEG-Umlage, équivalent de la CSPE (mais consacrée uniquement au financement du surcoût des EnR) atteint 53 €/MWh depuis le , ce qui représente un coût de 20 milliards d'euros par an pour les consommateurs d'électricité, les négociations pour la formation d'un gouvernement d'union CDU-SPD s'orientent vers une révision en baisse des objectifs de production d'éolien offshore pour 2020 à 6,5 GW au lieu de 10 GW, et vers une réduction des aides à l'éolien terrestre et aux autres énergies renouvelables, qui seront réorientées vers un système de primes qui remplacerait le système actuel de prix d'achat garanti : les producteurs de ces énergies vendront leur électricité sur le marché et recevront une prime au kilowatt-heure ; la chancelière Angela Merkel a déclaré : « Nous devons surtout freiner l'explosion des coûts. »[112].

Le commissaire européen à la Concurrence Joaquin Almunia a présenté le un projet de "nouvelles lignes directrices concernant les aides d’État à la protection de l'environnement et de l'énergie " destiné à mettre fin progressivement au régime dérogatoire à la règle de la libre concurrence qui interdit les aides d'état, dont bénéficiaient les énergies renouvelables afin de favoriser leur montée en puissance[113] ; la Commission estime que ce système a fait son temps, a rempli son objectif puisque les énergies renouvelables assurent désormais 14 % de l'approvisionnement énergétique européen, et a provoqué des "bulles" et des abus, notamment du fait des tarifs garantis pour le photovoltaïque. Elle propose donc pour la période 2014-2020 :

  • d'interdire le système de prix garantis pour toutes les installations solaires de plus de 500 kW et éoliennes de plus de MW ;
  • de privilégier désormais un système d'appel d'offres sans discrimination entre énergies renouvelables (le solaire l'emportera dans les régions ensoleillées, l'éolien dans les régions ventées, la biomasse dans les régions forestières, etc) afin de réintégrer l'électricité verte dans les mécanismes de marché ;
  • des régimes plus souples mais complexes sont prévus pour les technologies non matures ;
  • les soutiens aux biocarburants de première génération seront interdits à l'horizon 2020 ;
  • de maintenir le régime dérogatoire dont bénéficient les industries les plus énergivores pour plafonner leur contribution au financement des énergies renouvelables : 65 secteurs (ciment, aluminium, etc) ; au terme d'un intense lobbying, les électro-intensifs allemands ont obtenu le maintien du volume d'exemption à la taxe sur les énergies renouvelables (EEG) qui s'élèvera cette année à 5 milliards d'euros ; le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Sigmar Gabriel, a déclaré que « cela représente un coût de 40 euros par an pour un ménage de trois personnes, mais le maintien de plusieurs centaines de milliers d'emplois ».

La France a demandé une période d'adaptation jusqu'à 2018.

À compter du , le système des tarifs d’achat réglementés dont bénéficient les énergies renouvelables va disparaître, pour faire place à un dispositif de vente sur le marché, assorti d’une prime ; ce nouveau dispositif, imposé par Bruxelles, s’appliquera aux installations de puissance installée supérieure à 500 kilowatts, hors filières émergentes comme l’éolien en mer ; l’éolien terrestre bénéficiera d’un délai supplémentaire, probablement de deux ans ; le solaire photovoltaïque, qui dépend des appels d’offres pour les grandes centrales, sera concerné dès 2016, ainsi que la biomasse, la géothermie et le biogaz. Pour vendre leur électricité sur le marché, de nombreux producteurs d’énergie verte vont devoir se tourner vers un intermédiaire : l’agrégateur, car les producteurs doivent fournir des prévisions à l’avance, et subissent des pénalités en cas d'erreur ; or, dans les renouvelables, il est difficile d’établir des estimations fiables, surtout pour les petits producteurs ; les agrégateurs, qui achètent de l’électricité à plusieurs producteurs, voient leurs risques d’erreur minimisés grâce à la diversification de leur portefeuille. Parmi les agrégateurs, outre EDF et Engie, les acteurs allemands vont mettre à profit leur expérience[114].

Scénarios à long terme

Le , l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie a publié une étude présentant 14 scénarios à l'horizon 2050 avec des parts d'énergies renouvelables (EnR) allant de 40 à 100 % ; le coût de l’électricité passerait de 103 €/MWh en supposant 100 % d’EnR avec un accès facilité au capital à 138 €/MWh avec 80 % d’EnR, coûts élevés et acceptabilité restreinte. Le scénario central avec 100 % d'EnR en 2050 (63 % d'éolien, 17 % de solaire, 13 % d'hydraulique, 7 % d'autres EnR : géothermie, biomasse, énergies marines) aboutirait à un coût d'électricité de 119 €/MWh, à peine supérieur aux 117 €/MWh du scénario avec 40 % d'EnR et 55 % de nucléaire. Pour arriver à ce résultat, les auteurs de l'étude ont supposé que le coût du nucléaire passerait à 80 €/MWh contre 42 €/MWh en 2015 et que celui des EnR baisserait fortement : 60 €/MWh pour le solaire au sol, 107 €/MWh pour les éoliennes en mer flottantes. La consommation d'électricité est supposée baisser de 465 TWh en 2014 à 422 TWh en 2050. La gestion de l’intermittence des EnR serait résolue par plusieurs moyens : l’intelligence des systèmes (par exemple : recharge des appareils électriques au moment où le soleil brille), le stockage intrajournalier utilisant des batteries ou des moyens hydrauliques (stations de transfert d’énergie par pompage), et le stockage intersaisonnier à l’aide du power to gaz (transformation de l’électricité en gaz)[115].

Selon le blog du journaliste scientifique Sylvestre Huet, cette étude est critiquable pour sa méthode (simulation d'un parc théorique, sans prise en compte du parc existant antérieurement ni du cheminement pour arriver à ce parc théorique), sur les coûts d'investissement hypothétiques ou irréalistes, sur l'hypothèse d'une réduction de la consommation d'électricité à 422 TWh en 2050 contre 474 TWh en 2014 (corrigé des écarts de température) alors que des hypothèses contradictoires donnent 12 % de croissance de la population, plusieurs millions de voitures électriques en circulation, des exportations d'excédents de production éolienne et solaire qui pourraient, selon ces hypothèses, atteindre 16 GW alors que les pays voisins seraient eux aussi en excédents simultanément, et les rendements des dispositifs de stockage seraient surestimés[116].

Présentation générale

Consommations journalières en France un mois d'hiver (février 2012) et un mois d'été (août 2012)
source : RTE[t 3]
Courbes de charge d'un jour de semaine et d'un jour de week-end en France (puissances instantanées en MW)
source : RTE[t 4]

L'électricité ne se stocke pas en tant que telle, et les dispositifs de stockage indirects existants (batteries, STEP, etc.) sont coûteux ou peu performants ; il est donc nécessaire d'équilibrer en permanence, en temps réel, l'offre et la demande : les groupes de production doivent à chaque instant adapter leur production à la puissance appelée par les consommateurs.

L'entité responsable de cet équilibrage, fonction tout à fait essentielle pour le système, est RTE, en particulier à travers le Centre national d'exploitation système (CNES ou « dispatching » national).

La consommation d'électricité varie en fonction de plusieurs paramètres, dont les deux principaux sont :

  • la période de l'année, avec trois cycles :
    • un cycle annuel, avec une pointe de consommation en janvier ou février et un creux au  ; le graphique hiver-été montre l'ampleur de cette variation saisonnière ;
    • un cycle hebdomadaire, comprenant cinq jours ouvrables assez semblables et un week-end où la consommation est nettement plus basse ; ces creux des week-ends sont très visibles sur le graphique hiver-été ; le graphique semaine-weekend permet de visualiser de façon plus précise la différence de forme de courbe de charge entre un jour de semaine et un dimanche ;
    • un cycle journalier, avec une pointe le matin vers 9 h et une deuxième le soir vers 19 h : le graphique semaine-weekend fait bien apparaître ces deux pointes ;
  • la température, dont les variations se traduisent par des modifications de l'utilisation du chauffage électrique en hiver ou de la climatisation en été.
  • la nébulosité (taux de couverture nuageuse), en modifiant les effets du rayonnement solaire dans les habitations a également une influence sur l'utilisation de l‘éclairage et sur le chauffage.

La consommation est aussi affectée par l'activité économique (diminution en temps de crise, creux les week-ends ou lors de vacances), et par les offres commerciales d'effacement incitant certains clients à réduire leur puissance électrique consommée. Des événements exceptionnels peuvent perturber le profil de la consommation (intempéries, grands événements sportifs), mais leur impact précis reste difficile à prévoir.

La prévision de la consommation pour le lendemain est d'abord construite à partir d'un historique des consommations journalières.

Sur la base de cette prévision, un processus similaire à des enchères est organisé chaque jour : les producteurs d'énergie communiquent leurs propositions de prix pour chacune de leurs centrales (du moins les grosses centrales dites "dispatchables", c'est-à-dire dont la production peut être modulée en fonction de la demande) et pour chaque demi-heure de la journée suivante. Ces prix sont fixés par les producteurs, au moins en théorie, sur leur coût marginal (pour l'essentiel : coût de combustible).

Placement des centrales sur la courbe charge en France le mardi 20 11 2012 (en hachures : exportations et pompage)[t 5].
Placement des centrales sur la courbe charge en France le dimanche (en hachures : exportations et pompage)RTE[t 5].

Le dispatching national effectue alors le « placement des centrales sur la courbe de charge », qui consiste, pour chaque demi-heure, à empiler les centrales par ordre de prix croissant (préséance économique, en anglais merit order), jusqu'à couverture complète de la demande prévisionnelle[117]. Le prix du kilowatt-heure pour chaque demi-heure est celui de la dernière centrale ainsi placée : toutes les centrales seront rémunérées à ce prix. À la base du diagramme sont placées les centrales à production fatale (laquelle serait perdue si on ne l'utilisait pas immédiatement) : hydraulique au fil de l'eau, éoliennes, solaire ; ensuite vient le nucléaire, dont le coût marginal est très bas : 5,23 €/MWh[CCn 5] et dont le fonctionnement est rigide : durée de démarrage supérieure à un jour, modulation de puissance limitée à quelques pourcents ; puis viennent les centrales thermiques charbon et gaz, classées en fonction du coût de leur combustible ; en dernier viennent les centrales dites « de pointe », les plus souples mais plus coûteuses : turbines à combustion, centrales hydroélectriques à réservoir et centrales de pompage-turbinage.

Les graphiques ci-contre donnent des exemples réels de placement sur courbe de charge : un mardi et un dimanche ; le choix s'est porté sur des jours froids (hiver), de façon que tous les moyens de production se voient bien sur les graphiques ; sur un jour plus moyen, il serait beaucoup moins fait appel aux centrales charbon, fioul et gaz, surtout le dimanche. La production totale ne couvre pas seulement la consommation finale française, mais aussi les exportations et le pompage (figurés par des hachures et des quadrillages) ; on note que le pompage, limité aux heures creuses en semaine, s'étend à la plus grande partie de la journée le dimanche.

Intégration des énergies intermittentes

Certaines énergies renouvelables présentent un caractère intermittent : leur production varie fortement en fonction des conditions météorologiques, voire s'arrête complètement : c'est le cas de l'éolien et du solaire, ainsi que, dans une moindre mesure, de l'hydraulique au fil de l'eau.

L'intégration de ces sources d'énergies dans le système électrique nécessite des dispositifs de régulation pour compenser ces variations : stockages (barrages hydroélectriques, centrales de pompage-turbinage, batteries, etc), contrats d'effacement, smart grids, centrales de pointe telles que les turbines à combustion.

En 2020, le parc de stockage atteint 4 850 MW dont 4 810 MW de type hydraulique et 40 MW de batteries[y 13].

EDF annonce en un programme de 8 milliards € pour développer dans le monde 10 GW de nouvelles capacités de stockage d'ici à 2035, dont GW pour le soutien au réseau électrique, en particulier avec des stations de pompage (STEP) telles que le projet de GW qu'il envisage sur la Truyère, ainsi qu'avec des batteries géantes telles que celle de Mac Henry aux États-Unis et celle de West Burton (49 MW) au Royaume-Uni. Le deuxième axe de développement (GW) concerne les batteries à installer chez les clients particuliers ou entreprises pour optimiser l'autoconsommation d'énergie photovoltaïque, pour laquelle il a déjà lancé des offres en France, en Italie, au Royaume-Uni et en Belgique, ou encore la vente ou la location de kits solaires avec batteries en Afrique[118].

Selon une étude publiée en par le think tank allemand Agora Energiewende, les centrales nucléaires françaises présentent assez de flexibilité pour que la France intègre 40 % d'électricité renouvelable dans son mix énergétique d'ici à 2030. Les réacteurs les plus anciens, comme ceux de Fessenheim, ne sont pas techniquement capables d'assurer un suivi de charge pour abaisser leur puissance, mais les réacteurs plus récents sont équipés pour ce faire. L'analyse de la courbe de production des centrales indique que le parc nucléaire français peut déjà moduler sa puissance de façon très importante plusieurs fois par semaine. Ainsi, en , il a pu réduire sa puissance jusqu'à 40 % (17 GW) en quelques heures, alors que la courbe de charge était déjà basse, autour de 45 GW, comme c'est le cas en été ; les 58 réacteurs français totalisent une puissance installée de 63,1 GW. Le système électrique français dispose en outre d'un important potentiel de flexibilité, grâce à sa capacité hydraulique installée, la plus importante en Europe après celle de la Norvège ; s'y ajoutent d'autres options disponibles, comme les échanges transfrontaliers, la gestion de la demande, le stockage voire l'écrêtement de la production d'origine renouvelable. Incorporer 40 % de renouvelables en France implique un redimensionnement du parc nucléaire et une modification de son exploitation de court terme vers un régime davantage flexible[119].

La flexibilité du nucléaire peut atteindre 21 GW : chaque réacteur peut baisser sa production deux fois par jour jusqu'à 20 % de sa puissance, et ce, en une demi-heure ; les réacteurs disponibles fonctionnent habituellement à pleine puissance, mais peuvent baisser leur puissance en tant que de besoin, par exemple lorsque la production éolienne ou solaire est particulièrement élevée ; en cumulant des baisses sur plusieurs réacteurs, on peut atteindre dans la quasi-totalité des cas une capacité de modulation de plus de 20 GW ; l'objectif est d'avoir toujours deux réacteurs sur trois capables de manœuvrer, sachant que la marge de manœuvre est plus faible pour les réacteurs qui sont proches de leur arrêt-rechargement[120].

En , la start-up vendéenne Lhyfe, fondée en 2017, lève huit millions d'euros auxquels s'ajoutent trois millions d'euros d'aides et d'avances remboursables (collectivités, Bpifrance) pour industrialiser un procédé de production d'hydrogène par électrolyse. La première unité pilote de production d'hydrogène devrait etre construite en 2021, directement branchée à un parc de huit éoliennes situé à Bouin, en Vendée. Des projets de plus grande envergure sont envisagés avec des opérateurs des futurs parcs éoliens en mer, qui ont manifesté leur intention de produire en grande quantité de l'hydrogène au large[121].

RTE estime que l'utilisation « d'automates de zones » pour écrêter la production d'énergies renouvelables d'environ 200 heures par an permettrait d'économiser 7 milliards d'investissements dans le réseau de transport[122].

Mécanismes d'effacement

De nombreux mécanismes d'effacement ont été mis en place afin de contribuer à la résolution des situations tendues ; on peut les classer en deux catégories :

  • effacement industriel : réduction de la consommation d'un site industriel (par arrêt d'un process ou par bascule sur un mode d'autoconsommation), ou de plusieurs sites par l'intermédiaire d'un agrégateur ;
  • effacement diffus : agrégation de petits effacements unitaires de consommation d’électricité, réalisés au même moment chez des particuliers ou des professionnels, par l’intermédiaire d’un agrégateur ou d’un fournisseur[y 14].

Les modalités de ces effacements ont été progressivement diversifiées et étendues à tous les segments de marché ; des dispositifs d'échange de ces effacements sur les marchés ont été mis en place en 2014 via le mécanisme NEBEF (Notification d’Échange de Blocs d’Effacement). En 2020, le volume moyen d’offres d’effacement déposées sur le mécanisme d’ajustement s’élève à 729 MW contre 874 MW en 2018 ; le volume total d’effacement réalisé sur le mécanisme d’ajustement s’établit à 10,7 GWh contre 7,6 GWh en 2019 et 22,3 GWh en 2018, et les effacements sur NEBEF à 11 GWh contre 22 GWh en 2019[y 15].

Selon RTE, la France est « le premier pays européen à avoir mis en place un cadre législatif et réglementaire reconnaissant le rôle des opérateurs d'effacement et favorisant leur participation directe aux marchés ». La société française Voltalis a équipé 100 000 sites en France de ses boîtiers dits « intelligents », permettant de couper un chauffage électrique ou un chauffe-eau pendant une brève période de temps, afin d'apporter de la flexibilité au réseau électrique en permettant d'éviter d'allumer des centrales thermiques et de mieux intégrer les énergies renouvelables. La consommation ainsi évitée pendant la pointe de consommation hivernale est estimée entre 100 et 200 MW. Cette technologie permet aux particuliers d'économiser jusqu'à 15 % de leur consommation d'énergie, selon Voltalis, qui se rémunère par le biais du mécanisme d'ajustement ainsi que par des subventions, attribuées chaque année par une procédures d'appels d'offre. Elle a obtenu en un prêt de 20 millions  de la Banque européenne d'investissement (BEI), assorti d'une garantie de la Commission européenne. Ce prêt doit lui permettre d'équiper 150 000 foyers supplémentaires[123].

Mécanisme de capacité

La mise en place d’une « obligation de capacité » à compter de 2017, prévue par la loi NOME, vise à sécuriser l’alimentation électrique française lors des périodes de très forte consommation : elle impose aux fournisseurs d'électricité une obligation de contribuer à la sécurité d’alimentation en fonction de la consommation en puissance à la pointe ; le mécanisme de capacité permet également de valoriser la disponibilité de l’offre au travers de certificats de capacité. La Commission européenne a approuvé sous conditions, le , la mise en œuvre du mécanisme de capacité français ; les nouvelles règles du mécanisme ont été approuvées le par la ministre chargée de l’énergie et la Commission de régulation de l’énergie pour application dès 2017. Les capacités certifiées totalisent 80,8 GW pour 2020 et 83,5 GW pour 2021, auxquelles s’ajoutent les capacités certifiées par RTE aux interconnexions : 6,7 GW pour 2020 et GW pour 2021. Le prix de référence marché a progressé de 9 342,7 €/MW pour 2018 à 17 365,3 €/MW pour 2019, 16 583,9 €/MW pour 2020 et 39 095,4 €/MW pour 2021[y 16].

