Électricité en Europe

Le secteur de l'électricité en Europe se caractérise par la part importante des énergies dé-carbonées dans la production totale d'électricité : 60 % en 2017-18, les énergies renouvelables ayant assuré 32 % de la production électrique de l'Union européenne et 36 % de la consommation de l'ensemble de l'Europe (contre 14,3 % en 2004) et le nucléaire 24 % ; les combustibles fossiles ne couvrent plus en 2018 que 39 % de la demande (charbon : 20,1 %, gaz naturel : 19 %).

Vue satellite de nuit de l'Europe en 2002.

L'électricité couvre 22,8 % de la consommation finale d'énergie de l'Union européenne.

La consommation annuelle d'électricité par habitant est élevée : 6 046 kWh en 2018, supérieure de 85 % à la consommation moyenne mondiale.

L'Europe est aussi caractérisée par un haut niveau d'interconnexion. Pour des raisons historiques, le réseau électrique européen avait été principalement construit sur des bases nationales, ou locales. Mais, dès l'après-guerre, un des premiers actes de reconstruction des pays européens fut d'interconnecter leurs réseaux nationaux, selon le principe de solidarité énergétique, permettant la complémentarité des différents réseaux et des différentes sources de production.

C'est sur cette base d'interconnexion que l'Union européenne a décidé de construire un marché intérieur de l'énergie, dont les prémices furent à la fois la Communauté européenne du charbon et de l'acier en 1952, le traité Euratom en 1957, et en premier lieu la déclaration de Messine en 1955 où les ministres se sont mis d’accord sur un objectif "d’établissement d’un réseau européen [...] de lignes électrifiées" et "sur la mise à la disposition des économies européennes d’énergie plus abondante à meilleur marché".

Histoire

En Europe, l'électricité s'est d'abord développée sous la forme de la production hydroélectrique dans les régions de montagne, mais aussi de centrales à charbon dans les régions européennes dotées de cette ressource naturelle.

Production d'électricité

Production totale d'électricité

Sur la période de à , la consommation globale de l'Europe (pays adhérents à ENTSO-E) est restée stable par rapport à 2015-2016 à 3 331 TWh ; la consommation continue de progresser en Europe de l'est et du nord : +4,8 % en Pologne, +2 % en Hongrie et en Roumanie, +2,5 % en Finlande, +2,2 % en Norvège, +1,9 % en Suède ; elle baisse de 7,3 % au Royaume-Uni, de 5,1 % en Irlande, de 0,8 % en Allemagne. La France et l'Allemagne représentent à elles seules un tiers (16,1 % et 17,7 %) de la production totale ; avec la Grande-Bretagne (8,7 %), l'Italie (8,3 %)et l'Espagne (7,8 %), on arrive à 58,6 %[1].

La France est le pays le plus thermosensible : la consommation d'électricité y double lorsque la température passe de +15 °C à -0,5 °C ; par contre, en Espagne et surtout en Italie, la thermosensibilité est assez élevée en été, où la consommation peut augmenter de plus de 20 % entre +15 °C et +30 °C[1].

Production brute totale d'électricité dans l'Union européenne par pays (TWh)
Pays 1990 2000 2010 2015 2016 2017 2018 % 2018 var.1990-2018
Total EU-282 5953 0363 3673 2453 2663 2973 277100 %+26,3 %
Allemagne55057763364865065464319,6 %+16,9 %
France42154056958056456258217,8 %+38,3 %
Royaume-Uni32037738233833833633110,1 %+3,4 %
Italie2172773022832902962908,8 %+33,8 %
Espagne1522243022812752762748,4 %+80,7 %
Pologne1361451581651671701705,2 %+24,7 %
Suède1471451491621561641635,0 %+11,5 %
Pays-Bas72901191101151171143,5 %+59,1 %
République tchèque637386848387882,7 %+40,7 %
Belgique718495708687752,3 %+5,9 %
Finlande547081696968702,1 %+29,2 %
Autriche506171656871692,1 %+36,4 %
Roumanie645261666564652,0 %+0,9 %
Portugal294454526059601,8 %+109 %
Grèce355457525455531,6 %+52,2 %
Bulgarie424147494546471,4 %+11,1 %
Hongrie283537303233321,0 %+12,5 %
Irlande152428283131311,0 %+114 %
Danemark263639293131300,9 %+16,9 %
Slovaquie263128272728270,8 %+3,2 %
Slovénie121416151616160,5 %+31,2 %
Croatie91115111312140,4 %+53,6 %
Estonie17913101213120,4 %-28,1 %
Lettonie74766870,2 %+1,2 %
Chypre23555550,2 %+156 %
Lituanie2811654440,1 %-87,6 %
Luxembourg1,41,24,62,82,22,22,20,07 %+60 %
Malte1,11,92,11,30,91,72,00,06 %+78 %
Autres pays européens et pays voisins :
Turquie58125211262274297305+430 %
Ukraine299171188164165156160-46,5 %
Norvège122143124145149149147+20,6 %
Suisse[2]56686868636369+23,2 %
Serbie40323838393737-5,9 %
Islande581719191920+340 %
Albanie3586859+159 %
Source : Eurostat[3]

NB : les productions des pays à part élevée d'hydroélectricité (Norvège, Suède, Suisse, Autriche, Croatie, etc) fluctuent fortement en fonction des précipitations.

Part des sources d'énergies non-carbonées dans la consommation d'électricité

Sur la période de à , la part des énergies renouvelables dépasse 50 % de la consommation dans une douzaine de pays comme la Suède (67,1 %), l'Autriche (67,8 %) et la Suisse (62,3 %) ; en Norvège, elle dépasse même 100 % ; au Portugal elle atteint 51 %, en Roumanie 43,7 %, en Allemagne 40,3 %, en Italie 33,7 % et en Espagne 35,2 % ; la moyenne européenne (ENTSO-E) est de 36 %, dont 17,6 % pour l'hydraulique[4].

Le nucléaire, présent dans 15 des 34 pays de l'ENTSO-E, couvre 24 % de la consommation ; il ne dépasse 60 % qu'en France (79,5 %) et entre 30 % et 60 % en Slovaquie (50 %), Belgique (45,9 %), Bulgarie (44,6 %), Suède (43,3 %), Tchéquie (41,7 %), Slovénie (38,2 %), Hongrie (34,1 %) et Suisse (34 %)[4]. Le taux de décarbonation de la production électrique atteint donc 61 %.

La part des énergies décarbonées (énergies renouvelables + nucléaire) dans la consommation d'électricité (ou taux de décarbonation de la consommation électrique) varie fortement selon le pays :

Taux de décarbonation de la consommation d'électricité des pays de l'Europe (ENTSO-E) en 2017-2018[4].
Pays % fossiles
/cons.élec.
% décarbon.
cons.élec.
% nucl.
/cons.élec
% renouv.
/cons.élec
% hydro.
/cons.élec.
% éolien
/cons.élec.
% solaire
/cons.élec.
Total ENTSO-E39 %60 %24 %36 %17,6 %11 %3,4 %
Suède2 %110,4 %43,3 %67,1 %48,3 %11,2 %
France9,3 %101,3 %79,5 %21,8 %13,7 %5,7 %1,9 %
Slovénie26,4 %75,9 %38,2 %37,7 %36,2 %0,04 %1,6 %
Slovaquie17,1 %73,2 %50,1 %23,1 %16,3 %0,02 %1,9 %
Lettonie29,3 %69,2 %0 %69,2 %55,5 %1,8 %
Autriche20,3 %67,8 %0 %67,8 %59,7 %8,7 %
Bulgarie53,1 %65,4 %44,6 %20,8 %12,8 %4,4 %3,9 %
Belgique25,4 %63,8 %45,9 %17,9 %1,7 %8,1 %3,6 %
Finlande13,5 %62,5 %25,1 %37,4 %18,1 %6,0 %0,05 %
Roumanie42,4 %61,9 %18,2 %43,7 %28,1 %12,2 %3,1 %
Danemark25,6 %58,2 %0 %58,2 %0,05 %40,5 %2,6 %
République tchèque63,4 %55,5 %41,7 %13,8 %4,6 %0,9 %3,2 %
Espagne40,9 %54,7 %19,5 %35,2 %11,0 %18,8 %4,7 %
Allemagne55,0 %54,3 %14,0 %40,3 %5,3 %20,4 %6,9 %
Portugal54,8 %51,0 %0 %51,0 %18,7 %24,9 %1,6 %
Croatie18,5 %48,8 %0 %48,8 %38,6 %7,4 %0,4 %
Royaume-Uni49,8 %44,4 %20,5 %23,9 %2,2 %14,1 %3,6 %
Hongrie24,8 %41,7 %34,1 %7,6 %0,5 %1,5 %0,4 %
Italie50,0 %33,7 %0 %33,7 %13,8 %5,7 %7,3 %
Irlande68,8 %32,3 %0 %32,3 %3,8 %28,1 %
Grèce57,0 %30,6 %0 %30,6 %10,5 %10,2 %7,1 %
Lituanie4,0 %19,9 %0 %19,9 %9,4 %10,8 %0,6 %
Estonie106,2 %17,8 %0 %17,8 %0,3 %6,9 %0,1 %
Pays-Bas75,8 %17,7 %2,9 %14,8 %0,1 %9,7 %2,2 %
Pologne81,4 %11,9 %0 %11,9 %1,7 %8,1 %0,05 %
Luxembourg3,5 %8,6 %0 %8,6 %23,0 %4,0 %1,2 %
Chypre95,8 %4,2 %0 %4,2 %0 %4,2 %
Autres pays européens :
Norvège2,3 %106,3 %0 %106,3 %104,0 %2,3 %
Suisse1,4 %96,3 %34,0 %62,3 %62,2 %0,2 %1,7 %
Serbie74,6 %27,1 %0 %27,1 %28,9 %0

