Lhyfe

Lhyfe est une entreprise nantaise, créée en 2017 par Matthieu Guesné, dont l'objectif est de produire de l'hydrogène vert, c'est-à-dire dont les émissions de dioxyde de carbone et de polluants associées sont réduites. Cet hydrogène est principalement destiné à la mobilité (transport de biens et de personnes) et à l'industrie, dans le but de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Activité

Fondée à Nantes, la startup dispose d'une unité pilote à Bouin (Vendée), qui doit initialement produire 300 kilogrammes d'hydrogène par jour et assurer sa rentabilité, puis augmenter jusqu'à quelques tonnes quotidiennes. L'entreprise emploie 17 salariés en , effectif appelé à doubler dans l'année, à mesure que d'autres sites seront construits[1].

Lhyfe se fixe comme objectif de produire de l'« hydrogène vert » issu d'énergies renouvelables (biomasse, hydrolien, solaire ou éolien) déconnectées du réseau, valorisant ainsi leur faiblesse qu'est l'intermittence[2]. À la différence des principaux procédés de production d'hydrogène, dont 95 % des volumes produits sont issus de combustibles fossiles et émettent quantité de dioxyde de carbone, Lhyfe utilise l'électrolyse de l'eau. Ce procédé, bien plus énergivore et coûteux, consomme essentiellement de l'électricité et de l'eau pour rejeter du dioxygène ; il voit ainsi son empreinte carbone et ses émissions de polluants fortement réduites, à condition que l'électricité consommée soit elle-même décarbonée[2]. Cette condition est vérifiée par le mix électrique français et par les énergies renouvelables qu'exploite Lhyfe. L'hydrogène produit par l'entreprise est principalement destiné à la mobilité (transport de biens et de personnes) et à l'industrie[3].

Le savoir-faire de l'entreprise réside notamment dans un algorithme de pilotage prédictif, qui doit anticiper les jours de faible vent et les besoins des clients pour ajuster quotidiennement la production d'hydrogène[2].

Historique

Lhyfe est créée en 2017 à Nantes[4]. Elle prévoit de développer 20 unités de production d’hydrogène « vert » en Europe dans les quatre années suivantes. Leur production doit absorber une puissance de 60 MW et générer 6 000 à 10 000 tonnes d’hydrogène par an. Pour cela, l'entreprise a signé un accord-cadre avec le norvégien Nel, présenté comme le leader mondial dans la fabrication d'électrolyseurs et la référence dans cette industrie depuis 1927. Une première levée de fonds est réalisée en auprès de collectivités locales, de Bpifrance et du Syndicat départemental d’énergie et d’équipement de la Vendée (Sydev)[1], dans le cadre de la construction du premier site de production d'hydrogène vert en France, un électrolyseur alimenté par un parc de huit éoliennes, annoncé début 2020 pour une mise en service début 2021[2]. Les 20 unités prévues dans l'accord-cadre avec le norvégien Nel totaliseront une puissance de 60 mégawatts qui produira 6 000 à 10 000 tonnes d'hydrogène par an. L'apport technologique de Lhyfe réside principalement dans un algorithme de pilotage pour l'optimisation de la gestion des intermittences, inhérentes aux énergies renouvelables. Un programme de recherche et développement (R&D) de 5,5 millions  est engagé sur deux ans pour l'optimisation de ces process avec le soutien de Bpifrance[5].

Le 30 juin 2020, Lhyfe annonce la signature d'un partenariat de R&D avec le CEA Tech, le consortium européen « Marine energy alliance » (MEA) et l’Institut de recherche pour le développement (IRD) pour développer la production d’hydrogène par électrolyse en mer, en utilisant de l’électricité d'éoliennes. Les sujets d'études portent sur l'industrialisation des électrolyseurs, l'adaptation à l'environnement marin et l'adaptation à des parcs non connectés au réseau électrique. Dans ce dernier cas, le gaz produit peut être acheminé par gazoduc ou navire, moins onéreux que des câble électriques selon Lhyfe[6].

