Gare TGV Haute-Picardie
La gare TGV Haute-Picardie est une gare ferroviaire française, située au centre de la zone d'activité Haute-Picardie, sur les territoires des communes d'Estrées-Deniécourt et d'Ablaincourt-Pressoir, dans le département de la Somme, en région Hauts-de-France.
TGV Haute-Picardie | |
Le bâtiment voyageurs et l'entrée de la gare. | |
Localisation | |
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Pays | France |
Communes | Ablaincourt-Pressoir Estrées-Deniécourt |
Zone d'activité | Haute-Picardie |
Adresse | Pôle Haute-Picardie 80200 Péronne[1] |
Coordonnées géographiques | 49° 51′ 33″ nord, 2° 49′ 56″ est |
Gestion et exploitation | |
Propriétaire | SNCF |
Exploitant | SNCF |
Code UIC | 87313882 |
Services | TGV inOui et Ouigo |
Caractéristiques | |
Ligne(s) | Gonesse à Lille-Frontière (LGV) |
Voies | 4 (dont 2 à quai) |
Quais | 2 (latéraux) |
Transit annuel | 375 044 voyageurs (2019) |
Altitude | 83 m |
Historique | |
Mise en service | |
Correspondances | |
Autocar | Navette TGV Haute-Picardie |
Implantée sur la LGV Nord, à mi-distance entre Amiens et Saint-Quentin, elle a été inaugurée en 1994. Elle est desservie par des TGV reliant l'agglomération lilloise et Bruxelles aux grandes métropoles régionales françaises, via les gares TGV de la périphérie de Paris (dont celle de l'aéroport Charles-de-Gaulle).
Situation ferroviaire
Établie à 83 mètres d'altitude, la gare TGV Haute-Picardie est située au point kilométrique (PK) 110,823[2] de la ligne de Gonesse à Lille-Frontière (LGV Nord – tronc commun).
Les deux voies centrales, parcourables à 300 km/h et dépourvues de quai, servent au passage des trains ne marquant pas d'arrêt (notamment les TGV Nord-Europe, les Thalys et les Eurostar) ; cette configuration est classique des gares sur LGV.
Histoire
Le projet
La gare est née dans le contexte d'un conflit entre Lille et Amiens pour être desservies par la LGV Nord, le passage par Lille ayant été préféré à celui par Amiens[3]. Un tracé par Amiens aurait raccourci le trajet Paris – Londres mais aurait rallongé les autres branches (de Paris vers Amsterdam et Cologne, et de Bruxelles vers Londres) et augmenté la longueur de lignes nouvelles à construire. Dans les engagements qui avaient alors été pris, il y avait celui de construire le barreau LGV Nord – Amiens – Coquelles, dit aussi LGV Picardie lorsque le tunnel sous la Manche serait achevé. Cette ligne est mentionnée dans le schéma directeur de 1992 qui a été abandonné après le rapport Rouvillois de 1996[4], notamment à cause de la faiblesse du trafic de la LGV Nord, inférieur de 40 % à celui attendu[5]. Lors de l'étude du tracé de la ligne Paris – Lille, des projets d'inflexion pour se rapprocher plus ou moins d'Amiens ont été étudiés. Avec un surcoût compris entre 153 et 263 MF aux conditions économiques de 1986 (soit entre 40 et 70 M€), ils ont été rejetés[6].
Une enquête publique pour la construction de la gare TGV à Ablaincourt-Pressoir s'est déroulée du au . Elle avait abouti à un avis défavorable. Le ministre de l'Équipement a alors demandé à la SNCF d'étudier la réalisation de la gare sur le site de Chaulnes[7]. La région prévoyait en effet de réactiver le raccordement ferroviaire d'origine militaire de Jussy, pour réaliser des TER inter-villes entre Amiens et Saint-Quentin par Chaulnes et sans rebroussement à Tergnier, ce qui aurait assuré aux deux grandes villes picardes un accès à la gare TGV sensiblement plus rapide que par l'autoroute[8]. Pourtant, le , la gare est inaugurée sur le site initial[9] ; quant à la liaison TER, elle a néanmoins été créée avec la desserte de Ham, mais n'a ainsi qu'une vocation purement régionale.
Par ailleurs, depuis la création de l'autoroute A1 dans les années 1960, une large bande de terre était déjà réservée à l'époque pour un futur tracé de train à grande vitesse.
Construction et évolutions du site
La gare tire son surnom initial de gare des betteraves[alpha 1] — expression qui semble être toujours employée localement, « en le prenant pour la plupart avec le sourire[alpha 2] » — ou gare à betteraves, du fait que, lors de sa construction, elle était entourée de champs, située à mi-chemin entre Amiens et Saint-Quentin, et difficile d'accès : l'autoroute A29 n'existait pas encore entre ces deux agglomérations. Elle est aujourd'hui au cœur d'une zone d'activité de plusieurs hectares et au carrefour de l'autoroute A1 et de l'autoroute A29[11], ce qui permet aux automobilistes de la rallier rapidement depuis Amiens, Saint-Quentin, Compiègne ou encore Péronne[alpha 3]. La voie ferrée Amiens – Tergnier / Saint-Quentin – Laon passe six kilomètres plus au sud, mais aucune correspondance n'a été prévue avec la gare la plus proche, celle de Chaulnes ; par ailleurs, le raccordement d'Hattencourt (situé à environ 13 kilomètres, en direction de la capitale) n'a été créé que pour des besoins de service.
