Estonie

L'Estonie, en forme longue la république d'Estonie (en estonien : Eesti et Eesti Vabariik), est un pays d'Europe du Nord. Elle partage ses frontières avec la Russie sur son flanc est et avec la Lettonie au sud. La mer Baltique s'ouvre à l'ouest, tandis que le golfe de Finlande, où se trouve la capitale Tallinn, constitue une délimitation naturelle au nord avec la Finlande.

République d'Estonie

(et) Eesti Vabariik


Drapeau de l'Estonie.

Armoiries de l'Estonie.
Hymne en estonien : Mu isamaa, mu õnn ja rõõm  Ma patrie, mon bonheur et ma joie »)
Fête nationale
· Événement commémoré Déclaration d'indépendance vis-à-vis de l'Empire russe ()
La République d'Estonie en Europe (l'Union européenne en vert clair).
Administration
Forme de l'État République parlementaire
Présidente de la République Kersti Kaljulaid
Première ministre Kaja Kallas
Parlement Riigikogu
Langues officielles Estonien
Capitale Tallinn

59° 26′ N, 24° 45′ E

Géographie
Plus grandes villes Tallinn, Tartu, Narva, Pärnu
Superficie totale 45 339 km2
(classé 130e)
Superficie en eau 4,56 %
Fuseau horaire UTC +2 ; heure d’été : UTC+3
Histoire
Indépendance Empire russe

Union soviétique
Démographie
Gentilé Estonien, Estonienne
Population totale (2020[1]) 1 228 624 hab.
(classé 158e)
Densité 27 hab./km2
Économie
PIB nominal (2014) 25,953 milliards US$
+ 4,28 % (103e)
PIB (PPA) (2014) 35,621 milliards de $
+ 3,57 % (108e)
PIB nominal par hab. (2014) 19 670,852 US$
+ 4,34 % (41e)
PIB (PPA) par hab. (2014) 26 998,783 US$
+ 3,64 % (43e)
Taux de chômage (2014) 7,013 % de la pop.active
- 18,72 %
Dette publique brute (2014) Nominale :
1,887 milliards €
- 0,05 %
Relative :
9,666 % du PIB
- 4,04 %
IDH (2019) 0,892[2] (très élevé ; 30e)
Monnaie Euro (EUR​)
Divers
Code ISO 3166-1 EST, EE​
Domaine Internet .ee
Indicatif téléphonique +372
Organisations internationales ONU :

UE :

OTAN :

CD

La situation géographique de l'Estonie et son histoire récente similaire à ses voisins méridionaux (la Lettonie et la Lituanie) conduit de nombreux observateurs à percevoir l'Estonie en tant que partie de l'ensemble géopolitique nommé pays baltes.

Néanmoins, l'Estonie possède une culture ainsi que des racines linguistiques, génétiques et un statut (pays de souche finno-ougrienne germanisé protestant) similaires à la Finlande, souvent considérée comme "la grande soeur" de l'Estonie. On y retrouve notamment le sauna, ainsi qu'une culture du silence et un attachement particulier des Estoniens pour la nature, ce qui conduit l'Estonie à se considérer et à être parfois perçue comme un pays nordique.

Initialement peuplée de tribus indigènes d'origine fennique pendant plusieurs milliers d'années, l'Estonie a été conquise puis convertie au christianisme par des chevaliers allemands au XIIe siècle. Pendant près de 700 ans, l'Estonie vit sous le contrôle et l'influence de populations germaniques (issus du Nord de l'Allemagne et des pays Scandinaves), qui affectent durablement la culture et le mode de vie de ses habitants.

La lutte permanente des puissances voisines (Pologne-Lituanie, Suède, Danemark, Empire russe...) pour le contrôle de cet emplacement stratégique tout au long de l'histoire déclenche en réponse une volonté d'affirmation de la part des autochtones à partir du XIXe siècle. Ces derniers, dominés et réduit au servage (voire à l'esclavage) pendant des siècles, tirent profit des luttes d'influence entre anciens maitres allemands et la Russie impériale qui contrôle le territoire à partir de 1710 pour s'affirmer culturellement (le "réveil national"), puis politiquement tout au long du XIXe siècle. Les Estoniens se servent des troubles engendrés par la révolution russe de 1917 pour devenir un pays indépendant à partir de 1918.

Pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), l'Estonie a été contestée et occupée à plusieurs reprises par l'Union soviétique et l'Allemagne. L'Estonie indépendante est finalement occupée par l'Union soviétique en juin 1940, conformément au pacte germano-soviétique d'août 1939. Après la perte de son indépendance de facto, les représentants diplomatiques et le gouvernement en exil ont préservé la continuité de jure (en) de l'Estonie. En 1987, la révolution chantante pacifique contre l'occupation soviétique a abouti à la restauration de l'indépendance de facto le .

Aujourd'hui, l'Estonie est un État souverain sous la forme d'une république parlementaire unitaire démocratique divisée en quinze comtés. Sa capitale politique, économique et plus grande ville est Tallinn, tandis que sa seconde ville Tartu est considérée comme le berceau de la culture estonienne et la capitale intellectuelle du pays, notamment en raison de son université. Avec une population de 1,2 million d'habitants, elle est l'un des membres les moins peuplés de l'Union européenne depuis le et de l'OTAN depuis mars 2004. L'Estonie est également membre de la zone euro, de l'ONU, de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), du Conseil de l'Europe, de l'espace Schengen, de l'OCDE ou encore du Conseil des États de la mer Baltique, et est observateur au Conseil nordique et à l’Organisation internationale de la francophonie et à l'OCDE. Depuis 2020, l'Estonie est membre du Conseil de sécurité des Nations unies[3].

L'Estonie est un pays développé doté d'une économie qui a connu l'une des croissances les plus rapides de l'UE[4]. Le pays se classe à la trentième place en 2018 dans l'indice de développement humain et obtient des résultats favorables en termes de liberté économique, libertés civiles, éducation[5] et liberté de la presse selon RSF (quatorzième dans le monde en 2020)[6]. Les citoyens estoniens bénéficient de soins de santé universels[7], d'une éducation gratuite[8],[9].