On remarque que 15 pays sur 28 (et 17 avec la Norvège et la Suisse) dépassent le seuil de 50 % d'énergies décarbonées. Le taux de décarbonation étant ici calculé en pourcentage de la consommation et non de la production, on obtient des taux supérieurs à 100 % dans certains pays exportateurs (Norvège, Suède) ; à l'inverse, pour les pays largement importateurs (Italie, Luxembourg, etc.), le total de l'énergie fossile et de l'énergie décarbonée est largement inférieur à 100 %. La production hydroélectrique n'est pas totalement renouvelable : celle des centrales de pompage-turbinage n'entre pas dans la production renouvelable, qui par contre comprend des énergies non détaillées ici (biomasse,déchets, géothermie, etc.).

Le taux de pénétration des sources d'énergies non-carbonées dans la production d'électricité en Europe s'est accru de 50 % à 56 % entre 2002 et 2012. L'Islande, la Suisse, la Norvège, la Suède et la France ont produit plus de 90 % de leur électricité à partir de sources non fossiles en 2012 ; l'Autriche, la Slovaquie, la Finlande, la Belgique et la Slovénie étaient entre 60 % et 80 % ; le Danemark, l'Espagne et la Hongrie étaient à 50 % ou légèrement au-dessus. Le nombre de pays européens dépassant le seuil de 50 % de sources non-carbonées dans leur production d'électricité est passé de 10 à 13 entre 2002 et 2012 et celui des pays dépassant le seuil du tiers est passé de 13 à 18. Les pays ayant les taux les plus élevés de décarbonation utilisent surtout l'hydroélectricité et le nucléaire. En Allemagne, ce taux est passé de 38 % à 41 %, la progression de 15 points de la part des énergies renouvelables ayant été en grande partie compensée par le recul de 12 points de la part du nucléaire. En comparaison, le taux de dé-carbonation des États-Unis était seulement de 32 %[5].

Émissions de CO2

Une étude de PwC publiée en établit le classement selon les émissions de CO2 des 24 plus grands groupes européens du secteur électrique, qui totalisent plus de la moitié de la production d'électricité européenne. En 2018, ils ont réduit leurs émissions de 6,2 %, et depuis 2001, de 19 %. Les trois plus gros émetteurs de CO2 en volume sont l'allemand RWE (118 Mt de CO2, en baisse de 10 % en un an), le groupe tchèque EPH (76 Mt) et le polonais PGE (70 Mt). Le classement selon le facteur carbone (émissions de CO2 par mégawattheure (MWh) d'électricité produite) donne les premières places aux entreprises dont le parc est surtout composé de centrales à charbon : le grec PPC : 1 077 kg de CO2 par MWh, suivi par PGE : 1 071 kg/MWh, EPH : 723 kg/MWh, PWE : 690 kg/MWh, etc ; les derniers du classement sont les entreprises produisant presque exclusivement de l'hydroélectricité : le norvégien Statkraft : kg/MWh, le finlandais Fortum : 26 kg/MWh et l'autrichien Verbund : 33 kg/MWh, suivis par EDF : 54 kg/MWh grâce à ses centrales nucléaires et hydroélectriques ; Engie se situe dans la moyenne : 293 kg/MWh[6].

Sécurité d'approvisionnement

La fédération allemande des entreprises de l’énergie BDEW a publié en une analyse sur l´évolution des moyens de production pilotables en Europe, qui souligne la tendance des pays européens à réduire les capacités des centrales thermiques (nucléaire et charbon) concomitamment au développement des énergies renouvelables intermittentes ; cette réduction des moyens de production pilotables amoindrit les possibilités de secours inter-frontaliers lors des situations de pointe en cas de vagues de froid, remettant ainsi en question la garantie de la sécurité d’approvisionnement. Dans son livre vert de 2014, le Ministère Fédéral de l´Économie et de l´Énergie (BMWi) partait de l´hypothèse que des surcapacités de l´ordre de 60 GW de moyens pilotables seraient disponibles sur le marché de l´électricité en Europe ; en réalité, les surcapacités de moyens pilotables en Allemagne et dans les pays limitrophes sont déjà plus basses d´un facteur 3 à 4 (15 à 23 GW) et les fermetures programmées la feront disparaître rapidement : le service scientifique interne de la Commission Européenne, le Joint Research Centre prévoit d´ici 2025 une réduction de la capacité des centrales à charbon dans l’UE-28 de 150 GW actuellement à 105 GW. A l´horizon 2030, une nouvelle baisse de capacité à 55 GW est attendue. Cela correspond à une réduction de 63 % par rapport à la situation actuelle. L´arrêt de centrales à charbon est certainement bénéfique pour la réduction des émissions de CO2 mais, en absence de solutions de stockage massif d´énergie, les moyens pilotables adéquats sont indispensables pour suppléer aux carences des énergies renouvelables intermittentes lors des épisodes prolongés de production éolienne et solaire quasi nulle, combinée à une demande d´électricité accrue de fin d´automne ou en hiver[7].

L'institut France Stratégie publie en janvier 2021 une note d'analyse qui alerte sur la baisse des capacités de production pilotables en Europe : d'ici à 2030-2035, plus de 110 GW de puissance pilotable seront retirés du réseau européen, dont 23 GW de nucléaire, 70 GW de charbon/lignite et 10 GW de gaz et fioul. En France, à l'horizon 2030, la demande d'électricité à la pointe sera plus élevée que la capacité de production pilotable ; en Allemagne et en Belgique, ce phénomène commence dès 2025 et en Grande-Bretagne c'est d'ores et déjà le cas. D'où la nécessité de mieux coordonner les transitions énergétiques dans les différents pays d'Europe pour éviter les risques de « black-out »[8],[9].

Thermique fossile

Sur la période de à , la production thermique fossile couvrait 39 % de la consommation en moyenne, mais 81,4 % en Pologne, 75,8 % aux Pays-Bas, 55 % en Allemagne et 49,8 % au Royaume-Uni ; en France cette part était de 9,3 % et en Suède de 2 %[4].

En Europe, ainsi qu'aux États-Unis et en Australie, les banquiers d'affaires croulent en 2015 sous les dossiers de vente de vieilles centrales électriques au charbon, à gaz ou même nucléaires. Engie, qui revendiquait moins de cinq ans auparavant le rang de premier producteur indépendant d'électricité dans le monde, s'apprête à céder ses centrales à gaz aux États-Unis et, plus généralement, toutes ses centrales thermiques sans contrat d'achat dans les économies matures. Durant l'été 2015, EDF a lancé une revue stratégique de ses actifs fossiles en Europe continentale, qui doit conduire à des cessions. Les allemands E.ON et RWE ont annoncé leur intention de séparer les énergies vertes, les réseaux et les services des activités traditionnelles[10].