En 2020, Lhyfe est directement concernée par la stratégie hydrogène à laquelle le gouvernement français consacre deux milliards d'euros dans le cadre du plan de relance de l'économie, premier volet d'un plan ambitieux de sept milliards d'euros de soutien public à la filière jusqu'en 2030[7]. Ce plan hydrogène consacrera 1,5 milliards  au développement d'usines géantes de production d'hydrogène vert par électrolyse de l'eau à partir d'électricité renouvelable ou nucléaire. L'objectif est d'installer 6,5 gigawatts d'électrolyseurs. Le gouvernement souhaite voir « émerger une filière française de l'électrolyse » ; parmi les acteurs de cette filière, le journal Les Échos cite Lhyfe[8].

En septembre 2020, l'entreprise lance la construction de la première unité de production d'hydrogène vert en France, au pied du parc éolien du polder du Dain, à Bouin, en Vendée. Le dispositif, objet d'un investissement de huit millions d'euros, devrait commencer à produire de l'hydrogène en [9].

Lhyfe, qui a réussi au début de 2020 une levée de huit millions d’euros auprès de collectivités locales et d’entreprises privées de la région, a également bénéficié de 2,7 millions d’euros d’aides de Bpifrance. Son site de Bouin doit alimenter plusieurs dizaines de véhicules lourds dans les Pays de la Loire, en particulier les bus des transports en communs et les bennes à ordures ménagères. Son PDG assure en avoir des projets concrets pour de 40 sites similaires en France. Il a également ouvert une filiale en Allemagne[10].

En avril 2021, Territoire d'énergie Mayenne, syndicat intercommunal des réseaux de gaz et d’électricité du département de la Mayenne, signe une convention de fourniture d'hydrogène avec Lhyfe[11].

En mai 2021, sous l'égide de Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, et Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, le jury du programme « French Tech Green20 » dévoile ses premiers lauréats : 20 start-up, dites « greentech », ont été retenues, dont l'entreprise nantaise Lhyfe, parmi 200 candidatures enregistrées[12].

Notes et références

  1. « Lhyfe va déployer 20 unités de production d'hydrogène en Europe », sur agence API (Atlantique presse information), Ouest France, .
  2. Jérôme Marin, « Lhyfe va produire de l'hydrogène vert avec des éoliennes », La Tribune, .
  3. « Notre solution », sur Lhyfe (consulté le ) : « Notre hydrogène (...) peut alimenter tous types de véhicules (véhicules légers, bus, bennes à ordures ménagères, camions, chariots élévateurs etc…) et servir également les industries. ».
  4. Ouest France, « Nantes. Lhyfe, producteur d’hydrogène vert, se déploie », Ouest France, (consulté le ).
  5. « Lhyfe va dupliquer ses unités d'hydrogène vert à travers l'Europe », Les Échos, 9 juin 2020.
  6. Lhyfe avance vers un hydrogène vert produit en mer avec trois partenariats R&D, Industrie & technologies, 3 juillet 2020.
  7. « Plan de relance : tout comprendre à l'hydrogène sur lequel l'exécutif mise 2 milliards », sur Le Figaro, .
  8. Hydrogène : le gouvernement veut créer un « Airbus de l'électrolyse », Les Échos, 8 septembre 2020.
  9. « En Vendée, Lhyfe lance la première unité française d’hydrogène vert », L'Usine nouvelle, (lire en ligne, consulté le ).
  10. 'Lhyfe', producteur d’hydrogène vert : la licorne qui voulait éviter un milliard de tonnes de CO2, France Culture, 8 février 2021.
  11. L'hydrogène vert dans les moteurs : la Mayenne y pense très fort, France Bleu, 10 mai 2021.
  12. Spécialiste de l’hydrogène, Lhyfe intègre le French Tech Green20, L'automobile & l'entreprise, 4 mai 2021.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail des entreprises
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.