L'Estonie fut violemment impactée par la crise économique mondiale de 2008 avec une hausse du taux de chômage à près de 14 %. Avec une politique de maîtrise de l'inflation et des finances publiques, le gouvernement permet au pays d'avoir le plus faible taux d'endettement public de l'Union européenne. Particulièrement à la pointe dans l'usage des technologies de l'information-communication, notamment par les services de l'état, le cadre offert par l'Estonie lui permet d'être attractive pour de nombreux entrepreneurs de l'économie numérique. Son nombre record de start-ups par habitant permet à l'Estonie de faire partie des leaders européens du domaine.

Histoire

La confédération de Livonie en 1260.

À l'issue de la dernière ère glaciaire, les premiers occupants à pénétrer sur l'actuel territoire estonien sont des populations nomades qui arrivent vers 8500 av. J.-C. Selon la théorie la plus répandue, le peuple finno-ougrien, dont descend la majorité des Estoniens contemporains, arrive dans la région vers le IVe millénaire av. J.-C. en introduisant la céramique à peigne commune à plusieurs peuples rattachés à la même famille linguistique.

Vers 3200 av. J.-C. une nouvelle population, sans doute d'origine indo-européenne, arrive dans la région : son apparition se traduit par l’apparition de la céramique cordée, de haches en pierre particulièrement bien finies (haches naviformes) et par l'amorce d'une activité agricole et de d'élevage[10]. Les premières fermes sont construites à l'époque. Il semble qu'après une période de coexistence qui va jusqu’au IIe millénaire av. J.‑C., la langue finno-ougrienne s'impose sur le territoire de l'Estonie, au nord et sur la côte de la Lettonie, tandis que le parler des derniers arrivants s'impose dans le reste de la Lettonie et plus au sud. Toutefois, chaque langue emprunte sans doute à cette époque une fraction de son vocabulaire à l'autre. Par la suite, aucun autre mouvement de population massif ne semble avoir touché le territoire de l’Estonie. La population estonienne et sa langue semblent donc descendre directement des habitants de cette époque[11].

Manifestation pour l'indépendance à Pärnu en 1918.

Au début du XIIIe siècle les rives sud de la mer Baltique constituent une des dernières contrées païennes d'Europe. Les croisades baltes (1200-1227), menées sur le territoire par un ordre de soldats templiers allemand, les chevaliers porte-glaive, réalisent la conquête du pays dont les habitants sont convertis à la foi chrétienne. Un État dominé conjointement par des princes-évêques et l'ordre des moines soldats, recouvrant à la fois le territoire de l'Estonie et de la Lettonie moderne, se met en place avec deux classes de population bien distinctes : d'une part une minorité d'origine allemande qui constitue l'élite politique, militaire, religieuse, intellectuelle et qui monopolise le commerce et la propriété foncière, d'autre part les paysans, finno-ougriens sur le territoire estonien, dont le statut va se dégrader au fil des siècles. Cette division perdure plus ou moins jusqu'en 1917. Entre 1418 et 1562, la région forme la Confédération livonienne. Au début du XVIe siècle le pays, touché par la Réforme, opte pour le luthéranisme. Il est le théâtre de conflits qui l'opposent à des voisins de plus en plus puissants : la Russie, la Lituanie, la république des Deux Nations et la Suède. Finalement cette dernière annexe la région en 1595. Initialement, les souverains suédois ne remettent pas en cause la suprématie de la noblesse balte d'origine germanique descendante des chevaliers porte-glaives. Cette politique change avec la grande guerre du Nord. À compter de 1710 le territoire estonien devient pour deux siècles une région de l'Empire russe.

Au XVIIIe siècle la noblesse foncière germanophone, à qui les dirigeants russes laissent une grande autonomie, maintient les paysans finno-ougriens dans le servage. Celui-ci n'est aboli qu'au début du siècle suivant en partie sous la pression du pouvoir russe, en partie grâce à quelques germanophones éclairés. Certains de ces derniers, qualifiés d'estoniophiles, s'intéressent à la langue, la culture et l'histoire des autochtones. Des intellectuels membres de la classe moyenne estonienne, qui commence à se former à cette époque, vont prendre le relais en faisant un travail de collecte de la mémoire populaire et en affinant la langue permettant l'apparition des premiers périodiques et ouvrages de fiction en estonien. À la fin du siècle la langue estonienne, dopée par une tentative de russification, commence à se substituer à l'allemand comme langue véhiculaire. En parallèle la proportion de paysans propriétaires s'accroît fortement. Au début du XXe siècle apparaissent les premiers partis politiques estoniens dont les revendications se cantonnent à une autonomie limitée et à l'égalité de statut avec les germanophones qui conservent une grande partie des pouvoirs.

Aux débuts de la guerre civile russe (1917-1922), la plupart des divisions militaires estoniennes (créées pendant la Première Guerre mondiale) combattirent contre l'Allemagne au côté des bolcheviks. Toutefois par la signature du traité de Brest-Litovsk, la Russie soviétique cède les États baltes à l'Empire allemand. Selon ce traité, l'Estonie, qui avait proclamé son indépendance le , devait être annexée par le Reich, mais la défaite allemande du lui permet d'accéder à la souveraineté, reconnue internationalement en 1919 (première période d'indépendance, 1919-1940). Les terres agricoles encore détenues par la noblesse germanophone sont redistribuées aux paysans et un régime parlementaire est instauré. Celui-ci, menacé durant la Grande Dépression par la montée d'un mouvement populiste, se mue en 1934 en régime semi-autoritaire.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, l'Estonie est d'abord envahie en juin 1940, ainsi que le prévoyaient les clauses secrètes du Pacte germano-soviétique (en même temps que les deux autres pays baltes), par l'URSS qui y organise un « plébiscite » pour donner à l'annexion du pays une apparence de légitimité. Les États-Unis[12] et la plupart des pays non-communistes membres de l'ONU, ainsi que, par la suite, le Parlement européen[13],[14],[15], la CEDH et le Conseil des droits de l'homme de l'ONU[16] n'ont pas reconnu l'incorporation de l'Estonie parmi les 15 Républiques socialistes soviétiques et ont continué à la reconnaître de jure comme État souverain[17],[18],[19].

