Ursula von der Leyen
Ursula von der Leyen [ˈʔʊʁzula fɔn dɐ ˈlaɪən][1] , née Albrecht le à Ixelles (Belgique), est une femme politique allemande. Membre de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), elle est ministre fédérale entre 2005 et 2019 et présidente de la Commission européenne depuis 2019.
À la suite de la victoire de Christian Wulff aux élections régionales de 2003 en Basse-Saxe, elle devient ministre de la Famille du Land. Elle est choisie deux ans plus tard par Angela Merkel pour occuper le ministère fédéral de la Famille dans sa première grande coalition. Proche de la chancelière, elle mène une politique familiale jugée aux antipodes des positions de son parti en favorisant notamment le développement des crèches et en instituant un salaire parental.
Reconduite en , elle est nommée ministre fédérale du Travail un mois plus tard, du fait de la démission de Franz Josef Jung. À la suite de la démission du président fédéral Horst Köhler le , elle est perçue comme favorite pour lui succéder, mais c'est finalement Wulff qui est choisi par la coalition au pouvoir.
Elle devient ministre fédérale de la Défense en , étant la première femme à occuper ce poste. Sa désignation à ce poste régalien puis sa reconduction en en font alors l'une des potentielles successeures de la chancelière Merkel.
En , elle est élue présidente de la Commission européenne par le Parlement européen avec une majorité réduite de neuf voix. Elle démissionne alors du gouvernement allemand et prend ses fonctions le 1er décembre suivant, devenant la première femme à exercer cette fonction.
Situation personnelle
Origines
Ursula Gertrud von der Leyen descend d'une famille de la bourgeoisie hanséatique, avec des connexions aristocratiques, et dont l'origine remonte au XVIIe siècle[2].
La plupart de ses ancêtres sont originaires des États autrefois indépendants de Hanovre et de Brême, dans le nord de l’actuelle Allemagne. Elle a par ailleurs une arrière-grand-mère américaine d’ascendance principalement britannique, des ancêtres français et italiens plus éloignés, et quelques ascendances dans ce qui est aujourd’hui les États baltes, appartenant alors encore à l’Empire russe. La famille Albrecht figurait parmi les familles dites hübsche (patriciennes, de haute bourgeoisie) de l’électorat de Hanovre, et les ancêtres d'Ursula von der Leyen étaient médecins, juristes, universitaires et fonctionnaires depuis le XVIIe siècle. Son trisaïeul George Alexander Albrecht se transporta à Brême au XIXe siècle, où il prospéra comme négociant en coton, devint un hanséate (c’est-à-dire membre de l’élite dans l’une des villes hanséatiques) et occupa la fonction de consul d’Autriche-Hongrie à partir de 1895. Il épousa Louise Knoop, fille du baron Ludwig Knoop, l’un des entrepreneurs les plus fortunés du XIXe siècle dans l’Empire russe[3].
Le bisaïeul d'Ursula von der Leyen était le négociant en coton Carl Albrecht (1875–1952), qui épousa Mary Ladson Robertson (1883–1960), Américaine issue de la famille Ladson, qui appartenait à l’aristocratie sudiste de Charleston en Caroline du Sud. Ses ancêtres américains ont joué un rôle notable dans la colonisation britannique de l’Amérique du nord et dans la traite trans-atlantique. Mary Ladson Robertson en effet était la fille d’Edward Twells Robertson, marchand de coton de Charleston, et de Sarah Gilmor Ladson, descendante de trois des enfants du révolutionnaire américain et lieutenant-gouverneur de Caroline du Sud James Ladson, de plusieurs gouverneurs coloniaux britanniques, et des tout premiers colons anglais dans les Barbades, dans la Caroline, en Virginie et en Pennsylvanie[4],[5]. Parmi les ancêtres de von der Leyen figurent également les gouverneurs John Yeamans, James Moore, Robert Gibbes, Thomas Smith et Joseph Blake, mais aussi Joseph Wragg et Benjamin Smith, qui se rangent parmi les plus grands marchands d’esclaves en Amérique du Nord britannique. Au moment où l’esclavage fut aboli aux États-Unis, son ancêtre James H. Ladson (1795–1868) détenait autour de 200 esclaves[6]. Mary Ladson Robertson, qui était affiliée à la National Society of the Colonial Dames of America, était aussi une descendante du député-gouverneur de Pennsylvanie Samuel Carpenter et de Christopher Branch, l’un des premiers colons anglais, et était apparentée à Thomas Jefferson[7]. Carl Albrecht et Mary Ladson Robertson étaient les parents du grand-père d'Ursula von der Leyen, le psychologue Carl Albrecht, connu pour avoir conçu une nouvelle méthode de méditation et pour ses recherches en matière de conscience mystique[8].
