Sanglier
Sus scrofa • Sanglier d'Europe, Sanglier d'Eurasie
Règne | Animalia |
---|---|
Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Famille | Suidae |
Sous-famille | Suinae |
Genre | Sus |
Répartition géographique
Aire de répartition naturelle (en vert) et d'introduction à partir du XVIe siècle jusqu'à de nos jours (en bleu) du sanglier Sus scrofa
LC : Préoccupation mineure
Le sanglier d'Europe, sanglier d'Eurasie ou plus simplement sanglier (Sus scrofa), est une espèce de mammifères omnivores, forestiers de la famille des Suidés. Cette espèce abondamment chassée est aussi considérée comme une espèce-ingénieur[1], capable de développer des stratégies d'adaptation à la pression de chasse, ce qui lui confère parfois un caractère envahissant[1].
Le porc (ou cochon) est issu de la domestication du sanglier. Longtemps considéré comme une sous-espèce du sanglier sous le nom de Sus scrofa domesticus il est maintenant considéré comme une espèce à part entière (Sus domesticus) afin de limiter les confusions entre les populations sauvages et domestiques[2].
Dénominations
- Nom scientifique valide : Sus scrofa Linnaeus, 1758
- Noms vulgaires (vulgarisation scientifique) recommandés ou typiques en français : sanglier[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9],[10], sanglier d'Europe[4],[7] ou sanglier d'Eurasie[8].
- Autres noms vulgaires ou noms vernaculaires (langage courant) pouvant désigner éventuellement d'autres espèces : cochon[7].
La femelle du sanglier s'appelle la laie [11],[12],[13] et un jeune sanglier âgé de moins de six mois, à la livrée rayée, est un marcassin[14],[15],[16]. Dans le lexique de la chasse, notamment celui de la vénerie, un jeune sanglier âgé de six mois à un an, qui a perdu sa livrée de marcassin, est appelé une bête rousse[17],[18] ; un mâle adulte, une bête noire, ou bête de compagnie à un an[17],[18] ; un ragot à deux ans[19],[20] ; un tiers-an ou tiers-ans, à trois ans[21] ; un quartanier ou quartannier, de 4 à 5 ans[22],[23] ; un vieux sanglier à six ans ; et un grand vieux sanglier à sept ans et plus. Un solitaire est un sanglier qui vit seul[24].
Designation | Age | Image |
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Marcassin | 0–10 mois | |
Bête rousse | 6–12 mois | |
Ragot | 2 ans | |
Quartanier | 4–5 ans | |
Vieux sanglier | Six ans | |
Grand vieux sanglier | Au delà de 7 ans | |
"Sanglier solitaire" |
Étymologie
Le substantif masculin sanglier est attesté vers sous les formes sengler et senglier[9]. Il est issu du latin vulgaire singularis (porcus)[9] qui signifie littéralement « porc solitaire »[9] et a d'abord désigné « le mâle qui vit seul »[9].
Description
Anatomie
L'avant-train est puissant, le cou massif. La tête (hure) a une forme globalement conique. Les flancs sont comprimés. Le pelage est constitué de longs jarres très rêches (les soies) ainsi que d'un épais duvet.
Les adultes sont de couleur gris-brun uniforme, foncé en général ; les plus jeunes ont un pelage formé de bandes rousses et crème horizontales. Les oreilles (les écoutes) triangulaires sont toujours dressées. Les canines sont particulièrement développées. Celles de la mâchoire supérieure, les grès, se recourbent vers le haut durant la croissance. La taille des mâles est plus importante que celle des femelles. En outre, les sujets présents dans le sud de l'Eurasie sont plus petits que ceux du nord et de l'est, en accord avec la règle de Bergmann. Leurs dimensions augmentent aussi de l'ouest vers l'est de l'Europe. En Sardaigne, on trouve de très petits sujets.
Le sanglier européen peut peser de 150 à 160 kg pour le mâle et 100 kg pour la femelle environ. Le poids d'un sanglier de plaine où les cultures de maïs abondent est significativement plus important que celui de son congénère établi en montagne. Sa longueur, de la tête et du corps varie de 1,10 à 1,80 m et sa hauteur au garrot de 0,60 à 1,15 m.
Sa queue moyennement longue (20 à 30 cm)[25] se termine par un long pinceau de soies. Généralement, elle est pendante quand l'animal est calme et bien dressée s'il est inquiet ou en colère.
Le sanglier possède un corps trapu et une tête volumineuse. Sa tête est prolongée d'un groin très allongé appelé boutoir, et de deux grandes oreilles mobiles. Ses canines sont très développées : les supérieures s'appellent les grès et les inférieures les défenses. Ces défenses poussent tout au long de la vie du sanglier. En ouvrant et fermant sa gueule, le sanglier aiguise ses défenses sur les grès. Résultat: elles sont acérées en permanence.
Le squelette est massif et solide, le crâne a une forme trapézoïdale (vue de profil). On en retrouve des éléments (dents, défenses, sabot percé, os) qui semblent avoir servi de bijoux ou éléments pendentifs[26] de décor durant la Préhistoire. On retrouve aussi des défenses associées à des tombes ou puits funéraires préhistoriques[27].
Génétique
Le cochon domestique, une sous-espèce (Sus scrofa domesticus), possède 38 chromosomes. Le sanglier européen n'en détient que 36, à la suite d'une fusion ancestrale. Leur descendance commune, appelée cochonglier ou sanglochon, est fertile. Les hybrides de première génération possèdent 37 chromosomes. Ensuite ils peuvent en avoir 36, 37 ou 38. L'hybridation est fréquente dans les régions d'élevage de cochons en plein air ou bien lorsque la population sauvage a été reconstituée par des femelles de cochons domestiques saillies par un sanglier mâle. Le sanglier corse est génétiquement très proche du cochon domestique.
Le sanglier a été introduit par l'Homme hors de son aire naturelle de répartition, dont en Amérique du Nord où il a parfois été croisé avec diverses souches de cochons. Ceci complexifie encore sa génétique, mais aussi sa dénomination commerciale légale. En Amérique du Nord, où il n'existe normalement pas dans la nature, certaines étiquettes commerciales qualifient sa viande de « sanglier sauvage », alors qu'il est élevé, et introduit.
Écologie et comportement
Éthologie
Le sanglier est essentiellement nocturne (une évolution peut-être due à la présence de l'Homme). Il est plutôt sédentaire et apparemment attaché à son territoire quand il est entouré d'obstacles[28], mais dans un milieu qui lui convient, il peut parcourir plusieurs dizaines de kilomètres dans la nuit et son aire vitale peut atteindre de 100 hectares à plus de 1 000 ha[29],[30]. Il sélectionne ses habitats selon la saison, l'heure du jour ou de la nuit et ses besoins alimentaires[31].