Quelque 13 000 Estoniens furent déportés par les soviétiques et seule une minorité survécut au Goulag ; ils furent remplacés après la guerre par des colons russes. Beaucoup d'Estoniens se réfugièrent dans la campagne où ils formèrent des maquis.

En 1941, l'Estonie est occupée par la Wehrmacht, accueillie en libératrice par la population sortant d'un an de terreur rouge exercée par le NKVD et l'Armée rouge (il en sera de même sur tous les territoires soviétiques envahis durant les premières semaines de l'opération Barbarossa). Les Germano-Baltes quittent en masse le pays pour répondre à l'appel des autorités nazies. Les Estes finno-ougriens étant, dans la hiérarchie raciste des nazis inférieurs aux Germains, découvrent que les nazis ne sont pas moins cruels que les soviétiques et leur NKVD, de sorte que certains rejoignent la résistance anti-allemande. Mais d'autres collaborent avec l'occupant nazi et lorsque les Soviétiques reviennent en 1944, ces collaborateurs fuient par la mer pour éviter les représailles, quittant définitivement leur pays vers la Finlande ou la Suède.

Dans l’Estonie occupée est mis en place une république socialiste intégrée dans l'URSS, tandis que la République d’Estonie proprement dite, reconnue par la majorité des puissances occidentales, est représentée par un gouvernement en exil à l’étranger.

La société estonienne et son économie sont profondément transformées par les Soviétiques. De nombreuses industries sont installées, l'agriculture est nationalisée et une forte minorité russe s'installe pour diriger ces nouvelles activités.

La dislocation de l'URSS en 1991 permet à l'Estonie de retrouver son indépendance de facto à l'issue d'un processus pacifique. Du fait de la non-reconnaissance internationale de son occupation par l'URSS (voir plus haut), l'Estonie a pu, contrairement à douze autres républiques ex-soviétiques, quitter la sphère d'influence russe, opter pour une politique euro-atlantique et finalement adhérer à l'OTAN en avril 2004, puis à l'Union européenne le .

Politique

Le président Toomas Hendrik Ilves et George W. Bush en Estonie en 2006.

L'Estonie est une démocratie parlementaire depuis le rétablissement de l'indépendance en 1991 ; toutefois les lois en vigueur ne reconnaissent pas aux communistes de liberté d'expression, de rassemblement, et autres droits politiques.

Pouvoir exécutif

Le mandat du président de la République est de cinq ans. Il est élu au premier tour de scrutin par le Riigikogu (parlement) s'il obtient la majorité des deux tiers, et au second tour, si nécessaire, par un collège électoral composé des 101 députés du Riigikogu et d'un nombre d'élus locaux défini à chaque nouvelle élection. Son principal pouvoir est de nommer le Premier ministre qui doit obtenir la confiance du Riigikogu.

La présidente actuelle, Kersti Kaljulaid, a succédé en 2016 à Toomas Hendrik Ilves ; elle est la première femme à accéder à ce poste[20]. Kaja Kallas exerce la fonction de Première ministre depuis le [21].

Pouvoir législatif

Composition du Riigikogu en mars 2011.

Le Riigikogu est le nom estonien du parlement monocaméral de l'Estonie. Il comprend 101 députés, élus tous les quatre ans. L'Estonie étant une république parlementaire, le Riigikogu est le principal acteur du pouvoir estonien.

Riigi- se rapproche de l'allemand Reich ou du suédois Riks (« État ») et -kogu vient d'« assemblée » en estonien.

Les premières élections eurent lieu en 1920. Jusqu'en 1938, 5 autres élections se déroulèrent sur la base de trois constitutions différentes. Depuis 1922, les sessions du Riigikogu ont lieu dans le château de Toompea où une aile a été reconstruite pour devenir le bâtiment du parlement. En 1992, après 50 ans d'occupation soviétique, de nouvelles élections eurent lieu selon la nouvelle constitution adoptée durant l'été 1992.

Le Riigikogu est entièrement équipé de matériel de vote informatique, les résultats sont transmis via internet et donc directement accessibles aux citoyens.

Cinq partis politiques sont actuellement représentés au Riigikogu depuis les élections de 2019 et ont donc dépassé le seuil d'éligibilité de 5 %[22].

Son président actuel est Henn Põlluaas, du Parti populaire conservateur d'Estonie (EKRE).

Relations avec l'Union européenne

Le processus d'adhésion de l'Estonie à l'Union européenne débute en 1995, et s'achève en 2004.

  • Le , l'Estonie présente la question d'adhésion.
  • Le , l'Estonie ouvre des négociations d'adhésion, elles s'achèvent lors du Conseil européen de Copenhague du .
  • Le , le Conseil européen approuve l'adhésion.
  • Le , l'Estonie signe le traité d'adhésion, en vigueur à partir du .
  • Le , 68,9 % des Estoniens approuvent l'adhésion par référendum.
  • Le , entrée dans l'Union européenne.
  • Le , l'Estonie entre dans l'espace Schengen[23].
  • Le , l'Union européenne prévoit de faire entrer l'Estonie dans la zone euro en 2011.
  • Le , la monnaie de l'Estonie devient l'euro.

L'Organisation internationale de la francophonie

L'Estonie est un membre observateur au sein de l'Organisation internationale de la francophonie[24].

Subdivisions administratives

Comtés

Carte des différentes régions administratives de l'Estonie.