Formation
Ursula von der Leyen passe son enfance en Belgique, où elle fréquente l'École européenne dès 1964, ce qui lui vaut d'être bilingue allemand et français[9]. Elle s’exprime en outre couramment en anglais, notamment pour avoir vécu pendant au total cinq années au Royaume-Uni et aux États-Unis[10]. Elle passe par ailleurs pour une éminente cavalière et a été active dans le sport équestre de compétition[11].
En 1976, elle obtient un Abitur en mathématiques et sciences. Elle étudie les sciences économiques aux universités de Göttingen et de Münster entre 1977 et 1980. Pendant plusieurs années, elle fréquente la London School of Economics (LSE) sous un nom d'emprunt (Rose Ladson, emprunté à son arrière-grand-mère américaine[12]), du fait de la notoriété de son père en pleine période de montée des groupes terroristes d'extrême gauche en Allemagne de l'Ouest, comme la Fraction armée rouge[13]. Elle sort diplômée de la LSE en 1978[12].
À partir de 1980, elle entreprend des études de médecine à l'université Gottfried Wilhelm Leibniz de Hanovre, qui durent sept ans. À l'issue de ce cursus, elle défend sa thèse et devient docteure en 1991. Elle quitte l’Allemagne l'année suivante pour passer quatre ans à l’université Stanford où elle suit des cours d’économie.
Le , le site internet anti-plagiat VroniPlag Wiki déclare avoir trouvé des « passages avec du plagiat » dans 27 pages de la thèse de doctorat d'Ursula von der Leyen. Elle rejette ces allégations et demande qu'un comité indépendant mène une enquête sur ces allégations[14]. Après avoir effectué une vérification préliminaire, l'université ouvre une procédure formelle d'examen[15] ; néanmoins, en , à la suite d’une enquête universitaire, il est décidé de ne pas lui retirer son titre de docteur[16]. De nombreux experts comme les professeurs de droit Volker Rieble et Gerhard Dannemann se montrent en désaccord avec cette décision[17],[18],[19].
En , un représentant de l'université Stanford critique von der Leyen pour avoir indiqué sur son CV qu'elle a participé à des activités universitaires sans avoir reçu des crédits scolaires pour celles-ci[20]. Par la suite, la presse rend public qu'elle prétendait avoir fréquenté l'université Stanford en tant « qu'auditrice invitée », alors que ce poste n'existe pas[21],[22].
Vie familiale
Née en 1958 à Ixelles, dans la région bruxelloise, Ursula von der Leyen y réside jusqu’à l’âge de 13 ans et y fréquente l’École européenne de Bruxelles I. Son père Ernst Albrecht était l’un des premiers fonctionnaires européens, travaillant à ce titre dès la création de la Commission européenne en 1958, d’abord au sein de la commission Hallstein, comme chef de cabinet auprès du commissaire européen à la Concurrence Hans von der Groeben, puis de 1967 à 1970 comme directeur de la direction générale de la Concurrence[23].