Régulièrement, le sanglier se vautre dans la boue (wallowing) dans des lieux appelés « souilles », et se frotte avec insistance contre les troncs d'arbres avoisinants pour se débarrasser d'un certain nombre de parasites, réguler sa température corporelle et marquer son territoire. Il dort dans de petites dépressions du sol, sèches, bien dissimulées, nommées « bauges ».
Les sangliers sont grégaires[32]. Ils forment des troupes (ou bandes) appelées hardes[33] ou compagnies[34] et dont la taille varie selon le lieu et la saison[32]. Une harde (ou compagnie) compte d'ordinaire de six à vingt individus[32], quoique des troupes (ou bandes) de plus de cent individus aient déjà été observées[32]. L'unité de base est un noyau composé d'une ou plusieurs laies et leurs dernières portées de marcassins[32]. La dynamique du groupe inclut l'isolement de la laie (pré)parturiente puis sa rentrée avec sa portée, l'entrée de laies nullipares ainsi que l'arrivée de mâles adultes avec le départ simultané d'individus subadultes[32]. Les ragots (sangliers de deux à quatre ans) ferment la marche lors des déplacements, mais sont remplacés par des mâles plus âgés en période de rut. Les cortèges sont souvent bruyants, non seulement par le bruit lourd des pas, mais aussi par les grognements, cris, soufflements et autres reniflements. Cependant, les sangliers savent se montrer discrets et silencieux s'ils se sentent menacés.
Alimentation
Le sanglier, omnivore et volontiers fouisseur, consomme de très nombreuses parties d'un grand nombre de végétaux (tubercules, rhizomes fruits dont les glands et les noix, céréales, etc.), des champignons (dont champignons à fructification souterraine tels que truffe ou truffe du cerf), de nombreux animaux (vers, mollusques, insectes et leurs larves, petits mammifères, lissamphibiens, oiseaux et autres sauropsides) morts ou vivants. S'il est affamé, il est réputé pour pouvoir occasionnellement s'attaquer à un animal plus grand mourant, voire à une brebis en bonne santé, en particulier lors de la mise-bas. Il se montre volontiers nécrophage.
Déplacements
À l'approche de l'Homme, le sanglier prend généralement la fuite avant qu'on ne l'ait détecté et peut se montrer étonnamment agile et rapide. Une laie pressentant un danger pour ses marcassins, peut se montrer dangereuse et charger, ou attaquer un chien, de même qu'un adulte blessé. Irrité, un sanglier claque violemment des dents ; on dit alors qu'il « casse la noisette ».
Les déplacements importants d'individus ou de groupes sont habituellement induits par le manque de nourriture ou d'eau mais un autre facteur croissant de déplacement de groupes de sangliers est le dérangement : surfréquentation des couverts forestiers par les promeneurs et les cueilleurs de champignons (qui dans certains cas écument certaines parcelles forestières), poursuite par les chiens non tenus en laisse, traque lors des journées de chasse en battue, chantiers forestiers, construction de lotissements sur des terres agricoles, etc.
Les sangliers peuvent ainsi, seuls ou en groupe, parcourir des distances très importantes, traverser des fleuves et des routes, ce qui occasionne de nombreuses collisions avec des véhicules. Néanmoins, les individus semblent généralement ensuite chercher à revenir sur leur territoire.
À certaines périodes de l'année, il est d'autant plus important de respecter la tranquillité du sanglier, afin de ne pas l'encourager à investir les cultures agricoles :
- 15 avril, période des semis de maïs ;
- mi-juin, période où les blés sont dits en lait (stade de maturation pendant lequel le sanglier raffole des épis) ;
- fin août à début octobre, car les champs de maïs sont d'immenses étendues où le sanglier va pouvoir trouver à la fois quiétude et nourriture en abondance.
À défaut, les agriculteurs subissent d'importants dégâts dans leurs récoltes tandis que les chasseurs doivent payer les factures des dégâts et endosser la colère des exploitants agricoles.
Reproduction
L'activité reproductrice du sanglier a tendance à être saisonnière[32] et est corrélée à la disponibilité relative des principales denrées alimentaires ou est reliée à des facteurs climatiques[32] .
Le rut s'étale d'octobre à janvier avec une activité importante dans les mois de novembre et décembre. Lors d'affrontements violents entre mâles, des blessures parfois importantes peuvent être occasionnées. La gestation dure 3 mois, 3 semaines, 3 jours (soit 114 à 116 jours), la laie met bas dans le chaudron (une excavation plus ou moins aménagée dans la végétation basse) de 2 à 10 marcassins aux yeux ouverts. Le nombre de petits est corrélé au poids initial de la femelle (40 kg : deux petits, 60 kg : quatre petits), mais dans le sud de la France les populations de sangliers ont été recréées ou renforcées par des hybrides de cochon domestique dans le but d'augmenter la prolificité. L'allaitement dure 3 à 4 mois, mais les jeunes sont aptes à suivre la mère dans ses déplacements dès la fin de leur première semaine. Bien que capables de subvenir à leurs propres besoins vers l'âge de six mois, ils demeureront dans le groupe familial encore une ou deux années.
Écologie
Le sanglier remplit des fonctions complexes et importantes au sein des écosystèmes qu'il fréquente.
- En retournant les sols forestiers (bioturbation), il les aère et parfois les décolmate ; avec des effets plutôt positifs ou plutôt négatifs selon les cas. Selon un suivi expérimental de 2 ans, il ne semble pas affecter la texture, le pH et le taux d'azote ou de matière organique du sol qu'il retourne, mais il a un effet sur le taux de potassium[36] et de magnésium[36], sur l'activité microbienne et l'abondance d'arthropodes saprophages et de prédateurs qui diminuent dans les sols qu'il a retournés[36]. Son exclusion n'améliore pas le sol qui voit alors son activité microbienne diminuer, de même que sa teneur en carbone organique et en azote total, peut être grâce à ses apports en urine et excréments[36] ;
- En recherchant tubercules et champignons, il en diffuse aussi les spores, dont ceux des truffes et en particulier la truffe Elaphomyces granulatus (tout comme l'écureuil et quelques micromammifères fouisseurs consommant également ce champignon dont la fructification est totalement souterraine). Or ce champignon joue un rôle important dans la structure des sols et en matière de mycorhization.
