Érythrée

L'Érythrée, en forme longue l'État d'Érythrée (en tigrinya : ኤርትራ, Ertra ; en arabe : إرتريا, Iritrīyā) est un pays de la corne de l'Afrique, indépendant de l'Éthiopie depuis 1993.

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État d'Érythrée

(ti) ሃገረ ኤርትራ
Hagere Ertra

(ar) دولة إرتريا
Dawlat Iritriya

(en) State of Eritrea


Drapeau de l'Érythrée.

Armoiries de l'Érythrée.
Hymne en tigrigna : ኤርትራ, ኤርትራ, ኤርትራ (Ertra, Ertra, Ertra, « Érythrée, Érythrée, Érythrée »)
Fête nationale
· Événement commémoré Déclaration d'indépendance vis-à-vis de l'Éthiopie ()
Administration
Forme de l'État République unitaire à parti unique (de jure)
Dictature totalitaire (de facto)[1],[2],[3],[4]
Président Isaias Afwerki
Parlement Assemblée nationale
Langues officielles Tigrigna, arabe, anglais[5],[6]
Capitale Asmara

15° 20′ N, 38° 55′ E

Géographie
Plus grandes villes Asmara, Assab, Keren, Massaoua, Mendefera
Superficie totale 117 600 km2
(classé 97e)
Superficie en eau 5,75 %
Fuseau horaire UTC + 3
Histoire
Indépendance Éthiopie
Déclarée

Reconnue
(fin de la guerre d'indépendance)
(reconnaissance de l'ONU)
Royaume de Saba XIIe siècle av. J.-C.
Royaume D'mt Xe siècle av. J.-C.
Empire aksoumite Ier siècle av. J.-C.
Empire éthiopien 990 à 1974
Medri Bahri 1137 à 1890
Érythrée italienne 1890 à 1941
Administration britannique 1941 à 1952
Fédération avec l'Empire éthiopien 1952
Annexion par l'Éthiopie 1962
Début de la guerre d'indépendance de l'Érythrée
Fin de l'Empire, mort de Haïlé Sélassié Ier, début du Gouvernement militaire provisoire de l'Éthiopie socialiste
Début de la République démocratique populaire d'Éthiopie 1987
Chute de Mengistu et début du gouvernement de transition d'Éthiopie
Indépendance de l'Érythrée 1993
Guerre entre l'Érythrée et l'Éthiopie au
Accord d'Alger (non appliqué par l'Éthiopie)
Démographie
Gentilé Érythréen(s), Érythréenne(s)
Population totale (2020[7]) 3 546 000 hab.
(classé 131e)
Densité 30 hab./km2
Économie
PIB nominal (2014) 3,881 milliards de $
+ 7,5 % (155e)
PIB (PPA) (2014) 4,647 milliards de $
+ 7,53 % (155e)
PIB nominal par hab. (2014) 669 $ (174e)
PIB (PPA) par hab. (2014) 710 $ (183e[8])
Dette publique brute (2014) 118 % du PIB
IDH (2016) 0,411 (faible ; 181e place sur 187e)
Monnaie Nakfa (ERN​)
Divers
Code ISO 3166-1 ERI, ER​
Domaine Internet .er
Indicatif téléphonique +291
Organisations internationales Union africaine
ONU
PNUD
IGAD
COMESA
UNESCO
G77
Alliance militaire islamique
BAD
CEN-SAD
INBAR

À la suite de l'achat par les Italiens de la baie d'Assab, au sultan local en 1869, puis de leur occupation de Massaoua en 1885, l’Érythrée est constituée en 1890 en territoire particulier. Après la défaite italienne durant la Seconde Guerre mondiale, l'ONU décide en 1952 de fédérer l’Érythrée à l'Éthiopie, qui l'annexe en 1962. C'est le début de la guerre d'indépendance qui se termine en mai 1991 par la victoire du mouvement indépendantiste, le Front populaire de libération de l'Érythrée (FPLE) mené par Isaias Afwerki, et donc par la défaite du gouvernement éthiopien. L'Érythrée accède ainsi à l'indépendance en 1993. Les deux pays restent en état de guerre jusqu'à la signature d'un traité de paix en 2018.