En 1971, elle déménage avec ses parents pour Lehrte, dans la région de Hanovre, après que son père a été nommé PDG de l’entreprise alimentaire Bahlsen et qu’il s’est engagé en politique dans le Land de Basse-Saxe[24]. Son père exercera comme ministre-président de Basse-Saxe de 1976 à 1990[25],[26]. Il sera pressenti comme candidat à la présidence de la République fédérale en 1979, puis proposé sans succès par la CDU en 1980 comme candidat à la chancellerie fédérale.
Son frère Hans-Holger, dirigeant d'entreprises, est le président-directeur général de Deezer depuis [27].
En 1977, elle commence des études d’économie à l’université de Göttingen[28]. Au plus fort des années de plomb en Allemagne de l’Ouest, elle cherche refuge à Londres en 1978, après que sa famille a été avisée que la Fraction armée rouge (RAF) avait conçu le projet de l’enlever, au motif qu’elle était la fille d’un homme politique de premier plan. Elle passe plus d’une année à se cacher dans la capitale britannique, où elle vit sous la protection de Scotland Yard, et s’inscrit, sous le nom d’emprunt de Rose Ladson, à la London School of Economics[29],[30],[31]. Un diminutif allemand de Rose, Röschen, était son « petit nom » depuis l’enfance[32], tandis que Ladson est le patronyme de la famille de sa bisaïeule américaine, laquelle famille est originaire du Northamptonshire. Elle déclarera ensuite qu’elle « a vécu plus qu’elle n’a étudié »[33], et que Londres était « l’épitomé de la modernité : liberté, joie de vivre, tâter de tout », ce qui lui a donné « une liberté intérieure [qu’elle a] gardée » par la suite[29]. Elle retourne en Allemagne en 1979, mais reste sous la protection d’un service de sécurité pour plusieurs années encore[34].
En 1986, elle se marie avec le médecin Heiko von der Leyen, issu de la famille von der Leyen, de Krefeld, qui a fait fortune dans le commerce de la soie. Heiko von der Leyen deviendra professeur de médecine et PDG d’une entreprise d’ingénierie médicale. Il est depuis décembre 2020 « Medical Director » de la société de biotechnologies Orgenesis (thérapies cellulaires et géniques)[35]. La famille von der Leyen est de confession luthérienne et membre de l’Église évangélique d’Allemagne[36]. Le couple, qui a fait connaissance dans la chorale de l’université de Göttingen[37], a eu sept enfants, nés entre 1987 et 1999[38],[39] : David (1987), Sophie (1989), Donata (1992), les jumelles Victoria et Johanna (1994), Egmont (1998) et Gracia (1999)[40]. Elle est la nièce du chef d’orchestre George Alexander Albrecht et la cousine germaine du directeur musical de l’Opéra national des Pays-Bas, Marc Albrecht[41].
Carrière professionnelle
Elle est médecin assistant à la maternité de l’université de Hanovre entre 1988 et 1992, et obtient son doctorat en médecine en 1991. Après la naissance de ses jumelles, elle est pendant un temps, de 1992 à 1996, femme au foyer à Stanford, en Californie, pendant que son mari est membre du corps facultaire à l’université Stanford[42].
Elle revient en Allemagne en 1996, et occupe de 1998 à 2002 un poste d’assistante chercheuse et de chargée de cours au département d’épidémiologie, de médecine sociale et des systèmes de santé à la faculté de médecine de l’université de Hanovre. En 2001, elle obtient dans cette institution le titre de licenciée en santé publique[43].
Parcours politique
Débuts et ascension en Basse-Saxe
Elle rejoint l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU), dont son père a été vice-président fédéral, en 1990. Elle entame son parcours politique 11 ans plus tard, lorsqu'elle remporte un mandat d'élue locale au sein de l'assemblée de la région de Hanovre. Lors des élections régionales du 2 février 2003, elle est élue à 44 ans députée au Landtag de Basse-Saxe[44] dans la circonscription orientale de Lehrte avec 39 % des voix.