- De plus, quand le sanglier creuse sa souille et s'y roule, et quand il se frotte sur les gros troncs, il se débarrasse de ses parasites, mais il contribue aussi à disperser des spores et diaspores parfois enfouies il y a des décennies voire des siècles, et qui pour certaines ont conservé leurs propriétés germinatives dans la « banque de graines du sol ». Il facilite notamment la dispersion « épizoochorique » de diaspores de plantes vasculaires ; Une étude allemande récente (2006) a en effet montré[37] que le nombre moyen de graines viables ainsi que le nombre d'espèces de plantes sont plus élevées dans les échantillons de sol étudiés près des arbres où il se frotte que près des autres arbres. Et certaines espèces ne sont pratiquement trouvées qu'au pied des arbres où il se frotte. Sans surprise, les diaspores crochues et hérissées, adaptées à l'épizoochorie sont plus fréquentes, mais de nombreuses espèces à diaspores non spécialisées sont aussi exclusivement trouvées près des arbres de frottement[37]. Ces diaspores sont celles d'espèces forestières, mais aussi non-forestières de milieux ouverts[37]. Les scientifiques ont aussi observé une accumulation de graines d'espèces bioindicatrices de milieux humides plus importante près des arbres de frottement, laissant supposer que les sangliers jouent un rôle important de dispersion directe d'espèces végétales des zones humides[37]. Ces résultats confirment des études antérieures sur les charges en diaspores du pelage et des sabots de sangliers abattus. Ils démontrent l'efficacité de la dispersion[37]. Les sangliers jouent donc un rôle dans la résilience écologique de la forêt après les chablis et incendies ou d'autres perturbations[37]. Un sanglier peut lors de ses déplacements, en quelques heures, transporter et littéralement « semer » des graines jusqu'à des dizaines de kilomètres à la ronde (un sanglier peut parcourir 20 à 30 km en une seule nuit). Ces graines et spores étant entourées de boue et réchauffées au contact de son corps ont plus de chances de germer. De même pour les graines non digérées rejetées avec ses excréments (endozoochorie). Ceci pourrait expliquer certains « patterns » locaux de végétation que la phytosociologie n'explique qu'incomplètement.
- Cependant, là où il est anormalement abondant, en raison de la disparition de ses prédateurs sauvages (lynx) et/ou à cause du nourrissage (alimentation artificielle) ou de plans de chasse qui l'ont trop favorisé, il semble — avec le chevreuil et parfois le cerf — jouer un rôle plutôt négatif (surpiétinement, surprédation et augmentation du nombre de tiques). Il occasionne en outre alors des dégâts dans les champs, prairies et parfois dans les jardins en y mangeant et parfois en retournant profondément les sols (boutis).
Habitat et répartition
Le sanglier affectionne particulièrement les zones arborées disposant de points d'eau. Cependant, il est relativement ubiquiste et on peut le rencontrer dans de nombreux autres types de milieux. Les landes sont par exemple des milieux très favorables pourvu qu'une strate arbustive même discontinue approche un mètre de haut. Il évite simplement les grandes zones trop à découvert. Il est aussi visible dans une très grande partie de la Sologne.
Il est présent dans de nombreuses régions d'Europe (une partie du Danemark, des Pays-Bas, de Belgique, d'Italie, d'ex-Yougoslavie…) et d'Asie, ainsi qu'en Afrique du Nord. Il a disparu des Îles Britanniques.
Au moment de la chasse ou à d'autres périodes, des sangliers sont de plus en plus souvent observés[38] en zone périurbaine, et plus rarement en centre-ville. Leur présence dans ces zones peut poser des problèmes sanitaires et de sécurité (routière notamment).
Ainsi, des compagnies de sangliers sont régulièrement observées sur les hauteurs de Barcelone et en périphérie de la ville. Et il y aurait à Berlin entre 5 000 et 8 000 sangliers périodiquement réfugiés ou vivant dans le réseau des espaces verts berlinois[39]. En 2004, à Saint-Amand (Nord), un sanglier s'est réfugié 18 heures (avant d'être abattu par un chasseur) dans la cour intérieure de l'hôpital[40]. En octobre 2011, le terrain de football de Metz-en-Couture est en partie « muloté » (retourné) par des sangliers[41]. En novembre 2011 à Toulouse, une laie désorientée a erré plusieurs heures dans le centre historique de Toulouse, traversant la place du Capitole, avant de plonger dans le Canal du Midi face à la gare où elle a été abattue sur ordre du préfet[42], au lieu d'être sortie de l’eau et relâchée dans la nature, comme le réclamaient quelques témoins de la scène.
Tout comme l'ensemble du grand gibier (cerfs, chevreuils)[43], une prolifération des sangliers est observée en Europe (augmentation de quatre ou cinq fois en moyenne par pays en vingt ans[44]), et plus particulièrement en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Espagne, en France, en Italie, au Luxembourg, au Portugal[44] et en Suisse[43], depuis les années 1980-1990[43],[44]. Celle-ci entraîne une hausse des dégâts agricoles et forestiers, entravant par exemple le taux de renouvellement de la forêt[43], un risque de prolifération de maladies et l'augmentation du risque d'accidents de la route. Cette prolifération inquiète aussi certaines zones urbaines[44]. Elle s'explique par une plus grande précocité reproductive[45], l'évolution des emblavements des cultures refuges, le changement climatique et une régulation déficiente par la prédation ou la chasse[44]. En 2009, le ministre français de l'Écologie Jean-Louis Borloo lance un Plan national de maîtrise du sanglier[45].
Distribution géographique
Le sanglier, porc féral (redevenu sauvage) ou des croisements de porcs et sangliers ont été introduits (volontairement ou involontairement) dans plusieurs régions du monde et dans de nombreuses îles.
Ainsi en 1493, Christophe Colomb a importé huit porcs aux Antilles. Plusieurs importations ont eu lieu sur le continent américain dès le milieu du XVIe siècle par Hernán Cortés et Hernando de Soto, et au milieu du XVIIe siècle par le sieur de La Salle. Du sanglier eurasien « pur » a aussi été importé pour satisfaire la « chasse sportive » au début du XXe siècle[46]. De vastes populations de sangliers se sont ainsi peu à peu formées en Australie, Nouvelle-Zélande et l'Amérique du Nord et du Sud[47]. Aux États-Unis, il y aurait environ 6 millions de porcs redevenus sauvages[48] et dans la première décennie du XXIe siècle, des sangliers échappés de fermes d'élevage se sont rapidement reproduits au Canada en Alberta et en Saskatchewan ; des primes sont offertes pour les paires d'oreilles rapportées par les chasseurs.
Au Royaume-Uni où l'espèce a probablement disparu au XIIIe siècle à la suite d'une chasse intensive, des échappés d'élevage et d'autres sangliers importés du continent pour satisfaire la chasse de loisir ont formé de nouvelles populations[49].
Classification et systématique
Le genre Sus appartient à la famille des Suidés, dans l'ordre des Artiodactyla ou des cétartiodactyles selon les classifications.