Depuis le début des années 2000, l'Érythrée, toujours dirigée par Isaias Afwerki, adopte une attitude répressive et autoritaire, notamment via le service militaire à durée indéterminée (6,5 ans en moyenne), qui provoque un mouvement d'émigration conséquent et important et aboutit à plusieurs descriptions du pays comme une « prison à ciel ouvert ». De nombreux médias décrivent le pays comme un État gouverné par un régime totalitaire[1],[2],[3],[4]. Il n'existe pas réellement d'institution dans le pays et l'essentiel du pouvoir est concentré entre les mains de son président, Isaias Afwerki[9].

L’Érythrée a souffert des sanctions draconiennes imposées par l’ONU en décembre 2009 et renforcées en décembre 2011[9]. L'Érythrée est un des pays qui a l’indice de développement humain (IDH) le plus bas au monde avec 0,35 pour une population d’environ trois millions et demi d’habitants[7],[10].

Étymologie

Le mot Érythrée, du grec Ἐρυθραίᾱ (Erythraíā) « la Rouge » (du grec ancien : Erythraía, Ερυθραία signifiant « rouge » devenu en latin Erythræa), désigne la partie africaine des côtes méridionales de la mer Rouge (alors appelée mer d'Érythrée) depuis au moins le IIe siècle (Le Périple de la mer Érythrée), sans correspondre à une entité politique spécifique. Le roi Humbert Ier d'Italie a officialisé ce nom en janvier 1890, sur une proposition de Carlo Dossi[11].

Géographie

Champ de teff dans les hauts plateaux.

L’Érythrée est bordée au nord-est par la mer Rouge où elle jouxte l'Arabie saoudite et le Yémen, avec un littoral long de 1 150 km et limitrophe du Soudan à l'ouest, l'Éthiopie au sud et à l'ouest et Djibouti au sud-est. Sa superficie totale est d'environ 121 320 km2, en incluant l'Archipel des Dahlak et plusieurs des îles Hanish.

L’Érythrée comporte des hauts plateaux dans le centre du pays, avec un climat tempéré, une zone de déserts arides sur la côte, et une zone de plaines dans le nord-ouest du pays. Les hauts plateaux du Nord, dont l'altitude varie de 1 800 à 3 000 m, possèdent un climat tempéré de type méditerranéen ; les espaces côtiers en revanche sont chauds et arides. Le point culminant du pays est le mont Soira à 3 018 m au-dessus du niveau de la mer.

L’'Érythrée possède des réserves d'or, de potasse, de zinc, de cuivre et de sel, et peut-être du pétrole et du gaz naturel[12]. Les îles Dahlak constituent une région intéressante pour la pêche.

La capitale, Asmara, est la plus grande ville du pays. C'est la cinquième capitale la plus élevée du monde ; les principales autres villes sont Keren, Agordat et les ports d'Assab et Massaoua.

Histoire

La plus ancienne référence connue à la mer d'Érythrée est attribuée à Eschyle (Fragment 67), qui la désigne comme le bijou de l'Éthiopie[réf. nécessaire].

Vers le VIIIe siècle av. J.-C., un royaume connu sous le nom de D'mt s'établit au nord de l'Érythrée et de l'Éthiopie, avec Yeha comme capitale.[réf. souhaitée] Il fut suivi par le royaume d'Aksoum, au Ier siècle av. J.-C..

Le Périple de la mer Érythrée, un document du IIe siècle, précise qu'il existait en Afrique de l'Est une route commerciale qui reliait le monde romain à la Chine. Les peuples du Centre de l'Érythrée et du Nord de ce qui forme actuellement l'Éthiopie partagent un héritage historique et culturel commun, issu du royaume d'Aksoum et des dynasties qui ont suivi au long du Ier millénaire av. J.‑C. et de la langue guèze.

Le royaume d'Aksoum, à partir du IVe siècle av. J.-C. précédé du royaume de D'mt, couvrait une grande partie de l'Érythrée et du Nord de l'Éthiopie actuelles.[réf. souhaitée] Il atteint son apogée au Ier siècle av. J.-C. et adopte plus tard le christianisme.[réf. souhaitée]

Préhistoire

L'Érythrée est considérée, avec l'Éthiopie, le Pount en Somalie et la côte du Soudan, comme une des localisations possibles du pays nommé Pays de Pount ou Ta Netjeru (~2500 av. J.-C.) par les Égyptiens, dont la première mention remonte au XXVe siècle av. J.-C.. Sa localisation est cependant incertaine. La majorité des auteurs situent aujourd'hui le site sur la côte africaine de la mer Rouge.