Le scrutin ayant permis au chrétien-démocrate Christian Wulff de former une coalition noire-jaune avec les libéraux, Ursula von der Leyen est nommée le ministre des Affaires sociales, des Femmes, de la Famille et de la Santé. Au cours du 18e congrès fédéral de la CDU, convoqué à Düsseldorf en , elle intègre le bureau (präsidium) du parti.
Ministre fédérale de la Famille
En , la candidate de la CDU/CSU à la chancellerie fédérale, Angela Merkel, la nomme au sein de son équipe de campagne (kompetenzteam), chargée des questions sociales. Le scrutin est remporté par les chrétiens-démocrates mais aucune majorité n'émerge au Bundestag. Merkel constitue alors une grande coalition avec le SPD le suivant, au sein de laquelle Ursula von der Leyen est nommée ministre fédérale de la Famille, des Personnes âgées, des Femmes et de la Jeunesse.
Garde des enfants
Elle conduit une politique familiale novatrice. Elle encourage ainsi le développement des crèches afin que les femmes puissent concilier travail et éducation des enfants, en contradiction avec la vision de la famille de son propre parti[45]. En 2005, elle fait adopter une loi (Kinderförderungsgesetz) qui garantit un budget de 4,3 milliards d'euros pour financer des systèmes de garde des enfants[réf. nécessaire].
Salaire parental
En 2007, elle assure par ailleurs la mise en place d'un salaire parental, qui permet au parent s'arrêtant de travailler de toucher jusqu'à 1 800 euros par mois pendant les quatorze premiers mois de l'enfant au plus[46], hommes compris[47].
Elle propose en outre la création d'un congé parental rémunéré (Elternzeit) de deux mois pour les pères. Ce projet est critiqué par l'évêque catholique Walter Mixa, qui l'accuse de vouloir transformer les femmes en « machines à donner naissance »[48]. Le président du groupement régional de la CSU Peter Ramsauer ironise sur le fait que les hommes n'ont pas besoin de « stage de changement de couches ». Elle emporte le soutien de l'opinion publique au moyen d'une campagne de communication gouvernementale, critiquée pour son coût de trois millions d'euros alors qu'elle véhicule un message perçu comme politisé[49].
Blocage de la pédopornographie
Elle se montre également favorable à un blocage des sites Internet de pédopornographie par les fournisseurs d'accès sur la base d'une liste élaborée par l'Office fédéral de police criminelle (BKA)[50],[51].
Elle se voit affublée du sobriquet de « Zensursula » (en français : « Censursula »), un mot-valise associant le prénom de la ministre et le terme « censure » (Zensur)[52]. L'association du sujet de la pédopornographie à la censure d'Internet aurait alors causé un intérêt croissant dans le Parti pirate[53].
En , elle déclare que la lutte contre la pédopornographie en ligne était rendue difficile puisque les personnes responsables se servaient de serveurs localisés en Afrique et en Inde. Selon elle, « la pédopornographie est légale »[54] dans ce dernier pays, basant son propos sur une étude effectuée par le Centre international pour enfants disparus et sexuellement exploités en 2006. La pédopornographie se trouvant en réalité illégale dans le sous-continent, la ministre présente ses excuses par la suite[réf. nécessaire].
Ministre fédérale du Travail
Élue députée fédérale au Bundestag lors des élections législatives fédérales du 27 septembre 2009, elle est reconduite à son ministère le suivant. Toutefois, à la suite de la démission de Franz Josef Jung, elle est appelée le à le remplacer comme ministre fédérale du Travail et des Affaires sociales.
Au début de l'année 2010, elle doit faire face aux conséquences d'une décision du Tribunal constitutionnel fédéral qui invalide la réforme de l'assurance chômage (Hartz IV) de Gerhard Schröder et Wolfgang Clement pour cause d'insuffisance des allocations et déclare à ce titre que « ce jugement est incontestable et la société va devoir payer, c'est clair »[55].