Les capacités certifiées pour 2020 se répartissaient en 56,1 % de nucléaire, 16,4 % d'hydraulique (fil de l'eau, lac et pompage), 12,2 % de thermique fossile, 3,2 % d'éolien, 0,3 % de solaire, 0,4 % de biomasse, 7,1 % de multifilières et 2,1 % d'effacements[x 4].

Transport et distribution

En France, la partie amont du transport de l'électricité entre les sites de production et de consommation (réseau à très haute tension : 400 kV et 225 kV, pour le transport sur de grandes distances et les interconnexions avec les pays voisins, et réseau à haute tension : 150, 90 et 63 kV, pour la répartition régionale) est assurée par Réseau de transport d'électricité (RTE), et la partie aval (réseau de distribution à moyenne et basse tension) par Enedis, anciennement appelée ERDF (Électricité Réseau Distribution France) jusqu'au  ; ces deux entreprises sont filiales d'EDF à 100 %. D'autres distributeurs assurent environ 5 % de la distribution : il s'agit des entreprises locales de distribution (ELD), dont la plupart ont un statut de régie municipale, quelques-uns s'étant transformés en société d'économie mixte (SEM).

En , RTE et Enedis prévoient d'investir plus de 100 milliards  sur quinze ans pour adapter et renforcer le réseau face à l'essor des énergies renouvelables. Il faudra raccorder les nouveaux points de production, comme les parcs éoliens en mer, qui ne sont pas dans les mêmes zones que les anciens (centrales à charbon, réacteurs nucléaires arrêtés, etc.). Le développement du solaire photovoltaïque, par nature très décentralisé, nécessitera également de renforcer le réseau à certains endroits. Enfin, les flux générés par les renouvelables étant beaucoup plus variables, les réseaux devront être optimisés. Outre l'adaptation à la transition, RTE commence à remplacer ses infrastructures, dont une bonne partie date des années 1950, d'où un pic d'investissements important d'ici à 2030[124].

Transport

Au 31 décembre 2020, le réseau de RTE atteignait 106 047 km de circuits. Au cours de l'année 2020, 603 km de lignes neuves ou renouvelées ont été mises en service et 498 km ont été retirées du service ; le réseau souterrain est passé de 6 415 km à 6 665 km alors que le réseau aérien a perdu 145 km[y 17] ; le réseau en 63/90 kV est souterrain à 9 % (99,5 % des nouvelles lignes sont souterraines), celui en 225 kV à 5,8 %, celui à 400 kV dans une proportion négligeable (0,03 %)[y 18].

Les principaux projets en cours au début 2021 sont[y 19] :

  • le raccordement de la future production éolienne offshore : les travaux ont commencé en 2020 pour les parcs de Saint-Nazaire, Fécamp et Saint-Brieuc ;
  • le projet IFA 2 : nouvelle interconnexion France – Angleterre par une liaison à courant continu d’environ 225 km entre Tourbe, au sud de Caen, et Fareham en Angleterre, avec à chaque extrémité une station de conversion assurant la transformation du courant continu en courant alternatif ; capacité de transit : GW ;
  • le projet ElecLink : autre interconnexion France – Angleterre, par un investisseur privé, la société anglaise ElecLink, filiale du groupe Getlink (anciennement Eurotunnel) ; cette interconnexion en courant continu d’une capacité de 1 000 MW passera dans le tunnel sous la Manche ;
  • le projet Avelin-Gavrelle : reconstruction de la ligne 400 kV entre Lille et Arras ;
  • le projet Savoie-Piémont : nouvelle interconnexion entre la France et l’Italie qui reliera les postes de Grande-Ile (Sainte-Hélène du Lac) et de Piossasco (Turin), par l’intermédiaire d’une liaison souterraine à courant continu de près de 190 km, augmentant de 60 % la capacité d’échange entre les deux pays ; le chantier, débuté au printemps 2015, devrait s'achever en 2020 ;
  • le raccordement de la centrale à cycle combiné gaz de Landivisiau ;
  • le projet « Haute-Durance » : remplacement de la ligne 150 kV existante, datant de 1936, par un réseau 225 kV plus une rénovation du réseau 63 kV ; les travaux entamés en s'échelonneront jusqu'à 2021 ;
  • les projets Avelin/Mastaing-Avelgem-Horta et TD Aubange d’interconnexion avec la Belgique, mis en chantier en 2020.

D'autres projets sont assurés, leur justification étant acquise dans tous les scénarios d’évolution de mix énergétique :

  • les renforcements avec l’Allemagne et la Belgique, peu coûteux par rapport aux bénéfices qu’ils apportent : Vigy-Uchtelfangen, Muhlbach-Eichstetten ;
  • le projet « Celtic Interconnector » : liaison électrique à courant continu (HVDC), longue d’environ 575 km (dont environ 500 km en mer), d’une capacité de 700 MW, qui reliera la côte nord de la Bretagne et la côte sud de l’Irlande ; les incertitudes associées au projet ont été levées par l’octroi d’une subvention européenne : les régulateurs français et irlandais ont ainsi pu convenir en octobre 2019 d’une répartition transfrontalière des coûts du projet ;
  • le projet « Golfe de Gascogne » : nouvelle interconnexion électrique entre la France et l’Espagne ; prévue pour être mise en service à l’horizon 2025, cette liaison portera les capacités d’échanges d’électricité entre la France et l’Espagne à près de 5 000 MW ; longue de 370 km, dont 280 km sous la mer, elle reliera le poste de Cubnezais, près de Bordeaux, au poste de Gatika, près de Bilbao.

Enfin, plusieurs autres projets sont inscrits « sous conditions » au Schéma Décennal de Développement du Réseau (SDDR) publié en septembre 2019 qui prévoit de doubler en 15 ans la capacité d’interconnexion de la France :

  • le projet « Celtic Interconnector » : liaison électrique à courant continu (HVDC), longue d’environ 575 km (dont environ 500 km en mer), d’une capacité de 700 MW, qui reliera la côte nord de la Bretagne et la côte sud de l’Irlande ; les incertitudes associées au projet ont été levées par l’octroi d’une subvention européenne : les régulateurs français et irlandais ont ainsi pu convenir en octobre 2019 d’une répartition transfrontalière des coûts du projet ;
  • projet Lonny-Achêne-Gramme d’interconnexion avec la Belgique ;
  • projet de renforcement France-Suisse ;
  • deux projets d’interconnexion France-Grande-Bretagne.

RTE a présenté en son plan d'investissement 2020-2035 : il prévoit un fort accroissement du montant moyen annuel d'investissements (+50 %). Au total, 33 milliards d'euros doivent être mobilisés sur quinze ans, dont 8 milliards d'euros pour remplacer ses équipements anciens et 13 milliards d'euros pour s'adapter à l'évolution du mix électrique, la géographie des moyens de production étant fortement modifiée par la transition énergétique. 7 milliards d'euros doivent être engagés pour le raccordement des parcs d'éoliennes en mer dont le coût était jusqu'ici couvert par le budget de l'État. Les 5 milliards restants relèvent des projets d'interconnexion avec l'étranger et de l'installation de 1 000 automates capables d'optimiser le fonctionnement du réseau[125]. Le réseau de transport d’électricité français est un des réseaux les plus âgés d’Europe (en moyenne, âgé d’environ 50 ans). Au cours du plan 2020-2035, le renouvellement du réseau existant va s’affirmer comme un enjeu crucial pour la qualité de l’approvisionnement en électricité et le rythme de renouvellement devra être augmenté[y 20].

La liaison THT Cotentin-Maine a été mise en service en , après sept ans de concertation et un an de travaux, avec un investissement de 440 M€ ; elle permet d’insérer sur le réseau français l'énergie produite par l'EPR de Flamanville et par les énergies marines renouvelables (parcs éoliens offshore et hydroliens), mais aussi de sécuriser l’alimentation électrique du Grand Ouest. RTE poursuit ses investissements pour alimenter l’est de la région PACA (car le Var, les Alpes-Maritimes et Monaco ne produisent que 10 % de l’électricité qu’ils consomment), et diminuer les risques de coupures, dans le cadre du « filet de sécurité PACA » qui porte sur la création de trois nouvelles liaisons souterraines 225 kV, dont l’une constitue le record mondial de longueur d’un seul tenant ; les travaux ont commencé en [R 1]. Ce « filet de sécurité PACA » a été inauguré en [b 3].

RTE a publié un rapport sur le raccordement des hydroliennes : il souligne la rareté des points d'atterrage envisageables pour les câbles de ces raccordements, la quasi-totalité du littoral concerné étant en zones de grande sensibilité environnementale (zones Natura 2000, sites classés, réserves naturelles...) ; le raccordement en mer représentera un défi technique dans des zones de forts courants marins (le Raz Blanchard est le troisième courant de renverse le plus fort au monde) ; le réseau terrestre existant présente une capacité d’accueil de l’ordre de 1,5 GW, mais devra être renforcé au regard du gisement total actuellement estimé, ce qui impliquera des délais importants[T 2].

Les pertes d'énergie liées au réseau de transport de l'électricité (RTE) varient entre 2 et 3,5 % de la consommation française en 2012, suivant les saisons et les heures de la journée. En moyenne, le taux s'établit à 2,5 %, ce qui représente environ 11,5 TWh (térawattheure) par an[T 3].

RTE lance en le projet « Ringo » pour étudier la possibilité de régulariser la quantité d'énergie injectée sur les réseaux en installant des batteries qui stockeraient les excédents de production des énergies renouvelables intermittentes afin d'éviter d'avoir à construire de nouvelles lignes à haute tension. Trois sites expérimentaux de stockage d'électricité seront construits en 2020-2021 à Vingeanne, en Côte-d'Or, avec une capacité maximale de 12 MW, à Bellac, près de Limoges (Haute-Vienne), avec 10 MW, et à Ventavon dans les Hautes-Alpes, avec 10 MW. RTE a déjà investi dans une autre solution innovante : un projet piloté par GRTgaz, situé à Fos-sur-Mer, qui utilisera de l'électricité pour produire de l'hydrogène ; ce système permet de stocker l'électricité pendant une plus longue période de temps[126].

Distribution

Le réseau de distribution d'Enedis dépasse 1 300 000 km pour desservir 35 millions de clients : 351 700 km de réseau aérien HTA (20 kV), 261 500 km de réseau souterrain HTA, 276 900 km de réseau souterrain BT (basse tension 230 V / 400 V) et 415 100 km de réseau aérien BT ; Enedis gère également 2 240 postes sources Enedis HTB/HTA (interfaces avec le réseau de RTE) et 750 400 postes de transformation HTA/BT (interfaces entre le réseau 20 kV et le réseau BT)[127].

Les pertes moyennes sur le réseau de distribution sont d'environ 6 %[128] dont 3,5 % de pertes techniques (principalement par effet Joule) et 2,5 % de pertes par suite de fraudes ou erreurs de comptage.

Consommation

L'électricité représentait 25,0 % de la consommation finale d'énergie en France en 2018 : 37,86 Mtep sur 151,38 Mtep ; sa part dans la consommation finale du secteur résidentiel était de 36,9 %, dans celle de l'industrie de 38,3 % et dans celle du secteur tertiaire de 51,6 %[129].

La consommation française d'électricité par habitant était en 2018 de 7 141 kWh, celle de l'Allemagne de 6 848 kWh et celle des États-Unis de 13 098 kWh (moyenne mondiale : 3 260 kWh[k 6].

La consommation brute[n 11] d'électricité en France métropolitaine s'est élevée à 449 TWh en 2020, en baisse de 5,1 % par rapport à 2019, à cause de la crise sanitaire et de températures globalement plus douces[y 21]. Dès les premiers jours du confinement intervenu à la mi-mars, une baisse importante de la consommation a été enregistrée, conséquence directe de la mise à l’arrêt de nombreuses entreprises et industries ainsi qu’à la fermeture complète de la plupart des commerces ; au plus fort de la crise, les mesures de confinement ont eu un impact sur la consommation d’électricité supérieur à 15 %[y 22]. Après correction des effets température et calendrier, la consommation est de 460 TWh en 2020, en baisse de 3,5 %, rompant avec la tendance à la stabilisation globale de la consommation constatée sur les dix dernières années[y 23]. L’année 2020 s’établit comme l’année la plus chaude jamais enregistrée en France (+0,97°C par rapport à la température moyenne de référence)[y 24].

L'étude de la consommation corrigée nécessite d’exclure du périmètre le secteur de l’énergie, ce dernier étant fortement affecté en 2011-12 par le remplacement de l'enrichissement de l'uranium par diffusion gazeuse (usine Georges-Besse) par la centrifugation à l'usine Georges-Besse II du Tricastin, qui consomme cinq fois moins d'électricité, transition réalisé progressivement du début 2011 à la mi-2012[R 2].

Évolution de la consommation brute d'électricité[t 6]
TWh 2001 2005 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Consommation brute449,9483,2513,1478,8489,5494,8465,2476,1483,2482,0
Consommation corrigée424,0448,1471,4476,4476,7476,3473,1475,5473,9475,0

Consommation par secteur

Consommation finale* d'électricité par secteur en TWh et en %
TWh 1970 1980 1990 2000 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Sidérurgie10,312,410,511,111,88,810,511,210,610,410,610,4
Industrie (hors sidérurgie)62,183,0105,0127,4120,9108,1110,5108,0107,8106,9106,0105,7
Résidentiel-Tertiaire*41,1105,3172,2236,5288,8289,5302,8292,3300,4305,7293,9298,6
Agriculture2,64,25,06,06,67,47,68,08,48,88,28,1
Transports urbains et ferroviaires5,16,07,59,410,410,110,010,010,210,210,010,2
TOTAL121,3211,0300,2390,4438,5423,9441,4429,4437,4442,0428,8432,9
Répartition en %
Sidérurgie8,5 %5,9 %3,5 %2,9 %2,7 %2,1 %2,4 %2,6 %2,4 %2,4 %2,5 %2,4 %
Industrie (hors sidérurgie)51,2 %39,3 %35,0 %32,6 %27,6 %25,5 %25,0 %25,2 %24,6 %24,2 %24,7 %24,4 %
Résidentiel-Tertiaire*33,9 %49,9 %57,4 %60,6 %65,9 %68,3 %68,6 %68,1 %68,7 %69,2 %68,6 %69,0 %
Agriculture2,2 %2,0 %1,7 %1,5 %1,5 %1,7 %1,7 %1,9 %1,9 %2,0 %1,9 %1,9 %
Transports urbains et ferroviaires4,2 %2,9 %2,5 %2,4 %2,4 %2,4 %2,3 %2,3 %2,3 %2,3 %2,3 %2,4 %
Source : Ministère de l'Écologie (base de données Pégase) [M 4].
* corrigée du climat.
Consommation finale d'électricité en France
source données : base de données Pégase du Ministère de l'Écologie

En 45 ans, la consommation d'électricité a été multipliée par 3,6, celle du secteur résidentiel-tertiaire par 7,3 et celle de l'agriculture par 3,1 ; celle de l'industrie ne s'est accrue que de 70 % et celle des transports de 99 %. La part de l'industrie (sidérurgie comprise) est passée de près de 60 % en 1970 à 26,8 % en 2015, alors que celle du résidentiel-tertiaire est passée de 34 % à 69 %. La désindustrialisation et la tertiarisation de l'économie se lisent clairement dans ces chiffres.

L'impact de la crise de 2008 est très visible : l'industrie décroche en 2009 (-10,5 %) ; par contre, le Résidentiel-Tertiaire marque à peine le pas, mais n'a progressé que de 3,3 % de 2008 à 2015.

La décomposition du secteur Résidentiel-Tertiaire en Résidentiel et Tertiaire n'est disponible que depuis 2010, mais a été reconstituée rétrospectivement jusqu'à 2002 :

Résidentiel et tertiaire
en Mtep 2002 2010 2011 2012 2013 2014 2015 % 2015*
Résidentiel11,313,913,213,613,813,013,335,8 %
Tertiaire9,612,111,912,112,512,212,433,3 %
Source : Ministère de l'Écologie, Bilan énergétique France 2013[M 3] - Données corrigées du climat
* part dans la consommation finale d'électricité 2015.

RTE fournit également des informations sur les consommations par secteurs[y 25] :

  • la répartition sectorielle en 2020 est similaire à celle de 2019 : résidentiel 38 %, entreprises et professionnels 47 %, grande industrie 16 % ;
  • la consommation des clients raccordés aux réseaux de distribution (PMI/PME, professionnels et particuliers) est en recul de 2,5 % alors qu'elle restait stable depuis 2013 ; durant le premier confinement, la consommation du secteur résidentiel a connu une hausse de l’ordre de 5 % du fait d’une présence renforcée des occupants dans les logements (télétravail, chômage partiel..), mais sur l’ensemble de l’année, la consommation d’électricité du secteur résidentiel, qui dépend fortement des conditions météorologiques, est stable par rapport à 2019 ;
  • la consommation de la grande industrie[n 12] est en recul de plus de 10 % en 2020 à 61,9 TWh du fait de l’arrêt de nombreux sites de production, de la chute de la demande de biens manufacturés, de l’absentéisme ou des difficultés logistiques ; la baisse a atteint environ 30 % en avril ; la baisse d’activité est très

marquée dans la construction automobile et dans la sidérurgie, et la consommation du transport ferré interurbain a chuté de plus de 70 % en avril. Les secteurs de la construction automobile, de la sidérurgie et des transports ferroviaires voient leur consommation baisser de 20 à 25 % en 2020 ; celle du secteur du papier baisse d’environ 9 %.

Un petit nombre d'installations industrielles représentent une part très importante de la consommation totale : ainsi, l'usine d'aluminium de Dunkerque (ex-Pechiney Dunkerque, rachetée par Rio Tinto, puis par Sanjeev Gupta) consomme à elle seule l'équivalent d'une demi-tranche nucéaire[130]

Pointe de consommation et thermosensibilité

La croissance de la consommation d'électricité entraîne aussi une croissance spécifique des pointes de consommation, observées en général en hiver vers 19 h. Cette pointe nécessite la mise en œuvre de moyens de production adaptés afin de répondre à la demande instantanée. La France a consommé pour la première fois une puissance supérieure à 100 GW les 6 et [131],[bt 1]. La pointe de consommation de 2020, à 83,2 GW le , est dans la moyenne des 20 dernières années ; la pointe estivale est à 54,9 GW le  ; le minimum de consommation, observé le dimanche , atteint 28,7 GW, c'est le creux de consommation la plus bas observé depuis 2003[y 26].