L'Estonie comprend 15 régions administratives, appelées maakonnad (au singulier maakond) — le -maa signifie pays ou plus précisément terre :

Villes

La carte géographique des axes formées par la position des villes d'Estonie se présente sous la forme d'un rectangle reliant les 4 agglomérations majeures du pays. Chacune de ces villes est distinguée par un ou plusieurs domaines de spécialités :

  • Tallinn, au Nord-Ouest, est la capitale politique, premier port marchand et poumon économique du pays. Elle est la plus peuplée, regroupe de nombreuses entreprises, notamment issues des technologies de l'information-communication.
  • Tartu, au Sud-Est, est la ville intellectuelle et étudiante. Plus ancienne ville du pays, elle abrite en son sein l'Université de Tartu, classée parmi les 300 meilleures Universités du monde. Elle est à la fois le berceau de la culture Estonienne proprement dite (littérature, théâtre, chants...), mais aussi reconnue pour la vitalité de sa vie étudiante, culturelle et intellectuelle. L'expression populaire Tartu vaim (l'esprit de Tartu) est très utilisée en Estonie.
  • Pärnu, au Sud-Ouest, est la ville touristique. Située sur les bords de la mer baltique, elle est le principal lieu de villégiature de la population estonienne. Elle est couramment désignée sous l'appellation de "capitale de l'été".
  • Narva et Kohtla-Järve, au Nord-Est sont des villes industrielles. Les deux villes sont le sièges d'anciennes usines métallurgiques, mais également des centrales électriques qui alimentent tout le pays.

Géographie

D'une superficie (45 227 km2) proche de celle des Pays-Bas (celle définie par le traité de paix de Tartu en 1920 était de 47 549 km2), l'Estonie est le plus septentrional des pays baltes, largement ouvert à l'ouest sur la mer Baltique, au nord sur le golfe de Finlande (3 794 km de côtes), bordé à l'est par la Russie (frontière de 294 km) et au sud par la Lettonie (frontière de 339 km). La côte estonienne est essentiellement rocheuse.

10 % du territoire est composé d'un archipel de plus de 1 500 petites îles situées dans la Baltique dont les deux plus grandes sont Hiiumaa (989 km2) et Saaremaa (2 673 km2).

La distance de Tallinn à Helsinki n'est que de 85 km alors qu'il faut 307 km pour aller à Rīga, 395 km pour rejoindre Saint-Pétersbourg et 405 km pour Stockholm.

Relief

L'Estonie est un pays de terres basses marécageuses. Des inondations ont régulièrement lieu au printemps. Le pays compte peu de cultures agricoles permanentes[25]. 48 % du pays est constitué de bois et de forêts, la taïga, et 13 % de marais à tourbe. L'Estonie compte également plus de 1 400 lacs. Le relief de l'Estonie est caractérisé par une altimétrie assez faible et un grand nombre de lacs et environ 150 rivières. Le point culminant est le Suur Munamagi, situé au sud-est du pays.

Le lac Peïpous est le quatrième plus grand lac d'Europe après les lacs Ladoga et Onega en Russie et le Vänern en Suède. Il ressemble à une véritable mer intérieure du point de vue de sa superficie et sert de frontière à l'est avec la Russie. Il est gelé en hiver pendant quatre mois et est navigable pendant les huit autres mois de l'année. À l'inverse, l'été avec les longues journées ensoleillées estoniennes, le lac est propice à la baignade et de nombreux Estoniens et Finlandais sont attirés par les plages de dunes sur son côté nord. Il présente même de nombreux campings gratuits, mode d'hébergement favori dans les pays nordiques. Le reste du lac est par contre davantage composé de marécages.

Climat

Grâce au courant Nord-Atlantique chaud, toute l'Europe du Nord (dont l'Estonie) jouit d'un climat considérablement plus doux que, par exemple, les mêmes latitudes en Amérique du Nord. La mer Baltique cause de grandes différences de climat entre les zones côtières et continentales.

Le climat est caractérisé par un hiver plutôt froid, un printemps doux et un peu pluvieux, un été relativement chaud et un long et doux automne (température moyenne en juillet 16 °C ; température moyenne en février −9 °C). Les premières neiges apparaissent vers novembre. La température peut descendre en dessous de −20 °C l'hiver. Le mois le plus sec est le mois de mars avec en moyenne 24 mm alors que la pluviométrie est la plus élevée au mois de juin avec une moyenne de 127 mm.

Comme dans les autres pays nordiques, la latitude élevée de l'Estonie engendre une importante différence de lumière de jour entre l'hiver et l'été.

Les journées sont plus courtes au solstice d'hiver :

  • Tallinn (au nord) : 6 h 2 min de jour / 17 h 58 min de nuit ;
  • Valga (sud) : 6 h 39 min de jour / 17 h 21 min de nuit.

À l'inverse, les journées sont plus longues au solstice d'été :

  • Tallinn : 18 h 40 min de jour / 5 h 20 min de nuit crépusculaire ;
  • Valga : 18 h 10 min de jour / 5 h 50 min de nuit crépusculaire.

Le nombre annuel d'heures ensoleillées varie entre 1 600 et 1 900, ce nombre étant plus élevé sur la côte et les îles et plus faible à l'intérieur du pays. Cela correspond à moins de la moitié de la quantité maximale de soleil possible.

Écologie

Les Estoniens, comme les autres populations nordiques, sont très proches de la nature et soucieux de la préservation de l'environnement. L'Estonie pratique le libre droit d'accès à la nature comme la Finlande. Le camping sauvage est autorisé partout hors des villes et des endroits qui mentionnent une interdiction spécifique.

Une initiative de dépollution de grande ampleur a été mise en place en 2008 au niveau national par l'association Teeme Ära, devenu par la suite Let's do it! World au niveau international. Les zones polluées par de nombreux déchets ainsi que les décharges sauvages ont été localisées par images satellite et par des citoyens qui renseignaient une base de données. Les coordonnées GPS de chaque endroit ont ensuite été communiquées aux participants qui pouvaient localiser les zones proches de chez eux et y intervenir pour s'occuper des déchets. Plusieurs dizaines de milliers d'Estoniens ont participé à ce projet. Cette expérience fut accompagnée d'une vaste campagne de sensibilisation. 80 % des déchets collectés par les bénévoles ont été recyclés[26].

L'Estonie est le second pays d'Europe, après la Bulgarie, à présenter les taux de pollution urbaine les plus élevés[27].

Le pays produit la quasi-totalité de son électricité avec du pétrole de schiste et du charbon. En conséquence, il est le deuxième émetteur de CO2 par habitant d'Europe. L’Estonie compte aussi parmi les États à refuser l’objectif de neutralité carbone pour 2050[28].