À l'occasion du 23e congrès fédéral de la CDU à Karlsruhe, le , elle est élue vice-présidente du parti, sous la présidence d'Angela Merkel, avec 85,12 % des voix[56].
Elle est favorable à la création d'un salaire minimum[47]. En 2013, elle défend sans succès l'instauration de quotas de femmes au sein des conseils d'administration. Ce quota exigerait qu'il y ait au moins 20 % de femmes au sein des conseils d'administration d'ici 2018 et qui augmenterait à 40 % d'ici 2023[57].
Pressentie pour la présidence fédérale
Après la démission du président fédéral Horst Köhler le , elle est présentée comme favorite pour être candidate de la coalition noire-jaune à l'élection présidentielle anticipée, disposant notamment du soutien de Merkel[58].
Les trois formations lui préfèrent finalement Christian Wulff[59].
Ministre fédérale de la Défense
Lors des négociations pour la formation du troisième cabinet Merkel, constitué d'une nouvelle grande coalition, le ministère du Travail est attribué au Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD). Un temps pressentie comme ministre fédérale de la Santé, avec des compétences élargies à la réforme des retraites, Ursula von der Leyen est finalement nommée ministre fédérale de la Défense le . C'est la première fois qu'une femme prend ces responsabilités et la seconde fois qu'un ministère fédéral régalien est dirigé par une femme. Cette nomination est perçue comme renforçant son statut de successeur potentielle de la chancelière Merkel[60].
Guerre d'Afghanistan
Au cours de ses 12 premiers mois de mandat, elle rend visite trois fois aux troupes de la Bundeswehr déployées en Afghanistan. Elle gère ainsi le retrait graduel de l'armée allemande, en parallèle de la réduction de la présence de l'OTAN[61].
Au cours de l'été 2014, elle a joué un rôle clé dans la décision de l'Allemagne de réapprovisionner les forces peshmerga kurdes avec des armes létales[62]. En , elle se dit ouverte à l'idée de reporter le retrait de 850 soldats allemands installés dans le nord du pays prévu en 2016, après la prise inattendue par les Talibans de la ville de Kondoz, où les troupes fédérales avaient été stationnées[63].
Crises géopolitiques
À la suite de critiques de la part de hauts responsables allemands sur la répression militaire du président turc Recep Tayyip Erdoğan à l'encontre des militants kurdes en , elle décide de laisser la mission des batteries Patriot, qui a duré trois ans en Turquie du sud, s'écouler au lieu de demander le soutien de la part du parlement pour la prolonger. Elle prend également la décision d'engager 65 millions d'euros pour établir une présence permanente sur la base Incirlik dans le cadre de l'engagement allemand contre l'organisation terroriste État islamique[64].
Lors de la conférence de Munich sur la sécurité, elle revendique la décision allemande de ne pas approvisionner l'Ukraine en armes. Elle souligne l'importance pour l'Europe d'être unie dans le conflit ukraino-russe et affirme que les négociations avec la Russie sont possibles, contrairement à Daesh. Selon elle, l'Allemagne perçoit la situation conflictuelle comme une occasion de démontrer qu'au XXIe siècle, les pays développés doivent régler leurs conflits par la négociation[65]. Pour elle, fournir des armes aux autorités ukrainiennes afin de les aider à se défendre pourrait avoir des conséquences imprévues et fatales : « La livraison d'armes serait un accélérateur de feu. Cela pourrait donner un prétexte au Kremlin d'intervenir ouvertement dans ce conflit »[66].
Au début de l'année , elle obtient du Bundestag l'envoi d'un contingent de 650 soldats de plus au Mali dans le cadre de la MINUSMA[67][réf. nécessaire][68].