La consommation est particulièrement sensible au froid : en hiver, la consommation augmente de 2 400 MW par degré de baisse de température[y 27] ; la thermosensibilité hivernale est associée au chauffage électrique qui se répartit à 70 % pour les logements et 30 % pour le tertiaire[P 4] ; en 2013, un peu plus d'un tiers des logements français étaient chauffés à l'électricité, soit 9,8 millions de logements environ[P 5]. Ainsi, RTE estime à 5 000 MW l'augmentation de la consommation d'électricité en Europe lorsque la température baisse de 1 °C en hiver. La France représente près de la moitié de cette augmentation, avec une hausse de consommation électrique de 2 400 MW par degré Celsius en moins (contre 600 MW pour la Grande-Bretagne, 500 MW pour l'Allemagne et 300 MW pour l'Italie)[bt 2],[bt 3]. RTE précise : « la thermosensibilité n’a cessé de progresser ces dix dernières années. En effet, le gradient d’hiver a augmenté de plus de 30%, entre l’hiver 2001-2002 et l’hiver 2012-2013. Cette augmentation est principalement le fruit de la part importante du chauffage électrique dans les logements résidentiels neufs et dans le tertiaire neuf des dernières années, malgré un récent changement de tendance. Outre le chauffage, d’autres usages contribuent, dans une moindre mesure, à amplifier la part thermosensible de la consommation d’électricité, par exemple la production de l’eau chaude sanitaire, la cuisson, la production de froid. L’impact récent de la réglementation thermique sur la croissance du parc de chauffage électrique devrait modérer, dans le futur, l’accroissement de la thermosensibilité »[R 3]. La part du chauffage électrique dans les logements résidentiels neufs a chuté de 73 % en 2008 à 29 % en 2015, dont 20 % de pompes à chaleur et 9 % de chauffage électrique par effet Joule[b 4].

L'application de la norme RT2012 a pour effet :

  • de réduire la part du chauffage électrique dans les bâtiments neufs, au bénéfice des pompes à chaleur et surtout du gaz naturel ; il en résulte une moindre progression de la consommation d'électricité, mais pas forcément de la pointe de consommation, étant donné que le coefficient de performance des pompes à chaleur diminue en périodes froides ;
  • de réduire la part des ballons électriques à accumulation dans la production d'eau chaude sanitaire, en particulier au profit des chauffe-eau thermodynamiques, qui ont progressé de 140 % entre 2011 et 2013, aux dépens également des chauffe-eau solaires, en baisse de 24 % car plus coûteux et plus contraignants à installer (orientation, inclinaison du toit...)[P 6].

Économies d'énergie

La moindre progression du chauffage électrique et des chauffe-eau à accumulation ralentit la progression des consommations[P 6].

La participation de l'éclairage à la pointe de consommation devrait décroître fortement grâce au remplacement des ampoules halogènes par des ampoules plus performantes. Dans le secteur tertiaire, l'éclairage est le 3e poste de consommation, représentant 17 % de la consommation, soit 23 TWh ; les progrès sont attendus de la diffusion des technologies émergentes (LED, fluorescence) et de systèmes performants de gestion (détection de présence, variation d'intensité lumineuse en fonction de la lumière naturelle) ; selon l'ADEME, les gisements d'économie d'énergie sont considérables : jusqu'à 77 % en milieu scolaire ; des réglementations mises en place en 2012-2013 pour limiter l'éclairage nocturne des bâtiments, publicités et enseignes vont réduire les consommations[P 7].

Des potentiels d'économies considérables ont été identifiés dans le froid alimentaire : fermeture des meubles frigorifiques de vente dans la distribution, isolation, etc ; les économies d'énergie pourraient atteindre 2,2 TWh[P 8].

La directive européenne sur l'éco-conception et celle sur l'étiquetage énergétique apportent des progrès substantiels : la consommation des appareils de froid domestique a baissé de plus de 50 % entre 1993 et 2009. Le règlement sur les moteurs électriques industriels de pourrait engendrer des économies de 135 TWh/an d'ici à 2020 en Europe ; au total, les directives sur l'efficacité énergétique pourraient diminuer les consommations européennes de 13 % d'ici 2020, soit plus de 400 TWh ; RTE estime entre 16 et 22 % les économies dues à l'efficacité énergétique de 2013 à 2030[P 9].

Développement des usages de l'électricité

Les transferts entre énergies pour les usages thermiques dans le bâtiment favorisent l'électricité, à la fois grâce aux évolutions technologiques (pompes à chaleur, micro-ondes, induction, etc) et du fait des évolutions des prix : depuis 2000, pour les clients particuliers, le prix de l'électricité a augmenté de 40 % alors que ceux du gaz et du fioul ont plus que doublé ; de nouveaux usages de confort et de loisir consommateurs d'électricité se sont fortement développés ; de même, dans le tertiaire, la progression rapide des usages électriques : technologies de l'information et de la communication, systèmes de surveillance et de sécurité, appareils de santé, centres de traitement et de stockage de données[P 10].

Le développement des véhicules électriques et hybrides rechargeables pourrait avoir des profils très différents selon les hypothèses envisagées : leur part dans le parc automobile français en 2030 pourrait varier entre 3 % et 16 %. L'impact en puissance de la charge de ces véhicules représente un enjeu majeur pour la sûreté du système électrique ; le Livre vert sur les infrastructures de recharge des véhicules électriques[M 5] recommande de privilégier les recharges lentes (3,7 kW) pour les places de stationnement où les véhicules stationnent plus de 90 % du temps ; « les recharges accélérées et rapides devront être considérées comme des solutions minoritaires, voire exceptionnelles ». Un enjeux très important consiste à déplacer le rechargement en dehors des pics de consommation par des signaux tarifaires, afin d'éviter le biais naturel qui porterait les automobilistes à lancer la charge de leur véhicule dès leur retour à domicile, c'est-à-dire en pleine heure de pointe[P 11].

Au total, les transferts d'usages et les nouveaux usages d'ici à 2030 sont estimés par RTE entre 4 et 9 % de la consommation de 2013[P 11].

En 2018, RTE anticipe une stabilité de la consommation à l'horizon 2023, tandis qu'EDF anticipe une croissance modérée[132].

À l'horizon 2035, RTE prévoit une évolution stable ou en baisse dans les quatre scénarios de son bilan prévisionnel 2017[133].

Selon le scénario dit « avec mesures supplémentaires » retenu par la Stratégie nationale bas carbone, la consommation nationale d’électricité, hors pertes de réseau, est amenée à augmenter à partir du début des années 2030 jusqu'à plus de 600 TWh en 2050[134].

Dans le cadre de l'électrification des usages fossiles, le Haut-commissariat au plan prévoit que la consommation d'électricité passe de 460 TWh en 2020 à 650 à 700 TWh en 2050, soit une augmentation de 40 à 45 %. La part de l'électricité dans l'énergie finale consommée par le pays passera de 25 % en 2020 à 50 % en 2050[135].

Importations et exportations

En 2013, la France a été classée premier exportateur mondial d'électricité par l'agence internationale de l'énergie (AIE)[136].

En 2018, elle retrouvait son 1er rang avec 16,9 % des exportations mondiales[k 1] après un passage au 4e rang en 2017[137]. Puis de nouveau au 1er rang européen en 2018[138].

Marché européen de l'électricité

L'Union européenne a entrepris la construction du Marché européen de l'énergie dont le marché européen de l'électricité constitue une composante majeure ; les principales étapes de cette construction ont été :

  • libéralisation des marchés de l'électricité : Directive 96/92/CE en 1997 ;
  • deuxième paquet énergie (2003) : règlement (CE) no 1228/2003 sur les conditions d'accès au réseau pour les échanges transfrontaliers d'électricité ;
  • troisième paquet énergie (2007) : règlement (CE) no 713/2009 instituant une agence de coopération des régulateurs de l’énergie, et règlement (CE) no 714/2009 sur les conditions d’accès au réseau pour les échanges transfrontaliers d’électricité.

L'organisation ENTSO-E (European Network of Transmission System Operators for Electricity)[139], issue de la fusion de six associations régionales préexistantes, regroupe l'ensemble des opérateurs de systèmes de transport d'électricité de l'Union européenne et d'autres pays qui lui sont connectés (41 membres de 34 pays) ; la réglementation sur les échanges transfrontaliers d'électricité établie par le 3e « Paquet Énergie » voté par le Parlement Européen et mise en application depuis charge ENTSO-E de promouvoir l'achèvement et le fonctionnement du marché intérieur de l'électricité et du commerce transfrontalier et d'assurer la gestion optimale, la coordination et une saine évolution technique du réseau de transport d'électricité européen. Elle publie chaque année un recueil statistique[140] et divers rapports de prospective sur le développement des réseaux européens[141].

La France est le pays le plus thermosensible : la consommation d'électricité y augmente de 2 400 MW par degré Celsius en hiver, contre trois fois moins en Grande-Bretagne et en Allemagne, et quatre à sept fois moins en Espagne et en Italie, dont la thermosensibilité est par contre plus élevée qu'en France en été à cause de la climatisation importante des bâtiments[b 5].

Un épisode exceptionnel de prix spot négatifs s'est produit le dimanche  : la combinaison d'une demande faible et d'un excédent de production de sources peu flexibles (nucléaire français entre 5 et 8 heures du matin, éolien et solaire allemands entre 13 et 17 heures, qui ont représenté près de 60 % de la production allemande sur cette plage horaire) a fait chuter les prix à −41 €/MWh en moyenne sur la journée, et même à −200 €/MWh entre 5 et 8 heures du matin et −100 €/MWh entre 14 et 16 heures[R 4]. Depuis, ce phénomène s'est développé du fait de l'accroissement de la capacité installée éolienne : en 2020, l'Allemagne a connu près de 300 heures à prix négatifs et la France 102 heures[y 28].

L’intégration des marchés européens de l’électricité a connu une nouvelle étape en 2015 avec le couplage de l'Italie et de la Slovénie, après l’extension en 2014 du couplage par les prix aux pays de la zone North West Europe (Royaume-Uni, pays scandinaves et pays baltes) en février, puis à la péninsule ibérique en mai. Ce couplage permet de créer une zone d’échange unique, et par conséquent des zones de prix identiques lorsque les capacités d’interconnexion ne limitent pas les échanges transfrontaliers[b 6].

Interconnexions

L'accroissement des capacités des lignes d'interconnexion internationales est un enjeu majeur pour la construction du marché européen de l'énergie ; elles permettent des compensations entre les excédents transitoires ou structurels des uns et les déficits des autres. La Commission européenne encourage vivement l'accroissement de ces capacités. La capacité totale d'export de la France à la fin 2011 était de 13 GW (GW vers la Belgique l'Allemagne, 3,2 GW vers la Suisse, 2,5 GW vers l'Italie, GW vers l'Angleterre et 1,3 GW vers l'Espagne) et celle d'import de GW (GW seulement depuis la Suisse, idem depuis l'Italie et l'Espagne). Les lignes transfrontalières sont au nombre de 46, dont 17 en 400 kV.

Les projets de renforcements d'ici 2020 s'élèvent à 4 à 5 GW : +1,6 à 2,3 GW avec la Suisse, +1,2 à 1,6 GW avec l'Espagne et +1 GW avec l'Angleterre).

Espagne

La nouvelle interconnexion France-Espagne par l’est des Pyrénées entre Baixas (près de Perpignan) et Santa Llogaia (près de Figueras), liaison en courant continu de GW sur 65 km entièrement souterraine (320 kV), décidée lors du sommet franco-espagnol de Saragosse le , a été mise en service en 2015, après la fin des essais en cours depuis la fin 2014, permettant de porter la capacité physique d’export depuis la France vers l’Espagne de 1 400 à 2 800 MW. Son coût de 700 M€ est financé en partie (225 M€) par l'Union européenne[b 7]. L'inauguration de l'interconnexion en prépare la mise en service commerciale prévue en  ; les interconnexions existantes étaient saturées les deux tiers du temps entre les deux pays, surtout dans le sens de la France vers l’Espagne. EDF table, grâce à ce nouveau débouché, sur quelques dizaines de millions d'euros de marge supplémentaire par an car, en moyenne, les prix spot sont nettement plus élevés en Espagne (42,70 €/MWh en 2014) qu'en France (34,60 €/MWh). L'Espagne bénéficie en revanche de prix plus bas dans les périodes où ses quelque 30 GW de capacités installées dans le solaire et l'éolien tournent à plein[142].

La Commission européenne a annoncé le le déblocage de 578 millions d'euros pour soutenir le projet d'interconnexion électrique sous-marine entre la France et l'Espagne dans le golfe de Gascogne, qu'elle juge « hautement prioritaire ». Cette interconnexion, longue de 280 kilomètres, doit permettre de porter les capacités d'échanges entre les deux pays de 2 800 à 5 000 MW ; la mise en service est prévue en 2025[143].

Le 14 septembre 2021, RTE annonce que le ministère de la Transition écologique a validé, après trois ans de concertation avec les élus et les citoyens, le tracé de la future ligne électrique entre les postes de transformation de Cubnezais (près de Bordeaux) et de Gatika (près de Bilbao), soit environ 400 km de long, dont 300 sous la mer. RTE vise désormais une mise en service en 2027[144].

Italie

Le projet de nouvelle liaison avec l'Italie, dit « projet Savoie-Piémont », est en construction par RTE et son homologue italien Terna ; cette liaison souterraine de 190 km en courant continu augmentera la capacité d’interconnexion France-Italie de 1 200 MW. Les travaux en France ont débuté en 2014 pour une mise en service planifiée en 2019[r 3].

Royaume-Uni

RTE et son homologue britannique National Grid travaillent sur un projet de nouvelle interconnexion entre la France et l’Angleterre, la liaison IFA 2000 inaugurée en 1986 de GW s'avérant aujourd'hui insuffisante.

La liaison IFA-2, également sous-marine, mise en service le 22 janvier 2021[145], relie la Normandie à la côte sud de l'Angleterre, à hauteur de l'île de Wight ; longue de 200 km avec une puissance de 1 000 MW en courant continu[r 3], par ailleurs le projet FAB Link est à l'étude.

L’île de Jersey, déjà alimentée depuis le Cotentin par deux liaisons sous-marines 90 kV, est raccordée par une troisième alimentation 90 kV souterraine mise en service en 2014[r 4] (voir Channel Islands Electricity Grid).

Andorre

Une nouvelle liaison transfrontalière a été mise en service en 2014 avec la principauté d’Andorre reliant Hospitalet (France) à Grau-Roig (Andorre) (liaison directe 150 kV)[r 4].

Allemagne

Les interconnexions entre la France et l'Allemagne ont été saturées pendant plus de la moitié du temps en 2013, soit cinq fois plus qu'en 2009 ; en 2014, ce taux a légèrement reculé, mais reste proche de 50 % : le besoin d'un renforcement des capacités d'échange entre les deux pays est donc très net[r 5].

Irlande

Les gestionnaires de réseaux de transport français et irlandais, Réseau de transport d'électricité (RTE) et EirGrid respectivement, ont signé le un accord avec la Commission européenne : ils recevront une subvention de 530 millions d'euros pour le projet Celtic Interconnector, dont le coût total est évalué à 930 millions d'euros. Les travaux devraient démarrer en 2023, pour une mise en service en 2026 ou 2027. Le câble sous-marin, d'une longueur de 575 kilomètres entre Cork et Landerneau, aura une capacité de 700 MW[146].

Contexte

Les échanges contractuels recensés dans les bilans quantitatifs annuels publiés par RTE diffèrent des échanges physiques retracés dans les données diffusées par les ministères[M 6]. Le solde global est identique, mais des compensations peuvent être effectuées entre contrats, et une livraison d'électricité définie contractuellement entre la France et l'Allemagne peut, selon l'état du réseau, passer physiquement par la Belgique, la Suisse ou d'autres pays[b 8].

Situation actuelle
Échanges contractuels transfrontaliers d'électricité de la France en 2019
Source données : RTE[x 5].

En 2020, la France conserve sa place de premier pays exportateur d’Europe avec un solde exportateur de 43,2 TWh, en recul d'environ 13 TWh par rapport à 2019 ; les volumes commerciaux d’export diminuent de 7 % à 77,8 TWh, tandis que les volumes d’import progressent de 22 % à 34,6 TWh. Le solde des échanges est resté exportateur tous les mois sauf en septembre, mois usuellement très exportateur ; cette anomalie s’explique notamment par la forte baisse de la disponibilité du parc nucléaire. Les échanges restent très volatils tout au long de l’année, avec un solde variant 10,1 GW en import le à 23 h 30 à 16,7 GW en export le à 16 h 30. Leur sens est exportateur la plupart du temps, surtout avec l'Italie et la Grande-Bretagne, mais il devient plus souvent importateur, surtout avec l'Espagne et plus encore avec l'Allemagne et la Belgique[y 29].

Le nombre de jours importateurs est en hausse : 43 contre 25 en 2019 ; contrairement à l’année précédente, ils sont principalement répartis en été et au mois de septembre lorsque la disponibilité du parc nucléaire est réduite, tandis qu’aucune journée n’est importatrice en janvier, février ou mars, l'hiver ayant été doux. Les échanges dépendent directement des écarts de prix entre la France et ses voisins. Il est parfois plus favorable économiquement d’importer de l’électricité que d’activer des moyens de production plus coûteux sur le territoire[y 30].

Le solde des échanges avec la région CWE (Allemagne+Belgique) est presque équilibré en 2020. La France importe sur 51 % des heures de l’année, avec six mois importateurs en janvier, en juillet et à partir de septembre. Le solde diminue par rapport à 2019 mais reste cependant exportateur avec 0,7 TWh[y 31].

Le solde des échanges avec l’Espagne reste exportateur mais recule de 46 % à 5,2 TWh, du fait des conditions de marché plus favorables en 2020 en Espagne et du recul de la production nucléaire française ; en septembre, le solde mensuel est importateur à hauteur de 0,8 TWh[y 32]. Le solde des échanges avec l’Italie reste fortement exportateur : 15,2 TWh, mais en baisse par rapport aux années précédentes. L’interconnexion reste majoritairement sollicitée dans le sens export, mais le nombre d'heures importatrices augmente : 857 en 2020, soit environ 10 % du temps, contre 247 en 2019[y 33].

En 2019, la France est premier exportateur d’Europe avec un solde exportateur de 55,7 TWh ; le volume d’import est de 28,3 TWh, et celui d’export de 84 TWh ; le solde des échanges est positif tous les mois, mais reste très volatil, le solde variant de 9,3 GW en import le à 9 h à 17,4 GW en export le à 16 h, un niveau jamais atteint auparavant. Le nombre de jours importateurs est en légère hausse : 25 contre 17 en 2018, répartis surtout en hiver : janvier, novembre et décembre, lorsque les températures deviennent inférieures aux normales saisonnières[x 5].