Paysage estonien – parc national de Lahemaa.

Réseau européen Natura 2000

Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.

En décembre 2018, l'Estonie comptait 567 sites dont :

La superficie totale est de 14 861 km2, ce qui représente 17,9 % de la surface terrestre et marine du territoire de l'Estonie[29].

Cartographie des sites Natura 2000 de l'Estonie

Économie

Taux de croissance annuel en Estonie (2000-2010).

En 2005, le PIB/habitant était de 9 733 euros, le PIB en standard de pouvoir d'achat (SPA) par habitant de 13 400 euros et le taux d'inflation de 4,1 % (2005). En juillet 2006, le taux de chômage était de 4,2 %.

L'Estonie se trouve dans une région d'Europe à fort potentiel économique, autour de la mer Baltique. Ces dernières années, elle a connu une croissance rapide (8,1 % en 2004, de 10,5 % en 2005 et de 11,4 % en 2006, selon Eurostat). Elle appartient, depuis 2001, au premier groupe des pays à fort niveau de développement humain (46e rang sur 174).

L’une des plus libérales d'Europe du Nord, l’économie estonienne exporte machines-outils, équipements électriques et électroniques (comme les pièces de téléphonie mobile), logiciels et services liées aux NTIC, bois et produits textiles.

L'Estonie est l'une des sociétés les plus avancées sur le plan numérique[30]. En 2005, elle est devenue le premier État à tenir des élections sur Internet. En 2014, elle est le premier État à offrir la résidence électronique, et est également à l'origine du système d'échange de données X-Road.Microsoft Skype est une entreprise qui commercialise son logiciel propriétaire et le service lié de voix sur IP (VoIP) développé par les programmeurs Ahti Heinla, Priit Kasesalu et Jaan Tallinn pour les entrepreneurs Niklas Zennström et Janus Friis. Les trois Estoniens étaient déjà à l'origine du logiciel Kazaa.

L'Estonie est régulièrement citée comme modèle dans l'adoption des technologies de l'information et des télécommunications. Anneli Kavald, chargée de mission à l’Institut estonien en France, établit sur ce point une comparaison d'ordre culturel avec la France : « les Estoniens sont beaucoup plus réceptifs en matière de NTIC que les Français, qui, habitués au Minitel, ont parfois eu du mal à passer à autre chose. Et puis les Estoniens sont partis de zéro et cela leur a permis d’acquérir à une vitesse supérieure tout ce qu’il y avait à acquérir en matière de connaissances, même au niveau d’un simple utilisateur. Nous sommes très branchés mais sans forcément nous en rendre compte car, pour nous, il s’agit d’une norme. Nous nous plaignons parfois quand nous voyageons car, ailleurs, ces services ne sont pas obligatoirement disponibles. »[31]

L’économie, très dépendante sur le plan financier des banques suédoises, s’est révélée très fragile. La crise bancaire et financière de l'automne 2008 a provoqué une débâcle dans ce petit pays baltique qui avait formé sa propre bulle immobilière : entre juin 2008 et juin 2009, le chômage a doublé, le PIB a reculé de 15 %, la production industrielle de 34 %. Le gouvernement tente de renverser la situation essentiellement par des coupes budgétaires[32] afin de pouvoir remplir les conditions d'entrée dans la zone euro dès 2011[33]. On attendait pour 2009 une contraction du PIB comprise entre -14 % et -15 % tandis que le pays connaissait désormais la déflation qui a atteint - 0,1 % en 2009.

Le pays renoue avec la croissance à partir de 2010, et le gouvernement estime que l'Estonie retrouvera le niveau de PNB d'avant la crise économique à horizon 2015[34]. Quant au taux de chômage, il s’élève en décembre 2011 à 11,7 %[35] contre 15,2 % en janvier 2010[36], selon Eurostat.

Vue de Tallinn – quartier moderne avec ses gratte-ciels à gauche et la ville historique à droite.

L’écart de l’espérance de vie entre les personnes diplômées et les personnes non diplômées est de 15 ans en Estonie[37]

Monnaie

À l'issue de la Première Guerre mondiale, plusieurs monnaies circulaient en Estonie, dont le mark allemand et le rouble russe. Elles furent remplacées en 1918 par le mark estonien, à parité avec le mark allemand. Après plusieurs dévaluations, celui-ci fut remplacé le par la couronne estonienne au taux de 1 couronne pour 100 marks. Cette première couronne estonienne fut à nouveau dévaluée en 1933 lors de la crise économique.

À la suite de l'invasion soviétique de 1940, la couronne estonienne se trouva remplacée par le rouble soviétique au taux de 1 rouble pour 0,8 couronne.

Après l'indépendance, une nouvelle couronne estonienne (eesti kroon ; abréviation internationale EEK), fut introduite en à parité fixe avec le mark allemand (1 DEM = 8 EEK). Cette nouvelle monnaie rejoint le mécanisme de taux de change européen II (MCE II) le , en vue d'une adoption de l'euro initialement prévue en (1 euro = 15,646 6 EEK, ± 15 %). Mais une inflation trop importante (environ 4 % sur 12 mois) retarde le passage à l'euro jusqu'à 2011.

Depuis le , la monnaie nationale est l'euro, avec une parité fixe de = 15,6466 EEK. Les pièces en euro de l'Estonie représentent toutes la carte du pays.

Afin de continuer à promouvoir la dématérialisation de toutes ses administrations commencée avec la promotion de sa dorsale internet, l'X-Road, L'Estonie envisage d'émettre sa propre cryptomonnaie, l'Estcoin[38]

Transports

En , 11 des 15 comtés estoniens ont adopté la gratuité des déplacements en bus. L'Estonie est ainsi devenue le premier pays européen à prendre cette mesure sur quasiment l'ensemble du territoire, dans le but de limiter l'exode rural et la consommation de combustibles fossiles. La capitale Tallinn offre déjà la gratuité des bus depuis 2013[39].

Démographie

Pyramides des âges.
Évolution de la démographie entre 1970 et 2010 (chiffre de la Statistics Estonia, 2010).