Réforme des forces armées
En 2014, elle propose un régime pour rendre la Bundeswehr plus attrayante pour les nouvelles recrues, en offrant même des garderies aux enfants des soldats, en limitant les affectations pour qu'elles s'alignent avec les périodes scolaires ainsi que des augmentations importantes des primes pour les affectations dangereuses[69],[70].
En 2017, après un scandale, elle interdit la vénération de symboles faisant référence au nazisme dans l'armée allemande[71].
Achat et vente de matériel militaire
Au début de son mandat, elle s'engage à mieux gérer le budget pour le matériel militaire après avoir publié un rapport préparé par KPMG sur les échecs répétés du contrôle des fournisseurs, des coûts et des délais de livraison, par exemple avec l'avion de transport Airbus A400M, l'Eurofighter Typhoon et le véhicule de combat blindé Boxer[72].
Au début de 2015, elle critique ouvertement Airbus pour les délais de livraison de l'avion de transport A400M en déclarant que la compagnie avait de graves problèmes avec la qualité du produit. Sous sa direction, le ministère a accepté de recevoir 13 millions d'euros comme indemnisation pour les délais de la livraison des deuxième et troisième avions A400M ; en 2016, elle demande 12,7 millions d'euros supplémentaires comme indemnisation pour les délais de livraison du quatrième avion[réf. nécessaire].
Durant son séjour en Inde en 2015, elle annonce un contrat avec le gouvernement pour bâtir six petits sous-marins diesel-électrique TKMS, un projet de 11 milliards de dollars[73],[74].
Impopularité
Bénéficiant d’une popularité relativement élevée à partir de 2005, elle voit les bonnes opinions en sa faveur diminuer lors de son passage au ministère de la Défense[75]. Alors que l’armée lui reproche ses méthodes de travail, elle est régulièrement accusée de mauvaise gestion du budget de son ministère[75]. En 2019, sa popularité tombe sous les 30 % et une étude d'opinion réalisée pour le quotidien Bild indique que les Allemands la perçoivent comme la deuxième personne la moins compétente au Gouvernement[75]. Après le Conseil européen de , seuls 33 % des Allemands sondés par l’institut Infratest dimap estiment qu’elle ferait une bonne présidente de la Commission européenne[76].
Élection
Le , les chefs d'État et de gouvernement réunis en Conseil européen proposent qu'Ursula von der Leyen soit désignée présidente de la Commission européenne en remplacement du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, en poste depuis 2014[77]. Issue de l’aile gauche du Parti populaire européen (PPE)[78], elle est suggérée par Emmanuel Macron à Angela Merkel afin de débloquer les négociations entre dirigeants européens[79],[80], alors que la candidature du social-démocrate néerlandais Frans Timmermans, qui faisait l'objet de l'accord des dirigeants européens présents au sommet du G20 quelques jours plus tôt, a été rejetée par des figures du PPE et les dirigeants polonais et hongrois[80]. Devant l'hostilité du Parti social-démocrate d'Allemagne, membre de son gouvernement, à l'égard du choix final d'Ursula von der Leyen, Angela Merkel s’abstient lors du vote sur son nom, tout en votant en faveur de l'ensemble des nominations pour les différents postes[80]. Ce choix rompt avec le système du spitzenkandidat, consistant à proposer comme président de la Commission la tête de liste du parti européen arrivé en tête des élections européennes, qui avait conduit à l'élection de Jean-Claude Juncker en 2014[80].
Pour ses auditions par les groupes du Parlement européen, elle s'avère, selon Emmanuel Berretta du Point, contrainte d'« en rester aux généralités » la plupart du temps, alors que les députés exigent des réponses tranchées sur les sujets sensibles. Elle se prononce cependant pour laisser le temps nécessaire aux Britanniques pour mener à bien les négociations du Brexit, allant ainsi à l'encontre de la position d'Emmanuel Macron. Après son audition, le groupe des Verts/Alliance libre européenne annonce qu'il votera contre elle[81].