Le solde exportateur physique a reculé de 8 % en 2019 après une hausse de 57 % en 2018. La France a en effet importé plus d’électricité pour pallier la chute des productions nucléaire et hydraulique. Les exportations physiques se sont élevées à 73 TWh contre 76 TWh en 2018, alors que les importations ont atteint 16 TWh contre 14 TWh en 2018 ; le recul du solde exportateur est observé à toutes les interconnexions frontalières sauf celles avec la Suisse ; le bénéfice net tiré du commerce extérieur d’électricité recule à 2 017 M€ (-30 %) sous l'effet conjugué de la baisse des volumes et de celle des prix à l'exportation[g 3].

Le solde avec la région CWE, après avoir été importateur en 2016 et 2017,est redevenu exportateur en 2018, du fait d'une meilleure disponibilité du parc nucléaire français, d'une production hydraulique française abondante ainsi que des nombreuses indisponibilités des centrales nucléaires belges en fin d’année[z 3]. En 2019, le solde reste exportateur, mais recule du fait d'une meilleure disponibilité des centrales nucléaires belges. Les exports sont particulièrement importants en mai (2,13 TWh) et en juin (2,23 TWh) ; en revanche, le solde est importateur les mois d’hiver (2,59 TWh en janvier), la France étant plus thermosensible que ses voisins[x 5].

Historique
Solde exportateur des échanges contractuels d'électricité de la France avec ses voisins
en TWh Belgique Allemagne Suisse Italie Espagne Royaume-Uni TOTAL
20008,315,27,415,87,914,769,4
200111,514,28,117,75,511,468,4
200210,44,221,722,18,79,176,2
200311,54,419,421,45,62,464,7
200413,0-8,720,221,45,29,360,4
200511,5-9,720,419,46,510,558,6
200615,5-5,620,517,34,39,861,8
2007[T 4]10,2-8,221,720,45,46,055,5
2008[T 5]9,0-12,618,417,82,711,346,6
2009[T 6]-2,8-11,916,418,11,53,324,6
2010[T 7]-0,9-6,719,516,2-1,63,029,5
2011[T 8]5,82,425,216,11,44,855,7
2012[T 9]12,0-8,717,515,11,86,544,2
2013[R 5]12,9-9,816,515,41,710,547,2
2014[r 6]16,6-5,916,419,33,615,165,1
2015[b 8]6,713,919,77,314,161,7
2016[e 3]-5,310,116,57,810,039,1
2017[T 1]-10,910,318,212,57,938,0
2018[x 5]6,110,618,612,012,960,2
2019[x 5]2,713,218,89,711,355,7
2020[y 34]0,713,215,25,28,843,2

À partir de 2015, il n'est plus possible de distinguer les échanges France-Belgique de ceux avec l'Allemagne, intégrés dans la « région CWE » (Central West Europe : France, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) où le couplage fonctionne depuis le avec la méthode « flow-based » qui prend en compte les capacités physiques réelles du réseau et non plus des limites contractuelles frontière par frontière[y 34].

Détail des exportations et importations contractuelles d'électricité vers/de pays voisins
en TWh Allemagne Belgique Royaume-Uni Espagne Italie Suisse Total France
Export 20109,43,98,51,917,425,566,6
Import 2010[T 10]16,14,85,53,51,26,037,1
Export 201110,87,97,74,516,927,675,4
Import 2011[T 11]8,42,12,93,10,82,419,7
Export 20125,213,98,45,815,724,573,5
Import 2012[T 9]13,91,91,94,00,67,029,3
Export 20135,315,212,35,816,923,979,4
Import 2013[R 5]15,12,31,84,11,57,432,2
Export 20147,317,415,96,519,825,592,4
Import 2014[r 6]13,20,80,82,90,59,127,3
Export 201520,115,99,320,125,991,3
Import 2015[b 8]13,41,82,00,412,029,6
Export 201610,612,713,317,717,471,7
Import 2016[e 3]15,92,75,51,27,332,6
Export 20178,711,817,118,917,774,2
Import 2017[T 1]19,63,94,60,77,436,2
Export 201818,514,716,419,117,686,3
Import 2018[x 5]12,41,84,40,57,026,1
Export 201917,414,213,919,219,384,0
Import 2019[x 5]14,72,94,20,46,128,3
Export 202015,813,213,116,319,577,8
Import 2020[y 29]15,14,47,90,96,334,6

Voici par ailleurs les échanges physiques publiés par ENTSO-E :

Détail des exportations et importations physiques d'électricité[147]
en TWh Allemagne Belgique Royaume-Uni Espagne Italie Suisse Total France
Export 20176,993,9211,1215,5613,728,9461,36
Import 20172,935,462,193,091,046,4121,12
Solde 20174,06-1,558,9312,4712,682,5340,24

NB : le tableau ci-dessus omet, pour simplifier, les échanges avec le Luxembourg (0,88 TWh d'exportations) et avec Andorre (0,09 TWh d'exportations).

Évolution du solde exportateur électricité de la France par pays
Source données : RTE[b 8]
La courbe "CWE" avant 2015 a été reconstituée en additionnant Belgique+Allemagne.

En 2011, du fait de la décision du gouvernement allemand d'arrêter 7 réacteurs nucléaires à mi-mars, après la catastrophe de Fukushima, les échanges avec l'Allemagne sont redevenus largement exportateurs : alors qu'ils étaient encore importateurs de 1,3 TWh sur le 1er trimestre, ils ont été exportateurs de 3,7 TWh sur le reste de l'année[T 8].

Mais en 2012 l'Allemagne est à nouveau devenue exportatrice : 13,9 TWh exportés vers la France contre 5,2 TWh exportés par la France vers l'Allemagne[T 9], malgré la baisse de la production nucléaire allemande ; ceci s'explique par des marges de production devenues disponibles sur d’autres moyens : la production de photovoltaïque en Allemagne a considérablement augmenté (près de 30 TWh en 2012 contre une dizaine en 2010), dégageant ainsi sur le réseau, selon l’ensoleillement, des excédents significatifs d’énergie. D’autre part, l’électricité produite par les centrales au charbon a renforcé sa compétitivité à la suite de la chute du prix du charbon, le développement du gaz de schiste ayant eu pour effet de réduire la demande de charbon aux États-Unis. En conséquence, avec des pics réguliers de production renouvelable et un parc charbon compétitif, l’Allemagne a exporté son énergie vers quasiment tous ses voisins y compris la France[T 9].

En 2014, le solde exportateur a bondi de 17,9 TWh ; c'est le plus élevé depuis 2002. Il est supérieur à GW en puissance moyenne tous les mois, y compris l'hiver, grâce à la compétitivité des prix du parc français[r 7]. Les échanges avec l'Allemagne se sont en partie rééquilibrés, avec de forts exports en juillet et août et moins d'imports pendant l'hiver ; les importations sont particulièrement élevées pendant les heures de production photovoltaïque[r 5].

Depuis 1981, la production française d'électricité est supérieure à la demande intérieure et la France est exportatrice nette d'électricité : en 2015, son solde exportateur contractuel atteint 61,7 TWh, ce qui en fait le pays le plus exportateur de l'Europe de l'Ouest[b 5]. Avec 91,3 TWh d'exports pour seulement 29,6 TWh d'imports, le solde des échanges reste très exportateur, et ce tous les mois de l'année[b 8]. La France n'a été importatrice nette que pendant 38 heures réparties sur 10 journées, mais n'a jamais été importatrice nette sur une journée entière, alors qu'en 2009 les journées comportant des heures importatrices étaient au nombre de 170, dont 60 journées globalement importatrices. Un pic historique a été atteint le de 6 h à 7 h, avec un solde exportateur de 15,6 GW dépassant de GW le précédent record atteint en , qui a été dépassé pendant plus de 48 heures depuis la mise en service de la nouvelle interconnexion avec l'Espagne et la mise en œuvre de la méthode « flow-based »[b 9].

En 2017, le solde exportateur des échanges subi un nouveau recul : c'est le plus bas depuis 2010, avec 74,2 TWh d'exports pour 36,2 TWh d'imports, donc 38,0 TWh de solde exportateur ; le solde a même été importateur de 0,95 TWh en janvier, permettant au pays de surmonter la période de grand froid, et de 0,83 TWh en novembre, la cause de cette chute étant la série d'arrêts de réacteurs pour contrôle imposée par l'Autorité de sûreté nucléaire ; par contre, un nouveau record de solde exportateur a été atteint le à 17 GW[T 1].

En 2018, la France redevient le premier pays exportateur d’Europe avec un solde exportateur de 60,2 TWh ; le volume d’import est 26,1 TWh, et celui d’export de 86,3 TWh ; le solde des échanges est positif tous les mois, et s’élève à 7,85 TWh en mai, au plus haut depuis le mois de  ; la progression des exports est liée à une hausse du prix français plus modérée que celle de ses voisins[z 4]. La ligne Baixas – Santa Llogaia (France-Espagne), mise en service en , a plus que doublé les capacités d'échanges, qui ont atteint en moyenne 2 546 MW en export et 2 190 MW en import en 2018 ; malgré ces capacités accrues, les échanges France-Espagne sont encore saturés 75 % du temps, contre 87 % en 2015, avant l'arrivée de cette ligne[z 5].

Prix de gros

En 2020, le prix spot moyen du marché de gros français est tombé à 32,2 €/MWh, en baisse de 18 % par rapport à 2019 (39,45 €/MWh), au plus bas depuis 2004. Cette baisse, générale dans toute l'Europe, s’explique par la réduction importante de la demande électrique due à la pandémie de Covid-19, par des températures supérieures aux normales de saison en début d’année, et par la chute des prix des combustibles, en particulier du gaz naturel[y 35]. Les prix ont fortement chuté de mars à mai, pendant le confinement, avec une moyenne hebdomadaire touchant un minimum à 10 €/MWh en avril et des épisodes de prix négatifs sur 102 pas horaires ; le prix français descend jusqu’à -75,8 €/MWh le lundi 13 avril, jour où la consommation est faible (lundi de Pâques) et les productions éolienne et solaire importantes en Europe. En Allemagne, les pas horaires avec des prix négatifs ont également augmenté à près de 300. A l'inverse, des niveaux de prix très élevés sont atteints en septembre, du fait d'une faible disponibilité du parc nucléaire due à la maintenance prolongée de plusieurs réacteurs nucléaires du fait de la pandémie et à des contraintes environnementales (débit des rivières trop faible) puis en décembre, à cause de la hausse de la consommation causée par les températures inférieures aux normales de saison. De plus, au cours de ces deux mois, des périodes anticycloniques réduisent fortement la production éolienne en Europe certains jours et entrainent l’apparition de pics de prix : le prix français devient supérieur à 100 €/MWh sur 25 pas horaires et atteint jusqu’à 200,04 €/MWh le lundi 21 septembre à 19h[y 28].

En 2019, le prix spot moyen du marché de gros français est retombé à 39,45 €/MWh contre 50,2 €/MWh en 2018 ; c'est son niveau le plus bas depuis 2016. Cette baisse s'observe dans toute l’Europe, à la suite du recul important des cours des combustibles (charbon et surtout gaz) et des températures assez douces en début et en fin d’année en France, qui réduisent les pics de prix sont en nombre et en intensité. Le prix le plus élevé a été atteint le , dépassant 100 €/MWh pendant sept heures et culminant à 121,5 €/MWh. A l'inverse, des prix négatifs ont été constatés sur 27 pas horaires, descendant jusqu'à −24,9 €/MWh le samedi , pendant le week-end de Pentecôte, où la consommation était faible, alors que la production éolienne était importante avec l’arrivée de la tempête Miguel. Le nombre de pas horaires avec des prix négatifs augmente également en Allemagne : 211 contre 134 en 2018[x 6].

Le prix du certificat d’émission de CO2 a connu une forte remontée : de 7,8 €/t au , il est passé à 24,2 €/t au , puis à 28,9 €/t au , avant de redescendre à 24,8 €/t au . Le charbon étant le combustible le plus émetteur (0,986 t/MWh pour les groupes charbon contre 0,352 à 0,583 t/MWh pour les différentes technologies de production gaz), cette évolution a drastiquement fait augmenter les coûts variables des centrales à charbon. Simultanément, le prix du gaz a baissé plus fortement (de 19,6 €/MWh début 2018 à 11 €/MWh fin 2019) que ceux du charbon (de 98 $/t au à 53,5 $/t fin 2019). Finalement, il en résulte une plus forte compétitivité du gaz[x 7].

En 2018, le prix spot en France est remonté à 50,2 €/MWh, contre 45,2 €/MWh en 2017. La hausse du prix français est plus modérée que celle des pays voisins, sauf l’Espagne. Les prix restent très volatils : l’Allemagne connait de nombreux épisodes de prix négatifs, lors des creux de consommation (nuit, jour férié, week-end etc.), en raison de capacités de production difficilement modulables ou fatales (éolien, solaire) ; les prix sont passés en dessous de zéro sur près de 140 pas horaires. Ces prix négatifs se sont propagés en France sur onze pas horaires dans l’année, dont sept dans la journée du 1er janvier, où le prix a baissé jusqu'à −31,8 €/MWh. A contrario, des prix très élevés ont été observés en février et en novembre, où le prix français a dépassé 150 €/MWh au cours de quatre journées, atteignant un pic de 260 €/MWh[z 6].

Les 190 responsables d'équilibre procèdent à tous types de transactions commerciales sur le marché de l’électricité à des échéances allant de plusieurs années à l’avance jusqu’au quasi-temps réel. La flexibilité offerte par ce dispositif permet aux acteurs de réagir aux différents aléas et de faire face aux incertitudes. En 2020, 152 d'entre eux ont été actifs, et le volume de leurs transactions a fortement augmenté :

  • les transactions sur le marché boursier journalier et infra-journalier augmentent de 20,6 %, atteignant 237,3 TWh en 2020 ;
  • les opérations de gré à gré (Programmes d’Échange de Blocs ou PEB) sont en hausse de 6,8 % et représentent près de 80 % du total ;
  • la demande d'ARENH atteint un volume record de 147 TWh et dépasse pour la deuxième fois consécutive le plafond fixé à 100 TWh, du fait des prix de marché à terme supérieurs

au tarif ARENH de 42 €/MWh lors de l'adjudication de fin 2019 par la Commission de régulation de l’énergie (CRE)[y 36].

Prix de détail

Le marché de détail est divisé en deux parties : le marché à tarifs réglementés, qui concerne surtout les particuliers et les petits professionnels, et le marché libre, qui s'adresse pour le moment aux entreprises, mais s'étend progressivement aux professionnels.

La construction des tarifs réglementés se fait par empilement des coûts d'amont en aval :

  • d'abord, les coûts de production, que tous les consommateurs paient ;
  • ensuite, les coûts de transport en très haute tension (400 kilovolts en Europe) ;
  • puis les coûts de transport (y compris coût des pertes) en haute tension, payés seulement par les clients raccordés à une tension inférieure à la THT ;
  • et ainsi de suite jusqu'aux clients résidentiels et professionnels raccordés en basse tension (230 V) ;
  • pour finir, on ajoute les coûts de commercialisation.

Ceci explique pourquoi les tarifs sont bien plus élevés pour les clients raccordés en basse tension que pour les industriels raccordés en haute tension, et pourquoi les prix en HT sont beaucoup plus sensibles aux variations des coûts de production : ils comprennent une part bien plus importante de coûts de production. Le tarif réglementé en basse tension se compose actuellement comme suit :

En 2012:

  • production : 40 %
  • transport et distribution : 31 %
  • impôts et redevances : 29 % (TVA, taxes locales, CSPE, CTA).

En 2018:

  • production : 36 %
  • transport et distribution : 29 %
  • impôts et redevances : 35 % (TVA, taxes locales, CSPE, CTA)[148].

Les tarifs réglementés sont calculés en fonction des coûts de l'opérateur historique EDF ; la loi NOME de 2010 prévoyait que ce calcul devrait être fait en fonction des coûts des fournisseurs alternatifs (Direct Énergie, GDF Suez, Planète Oui...), au plus tard fin 2015 ; cette modification a été appliquée dès le , avec pour résultat une hausse réduite à 2,5 % pour les particuliers au lieu de 5 % prévus initialement, et de 1,5 % en 2015 puis de 2 % en 2016, selon la Commission de régulation de l'énergie (CRE), alors que le mode de calcul précédent aurait entraîné une hausse de 6,7 % pour les particuliers cette année. Cette réduction des hausses limite les marges de manœuvre des fournisseurs alternatifs pour concurrencer EDF avec des offres de marché. Par ailleurs, le décret modifiant le mode de calcul des tarifs réglementés de l'électricité, publié le , précise que l'application du nouveau mode de calcul se fera « sous réserve de la prise en compte des coûts » d'EDF. Cette mention introduite par le Conseil d'État fait déjà l'objet d'interprétations divergentes entre le ministère et les fournisseurs[149].

Le tableau ci-dessous présente l'évolution des prix d'énergie (hors abonnement) dans les tarifs réglementés hors-taxes (TVA, TFCE, CTA, CSPE et taxes locales) pour les particuliers (tarif bleu pour clients résidentiels) de 2004 à 2013[s 1]:

Évolution des tarifs réglementés (prix d'énergie en c€ HT/kWh) pour les particuliers de 2004 à 2015
Date Option Base Option Heures Creuses
3 kVA 6 kVA >6 kVA HP* HC*
01/01/2004 9,43 7,65 7,65 7,65 4,50
15/08/2006 9,59 7,78 7,78 7,78 4,58
16/08/2007 9,70 7,87 7,87 7,87 4,63
15/08/2008 9,89 8,03 8,03 8,03 4,72
15/08/2009 7,81 7,84 8,17 8,39 5,19
15/08/2010 7,93 7,98 8,17 9,01 5,57
01/07/2011 8,06 8,12 8,31 9,16 5,67
23/07/2012 8,22 8,28 8,48 9,35 5,78
01/08/2013 8,83 9,98 6,10
01/11/2014 9,09 10,19 6,23
01/08/2015 9,32 10,43 6,38
* HP=heures pleines ; HC=heures creuses

Les statistiques ci-dessous sont tirées de la base de données d'Eurostat[111] (les petits pays ont été écartés pour améliorer la lisibilité) :

Prix de l'électricité en Europe pour les consommateurs domestiques au 1er semestre 2012.

Le graphique ci-dessus permet de constater que les consommateurs domestiques (résidentiels) français bénéficient de prix parmi les plus bas d'Europe : 9,86 c€/kWh hors taxes, largement inférieurs (de 25 %) à la moyenne de l'Union européenne : 13,16 c€/kWh ; seules la Roumanie et la Bulgarie ont des prix encore plus bas ; l'Allemagne a un prix largement supérieur à la moyenne : 14,41 c€/kWh (46 % de plus qu'en France) ; les prix les plus élevés se trouvent au Royaume-Uni (16,03 c€/kWh), en Belgique et en Italie.

