Adolphe Crémieux

Adolphe Crémieux, à l’origine Isaac Jacob Adolphe Crémieux, né le à Nîmes et mort le à Paris, est un avocat et homme politique français, dignitaire de la franc-maçonnerie, promoteur de l’Alliance israélite universelle et fondateur de l’École normale israélite orientale. Ami de l’abbé Grégoire, il a prononcé son éloge funèbre.

Pour les articles homonymes, voir Crémieux.

Il est surtout connu comme auteur du décret Crémieux d’ qui attribuait la citoyenneté française aux « indigènes israélites d’Algérie ».

Biographie

Famille

Gravure du Juif errant « tel qu'on l'a vu passer à Avignon », 1784

Ses arrière-grands-parents paternels sont David Crémieu[1] [Carmi en hébreu[2]] (1684-1754[3]) et Esther Naquet (1694-1774). En 1760, leur fils Jacob (1718-1801), marchand de mules[4], épouse Eston [Esther] Ispir (Avignon 1741- Nîmes 1798[5]) à Carpentras, la fille de l'éminent rabbin Jacob Ispir (Espir) dit Ashkénazi[6] (1701-1778) dont la famille venue de Prague au début du XVIIIe siècle s'était installée en Avignon puis à Carpentras, et de Rachel Crémieu[1] (1712-1774), fille de Johanan de Carpentras (1674-1750), lui-même fils de Sem et de Colombe Carcassonne (1686-1749), native de l’Isle[7].

Ses grands-parents Jacob et Esther Crémieu[1] donnent naissance à l'aîné de leurs treize enfants[4], David (1761-1819) au sein d'un milieu pieux, honorable et bourgeois à Carpentras où les Juifs dits du pape se trouvent sous protection pontificale, avant que la famille n'émigre à Nîmes en 1774[7].

Son père David Crémieu[1] se marie en Avignon en 1792 avec Rachel, une de ses cousines, fille d’Isaac de Carcassonne et d’Esther « Taton » Crémieu[1] de l’Isle. Le couple perd trois enfants avant que naissent Isaac Jacob Adolphe en 1796 puis trois autres filles, Belle (1799-1831), Chimène (1802-1808) et Julie-Égalité (1797 – 1880) qui se convertira au catholicisme au grand dam de sa famille[7],[8].

À sa naissance le 11 floréal de l'an IV, Isaac Jacob Adolphe Crémieu[1], porte selon la tradition juive les prénoms de ses grands-pères dont celui (Isaac) de son frère mort à trois ans en 1795, mais c’est avec le prénom d’Adolphe qu’il se fait connaître[9],[10]. Son acte de naissance porte la mention "En vertu de l'ordonnance rendue le 19 juillet 1817 par le tribunal de 1ère instance de Nîmes, le prénom de Adolphe a été substitué à celui de Jacob dans l'acte ci-contre. Nîmes le 06 avril 1817"[11].

L'ascendance d'Adolphe Crémieux relève donc d'un judaïsme pluriel, elle est « à la fois comtadine (assimilée à la tradition séfarade) et ashkénaze d’obédience religieuse traditionaliste ». Il reçoit une éducation laïque et juive[7].

À Nîmes, son père David crée avec son frère Élie le négoce de soieries « E. Crémieux et frères » et joue un rôle actif dans la vie politique municipale en tant que révolutionnaire radical[12]. Sa société dépose son bilan en 1797 et il est arrêté pour faillite frauduleuse[4]. Sa maison est pillée en 1819 et il meurt ruiné la même année ; Adolphe subviendra aux besoins des siens et leurs dettes ne seront épongées qu'en 1837[7].

Le , Adolphe Crémieux épouse Louise Amélie Silny (1800-1880), une israélite messinoise, « cultivée et spirituelle » qu'il vénère[13]. De ce mariage naissent deux enfants, Gustave (1831-1872) et Mathilde (1834-1912) mariée à Alfred Peigné. Encore jeunes, les deux enfants sont convertis avec leur mère Amélie en 1845 au catholicisme, ce qui surprendra Crémieux, malgré son goût pour la liberté religieuse, et le poussera à démissionner de la présidence du Consistoire[7],[14].