Liste de synonymes
- Sus andamanensis Blyth, 1858
- Sus aruensis Rosenberg, 1878
- Sus babi Miller, 1906
- Sus ceramensis Rosenberg, 1878
- Sus enganus Lyon, 1916
- Sus floresianus Jentink, 1905
- Sus goramensis De Beaux, 1924
- Sus natunensis Miller, 1901
- Sus nicobaricus Miller, 1902
- Sus niger Finsch, 1886
- Sus papuensis Lesson & Garnot, 1826
- Sus ternatensis Rolleston, 1877
- Sus tuancus Lyon, 1916
Liste des sous-espèces
Selon ITIS (14 septembre 2017)[50] et Mammal Species of the World (version 3, 2005) (14 septembre 2017)[51] :
- sous-espèce Sus scrofa algira Loche, 1867
- sous-espèce Sus scrofa attila Thomas, 1912
- sous-espèce Sus scrofa cristatus Wagner, 1839
- sous-espèce Sus scrofa davidi Groves, 1981
- sous-espèce Sus scrofa leucomystax Temminck, 1842
- sous-espèce Sus scrofa libycus Gray, 1868
- sous-espèce Sus scrofa majori De Beaux & Festa, 1927
- sous-espèce Sus scrofa meridionalis Forsyth Major, 1882
- sous-espèce Sus scrofa moupinensis Milne-Edwards, 1871
- sous-espèce Sus scrofa nigripes Blanford, 1875
- sous-espèce Sus scrofa riukiuanus Kuroda, 1924
- sous-espèce Sus scrofa scrofa Linnaeus, 1758
- sous-espèce Sus scrofa sibiricus Staffe, 1922
- sous-espèce Sus scrofa taivanus (Swinhoe, 1863)
- sous-espèce Sus scrofa ussuricus Heude, 1888
- sous-espèce Sus scrofa vittatus Boie, 1828
Le sanglier et l'Homme
Chasse
C'est le grand mammifère chassé dont la population augmente le plus en Europe[52], à la suite des plans de chasse, mais aussi par l'agrainage abondamment pratiqué, la déprise agricole au profit de la forêt et de la garrigue, la grande quantité de nourriture dans les champs exploités (notamment les vastes monocultures de maïs qui offrent un refuge aux hardes)[53].
L'agrainage notamment lorsqu'il est réalisé, de façon linéaire (c'est-à-dire avec un petit épandeur tout en circulant le long d'un chemin), vise à disperser une quantité modérée de maïs grain (2 à 3 kg/100 ha de surface boisée) sur une distance, longue de plusieurs centaines de mètres. Il en résulte que les sangliers vont passer du temps à ramasser les grains ; temps pendant lequel la nuit va passer en grande partie, les amenant aussi à trouver d'autres fruits forestiers et, leur éviter ainsi de se rendre dans les cultures agricoles, aux alentours des forêts.
L'agrainage est, par exemple, interdit à moins de 250 m de toute surface agricole (y compris zone d'habitations) dans le département de la Moselle depuis plusieurs années.
1977 | 1987 | 1997 | 2007 | 2008 | 2012-2013 |
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60 000[54] | 100 000[54] | >300 000[54] | 466 352[55] | 522 174[54] | près de 600 000[56] |
En France, les chasseurs ont lâché dans la nature, et ce des années durant, des animaux croisés en captivité (une pratique désormais interdite), provoquant une très forte augmentation de leur nombre[57]. Selon Marc Giraud, porte-parole de l’Association pour la protection des animaux sauvages : « La première cause de prolifération des sangliers, ce sont les chasseurs. Ça pour trois raisons. D'abord, au cours des siècles, ils ont fait disparaître leurs prédateurs. Ensuite, ils les ont élevés pendant des années, à partir des années 1970. Enfin, aujourd'hui encore [en 2020], ils les agrainent. Ils disposent des grains pour attirer les sangliers et les nourrir. L'agrainage, ça fait exploser les populations de sangliers, il faudrait arrêter totalement l'agrainage en France »[58]. Le naturaliste Pierre Rigaux souligne que « le nombre faramineux de sangliers abattus chaque année est la conséquence mal maîtrisée d’une volonté politique et historique de disposer d’une abondance d’animaux à tuer, résume l’écologue. Les chasseurs ont maintenant le beau rôle, celui de régulateurs de sangliers, justifiant plus largement dans l’inconscient collectif leur rôle de régulateur de la faune sauvage[57]. » Nicolas Rivet, directeur général de la Fédération nationale des chasseurs, met en cause d'autres facteurs : « Il y a eu le développement de cultures et la généralisation de cultures qui sont particulièrement propices aux sangliers, où ils trouvent tout ce qu'il faut pour se nourrir. Enfin, le sanglier est une espèce qui s'est remarquablement adaptée au réchauffement climatique avec des hivers peu rigoureux, une nourriture abondante, une mortalité des jeunes très basse. Aujourd'hui, on se retrouve avec souvent trois portées en deux ans »[58].
Les chasseurs le chassent à l'affût, ou organisent des battues pour en prélever et réduire leur nombre : depuis les années 2010, ils tuent environ 500 000 sangliers par an, y compris hors de la saison de la chasse, soit quatre fois plus qu’il y a vingt ans (la Fédération nationale des chasseurs estimant que leur population est de 1 à 1,5 million d'individus) et ils sont désormais classés « nuisibles » dans nombre de départements[59].
Le sanglier sauvage avait disparu en Grande-Bretagne et en Irlande au XVIIe siècle, mais des individus d'élevage échappés des enclos de ferme ont récemment été repérés à travers le Weald[60].
À Berlin, leur population est estimée entre 5 000 et 8 000 individus, et plus de 500 bêtes ont été abattues entre avril et novembre 2008 à l'initiative de la municipalité[39].
Il a fait l'objet de réintroductions en France[61], en Égypte[62] et plusieurs études ont étudié les possibilités de réintroduction au Royaume-Uni (en Écosse notamment dont pour évaluer le nombre minimal de sanglier à introduire pour avoir une population viable à long terme (« Minimum viable population » ou MVP pour les anglophones)[63] et pour savoir s'il existait encore en Écosse, région fortement déforestée, des boisements assez grands pour abriter une telle population[64].
En France, à la suite d'une augmentation de population dépassant nettement les prélèvements, et pour limiter les coûts des dégâts du gibier (indemnisations aux agriculteurs passées de 20 à 30 millions d'€ par an entre 2000 et 2010 en raison notamment du doublement du prix des céréales[65]), pour limiter certains risques sanitaires[65] (risque de « retour » de certaines zoonoses transmissibles entre animaux sauvages et d'élevage ou à l'Homme), un plan national de maîtrise du sanglier a été mis en place en 2009, sur tout le territoire avec 13 mesures[66] (à appliquer dans chaque département) pour en limiter la démographie puis en maîtriser les populations. L'agrainage du sanglier pourrait aussi être interdit[65], sauf cas particulier (quand sa nécessité est démontrée).
747 000 sangliers étaient abattus en France en 2019, contre 36 000 en 1973[53].
Consommation de sa viande
Le sanglier est apprécié en venaison pour sa chair goûteuse et peu grasse. À l'instar du porc, tout se mange dans un sanglier. Certains bouchers et charcutiers produisent du jambon fumé de sanglier, notamment en Ardenne belge.