Antiquité

Vers 1000 av. J.-C. jusqu'à environ 400 apr. J.-C., le royaume de Saba était un État situé entre les actuels Yémen, Érythrée ou le Nord de l'Éthiopie selon les périodes.

Par la suite, D'mt (800 av. J.-C. à 600 av. J.-C.) était un État qui s'étendait sur l'actuelle région de l'Érythrée et le Nord de l'Éthiopie.

Le royaume d'Aksoum (100 av. J.-C. à 990 apr. J.-C.) était quant à lui un État commercial important. Il aurait recueilli l'Arche d'alliance, ramenée par Menelik Ier, le fils du roi Salomon et de la reine de Saba. Aksoum a été également le premier grand empire à se convertir au christianisme.[réf. souhaitée]

Moyen Âge

De 990 à 1270, la dynastie Zagwé prend le pouvoir. Les Zagwé sont une famille chrétienne orthodoxe du Lasta ayant régné en Éthiopie. Elle succède au royaume d'Aksoum.

De 1270 à 1755, c'est la dynastie salomonide qui dirige, se réclamant de la descendance du roi Salomon et de la reine de Saba, dont on dit qu’elle donna naissance au premier roi Ménélik Ier (vers -950) après sa visite à Salomon, relatée dans la Bible, dans la ville de Jérusalem. Elle est aussi l'une des deux plus vieilles maisons royales dans le monde avec la maison impériale du Japon.

Zemene Mesafent (1755 à 1855) est ensuite une période pendant laquelle les empereurs « régnaient mais ne gouvernaient pas ».[réf. souhaitée]

Colonisation italienne

Les divisions administratives de l'Afrique orientale italienne de 1936 à 1940.
Érythrée, pièce de monnaie d'une lire, recto et verso, datant de 1891, à l'effigie d'Humbert Ier, roi d’Italie.

L'Italie commence à s'engager sur les rives de la mer Rouge le , lorsque la Società di Navigazione Rubattino achète la baie d'Assab au sultan local[13],[14]. Le , le gouvernement italien prend le contrôle du port d'Assab par décret[15].

Trois ans plus tard, en 1885, l'Italie remplace les Anglo-Égyptiens dans le port de Massaoua puis entreprend de conquérir l'intérieur[13]. La colonie d'Érythrée qui regroupe les deux territoires est créée le 1er janvier 1890[15].

L'avancée italienne en Éthiopie est arrêtée à la bataille d'Adoua en 1896.

En 1935, les Italiens attaquent à nouveau l'Éthiopie depuis leurs colonies d'Érythrée et de Somalie. À la suite de cette une nouvelle guerre, ils créèrent l'Empire italien d'Éthiopie.

À partir de 1936, le territoire érythréen est intégré à l'Afrique orientale italienne.

Offensive britannique (Alliance) et défaite italienne (Axe)

Les Britanniques envahissent l'Érythrée le , jour de la prise de Kassala à la frontière avec le Soudan[16],[17]. La direction des opérations est assurée par le lieutenant général William Platt[16], commandant des forces britanniques au Soudan[18]. Les 4e et 5e divisions d'infanterie indiennes, commandées respectivement par les majors généraux Noel Beresford-Peirse[16] et Lewis Heath[18], progressent durant les deux semaines suivantes en direction de la ville fortifiée d'Agordat. La 4e division indienne prend la route septentrionale par Sabderat, Keru et Agordat et la 5e division indienne la route méridionale par Tessenei et Barentu[16]. Elles parcourent 160 km en 9 jours et enlèvent successivement plusieurs villes aux Italiens. Elles percent les positions italiennes dans les collines et prennent Agordat le 1er février[19],[16], après deux jours de combat (4e division), et Barentu le lendemain (5e division)[16].

La bataille décisive de la campagne a lieu à Keren, ville à 100 kilomètres à l'est d'Agordat[20]. La bataille de Keren marque un tournant de la conquête de l'Érythrée et de l'Éthiopie par les Britanniques[21]. Après cet affrontement, la résistance des troupes italiennes est beaucoup plus faible[21]. Selon Pierre Messmer, les Italiens estiment ne plus être en mesure de remporter la victoire sur ce théâtre d'opérations et la capitulation de leurs unités est en général rapide[21].