Son discours devant le Parlement européen est marqué par sa promesse d'un « green deal » (plan d’investissement durable de 1 000 milliards d’euros) visant à faire de l'Europe « le premier continent neutre » en carbone en 2050. Elle s'engage également pour une commission paritaire, un droit d’asile européen, la reconnaissance intégrale du droit d’initiative du Parlement européen, une nouvelle convention sur l'avenir de l'Europe, un système de réassurance chômage européen pour aider les pays en crise, l'instauration d'un salaire minimum, la taxation des multinationales présentes dans l’Union, la création d'un budget de la zone euro, ou encore la fin de l’unanimité des États sur les dossiers fiscaux. Elle se dit également prête à un nouveau report de la date de sortie du Royaume-Uni, alors fixée au [82],[83],[78]. Contexte estime que « malgré son étiquette politique chrétienne-démocrate, le programme dévoilé par la future présidente de la Commission européenne sent bon la social-démocratie »[78].
Le , le Parlement européen l'élit comme présidente de la Commission européenne à une courte majorité : elle obtient 383 voix sur 747, soit 51,3 %[84]. Son score théorique était de 444 voix compte tenu du soutien annoncé des groupes du Parti populaire européen, de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates et de Renew Europe[85],[82]. Elle est notamment dépourvue du soutien des délégations françaises, belges et allemandes de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates, tandis que Droit et justice et le Mouvement 5 étoiles votent en sa faveur, ce qui lui permet probablement d'être élue[82]. Si elle reconnaît que la mise à l’écart, par les chefs d’État et de gouvernement, des spitzenkandidaten issus du Parlement, a créé « beaucoup de ressentiment », Le Monde explique aussi la faiblesse de son score par « des divisions au sein des groupes, des critiques contre la procédure de désignation à laquelle le Conseil (les États) a eu recours et certaines zones d’ombre dans les annonces faites le matin même par la prétendante »[85]. Contexte indique : « Elle a surtout pu être élue — d’extrême justesse — grâce aux concessions de dernière minute faites à une alliance qui réunit Verts, centristes et socialistes. Ces formations, qui se disent ambitieuses sur le climat, forment de facto le centre de gravité du nouvel hémicycle. » Ursula von der Leyen reprend notamment l’idée d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 50 % d’ici à 2030, une proposition défendue par ces trois groupes alors que le PPE refuse tout objectif chiffré[78].
Exercice de la fonction
Le 1er décembre 2019, Ursula von der Leyen prend officiellement ses fonctions en tant que présidente de la Commission européenne pour cinq ans, et devient ainsi la première femme à la tête de cette institution[86],[87], et la seconde personnalité allemande à occuper le poste après Walter Hallstein, premier président de la Commission[88]. Il s'agit du quatrième mandat consécutif pour une personnalité du Parti populaire européen, après les deux mandats de José Manuel Barroso et celui de Jean-Claude Juncker[82].
Incident protocolaire - Sofagate
Le , lors d'une visite diplomatique à Ankara avec le président du Conseil européen Charles Michel auprès du président de la République de Turquie Recep Tayyip Erdoğan, Ursula von der Leyen s'est retrouvée dans une pièce dans laquelle seuls deux fauteuils avaient été installés pour ces trois dirigeants. Le président turc et le président du Conseil européen ont tous les deux pris place dans ces fauteuils, obligeant Ursula von der Leyen à s’asseoir sur le côté dans un canapé, face au ministre turc des Affaires étrangères. Cet incident, qualifié de simple erreur protocolaire par Charles Michel, est plutôt perçu comme du sexisme par Ursula von der Leyen[89], soutenue par de nombreuses personnalités politiques réclamant des explications[90].
Politique étrangère
Elle défend en 2014 la nécessité pour l'Allemagne de développer une politique étrangère plus ferme[91]. Le gouvernement valide ainsi en septembre suivant l'envoi d'armes aux forces armées kurdes et irakiennes, rompant la tradition allemande de ne pas exporter de matériel militaire vers une zone de conflit[92].
