Charles Cochon de Lapparent

Charles Cochon de Lapparent est un homme politique français, né le à Champdeniers (Poitou, aujourd'hui dans les Deux-Sèvres) et mort le à Poitiers.

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Pour les autres membres de la famille, voir Lapparent.

Charles Cochon de Lapparent

Charles Cochon de Lapparent - Musée des Beaux-Arts de Valenciennes
Fonctions
Député du tiers aux États généraux par la sénéchaussée de Poitiers
 République française
Député des Deux-Sèvres à la Convention nationale
Député des Deux-Sèvres au Conseil des Anciens
11 vendémiaire an IV
Ministre de la Police générale
Président Directeurs :
Jean-François Reubell
Paul Barras
Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux
Étienne-François Le Tourneur
Lazare Carnot
François de Barthélemy
Gouvernement Gouvernement du Directoire
Prédécesseur Philippe-Antoine Merlin de Douai
Successeur Jean-Jacques Lenoir-Laroche
1er Préfet de la Vienne
11 ventôse an VIII
Successeur Louis-Claude Chéron de La Bruyère
Empire français
Préfet des Deux-Nèthes
10 thermidor an XIII
Prédécesseur Charles Joseph Fortuné d'Herbouville
Successeur Marc-René de Voyer de Paulmy d'Argenson
Membre du Sénat conservateur
 Empire français (Cent-Jours)
Préfet de la Seine-Inférieure
Prédécesseur Louis Stanislas de Girardin
Successeur Joseph de Kergariou
Membre du comité de salut public

(1 an et 22 jours)
Biographie
Nom de naissance « Cochon de Verdun »
Date de naissance
Lieu de naissance Champdeniers
 Poitou
Date de décès (à 75 ans)
Lieu de décès Poitiers
(Vienne)
Nationalité Française
Parti politique Club des jacobins
Montagne
Profession Magistrat
Résidence Château de Vigneux-sur-Seine

Liste alphabétique des membres de l'Assemblée constituante de 1789
Liste des membres de la Convention nationale
Liste des députés des Deux-Sèvres
Liste des membres du Conseil des Anciens
Liste des sénateurs des Deux-Sèvres
Liste des ministres français de la Police
Liste des préfets napoléoniens
Liste des préfets de la Vienne
Liste des préfets des Deux-Nèthes
Liste des membres du sénat conservateur
Liste des préfets de la Seine-Maritime

Né dans une famille bourgeoise autrefois protestante, qui a dû abjurer, Charles Cochon de Lapparent est élu député du tiers état, il occupe des fonctions importantes à la Convention nationale, dans les armées de la République et au comité de salut public. Le 9 Thermidor, ce montagnard participe à la chute de Robespierre. Pendant le Directoire, nommé ministre de la police, mais alors qu’il est un conventionnel régicide, il est accusé d’être royaliste et déporté. Sous le Consulat et l’Empire, il occupe des fonctions importantes, mais après 1815 il doit quitter la France. Toutefois il peut revenir à Poitiers au bout d’un an d’exil.

Biographie

Famille et débuts

Charles Cochon de Lapparent est le fils de Charles Cochon, seigneur de Lapparent et autres lieux, avocat au parlement, sénéchal de Champdeniers et juge de paix. Les Cochon sont originaires de La Rochelle. C’est une famille de négociants et de médecins, à l’origine convertis au protestantisme, qui possède des terres. Une des branches de cette famille est anoblie en 1753.

Dans sa jeunesse Charles Cochon de Lapparent est appelé « Cochon de Verdun », du nom d’une propriété de sa famille.

Il entra dans la magistrature, et était conseiller au présidial de Fontenay-le-Comte au moment de la Révolution.

États généraux et Assemblée constituante

Charles Cochon de Lapparent

Il est élu député du tiers aux suppléant, aux États généraux de 1789, par la sénéchaussée de Poitiers. Mais l'un des députés au tiers état de la sénéchaussée du Poitou s'étant désisté, Cochon le remplace. Il est membre du Club des jacobins et député du au . Il se fait remarquer, dans cette assemblée par ses principes et son attachement aux idées nouvelles. La part qu'il prend à toutes les délibérations importantes lui acquiert à la fois l'estime de ses collègues et une grande popularité.