En 2010, la population de l'Estonie s'élève à 1 340 194 habitants, contre 1 372 071 en 2000[40]. La démographie est marquée par une perte sensible de population depuis la fin des années 1990 (-4,9/1000 en 1998 ; -3,8/1 000 en 1999), en raison du départ d'une partie de la population, comme dans les autres pays baltes, mais surtout d'un indice de fécondité faible (1,37 enfant par femme en 2000 et 1,64 en 2010[41]).

Les principales villes sont : Tallinn (400 378 habitants), Tartu (101 169 habitants), Narva (74 572 habitants), Pärnu (51 927 habitants).

Situation actuelle

Les Russes représentent la minorité la plus importante d'Estonie (environ 350 000 personnes) et la plus ancienne. Elle est loin d'être homogène car elle est constituée de plusieurs sous-groupes dont l'arrivée sur le sol estonien est échelonnée dans le temps.

Tout au long de l'histoire de l'Estonie, des Russes se sont installés dans les villes pour occuper des métiers d'artisans et de commerçants : environ 40 000 Russes étaient présents ou sont descendants de Russes présents avant l'invasion soviétique de 1939.

Parmi ceux-ci, les vieux-croyants forment une communauté d'environ 15 000 personnes, liée à l'Église vieille-orthodoxe pomore, pourchassée par le pouvoir tsariste et l'église officielle (patriarcat de Moscou et de toute la Russie), et s'est installée au XVIIe siècle sur les rives du lac Peïpous.

Le reste de la communauté s'est installé durant la période soviétique pour occuper les emplois générés par la construction en Estonie d'importants complexes industriels. Cette partie de la communauté russe liée à l'Église orthodoxe d'Estonie (patriarcat de Moscou), qui représente environ 20 % de la population et qui est de plus fortement concentrée dans les villes industrielles du Nord-Est (Narva, économiquement sinistrée) et dans la capitale, est généralement mal intégrée. Peu parlent l'estonien et, vivant en communauté fermée, ils ont peu de contacts avec les Estoniens qui ne cherchent de toute façon pas à les fréquenter. Malgré tout, 70 000 ont opté depuis l'indépendance pour la nationalité estonienne après avoir passé avec succès un examen linguistique et culturel tandis que 100 000, souvent âgés, choisissaient la nationalité russe. Environ 170 000 russophones n'ont pas voulu trancher et sont depuis reconnus par l'État estonien comme étant des « non-citoyens » et sont donc privés de leurs droits civiques. Aujourd'hui encore, ils sont apatrides puisque leur pays d'origine, l'Union soviétique, a depuis disparu[42]. Peu à peu, une partie de cette minorité russe quitte le pays[43].

D'autres minorités sont présentes : Biélorusses, Ukrainiens, Setos, Juifs[44].

Minorités disparues ou en voie de disparition

Certaines minorités ont disparu ou sont en voie de disparition : Juifs, Allemands, Ingriens, Suédois.

Suédois

Les Suédois d'Estonie (suédois : Estlandssvenskar) sont les populations de langue suédoise qui se sont installées en Estonie, notamment pendant la période de colonisation du pays par la Suède (1561-1721). Comme du côté finlandais, ils résidaient principalement dans les îles du golfe de Riga (notamment Hiiumaa, Ruhnu, Naissaar et Vormsi) et sur les côtes ouest et nord du pays. La communauté suédoise, installée dans ces lieux depuis le XIIIe siècle et qui comptait alors 7 000 membres a quitté le pays durant la Seconde Guerre mondiale. Il ne reste aujourd'hui que quelques centaines de Suédois d'Estonie.

Langues

Pourcentage d'habitants de langue maternelle estonienne en 2011 par municipalité.

La langue officielle de l'Estonie est l'Estonien, qui est la langue maternelle de plus de 69 % de la population du pays ainsi qu'une langue étrangère maîtrisée par 14 % de la population, ce qui fait que plus de 82 % des habitants du pays savent parler estonien. La plupart des habitants du pays qui ne maitrisent pas l'Estoniens sont étrangers (particulièrement Russes) et sont plutôt âgés. L'apprentissage de l'Estonien est obligatoire dans toutes les écoles du territoire, et quasiment toute la jeunesse du pays maitrise cette langue.

L'Estonien proprement dit repose sur le standard d'écriture du Nord de l'Estonie. Des langues régionales (notamment le Võro et le Seto) sont parlées dans le sud, et des dialectes sont encore parlés dans les îles au Nord-Ouest. Un temps délaissés et stigmatisés, ces dialectes sont aujourd'hui remis à l'honneur via certains médias et activités culturelles.

La première langue étrangère dépend principalement des différentes catégories d'âges et des origines individuelles. L'anglais est la langue étrangère la plus parlée par la jeunesse et se répand très rapidement car enseignée très tôt dans les écoles et diffusée massivement par l'industrie culturelle britannique et américaine. Certaines personnes ont pu bénéficier d'un enseignement de l'anglais y compris lors de la période soviétique.

Du fait du passé de domination soviétique, le russe est également très présent avec 30 % des habitants l'ayant comme langue maternelle et 42 % comme langue étrangère. 72 % des habitants comprennent ainsi plus ou moins le russe, malgré un rejet massif de cette langue par la population de souche Estonienne qui tend à l'oublier et l'écarter au profit de l'anglais. La concentration de population d'origine russe dans certains endroits très localisés est telle que la langue russe est quasiment hégémonique dans ces zones, notamment dans les villes de Narva, Kohtla-Järve, Maardu, le quartier de Lasnamäe à Tallinn et, dans une moindre mesure dans le quartier d'Annelinn à Tartu et la ville de Valga.

La troisième langue et deuxième langue étrangère proposée à l'enseignement dans les écoles est souvent un choix entre le russe, l'allemand (très présent chez l'élite, et dans des domaines comme le tourisme), ainsi que le français (l'Estonie est un membre observateur de l’Organisation internationale de la francophonie, ce qui traduit la présence plus ou moins importante d'une certaine francophonie sur le territoire[24]. Deux établissements participent à la promotion de la langue française : l’Institut français d’Estonie[45] et l'école française de Tallinn[46].)