Il convient cependant de préciser que les prix hors taxes sont une base de comparaison insuffisante, car les taxes sont très importantes dans certains pays, et de plus certaines de ces taxes sont directement affectées au financement des énergies renouvelables (CSPE en France, EEG-Umlage en Allemagne. Ainsi, en Allemagne en 2013, le prix moyen de l'électricité pour un ménage-type de trois personnes consommant 3 500 kWh/an atteint 28,5 c€/kWh, dont 14,37 c€/kWh de taxes, en particulier : 4,55 c€/kWh de TVA et 5,277 c€/kWh d'EEG-Umlage (contribution aux surcoûts des EnR)[150].

Évolution des prix de l'électricité en Europe pour les consommateurs domestiques 2007-2012

Le graphique ci-dessus montre l'évolution de ces prix, semestre par semestre depuis 2007 : en 4 ans et demi, ils augmentent de 13 % dans l'Union européenne, soit un peu plus vite que l'inflation ; dans la zone euro, la hausse a été un peu moins forte : +11,8 % ; en France, la hausse n'a été que de 6,7 % et en Allemagne de 12,7 %.

Prix de l'électricité en Europe pour les consommateurs industriels au 1er semestre 2012

Ce graphique permet de constater que les consommateurs industriels (500 à 2 000 MWh) français bénéficient eux aussi de prix parmi les plus bas d'Europe : 8,09 c€/kWh hors taxes, largement inférieurs (de 17 %) à la moyenne de l'Union européenne : 9,76 c€/kWh ; seuls cinq pays (Pays-Bas, Suède, Norvège, Bulgarie et Finlande) ont des prix encore plus bas, pour la plupart grâce à des ressources locales à bas coût : hydroélectricité en Norvège et Suède, gaz aux Pays-Bas et en Norvège ; l'Allemagne a un prix inférieur à la moyenne : 8,95 c€/kWh (10,6 % de plus qu'en France) ; les prix les plus élevés se trouvent en Italie (13,15 c€/kWh), en Espagne et au Royaume-Uni.

Évolution des prix de l'électricité en Europe pour les consommateurs industriels 2007-2012

Ce graphique montre l'évolution de ces prix, semestre par semestre depuis 2007 : en 4 ans et demi, ils augmentent de 15,1 % dans l'Union européenne, soit nettement plus vite que l'inflation ; dans la zone euro, la hausse a été encore plus forte : +18,1 % ; en France, la hausse a été très forte : +39 % (après élimination des fluctuations saisonnières) et en Allemagne de 0,1 % seulement. Il apparaît clairement que les fournisseurs français ont réussi à imposer un rattrapage partiel de l'écart de prix entre la France et le marché européen, centré sur l'Allemagne. Il est possible aussi que la hausse du prix moyen en France soit liée au mouvement de désindustrialisation particulièrement marqué sur cette période : les industries qui ont disparu sont peut-être celles qui bénéficiaient des prix les plus avantageux, négociés sous la pression des politiciens pour tenter de maintenir en survie les entreprises les plus fragiles.

La CRE a publié le 18/02/2013 un rapport sur le fonctionnement des marchés de détail français de l'électricité et du gaz naturel dans lequel elle annonce : « l’analyse prospective de l’évolution des tarifs réglementés de vente sur la période 2012-2017 fait apparaître que la hausse de la facture moyenne hors taxe d’un client résidentiel ou professionnel, qui atteint près de 30 % dans les projections de la CRE en euros courants (dont 10,4 % d’inflation), sera due pour plus du tiers à l’augmentation de la CSPE, laquelle s’explique pour l’essentiel par le développement des énergies renouvelables »[s 2].

Le , le Conseil d'État a annulé la hausse de tarif d', la jugeant insuffisante : alors que la CRE avait initialement estimé à 5,7 % la hausse nécessaire des tarifs pour les particuliers en 2012 et l'avait même évaluée dans un second temps à 9,6 %, le gouvernement avait ramené cette hausse à 2 % ; l'Anode, un regroupement de concurrents d'EDF comprenant Direct Énergie, avait saisi le Conseil d'État pour préjudice concurrentiel ; le Conseil d'État a constaté que les tarifs annulés étaient « manifestement inférieurs au niveau auquel ils auraient dû être fixés en application des principes s'imposant aux ministres » et « ne permettaient pas de répercuter les hausses prévisionnelles des coûts de production pour l'année 2012 » ; les factures d'électricité devront donc être réajustées rétroactivement[151].

La CRE a publié à mi- son rapport sur les tarifs réglementés de l’électricité, qui recommande une hausse de 8 % au des tarifs bleus. Cette augmentation, liée à des rattrapages tarifaires au titre des années précédentes, affecterait les tarifs pendant un an ; pour en lisser l’impact sur la facture des consommateurs, le régulateur souligne que l’effort pourrait aussi être limité à 3,5 % au , mais qu’il devrait dans ce cas être appliqué pendant deux ans[152]. La ministre de l'Énergie a décidé de limiter cette hausse à 2,5 % et d'en exonérer les petites entreprises[153].

La rapporteure publique du Conseil d'État a recommandé le l'annulation de la décision de des ministres de l'Énergie et de l'Économie fixant le tarif réglementé de vente (TRV) de l'électricité. Le conseil d'État était saisi par Engie et par l'Anode, qui regroupe des fournisseurs alternatifs (Direct Énergie, Eni...). Si le Conseil d'État, suit la préconisation de la rapporteure publique, cela ouvrira la voie à l'extinction du tarif réglementé. Engie et l'Anode soulevaient les questions de la conformité du tarif réglementé au droit européen, et de l'intérêt de son maintien par rapport aux objectifs de sécurité d'approvisionnement et de protection des consommateurs. La rapporteure publique Émilie Bokdam-Tognetti a estimé que le dispositif n'était « pas compatible » avec le droit européen, et que les requérants étaient « fondés à se prévaloir de cette incompatibilité ». L'extinction du TRV pour le gaz naturel est déjà en cours à la suite d'une procédure similaire ; une période de transition est envisagée, pour l'extinction totale en 2023[154].

Fin 2018, les représentants du Conseil, de la Commission et du Parlement européens confortent le maintien des tarifs réglementés en France (et dans trois autres pays: la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie) jusqu’en 2025[155].

Acteurs

Producteurs en France

Les principaux producteurs d'électricité en France sont les suivants.

EDF

Électricité de France (EDF), entreprise historique, est de loin le premier producteur, transporteur, distributeur et fournisseur d'électricité en France, numéro deux au Royaume-Uni et en Italie, 70e au classement Fortune Global 500 de 2014 par chiffre d'affaires, troisième groupe mondial du secteur des services publics (utilities) derrière le groupe public chinois State Grid Corporation of China et Enel[156] ; huitième capitalisation du CAC 40 au [157]. À l'échelle mondiale, EDF a produit 628 TWh d'électricité en 2011 et desservi 37,7 millions de clients ; son chiffre d'affaires a atteint 65,3 milliards d'euros, dont 43 % hors de France, et ses investissements 11,1 milliards d'euros[F 7]. EDF est en 2012 le huitième propriétaire mondial d'infrastructures[158]. EDF étend son activité au gaz, en s'appuyant sur l'expérience de sa filiale italienne Edison ; c'est actuellement le principal concurrent d'Engie dans le gaz en France, et Engie est son principal concurrent dans l'électricité.

Engie

Engie est 44e au classement Fortune Global 500 de 2014 par chiffre d'affaires, et quatrième groupe énergétique mondial derrière l'américain Glencore, le russe Gazprom et l'allemand E.ON[159] ; c'est la sixième capitalisation du CAC 40 au [157]. Sur son site web, GDF Suez se présente[160] comme « 1er groupe mondial dans le secteur des utilities », ce qui peut paraître contradictoire avec le classement de Fortune évoqué ci-dessus ; cela peut s'expliquer par le fait que les groupes concernés ont des activités hors du champ de l'énergie, qui sont prises en compte dans leur chiffre d'affaires (c'est d'ailleurs aussi le cas de GDF Suez qui distribue de l'eau par sa filiale Suez Environnement ; il affirme aussi être :

  • dans le secteur électrique : premier producteur indépendant d’électricité dans le monde ; premier producteur mondial d’électricité non nucléaire ; 118,2 GW de capacités de production électrique installées dans le monde, plus 11,8 GW en construction.
  • dans le gaz naturel : deuxième acheteur de gaz naturel en Europe, 1er opérateur de réseaux de transport et de distribution de gaz naturel en Europe et 1er vendeur de capacités de stockage de gaz en Europe ; 344 licences d’exploration et/ou de production dans 16 pays; 789 Mbep de réserves prouvées et probables ; 1er importateur de Gaz naturel liquéfié en Europe et troisième importateur dans le monde, deuxième opérateur de terminaux méthaniers en Europe.
  • Dans le secteur électrique en France, GDF Suez contrôle deux acteurs importants :

EPH

E.ON, numéro un allemand de l'électricité, rachète le à Endesa la société SNET[163] qui exploite les anciennes centrales à charbon des ex-Charbonnages de France ; E.ON France prévoit de fermer cinq centrales et de les remplacer par des cycles combinés gaz sur les mêmes sites. Le site web d'E.ON France[164] présente les chiffres clés 2011 d'E.ON en France : « Chiffre d’affaires : 1 987 M€ ; ventes d’électricité et de gaz : 13,1 TWh d’électricité et 6,9 TWh de gaz ; capacité installée : plus de 3 GW ; production d’électricité : 5,6 TWh. Fort de 4 centrales thermiques, 2 cycles combinés gaz, 6 parcs éoliens et 2 fermes solaires, E.ON est le 3e producteur d'électricité en France.[...] 3e fournisseur d'électricité et de gaz : plus de 200 clients, grossistes, grands industriels et du secteur tertiaire, sur plus de 400 sites en France ». À compter du , la séparation des activités du groupe E.On est effective et la filiale française d'E.ON s'appelle dorénavant Uniper France[165]. Fin 2018, Uniper négocie la vente de sa filiale française à l'entreprise tchèque EPH[58]. En juillet 2019, Uniper annonce la finalisation de la vente à EPH de l'ensemble de ses activités françaises[166].

Total

Total, entré sur le marché de la production d'électricité en 2018 par le rachat de Direct Énergie, issu de la fusion le de Poweo et Direct Énergie, deux entreprises de fourniture d'électricité et de gaz apparues en 2002 et 2003, à la suite de l'ouverture de ces marchés à la concurrence. En , le fondateur de Poweo, Charles Beigbeder vend sa participation à l'autrichien Verbund, le premier producteur d'électricité d'Autriche ; en Direct Énergie annonce le rachat de la participation majoritaire de l'autrichien, prélude à la fusion de 2012. Le capital de la société est détenu à 60,8 % (72,6 % des droits de vote) par François 1er Énergie, société holding détenue en majorité par Financière Lov et dirigée par Stéphane Courbit. Son site web[167] la présente comme « 1er fournisseur alternatif de gaz et électricité en France, avec plus d'un million de clients et 6,18 TWh d'électricité consommés par ces clients en 2011 ». Son parc de production comprend surtout de petites centrales hydrauliques et des éoliennes ; elle a remporté, en partenariat avec Siemens, un appel d’offres portant sur la construction d’une tranche à cycle combiné au gaz naturel d’une puissance de 422 MW à Landivisiau en Bretagne, et développe un autre projet cycle combiné au gaz à Hambach en Moselle (deux tranches de 446 MW).

Bénéficiaire depuis 2012, Direct Énergie a annoncé fin le versement de son premier dividende à hauteur de 40 % de son résultat net 2014 de 15,2 millions d'euros, obtenu grâce à la baisse des prix de marché de l’électricité, désormais inférieurs au tarif ARENH auquel EDF est tenu de céder de l’électricité à ses concurrents[168].

En 2015, Direct Énergie a passé le seuil du milliard d'euros de chiffre d'affaires, en progression de 25,5 %, a augmenté son bénéfice net de 78,7 % et revendique plus de 1,.6 million de sites clients, contre 1,3 million fin 2014, et 11,4 térawattheures livrés. L’acquisition de nouveaux clients s’est accélérée en fin d’année 2015 avec l’extinction des tarifs réglementés d’EDF pour les entreprises et les collectivités. Par ailleurs, Direct Énergie, qui se fournissait jusqu'en 2014 auprès d’EDF au tarif ARENH de 42 euros par mégawattheure (MWh), s’approvisionne en 2016 au prix de marché, qui a baissé tout au long de 2015[169].

En , Total annonce l'achat de 74 % de Direct Énergie pour 1,4 milliard d'euros. Il lance ensuite une offre de rachat du solde des actions, valorisant l'entreprise à 1,9 voire 2,5 milliards d'euros, en incluant la dette de Direct Énergie. Avec 1,5 million de clients en France et en Belgique grâce à l'acquisition de Lampiris, les 2,6 millions de clients de Direct Énergie portent Total au premier rang des concurrents d'EDF en France, derrière Engie (4 millions de clients) ; Total vise plus de 6 millions de clients en France, ce qui impliquerait de passer de 7 à 15 % de part de marché[170]. Fin 2018, Total annonce un accord pour racheter à EPH les deux centrales à gaz (828 MW) qu'il est en train de racheter à Uniper ; avec la centrale de 400 MW de Direct Énergie à Bayet (Allier) ainsi que deux centrales rachetées à Pont-sur-Sambre (Nord) et Toul (Meurthe-et-Moselle) auprès du fonds d'investissement américain KKR, pour un total de 825 MW, Total disposera de plus de GW de centrales à gaz en France, sans compter le site belge de Direct Énergie et le projet de Landivisiau, soit à peu près autant qu'Engie (2,2 GW) et EDF (2,5 GW)[171].

En , Total Eren, détenu à 23 % par Total depuis , avec option sur 100 % dans les cinq ans[172], achète Novenergia, dont l'intégration lui permettra d'augmenter de 50 % ses capacités de production d'électricité renouvelable ; Novenergia dispose de 510 MW d'éolien, 115 MW de solaire et 32 MW de petite hydraulique ; 70 % de ces activités sont au Portugal, 10 % en Italie et 5 % en France[173].

Alpiq

Alpiq Énergie France est une filiale du groupe suisse Alpiq, issu de la fusion en 2009 des groupes Atel et Électricité ouest suisse (EOS)[174]. L'entreprise possède des éoliennes et des barrages en France, et a construit un cycle combiné gaz de 420 MW à Bayet dans l'Allier, mis en service en 2011, qu'il a revendue fin 2015 au groupe Direct Energie[175]. Alpiq Énergie France s'est par ailleurs porté candidat au renouvellement des concessions hydroélectriques en France[176]. Selon son site, Alpiq France annonce qu'il dessert 500 sites industriels, leur a livré 15 TWh en 2011, possède une puissance installée de 430 MW et a fait un chiffre d'affaires de 1,053 milliards de francs suisses en 2011[177].

Autres

Certaines des environ 150 entreprises locales de distribution d'électricité et de gaz (ELD) disposent également de moyens de production propres, dont l'Usine d'électricité de Metz (UEM), société d'économie mixte créée par la ville de Metz. Sa production électrique (20 % des besoins de ses clients) est assurée par trois centrales hydrauliques situées sur la Moselle, et par une centrale thermique de cogénération chaleur-électricité, qui alimente le réseau de chaleur de la ville.

Évolution du marché

Un processus de consolidation est en cours après la prolifération des acteurs suscitée par l'ouverture du secteur électrique à la concurrence : les acteurs principaux multiplient les acquisitions de PME dans les énergies vertes. Engie rachète en 2015 le spécialiste du photovoltaïque Solairedirect, puis reprend les parts des minoritaires de deux petites sociétés dans l'éolien qu'il contrôlait déjà : Maia Eolis[178] et la Compagnie du Vent ; Direct Energie acquiert en les actifs de production en France de Quadran (363 MW en exploitation et 450 MW en développement dans le solaire, l'éolien, l'hydroélectricité et le biogaz) ; EDF EN a pris en le contrôle de Futuren avec ses 389 MW de parcs éoliens en exploitation et près de 400 MW de projets en développement. Le secteur des énergies vertes est encore très fragmenté, avec quelques belles PME potentiellement très convoitées comme Neoen (détenu par Jacques Veyrat), Voltalia (contrôlé par la famille Mulliez, du groupe Auchan), Eren RE (fondé par les ex-propriétaires d'EDF EN, Pâris Mouratoglou et David Corchia), ou encore Akuo, Albioma, etc., et une multitude de sociétés plus petites comme Urbasolar, Générale du Solaire, Epuron[179]... Les majors pétrolières, après quelques tentatives avortées dans les années 2000, recommencent à s'intéresser à ce secteur d'avenir : Shell vient d'annoncer qu'il allait investir 1 milliard de dollars par an dans les énergies propres, un an après avoir créé une division dédiée ; le groupe a déjà remporté, en , des contrats dans l'éolien en mer aux Pays-Bas (Borssele), et veut aussi investir dans l'hydrogène et les biocarburants. Le norvégien Equinor participe avec l'allemand E.ON au champ d'éoliennes en mer Arkona, un investissement de près de 700 millions d'euros, et va installer, en partenariat avec la société Masdar d'Abu Dhabi, la première ferme d'éoliennes flottantes au large de l'Écosse ; Equinor a créé une entité spécialisée dans l'éolien et le CCS (capture et stockage de CO2). Total reste le groupe pétrolier le plus avancé dans ce domaine : après avoir racheté 60 % du fabricant de panneaux solaires américain Sunpower dès 2011, pour 1,4 milliard de dollars, puis le fabricant de batteries Saft en , pour 1 milliard d'euros, son PDG Patrick Pouyanné a annoncé en 2016 que les investissements dans les énergies bas carbone atteindraient 500 millions d'euros par an, et que les activités correspondantes (solaire, biocarburants, batteries, aval gaz, CCS...) représenteraient 20 % de ses activités dans vingt ans[180].

Producteurs à l'étranger

Fournisseurs (commercialisateurs)

En , l'acquisition de Direct énergie par Total fait de ce dernier le 3e fournisseur d'électricité et de gaz en France, derrière EDF et Engie. EDF a encore une part de marché de 82 % dans l'électricité en nombre de sites résidentiels et Engie une part de 74 % dans le gaz en nombre d'abonnements résidentiels, mais EDF perd plus de 100 000 clients par mois. La Commission de régulation de l'énergie (CRE) recense 23 fournisseurs alternatifs sur le marché résidentiel en électricité et dix dans le gaz[181].

Environ 5 % de la distribution est assurée par les 150 entreprises locales de distribution d'électricité et de gaz (ELD), souvent issues de régies locales ou SICAE qui ont conservé leur indépendance lors de la création d'Électricité de France en 1946.