La 5e division indienne se dirige ensuite vers la capitale Asmara, à 80 kilomètres à l'est de Keren[22], tandis que la 4e division indienne reste à Keren quelques jours et retourne en Égypte début avril[23]. Asmara est déclarée ville ouverte et les troupes britanniques s'en emparent le 1er avril[22]. Trois jours plus tard, la 10e brigade indienne se dirige vers Massaoua située à une centaine de kilomètres d'Asmara, sur la côte[24]. Les Italiens disposent de 10 000 hommes[24], de tanks et de véhicules blindés pour défendre Massaoua, un objectif portuaire stratégique[21],[25]. Après quelques affrontements initiaux, la résistance s'effondre et les unités indiennes et la brigade française d'Orient prennent Massaoua le 8 avril[24].

De l'annexion par l'Éthiopie à l'indépendance

Suite aux victoires alliées du printemps 1941, les Britanniques administrent alors l'Érythrée. Dès 1942, des projets divers sont élaborés pour l'avenir du territoire. L'armistice, signé par l'Italie le , ne contient aucune disposition concernant les anciennes colonies italiennes[26]. Dès 1944, l'ONU et les États-Unis proposent de rattacher l'Érythrée à l'Éthiopie, qui réclame un port sur la mer Rouge. Lors des conférences internationales (Potsdam, Londres, Paris), plusieurs solutions sont débattues (partition, indépendance, rattachement à l'Éthiopie, etc.), sans qu'une solution soit trouvée lors de la signature de la paix le .

Faute d'accord entre les puissances, la question est renvoyée à l'ONU en septembre 1948. Les États-Unis souhaitent conserver leurs bases installées à Massaoua et Asmara, ce qui leur semble garanti par un rattachement à l'Éthiopie. En mai 1949, l'accord Bevin-Sforza prévoit la partition de l'Érythrée entre le Soudan et l'Éthiopie, mais il est rejeté par l'Assemblée de l'ONU. C'est finalement la résolution 390 (v) du qui fait de l’Érythrée « une unité autonome, fédérée avec l’Éthiopie sous la souveraineté de la couronne éthiopienne »[27].

Cette résolution prévoit que l'acte fédéral final devra être ratifié par la future Assemblée nationale érythréenne, et lors de la proclamation de la future Constitution érythréenne. Ces premières élections parlementaires se déroulent le sous la surveillance d'une commission des Nations unies[réf. souhaitée]. Une assemblée représentative de 68 membres est élue par les Érythréens.[réf. souhaitée] L'assemblée approuve le projet de constitution proposée par l'ONU le . Le , l'empereur d'Éthiopie, Haïlé Sélassié, ratifie la constitution. L'Assemblée représentative devient alors l'Assemblée érythréenne et la résolution des Nations unies visant à fédérer l'Érythrée avec l'Éthiopie devient effective. Elle est confirmée par une nouvelle résolution du .

Mémorial de la guerre d'indépendance à Massaoua.

L'Érythrée et l'Éthiopie sont alors liées par une structure fédérale assez souple sous la souveraineté de l'empereur. L'Érythrée dispose de sa propre organisation administrative et judiciaire, son propre drapeau et une autonomie sur ses affaires internes, y compris la police, l'administration locale et la fiscalité. Le gouvernement fédéral impérial est chargé des affaires étrangères (y compris commerciales), de la défense, des finances et des transports.

Bien que cette fédération soit théoriquement entre égaux, en 1954, Haïlé Sélassié interdit les partis politiques érythréens, ainsi que la presse indépendante[28]. En 1955, l'arabe et le tigrinia, les langues les plus couramment utilisées sur le territoire érythréen, sont remplacées au profit de l'amharique[29], et en 1959 le drapeau érythréen est interdit[réf. souhaitée].

Guerre d'indépendance

En 1962, une pression sur l'Assemblée érythréenne lui fait abolir la fédération et accepter l'annexion par l'Éthiopie. C'est le début de la guerre d'indépendance de l'Érythrée.