A la veille de la COP24, en , dix pays de l'Union européenne ont annoncé qu'ils sortiraient totalement du charbon avant 2030, dont la Grande-Bretagne, la France, l'Italie, les Pays-Bas et les pays scandinaves. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la production européenne d'électricité à base de charbon devrait reculer de plus de 2 % par an en moyenne au cours des cinq prochaines années. Aux Pays-Bas, le désengagement sera difficile, car le pays compte trois centrales très récentes et efficaces. La sortie du charbon est encore en débat dans d'autres pays comme l'Espagne, la Croatie, la Slovaquie, etc ; la Hongrie vient d'annoncer un projet, sans toutefois établir une feuille de route précise. Les gros points noirs restent l'Allemagne et la Pologne : avec 45,6 GW de centrales à charbon, l' Allemagne représente à elle seule plus du tiers des capacités installées de l'Union européenne ; le gouvernement d'Angela Merkel a mis en place une commission qui doit déterminer, début 2019, un calendrier pour sortir du charbon, mais la sortie du charbon est problématique car elle touche aussi à la question de la sécurité énergétique, du fait que l'Allemagne a fait le pari du renoncement au nucléaire. En Pologne, les 28,8 GW de centrales à charbon assurent encore 80 % de la production d'électricité, et plusieurs nouvelles centrales sont en cours de mise en service pour rajeunir un parc vieillissant ; la Pologne veut limiter au maximum ses importations de gaz de Russie[11].

Production d'électricité à partir de charbon

Le Centre commun de recherche de la Commission européenne a publié le un rapport sur le secteur charbonnier européen : la part du charbon dans la consommation intérieure brute d'énergie de l'Union européenne est de 16 % en 2016 et sa part dans la production d'électricité de 24 % ; six pays dépendent du charbon pour au moins 20 % de leur consommation d'énergie. L'Union européenne compte 128 mines de charbon dans 12 états membres, avec une production totale d'environ 500 Mt (millions de tonnes), et 207 centrales électriques au charbon totalisant une puissance de 150 GW. L'âge moyen des centrales au charbon est de 35 ans. Les unités en cours de construction totalisent 6 725 MW, dont 4 465 MW en Pologne, 1 100 MW en Allemagne, 660 MW en Grèce et 500 MW en Croatie. Mais les fermetures l'emporteront largement : selon les prévisions d'ENTSO-E, la puissance totale des centrales au charbon devrait chuter de 150 GW en 2016 à 105 GW en 2025 et 55 GW en 2030. La Pologne fermerait 33 % de ses capacités d'ici 2025 et 72 % d'ici 2030, l'Allemagne 27 % et 49 %, le Royaume-Uni 70 % et 100 %. Sur 21 pays disposant de centrales au charbon, 9 prévoient de les fermer toutes d'ici 2030, et ces prévisions sont très conservatrices, car plusieurs pays, dont la France et l'Italie, ont prévu récemment des fermetures beaucoup plus rapides[12].

Production d'électricité à partir de charbon dans l'Union européenne (TWh)[n 1]
Pays 1990 2000 2010 2015 2016 2017 2018 % UE* en 2018 % pays** en 2018 2019
Total EU-281 050,3967,8863,6828,2737,6709,8660,3100 %20,1 %
Allemagne321,6304,2273,5283,7273,2252,8239,036,2 %37,2 %185,5
Pologne131,0137,9138,4133,0132,9133,4133,020,1 %78,2 %120,5
République tchèque47,655,049,743,844,643,943,66,6 %49,5 %39,4
Espagne60,780,926,352,737,546,338,75,9 %14,1 %14,2
Italie35,830,544,445,438,435,131,04,7 %10,7 %17,9
Pays-Bas27,527,125,842,539,534,030,34,6 %26,5 %20,0
Bulgarie21,217,222,622,519,420,918,72,8 %39,8 %
Royaume-Uni206,4122,3108,777,031,423,317,62,7 %5,3 %7,7
Grèce25,234,330,822,118,918,817,22,6 %32,3 %10,8
Roumanie18,519,320,718,216,016,915,82,4 %24,3 %
Portugal9,114,77,114,712,614,712,01,8 %20,1 %5,6
France35,430,926,314,512,415,210,61,6 %1,8 %6,5
Finlande12,813,121,48,810,59,210,11,5 %14,3 %8,1
Estonie14,87,811,68,610,210,810,11,5 %82,0 %5,4
Danemark11,116,717,07,18,96,26,61,0 %21,6 %3,2
Hongrie8,79,76,45,95,85,14,80,7 %15,1 %4,2
Slovénie3,94,65,34,45,04,84,60,7 %28,3 %4,5
Irlande8,28,65,77,47,05,84,20,6 %13,6 %2,4
Autriche7,06,76,75,14,03,93,60,5 %5,3 %3,4
Slovaquie8,16,14,13,33,33,53,60,5 %13,3 %2,6
Belgique19,916,06,04,22,62,42,30,4 %3,1 %2,5
Croatie0,71,62,42,32,61,41,50,2 %10,7 %
Suède1,62,52,71,31,11,21,40,2 %0,9 %1,6
Autres pays européens ou voisins :
Turquie20,238,255,076,292,397,5113,237,2 %113,2
Serbie28,321,425,127,227,326,625,167,1 %
Ukraine114,051,569,556,161,249,349,030,7 %
Russie157,0175,6166,1158,5171,4174,8177,916,0 %
Source : Agence internationale de l'énergie[13].
* : part du pays dans la production d'électricité au charbon de l'UE-28.
** part du charbon dans la production électrique du pays.

NB : les cinq pays membres de l'UE ne figurant pas dans le tableau ci-dessus (Chypre, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte) n'ont pas utilisé de charbon pour produire leur électricité en 2018. De même, la Suisse n'utilise pas le charbon. Le terme « charbon » s'entend ici dans son acception la plus large : il inclut le lignite (Allemagne : 18,6 % de la production d'électricité du pays en 2019 contre 9,3 % de charbon proprement dit[14] ; également très important en Pologne, République tchèque, Bulgarie, Roumanie, Turquie, Serbie), la tourbe (Irlande) et le schiste bitumineux exploité en Estonie (plus de 80 % de la production d'électricité).

Production d'électricité à partir de gaz naturel

Production d'électricité à partir de gaz naturel dans l'Union européenne (TWh)
Pays 1990 2000 2010 2015 2016 2017 2018 % UE 2018* % pays 2018** 2019
Total EU-28192,6479,6765,0497,7611,0663,5622,9100 %19,0 %
Royaume-Uni5,0148,1175,399,9143,4136,7131,521,1 %39,4 %132,5
Italie39,7101,4152,7110,9126,1140,3128,520,6 %44,4 %143,2
Allemagne40,552,590,463,082,387,783,413,4 %13,0 %94,5
Pays-Bas36,651,575,346,553,959,458,49,4 %51,0 %71,2
Espagne1,520,294,952,552,864,058,09,3 %21,1 %84,5
France3,011,523,821,135,040,530,64,9 %5,3 %38,2
Belgique5,416,031,422,022,123,024,03,8 %31,9 %25,7
Irlande3,99,318,112,415,315,716,02,6 %51,4 %15,9
Portugal07,114,910,612,618,915,62,5 %26,2 %17,2
Grèce0,15,99,89,114,917,114,12,3 %26,4 %16,3
Pologne0,10,94,86,47,910,012,62,0 %7,4 %15,0
Roumanie22,69,07,39,49,710,710,51,7 %16,2 %
Autriche7,77,914,47,78,510,99,91,6 %14,5 %11,3
Hongrie4,56,611,65,16,57,87,21,2 %22,6 %8,6
Finlande4,710,111,35,23,73,34,20,7 %6,0 %4,0
République tchèque0,41,71,42,33,73,73,70,6 %4,3 %5,8
Croatie1,41,62,61,21,63,12,20,4 %16,5 %
Lettonie1,71,13,02,82,92,13,20,5 %47,9 %3,2
Danemark0,78,87,91,82,32,02,10,3 %6,8 %1,9
Bulgarie3,21,92,01,92,11,92,00,3 %4,3 %
Slovaquie1,83,32,21,61,51,71,90,3 %6,9 %2,8
Slovénie00,30,50,40,40,50,50,08 %2,9 %0,5
Suède0,40,52,90,40,60,30,40,06 %0,2 %0,8
Lituanie6,81,63,22,01,00,60,30,06 %9,4 %0,5
Luxembourg0,030,22,90,80,30,20,20,03 %8,9 %0,2
Estonie1,00,60,30,060,070,060,060,01 %0,5 %0,04
Autres pays européens ou voisins :
Norvège00,24,92,62,62,52,61,8 %2,3
Suisse0,30,91,00,70,90,70,60,9 %0,7
Turquie10,246,298,199,289,2110,592,530,3 %56,9
Ukraine49,929,915,710,19,87,410,66,6 %
Russie512,2370,4520,5529,7521,8518,5527,647,3 %
Source : Agence internationale de l'énergie[13].
* : part du pays dans la production d'électricité au gaz naturel de l'UE-28.
** part du gaz naturel dans la production électrique du pays.