Au , la CRE évalue la part de marché des fournisseurs alternatifs à 27,5 % en nombre de sites et à 25,2 % des consommations pour le marché résidentiel (49,4 % pour le marché non résidentiel)[182].

En 2018, 23 sociétés de commercialisation (fournisseurs) proposent des offres aux « consommateurs résidentiels » sur le marché français au niveau national[183] et 26 aux clients professionnels[184], dont, outre les producteurs présentés plus haut :

Les régionaux :

  • Électricité de Strasbourg (fourniture uniquement sur sa zone de desserte), créée en 1899 sous le nom de Elektrizitätswerk Strassburg A.G., société anonyme cotée en Bourse depuis 1927, dont l'actionnaire principal est EDF (88,5 %) ; Électricité de Laufenbourg, actionnaire historique suisse, a cédé ses parts à EDF en 2008.
  • Alterna[185], créée le par Gaz Électricité de Grenoble et Sorégies pour fournir de l'électricité et du gaz en dehors de leur zone de desserte historique ; depuis, une vingtaine d'ELD (Entreprises Locales de Distribution) les ont rejoints.
  • Gaz Électricité de Grenoble, Société d'Économie Mixte de la Ville de Grenoble.
  • Électricité de Provence, marque du fournisseur alternatif d’électricité Hydroption, créé en 2014.

Les fournisseurs d'électricité verte, apparus après l'ouverture du marché du gaz et de l'électricité à la concurrence en 2007 :

  • Enercoop[186], société coopérative fondée en 2005 par diverses sociétés et associations dont : Biocoop, Greenpeace et La Nef, pour fournir une électricité 100 % renouvelable. C'est le seul fournisseur qui ne fait pas appel à l'ARENH (Accès Régulé à l'Électricité Nucléaire Historique).
  • Planète Oui[187], créée en 2007, propose un contrat 100 % renouvelable.
  • EkWateur, lancé en 2016, vend une électricité 100 % renouvelable et du gaz naturel d'origine renouvelable. Il propose un modèle collaboratif où les consommateurs s'impliquent dans la vie de l'entreprise[188].
  • Plüm Énergie, créé en 2016, achète ses garanties d'origines renouvelables à de petites centrales hydrauliques au fil de l'eau sur la Seine[189].

Les fournisseurs spécialisés sur le marché des professionnels :

  • HEW Énergies SA[190], filiale du groupe allemand Vattenfall, implantée en France depuis 2000.
  • Uniper
  • Edenkia
  • Iberdrola
  • Enel France, filiale du groupe italien Enel, opérateur historique de l'Italie.
  • EGL AG, succursale d'un groupe suisse
  • Enovos, société germano-luxembourgeoise

La grande distribution :

En , la société Total Énergie Gaz, filiale de Total, qui fournit déjà 22 TWh de gaz à 20 000 clients professionnels, obtient l'autorisation d'acheter de l'électricité pour revente aux clients. Elle compte profiter de la fin des tarifs jaune et vert fin 2015 pour convaincre ses clients gaz de lui confier également leur fourniture d'électricité, et se donne pour objectif d'atteindre en 2025 une part de 8 % du marché de l'électricité[194].

Gestionnaires de réseaux

  • Réseau de transport : il était jusqu'en 1997 propriété de l'État au travers d'EDF, puis géré par RTE (réseau de transport d'électricité), filiale à 100 % d'EDF.
  • Réseaux de distribution : ils sont la propriété des communes qui en concèdent la construction et l'exploitation à un gestionnaire de réseau de distribution (GRD), le plus souvent à Enedis (95 % des cas). Les communes, indépendamment ou regroupés en syndicat d'électricité, peuvent aussi gérer directement la distribution, en régies locales (au nombre de 160 environ) :

Régulateurs

Bourse de l'électricité

  • Powernext
  • EPEX SPOT, créée en 2008 par la fusion des marchés spot de l’électricité des bourses de l’énergie Powernext et European Energy Exchange (EEX) ; elle est détenue à parts égales (50 %) par les deux sociétés mère[195],[196]. EPEX SPOT SE gère les marchés spot de l’électricité pour la négociation à court-terme en France, Allemagne/Autriche et Suisse. Ensemble, ces pays totalisent un tiers de la consommation d’électricité en Europe.

Organismes de concertation

Le Comité des utilisateurs du réseau de transport, créé en 2000, regroupe tous les acteurs du système électrique, c'est-à-dire RTE, les producteurs d'électricité raccordés au réseau, les sociétés de commercialisation, les consommateurs éligibles (industriels) et les sociétés de distribution d'électricité. L'objectif de ce comité est de concerter les décisions tant techniques qu'économiques pour assurer le bon équilibre du réseau.

Syndicats patronaux

  • Union française de l'électricité (UFE)[197] : association professionnelle du secteur de l’électricité ; membre du Mouvement des entreprises de France (Medef) et d’EURELECTRIC, l’association européenne des électriciens ; regroupe, directement ou indirectement, plus de 500 entreprises qui emploient, en France, plus de 150 000 salariés, pour un chiffre d’affaires de plus de quarante milliards d'euros.
  • Association nationale des opérateurs détaillants en énergie (Anode)[198] rassemble les fournisseurs alternatifs désireux de promouvoir, ensemble, une concurrence effective sur les marchés du gaz et de l’électricité en France.
  • Exeltium[199], un consortium des industriels électro-intensifs.

Réglementation

Le cadre règlementaire a été défini par la directive européenne 2003/54/CE concernant des règles communes pour le marché intérieur de l'électricité, publiée le . Cette directive a été transposée en France par la loi no 2004-803 du relative au service public de l'électricité et du gaz et aux entreprises électriques et gazières, puis par la loi « NOME » (nouvelle organisation du marché de l’électricité) du .

Cas des Zones non interconnectées au réseau métropolitain continental (ZNI)

Ces collectivités et départements français, non interconnectés avec le réseau électrique de la France continentale, doivent produire sur place la totalité (ou la quasi-totalité) de l’énergie électrique consommée[200]. La loi française les identifie comme des « zones non interconnectées au réseau métropolitain continental » (ZNI)[201]. Le coût de production de l’électricité y est plus élevé qu'en France continentale et le coût de revient de l'électricité, dans le meilleur des cas, y est deux fois plus élevé que son prix de vente au tarif garanti par la péréquation tarifaire.

Une dérogation européenne, applicable par tous les pays concernés, prévoit la mise en place d’une organisation adaptée aux régions non interconnectées (Corse, DOM, COM pour la France, les Canaries pour l'Espagne, ou les Açores pour le Portugal)[F 8].

En France, un système compensatoire, la Contribution au service public de l'électricité (CSPE), dont le montant est proposé par la Commission de régulation de l'énergie (CRE), permet d'assurer l'équilibre économique des producteurs.

Corse, DOM (Départements d'Outremer) et COM (Collectivités d'Outremer)

EDF SEI (Systèmes Energétiques Insulaires) produit, achète, transporte et distribue de l'électricité dans les systèmes électriques isolés français suivants : la Corse, les DOM - Départements d'outre-mer (Archipel de la Guadeloupe, Guyane, Île de la Réunion, Martinique), les COM - Collectivités d'outre-mer (Saint-Pierre et Miquelon, Saint-Barthélemy, Saint-Martin).

En Corse et Outre-Mer, EDF continue d’assurer intégralement le service public de distribution de l’électricité au travers d’une direction spécifique, EDF SEI, tout en achetant à certains producteurs privés :

  • en Guadeloupe, exploitée par Albioma, « la centrale thermique biomasse du Moule fournit 31 % de l’électricité disponible sur le réseau »[202] et 7 % sont fournis par la « centrale export diesel de Jarry » (centrale thermique privée)[203],[204] ;
  • en Martinique, exploitée par Albioma, la centrale bagasse/bois de Galion 2 fournira 15 % des besoins en 2019[205],[206] ;
  • à Mayotte, c'est Électricité de Mayotte, une SEM détenue à 50,01 % par le Conseil Général de Mayotte, 24,99 % par EDF, 24,99 % par SAUR International (filiale de Bouygues) et 0,01 % par l’État, qui assure ces mêmes services[s 3].

Polynésie Française et Nouvelle-Calédonie

Dans ces zones, des concessions sont délivrées par les collectivités pour assurer l'achat, la vente, la production, le transport et la distribution de l'électricité.

Ainsi, la société privée Électricité de Tahiti (filiale de GDF Suez) pour Tahiti et dix-neuf autres îles de la Polynésie française, ou Enercal (une SEM dont la Nouvelle-Calédonie détient 54,42 %, Eramet 16,3 %, EDF 15,98 % et GDF-Suez 10,79 %) en Nouvelle-Calédonie assurent ces missions dans ces territoires[réf. nécessaire].

Programmation pluriannuelle de l'énergie

La Programmation pluriannuelle des investissements de production d’électricité (PPI) est prévue par l’article 6 de la loi du relative à la modernisation et au développement du service public de l’électricité. La PPI 2009 - 2020 a fait l'objet d'un rapport au Parlement[M 1]. Le débat au Parlement a débouché sur un arrêté[65] qui fixait les objectifs suivants :

  • développement de la production électrique à partir d’énergies renouvelables :
    • solaire : 1 100 MW fin 2012, 5 400 MW fin 2020 ;
    • biomasse : 520 MW de plus pour fin 2012 et 2 300 MW pour fin 2020 ;
    • énergies éoliennes et marines : 11 500 MW fin 2012 et 25 000 fin 2020, dont 19 000 terrestres et 6 000 marines ;
    • hydroélectricité : accroissement de 3 000 MW (production annuelle : TWh) d'ici fin 2020.
  • nucléaire : un premier réacteur de troisième génération à l’horizon 2012 et un deuxième à l’horizon 2017, sur des sites nucléaires existants.
  • production d’électricité à partir d’énergies fossiles : moderniser le parc en vue d’en réduire les impacts environnementaux :
    • charbon : réduire le parc de 6 900 MW à 3 300 MW d’ici à 2016, par le déclassement des installations les plus polluantes ;
    • aucune nouvelle installation de production d’électricité à partir de charbon ne sera autorisée en métropole si elle ne s’inscrit pas dans une logique complète de démonstration du captage, transport et stockage du dioxyde de carbone ;
    • gaz : le parc centralisé de production d’électricité à partir de gaz naturel sera développé.
  • cogénération : développer la cogénération à partir de sources d’énergie renouvelables, notamment la biomasse.

La PPI a été remplacée en 2015 par la PPE (Programmation pluriannuelle de l'énergie), qui fusionne les PPI de l'électricité, du gaz et de la chaleur ; la PPE est instituée par la Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte. La première PPE a été approuvée en 2016 par décret. Elle est révisée en 2018, puis tous les cinq ans.

Le projet de PPE 2019-2023 a été publié le . Il prévoit une forte réduction des consommations finales d'énergie : -14 % en 2028 par rapport à 2012 pour tendre vers la neutralité carbone en 2050 ; il mise pour y parvenir sur la rénovation énergétique et le développement des véhicules « zéro émission ». Il détaille le calendrier des appels d'offres pour développer les énergies renouvelables, avec un objectif de 40 % en 2030. Il prévoit 14 fermetures de réacteurs d'ici 2035 pour réduire la part du nucléaire à 50 % de la production d'électricité ; mais les fermetures d'ici 2028 sont conditionnées au respect du critère de sécurité d'approvisionnement et à des critères sur l'évolution du marché européen[207],[27].

Pour les énergies renouvelables, l'objectif 2030 est fixé à 40 % de la production d'électricité, 38 % de la consommation de chaleur, 15 % de celle de carburants et 10 % de la consommation de gaz. L'accélération la plus forte concerne le solaire, dont la production doit être multipliée par cinq en dix ans ; l'éolien terrestre doit tripler sa taille ; l'éolien en mer devra atteindre 5,2 GW en 2028. Les aides aux renouvelables passeront de 5 milliards d'euros par an à 7 à 8 milliards ; le président a insisté sur les prix : « nous concentrons nos efforts sur le développement des énergies renouvelables les plus compétitives et, parce que nous veillons au pouvoir d'achat des Français, nous serons exigeants avec les professionnels sur la baisse des coûts » ; il annonce en particulier des plafonds de prix sur le biogaz, dont il juge les prix élevés[208].

Horizon 2050

Au-delà de l'échéance de 2035, fixée par la PPE pour la réalisation de l'objectif de réduction de la part du nucléaire à 50 %, le pays devra décider rapidement s'il souhaite investir dans de nouvelles capacités de production nucléaire, ou bien viser 100 % d'énergies renouvelables en 2050. Le gouvernement a reporté cette décision au prochain quinquennat et demandé à l'Agence internationale de l'énergie (AIE), ainsi qu'au gestionnaire de réseau de transport d'électricité RTE, de se pencher sur ces deux scénarios. Le directeur de l'AIE, Fatih Birol, défend la première option : « Dans le monde et en France, des discussions ont lieu : est-ce que nous devons miser sur les énergies renouvelables ou le nucléaire ? A mon avis, la réponse en France doit être les deux ». Selon lui, trois technologies ont déjà fait leurs preuves dans la lutte contre le changement climatique : les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique et l'énergie nucléaire.« J'applaudis l'effort de la France qui cherche agressivement à développer les énergies renouvelables. Mais je pense aussi que le nucléaire constitue un atout majeur pour l'économie française ». Le nucléaire est l'une des filières françaises qui s'exportent dans le monde ; un pays qui cherche à importer des technologies nucléaires serait moins enclin à acheter des technologies d'un pays qui abandonne sa propre filière. « Si les gouvernements ne prennent aucune mesure, dans cinq ans, la Chine sera la première puissance nucléaire dans le monde, dépassant la France et les États-Unis ». Fatih Birol approuve le gouvernement de prévoir des mécanismes hors marché (prix plancher garanti) pour financer la production d'électricité nucléaire. Il critique les pays qui, comme l'Allemagne, ont décidé d'abandonner l'énergie nucléaire au terme d'un « débat malsain » ; pour lui, « le défi du changement climatique est tellement immense que nous ne pouvons nous permettre d'exclure des technologies bas carbone »[209].

Un rapport, publié le 27 janvier 2021 par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et le gestionnaire du réseau de transport d'électricité français RTE, conclut que le réseau électrique français pourrait supporter un mix électrique composé quasiment à 100 % d'énergies renouvelables en 2050, au prix d'un effort massif pour développer les technologies nécessaires. Pour y parvenir, quatre défis devront être relevés : compenser la variabilité de la production renouvelable, assurer une fréquence stable sur le réseau en dépit de l'absence de rotors électriques traditionnels, accroître les réserves pour faire face aux difficultés éventuelles et étendre de façon majeure les réseaux de transport d'électricité sur le territoire. Des solutions techniques existent, parfois en laboratoire et parfois grandeur nature, dans certains pays mais la difficulté consiste à les faire passer à l'échelle, toutes en même temps, dans un pays de la taille de la France. A l'horizon 2050, il faudrait construire entre 40 et 60 GW de capacités d'effacement de consommation, d'interconnexions avec d'autres pays, de stockage d'électricité ou de production pilotable décarbonée, comme des centrales à hydrogène, soit presque l'équivalent du parc nucléaire français actuel. Selon le président de l'AIE, Fatih Birol : « Fermer les centrales nucléaires françaises serait une erreur. L'énergie nucléaire est un atout national pour la France. L'objectif d'atteindre zéro émissions à 2050 est un défi herculéen. Nous n'avons pas le luxe de nous priver de l'une ou l'autre des énergies propres. Pour la France, le nucléaire et les énergies renouvelables sont complémentaires. D'autres pays comme les États-Unis vont développer les énergies renouvelables et aussi relancer leur production d'électricité nucléaire »[210].

Recherche

Petits réacteurs modulaires

La DCNS (Naval Group depuis 2017) développe depuis 2008, en partenariat avec Areva, le CEA et EDF, le projet Flexblue, un concept de petite centrale nucléaire (50 à 250 MWe) immergée. Plus récemment, une version terrestre de 150 MW, plus petite (25 × 4,6 m), est envisagée[211].

Réacteurs nucléaires de quatrième génération

Des recherches sont en cours sur les réacteurs de quatrième génération : six filières sont à l’étude au sein du Forum International Génération IV (Union européenne, États-Unis, Canada, Brésil, Argentine, Afrique du Sud, Japon et Corée du Sud), dont les réacteurs pourraient entrer en service à l’horizon 2030 :

Ces réacteurs sont conçus pour utiliser le potentiel énergétique du plutonium (et éventuellement d'autres produits de fission) produit par les réacteurs des générations précédentes, bouclant ainsi le cycle du combustible nucléaire et augmentant considérablement le potentiel global du nucléaire.

En outre, des projets de réacteurs sous-critiques (hybrides réacteur nucléaire piloté par accélérateur ou Rubbiatron) sont en cours, éventuellement consacrés à la transmutation.

Réacteur rapide refroidi au sodium
Réacteur rapide à caloporteur sodium.

A posteriori, on peut classer les réacteurs Phénix et Superphénix comme prototypes de réacteurs de génération IV. ASTRID, leur successeur et nouveau prototype de 600 MWe du CEA, devait être construit sur le Site nucléaire de Marcoule à partir de 2020[212], mais est abandonné en 2019 et remis « à la deuxième moitié du siècle »[213].

Fusion nucléaire

Maquette de ITER.

ITER[214], en français « réacteur thermonucléaire expérimental international », est un projet international de machine expérimentale de type tokamak visant à montrer la faisabilité d'un réacteur nucléaire utilisant le principe de la fusion. Faisant suite à plusieurs étapes préliminaires, il vise à produire une puissance de 500 MW à partir d'une alimentation externe de 50 MW. Il est financé par 34 nations, dont l'Union européenne, les États-Unis, la Chine, la Russie, le Japon et la Corée du Sud. Il est actuellement en construction à proximité de Cadarache (France). Le projet a subi des retards (premier plasma désormais annoncé pour ) et une explosion de son coût (le projet, d’abord estimé à 5 milliards d’euros, approche désormais les 15 milliards)[215].

Un projet alternatif vise à tester la possibilité d'utiliser un laser pour retirer de l'énergie utile de la fusion nucléaire, baptisé HIPER (High Power Laser Energy Research)[216].

Géothermie

En 2008, le programme européen de géothermie profonde en place à Soultz-sous-Forêts prend fin, laissant une plate forme qui parallèlement à sa fonction de production peut devenir un lieu de recherche (acquisition et valorisation des données acquise durant le fonctionnement de ce prototype ; étude des mécanismes de création et maintien d'échangeurs thermiques profonds, qualification des équipements). La France vise la création pour 2015 de pilotes faisant suite à ce prototype scientifique pour significativement valoriser cette énergie vers 2030.

Solaire

Un Commissariat à l'énergie solaire a été créé en 1978 et a depuis fusionné avec l'ADEME.