Une fresque réalisée par Armand Langlois, à la demande du conseil régional de Picardie et de l'ADES — Association de développement de l'Est Somme —, occupe les 60 mètres de murs du tunnel piétonnier qui relie les deux quais en passant sous les voies. Elle évoque l'histoire, depuis le Haut Moyen Âge, du Santerre[12], cette région de Picardie où se trouve la gare, et où s'est notamment déroulée une grande partie de la bataille de la Somme en 1916.
La gare n'est pas destinée au trafic radial — les gares de Saint-Quentin et d'Amiens étant situées chacune à une heure quinze minutes environ de la gare du Nord à Paris — mais plutôt au trafic province – province (notamment vers la moitié sud de la France), voire international (vers Bruxelles). En effet, l'expérience d'un aller-retour quotidien la reliant à la capitale a été tentée au milieu des années 1990, mais fut rapidement abandonnée à cause d'une trop faible fréquentation. Il s'avère en effet que « la gare TGV Haute-Picardie n'a pas pour vocation de desservir Paris[13] ».
En 2006, elle a été choisie par Matt Harding pour « représenter » la France, dans laquelle on le voit sautiller sur un quai, tandis que passe à pleine vitesse un train du service Thalys[14].
Les voyageurs ayant utilisé la gare étaient 364 000 en 2004[15], 430 000 en 2008[16], et un peu moins de 400 000 en 2010 (année où elle a enregistré son cinq millionième utilisateur depuis sa mise en service)[17]. Ce nombre est resté stable en 2012[18], puis en baisse pour atteindre 360 000 en 2013[11] ; il se stabilise relativement, avec 369 361 en 2015 et 365 688 en 2016[19], puis remonte à 408 708 en 2017, avant de redescendre à 376 257 en 2018 et 375 044 en 2019[19]. La fréquentation quotidienne de la gare ne dépasse pas 1 200 personnes ; elle peut cependant monter à 2 000 voyageurs en période estivale[20]. On observe toutefois que les vastes parkings situés près de la gare sont la plupart du temps saturés, ce qui occasionne une occupation quasi-totale des places de stationnement gratuites plus éloignées et parfois du stationnement « sauvage » à plus ou moins longue distance, jusque dans des zones non carrossables[20].
Ces voyageurs viennent pour 63 % d'entre eux de la Somme, pour 30 % de l'Aisne et pour 7 % de l'Oise[17]. Les 10 destinations les plus fréquentées en 2006 ont été Lille (15,08 % du total des voyageurs), Lyon (14,97 %), Roissy (13,48 %), Bordeaux (4,79 %), Marseille (4,08 %), Rennes (4,02 %), Nantes (3,65 %), Montpellier (2,90 %), Avignon (2,84 %), Toulon (2,61 %)[9].
Le bâtiment voyageurs a été modernisé en 2011 et l'accessibilité a été améliorée pour les personnes à mobilité réduite[17].
À partir des années 2020, l'activité de cette gare TGV évoluera probablement — éventuellement à la baisse — en fonction des horaires et du trafic du barreau Roissy – Picardie, à créer et à mettre en service[13].
Service des voyageurs
Accueil
La gare dispose d'un bâtiment voyageurs, équipé d'un guichet et d'automates pour l'achat des titres de transport, ainsi que de divers services pratiques, notamment des toilettes[21].
Le service « Accès Plus », ainsi que divers équipements d'accessibilité — notamment des ascenseurs pour atteindre le tunnel piétonnier de liaison entre les quais (en passant sous les voies) —, permettent l'accueil des personnes à mobilité réduite[21].
Desserte
Des TGV province – province, sous la marque TGV inOui, s'arrêtent en gare ; ils relient des métropoles régionales françaises entre elles, notamment Lille et Lyon, ainsi que la capitale belge (Bruxelles)[22], en transitant tous par l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle.
En outre, Ouigo dessert TGV Haute-Picardie, sur les liaisons entre Lille (ou Tourcoing) et Marseille, Montpellier ou Bordeaux[22].
Intermodalité
Deux vastes parkings payants sont situés à proximité immédiate de la gare[23]. Il est également possible de prendre un taxi[24]. De plus, un service de location de voitures est disponible[25].
Par ailleurs, un service de navettes par autocar, en correspondance avec les trains, permet de rallier la gare routière d'Amiens (voisine de sa gare ferroviaire) ou la gare de Saint-Quentin[26].