En 1974, débute la révolution éthiopienne. La junte militaire Derg qui gouverne l'Éthiopie après la chute du négus Haïlé Sélassié doit faire face à trois conflits : la guerre érythréenne de sécession, la guerre civile éthiopienne et la guerre de l'Ogaden. Elle est aidée par l'Union soviétique, notamment après 1978 et la défaite des somaliens[30]. De 1978 à 1986, le Derg lance huit importantes offensives en Érythrée, sans parvenir à le dominer. En 1988, le FPLE prend Afabet, où se trouvent les quartiers généraux de l'armée éthiopienne au nord-est de l'Érythrée. Le FPLE progresse ensuite vers Keren, deuxième ville d'Érythrée.

En mai 1991, des militants du Front de libération du peuple du Tigré, proche du FPLE et soutenus par les États-Unis, renversent le Derg. Un gouvernement provisoire est mis en place. Des pourparlers de paix se déroulent alors à Washington. L'Éthiopie reconnaît le droit de l'Érythrée à organiser un référendum, qui aboutit à l'indépendance du pays le . Le nouvel État est présidé par Isaias Afewerki.

Époque contemporaine

Isaias Afwerki, président de l'Érythrée depuis 1993.

En 1995, des affrontements opposent l'Érythrée au Yémen à propos de la possession des îles Hanish, au sud de la mer Rouge[31]. La Cour de justice internationale les attribue ensuite en grande partie au Yémen.[réf. souhaitée]

En mai 1998, une nouvelle guerre éclate entre l'Éthiopie et l'Érythrée sur le tracé de la frontière. Elle fait environ 100 000 morts[32]. Le conflit cesse en 2000 avec les accords d'Alger qui conduisent au déploiement des casques bleus sans mettre fin aux tensions, le tracé de la frontière entre les deux États restant contesté par l'Éthiopie. Une commission indépendante de l'ONU a émis un arbitrage sur la question de la frontière en 2003, mais cette solution a été rejetée par l'Éthiopie[33].

En 2001, le gouvernement a censuré toute la presse privée[34], arguant que cette dernière était inféodée aux intérêts étrangers et menaçait l'intégrité et l'indépendance du pays[33]. En 2002, tous les groupes religieux hors les quatre principaux (églises orthodoxe d'Érythrée, église luthérienne d'Érythrée, église catholique, islam) ont été interdits, ceci notamment afin de lutter contre l'influence politique pro-américaine des courants pentecôtistes[33].

L'Érythrée et l'Éthiopie se livrent une guerre par procuration en Somalie, l'Érythrée comptant parmi les principaux soutiens aux insurgés islamistes qui combattent l'invasion de l'armée éthiopienne[35].

Enfin, un différend territorial oppose par ailleurs l'Érythrée à Djibouti sur sa frontière sud depuis 2008[36] qui vaut à l'Érythrée des sanctions des Nations unies, sanctions levées le 14 novembre 2018[37]. Le Conseil a ainsi adopté à l'unanimité cette résolution élaborée par la Grande-Bretagne et levé l'embargo sur les armes, toutes les interdictions de voyage, les gels d'avoirs et autres sanctions[37].

Situation politique et émigration

Amnesty International[38],[39], qui cite le chiffre de 10 000 prisonniers politiques, Human Rights Watch[40] ainsi que le département d'État américain[41] font état de détentions arbitraires et de violations des droits de l'homme en Érythrée. Le classement mondial de la liberté de la presse  établi en 2008[42] , 2009[43], 2010[44], 2011[45] 2013[46] et 2015[47] par Reporters sans frontières – classe l'Érythrée en dernière position. Le classement le plus récent (2017) classe l'Érythrée en avant-dernière position, tandis que la Corée du Nord ferme la marche[48].

Le régime politique du pays est très fermé et les libertés restreintes. Sonia Le Gouriellec parle d'un "complexe obsidional" du régime vis-à-vis de ses voisins et de la communauté internationale qui ne l'a pas soutenu après son indépendance[49]. Isaias Afwerki est président sans nouvelle élection depuis 1993.

De nombreux Érythréens quittent leur pays (plus de 300 000 en dix ans selon l'agence aux réfugiés de l'ONU[50]), pour des raisons économiques ou politiques, et cherchent un asile dans des pays proches[51] (Éthiopie, Djibouti, Soudan[52], Yémen, Arabie saoudite, etc.[53]) ou lointains. Ils constituent ainsi une partie importante des personnes qui tentent de traverser la Méditerranée clandestinement pour venir en Europe[54]. L'homosexualité est interdite et peut induire une peine de prison de trois ans[55], l'excision reste la norme même si elle est officiellement interdite[56].