Le solaire photovoltaïque souffre d'un coût des panneaux solaires photovoltaïques encore relativement élevé, mais il a nettement baissé au cours des 15 dernières années. Les recherches sur différents axes (techniques moins chères grâce aux couches minces, cellules aux rendements plus élevés...) permettent d'espérer des améliorations sensibles.

Le Solaire thermodynamique est en plein développement (les États-Unis et l'Espagne étant pionniers) et semble très prometteuse à court terme dans les zones très ensoleillées. En Espagne, un modèle standardisé de centrale à miroirs cylindro-paraboliques de 50 MW a été développé à grande échelle : en , on dénombre déjà 39 centrales connectées (1 781 MW, 4 670 GWh/an) qui évitent l'émission de Mt/an de CO2, et 13 centrales en construction pour 573 MW et 1 620 GWh/an[217]. Cette technologie est utilisée pour la construction de la centrale de Solana, la plus grande centrale solaire au monde, située dans l'Arizona et dont la mise en service a eu lieu en  ; sa puissance est de 280 MW et son coût est estimé à deux milliards de dollars[218], soit 7 140 $/kW, ce qui est encore nettement supérieur au coût des centrales nucléaires, même la plus coûteuse : l'EPR (5 300 €/kW), qui a par ailleurs un coefficient facteur de charge (ratio production/puissance) au moins trois fois plus élevé.

La centrale solaire Thémis a été active de 1983 à 1986, fermée par le gouvernement Chirac faute de rentabilité, elle a été réhabilitée à partir de 2005 pour produire de l’électricité et participer à la recherche dans le domaine des nouvelles technologies de l'énergie solaire.

Le Four solaire d'Odeillo, un laboratoire d'MW, est encore en activité.

Éolien

Pour l'éolien, la recherche vise à réduire les coûts et anticiper les déploiements, ainsi que de nouveaux concepts (petites éoliennes, éoliennes horizontales, éoliennes flottantes, utilisation optimale du vent par une nouvelle aérodynamique…)[219].

Hydroélectricité

La grande hydroélectricité est déjà développée en France ; ses impacts environnementaux (fragmentation écologique des cours d’eau, perturbation de la faune piscicole) pourraient être réduits (suivi et anticipation des débits et ressources, suivi et gestion des sédiments). L'énergie pourrait être couplée avec d’autres (éolien ou solaire, incluant des systèmes hybrides de production ou utilisation de l’hydrogène).

Énergies marines

Plusieurs techniques utilisant les énergies marines sont en cours de développement.

L'hydrolienne

C'est turbine sous-marine (ou subaquatique, ou posée sur l'eau et à demi-immergée) utilisant l'énergie cinétique des courants marins ou de cours d'eau, comme une éolienne utilise l'énergie cinétique de l'air. Les hydroliennes sont beaucoup plus petites que les éoliennes pour une même puissance, car la masse volumique de l'eau est environ 800 fois celle de l'air. Les courants marins sont prévisibles (notamment en consultant les éphémérides), on peut donc estimer avec assez de précision la production d'électricité. Les potentiels des courants marins sont très importants, EDF estime que la France concentre à elle seule 20 % du potentiel hydrolien européen, c'est-à-dire 3 000 MW.

Des travaux de recherche menés par EDF en partenariat avec l’Institut polytechnique de Grenoble depuis 2006 ont permis de développer un concept innovant d’hydrolienne carénée à axe de rotation vertical baptisé Harvest, dont les rendements sont très prometteurs (en test à Pont-de-Claix, sur un canal EDF).

EDF teste sa première hydrolienne, conçue par la société irlandaise OpenHydro et assemblée à Brest en Bretagne par les équipes de DCNS, au large de Paimpol Bréhat ; le projet du parc hydrolien EDF de Paimpol-Bréhat sera composé de quatre hydroliennes de 16 m de diamètre chacune, dont un rotor de 12 mètres, d'une puissance unitaire de 500 kW[F 2].

SABELLA, une PME quimpéroise, a immergé la première hydrolienne sous-marine française (10 kW) en 2008 à Bénodet, et construit actuellement une machine à échelle 1 de MW (10 m de diamètre) qui sera installée dans le Passage du Fromveur à côté d'Ouessant fin 2013[220].

D'autres projets de plus petite taille sont en cours : la PME Hydro-Gen Water Power commercialise par exemple des hydroliennes flottantes de 10 kW[221]. En , le gouvernement a annoncé un plan d'action en faveur de l'implantation d'usines hydroliennes sur les côtes françaises et le lancement d'un appel d'offres pour des zones d'exploitation dans le Raz Blanchard et le Passage du Fromveur. GDF Suez et sa filiale Eole Generation souhaitent, dès maintenant, obtenir les autorisations pour l'installation d'un parc pilote de trois à six turbines pour une puissance de 3 à 12 MW. Le choix de la machine s'est porté sur deux technologies : l'hydrolienne SABELLA, et l'hydrolienne HyTide de Voith Hydro (coentreprise entre les groupes allemands Voith et Siemens). À terme, si la viabilité technique et économique du site est confirmée, GDF Suez envisage un parc d'une centaine de machines[222].

L’énergie des vagues - houlomoteur

Les houlo-générateurs sont des convertisseurs qui transforment l’énergie de la houle en énergie électrique injectable sur le réseau. Sur la façade atlantique française, la puissance moyenne transmise par les vagues peut atteindre 45 kW par mètre de ligne de côte. Des prototypes Searev, pour récupérer l'énergie des vagues, sont testés depuis 2003. EDF Énergies Nouvelles a déterminé le site d’implantation de son projet pilote de machine houlomotrice au large de l’île de la Réunion. Le projet soutenu par l’État et la Région dans le cadre du plan de relance devrait permettre d’obtenir dès 2013-2014 un premier retour d’expérience sur le type de technologie retenu (bouée pilonnante), l’efficacité globale du dispositif et son innocuité environnementale[F 2].

L'Énergie thermique des mers (ETM)

C'est l'énergie maréthermique produite en exploitant la différence de température entre les eaux superficielles et les eaux profondes des océans : les premiers tests ont été développés à partir de 1974 à Hawaï par le laboratoire de l’énergie thermique des mers d’Hawaï (NELHA).

En France, la Région Réunion, DCNS et l'université de La Réunion ont signé le une convention tripartite pour engager un partenariat de recherche sur l'énergie thermique des mers, via le prototype à terre livré en février dernier par DCNS à la collectivité locale[223].

Stockage de l’énergie et réseaux intelligents

Le stockage de l'énergie est un enjeu majeur de la politique énergétique dans les prochaines décennies.

Ce stockage conditionne le développement de certaines sources d'énergies, notamment renouvelables, car elles sont très fluctuantes (vent, soleil).

Le seul moyen de stockage utilisé à grande échelle pour lisser les pointes de consommation est le stockage d'eau par les barrages, en particulier les systèmes de pompage-turbinage (STEP), qui ont couramment des puissances unitaires de 1 000 MW et des capacités de stockage de quelques GWh à plusieurs dizaines de GWh ; les temps de décharge/recharge vont de quelques heures à quelques dizaines d'heures. Les dispositifs de stockage d'énergie à air comprimé (CAES) qui n'existe qu'à l'état de démonstrateur pourraient atteindre des puissances de quelques centaines de MW et des capacités allant jusqu'au GWh. Les batteries sont plutôt adaptées aux stockages de petite taille, au niveau local. La régulation des irrégularités saisonnières (solaire) ne pourra guère être traitée que par des systèmes « power to gas » (production d'hydrogène par électrolyse de l'eau, suivie ou non de sa transformation en méthane)[P 12].

L'optimisation de la gestion des réseaux de transport et distribution d’énergie (smart grid) permettrait aussi de diminuer les pointes de consommation en décalant une partie des consommations. RTE développe des dispositifs d'effacement contractuel à la pointe[P 13].

Notes et références

Notes

  1. Classement parmi les dix premiers producteurs ; en-dehors de ces dix pays, d'autres, plus petits, ont des parts d'éolien plus élevées, en particulier le Danemark (cf. Énergie éolienne au Danemark).
  2. Production nette = production brute - consommations propres de la centrale, autrement dit : énergie livrée au réseau.
  3. seuls les totaux de 2015 à 2019 excluent les parts non renouvelables de l'hydraulique et des bioénergies.
  4. part des énergies renouvelables dans la consommation d'électricité (et non dans la production, qui est plus élevée en France, car le solde des échanges internationaux est largement exportateur) ; méthodologie de calcul de la directive européenne 2009/28/CE : hydro diminué de 70 % de la consommation du pompage et bioénergies diminuées de la part non renouvelable (50 %) des ordures ménagères.
  5. Pourcentage du temps où la centrale est disponible pour fonctionner ; les périodes d'indisponibilité comprennent les arrêts programmés, pour entretien ou renouvellement des combustibles, et les arrêts non programmés (incidents).
  6. Les turbines à combustion fonctionnent à partir de gaz, ou de pétrole, et admettent de l'air comme comburant. Leur démarrage est très rapide, pouvant s'effectuer en moins de 20 min - Voir Centrale de Porcheville.
  7. 6,6 TWh avec la part considérée comme non renouvelable de la production à partir de déchets ménagers.
  8. Sans prise en compte des émissions de CO2 dues à l'autoconsommation (estimées à 2,8 Mt en 2019), qui sont comptabilisées dans le bilan des sites industriels concernés.
  9. pour pouvoir comparer des coûts d'années différentes (ou les additionner), il convient de les corriger de la dépréciation monétaire : tous les cumuls de coûts cités dans ce rapport sont ramenés en euros 2010 en les corrigeant de l'inflation.
  10. 3 722,5 M€ sur 6 185,7 M€ = 60,2 % ; 10,4 % x 60,2 % = 6,3 %.
  11. France métropolitaine + Corse, avant déduction des pertes en ligne.
  12. hors secteur de l’énergie et y compris autoconsommation

Références

  1. p. 33
  2. p. 19
  3. p. 21
  4. p. 23
  5. p. 25
  6. p. 60-69

Commission de régulation de l'énergie (CRE)

  • autres documents de la CRE :

Ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES, ex-MEEM)

  1. p. 52
  2. p. 30
  3. p. 42.
  • MEEM, autres documents :

Électricité de France (EDF)

  1. p. 56.
  2. p. 54.
  3. p. 48.
  • autres documents d'EDF :

Réseau de Transport d'Électricité (RTE)

  1. p. 23-24
  2. p. 24
  3. p. 44
  4. p. 26
  5. p. 30
  6. p. 31
  7. p. 25
  8. p. 36
  9. p. 62
  10. p. 63
  11. p. 64-65
  12. p. 67
  13. p. 59
  14. p. 168
  15. p. 170-172
  16. p. 175-176
  17. p. 90
  18. p. 93
  19. p. 96-97
  20. p. 98
  21. p. 5
  22. p. 3
  23. p. 6
  24. p. 7
  25. p. 9-13
  26. p. 16
  27. p. 19
  28. p. 137-139
  29. p. 142-144
  30. p. 146
  31. p. 148
  32. p. 150
  33. p. 152
  34. p. 147-155
  35. p. 135
  36. p. 159-160
  1. Production
  2. Production renouv.
  3. CO2
  4. Méc.capacité
  5. Échanges
  6. Prix
  7. Production thermique.
  1. p. 4.
  2. p. 29-30
  3. p. 112-113.
  4. p. 107.
  5. p. 114-116.
  6. p. 99-100.
  1. Production
  2. CO2
  3. Marchés
  1. p. 18.
  2. p. 13.
  3. p. 51.
  4. p. 11.
  5. p. 60.
  6. p. 31.
  7. p. 52.
  8. p. 32.
  9. p. 33.
  1. p. 21.
  2. p. 20.
  3. p. 51.
  4. p. 48.
  5. p. 35.
  6. p. 33.
  7. p. 34.
  1. p. 72.
  2. p. 75.
  3. p. 76.
  4. p. 79.
  5. p. 80.
  1. p. 44.
  2. p. 2.
  3. p. 11-12.
  4. p. 31.
  5. p. 32.
  1. p. 115-116.
  2. p. 119-120.
  3. p. 40.
  4. p. 35.
  5. p. 36.
  6. p. 45.
  7. p. 48.
  8. p. 49.
  9. p. 50.
  10. p. 51.
  11. p. 53.
  12. p. 61-62.
  13. p. 63-64.
  • RTE, autres rapports :
  1. RTE, Bilan électrique 2017 (chapitres "Marché" et "Production"), 15 février 2018.
  2. Accueil de la production hydrolienne, janvier 2013.
  3. Pertes sur le Réseau Public de Transport, RTE, 2012.
  4. Résultats techniques du secteur électrique, RTE, section 4 « évolution du marché d'électricité », « évolution par pays », 2007. Voir aussi le tableau correspondant pour les autres années: 2000-2007.
  5. RTE - Bilan électrique 2008.
  6. RTE - Bilan électrique 2009.
  7. RTE - Bilan électrique 2010.
  8. RTE - Bilan électrique 2011, janvier 2012 [PDF].
  9. RTE - Bilan électrique 2012 (pages 3 et 28), .
  10. Le bilan électrique français 2010, RTE, Dossier de presse, 20 janvier 2011, p.  18.
  11. Le bilan électrique français 2011, RTE, Dossier de presse, 19 janvier 2012, p.  40.
  • RTE, bases de données :
  • RTE, blog :

Cour des Comptes

  1. p. 1.
  2. p. 24.
  3. p. 30.
  4. p. 27.
  5. p. 51.
  6. p. 58.
  7. p. 114.
  8. p. 131.
  9. p. 160.
  10. p. 225.
  11. p. 280.
  12. p. 283.
  1. p. 1.
  2. p. 36.
  3. p. 25.
  4. p. 33.
  5. p. 34.
  6. p. 35.
  7. p. 37.
  8. p. 52.
  9. p. 61.