Thermique nucléaire

Production nette d'électricité nucléaire dans l'Union européenne par pays (TWh)
Pays 1980 1990 2000 2010 2015 2016 % 2016* 2017[15] part 2017[15]
prod.élec.
Total EU-28216,7738,8889,8867,9812,5795,6100 %nd
France63,4298,4394,4407,9416,8384,048,3 %379,171,6 %
Allemagne55,6145,1161,1133,086,880,010,1 %72,211,6 %
Royaume-Uni32,362,580,856,463,965,18,2 %65,119,3 %
Suède25,364,854,555,654,360,57,6 %63,139,6 %
Espagne5,251,659,159,454,856,17,1 %55,621,2 %
Belgique11,940,645,745,724,841,45,2 %40,049,9 %
République tchèquend12,012,926,325,322,72,9 %26,833,1 %
Finlande6,618,321,421,922,322,32,8 %21,633,2 %
Bulgarie5,813,517,314,214,514,91,9 %15,534,3 %
Hongrie013,013,514,815,015,21,9 %15,250,0 %
Slovaquiend11,415,712,814,113,71,7 %14,054,0 %
Roumanie005,210,710,710,41,3 %10,617,6 %
Slovénie04,44,55,45,45,40,7 %6,039,1 %
Pays-Bas3,93,33,73,83,93,80,5 %3,32,9 %
Lituaniend17,08,40000 %00 %
Autres pays européens ou voisins :
Suisse12,922,425,125,322,1nd20,334,4 %
Ukrainensns71,183,882,475,985,655,1 %
Russiensns122159ndnd187,517,8 %
Source : 1980-2000 : Energy Information Administration[16] ; 2010-2016 : Eurostat[17] ; 2017 : AIEA[15].
* part du pays dans la production d'électricité nucléaire de l'UE-28 ; ** part du nucléaire dans la production d'électricité du pays.

En Hongrie et en Slovaquie, la production nucléaire s'effectue en cogénération.

En 2017, l'Autriche, Chypre, le Danemark, l'Estonie, la Grèce, l'Irlande, l'Islande, l'Italie, Malte, la Norvège, le Portugal, la Lettonie, la Lituanie ne produisent pas d'électricité à partir du nucléaire, soit parce que le nucléaire n'a jamais été utilisé, soit parce qu'il a été abandonné (Autriche, Italie, Lituanie).

Énergies renouvelables

Sur la période de à , la part des énergies renouvelables dépasse 50 % de la consommation dans une douzaine de pays comme la Suède (67,1 %), l'Autriche (67,8 %) et la Suisse (62,3 %) ; en Norvège, elle dépasse même 100 % ; au Portugal elle atteint 51 %, en Roumanie 43,7 %, en Allemagne 40,3 %, en Italie 33,7 % et en Espagne 35,2 % ; la moyenne européenne (ENTSO-E) est de 36 %, dont 17,6 % pour l'hydraulique[4].

Part de la consommation brute d'électricité[n 2] des pays européens provenant des énergies renouvelables
Pays 2004 2010 2015 2016 2017 2018
Total EU-2814,2 %19,7 %28,8 %29,5 %30,7 %32,1 %
Autriche61,6 %66,4 %71,5 %72,5 %71,6 %73,1 %
Suède51,2 %55,8 %65,7 %64,9 %65,9 %66,2 %
Danemark23,8 %32,7 %51,3 %53,7 %60,0 %62,4 %
Lettonie46,0 %42,1 %52,2 %51,3 %54,4 %53,5 %
Portugal27,4 %40,6 %52,6 %54,0 %54,2 %52,2 %
Croatie35,0 %37,5 %45,4 %46,7 %46,4 %48,1 %
Roumanie28,4 %30,4 %43,2 %42,7 %42,0 %41,8 %
Allemagne9,5 %18,3 %30,9 %32,3 %34,6 %38,0 %
Finlande26,7 %27,7 %32,5 %32,9 %35,2 %36,8 %
Espagne19,0 %29,8 %37,0 %36,6 %36,4 %35,2 %
Italie16,1 %20,1 %33,5 %34,0 %34,1 %33,9 %
Irlande6,0 %15,6 %25,5 %26,8%30,1 %33,2 %
Slovénie29,3 %32,2 %32,7 %32,1 %32,4 %32,3 %
Royaume-Uni2,5 %6,9 %21,9 %24,0 %27,3 %30,9 %
Grèce7,8 %12,3 %22,1 %22,7 %24,5 %26,0 %
Bulgarie8,4 %12,4 %19,0 %19,1 %19,0 %22,1 %
Slovaquie15,4 %17,8 %22,7 %22,5 %21,3 %21,5 %
France13,8 %14,8 %18,8 %19,2 %19,9 %21,2 %
Estonie0,5 %10,3 %15,1 %15,5 %17,4 %19,7 %
Belgique1,7 %7,1 %15,6 %15,9 %17,3 %18,9 %
Lituanie3,6 %7,4 %15,5 %16,9 %18,3 %18,4 %
Pays-Bas4,4 %9,6 %11,0 %12,5 %13,8 %15,1 %
République tchèque3,7 %7,5 %14,1 %13,6 %13,7 %13,7 %
Pologne2,2 %6,6 %13,4 %13,4 %13,1 %13,0 %
Chypre01,4 %8,4 %8,6 %8,9 %9,4 %
Hongrie2,2 %7,1 %7,3 %7,3 %7,5 %8,3 %
Luxembourg2,8 %3,8 %6,2 %6,7 %8,1 %9,1 %
Malte004,3 %5,7 %6,8 %7,7 %
Autres pays européens :
Norvège98,0 %98,2 %106,8 %105,7 %104,9 %106,8 %
Islande93,1 %92,4 %93,1 %95,3 %93,4 %98,5 %
Turquie27,9 %25,3 %33,2 %34,8 %35,1 %37,5 %
Serbie18,5 %28,2 %28,9 %29,2 %27,4 %28,7 %
Source : Eurostat[18].

NB : la Norvège produit plus que ses besoins, l'excédent étant exporté, vers le Danemark en particulier.

Au premier semestre 2020, du fait des mesures de confinement prises en réaction à la pandémie de Covid-19 et de la politique énergétique de l'Union européenne, la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité de l'UE27 (40 %) a dépassé pour la première fois celle des combustibles fossiles (34 %)[19]. Les émissions de CO2 du secteur ont reculé de 23 %. La cause principale de ce basculement est la forte baisse de la demande d'électricité : -7 %, sous l'effet des mesures de confinement. Comme les énergies renouvelables sont injectées en priorité sur les réseaux d'électricité, cette baisse de la demande s'est répercuté en totalité sur la production des centrales thermiques fossiles. De plus, des vents favorables en février et un ensoleillement important au deuxième trimestre ont particulièrement dopé la production d'électricité renouvelable qui a progressé de 11 % : le solaire a progressé de 16 %, l'hydroélectricité de 12 % et l'éolien de 11 %. La production des centrales à charbon recule de 32 % (39 % en Allemagne) et celle des centrales à gaz naturel de 6 %. Mais la forte proportion d'EnR intermittentes a eu aussi des effets négatifs : les prix de l'électricité ont plongé à de nombreuses reprises en territoires négatifs ; en France, ce contexte a fait exploser le coût du soutien public à la filière renouvelable puisque l'État compense la différence entre les prix de marché et les prix négociés avec les développeurs de projets dans le cadre d'appels d'offres[20].

Hydroélectricité

Sur la période de à , l'hydraulique couvrait 17,6 % de la consommation en moyenne (15,7 % sur l'année précédente), et dépassait 50 % en Islande (72,9 %), Suisse (62,2 %), Autriche (59,7 %) et Lettonie (55,5 %) ; elle s'élevait à 104 % en Norvège[4].