En juin 2015, au terme d'une année complète d'enquêtes, un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme fait état de violations systématiques des droits de l’homme les plus fondamentaux, commises par le pouvoir en place[57].

Structure administrative

L'hôtel de ville d'Asmara.

État

La constitution érythréenne prévoit un parlement monocaméral de 150 membres, l'Assemblée nationale. Tous les sièges sont occupés par des membres du parti unique, le Front populaire pour la démocratie et la justice. Depuis l'indépendance en 1993, aucune élection législative ou présidentielle n'a eu lieu, le gouvernement prétextant l'occupation d'une partie du territoire. Des élections municipales et régionales ont néanmoins été organisées de manière irrégulière

Subdivisions administratives

L’Érythrée est divisée en six régions, elles-mêmes divisées en 52 districts :

Régions
Région Population Capitale Gouverneur ISO code
Maekel,

ዞባ ማእከል

1 053 254 Asmara Tewelde Kelati ER-MA
Anseba,

ዞባ ዓንሰባ

893 587 Keren Gegrgis Ghirmai ER-AN
Gash-Barka,

ዞባ ጋሽ ባርካ

1 103 742 Barentu Kahsai Ghebrehiwot ER-GB
Debub,

ዞባ ደቡብ

1 476 765 Mendefera Mustafa Nurhussein ER-DU
Semien-Keih-Bahri,
Semienawi Keyih Bahri

ዞባ ሰሜናዊ ቀይሕ ባሕሪ

897 454 Massaoua Tsigereda Woldegiorgis ER-SK
Debub-Keih-Bahri,
Debubawi Keyih Bahri

ዞባ ደቡባዊ ቀይሕ ባሕሪ

398 073 Assab Osman Mohammed Omer ER-DK

Forces armées

Les forces de défense érythréennes sont divisées en une armée de terre, une armée de l'air ainsi qu'en une marine de guerre. Elles comprennent 200 000 personnels actifs et 120 000 réservistes[58].

La part du PNB allouée à la défense était de 20,9 % en 2006.

Service militaire

Le service militaire, créé en 1994, concerne tous les hommes et les femmes de 17 à 40 ans. Selon la loi, toute personne arrivant à sa dernière année de scolarité doit effectuer 18 mois de service national, dont six mois d’entraînement militaire. Le service militaire démarre toujours dans le camp de Sawa situé au nord-ouest du pays, près du Soudan[59]. Le service obligatoire peut être indéfiniment prolongé depuis 2002[60] et dure 6,5 ans en moyenne, avec une permission tous les 6 mois.

Il se déroule dans des conditions difficiles (viols des femmes[56], travaux forcés non-rémunérés[60] dans des mines, des fermes ou des chantiers), ce qui entraîne la désertion et l'exil d'un grand nombre d'Érythréens[61]. Ils étaient ainsi environ 3 000 par mois à fuir le pays vers 2013 selon le Haut Commissariat aux réfugiés[62].

Cela conduit aussi certains jeunes à abandonner leur scolarité pour échapper à la conscription et à cette forme d'esclavage. Ce choix les prive cependant de toute perspective d’avenir car, sans certificat les dégageant de leurs obligations militaires, ils ne peuvent pas accéder aux rations alimentaires ni monter une entreprise, acquérir une ligne de téléphone portable, passer le permis de conduire ou ouvrir un compte bancaire. De plus, l’armée procède à des perquisitions systématiques de maison en maison pour arrêter les personnes soupçonnées d’essayer de se dérober au service national[63].

Démographie

Population de l'Érythrée (DAES, ONU)[7],[10]

Un mariage de l'ethnie tigrignya.
Une famille de Rashaida.

La croissance urbaine du pays, d'ici à 2050, est l'une des plus élevées du monde, estimée à plus de 300 % d'augmentation[64].

Les deux groupes ethniques principaux sont les Tigrinas et les Tigrés qui forment 85 % de la population, ainsi que les Saho, Rashaida et les Bilen qui en constituent 12 %. Les Afars et Kunama occupent le reste du pays.

Il y aurait environ 50 000 descendants de métis issus d'unions entre Érythréens et Italiens pendant la colonisation. Ils sont de nos jours très intégrés, et vivent surtout dans les grandes villes (Asmara, Assab…), et ils parlent surtout le Tigrinya ou le Tigré. Les métis qui parlent italien sont très rares. Au temps de la colonisation italienne, les métis étaient rejetés par le régime fasciste italien.