Sur la base d'une compilation de 144 206 résultats d'analyses de plomb dans les aliments recueillis en Europe durant neuf ans, l'AESA[67] notait en 2012 qu'alors que la plupart des aliments ont un taux de plomb qui a diminué, la viande de sanglier (avec celle du faisan et divers abats d'autres espèces gibier) reste préoccupante en termes de teneur en plomb (teneur moyenne de 1143 μg/kg, soit environ 100 fois plus élevée que la viande de porc/porcelet (11 μg/kg en moyenne), et 1 600 fois la dose moyenne ingérée par jour par un européen moyen (0.68 µg/kg/jour/personne)[67]. Un échantillon de viande de sanglier sauvage a culminé à 232 000 μg/kg, le record pour près de 145 000 analyses parmi 734 catégories d'aliments consommés en Europe[67]. Ces teneurs très élevées en plomb peuvent être dues au caractère nécrophage du sanglier, son goût pour les champignons (dont certains bioconcentrent très bien le plomb, notamment dans certaines forêts de guerre où le plomb des munitions fait partie des séquelles laissées par les conflits armés), mais les résidus de plomb laissés par les munitions qui ont servi à le tuer sont aussi en cause[68].
Autres utilisations
Les défenses, en ivoire, matériau dur, étaient utilisés pour réaliser des casques en défense de sanglier par la Civilisation minoenne.
En raison de la taille de leurs dents, les amateurs considèrent que les plus beaux trophées proviennent des mâles les plus âgés.
Accidents, collisions avec véhicules
En France, de 1984 à 1986[69] (en 3 ans), il y avait eu 11 055 collisions avec animaux sauvages (phénomène dit de roadkill) déclarées (un peu moins de 4 000/an), ayant fait 75 blessés[65].
En 1993-94, pour 25 départements étudiés, on a constaté un triplement du nombre de collisions (par rapport au précédent recensement), sur des routes départementales le plus souvent, mais avec une augmentation préoccupante sur les autoroutes (de 6,8 % en 1984-86, 18,3 % en 1993-94). Le sanglier est en cause dans 1/3 des cas environ, derrière le chevreuil (75 % des collisions, en forêt presque toujours) avec selon les statistiques de la police et gendarmerie pour 2008-2010 : 500 accidents corporels dus à animal sauvage (+/-170/an), 35 tués (+/-12/an), 350 hospitalisations (+/-115 par an) et 200 blessés légers (65 par an). Depuis 2003, le fonds de garantie (n'indemnisant originellement que les victimes d’accidents de la circulation dont les auteurs sont non-assurés ou non-identifiés) intervient. En 2008 il y eut près de 35 000 collisions déclarées, dont plus de 60 % par du grand gibier (36 % sangliers, 17 % chevreuils, 8 % cerfs), pour 16 millions d'euros de dégâts réglés par les assureurs. En 2009, le fonds de garantie a été déchargé de sa mission d’indemnisation au profit d'un règlement des dommages par les assurances et risques assurables[65].
Aspects sanitaires et écoépidémiologiques
De manière générale, une « surpopulation » de sangliers peut augmenter certains risques pour les élevages porcins proches, mais aussi pour la santé humaine, dont via des virus grippaux porcins, et peut-être celui de la grippe aviaire[réf. nécessaire] ou assurément via la maladie de Lyme, la peste porcine, la peste africaine, la maladie d'Aujeszky (aussi dite « pseudo-rage ») ou diverses parasitoses dues à des nématodes Metastrongylus, la trichinose (affection dont l'augmentation est liée au nombre de sangliers), ou encore via une augmentation du risque d'accidents de la route, avec des dégâts matériels importants, des blessures corporelles voire pertes en vies humaines[70].
Les « pullulations » locales de sanglier, peuvent être source de risque épidémique[71], y compris aux États-Unis où des sangliers introduits à partir de l'Europe (dès les années 1500) comme gibier ont localement proliféré, notamment là où ils se sont croisés avec des porcs domestiques (ils seraient au moins 4 millions dans 39 États du pays, surtout en Californie, au Texas et dans le Sud-Est du pays). Une étude publiée en 2011, confirmant d'autres études faites au Texas ou dans d'autres États a montré que les risques d'exposition aux parasites Toxoplasma gondii et Trichinella (trouvés dans le sang de 83 sangliers sauvages tués en Caroline du Nord de 2007 et 2009) augmente alors que ces deux parasites (ici trouvés pour la première fois chez des sangliers) avaient été éliminés des élevages de porcs. Ces parasites ingérés provoquent des symptômes pouvant être confondus avec ceux de la grippe, mais T. Gondii est dangereux pour la femme enceinte et les personnes ayant un système immunitaire affaibli (C'est une cause majeure de décès pour cause de maladie d'origine alimentaire aux États-Unis)[71]. Trichinella peut produire des symptômes légers à sévères, avec dans le pire des cas des problèmes cardiaques potentiellement mortels et de graves problèmes respiratoires selon les CDC[71]. Même dans les cas modérés, la fatigue, un état de faiblesse et des diarrhées peuvent durer des mois[71].
Omnivore et nécrophage à l'odorat fin, le sanglier a aussi un rôle sanitaire : il détecte et élimine rapidement les cadavres de nombreux petits et gros animaux, même cachés, en évitant qu'ils contaminent les eaux superficielles par des pathogènes ou toxines (botuliques notamment, auxquelles il se montre très résistant). Pour cette raison, c'est une espèce qui – bien que non située en bout de chaîne alimentaire – peut fortement bioconcentrer certains toxiques et polluants (via les cadavres qu'il mange ou via les champignons basidiomycètes et souterrains contaminés (dont par des radionucléides[72], après Tchernobyl par exemple) qu'il consomme en grande quantité).
Selon Fernández & al., au-delà des considérations empiriques[73], les risques zoonotique, sanitaire pour les élevages et écoépidémiologiques devraient être mieux pris en compte lors des opérations de translocation ou de réintroduction[74]
Sangliers et radioactivité
Les sangliers ne sont pas situés en fin de la chaîne alimentaire. Mais en tant qu'animaux fouisseurs omnivores, nécrophages et mycophages ils sont vulnérables à certains polluants ; ainsi de l'hydrogène sulfuré a tué, au cours de l'été 2011, 36 sangliers (pour un seul ragondin) sur une zone de marées vertes en Bretagne[77].
Ils sont également impliqués dans la remise au jour et la bioconcentration de certains radionucléides. Ainsi, sur les zones touchées par les retombées de la catastrophe de Tchernobyl, l'iode radioactif en raison de sa courte période radioactive, a rapidement disparu de l'environnement, mais les sangliers ont continué à accumuler du césium 137, à partir de leurs aliments. Or, ce cation est radiologiquement et chimiquement toxique[78], très soluble dans le bol alimentaire et traverse facilement la barrière intestinale au niveau du petit intestin[76] d'où il gagne facilement toutes les parties du corps (comme s'il avait été inhalé)[79],[80].
C'est en Allemagne que le problème de la contamination des sangliers par le Césium 137 semble avoir été le mieux détecté, étudié et traité (pour ce qui est du nombre d'animaux analysés, du suivi et de la précaution).