Production brute d'origine hydraulique dans l'Union européenne par pays (TWh)[n 3]
Pays 1990 2000 2010 2015 2016 2017 2018 % UE
2018*
% prod.
2018**
2019
Total EU-28308,7386,9408,0372,3381,1331,2378,6100 %11,5 %
France57,471,167,560,565,755,170,618,7 %12,1 %62,1
Suède73,078,666,575,462,165,262,216,5 %38,1 %65,1
Italie35,150,954,447,044,338,050,513,3 %17,4 %47,5
Autriche32,543,241,640,643,042,241,210,9 %60,1 %44,2
Espagne26,231,845,531,439,921,136,89,7 %13,4 %26,8
Allemagne19,826,027,424,926,126,224,16,4 %3,8 %26,2
Roumanie11,414,820,217,018,514,918,14,8 %27,9 %17,7
Portugal9,311,716,59,816,97,613,63,6 %22,9 %10,2
Finlande10,914,712,916,815,814,813,33,5 %18,9 %12,4
Royaume-Uni7,27,86,79,08,48,88,02,1 %2,4 %7,7
Croatie4,16,59,26,67,15,67,82,1 %57,1 %7,7
Grèce2,04,17,56,15,64,05,81,5 %10,8 %4,1
Bulgarie1,93,05,76,14,63,55,41,4 %11,6 %5,0
Slovénie2,93,84,74,14,84,14,91,3 %30,0 %4,7
Slovaquie2,55,05,64,14,64,63,91,0 %14,4 %4,5
République tchèque1,42,33,43,13,23,02,70,7 %3,0 %3,2
Pologne3,34,13,52,42,63,02,40,6 %1,4 %2,7
Lettonie4,52,83,51,92,54,42,40,6 %36,2 %2,1
Luxembourg0,80,91,51,51,51,41,30,4 %60,7 %0,9
Belgique0,91,71,71,41,51,41,30,4 %1,8 %1,2
Lituanie0,40,61,31,01,01,21,00,3 %27,3 %0,9
Irlande1,01,20,81,11,00,90,90,2 %3,0 %1,1
Hongrie0,20,20,20,20,30,20,20,06 %0,7 %0,2
Pays-Bas0,10,10,10,10,10,10,10,02 %0,06 %0,1
Estonie00,0050,030,030,030,030,020,004 %0,1 %0,02
Danemark0,030,030,020,020,020,020,020,004 %0,05 %0,02
Autres pays européens ou voisins :
Norvège121,4142,3117,2138,4143,4143,1139,595,0 %125,8
Turquie23,130,951,867,167,258,259,919,7 %88,9
Suisse31,038,237,839,936,737,037,854,7 %41,0
Islande4,26,412,613,813,514,113,869,7 %13,5
Serbie9,512,012,610,811,59,811,430,4 %10,4
Ukraine10,711,513,27,09,310,512,07,5 %11,8
Albanie2,84,67,65,97,84,58,6100 %8,5
Monténégrondnd2,71,51,81,02,155,4 %2,0
Source : Agence internationale de l'énergie[13].
* : part du pays dans la production hydroélectrique de l'UE-28. ** part de l'hydroélectricité dans la production électrique du pays.
2019, pays hors OCDE (en italique) : estimation IHA, hors pompage-turbinage[21].

La production hydroélectrique est très inégalement répartie, les pays montagneux ou dotés de grands fleuves étant bien évidemment les mieux lotis ; la Norvège produit même souvent plus que ses besoins, l'excédent étant exporté. La production fluctue en fonction des précipitations : entre l'année 2010, exceptionnellement humide, et l'année 2011, exceptionnellement sèche, la production hydroélectrique a chuté de 16,6 % ; cette chute a été encore plus marquée en France : -26,1 %, et en Espagne : -27,7 %. Le régime des pluies n'est pas homogène sur l'ensemble de l'Europe : ainsi, la Suède n'a pas été affectée par la sécheresse de 2011 ; elle a connu en 2012 une année exceptionnelle qui l'a hissée au 1er rang avec 21,6 % du total UE-28, devant la France (idem en 2015) ; l'année 2012 a par contre été catastrophique pour l'Espagne dont la part est tombée à 6,6 % pour remonter à 10,2 % en 2013 ; sa production 2012 est inférieure de 47 % à celle de 2010. L'année 2017 a connu une hydraulicité exceptionnellement faible.

Éolien

Sur la période de à , l'éolien couvrait en moyenne 11 % de la consommation et dépassait 20 % dans quatre pays : Danemark (40,5 %), Irlande : (28,1 %), Portugal : 24,9 % et Allemagne (20,4 %)[4].

Solaire

Sur la période de à , le solaire couvrait plus de 5 % de la consommation en Allemagne (6,9 %), Italie (7,3 %) et Grèce (7,1 %), et en moyenne 3,4 % sur la zone ENTSO-E ; l’Allemagne et l’Italie représentent plus de 50 % de la production solaire européenne[4].

Géothermie

Production brute d'électricité géothermique dans l'Union européenne (GWh)
Pays 1990 2000 2010 2015 2016 2017 2018 part 2018* 2019
Italie3 2224 7055 3766 1856 2896 2016 1052,1 %6 031
Portugal4801972041722172300,3 %216
France**[22]ndndnd92981331300,02 %130
Allemagne281331751631780,03 %196
Hongrie1120,04 %18
Total UE-283 2264 7855 6026 6146 7346 7156 6580,2 %6 591
Autres pays européens ou voisins :
Islande3001 3234 4655 0035 0685 1706 01030,3 %6 019
Turquie80766683 4254 8196 1277 4312,4 %8 930
Source : Agence internationale de l'énergie[13].
* part de la géothermie dans la production d'électricité du pays ; ** France : Département et région d'outre-mer inclus, non pris en compte dans le total UE-28.

L'Italie, pionnière de la géothermie, a deux aires de production à Larderello et Monte Amiata (728 MW nets au total) ; le Portugal exploite les ressources géothermiques des Açores (île de Sao Miguel - 25 MW nets) ; la France a deux centrales à Bouillante, en Guadeloupe (16 MW) et une unité pilote de 1,5 MW à Soultz-sous-Forêts (Alsace) utilisant la géothermie des roches chaudes fracturées ; l'Allemagne comptait en 2012 quatre centrales géothermiques exploitées en cogénération à Insheim (MW, mise en service en 2012), Landau et Bruchsal dans la vallée du Rhin et à Unterhaching en Bavière ; deux autres centrales ont été mises en service en Bavière en 2013 : Dürnhaar (5,5 MW) et Kirchstockach (, MW), portant la puissance installée nominale à 23,3 MW, et une dizaine de projets étaient en construction en 2013 pour plus de 36 MW ; les plans d'action nationaux prévoyaient un quasi-doublement de la production européenne pour 2020, soit 10,9 TWh et 1 613 MW de puissance installée, avec l'apparition de centrales en Grèce, Hongrie, Espagne et Slovaquie[23].

En 2016, les centrales géothermiques islandaises produisaient 27,3 % de l'électricité du pays, et la géothermie fournissait 97,9 % de la chaleur utilisée par les réseaux de chauffage urbain[24].

Réseaux de transport et interconnexions

La France et l'Allemagne sont en 2018 les pays les plus exportateurs (51,7 TWh et 52,2 TWh), suivies de la Suède (18,4 TWh), la Norvège (12,6 TWh) et la République tchèque (12,1 TWh) ; le plus gros importateur est l'Italie (43,3 TWh), suivie par la Finlande (20 TWh), le Royaume-Uni (18,9 TWh), la Hongrie (14,2 TWh), la Belgique (8,4 TWh) et les Pays-Bas (7,5 TWh)[1].