La population européenne tend à diminuer, en fonction des crises : les Italiens, qui formaient 10 % de la population avant 1941 ne sont plus qu'une centaine en 2016, et ils sont souvent liés au lycée italien d'Asmara. Le nombre des autres Européens peut varier d'une année à une autre, et il est difficile d'estimer un chiffre précis.

Les Arabes sont plus visibles : estimés entre 20 000 et 25 000, ils sont souvent confondus avec les Rashaidas, arabophones de la côte et d'Assab. Ils sont souvent originaires du Yémen ou du sultanat d'Oman. Les Arabes sont surtout des commerçants, ou des pêcheurs traditionnels, qui utilisent des boutres.

Religions

Les religions principales sont le christianisme, la plupart des chrétiens érythréens faisant partie de l'Église érythréenne orthodoxe, une des Églises (improprement) dites « coptes » (monophysites, et non grecques-orthodoxes), en communion avec ses homologues éthiopienne et égyptienne ; et l'islam, principalement sunnite. L'islam regroupe environ 50 % de la population[65],[66].

Langues

Les Érythréens parlent neuf langues appartenant aux groupes sémitique et couchitique de la famille chamito, écrites avec l'alphasyllabaire guèze ou l'alphabet arabe. Le tigrigna et le tigré, représentent 81 % des locuteurs en 1996. Les autres langues parlées sont l'afar et le saho (5 % chacune), le bilen (3 %), le rashaida (3 %), l'amharique, etc.[67] Le tigrinya est une langue cousine du ge'ez, langue liturgique de l'Église monophysite. Le tigrina est parlé par environ 53 % de la population en langue maternelle, et il est estimé qu'au moins 25 % de la population le parle en seconde langue. Donc, à des degrés divers, le tigrina serait parlé par au moins 75 à 80 % de la population du pays.

Pendant l'occupation du pays par l'Éthiopie, de 1951 à 1993, le régime fit tout pour faire disparaître la langue italienne, associée au colonisateur et régime fasciste italien. Cette politique remporta un certain succès, puisque l'italien a presque disparu en Érythrée. Cependant, il continue à être enseignée au lycée italien d'Asmara et dans quelques autres écoles ou institutions.

L'anglais, arrivé pendant la Seconde Guerre mondiale, soit assez récemment, est la seconde langue administrative du pays, afin d'aider à l'unification des différents groupes linguistiques. Tous les textes administratifs importants sont traduits en anglais, qui est aussi utilisé au Parlement, dans l'armée et par les membres du gouvernement. L'anglais, avec l'amharique, était d'ailleurs promu par le régime éthiopien pendant l'occupation du pays.

L'arabe, parlé par une minorité de la population, a également le statut de langue officielle avec le tigrigna et l'anglais.

Économie

La guerre d'indépendance a été dévastatrice pour l'économie érythréenne. L'économie de l'Érythrée a dû faire face à de nombreuses difficultés après l'indépendance obtenue en 1993 et la rupture monétaire avec l'Éthiopie en 1995, à la situation politique, en particulier le conflit avec l'Éthiopie à partir de 1998 et à la sécheresse de 2002-2003[68]. La guerre de 1998 à 2000, cause 580 millions USD de dommages[69], et empêche les récoltes dans la région la plus productrice du pays, diminuant la production de nourriture de 62 %[réf. nécessaire]. L'inflation a augmenté de 700 % dans les années 2000[50].

L'infrastructure est relativement développée, en particulier les routes et les ports, mais ils sont sous-utilisés.

Sycomore géant ayant servi de modèle pour le billet de 5 nakfas érythréens.

En 2017, le PNUD classe le pays au 179e rang sur 187 en terme d'IDH, avec une espérance de vie de 65,5 ans, une scolarisation moyenne de 5,4 ans[70]. Par ailleurs seulement 32 % de la population a accès à l'électricité[70]. Les produits alimentaires de base sont rationnés[50].

Les transferts de fonds en provenance de la diaspora des Érythréens émigrés est la principale source de revenu du pays. L'agriculture fournit 11 % du produit intérieur brut. Le pays exporte du bétail, de la viande et de la gomme arabique.

Pour se développer, l'Érythrée compte sur des ressources inexploitées : cuivre, or[71], pétrole, gaz, coton, potasse, fer et café.