Pour des raisons culturelles et historiques, les langues suédoise et finnoise sont aussi étudiées. Le Suédois fait également office de dialecte régional dans une petite région de la côte du Nord-Ouest, du fait de la colonisation des Suédois d'Estonie.

Athéisme et religions

Principale Église par municipalité en 2011 (répondants de 15 ans et plus)

D'après le recensement de 2011, 65 % des Estoniens de 15 ans et plus ont indiqué être non croyants.

L'orthodoxie est la première religion du pays avec un peu moins de 177 000 fidèles se recrutant pour l'essentiel parmi la communauté russophone.

Le luthéranisme quant à lui s'est implanté chez les habitants de langue maternelle estonienne. L'Église luthérienne regroupe 11,9 % de la population.

Culture

Danse traditionnelle estonienne.
Culture urbaine – graffiti à Tallinn.

De tout temps, l'Estonie s'est trouvée dans la sphère de culture européenne. Tallinn (Reval à l'époque) était, au Moyen Âge, la ville la plus orientale de la Ligue hanséatique.

Forte des diverses cultures qui se sont côtoyées et succédé du fait des occupations successives, l'Estonie s'est forgé une culture particulière faite de tolérance et de respect envers l'étranger, quels que soient son pays ou sa culture. L'Estonie compte de nombreuses minorités : les Russes représentent 25,7 % de la population. Viennent ensuite les Ukrainiens : 2,1 % de la population ; 1,2 % de la population est biélorusse et 0,8 % finnoise... L'importance de la population russophone vient naturellement de l'occupation soviétique et de l'industrialisation forcenée dont l'Estonie avait fait l'objet à l'époque.

Littérature

L'estonien n'est pas une langue indo-européenne mais finno-ougrienne de même que le finnois et le hongrois. L’estonien littéraire naît tardivement, entre les XVIe et XVIIe siècles. Elle est surtout utilisée par des pasteurs allemands pour transmettre la littérature religieuse. Le plus ancien livre en estonien est le catéchisme de Wanradt et Köll, publié en 1535 à Wittenberg. On remarquera que c'est la Réforme qui est à l'origine de ce livre.

Le XVIIIe siècle voit la naissance de la littérature nationale, et la langue écrite se répand par les almanachs et journaux, colportés jusqu’au fond des campagnes. La littérature est alors composée de récits imités d’œuvres allemandes. À partir de 1820, Kristjan Jaak Peterson est à l’origine de la poésie estonienne moderne. Dans les années 1850, à la suite des mouvements nationaux et romantiques, la littérature connaît un véritable essor, avec notamment la redécouverte du folklore national et la rédaction de l’épopée nationale, le Kalevipoeg, composée par Friedrich Reinhold Kreutzwald, publiée entre 1857 et 1861 (voir L'Homme de Bois et la Femme d'Écorce, un conte typiquement estonien) dans les publications de la Société savante estonienne. L'édition populaire a été publiée en 1862 en Finlande. À cette période, entre 1860 et 1885, la nation estonienne prend conscience d’elle-même, et la littérature se développe rapidement. La poésie est un genre particulièrement vivace (et le reste aujourd’hui), symbolisée à cette époque par l’une des grandes poétesses de ce pays, Lydia Koidula. Comme dans le reste de l’Europe, la fin du XIXe siècle voit le développement d’une littérature réaliste, en particulier avec Eduard Vilde.

Eduard Vilde (1911).

Peu après, la littérature s’ouvre de plus en plus aux courants occidentaux, avec le groupe des « Jeunes Estoniens ». C’est dans ce contexte qu’émerge l’une des figures estoniennes les plus connues à l’étranger, celle de la poétesse Marie Under. Les années 1920 voient le retour du réalisme, avec Anton Hansen Tammsaare. La période de l’entre-deux-guerres, celle de l’indépendance, contraste fortement avec la suivante, celle de l’exil pour les uns, de la déportation en Sibérie pour les autres. La littérature estonienne en exil demeure très vivace, pour preuve les 2 600 volumes en estonien qui sont parus entre 1945 et nos jours. En Estonie devenue soviétique, la littérature « bourgeoise » est brûlée, interdite, censurée, etc. Un certain renouveau se déclare après la mort de Staline, avec les débuts de grands auteurs comme Viivi Luik et Jaan Kaplinski, mais surtout le monument Jaan Kross qui est publié chez Robert Laffont. Il est l'auteur notamment du Fou du Tzar (1978), prix du meilleur livre étranger 1989. « Ses romans, aujourd'hui traduits en de nombreuses langues, font revivre pour la plupart des figures importantes de l'Histoire estonienne ou des Estoniens ayant atteint dans leur domaine une certaine notoriété internationale »[47] comme le baron balte Timotheus von Bock du Fou du Tzar ou le juriste et diplomate Frédéric Fromhold de Martens de Le départ du professeur Martens (1984).

Une fois le retour de l’indépendance, l’Estonie libre retrouve une belle vitalité littéraire, marquée par l’émergence de nombreux jeunes auteurs, comme Tõnu Õnnepalu, en particulier grâce aux généreuses subventions de la Fondation pour la culture.

Musique, arts du spectacle

La musique est indissociable de la culture nationale, les Estoniens n'ont-ils pas été qualifiés de « Peuple chantant »[réf. nécessaire] ? Le premier festival pan-estonien de chant a eu lieu en 1869 à Tartu, où près de mille chanteurs et musiciens venus de tout le pays furent réunis. Aujourd'hui cette fête rassemble trente mille chanteurs et musiciens devant un public de 200 000 personnes. Ces traditions ont inspiré en 1988 la « révolution chantante », c'est en chantant que l'Estonie s'est libérée du joug soviétique. En 2001, l'Estonie a remporté le concours Eurovision.

L'Estonie est également le pays du compositeur de musique classique, religieuse et contemporaine Arvo Pärt, créateur du style tintinnabuli.