Il avait pris place dans la majorité, se mêla fréquemment aux débats de l'Assemblée constituante, sur l'organisation des districts, sur la Caisse d'escompte, et fut rapporteur () de l'affaire Brouillet, imprimeur de Toulouse persécuté par le parlement de cette ville pour ses opinions révolutionnaires ; le , il fait partie des nouveaux membres du comité des recherches, avec : Poulain de Corbion, l'abbé Joubert, de Pardieu, Ledéan, Voidel, Payen-Boisneuf, Verchère de Reffye, Rousselet, de Macaye, De Sillery, Babey[1] ; et devint secrétaire de l'Assemblée en .

Rentré dans ses foyers, après la clôture de la session, il y suit, avec la plus vive sollicitude, la marche des évènements et des partis, sous l'Assemblée législative, et se montre le partisan de toutes les mesures qui accélèrent le mouvement de la Révolution[2].

Cochon de Lapparent est nommé président du tribunal criminel des Deux-Sèvres, le [3],[4].

Un conventionnel régicide

Le , ce département l'élut[5] membre de la Convention nationale, le 7e et dernier.

Il s'assit à la Montagne et fit partie de la commission de différents comités de législation et de sûreté générale.

Il est l’un des vingt-et-un commissaires chargés d'établir l'acte d'accusation du roi. Dans le procès de Louis XVI, Cochon vota contre l'appel et contre le sursis ; il répondit au 3e appel nominal :

« J'ouvre la déclaration des droits, j'y lis : la loi doit être égale pour tous. Comme juge, je dois appliquer la loi ; la loi prononce la mort ; je vote pour la mort. »

Il est donc un conventionnel régicide, même s’il regrettera par la suite sa décision[3].

Cochon, qui a dénoncé la défection de Dumouriez, est envoyé en mission à l'armée du Nord à la place des conventionnels livrés par Dumouriez aux Autrichiens. Il évite que les soldats se rendent à l’ennemi et s’enferme avec eux dans Valenciennes. Il défend la ville contre les Anglais, mais est obligé d'en sortir avec la garnison, le , après la capitulation. Il se justifia devant la Convention en jetant sur les troupes de ligne des soupçons défavorables. Quand le général Ferrand est accusé d'avoir livré Valenciennes, Cochon le défend. Pour lui la défaite est due à l’attitude des habitants et des troupes de ligne.

À cette époque il est domicilié, à Paris, petite rue Verte, correspondant (à cette époque) au 1166 rue du Faubourg-Saint-Honoré[6]

Charles Cochon de Lapparent vient de nouveau prendre place à la Convention nationale : il louvoie entre les partis jusqu'au 9 Thermidor, où ce montagnard participe à la chute de Robespierre.

Un des plus ardents républicains de cette époque, Cochon entra ensuite au comité de salut public en [7] où il siège de 1794 à 1795, puis est secrétaire de la Convention nationale.

Il fait nommer pour chefs aux armées des Alpes, de l'Est et de l'Ouest, les généraux Moulin, Dumas et Canclaux.

Il fut chargé () d'une nouvelle mission à l'armée du Nord, qu'il suivit à la conquête de la Hollande où il réussit à signer un traité de paix et à sauver la vie de 90 émigrés[3].

« Fin, remuant, fureteur, et très ambitieux, disait de lui Laréveillière-Lépeaux, dans la Convention il taxait de modérantisme les avis sages. »

Ministre de la Police générale

Le 11 vendémiaire an IV (), le département des Deux-Sèvres[8] l'envoya[9] au Conseil des Anciens, où il combattit les « déclamations démagogiques », qui effrayaient les industriels et les capitalistes

Le 14 germinal an IV (), Charles Cochon de Lapparent est nommé au poste difficile de ministre de la Police générale, en remplacement de Merlin de Douai.

Dans ce poste, qu'il occupa jusqu'au 28 messidor an V (), il maintint une certaine tranquillité dans Paris, et sévit à la fois contre la conspiration républicaine de Babeuf, et contre les menées monarchiques de La Villeheurnois et de Brottier.

Il rétablit l'ordre et la surveillance sur le même pied que sous le gouvernement royal, et cette mesure lui attire la haine des démagogues, les sarcasmes amers et les injures des journaux[7]. C’est Cochon qui découvre la conjuration des Égaux, emmenée par Gracchus Babeuf et qui fait arrêter les conspirateurs.

Accusé par Tallien d'avoir établi « une police royaliste secrète », et d'employer le baron de Batz et Dossonville[10]. Pourtant Cochon a donné l'ordre de rechercher le baron de Batz. Quant à Dossonville, il fait l'éloge de sa conduite, de la droiture de ses opinions… Et Cochon lui oppose sa conduite dans l'affaire de Babeuf. D'après le système de contrepoids qu'a adopté le Directoire, Cochon est l'homme qui lui convient le mieux pour comprimer et les royalistes et les jacobins. Nombre de ces derniers s'étaient mêlés à Babeuf.