La monnaie nationale est le nakfa érythréen.

Culture

Une femme érythréenne lors de la cérémonie traditionnelle du café, appelée bun kish kish en tigrigna.
Alicha begee, un des plats érythréens les plus typiques du pays, formé d'une galette nommée ingera sur laquelle sont déposées différentes sauces (on voit ici une sauce orange faite à base de lentilles). La sauce du milieu élaborée à base de poulet est généralement très épicée. Ce plat est servi le plus souvent dans une grande assiette, afin que le repas puisse être partagé en convivialité.
Fêtes et jours fériés
DateNom françaisNom localJour fériéReligion
11 et 12 septembreNouvel an éthiopienEnqoutatashouiOrthodoxe, Musulman et Juifs
27 septembreFête de la Vraie Croix (Sainte Croix)MesqelouiOrthodoxe
1er du mois chawwalFin du mois du Ramadan'Id al-FitrouiMusulman
24 et 25 décembreNoëlouiCatholique
7 janvierNoël copteGenna/LedetouiOrthodoxe
6 janvierJour de l’ÉpiphanieTemqetouiCatholique
10 du mois de dhou al-hijjaFête du SacrificeAïd al-AdhaouiMusulman
12 de Rabia al awalNaissance du prophète MahometouiMusulman
vendredi précédant le dimanche de PâquesVendredi saintSeqletnonOrthodoxe
mars avril maiPâques orthodoxeFasikaouiOrthodoxe
lundi suivant PâquesLundi de PâquesTensaéouiOrthodoxe
1er maiFête du TravailYeserategnoch qenoui
24 maiJour de l'indépendancebeal natsnetoui
40 jours après PâquesAscensionouiOrthodoxe
49 jours après PâquesPentecôteouiOrthodoxe
20 juinJour des martyrsmealti meswatoui
15 aoûtAssomptionnonOrthodoxe, catholique
1er septembreDébut de la guerre d'indépendance de l'Érythréehade meskeremoui

Codes

L'Érythrée a pour codes :

Notes et références

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  2. (en) « Eritrea’s Silent Totalitarianism - McGill Journal of Political Studies », sur McGill Journal of Political Studies, (consulté le ).
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  70. Jean-Baptiste Jeangène Vilmer et Franck Gouéry, Érythrée, un naufrage totalitaire, Paris, Presse universitaire de France, , 335 p. (ISBN 978-2-13-063126-2), p. 226.
  71. Or en Érythrée.

Voir aussi

Bibliographie

  • Fabienne Cayla-Varhan, « Les enjeux de l’historiographie érythréenne », Travaux et documents du Centre d’études d’Afrique noire, IEP Bordeaux, nos 66-67, , p. 53 (lire en ligne, consulté le ).
  • Khalid Koser, « Une diaspora divisée ? : Transferts et transformations au sein de la diaspora érythréenne », Politique africaine, vol. 1, no 85, , p. 64 à 74 (lire en ligne, consulté le ).
  • Jean-Paul Mari, « Le bagne de l'Afrique », Le Nouvel Observateur, no 2463, , p. 66 (ISSN 0029-4713)
  • Arnaldo Mauri, « Le crédit dans la colonie italienne d'Érythrée », Revue internationale d'histoire de la banque, no v, , p. 170-198 (ISSN 0080-2611).
  • (en) Arnaldo Mauri, « Eritrea's early stages in monetary and banking development », International Review of Economics, vol. 51, no 4, 2004, p. 547-569 (ISSN 1865-1704)
  • (en) Jonathan Miran, « Red Sea citizens ». Cosmopolitan Society and Cultural Change in Massawa, Bloomington, Indiana University Press, 2009, XIV-380 p.
  • Raphaël Roig, « L’Érythrée, naissance d’une nation, faillite d’un État ? », CFEE, Travaux et documents sur l’Éthiopie et la Corne de l’Afrique, no 3, , p. 36 (lire en ligne, consulté le )
  • (it) Gianluigi Rossi, L’Africa italiana verso l’indipendenza (1941-1949), Milano, Giuffrè, 1980, 626 p.
  • Léonard Vincent, Les Érythréens, Paris, Payot & Rivages, , 256 p. (ISBN 978-2-7436-2293-0 et 2-7436-2293-8)

Articles connexes

Liens externes

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