Adolple Crémieux est l'arrière-grand-oncle par alliance de Marcel Proust (1871-1922). Il est l’un des témoins de sa petite-nièce, Jeanne Weil (1849 – 1905), lors de son mariage avec Adrien Proust en (Rose Silny-Berncastel, la grand-mère maternelle de Jeanne Weil Proust, était la sœur d’Amélie Silny-Crémieux). Il est également un des témoins du mariage de sa proche cousine Gabrielle Alphen-Salvador [15].

Adèle Weil, la grand-mère de Proust, l’un des principaux modèles de la grand-mère du narrateur dans À la recherche du temps perdu, considérait Crémieux « comme son père », selon Ghislain de Diesbach[16]. Auprès de Crémieux, « Adèle avait pris le goût des lettres, celui de l’éloquence profane ou sacrée qu’elle devait à son tour inculquer à sa fille Jeanne. […] La tradition intellectuelle des Crémieux devait se conserver dans sa descendance », signale Diesbach[16].

Études

En 1808, ses parents l'envoient au lycée Impérial (actuel lycée Louis-le-Grand) à Paris où il restera jusqu’en 1815. Élève brillant, il est couronné 3 fois au concours général des lycées en 1813[17]. Là, ses dispositions pour défendre ses camarades lui valent d’être déjà surnommé « l’avocat »[7].

Après un séjour pénible à Nîmes lors de la Terreur blanche, au tout début de la Restauration, Crémieux suit des études de droit à la faculté de droit d'Aix-en-Provence à partir de l'automne 1815[18] et sort major de sa promotion en 1817 pour s'inscrire à vingt et un ans au barreau de la ville[7].

Sous la Restauration et la monarchie de Juillet

Il devient avocat au barreau de Nîmes, puis auprès de la Cour de cassation. Au début de sa carrière, Crémieux défend en particulier les victimes de la Terreur blanche, ce qui lui vaut d’être appelé l’« avocat des protestants ». En 1824, à vingt-huit ans, il occupe la première place au barreau de Nîmes et compte au nombre des avocats les plus renommés de la Restauration.

S’illustrant dans de nombreux de domaines, « Crémieux décide de mettre sa notoriété au service de la communauté juive dont les membres restent l’objet d’injustices et de préjugés vivaces » en France comme à l'étranger[7].

En 1827, il entreprend le combat contre le serment more judaïco, cette obligation discriminatoire et avilissante faite aux Juifs quand ils prêtent serment en justice et l’abolition de cette procédure est obtenue à la cour de Nîmes en 1827 pour les israélites du Midi. Crémieux en réclame sans relâche l’abolition totale[19].

En 1828, il est nommé membre laïque du Collège des notables israélites de la circonscription de Marseille, et dénonce les inégalités au nom de la devise révolutionnaire : « Liberté-Égalité-Fraternité »[20].

En 1830, il s’installe à Paris. Il est l'avocat de Martial de Guernon-Ranville lors du Procès des ministres de Charles X en et s'évanouit à la fin de sa plaidoirie. L'année suivante, il prononce l'éloge funèbre de son ami l'abbé Grégoire[8].

Crémieux par Faustin Herr, 1840.

En 1840, lors de l'affaire de Damas où des Juifs sont accusés de « crime rituel », Crémieux se rend avec sir Moses Montefiore auprès de Muhammad Ali, vice-roi d’Égypte et conquérant de la Syrie, pour y obtenir la libération des Juifs damascènes accusés et emprisonnés. Il profite de son séjour en Égypte pour créer deux établissements scolaires[7].

Il est député de Chinon, de 1842 à 1848.