Il existe deux grands théâtres en Estonie : le théâtre Estonia à Tallinn fondé en 1865, le théâtre Vanemuine à Tartu fondé en 1883. Tous les registres y sont abordés.

Le cinéma estonien compte pour une très faible partie (2 %) du taux d'audience cinématographique du pays[48], mais est très productif surtout en ce qui concerne les films d'animation et documentaires. Un festival est proposé chaque été, consacré au film anthropologique à Pärnu et en hiver c'est à Tallinn que se déroule le « Festival de cinéma des nuits noires ».

Sports

Le cycliste Jaan Kirsipuu a été vainqueur de nombreuses étapes du Tour de France. À Sydney, la médaille d'or du décathlon a été remportée par Erki Nool, natif de Võru. À Pékin, c'est le discobole Gerd Kanter déjà champion du monde à Osaka en 2007, qui décroche l'or olympique. Il succède à Erki Nool, sacré en 2000 à Sydney et à Jaak Uudmae  Estonien sautant pour l'URSS  vainqueur du triple saut en 1980 lors des Jeux de Moscou. Dans les sports d'hiver, les athlètes estoniens sont très productifs : une médaille d'or, une d'argent et une de bronze aux Jeux olympiques de Salt Lake City en 2002 (se plaçant devant la Suède et le Royaume-Uni) et trois médailles d'or aux Jeux olympiques de Turin en 2006. À noter que le champion d'échecs Paul Keres (1916-1975), au sommet de l'élite dans les années 1930-1960, était Estonien et a concouru pour le pays, puis pour l'URSS. Il a même eu droit à son effigie sur le billet de banque de cinq couronnes[49]. En rallye, Markko Märtin et Ott Tänak ont remporté plusieurs épreuves sur leurs voitures respectives dupuis les années 2000. Enfin, la joueuse de tennis Kaia Kanepi est devenue ces deux dernières années l'une des athlètes les plus populaires de son pays en intégrant le top 20 du classement WTA en 2010, après avoir notamment atteint les quarts de finale à Wimbledon et à l'US Open de tennis.

Fêtes et jours fériés

Jours fériés
Date Nom français Nom local Remarques
Jour de l'AnUusaasta
24 févrierFête nationaleiseseisvuspäev, Eesti Vabariigi aastapäevcommémoration de l'indépendance de 1918
variableVendredi saintsuur reede
variablePâques
Fête du travailkevadpüha
variablePentecôtenelipühad
23 juinJour de la Victoirevõidupüha
24 juinfête de saint Jeanjaanipäev
20 aoûtJour du rétablissement de l'indépendancetaasiseseisvumispäev
25 décembreNoëlesimene jõulupüha
26 décembreSaint Étienneteine jõulupühaen calendrier populaire tabanipäev ou tehvanipäev - jour d'Étienne
Fêtes non fériées
Date Nom français Nom local Remarques
6 janvierÉpiphaniekolmekuningapäev
2 févrierAnniversaire du traité de paix de TartuTartu rahulepingu aastapäev
14 marsJour de la langue maternelleemakeelepäev
2e dimanche de maiJour des Mèresemadepäev
14 juinJour du Souvenirleinapäev
2 novembreJour des Défuntshingedepäev
2e dimanche de novembreJour des Pèresisadepäev

Capacités militaires

Les forces estoniennes à Bagdad.

L'armée estonienne est de constitution récente. En 2011, 1,9 % du PNB est consacré à la défense, soit un budget de la défense de 280 millions d'euros[50]. Ayant adopté une attitude prudente face à la Russie, l'Estonie compte sur l'OTAN pour protéger son espace aérien et sur l'Union européenne en cas de crise internationale. Elle participe à plusieurs missions à l'étranger sous le commandement des Nations unies ou de l'OTAN. Les forces estoniennes sont présentes en Afghanistan et un contingent est impliqué dans la guerre en Irak. Les forces estoniennes font partie de la KFOR au Kosovo et de la Force intérimaire des Nations unies au Liban renforcée. L'armée de l'air possédant plusieurs hélicoptères et avions légers de transport ainsi qu'une centaine de batteries anti-aériennes, son réseau radar est relié à celui de l'OTAN.

Les forces militaires de l'Estonie ont introduit une nouvelle formation basée sur la cyberguerre et la défense des infrastructures électroniques et infrastructures essentielles de la république d'Estonie. Actuellement, la principale organisation de cyber-défense estonienne est le CERT (Computer Emergency Response Team of Estonia), créée en 2006, comme organisation responsable de la gestion des incidents de sécurité dans des réseaux informatiques estoniens. Son but est de réduire le plus possible les dommages liés aux incidents de sécurité en répondant efficacement aux nouvelles menaces. L'Estonie a connu une série de cyberattaques qui ont commencé le 27 avril 2007. Les dirigeants estoniens attribuent ces attaques aux autorités russes, lesquelles démentent[51]. Le 25 juin 2007, le président estonien Toomas Hendrik Ilves a rencontré le président des États-Unis, George W. Bush[52]. Parmi les sujets abordés, il y avait notamment les attaques sur l'infrastructure électronique estonienne. Ces attaques ont provoqué, dans un certain nombre d'organisations militaires mondiales, une reconsidération de l'importance de la sécurité de réseau dans la doctrine militaire moderne. Le 14 juin 2007, les ministres de la Défense de l'OTAN ont tenu une réunion à Bruxelles, publiant un communiqué sur une action immédiate commune. Cette action permit de mettre fin aux attaques à l'automne 2007. L'OTAN s'apprête à mettre en place en Estonie son futur centre cybernétique de défense, les Estoniens formeront ainsi les spécialistes du cyber-terrorisme, du cyber-espionnage[53] et de la cyber-défense pour les forces de l'alliance atlantique.

Le , le président des États-Unis Barack Obama, en visite en Estonie au moment où se déroule la guerre du Donbass en Ukraine, pays qui n'est pas membre de l'OTAN, et où la Russie est accusée notamment par les membres de l'OTAN, d'envoyer des troupes de soldats russes pour soutenir les pro-Russes, déclare que l'Estonie « ne sera jamais seule »[54].

Codes

L'Estonie a pour codes :

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

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