Affaire du camp de Grenelle

Les 9-10 septembre 1796, Cochon met en échec une tentative d’insurrection militaire au camp de Grenelle. Une vingtaine de personnes sont tuées, 132 arrêtées, dont 33 fusillées.

Quatre mois après, le , il dénonce Charles Honoré Berthelot La Villeheurnois, l'abbé Charles Brottier et Thomas Laurent Madeleine Duverne de Presle, agents royalistes[11].

Cette efficacité fait qu’il obtient un certain nombre de voix pour la place vacante au Directoire. Cependant, le ministre de la police se voit compromis par une note qu'on trouve sur eux, dans laquelle on annonce qu'on l'aurait maintenu dans son emploi « après le rétablissement de la monarchie[12] ».

Cochon, dans son rapport, qualifie cette préférence de distinction odieuse, et ne manque pas de rappeler « qu'il a voté la mort de Louis XVI ». Les jacobins, qui le craignent, renouvèlent en vain leurs attaques contre Cochon, en l'accusant de favoriser secrètement les émigrés, d'être d'intelligence avec les royalistes et avec le parti qui domine dans les conseils. Le 27 juin, Charles Cochon de Lapparent fait un rapport contre les prêtres déportés et rentrés comme étant corrupteurs de l'esprit public. Malgré toutes ses preuves de républicanisme, le Directoire le soupçonne de seconder les conseils. Il est également accusé d'avoir favorisé Gracchus Babeuf en dissimulant des pièces compromettantes.

Madame de Staël, qui avait acquis une grande influence et qui tient le fil de toutes les intrigues, parvient à le faire écarter du ministère[13]. Le Directoire lui donne, pour successeur au ministère de la police, Lenoir-Laroche.

Après le coup d’État du 18 fructidor an V (), Charles Cochon de Lapparent est porté sur la liste des députés proscrits. Il parvint pendant 10 mois à se dérober aux recherches, mais, ayant été découvert, il est arrêté et conduit et interné à l'île d'Oléron.

Il en sort après le coup d'État du 18 Brumaire (), époque où le Directoire est remplacé par le Consulat.

Comblé d’honneurs du temps de l’Empire

Le 11 ventôse an VIII (), le Premier consul le nomme 1er préfet de la Vienne. Charles Cochon de Lapparent rédige en 1802 la Description générale du département de la Vienne.

Membre de la Légion d'honneur (25 prairial an XII ()), préfet des Deux-Nèthes (10 thermidor an XIII ()), il fut créé chevalier de l'Empire (), membre du Sénat conservateur (), comte de l'Empire (), officier de la Légion d'honneur (), secrétaire du Sénat ().

Il passe, à partir de 1809, l'été à Vigneux-sur-Seine dans le château qui abritera plus tard le jeune ménage Alphonse Daudet.

En , il fut envoyé, à titre de commissaire extraordinaire pour organiser la défense du pays, dans la 20e division militaire (Périgueux)[14].

Membre de la commission de la liberté de la presse, membre du Grand conseil d'administration du Sénat conservateur, Cochon, malgré sa fidélité à l’empereur, soutient, en , comme la plupart de ses collègues le rétablissement des Bourbons et vote l’acte de déchéance. Charles Cochon de Lapparent au retour du roi, se retire dans son château de Vigneux-sur-Seine.

Pendant les Cent-Jours, Napoléon le nomma préfet de la Seine-Inférieure (). À la seconde abdication, Charles Cochon de Lapparent proclame dans son département, le , Napoléon II, et invite ses administrés à ne pas reconnaître d'autre souverain[11].

La fin de sa vie

La seconde Restauration le priva de ses fonctions, et la loi du 12 janvier 1816 contre les conventionnels régicides l’oblige à quitter la France. Il fixe son domicile à Liège, puis à Louvain, mais est autorisé par Louis XVIII, qui l’apprécie[réf. nécessaire], à rentrer en France en 1819 et meurt le , 16 rue des Trois Piliers, dans sa maison de Poitiers, âgé de 75 ans[15].