Crémieux est la figure du Juif moderne français « qui associe les valeurs mosaïques aux grands principes de la Révolution française » qu'il défend en France comme ailleurs. En 1845, alors qu’il représente les intérêts d'ouvriers français en horlogerie, expulsés de Suisse parce que juifs, il dépose une pétition sur le bureau du président de la Chambre des représentants puis clame au Palais Bourbon[21] : « Nous qui avons l’honneur d’appartenir au culte israélite, ne sommes pas de simples citoyens français, nous sommes des juifs citoyens français… Quand on a le bonheur d’être français et quand on invoque ce titre dans un autre pays, je dis qu’il ne doit pas être méconnu[7] ».

La même année, il proteste (en vain) avec les membres du Consistoire israélite auprès des autorités dans l'affaire[22] de la conversion forcée au catholicisme sur son lit de mort de Lazare, frère du mathématicien Olry Terquem de Metz, par l'abbé Théodore Ratisbonne[7],[23].

Après avoir défendu son ami le rabbin Lazare Isidor accusé d'outrage à la cour pour avoir refusé en 1839 d'ouvrir sa synagogue de Phalsbourg pour qu'un coreligionnaire prête serment more judaïco, Crémieux obtient de la Cour de cassation du , un arrêt déclarant que toutes les références religieuses exigées pour un serment judiciaire sont inconstitutionnelles[24],[25].

Sous la Deuxième République

Adolphe Crémieux par Jacques François Gaudérique Llanta, v. 1850.

Le , lorsque la révolution républicaine triomphe à Paris, Crémieux (avocat de la princesse Mathilde Bonaparte, mais également de la famille d’Orléans), conseille au roi Louis-Philippe Ier d’abdiquer en faveur de son petit-fils et de quitter le pouvoir ; il s’oppose également à la régence de la duchesse d’Orléans à la vie dissolue[26]. Le lendemain , il devient ministre de la Justice du gouvernement provisoire qui proclame la Deuxième République, poste qu’il occupe jusqu’au .

Il fait prendre le décret qui décide que la justice sera désormais rendue « au nom du peuple français »[8]. Le 1er mars, il fait supprimer par un autre décret le serment de fidélité à la couronne.

Le 3 mars, dans l’affaire du procès de Saverne où il est l’avocat d’un rabbin, il obtient de la Cour de cassation l’abolition du serment more judaico, contribuant ainsi à faire cesser la dernière discrimination infamante et légale à l’égard de tous les Juifs de France.

Dès le 31 mars, il demande la démission d’une vingtaine de hauts magistrats et suspend ceux qui refusent d’obtempérer. Ces juges sont suspendus, les uns par Crémieux lui-même, les autres à la demande des commissaires du gouvernement (préfets provisoires). Un décret du annule les suspensions de Crémieux (démissionnaire le ).

Le , Crémieux reçoit « une délégation de Noirs et de Mulâtres des colonies françaises » et leur déclare que « la nouvelle République accomplira ce que la République de 92 avait proclamé. Vous redeviendrez libres »[27]. Cependant, le , François Arago envoie aux colonies, une dépêche contenant « un ajournement de l’émancipation, et les vagues promesses qui l’accompagnent ne sont guère que d’un Guizot républicain ». Le décret du 27 avril 1848 abolira définitivement l'esclavage en France.

Le même mois, alors membre du gouvernement provisoire pourtant non-interventionniste, il prend ouvertement la défense des opprimés portugais par la violence des interventions étrangères et le despotisme de leur gouvernement, en souhaitant que « le jour de la résurrection de la liberté arrive pour tous », ce à quoi la délégation portugaise s'écrie « Vive la République ! Vive Crémieux ! », ce qui n'a pas lieu de plaire au gouvernement portugais[28],[7].

Crémieux est représentant du peuple aux Assemblées constituante et législative de 1848-1849.

Le , en tant qu'avocat, il assiste Victor Hugo, dans la défense de son fils Charles Hugo, journaliste à L'Événement, qui est poursuivi devant la Cour d’assises de Paris, pour « avoir outragé la loi en décrivant l’exécution d’un braconnier guillotiné à Poitiers ». Il témoigne à l'été au procès du complot de Lyon, et prend la parole à l'Assemblée pour se plaindre de la déportation aux îles Marquises des trois principaux condamnés[29].