En 2010-2011[111] de la nourriture contenant 1 250 mg de bleu de Prusse par kg d'aliments a été distribuée à des sangliers bavarois durant toute une saison de chasse, pour tester l’effet de cette molécule sur l’absorption de Césium 13 par le sanglier. Un effet significatif, déjà montré chez d’autres mammifères[112] a été confirmé chez 285 sangliers tués en 2011 dans 6 zones de chasse dont deux traitées par ce chélateurs(la radioactivité moyenne de la viande des sangliers traités était de 522 Bq (pour le 137Cs)/kg de viande maigre de muscle squelettique, soit 211 Bq/kg de radioactivité en moins (en moyenne) (p<0,001) que l'effet soit -344 Bq/kg (p<0,05)[111].
En Suède alors que les rennes et élans sont très rarement contaminés, la bioconcentration des sangliers semble se poursuivre ; avec en août 2017 un individu tué à la chasse émettant 13 000 Bq/kg (becquerel par kilogramme), puis un autre tué (au nord de l'Uppland, en octobre) contrôlé à 16 000 Bq/Kg (soit plus de 10 fois le seuil suédois pour le gibier : 1 500 Bq/kg)[113],[114] ; En 2017 pour 30 sangliers testés seuls 5 ou 6 étaient sous le seuil toléré par l’Agence suédoise de l’alimentation ; les régions à risques sont celles d'Uppsala, Gävle et Västerbotten où il a plu lors du passage du nuage[115]. Selon Pål Andersson (de l'Autorité suédoise de radioprotection SVT), les personnes exposées à ce rayonnement en mangeant la viande d'un animal aussi radioactif que cela présenteront un « risque accru de cancer »[114] (risque faible selon le SVT[116]).
Le sanglier dans la culture
Préhistoire
Bien qu'assez peu représenté sur les peintures et gravures rupestres, on sait par les archéologues que le sanglier était chassé durant la Préhistoire. Il est possible qu'il ait dans les derniers millénaires, alors que se développaient les populations humaines de chasseurs-cueilleurs, profité du recul des grands prédateurs tels que le lion des cavernes, le tigre à dent de sabre et l'ours des cavernes.
Chez les Indo-Européens
Chez les Indo-Européens, le sanglier symbolise la caste sacerdotale tandis que l’ours correspond à la caste guerrière.
Le sanglier est le troisième Avatar (descente, incarnation) du dieu Vishnou, Varaha, chargé de sauver la déesse Terre (son épouse) d'un démon des eaux d'un déluge. C'est donc un animal particulièrement sacré en Inde.
Chez les Celtes
La symbolique du sanglier est très riche chez les Celtes mais également présente, et de façon généralisée dans les mythes indo-européens : la Grèce mycénienne, l'Inde védique, chez les Germains laissant imaginer une origine commune.
Il représente la force et le courage mais aussi la connaissance et a un rapport avec l'au-delà.
Les Celtes le considèrent comme un animal sacré. Des têtes de sanglier ornent les armes et sa viande accompagne les défunts dans leur dernier voyage. Son rôle est à rapprocher de celui du taureau dans les mythologies des origines de l'Europe. Le sanglier est donc l'attribut des druides et certains se faisaient même appeler « sanglier ».
Chez les Grecs
Le quatrième des 12 travaux d'Hercule était de rapporter vivant le sanglier d'Érymanthe.
Évolution
En Occident, dans l'antiquité romaine, germano-gauloise et galloromaine, sa chasse semble avoir été particulièrement valorisée. Dans la religion celtique, il s'agissait de la nourriture des héros rassemblé chez les dieux[117].
L'animal était considéré comme courageux et fort et se battant jusqu'au bout. Le chasser devient un combat entre le guerrier et l'animal, un combat singulier où l'homme doit supporter les cris, les coups et l'odeur de la bête. Le vaincre est alors un exploit.
Ces qualités sont aussi reconnues chez les Romains comme chez les Germains, qui semblent avoir fait de la chasse au sanglier un rituel initiatique indispensable du guerrier pour devenir libre et adulte. Les Celtes en ont fait un gibier de rois et une chasse symbolique[118].
D'après une œuvre grecque antique (Enghien) Sacrifice d'un sanglier, 510–500 av. J.-C
Musée du LouvreGravure sur bois illustrant les Métamorphoses d'Ovide Reproduction du Sanglier-enseigne gaulois, découvert à Soulac-sur-mer[119]
Cette tradition continue tout au long du Haut Moyen Âge, mais s'inverse aux alentours du XIIIe siècle, d'abord en France et en Angleterre puis en Italie et en Allemagne aux siècles suivants. Le sanglier et sa chasse sont progressivement dévalorisés.
Le sanglier n'est plus le gibier des rois et des princes; il perd cette qualité au profit du cerf qui lui est opposé. L'une des raisons serait que la chasse au sanglier demandant peu d'espace, contrairement à la chasse au cerf, les grands seigneurs auraient alors « laissé » sa chasse aux seigneurs moins importants. La chasse au cerf serait devenue un moyen de se démarquer pour les seigneurs ayant des forêts assez vastes pour se la permettre.
L'autre raison principale de cette dévalorisation a été la « propagande » de l'Église. Les qualités du sanglier vantées à l'Antiquité en font, pour l'Église, l'animal des païens, voire l'animal du diable. L'Église va tourner toutes ses qualités en défauts, et sa force et son courage deviennent de la férocité. Le cerf, auquel elle l'oppose aussi, a lui toutes les vertus : c'est le Christ des animaux. Avec le temps, et plus récemment, la chasse au sanglier devient aussi le moyen de se débarrasser d'animaux dangereux qui abîment les cultures[120],[121].
Chez les Chinois
En astrologie chinoise, le sanglier est considéré comme un signe particulièrement auspicieux et un gage de loyauté.
Dans la littérature
- L'écrivain allemand Ernst Jünger a écrit un court récit intitulé La Chasse au sanglier.
- Dans la bande dessinée Astérix, les Gaulois, notamment Obélix, sont connus pour leurs rôtis de sanglier (historiquement, les Gaulois ne semblent pas avoir chassé de sangliers, animal sacré).
- Au livre III de l'Enéide de Virgile, un oracle d'Apollon annonce à Enée qu'il fondra sa ville là où il trouvera « [...] une énorme laie blanche étendue sur le sol, et trente nouveau-nés, blancs comme leur mère, pressés autour de ses mamelles [...][122] ».
Dans le sport
Le sanglier est le symbole du :
- Club sportif Sedan Ardennes (CSSA), équipe française de football
- Rugby Club Famenne
- Hockey Clermont Communauté Auvergne
En musique
- La vénerie, ou chasse à courre, possède une musique bien particulière lors de la chasse au sanglier[123].
- De par son caractère symbolique et identitaire, le sanglier fait l'objet d'un certain culte et cela s'observe dans certaines musiques populaires, comme en témoigne le groupe Sus Scrofa[124], originaire de Toulouse, un des premiers groupes de Pagan-Black Metal français de l'histoire, composé de membres du groupe folklorique français plus réputé Stille Volk.