Organisation européenne

Les différents réseaux d'Europe

Les gestionnaires des réseaux électriques européens, comme RTE en France, se coordonnent au sein d'une organisation commune, celle des exploitants du système européen de transmission, le réseau européen des gestionnaires de réseau de transport d’électricité (ENTSO-E en anglais). Cette organisation regroupe six anciennes associations régionales : ETSO, son précurseur, ATSOI pour l'Irlande, UKTSOA pour le Royaume-Uni, Nordel pour les pays nordiques, BALTSO pour les pays baltes et UCTE pour les pays continentaux de l'Europe centrale et occidentale. Les adhérents sont les 41 gérants de réseaux électriques des 28 pays de l'Union européenne, plus la Norvège, la Suisse, l'Islande et les pays de l'ex-Yougoslavie : Serbie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Macédoine du Nord. Cet ensemble alimente une population de 532 millions d'habitants qui correspond quasiment à la zone interconnectée et a fourni 3 174 TWh en 2014, dont 423,6 TWh ont été échangés entre les membres grâce aux 312 693 km de lignes de transport d'électricité qu'ils exloitent[25].

Paradoxalement, l'augmentation de la part des énergies renouvelables intermittentes (éolienne et solaire) pourrait conduire à devoir renforcer les interconnexions, à une échelle qui pourrait être intercontinentale[26],[27]. C'est typiquement le cas avec North Sea link et Viking Link, câbles sous-marins d'interconnexion en construction entre le Royaume-Uni et la Norvège pour le premier, le Danemark pour le second, afin d'échanger les excédents d'électricité hydraulique (Norvège), solaire (Royaume-Uni) ou surtout éolienne lorsqu'il y aura plus de vent dans l'un des pays que dans l'autre[28]. Ces interconnexions découlent du développement de l'éolien[29].

L'Europe compte cinq réseaux: le réseau d'Europe continentale (en), le réseau nordique (qui comprend la partie insulaire du Danemark, à l'exception de la Fionie), le réseau balte, le réseau de Grande-Bretagne (en) et le réseau d'Irlande (voir graphique ci-joint).

Les avantages de l’interconnexion électrique

Les interconnexions électriques permettent de sécuriser le réseau électrique européen car elles donnent la possibilité à un secours mutuel entre pays, en cas de pénurie dans l’un d’entre eux, en injectant de l’électricité sur son réseau, afin d’éviter le « blackout ». Les lignes à haute tension françaises transportent les énergies produites par toutes les centrales du territoire. En étant reliées aux réseaux des pays frontaliers, elles permettent d’exporter et d’importer les capacités disponibles d’électricité en Europe.

Interconnexion et capacité des principaux réseaux européens

Les échanges internationaux passent par des lignes à très haute tension (THT), principalement de 225 et 400 kV.

Les puissances sont exprimées en gigawatts (données 2003 et RTE 2011[30]).

Réseau Puissance échangeable
France - Allemagne 4,5 GW
France - Espagne 1,4 GW
France - Italie GW
France - Belgique 3,8 GW
France - Royaume-Uni GW
France - Suisse 4,3 GW
Espagne - Portugal 3,7 GW
Allemagne - Italie 3,8 GW
Allemagne - Pays-Bas GW
Allemagne - Pologne GW
Allemagne - Suède GW

Depuis le , la capacité d'interconnexion de la France avec ses voisins européens est allouée par un mécanisme d'enchères mis en place dans le cadre de l'UCTE (Union pour la coordination du transport de l'électricité).

Interconnexions électriques franco-espagnoles

Pendant 30 ans, les interconnexions électriques entre la France et l'Espagne sont restées limitées à une capacité maximale de 1 400 MW. La nouvelle interconnexion France-Espagne par l’est des Pyrénées entre Baixas (près de Perpignan) et Santa Llogaia (près de Figueras), liaison en courant continu de 2 000 MW sur 65 km entièrement souterraine (320 kV), décidée lors du sommet franco-espagnol de Saragosse le , a été mise en service en 2015, permettant de porter la capacité physique d’export depuis la France vers l’Espagne de 1 400 MW à 2 800 MW. Son coût de 700 M€ est financé en partie (225 M€) par l'Union européenne[31].

L’objectif de l’interconnexion était de renforcer la sécurité électrique des deux pays et notamment de mieux intégrer les énergies renouvelables. Cela concerne en particulier l’énergie éolienne très abondante en Espagne et dont la production est relativement imprévisible (représentant entre 0,35 % et 54 % de la production espagnole d’électricité)[32].

Selon la société chargée de la construction de la ligne INELFE (détenu à parts égales par le Français RTE et l’espagnol REE), cette ligne est une première mondiale en termes de longueur de ligne enterrée en courant continu[33].

Pour certains écologistes, ces liaisons sont inutiles et endommagent l'environnement. Le Pays basque, le Val d'Aran, et la vallée du Louron ont déjà vu échouer des projets de liaisons électriques. Le ministre français a fait remarquer les efforts consentis en termes d’environnement et de paysages avec le choix de l’enfouissement total de la ligne[34].

La Commission européenne a annoncé le le déblocage de 578 millions d'euros pour soutenir le nouveau projet d'interconnexion électrique sous-marine entre la France et l'Espagne dans le golfe de Gascogne, qu'elle juge « hautement prioritaire ». Cette interconnexion, longue de 280 kilomètres, doit permettre de porter les capacités d'échanges entre les deux pays de 2 800 à 5 000 MW ; la mise en service est prévue en 2025[35].

Liste des gestionnaires des réseaux de transport électriques européens

Les gestionnaires de réseau de transport ou opérateurs de système de transport (en anglais : Transmission System Operators - TSOs) européens membres du réseau européen des gestionnaires de réseau de transport d’électricité sont[36] :

PaysGestionnaire
AlbanieOST sh.a (OST)
AllemagneTransnet BW, TenneT, Amprion et 50Hertz
AutricheAustrian Power Grid AG (APG) et Vorarlberger Übertragungsnetz GmbH (VUEN)
BelgiqueElia
Bosnie-HerzégovineNezavisni operator sustava u Bosni i Hercegovini (NOS BiH)
BulgarieElectroenergien Sistemen Operator EAD (ESO)
ChypreCyprus TSO
CroatieHEP-Operator prijenosnog sustava (HOPS)
DanemarkEnerginet.dk
EspagneRed Eléctrica de España
FranceRéseau de transport d'électricité (RTE)
EstonieElering AS
FinlandeFingrid Oyj
GrèceIndependent Power Transmission Operator S.A. (IPTO)
HongrieMavir ZRt
IrlandeEirGrid plc
IslandeLandsnet
ItalieTerna
LettonieAS Augstsprieguma tÏkls
LituanieLitgrid AB
LuxembourgCreos Luxembourg
MacédoineMacedonian Transmission System Operator AD (MEPSO)
MonténégroCrnogorski elektroprenosni sistem AD
NorvègeStatnett
Pays-BasTenneT
PolognePolskie Sieci Elektroenergetyczne S.A. (PSE S.A.)
PortugalRede Eléctrica Nacional (REN)
République tchèqueČEPS
RoumanieTranselectrica
Royaume-UniNational Grid, System Operator for Northern Irland Ltd (SONI), Scottish Hydro Electric Transmission plc (SHE Transmission) et Scottish Power Transmission plc (SPTransmission)
SerbieAkcionarsko društvo Elektromreža Srbije (EMS)
SlovaquieSlovenská elektrizačná prenosová sústava, a.s. (SEPS)
SlovénieELES
SuèdeSvenska Kraftnät
SuisseSwissgrid
TurquieTEİAŞ

Consommation d'électricité

Part de l'électricité dans la consommation finale d'énergie

Part de l'électricité dans la consommation finale d'énergie de l'Union européenne par pays (Mtep)
Pays Consom.finale
d'énergie* 2000
dont
électricité
part élec
2000
Consom.finale
d'énergie* 2018
dont
électricité
part élec
2018
Total EU-281 066,2217,320,4 %1 061,6241,822,8 %
Suède33,711,132,9 %31,811,034,5 %
Finlande23,36,528,0 %25,17,128,4 %
Grèce17,93,720,7 %15,24,328,0 %
France145,833,122,7 %139,837,927,1 %
Bulgarie8,62,124,3 %9,72,626,4 %
Portugal17,23,319,2 %16,24,125,5 %
Espagne76,316,221,2 %82,020,525,0 %
Slovénie4,40,920,4 %4,91,223,9 %
Slovaquie9,91,919,1 %9,92,222,5 %
Allemagne207,241,620,1 %200,944,122,0 %
Italie119,723,519,6 %114,425,222,0 %
Belgique33,66,719,8 %33,17,121,5 %
Royaume-Uni139,628,320,3 %121,925,821,1 %
Autriche21,84,420,3 %26,05,420,8 %
Irlande10,21,717,1 %11,22,320,8 %
Croatie5,91,017,1 %6,71,420,8 %
Pays-Bas47,58,217,2 %44,99,320,7 %
République tchèque24,04,217,7 %24,25,020,6 %
Hongrie15,62,516,2 %17,93,419,0 %
Danemark14,02,819,9 %14,12,719,0 %
Pologne53,68,415,7 %70,012,117,3 %
Roumanie21,92,913,3 %23,43,916,7 %
Autres pays européens et pays voisins :
Norvège17,79,453,3 %19,110,052,2 %
Islande1,7360,59434,2 %3,2001,59049,7 %
Serbie6,92,434,1 %8,42,428,6 %
Suisse[37]18,74,524,1 %18,25,027,7 %
Turquie54,58,215,1 %98,621,922,2 %
Ukraine71,19,813,7 %48,410,221,1 %
Source : Eurostat[38]
* consommation finale énergétique (hors usages non-énergétiques).