Lors du coup d'État du 2 décembre 1851, il est enfermé temporairement à la prison Mazas, à l'instar d'autres opposants potentiels au prince-président Bonaparte[30].

Dans l’affaire Mortara survenue à Bologne en 1858, Crémieux se démène sans succès pour faire libérer le tout jeune Juif Edgar Lévi, qui, baptisé en secret, est arraché à ses parents par la police ecclésiastique du pape Pie IX - et deviendra prêtre catholique[7].

Caricature de Crémieux par André Gill en 1868.

Ses quelques insuccès et ceux du Consistoire israélite dans la défense des intérêts des Juifs victimes d'injustices de par le monde concourent au projet de la création d'une institution juive internationale. En 1860, il est l'un des promoteurs de l'Alliance israélite universelle (AIU)[31] mais refuse dans un premier temps d'apparaître parmi les fondateurs, affecté qu'il est par la conversion de ses enfants au catholicisme (en 1845) mais en 1863, il en devient président et le demeure jusqu'à sa mort[8],[32]. L'AIU vise à « lutter contre la haine et les préjugés » et notamment à faire advenir à l'étranger, par l'éducation en français des communautés juives opprimées et des autres minorités religieuses, les principes de 1789[33],[8]. Débutant par la défense des chrétiens maronites du Liban et obtenant succès, il poursuit ses actions en faveur de ses frères juifs du monde entier (de Roumanie, de Serbie, de Perse, des Balkans, de Russie, du Maroc, de Tunisie) dont les archives de l'AIU portent témoignage[7].

Une polémique enflamme le monde journalistique et politique lors de la souscription promue initialement par l'AIU et Crémieux en juillet 1860 puis par le Consistoire israélite auprès de ses coreligionnaires français (« Israélites français, venons les premiers en aide à nos frères chrétiens »[34]), européens et même américains en faveur des chrétiens d'Orient massacrés par les Druzes au Liban. Elle paraît d'abord dans Le Siècle puis La Presse et La Gazette de France, et est relayée par un comité central dont Crémieux prend la présidence avec l'ingénieur Michel Alcan (secrétaire) et Charles Netter (trésorier), et soutenue par le Consistoire israélite de Paris. Grâce notamment à l'éloquence persuasive de Crémieux, elle obtient un tel succès auprès des Juifs, jusqu'aux plus modestes, de différents continents que le journal légitimiste L'Union s'écrie : « Voilà où nous en sommes. L'honneur de notre civilisation repose sur l'initiative de défense de M. Crémieux et sur les appels à la piété des banquiers juifs ! »[35].

Sous le Second Empire

Élu député de la 3e circonscription de Paris, le , il siège au Corps législatif, dans l’opposition parlementaire, parmi les représentants de la gauche républicaine. Il vote contre la déclaration de guerre à la Prusse, en juillet 1870[36].

Sous la Troisième République

Adolphe Crémieux et les autres membres du Gouvernement de la Défense nationale.

Après l’abdication de Napoléon III, il devient membre du gouvernement de la Défense nationale, du au , comme ministre de la Justice. Suivant une décision du gouvernement, pour échapper à l’encerclement de Paris, Crémieux gagne Tours le . Il est suivi de ses collègues ministres Glais-Bizoin et Fourichon. Ils forment la délégation gouvernementale de Tours. Elle est renforcée le par Gambetta[réf. nécessaire].

Après les événements de la Commune, il tente en vain de sauver de la mort l’avocat engagé Gaston Crémieux, fondateur du journal « l'Égalité »[37], un temps à la tête de l’insurrection marseillaise. « Montrez moi ceux que Crémieux a fait fusiller ! », s'insurge son avocat homonyme[38] mais le prisonnier sera finalement fusillé, le [39].

L’année suivante, Crémieux est élu député du département d’Alger (jusqu’en 1875)[8].