Réagissant à la détérioration des relations euro-russes lors de la crise de Crimée, elle estime que « la dépendance au bon fonctionnement de la relation commerciale avec l'Europe est beaucoup plus importante en Russie » et que les sanctions imposées par les Européens pourraient pousser les oligarques et la société civile russes à réagir auprès de Vladimir Poutine[93]. Elle appelle par ailleurs l'OTAN à mieux protéger les pays baltes dans ce contexte[94].
Lors de la crise migratoire de 2015, elle critique les violences policières hongroises anti-réfugiés à la frontière serbe mais, selon le politologue Dániel Deák, « plaidait secrètement pour le renforcement des frontières et l'arrêt de l'immigration illégale contre la position d'Angela Merkel »[95].
Le , elle publie une tribune dans The New York Times où elle soutient l'existence de l'OTAN et plaide pour plus de coopération sur les enjeux de défense entre les pays occidentaux[96].
Dans son premier discours sur l'état de l'Union, elle propose à l’UE de réduire d’au moins 55% ses émissions de gaz à effet de serre pour 2030, promet de renforcer les « lois en matière d’égalité raciale là où des lacunes subsistent », et met en garde la Turquie contre toute tentative d’« intimidation » de ses voisins dans le conflit gazier qui l’oppose à la Grèce en Méditerranée orientale[97].
Intégration européenne
Dans une entrevue accordée au journal Der Spiegel en 2011, elle exprime sa préférence pour « des États-Unis d'Europe — gérés sur le modèle de l'État suisse, de l'Allemagne ou des États-Unis — qui renforceraient la grandeur de l'Europe tout en s'accordant sur des questions importantes telles que la finance, la fiscalité et la politique économique[98] ». Au cours de la même année, Angela Merkel critique fortement sa ministre, pour avoir exigé que la Grèce offre des garanties pour les prêts d'urgence afin d'éviter un défaut de paiement[99].
En 2015, elle déclare qu'une armée européenne doit être envisagée sur le long terme « peut-être pas par mes enfants, mais par mes petits enfants »[100]. Au mois de mars, elle rencontre ses homologues français Jean-Yves Le Drian et polonais Tomasz Siemoniak pour encourager la coopération entre leurs trois pays dans les zones de crise. Il s'agit ainsi de la première réunion au niveau du Triangle de Weimar depuis 2007[101]. À la suite du référendum du Royaume-Uni sur l'appartenance à l'Union Européenne en 2016, elle assure que le Royaume-Uni avait « paralysé » les efforts des autres États européens d'intégration dans une politique de sécurité et « bloquait toujours tout ce qui était caractérisé comme étant européen »[102].
Droits homosexuels
Elle a vivement encouragé le mariage homosexuel en Allemagne, où il est légal depuis 2017[95].
Distinctions
En 2021, le média Politico la classe parmi les 28 personnalités européennes les plus puissantes d'Europe, à la première place de la catégorie Dreamers (« rêveurs »)[103].
Décorations
- Grand-croix de l'ordre du Mérite (Lituanie, 2017)
Références
- Prononciation en haut allemand standardisé retranscrite selon la norme API.
- Jean-Marc Gonin et Nicolas Barotte, « Ursula von der Layen, mère courage », in Le Figaro Magazine, semaine du 27 décembre 2013, p. 24-26.
- (de) « Der denkmalgeschützte Bau drohte zu verfallen: Altes Knoop-Mausoleum für 90000 Euro restauriert », Bild, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) Deutsches Geschlechterbuch, vol. 17, Görlitz, , « Article « Albrecht » ».
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- (de) « Plagiate: „Hannover steht leider nicht alleine da“ », Der Tagesspiegel, .
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Bibliographie
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Voir aussi
Articles connexes
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