NB : les taux les plus élevés s'expliquent par la présence d'industries électro-intensives (électrochimie, électrométallurgie, papier) attirées par des ressources à bas coût (hydroélectricité en Norvège, Islande, Suède, Suisse ; nucléaire en Suède et en France ; bois et nucléaire en Finlande ; lignite en Grèce et en Serbie).

Consommation finale d'électricité

La consommation finale d'électricité[n 4] de l'Union européenne atteignait 3 098 TWh en 2018[13]. La population de l'UE-28 atteignant 512,4 millions d'habitants au [39], sa consommation moyenne d'électricité était de 6 046 kWh par habitant, supérieure de 85 % à la consommation moyenne mondiale par habitant : 3 260 kWh[40].

Consommation finale d'électricité dans l'Union européenne par pays (TWh)
Pays 1990 2000 2010 2015 2016 2017 2018 % 2018 kWh/hab.
en 2018
Total EU-28[13]2 4652 8423 1623 0533 0803 1053 098100 %6 046
Allemagne455,1483,5532,4514,7517,4574,3567,818,3 %6 848
France302,2384,9444,1434,7442,4483,4480,415,5 %7 141
Royaume-Uni274,4329,4329,0303,6303,9327,0325,910,5 %4 906
Italie214,6273,0299,3287,5286,0314,9315,610,2 %5 220
Espagne125,8188,5244,8232,0232,5257,8260,18,4 %5 567
Pologne96,298,1118,7127,8132,8162,8166,85,4 %4 343
Suède120,3128,7131,2124,9127,5136,7135,64,4 %13 331
Pays-Bas71,595,1107,7103,1105,6115,4117,13,8 %6 796
Belgique58,077,583,381,781,888,988,62,9 %7 756
Finlande58,975,783,578,580,885,287,22,8 %15 804
Autriche42,150,359,961,161,974,574,12,4 %8 383
République tchèque48,249,454,254,656,069,669,92,3 %6 574
Roumanie54,233,941,343,043,354,456,31,8 %2 838
Grèce28,543,253,150,853,460,454,31,8 %5 059
Portugal23,538,449,945,846,451,651,91,7 %5 049
Hongrie31,629,434,236,337,142,343,01,4 %4 398
Bulgarie35,324,327,128,328,936,735,91,2 %5 115
Danemark28,432,532,130,931,233,933,41,1 %5 764
Slovaquie23,422,024,124,425,029,529,40,9 %5 402
Irlande11,920,325,425,125,628,028,90,9 %5 939
Croatie13,311,815,915,315,317,217,20,6 %4 205
Slovénie9,210,511,912,813,014,914,90,5 %7 215
Lituanie12,06,28,39,39,712,012,20,4 %4 357
Estonie6,85,06,96,97,39,49,70,3 %7 368
Luxembourg4,15,86,66,26,48,38,20,3 %13 476
Lettonie8,34,56,26,56,57,07,20,2 %3 731
Chypre1,83,04,94,14,44,84,90,16 %5 674
Malte0,91,61,82,12,12,42,40,08 %5 041
Autres pays européens et pays voisins :
Russie826,6608,5726,7726,3744,7978,4999,46 917
Turquie45,095,9170,0214,8228,4262,0272,53 348
Ukraine205,5113,5134,1119,0117,4134,1136,83 065
Norvège96,8109,5113,2111,1113,6125,0127,724 047
Suisse46,652,459,858,258,264,163,37 434
Serbie32,327,327,626,927,333,133,04 728
Islande3,96,915,717,517,318,619,354 605
Albanie1,74,35,75,95,56,26,52 277
Source : Agence internationale de l'énergie[40]

NB : les consommations par habitant les plus élevées (Islande, Norvège, Suède, Finlande, Luxembourg) s'expliquent par la présence d'usines électro-intensives telles que des raffineries d'aluminium ou les papeteries, attirées par des prix d'électricité très bas (centrales hydroélectriques ou nucléaires).

Prix de l'électricité

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Prix de gros

En 2018, les prix spot moyens sur les bourses de l'électricité européennes ont fortement progressé : +€/MWh en moyenne[41] :

Prix spot moyens (€/MWh) sur les bourses de l'électricité européennes
Pays 2014 2015 2016 2017 2018 Variation
2018/2017
Allemagne32,831,629,034,244,5+30,1 %
France34,638,536,745,050,2+11,6 %
Royaume-Uni52,255,749,151,764,9+25,5 %
Italie52,152,342,854,061,3+13,6 %
Espagne42,750,339,752,257,3+9,7 %
Suisse36,840,337,946,052,2+13,5 %
Pays-Bas41,240,032,239,352,5+33,6 %
Belgique40,844,736,644,655,3+24,0 %
Nord Pool[n 5]29,621,026,929,444,0+49,6 %

Ces prix spot ont connu une forte baisse à partir de 2011 où ils étaient proches de 50  en Allemagne, en France et en Espagne, et supérieurs à 70  en Italie ; ils ont remonté à partir de 2015.

La remontée de 2018 a plusieurs causes : vague de froid tardive dans toute l’Europe à la fin du mois de février, remontée des prix des combustibles ainsi que du cours des quotas de carbone, été chaud et sec avec plusieurs épisodes de fortes chaleurs conduisant à une hausse de la consommation et à des réductions de puissances sur plusieurs centrales nucléaires, faible production hydroélectrique dans les pays nordiques, maintenances de longue durée sur le parc nucléaire belge. Les prix restent très volatils : l’Allemagne connait de nombreux épisodes de prix négatifs, liés à la part croissante de l’éolien et du solaire dans la couverture de sa consommation ; le nombre d'heures où les prix passent en dessous de zéro atteint 134 heures ; les prix négatifs apparaissent lorsque la consommation résiduelle (consommation totale d'électricité en Allemagne diminuée des productions fatales : éolien et solaire) tombe au-dessous de 30 GW, et les prix s'envolent au-dessus de 100 €/MWh lorsque la consommation résiduelle dépasse 65 GW. Ces prix négatifs se propagent en France uniquement sur onze heures dans l’année (contre quatre en 2017), dont sept le 1er janvier, où le prix baisse jusqu'à –31,8 €/MWh ; par contre, des prix très élevés sont observés en novembre : le prix français dépasse 150 €/MWh au cours de quatre journées, atteignant un pic à 259,95 €/MWh le à 18 h[41].

Les marchés sont de plus en plus couplés entre eux, créant une zone d'échange unique où les prix deviennent identiques pendant les périodes où les capacités d'interconnexion ne limitent pas les échanges transfrontaliers ; ainsi, le entre 2h et 3h, les prix spot étaient identiques dans toute l'Europe couplée, du Portugal à la Finlande, sauf en Grande-Bretagne. Depuis 2006, le marché français a été progressivement couplé avec la plupart des marchés de l'Europe de l'ouest et du nord ; le couplage s'est étendu à l'Irlande et à la Croatie en 2018 ; il sera étendu à quatre pays d'Europe de l'est en 2020 : République tchèque, Slovaquie, Hongrie et Roumanie[41].