Au terme de sa longue carrière politique, Crémieux devient sénateur inamovible, de 1875 à sa mort, à son domicile parisien du 81 Rue de la Pompe, Paris XVI ième le 10 février 1880. Il est enterré au cimetière du Montparnasse[40].

L'œuvre politique de Crémieux

Le décret Crémieux

Décret Crémieux, « Bulletin des Lois de la République Française » du 24 octobre 1870

Sur l’initiative de Crémieux, six décrets règlementant la vie en Algérie furent alors pris par la délégation. Et ce alors que la France était dans une situation militaire désastreuse, que Paris était assiégé par deux armées allemandes, que la priorité absolue du gouvernement était en principe la défense du pays et qu’enfin la légitimité de ce gouvernement n’était assise sur aucune élection. Cela fut ensuite vivement reproché à Crémieux.

Ces décrets comprenaient :

  • Le décret mettant fin à l’administration militaire de l’Algérie ;
  • Le décret interdisant la polygamie en Algérie ;

Mais les plus fameux d’entre eux sont les décrets du .

Le décret no 136, le décret Crémieux, accordait la citoyenneté française aux trente sept mille Juifs d’Algérie, leur permettant de s’extirper du statut islamique de dhimmi en ces termes[8] :

« Les israélites indigènes des départements de l’Algérie sont déclarés citoyens français ; en conséquence, leur statut réel et leur statut personnel, seront, à compter de la promulgation du présent décret, réglés par la loi française. Toutes dispositions législatives, décret, règlement ou ordonnance contraires sont abolis ».

Le décret no 137 portait quant à lui sur la naturalisation des « Indigènes musulmans et des Étrangers résidant en Algérie », sous réserve de prouver l’âge légal de 21 ans par le cadi ou le juge de paix, et de formuler leur demande auprès des bureaux arabes[8]. À l’article II on peut lire :

Coupon d'adhésion au pétitionnement organisé par la Ligue nationale algérienne anti-juive contre le décret Crémieux, issu du journal « L'Antijuif algérien » du 5 août 1897

« Titre III, article 11 : L’indigène musulman qui veut être admis à jouir des droits de citoyen français doit se présenter en personne devant le chef du bureau arabe de la circonscription dans laquelle il réside, à l’effet de former sa demande et de déclarer qu’il entend être régi par les lois civiles et politiques de la France. »

Le décret no 136 reprenait les dispositions du décret d’application du senatus consulte du , mais supprimait l’enquête sur les antécédents et la moralité du demandeur qui devait être transmise au gouverneur général de l’Algérie et recevoir l’approbation du garde des Sceaux pour être statuée par l’Empereur et le Conseil d’État. Le décret impérial encadrait l’enrôlement militaire, dans le contexte de l’époque. Dans le cas du décret Crémieux, l’approbation devait venir du gouverneur général civil sur avis du comité consultatif. À chaque naturalisation, un bulletin était néanmoins gardé sous forme de casier judiciaire déposé à la préfecture du département (titre III, article 4).

Crémieux prit également avec la délégation le décret du , réformant l’usage de la peine capitale (suppression de l’échafaud) et uniformisant la charge de bourreau (suppression des exécuteurs provinciaux).

Un réformateur de la franc-maçonnerie

Crémieux fut initié à la franc-maçonnerie en 1818, à la loge du « Bienfait anonyme » à Nîmes, qui dépendait du Grand Orient de France[41],[42].

Il est coopté en 1866 au 33e degré du Rite écossais ancien et accepté et il prend la tête du Suprême Conseil de France en 1869 comme « Souverain Grand Commandeur »[10]. En 1875, il réunit à Lausanne en Suisse, une assemblée des Suprêmes conseils de la franc-maçonnerie, pour harmoniser le Rite écossais ancien et accepté avec les « légitimes exigences de la civilisation moderne ». Il s'oppose à la suppression de l'invocation du Grand Architecte de l'univers du rite écossais, mais assouplit les règlements généraux vers plus de libéralisme, il appelle à la fraternité maçonnique quelle que soit l’obédience choisie et travaille à un universalisme maçonnique[43].