- Certains artistes utilisent aussi son image pour son symbole, comme en témoignent les illustrations de Français[125], d'Américains[126] ou de Danois[127].
En héraldique
Le Moyen Âge européen a repris cette symbolique en héraldique où le sanglier est très représenté (notamment dans les Ardennes[128]), et aussi dans le vocabulaire de l'escrime (garde de la « dent du sanglier »).
En règle générale, le sanglier apparait de profil dans les blasons, et passant, c'est-à-dire semblant avancer trois pattes au sol et une patte avant levée. Il est dit « défendu » si ses défenses sont d'une couleur différente de celle du corps. On nomme sa tête « hure », son nez « boutoir » et sa couche « bauge ».
- Ebersviller (Moselle)
- Sanglier de sable défendu d'argent (Champ-Dolent - Eure)
- Sanglier de sable, défendu d'argent, baugé dans un buisson (Baugé - Maine-et-Loire)
- Trois hures de sanglier (Givonne - Ardennes)
- Défense de sanglier d'argent (Albignac - Corrèze)
- D'argent au sanglier de sable défendu du champ… (Courcelles-sur-Viosne - Val-d'Oise)
- … trois hures de sanglier… (Baillou - Loir-et-Cher)
- …hures arrachées de sanglier en pal… (Booth - Angleterre)
Dans les Ardennes
Le sanglier est le symbole des Ardennes où il abonde. Il en est devenu la mascotte et la sculpture du « plus grand sanglier du monde », Woinic, symbolise le département.
Il est aussi le symbole du premier club de football du département, le Club Sportif Sedan Ardennes, étant représenté sur l'écusson du club depuis ses débuts.
Il est enfin le symbole du régiment des chasseurs ardennais caserné à Marche-en-Famenne (Belgique), ainsi que l'unité aérienne du 2 Wing Tactique de Florennes (Belgique) ayant pour mascotte Bull Rusch (mâle) et Gipsy (femelle).
Il a parfois été repris par l'armée, notamment l'armée de l'air — par exemple, à des fins commémoratives, où le sanglier a décoré des avions en l'honneur d’escadrilles affectées dans les Ardennes. Un exemplaire de mirage III décoré aux couleurs des Ardennes et comportant une tête de sanglier imposante est toujours visible et accessible au public sur le site des Ailes Anciennes à Blagnac, pour célébrer le cinquantième anniversaire de l'escadron de chasse 3/3 Ardennes[129]
Surnom
- Guillaume de la Marck (? † Exécuté en juin 1485 - Maastricht), était surnommé le « Sanglier des Ardennes ».
- Roger Marche, footballeur ardennais était surnommé le « sanglier des Ardennes ».
- Les héritiers (maître de famille) de la maison Taudou sont surnommés le « Sanglier des Corbières » et le marcassin des corbières.
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- H. Hecht, K.H. Schwind, W. Jira, Bestimmung der Änderung des flächenmäßigen Verteilung der staatlichen Jagdgebiete Bayerns, in denen Raiocäsiumaktivitätskonzentrationen> 600 Bq/kg Frischmasse (FM) in Rot-, Reh-, Schwarz-und Gamswild auftreten können. Bericht III. BAFF, 119 S, 2001.
- Voir l'article Césium 137 de wikipédia et ses sources pour le détail des normes qui varient selon les pays et époques.
- Lysikov, A.B. (1995): Der Einfluss der Wühl aktivität von Schwarzwild auf den Prozeß der Wanderung von Radionukliden im Boden nahe des Kernkraftwerks Tschernobyl. Schriftenreihe für Ökologie, Jagd und Naturschutz, Band 3, 99-105.
- Voir Rapport français de l'IRNS (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) "Tchernobyl, 17 ans après (Avril 2003), page 67, 70, 83, 85….
- Anonyme (2003) Investigation on the radiocaesium contamination of wild boar (Sus scrofa) meat in Rhineland-Palatinate. In: Annual report of the Research Institute for Forest Ecology and Forestry of Rhineland-Palatinate 2002, No. 51/03 (Accès en ligne), pp 164 – 167.
- Anonyme (2004) Spatial distribution of surface radiocaesium contamination of the forest soil in the Palatinate Forest. In: Annual report of the Research Institute for Forest Ecology and Forestry of Rhineland-Palatinate 2003, No. 53/04 (Accès en ligne), p. 184 -186.
- Anonymous (2004b) Investigations on published data about deer truffle ecology (Elaphomyces granulatus) and pilot study on their occurrence in the Palatinate Forest, Rhineland-Palatinate. In: Annual report of the Research Institute for Forest Ecology and Forestry of Rhineland-Palatinate 2003, No. 53/04 (Accès en ligne), pp 179-181.
- Ulf Hohmann, Ditmar Huckschlag, Investigations on the radiocaesium contamination of wild boar (Sus scrofa) meat in Rhineland-Palatinate: a stomach content analysis ; European Journal of Wildlife Research Volume 51, Number 4, 2005, pages 263-270, DOI: 10.1007/s10344-005-0108-x (Résumé en anglais).
- François Durand (inspecteur général de la santé publique vétérinaire), pour le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux ; RAPPORT du groupe de travail « alimentation, agriculture, vie dans les territoires ruraux » du Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle d’un accident nucléaire ou d’une situation radiologique (CODIRPA), rapport piloté par l’Autorité de sûreté nucléaire, septembre 2010, Ref:CGAAER n° 1136, PDF, 103 pages (ASN).
- De Cort & al., Atlas of caesium deposition on Europe after the chernobyl accident. CD-Edition, Luxembourg, Office for Official Publications of the European Communities, 1998, (ISBN 92-828-3140-X).
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- Règlement européen N° 770/90 Euratom de la Commission du 29 mars 1990 fixant les niveaux maximaux admissibles de contamination radioactive (césium 134 et césium 137) pour les aliments du bétail après un accident nucléaire ou dans toute autre situation d’urgence radiologique.
- Codex alimentarius, Limites indicatives pour les radionucléides dans les denrées alimentaires contaminées à la suite d'un accident nucléaire ou d'un événement radiologique ; Pour l’emploi dans le commerce international de 2006 (Source : Ministère français de l'Agriculture ; Rapport du Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle d’un accident nucléaire ou d’une situation radiologique (CODIRPA), déjà cité.
- J. Block (1993), « Verteilung und Verlagerung von Radiocäsium in zwei Waldökosystemen in Rheinland-Pfalz insbesondere nach Kalk- und Kaliumdüngung », Diss. Uni Göttingen, 287 S.
- Article du journal Rhein-Zeitung intitulé Viele Wildschweine in Rheinland-Pfalz sind noch belastet ; Rheinland-Pfalz - Auch 25 Jahre nach d em Atomunfall von Tschernobyl sind viele Wildschweine in Rheinland-Pfalz laut Experten immer noch zu stark radioaktiv belastet, 2011-04-22 et carte simplifiée des retombées radioactives des passages du nuage, avec dates de retombées.