Prix de détail

Prix de l'électricité en Europe pour les consommateurs domestiques 2014[42]

Les statistiques ci-dessous sont tirées de la base de données d'Eurostat[43] (les petits pays ont été écartés pour améliorer la lisibilité) :

Prix hors taxes pour les consommateurs domestiques (résidentiels) :

Prix de l'électricité en Europe pour les consommateurs domestiques au 1er semestre 2012.
Évolution des prix de l'électricité en Europe pour les consommateurs domestiques 2007-2012

Prix hors taxes pour les consommateurs industriels (500 à 2 000 MWh) :

Prix de l'électricité en Europe pour les consommateurs industriels au 1er semestre 2012
Évolution des prix de l'électricité en Europe pour les consommateurs industriels 2007-2012

Une étude publiée en par l'U.S.Energy Information Administration compare les prix de l'électricité ainsi que leur évolution entre l'Europe et les États-Unis (prix moyens TTC pour les consommateurs résidentiels)[44] ; voici ses principales conclusions :

  • en 2013, les prix moyens de l'électricité pour les consommateurs résidentiels atteignaient 0,20 /kWh (0,2657 US $) en Europe, en hausse de 43 % par rapport à la moyenne de 2006 : 0,188 US $, alors qu'aux États-Unis le prix moyen n'avait augmenté que de 17 %, de 0,104 $/kWh à 0,121 2 $/kWh (NB : le taux de change utilisé dans cette étude est de 1,328 $/€ ; avec le taux de 1,245 $/€ du 29/11/2014, la moyenne 2013 des prix européens est ramenée à 0,249 $, soit 2,05 fois le prix moyen américain) ;
  • les prix varient fortement d'un pays à l'autre dans l'Union européenne : de 11,99 $cents/kWh (Bulgarie) à 39,42 $cents/kWh (Danemark) en 2013 ; après le Danemark, l'Allemagne a le prix le plus cher d'Europe ;
  • aux États-Unis, les prix moyens 2013 varient de 8,67 $cents/kWh dans l'état de Washington à 18,84 $cents/kWh dans celui de New York et même à 36,99 $cents/kWh à Hawaii ;
  • les taxes sont un des principaux facteurs explicatifs de ces différences : les taxes représentaient en moyenne 31 % du prix en Europe en 2013 contre 23 % en 2006 ; ce taux variait de 5 % au Royaume-Uni à 57 % au Danemark ;
  • en Allemagne, où les taxes atteignent près de la moitié du prix de détail, une taxe destinée à subventionner les énergies renouvelables représente la majeure partie de ces taxes ; la production d'électricité à partir des énergies renouvelables hors hydroélectricité est passée de 6 % en 2006 à plus de 12 % en 2013 en Europe, alors qu'aux États-Unis leur part est passée de 2,5 % à plus de 5 % ;
  • le gaz naturel assure une part croissante de la production d'électricité aux États-Unis, où la production locale de gaz en forte augmentation permet un approvisionnement à moindre coût, alors qu'en Europe la majeure partie du gaz, qui contribuait en 2012 pour 18 % à la production électrique, est importée depuis des gisements lointains par gazoducs et par méthaniers à des prix beaucoup plus élevés : de 2006 à 2013, les prix du gaz naturel aux principaux nœuds du réseau au Royaume-Uni et en Allemagne ont progressé de plus d'un tiers alors qu'aux États-Unis les prix au nœud de référence Henry Hub ont baissé de 45 %.

Principales entreprises

Une étude de PwC fournit la liste des principaux groupes électriques européens classés par production, émissions de dioxyde de carbone et facteur d'émission[45] :

Grands groupes producteurs d'électricité dans l'Union européenne
Groupe Production 2012
TWh
Émissions 2012
Mt CO2
Facteur d'émission 2012
kg CO2/MWh
EDF5945490
RWE202159785
Vattenfall19485441
E.ON18086496
Enel18079438
GDF Suez16355341
Iberdrola7619254
ČEZ6927395
Statkraft600,58
EnBW5922369
Fortum54591
Scottish & Southern4624531
DEI40471 174
Union Fenosa3715398
EDP3618496
Verbund35382
Drax2724882
DONG Energy164278
TVO15139
Edipower114408

Une étude du cabinet de consultants Watt's Next sur les comptes annuels des 25 principaux énergéticiens européens (électriciens et gaziers) de 2010 à 2014 montre une bonne résistance à la crise : malgré la baisse de la consommation de gaz, la stagnation de celle d'électricité et la forte chute des prix de gros de l'électricité, qui ont (avec les facteurs climatiques : hivers doux en 2013 et 2014) causé un recul de leur chiffre d'affaires de 2,6 % en 2013 et 5,6 % en 2014, ils ont réussi à s'adapter par des plans de réductions de coûts et de cessions d'actifs. Leur marge brute d'exploitation (Ebitda / Chiffre d'affaires) a reculé de 20,5 % en 2010 à 16,8 % en 2014. EDF s'affiche comme le champion avec un Ebitda de 17,3 milliards en 2014, soit 24 % de marge. Plusieurs d'entre eux ont enregistré des dépréciations d'actifs : au total près de 60 milliards d'euros sur les trois derniers exercices : 15 milliards chez Engie (ex-GDF Suez), 7,7 milliards chez Enel, 4,8 milliards chez RWE et E.ON. Entre 2010 et 2014, ils ont globalement réduit leurs investissements industriels de 73,1 à 59,7 milliards d'euros (- 18 %), certains comme E.ON ayant même divisé les leurs par deux ; la plupart ont annoncé de nouvelles baisses à venir[46]. Ils ont cédé pour 90 milliards d’euros d’actifs en cinq ans. Leur dette totale atteignait 271 milliards d'euros fin 2014, dont 137 milliards pour les cinq leaders : E.ON, Engie, Enel, EDF et RWE ; en deux ans (2013 et 2014), elle a reculé de 50 milliards et représente 2,5 fois l'Ebitda (2 pour EDF et 2,3 pour Engie), dénotant une capacité de remboursement satisfaisante ; les opérateurs ibériques Iberdrola, Gas Natural Fenosa et, surtout, Electricidade de Portugal sont dans une situation plus délicate avec un ratio bien supérieur à 3, le seuil de fragilité[47].

Les grands groupes électriques européens ont subi une crise profonde de 2014 à 2016 du fait de la baisse des prix de l'énergie : E.ON a enregistré des pertes de 3,1 G€ (milliards d'euros) en 2014, 6,4 G€ en 2015 et 16,0 G€en 2016, causées par des dépréciations massives sur ses centrales à charbon et à gaz ; après avoir, en 2016, placé en Bourse 53 % de sa filiale Uniper, dans laquelle il a logé ses centrales électriques traditionnelles, il compte céder le reste du capital d'Uniper à partir de 2018 et se recentrer sur les énergies renouvelables, les réseaux et les services ; Engie a adopté la même stratégie ; RWE a logé ses actifs les plus rentables (renouvelables) dans sa filiale Innogy, et des réflexions sont engagées sur un éventuel transfert des centrales à charbon à un fonds parapublic[48]. EDF a moins souffert, son résultat brut d'exploitation a même progressé de 3,9 % ; mais la forte baisse du prix de l’électricité sur le marché de gros en Europe l'a pénalisé et son PDG annonce un plan d'économies d'un milliard en 4 ans et une baisse des investissements[49].

Notes et références

Notes

  1. y compris lignite.
  2. consommation brute d'électricité = production nationale brute totale d'électricité + importations - exportations d'électricité
  3. y compris production des centrales de pompage-turbinage.
  4. production + importations - exportations - pertes en ligne (définition AIE).
  5. Nordpool est le marché électrique unifié des pays scandinaves : Suède, Norvège, Finlande et Danemark.

Références

  1. Bilan électrique 2018 - Europe, RTE, février 2019.
  2. (en)Data and statistics : Switzerland - Electricity 2018, Agence internationale de l'énergie, 24 septembre 2019.
  3. Production brute totale d'électricité, Eurostat, mis à jour le 26 juin 2020.
  4. Taux de couverture en Europe, RTE, février 2019.
  5. European nations are increasing electricity generation using no-carbon sources, EIA, 22 septembre 2014
  6. CO2 : Engie dans la moyenne européenne, EDF parmi les bons élèves, Les Échos, 10 février 2020.
  7. Érosion des moyens de production pilotables dans l´Union Européenne, Allemagne Énergies, 1er septembre 2018.
  8. Quelle sécurité d’approvisionnement électrique en Europe à horizon 2030 ?, France Stratégie, janvier 2021.
  9. Energies renouvelables : « Il faut plus de coordination en Europe », Les Échos, 28 janvier 2021.
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