Informations diverses

En 1828, il participa à la rédaction du livret de l’opéra Guillaume Tell de Gioachino Rossini[44].

Portrait d'Adolphe Crémieux en 1878 par Lecomte du Nouÿ (huile sur toile, musée d'Art et d'Histoire du judaïsme).

Portraits connus :

  • Portrait d’Adolphe Crémieux par Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouy (Paris, 1842-1923).
  • Photographie de Nadar.
  • Mrejen-O’Hana de Simone, Dictionnaire, « Isaac-Jacob Adolphe Crémieux, Avocat, homme politique, président du Consistoire central et de l’Alliance israélite universelle (Nîmes, -Paris,  », dans Archives juives 36/2,2e semestre 2003, Les Belles Lettres, p. 139 – 146 et dessin d'Henri Meyer, p. 139.

Les papiers personnels d’Adolphe Crémieux sont conservés aux Archives nationales sous la cote 369AP[45].

Hommages

De son temps

A la réception de sa lettre de démission du Consistoire israélite, en juillet 1845, venant en réaction à la conversion de sa femme et de ses jeunes enfants au christianisme, les Archives israélites pèsent tout ce que les Juifs français doivent à Crémieux[46] :

« La perte que fait le Consistoire central en la personne de l'honorable M. Crémieux nous paraît irréparable, et les israélites de France en éprouveront un tort incalculable. Qui de nous ne se rappelle avec reconnaissance le zèle dont ce digne coreligionnaire a fait preuve dans toutes les circonstances où l'intérêt israélite était en jeu ! Il n'y a pas si mince communauté israélite en France qui, au jour du besoin, ne se soit adressé (sic) à lui. Il n'y a pas de famille israélite à Paris qui n'ait eu recours à ses conseils, à son talent, ou à sa bourse ; il n'y a pas de synagogue à l'étranger où l'on ne nous envie un tel administrateur du culte ».

Cremieux Street, Jérusalem

De nos jours

Une rue du 12e arrondissement de Paris porte son nom, la rue Crémieux. D'autres se trouvent en Israël, à Jérusalem dans le quartier de la German Colony, à Tel Aviv et à Haïfa.


Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. La forme « Crémieu » est attestée jusqu'au début du XIXe siècle ; ce n'est qu'ensuite que le nom prendra un X final. Lire en ligne
  2. Carmi, probablement de l'origine hébraïque signifiant « celui qui s'occupe des arbres ». Lire en ligne
  3. Ou v. 1690- ap. 1774. Lire en ligne
  4. « CREMIEUX , CARMINE , CREMY , CREMINE , CREMUY, CARMY », sur ngj.vjf.cnrs.fr, Nouvelle Gallia Judaica (consulté le )
  5. Ou 1739-1801, lire en ligne
  6. Jacob Ispir dit Ashkénazi tint sporadiquement les pinqassim, registres communautaires de la carrière (ghetto, messilah en hébreu) de Carpentras. Lire en ligne « Les pinqassim de Carpentras au regard du Saint-Siège » par Simone Mrejen-O’Hana
  7. Mrejen-O’Hana Simone, « Isaac-Jacob Adolphe Crémieux, Avocat, homme politique, président du Consistoire central et de l'Alliance israélite universelle. (Nîmes, 30 avril 1796 – Paris, 10 février 1880) », Archives Juives, 2003/2 (Vol. 36), p. 139-146. Lire en ligne
  8. Pierre Vermeren, La France en terre d’Islam. Empire colonial et religion, XIX - XXe siècle, Humensis, (ISBN 9782701199825, lire en ligne), « Le républicain Isaac-Jacob Crémieux, alias Adolphe Crémieux »
  9. « Isaac-Jacob Adolphe Crémieux, avocat, homme politique, président du Consistoire central et de l’Alliance israélite universelle », sur https://www.cairn.info (consulté le ).
  10. Benjamin Stora, Les trois exils. Juifs d’Algérie, Paris, Stock, 2006, p. 51.
  11. « Archives Départementales du Gard », sur https://archives.gard.fr/histoires-familiales-et-genealogie.html
  12. Le 20 avril 1794, David Crémieuxl est un des douze commissaires désignés par la société populaire pour recenser les personnes suspectes, membre du « jury d'accusation » du tribunal révolutionnaire pour le quatrième trimestre 1793. Il sera incarcéré après Thermidor comme « robespierriste » en 1795. Lire en ligne
  13. David Cohen, « Une souscription des Juifs de France en faveur des Chrétiens d'Orient en 1860 », Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, vol. 24, no 3, , p. 439–454 (DOI 10.3406/rhmc.1977.989, lire en ligne, consulté le )
  14. Daniel Amson, Adolphe Crémieux. L’oublié de la gloire, Paris, Seuil, 1988, p. 147-149, 155-158.
  15. Michèle Bitton, dans Dictionnaire des féministes. France XVIIIe – XXIe siècle, dir. Christine Bard, notice Alphen-Salvador p. 26–28, Éd. Puf, Paris, 2017.
  16. Ghislain de Diesbach, Marcel Proust, Perrin, 1991, p. 10.
  17. « Biographie républicaine. Portraits et biographies des membres du gouvernement provisoire de la République Française nommés le 24 février 1848 », sur gallica.fr, , p. 6
  18. « Isaac, Adolphe Crémieux - Base de données des députés français depuis 1789 - Assemblée nationale », sur www2.assemblee-nationale.fr (consulté le )
  19. Simone Mrejen-O’Hana, « Isaac-Jacob Adolphe Crémieux, Avocat, homme politique, président du Consistoire central et de l'Alliance israélite universelle », Archives juives, , p. 139-146 (ISSN 0003-9837, lire en ligne)
  20. Simone Mrejen-O’Hana, « Isaac-Jacob Adolphe Crémieux, Avocat, homme politique, président du Consistoire central et de l'Alliance israélite universelle », Archives juives, , p. 139-146 (ISSN 0003-9837, lire en ligne)
  21. Archives israélites de France, vol. VI, Bureau des Archives Israélites de France, (lire en ligne), p. 549
  22. Dossier de l'affaire Lazare Terquem déposé aux Archives Nationales (désormais AN) : F7/11031, les archives du Consistoire central (désormais CC) : registre 1B.4, procès-verbaux, 1832-1848, séance du 2 mars 1845, et celles du consistoire israélite de Paris (désormais ACIP) : registre AA.3, procès-verbaux, 1839-1847, séance du 11 février 1845.
  23. Philippe-Efraïm Landau, « Se convertir à Paris au XIXe siècle », Archives Juives, vol. 35, no 1, , p. 27 (ISSN 0003-9837 et 1965-0531, DOI 10.3917/aj.351.0027, lire en ligne, consulté le )
  24. Lazare Landau, « Le serment "more judaïco" et son abolition en Alsace », Le judaisme d'Alsace et de Lorraine (consulté le )