Notes et références
Notes
- Cette expression, qui date d’avant 2004, serait due à un homme politique socialiste de la Haute-Vienne, Jacques Santrot, expression qui avait alors été reprise par un géographe, Jean-François Troin, lequel citait également les gares TGV de Vendôme, Mâcon, ou Le Creusot[10].
- C'est ainsi que le précise le journaliste Mathieu Dehlinger dans son article paru sur le site francetvinfo.fr[11] : « Dans cette région du Santerre, on l'appelle la gare des betteraves, surnommée ainsi car installée au beau milieu des parcelles agricoles » ; lequel journaliste poursuit dans les commentaires associés à l'article : « en le prenant pour la plupart avec le sourire ». Le même journaliste est aussi intervenu dans la page de discussion de cet article où il a employé des termes identiques à ceux des commentaires de l’article de presse.
- La gare TGV est aussi au carrefour de deux anciennes routes nationales, désormais départementales, sur le tracé de voies romaines à l'origine : l'ancienne RN29 qui relie Saint-Quentin à Amiens selon un axe est-ouest, et l'ancienne RN17 de Lille à Paris, selon un axe nord-sud.
Références
- « Votre gare : TGV Haute Picardie », sur garesetconnexions.sncf (consulté le ).
- Livre : Reinhard Douté, Les 400 profils de lignes voyageurs du réseau ferré français, édité par La Vie du Rail en (ISBN 978-2-918758-34-1), vol. 1, p. 89.
- Métropolisation et grands équipements structurants (p. 72), Corinne Siino, Florence Laumière, Frédéric Leriche, 2004, Presses Universitaires du Mirail (ISBN 2-85816-741-9).
- Les fondements de la remise en cause du Schéma Directeur des liaisons ferroviaires à grande vitesse : des faiblesses avant tout structurelles, pp. 183 – 194, Annales de Géographie no 593 – 594, Pierre Zembrilien, 1997.
- Évaluation, dévaluation ou réévaluation des lignes à grande vitesse ? [PDF], pp. 45 – 55, Les Cahiers Scientifiques du Transport, no 32, Alain Bonnafous, Yves Crozet, 1997.
- Bilan LOTI de la LGV Nord [PDF], p. 12.
- « Gare du TGV en Picardie: une nouvelle enquête d'utilité publique », Les Échos, ; cette page est une archive.
- T.G.V. – Réseau ferré classique : des rendez-vous manqués ?, p. 288, Pierre Zembrilien, Annales de géographie, année 1993, vol. 102, no 571.
- La lettre de l'ORT no 22, ; cette page est une archive.
- I.S.I.S. Ingénierie, Analyse de l’impact du TGV-Est sur les agglomérations de Metz, Nancy, Épinal et Thionville : rapport de phase 2, , 58 p. (lire en ligne [PDF]), p. 33 ; ce document est une archive.
- « Vingt ans après, la gare TGV Haute-Picardie reste plantée au milieu des betteraves », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
- Le pays du Santerre en Picardie – La fresque en gare du TGV haute-Picardie, Fresque d'Armand Langlois.
- D'après cette page de questions / réponses sur le projet de liaison ferroviaire Roissy-Picardie, sur le site de la Commission nationale du débat public. Consulté le .
- Vidéo Where the Hell is Matt? 2006 de Matthew Harding, où il sautille sur un quai de la gare : cf. la 2e minute (consultée le ).
- La conjoncture des transports en Picardie, 2e trimestre 2005, Point d'actualité : Résultats 2004 [PDF] ; ce document est une archive. Consulté le .
- « La desserte de la Haute-Picardie » [PDF], sur cpdp.debatpublic.fr, (consulté le ), p. 5.
- « La gare TGV Picardie sur les rails », L'Union – L'Ardennais, (consulté le ) ; cette page est une archive.
- Benjamin Merieau, « Pays et SNCF croient toujours en la gare TGV Haute Picardie », sur courrier-picard.fr, (consulté le ) ; cette page est une archive.
- « Fréquentation en gares : TGV Haute Picardie », sur SNCF Open Data, [cf. l'onglet des informations] (consulté le ).
- « PERONNE Ambiance détendue au départ et retour de la gare TGV », sur courrier-picard.fr, (consulté le ).
- « Services », sur garesetconnexions.sncf (consulté le ).
- « Transports et horaires », sur garesetconnexions.sncf (consulté le ) ; cette page permet de visualiser en temps réel les dessertes de la gare.
- « Parking », sur garesetconnexions.sncf (consulté le ).
- « Taxis », sur garesetconnexions.sncf (consulté le ).
- « Location », sur garesetconnexions.sncf (consulté le ).
- « Navettes », sur garesetconnexions.sncf (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- / La gare TGV Haute-Picardie, sur le site officiel Gares & Connexions de la SNCF
- La gare TGV Haute-Picardie sur ter.sncf.com Hauts-de-France, un site officiel de la SNCF
- Gare TGV Haute-Picardie. Situation, trafic et emploi [PDF] (ce document est une archive)
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