Autres références

  1. (en)Nuclear share figures, 2007-2019, Association nucléaire mondiale, mis à jour en septembre 2020.
  2. en Electricity : France, EIA.
  3. (en) Country nuclear power profiles. France, AIEA, mis à jour en 2019 (consulté le 9 janvier 2020).
  4. « Délibération de la CRE du 15 juillet 2020 relative à l’évaluation des charges de service public de l’énergie pour 2021 », sur Commission de régulation de l'énergie (consulté le ).
  5. « Accès régulé à l'électricité nucléaire historique », sur Commission de régulation de l'énergie (consulté le )
  6. « EDF révise son estimation annuelle de production d'électricité nucléaire », sur EDF France, (consulté le ).
  7. Énergies renouvelables : 26,9% de la consommation d’électricité couverte en France métropolitaine en 2020, RTE, 23 février 2021.
  8. Électricité : le déploiement des énergies renouvelables prend du retard, Les Échos, 11 janvier 2021.
  9. réponse à la consultation sur l’évolution des mécanismes de soutien (voir p. 8-9), site EnR du SER (consulté le 7 mai 2014).
  10. Le système électrique français sous tension jusqu'en 2020, Les Échos, 16 novembre 2018.
  11. Prévisions de l’équilibre offre-demande d’électricité jusqu’en 2020 : la France retrouve des marges de sécurité, RTE, 25 septembre 2015.
  12. « Nucléaire : l’EPR de Flamanville connaît de nouveaux retards et ne pourra pas démarrer avant 2022 », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  13. Nucléaire : nouveau coup dur pour l'EPR de Flamanville, Les Échos, 20 juin 2019.
  14. EPR : quelles seront les conséquences du nouveau retard ?, Les Échos, 21 juin 2019.
  15. Le réseau électrique français sera sous tension en 2022 et 2023, Les Échos, 20 novembre 2019.
  16. Les hivers s'annoncent menaçants pour le réseau électrique, Les Échos, 24 mars 2021.
  17. « Bilan prévisionnel de l’équilibre offre-demande d’électricité en France » [PDF], sur RTE,
  18. Base de données PRIS de l’AIEA, France, IAEA, 5 mai 2020.
  19. François Poizat, Retour d’expérience des centrales informatisées, Techniques de l'ingénieur (réf. BN3430 v1) (présentation en ligne, lire en ligne), p. 2, « Glossaire des sigles » :
    « Le programme nucléaire français de février 1974 prévoyait deux filières à eau légère, pressurisée (CP1) et bouillante (CP2). Cette dernière option a été rapidement abandonnée et les six tranches antérieures ont été baptisées, a posteriori, « CP0 ». »
  20. Le financement est-il devenu une limite au développement d’un projet nucléaire ?, energie.sia-partners.com, 5 septembre 2017.
  21. EDF : la mise en service de l'EPR de Flamanville retardée d'un an, Les Échos, 25 juillet 2018.
  22. Nucléaire : EDF confronté à de nouveaux travaux sur l'EPR de Flamanville, Les Échos, 11 avril 2019.
  23. Flamanville : EDF acte le report de la mise en service de l'EPR à fin 2022, Les Échos, 26 juillet 2019.
  24. EDF ne veut pas fermer d'autre réacteur avant 2029, Les Échos, 30 janvier 2018.
  25. Les coûts de production du nouveau nucléaire français, SFEN, mars 2018.
  26. Nucléaire : le rapport qui gênait Nicolas Hulot, Les Échos, 30 août 2018.
  27. Nucléaire : le virage à pas comptés d'Emmanuel Macron, Les Échos, 27 novembre 2018.
  28. Le plan d'Emmanuel Macron pour le nucléaire, L'Est républicain, 27 novembre 2018.
  29. EDF dévoile la liste des 14 réacteurs nucléaires appelés à fermer d'ici 2035, Les Échos, 21 janvier 2020.
  30. La Normandie, candidate à l'installation d'un EPR sur le site nucléaire de Penly, France 3-régions, .
  31. La Normandie en bonne place pour accueillir deux nouveaux réacteurs EPR, tendanceouest.com, .
  32. Nucléaire : EDF choisit le site de Penly pour construire deux EPR, Le Monde, 18 décembre 2020.
  33. Sharon Wajsbrot, Nucléaire : EDF accélère sur les nouveaux EPR malgré les doutes du gouvernement, Les Échos, 5 février 2021.
  34. Nucléaire : EDF a remis sa copie sur son projet de nouveaux EPR en France, Les Échos, 6 mai 2021.
  35. China Overtook France in Nuclear Power Generation, World Nuclear Industry Status Report, 10 juin 2021
  36. Nucléaire : la production d'EDF face au défi des grands travaux, Les Échos, 17 janvier 2019.
  37. Nucléaire : la production d’EDF au plus bas depuis 1999, Les Échos, 16 février 2018.
  38. Nucléaire : la mauvaise cuvée 2016, Les Échos, 3 février 2017.
  39. EDF fait de plus en plus varier sa production nucléaire, sur lesechos.fr du 19 février 2016.
  40. Rapport de l’IRSN sur la définition d’un noyau dur post-Fukushima pour les REP d’EDF : objectifs, contenu et exigences associées, IRSN (consulté le 19 février 2014).
  41. L'ASN fixe à EDF des exigences complémentaires pour la mise en place du « noyau dur », ASN (consulté le 19 février 2014).
  42. Nucléaire : l'étonnant calendrier de la prolongation des réacteurs, Les Échos, 17 septembre 2018.
  43. Véronique Le Billon, Nucléaire : Tricastin engage ses travaux post-40 ans, Les Échos, 30 juin 2019.
  44. Le gendarme du nucléaire fixe le cadre de la prolongation des réacteurs les plus âgés, Les Échos, .
  45. Nucléaire : les plus vieux réacteurs français prolongés de quarante à cinquante ans, Les Échos, .
  46. Areva et EDF engagent la première étape du sauvetage du groupe nucléaire, Les Échos, 30 juillet 2015.
  47. EDF: Accords définitifs signés sur le rachat de 75,5% de New NP (Areva), Capital, 22 décembre 2017.
  48. EPR : même sans commandes, Framatome est déjà au travail, Les Échos, 10 juillet 2020.
  49. Les sites d'E-ON en France, E-ON France.
  50. Les vieilles centrales au charbon mises au placard, Les Échos, 9 novembre 2014.
  51. EDF en passe de fermer la moitié de ses centrales thermiques, Les Échos, 18 février 2016.
  52. EDF anticipe la fermeture de ses centrales au fioul, Les Échos, 3 mai 2017.
  53. A Cordemais, EDF met de la biomasse dans son charbon, Les Échos, 24 mars 2016.
  54. Les six champs d’action prioritaires pour atteindre la neutralité carbone, Les Échos, 6 juillet 2017.
  55. La centrale à charbon de Cordemais pourra fonctionner au-delà de 2022, Capital, 11 janvier 2019.
  56. A Cordemais, la longue route d'EDF du charbon vers la biomasse, Les Échos, 4 avril 2019.
  57. Charbon : l'allemand Uniper veut négocier pour fermer ses deux centrales françaises, Les Échos, 7 août 2018.
  58. Daniel Kretinsky fait son entrée sur le marché de l’énergie en France, Les Échos, 24 décembre 2018.
  59. Daniel Kretinsky prend pied dans l'énergie en France, Les Échos, 4 juillet 2019.
  60. EDF a arrêté sa dernière centrale au fioul, Libération, 3 avril 2018.
  61. Exclusif - EDF veut faire fonctionner la centrale à charbon de Cordemais jusqu'en 2024, Les Échos, 12 décembre 2019.
  62. « Sortie du charbon : la France approche du but », Les Échos, 22 mars 2021.
  63. Daniel Kretinsky se résout à enterrer le charbon français, Les Échos, 9 septembre 2020.
  64. Charbon : EDF abandonne le projet de reconversion de sa centrale de Cordemais, Les Échos, 8 juillet 2021.
  65. arrêté du 15 décembre 2009 relatif à la programmation pluriannuelle des investissements en électricité, Légifrance.
  66. GDF Suez va arrêter des centrales à gaz en France, Les Échos.
  67. « Eon confirme son projet "biomasse" à Gardanne mais lâche Hornaing », Usine Nouvelle, 28 septembre 2012 ; yahoo Actu.
  68. La Centrale de Lucy fermera le 31 mars 2014 lejsl.com, février 2013.
  69. 3CB.
  70. Le premier Cycle combiné gaz (CCG) inauguré Blénod les PaM, février 2012.
  71. « Martigues : après l'incendie, la centrale de Ponteau reste à l'arrêt », La Provence, 11 mars 2015.
  72. Gaz : EDF et GE réalisent une première mondiale, Les Échos, 20 juin 2016.
  73. Projet de centrale électrique à Verberie : c'est non., leparisien.fr, publié le 12 mars 2013.
  74. Hambach : décision du tribunal administratif de Strasbourg centraleelectriquehambach.fr, 14 mars 2012.
  75. Une centrale à cycle combinée au gaz naturel à Landivisiau, sur landivisiau-lacentrale.com, consulté le 17 janvier 2018
  76. « Centrale à gaz de Landivisiau. Les travaux commencent ce lundi », Ouest-France, 31 janvier 2015.
  77. Le pacte électrique breton.
  78. Plus de deux ans de retard pour la centrale à gaz de Landivisiau, Les Échos, 15 janvier 2018.
  79. Centrales à gaz : le pari audacieux du français Direct Énergie, Les Échos du 9 octobre 2015.
  80. La plus grande centrale biomasse d’Europe bloquée par la justice, Les Échos, 8 juin 2017.
  81. [PDF] Le Baromètre 2016 des énergies renouvelables électriques en France, EurObserv'ER, pages 57, 68.
  82. Biomasse - Première centrale raccordée en PACA, La lettre des énergies renouvelables du 11/06/2015.
  83. Bagasse et électricité à la Réunion, site Bioénergie.
  84. Guadeloupe : inauguration de la centrale à bagasse, site du journal Les Échos.
  85. Le Fonds Chaleur, ADEME.
  86. BCIAT.
  87. Ouverture des offres biomasse, CRE.
  88. France - Une centrale biomasse à Lacq, Observ'ER, 30 septembre 2014.
  89. Article Actu-Environnement du 22 mai 2013.
  90. Histoire - Le projet de barrage du Mont Saint Michel, site du Laboratoire des Ecoulements Géophysiques et Industriels (LEGI) de Grenoble consulté le 23 février 2014.
  91. Les usines marémotrices, projet de la baie du Mont-Saint-Michel, site Persée consulté le 23 février 2014.
  92. Bati-Actu (2013) Top départ pour la filière hydrolienne, (consulté le ).
  93. La Bretagne reste vulnérable au manque d'électricité, Les Échos, 3 avril 2019.
  94. Mix énergétique de la Réunion - 100% EnR à l’horizon 2030, Agence régionale de l'énergie de La Réunion (consulté le 20 août 2013).
  95. Développer les énergies renouvelables, EDF-SIE (consulté le 20 août 2013).
  96. Pourquoi Millener ?, Millenercorse (consulté le 6 août 2013).
  97. Plan de relance de la filière solaire photovoltaïque [PDF] (20 janvier 2014), page 4.
  98. La difficile marche de l'outre-mer vers les énergies renouvelables, Les Échos, 19 novembre 2015.
  99. Le groupe français Albioma mise sur la biomasse, Les Échos, 19 novembre 2015.
  100. EEWF - Eau et électricité de Wallis-et-Futuna, sur Fournisseur électricité (consulté le 20 août 2013).
  101. Ministère de la Transition écologique et solidaire, Chiffres clés du climat - France, Europe et Monde - Édition 2020 [PDF], 28 novembre 2019, pages 32, 43 et 78.
  102. Centre industriel de stockage géologique, Cigéo.
  103. « L'Andra dans la Manche : Le Centre de stockage », sur Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (consulté le ).
  104. « EDF : le lancement de l'EPR Flamanville repoussé à 2018 pour deux milliards d'euros de plus », Capital.fr, (lire en ligne, consulté le )
  105. Le coût de production de l’électricité nucléaire actualisation 2014, Cour des Comptes (consulté le 28 mai 2014).
  106. « Le nucléaire marque le coût », Libération (consulté le 2 juin 2014).
  107. Pierre Le Hir, « En France, 100 % d'électricité renouvelable n'est pas plus coûteux que le nucléaire », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne).
  108. « Le nouveau solaire deux fois moins cher que l'EPR », FIGARO, (lire en ligne, consulté le )
  109. AFP, « Le coût du soutien aux énergies renouvelables va augmenter en 2019 », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  110. [PDF] [PDF], La Documentation Française.
  111. (en)Electricity prices by type of user, Eurostat.
  112. L’Allemagne va réduire les aides à l’éolien, Les Échos (consulté le 13 novembre 2013).
  113. Énergies vertes : Bruxelles choisit de ménager l'industrie, Les Échos (consulté le 9 avril 2014).
  114. Énergies vertes : ce que va changer la fin des tarifs d’achat, Les Échos du 20 septembre 2015.
  115. Une électricité à 100 % verte pourrait être compétitive à l’horizon 2050, Les Échos, 22 octobre 2015.
  116. Le mix électrique 100% EnR de l'Ademe, Sciences.blog, 9 novembre 2015.
  117. Article L. 321-10 du code de l'énergie, Légifrance.
  118. EDF fait son aggiornamento sur le stockage d'énergie, Les Échos, 27 mars 2018.
  119. Mix électrique - Nucléaire et EnR sont compatibles, La lettre des énergies renouvelables du 15/07/2015.
  120. Le nucléaire est-il flexible, round 3 : Visite à la Direction de la Production Nucléaire d'EDF, Énergie et développement, 22 février 2018.
  121. Lhyfe mobilise 11 millions d'euros pour produire de l'hydrogène vert, Les Échos, 16 janvier 2020.
  122. RTE se voit en chef d'orchestre de la transition énergétique, Les Échos, 9 octobre 2020.
  123. Electricité : Voltalis veut équiper 150 000 foyers de boîtiers « intelligents », Les Échos, 24 janvier 2020.
  124. Transition énergétique : pourquoi la facture d'électricité va gonfler, Les Échos, 22 décembre 2020.
  125. Électricité : l'investissement dans le réseau va bondir de 50% par an, Les Échos, 17 septembre 2019.
  126. RTE teste des batteries pour éviter de construire de nouvelles lignes haute tension, Les Échos, 22 janvier 2020.
  127. Rapport d'activité 2011, ERDF.
  128. La compensation des pertes à ERDF [PDF], gtpe.cre.fr, ERDF, avril 2009, p. 2.
  129. (en)Data and statistics : France : Balances 2019, Agence internationale de l'énergie, 12 septembre 2020.
  130. L'ex-Pechiney Dunkerque relancé par un milliardaire anglo-indien, Les Échos, 25 janvier 2019.
  131. Électricité : la France explose les compteurs, Le Figaro, 7 février 2012).
  132. Véronique Le Billon, « Le système électrique français sous tension jusqu'en 2020 », sur lesechos.fr, (consulté le ).
  133. Bilan Prévisionnel de l’équilibre offre- demande d’électricité en France - édition 2017, RTE, 2017.
  134. Stratégie nationale bas carbone, mars 2020 [PDF], p. 31.
  135. « Électricité: le devoir de lucidité », sur Gouvernement.fr, (consulté le )
  136. Philippe Rioux, « La France en manque d'électricité ? », sur La Dépêche du Midi (consulté le ).
  137. (en) Agence internationale de l'énergie (AIE - en anglais : International Energy Agency - IEA), Key World Energy Statistics 2019, [PDF].
  138. AFP, « La France a exporté un volume record d’électricité vendredi », sur lemondedelenergie.com, (consulté le ).
  139. site internet de ENTSO-E.
  140. (en) ENTSO-E Statistical Yearbook.
  141. (en) rapports ENTSO-E sur le développement des systèmes de transport « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur l'Internet Archive), Réseau européen des gestionnaires de réseau de transport d'électricité.
  142. Électricité : France et Espagne doublent leurs capacités d'import-export, Les Échos, 18 février 2015.
  143. Électricité: Aide record de Bruxelles pour relier la France et l'Espagne, Les Échos, 25 janvier 2018.
  144. Le tracé de la future ligne électrique France-Espagne validé, Le Moniteur, 14 septembre 2021.
  145. RTE bilan 2020 page 112 - IFA 2 : La nouvelle interconnexion France-Angleterre, rte-france, consulté le 26 avril 2021
  146. Électricité : l'UE investit un demi-milliard d'euros pour relier la France à l'Irlande, Les Échos, 5 décembre 2019.
  147. (en)Statistical factsheet 2017 [PDF], ENTSO-E, 4 mai 2018.
  148. Les taxes font flamber la facture d’électricité, Le Parisien, 12 juillet 2018.
  149. Électricité : le nouveau mode de calcul des tarifs met la pression sur EDF, Les Échos, 30 octobre 2014.
  150. (de)ErneueIrbare Energien und das EEG: Zahlen, Fakten, Grafiken (2013) [PDF], BDEW.
  151. Électricité : le Conseil d'État impose une facture rétroactive, site du journal La Tribune consulté le 14 avril 2014.
  152. Électricité : le régulateur préconise une hausse de 8 % au 1er août, Les Échos du 15 juillet 2015.
  153. Électricité : le gouvernement opte pour une hausse des tarifs de 2,5 %, Les Échos du 16 juillet 2015.
  154. Électricité : l'étau se resserre sur le tarif réglementé d'EDF, Les Échos, 5 mai 2018.
  155. Electricité : Bruxelles conforte le tarif réglementé d'EDF, Les Échos, 19 décembre 2018.
  156. (en)Global 500 2014 (classement secteur utilities), Fortune.
  157. Composition et classement du CAC40 mis à jour en temps réel, site Boursier.com.
  158. (en) , sur bentley.com.
  159. (en)Global 500 2014 (classement secteur énergie), Fortune.
  160. Chiffres-clés de GDF-Suez, sur son site web.
  161. Historique de la CNR, Compagnie nationale du Rhône.
  162. Histoire de la SHEM, site SHEM.
  163. annonce du rachat par E-ON.
  164. Chiffres-clés, E.ON France.
  165. Uniper France
  166. EPH: le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky reprend les activités françaises d'Uniper, Connaissance des énergies, 4 juillet 2019.
  167. site web de Direct Énergie.
  168. Direct Énergie verse son premier dividende, Les Échos, 31 mars 2015.
  169. Direct Énergie passe le cap du milliard d’euros de revenus, Les Échos, 31 mars 2016.
  170. Total s'impose en concurrent d'EDF et d'Engie en rachetant Direct Énergie, Les Échos, 18 avril 2018.
  171. Total devient un acteur qui compte dans la production d'électricité en France, Les Échos, 26 décembre 2018.
  172. Total s'offre une pépite française des énergies renouvelables, Les Échos, 19 septembre 2017.
  173. Total Eren accélère dans les énergies renouvelables, Les Échos, 27 février 2019.
  174. Historique d'Alpiq, Alpiq France.
  175. Direct Energie acquiert 3CB, Le Figaro, 30 décembre 2015
  176. Renouvellement des concessions hydroélectriques en France, alpiq.fr, 20 avril 2010.
  177. Alpiq en bref, Alpiq France.
  178. Engie rachète les filiales d'énergies renouvelables de Maïa, Les Échos, 2016 (consulté le 17 décembre 2019).
  179. Énergies vertes : la course au rachat de PME est lancée, Les Échos, 21 juillet 2017.
  180. Les majors pétrolières à l'affût d'investissements, Les Échos, 21 juillet 2017.
  181. Énergie : un nouveau paysage concurrentiel, Les Échos, 18 avril 2018.
  182. Observatoire des marchés de détail de l’énergie du 3ème trimestre 2020, Commission de régulation de l'énergie, 18 décembre 2020, p. 8.
  183. Liste des fournisseurs nationaux pour les particuliers [PDF], énergie-info.fr.
  184. Liste des fournisseurs nationaux pour les professionnels [PDF], sur énergie-info.fr.
  185. site Alterna.
  186. site Enercoop.
  187. site de Planète OUI.
  188. Jean-Claude Bourbon, « EkWateur, un nouveau fournisseur d’énergie », sur la-croix.com, (consulté le ).
  189. Jean-Philippe Pié, « Le fournisseur vert Plüm Energie s’attaque au tarif « heures creuses » », sur greenunivers.com, (consulté le ).
  190. Site de HEW.
  191. Cdiscount ouvre une nouvelle brèche dans le marché résidentiel de l’électricité, La Tribune, 26 octobre 2017.
  192. CDiscount Énergie offre 15 à 20% de réduction sur le prix de l'électricité avec Selectra, Échos du Net, 25 juin 2018.
  193. Électricité : comment Leclerc veut prendre des parts de marché à EDF, Les Échos, 12 septembre 2018.
  194. Total va vendre de l’électricité aux professionnels, Les Échos, 29 septembre 2015.
  195. (en)EEX group structure, site EEX.
  196. Powernext group structure, site Powernext.
  197. site Internet de l'UFE.
  198. Page d'accueil, Anode.
  199. Site d'Exeltium.
  200. et électricité : les spécificités des systèmes insulaires, sur lenergeek.com, 29 mai 2012.
  201. Les zones françaises non interconnectées, sur smartgrids-cre.fr (consulté le 12 février 2013).
  202. Centrale du Moule, Albioma(consulté le ).
  203. L’énergie électrique à la Guadeloupe : Énergies nouvelles et renouvelables - section 2 « La production d’énergie électrique ».
  204. L’Énergie en Guadeloupe, un challenge permanent - section « L’énergie électrique », INSEE, novembre 2010 [PDF].
  205. En Martinique, Albioma inaugure Galion 2 : 1ère centrale 100% bagasse/biomasse d’Outre-mer, outremer360, 30 juin 2019.
  206. Centeale de Galion 2, Albioma (consulté le ).
  207. La France dévoile sa feuille de route énergétique, Les Échos, 25 janvier 2019.
  208. Énergies renouvelables : Macron promet un coup d'accélérateur, Les Échos, 27 novembre 2018.
  209. « La France doit avoir du nucléaire et du renouvelable », juge le directeur de l'Agence internationale de l'énergie, Les Échos, 12 février 2020.
  210. Le casse-tête de la montée en puissance des énergies renouvelables, Les Échos, 27 janvier 2021.
  211. Les mini-réacteurs ont le vent en poupe, Mediaterre, 5 janvier 2018.
  212. « Astrid : futur réacteur nucléaire de 4e génération », Techniques de l'ingénieur, 10 mai 2011.
  213. « Nucléaire : la France abandonne la quatrième génération de réacteurs », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  214. (en)site officiel du projet ITER.
  215. La Provence du 01/12/2012 : ITER de nouveau dans les clous, sur ITER.org.
  216. Site Web du projet HIPER, hiper-laser.org.
  217. (es)Carte des Centrales solaires thermiques en Espagne, sur protermosolar.com.
  218. Technologie espagnole pour Solana, la plus grande centrale solaire au monde, sur greenetvert.fr.
  219. L’éolienne de demain : à quoi ressemblera-t-elle ?, surlenergeek.com du 15 juillet 2017 (consulté le 11 mai 2019).
  220. Sabella, le petit poucet français de la filière hydrolienne, romandie.com.
  221. Hydrolienne flottante « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur l'Internet Archive), hydro-gen.fr.
  222. Hydroliennes : GDF-Suez entre dans la course, Mer et Marine.
  223. La Réunion mise sur l'énergie des mers, Mer et Marine, .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de l’électricité et de l’électronique
  • Portail de l’énergie
  • Portail de la France
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.