- voir le graphique intitulé « Abbildung 1: Vergleich der Cäsium-137-Gehalte in Bezug auf die Trockenmasse (TS) von Pilzen und verschiedenen Pflanzengruppen aus dem Jahr 1987-1992, Bayerischer Wald (aus Haffelder 1995) », illustrant le chapitre 3.2.5 Aufnahme von Radiocäsium durch Pflanzen und Pilze, de la page 11/65 (de la version PDF du rapport déjà cité.
- FEIDEN, F. (1989): Untersuchung zum Transfer von Cs-134 und Cs-137 aus alloutkontaminiertem Futter in Damwild und Angorakaninchen und zur biologischen Halbwertszeit des Radiocäsiums mittels der Ganzkörpergammaspektroskopie. Diss. Uni. Gießen.
- T. Rahola, M. Suomela, The 137Cs content in Finnish people consuming foodstuffs of wild origin.Oxford Journals, Mathematics & Physical Sciences ; Medicine Radiat Prot Dosim 79, 1998, pages 187-189. (Résumé, en anglais).
- Ulf Hohmann, Ditmar Huckschlag, Hohmann, U. & D. Huckschlag (2004): "Forschungsbericht – Grenzwertüberschreitende Radiocäsiumkontamination von Wildschweinfleisch in Rheinland-Pfalz – Eine Mageninhaltsanalyse erlegter Wildschweine aus dem westlichen Pfälzerwald. Internetdokument der Forschungsanstalt für Waldökologie und Forstwirtschaft RheinlandPfalz, 64 S. (Rapport de recherche sur la contamination en césium radioactif de venaison de sanglier sauvage en Rhénanie-Palatinat ; Une analyse des contenus stomacaux des sangliers chassés dans les forêts de l’ouest du Palatinat), Forschungsanstalt für Waldökologie und Forstwirtschaft (Institut fédéral pour l'écologie forestière et des forêts) PDF, 67 pages.
- Cf. Recherche faite avec Google et Google Scolar, 2011-10-08, sans résultat.
- Morfeld P, Reddemann J, Schungel P & Kienzle E (2014) Reduktion der 137Cäsium-Aktivität in Wildschweinen durch Zusatz von Ammonium-Eisen-Hexacyanoferrat („Berliner Blau “) zum Kirrfutter. Tierärztliche Praxis Großtiere, 6(2014).
- Kienzle E, Reddemann J, Swart D, Swart A, Draxler B, Morfeld P (2013), Effect of ammonium-iron-hexa-cyanoferrate and of the covariates age, gender, weight, season and calendar time on radiocaesium contamination of wild boars living in the wild in Bavaria. J Anim Physiol Anim Nutr ; 97 (3):495–501.
- La norme suédoise est de 300 Bq/kg pour les aliments sauf pour la viande de renne, de sanglier et d'autres gibiers, de poissons d'eau douce, ainsi que pour les baies sauvages, les champignons et les noix pour lesquels la norme a été portée à 1500 Bq/kg) ; source : www.unt.se, consultée 17 nov 2017
- Sydsvenskan (2017) Radioaktivt vildsvin skjutet i Sverige ; 05 octobre 2017.(sv)
- Sputnik (2017) brève intitulée Wild boars with radiation levels over ten times above the safety limit have been shot in central Sweden, triggering fears about the future of local hunting and agriculture ; datée 06.10.2017
- Communiqué 2017 Rekordhöga cesiumhalter i vildsvin, 05 oct 2017(sv)
- Hector du Lac de la Tour d'Aurec, Précis historique et statistique du département de la Loire : Forest. [Volume 1], Le Puy, imprimerie J. B. La Combe, (lire en ligne)
- Michel Pastoureau, Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental, Seuil, Paris, 2004. p. 66-67.
- Exposition Les Gaulois, une expo renversante, Cité des Sciences et de l'Industrie (Paris)
- Michel Pastoureau, op. cit., p. 71-74.
- Vidéo de sangliers dans des cultures de maïs..
- Virgile, L'Enéide, Paris, LGF, , 571 p. (ISBN 978-2-253-08537-9), P. 141
- Voir sur youtube.com.
- Voir sur metal-archives.com.
- Sus Scrofa.
- Boar Worship.
- Goatfago.
- Nature - Faune et Flore.
- Ailes Anciennes Toulouse Le guide de la collection, Pixarprinting, , page 31
Voir aussi
- Ressources relatives au vivant (pour sanglier) :
- Fauna Europaea
- Nederlands Soortenregister
- TAXREF (INPN)
- (en) Animal Diversity Web
- (en) ARKive
- (cs + en) BioLib
- (sv) Dyntaxa
- (en) EPPO Global Database
- (en) EU-nomen
- (en) Fossilworks
- (en) Global Biodiversity Information Facility
- (en) Global Invasive Species Database
- (en) iNaturalist
- (en) Interim Register of Marine and Nonmarine Genera
- (en) Mammal Species of the World
- (cs) Nálezová databáze ochrany přírody
- (en) NBN Atlas
- (nl) NDFF Verspreidingsatlas
- (en) New Zealand Organisms Register
- (en) Système d'information taxonomique intégré
- (en) Union internationale pour la conservation de la nature
- (en) World Register of Marine Species
- (en) ZooBank
Bibliographie
- Baudet E. (1998), « Biologie du sanglier en montagne : biodémographie, occupation de l'espace et régime alimentaire », thèse de l'université C. Bernard, 1998, 297 p. (PDF, 300 p.)
- Heinz Meynhardt, Ma vie chez les sangliers, 1982, 1990 (Titre original Schwarzwildreport, mein Leben unter Wildschweinen, traduit de l'allemand par André Dick, édition du Chasseur français, Hatier (ISBN 2-907098-05-5), 163 p.). Éthologue établi en Allemagne de l'Est, H. Meynhardt a vécu quotidiennement auprès des sangliers et a réussi à se faire adopter par une compagnie. Il a ainsi pu en étudier, et même filmer les comportements. Une véritable mine d'informations et de réflexions pour les passionnés de nature et de cette espèce animale.
Articles connexes
Liens externes
- (en) Référence Animal Diversity Web : Sus scrofa (consulté le )
- (en) Référence Fonds documentaire ARKive : Sus scrofa (consulté le )
- (en) Référence BioLib : Sus scrofa Linnaeus, 1758 (consulté le )
- (en) Référence Catalogue of Life : Sus scrofa Linnaeus, 1758 (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Sus scrofa Linnaeus, 1758 (consulté le )
- (en) Référence Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Sus scrofa Linnaeus, 1758 (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Sus scrofa (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Référence Tree of Life Web Project : Sus scrofa (consulté le )
- (en) Référence Paleobiology Database : Sus scrofa Linnaeus 1758 (consulté le )
- (en) Référence UICN : espèce Sus scrofa Linnaeus, 1758 Linnaeus, 1758 (Syn. de Sus scrofa) (consulté le )
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