  25. Recueil général des lois et des arrêts, (lire en ligne), p. 143
  26. Jacques Hillairet, Connaissance du vieux Paris, Rivages, Paris, 1993, p. 187
  27. Il fait ainsi partie des militants pour l'abolition de l'esclavage : Nelly Schmidt, « Les abolitionnistes français de l'esclavage, 1820-1850 », Revue française d'histoire d'outre-mer, vol.  tome 87, no 326-327, 1er sem. 2000 DOI:10.3406/outre.2000.3776, (lire en ligne)
  28. Jean Luc Mayaud et Société d'histoire de la Révolution de 1848 et des révolutions du XIXe siècle (France), 1848: actes du colloque international du cent cinquantenaire, tenu à l'Assemblée nationale à Paris, les 23-25 février 1998, creaphis editions, (ISBN 9782913610217, lire en ligne)
  29. Marcel Dessal, « Le Complot de Lyon et la résistance au coup d'État : dans les départements du Sud-Est », Revue d'histoire du XIXe siècle, no 189, (lire en ligne)
  30. Victor Hugo, Histoire d'un crime, t. 4, 1877-1878 (lire sur Wikisource), chap. 9 (« Notre dernière réunion »), p. 117.
  31. L’Alliance israélite universelle est calquée sur l’Alliance évangélique universelle anglaise fondée en 1855. Voir Mrejen O'Hana, op. cit. et David Cohen, « Une souscription des Juifs de France en faveur des Chrétiens d'Orient en 1860 » in Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 24, no 3, juillet-septembre 1977, p. 439-454
  32. Histoire de l'Alliance, site de l'AIU.
  33. Valérie Spaëth, « Michel Bréal et Arsène Darmesteter : deux savants juifs face au langage, aux langues et au pouvoir », Langages, 2011/2, (no 182), pages 25-39, lire en ligne.
  34. La Presse, numéro du .
  35. David Cohen, « Une souscription des Juifs de France en faveur des Chrétiens d'Orient en 1860 », Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, vol. 24, no 3, , p. 439–454 (DOI 10.3406/rhmc.1977.989, lire en ligne, consulté le ).
  36. Adolphe Crémieux, sénateur, sur le site du Sénat www.senat.fr.
  37. Article de Raymond Huard publié par « l'Humanité » le 20 juillet 2011 [lire en ligne (page consultée le 01/02/2012)]. Un an plus tôt, Gambetta, Ledru-Rollin, Esquiros, Delpech, Amat, Julos Maurel, Rouvier, Auguste Sorbier, Sidorc, Pelletan et Tardieu s'étaient présentés sur la Liste de l'égalité et du peuple.
  38. Rabatau, Ludovic Legré, La ville de Marseille, l'insurrection du 23 mars 1871 et la loi du 10 vendémiaire an IV, G. Chamereau Paris, 1876, p. 53 [lire en ligne (page consultée le 08/01/2012)].
  39. « Le petit journal », 2 décembre 1871 [lire en ligne (page consultée le 31 décembre 2011)] et 4 décembre 1871 [lire en ligne (page consultée le 08/01/2012)].
  40. Jean-Marie Mayeur, Les immortels du Sénat, 1875-1918 : les cent seize inamovibles de la Troisième République, Paris, Publications de la Sorbonne, , 512 p. (lire en ligne), p. 296
  41. Éric Saunier (dir.), Encyclopédie de la franc-maçonnerie.
  42. Le psychanalyste Jean-Jacques Rassial répète cette date de 1818 dans une planche à la tenue ouverte de la loge Sigmund Freud, 3 mars 2013, tandis que l’historien Jacob Katz, pour sa part, dans une note de bas de page de son ouvrage Juifs et francs-maçons en Europe (1723-1939), rapporte (en page 248 de l’édition de poche publiée par CNRS Éditions) une entrée en maçonnerie qui serait survenue en 1812, mentionnant à l’appui un ouvrage de Salomon Posener, Adolphe Crémieux (1796-1880), paru en 1934 (aux éditions Félix Alcan).
  43. Daniel Ligou, Dictionnaire de la franc-maçonnerie, Paris, Presses universitaires de France, , 5e éd. (1re éd. 1986), 1 376  p. (ISBN 2-13-055094-0), p. 325-326 .
  44. Fiche sur le site de la Bibliothèque nationale de France.
  45. https://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/pog/consultationPogN3.action?nopId=c614y151d9g-o3438ochnd3l&pogId=FRAN_POG_06&search=.
  46. Archives israélites de France, 1845, p. 698. Lire en ligne
  47. Béatrice Leroy, « Simon (Lucien) et Duport (Anne-Marie), Les Juifs du Pape et la Révolution, Aix-en-Provence, Edisud, 1988 », Annales du Midi, vol. 103, no 195, , p. 387–388 (lire en ligne, consulté le )
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