Le tribunal de première instance de Poitiers condamne le sieur Calineau, imprimeur du Journal de Poitiers, à trois mois de prison et 3 000 francs d'amende, pour avoir fait un éloge indirect de Charles Cochon de Lapparent, un régicide, en publiant que M. Cochon de Lapparent laissoit à ses enfans l'exemple d'une vie honorable. M. Mangin, procureur général, ayant interjeté appel à minima, la cour royale de Poitiers rend, le , son jugement, par lequel elle confirme purement et simplement la décision du tribunal de première instance. M. Calineau, qui a aussi interjeté appel, s'est pourvu en cassation[16].

Et pourtant Cochon de Lapparent avait rendu d'éminents services à une foule de personnes compromises par leur attachement à la cause royale ; il a la réputation d'homme de talent et d'administrateur habile[17].

Union et postérité

Charles se marie le à Fontenay-le-Comte avec Anne Quéré (1753-1823), fille d’un procureur de la ville de Fontenay-le-Comte et a cinq enfants, dont :

Emmanuel-Arthur Bucheron (1834-1902), journaliste connu sous le nom de plume de Saint-Genest, fut un arrière-petit-fils de Charles Cochon de Lapparent.

Titres

Distinctions

Armoiries

Figure Blasonnement
Armes de la famille Cochon de Lapparent

D'or, au chevron de gueules, surmonté de 3 hures de sanglier de sable[20].

 Armes parlantes (sangliercochon).

Armes du chevalier Cochon de Lapparent et de l'Empire

D'or, au chevron de gueules du tiers de l'écu, chargé du signe des chevaliers accompagné de trois têtes de sanglier de sable.[18]

Armes du comte Cochon de l'Apparent et de l'Empire

D'or au chevron de gueules, chargé au sommet de la croix de la Légion d'honneur d'argent et accompagné de trois hures de sanglier de sable, franc-quartier des comtes sénateurs.[18],[21]

Annexes

Bibliographie

  • Charles-François de Bonnay, « Liste des nouveaux membres du comité des recherches et du comité des rapports, lors de la séance du 26 avril 1790 », dans Jérôme Mavidal (dir.), Émile Laurent (dir.), Archives Parlementaires de 1787 à 1860, t. XV : Du 21 avril au 30 mai 1790, Paris, Librairie Administrative P. Dupont, (lire en ligne), p. 295.
  • « Cochon de Lapparent (Charles, comte) », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition] [texte sur Sycomore] : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article..

Notes et références

  1. de Bonnay 1883, p. 295.
  2. Biographie des lieutenants-généraux, ministres, directeurs-généraux, chargés ..., de Edme-Théodore Bourg, p.175.
  3. Henri, Paul, puis Joseph BEAUCHET-FILLEAU, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, 2e éd., tome : 2c.
  4. Le selon « Charles Cochon de Lapparent », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition].
  5. Par 189 voix sur 366 votants.
  6. Liste générale des représentants du Peuple composant le corps législatif
  7. Dictionnaire historique ou, Biographie universelle des hommes qui se sont ..., de François-Xavier Feller, p.297.
  8. « Charles Cochon de Lapparent », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  9. Par 132 voix.
  10. Mémoires tirés des archives de la police de Paris pour servir à l'histoire de… p.207.
  11. Biographie universelle des hommes qui se sont ..., de François-Xavier Feller, p.297.
  12. Les royalistes effectivement l’acceptent volontiers, et souhaitent rappeler purement et simplement Louis XVIII à Paris
    Source
    Histoire du Directoire, de Bernard Adolphe Granier de Cassagnac, de Cassagnac, Adolphe de Granier, p.363.
  13. Biographie des lieutenants-généraux, ministres, directeurs-généraux… p,181.
  14. Henri, Paul, puis Joseph BEAUCHET-FILLEAU, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, 2e éd., tome : 2c, et Biographie des lieutenants-généraux, ministres, directeurs-généraux… p 181.
  15. Gustave Chaix-d'Est-Ange, Dictionnaire des familles anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, Evreux, 1903-1929, tome 11.
  16. L'ami de la religion et du roi, journal ecclésiastique, politique et littéraire, p. 94.
  17. Biographie des lieutenants-généraux, ministres, directeurs-généraux…, p. 181.
  18. « Centre historique des Archives nationales (France) », sur chan.archivesnationales.culture.gouv.fr (consulté le )
  19. « Cote LH/558/60 », base Léonore, ministère français de la Culture
  20. Gustave Chaix-d'Est-Ange, Dictionnaire des familles anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, Évreux, 1903-1929, tome 11.
  21. Source : www.heraldique-europeenne.org

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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