Ludovic Legré

Ludovic Legré, né à Marseille le , et mort dans la même ville le , est un avocat et botaniste français, défenseur de la langue provençale.

Biographie

Ludovic Legré est issu d'une famille bourgeoise de riches négociants marseillais. Élève brillant, il commence ses études de droit à Aix-en-Provence et les termine à Paris. Avocat à Aix-en-Provence, il est élu bâtonnier de l'Ordre en et donne le un dîner officiel dans la maison qu'il habite au boulevard Longchamp pour célébrer le début de son bâtonnat[1]. Il plaide dans des procès retentissant, notamment à propos d'une intéressante question de propriété artistique concernant le Palais Longchamp : il défend victorieusement l'architecte Henri-Jacques Espérandieu contre le sculpteur Auguste Bartholdi pour la conception et l'ordonnance de cet édifice[2].

Esprit curieux de toutes les disciplines, il est également botaniste ainsi qu'un historien de cette science. Il constitue un herbier et découvre également des plantes qui, signalées par les traités antérieurs, n'avaient pas été retrouvées dans les Bouches-du-Rhône, comme la Fraxinelle (Dictamnus albus)[3]. Legré sillonne la Provence dans tous les sens ; il herborise ainsi aux environs d'Allos en . En , il décide de retrouver le vallon du Dragon que Garidel et Tournefort avaient explorés deux siècles auparavant. Il herborise également dans les Alpes de Haute-Provence de 1886 à 1895. Par ailleurs, sa correspondance avec Frédéric Mistral montre la part importante qu'il prit dans la préparation de l'herbier pour le Museon Arlaten[4]. Il publie plusieurs ouvrages sur la botanique en Provence au XVIe siècle. Il fait ainsi revivre la mémoire de savants oubliés comme le médecin Hugues de Solier et le pharmacien Jacques Raynaudet. Il recherche les traces de leur passage en Provence de grands botanistes tels que Charles de L'Écluse, Louis Anguillara, Pierre Belon, Leonhard Rauwolf, Jean Bauhin, Gaspard Bauhin, Félix Platter et Thomas Platter[5].

Ludovic Legré, parlant couramment le provençal, joue également un rôle important dans l'histoire du félibrige. Ami intime de Frédéric Mistral et de Théodore Aubanel, son rôle est parfois décisif : c'est lui qui pousse Mistral venant d'écrire Mireille, à se rendre à Paris. Il l'invite dans sa résidence parisienne et l'incite à rencontrer Alphonse de Lamartine qui, enthousiasmé par la lecture de Mireille, contribuera grandement à la renommée de Mistral[6]. L'échange de correspondances entre les deux amis est riche d'enseignements. Legré est également l'ami d'Aubanel qui le fera exécuteur testamentaire en ce qui concerne ses œuvres littéraires.

Le , Ludovic Legré est élu à l'Académie de Marseille[7] et prononce son discours de réception le [8]. Il joue un rôle important dans le candidature de Frédéric Mistral à cette société savante. Ce ne fut pas chose facile car l'écrivain de langue d'oc avait refusé à cinq reprises d'être candidat à l'académie française - temple il est vrai de la langue d'oïl[9]. Ludovic Legré insiste à de nombreuses reprises auprès de son ami. Il lui écrit par exemple le « Je sors d'une séance de l'Académie [de Marseille] où il a été longuement question de toi. Si j'étais à ta place, je serais joliment flatté d'avoir inspiré une telle passion à cette vieille douairière »[10]. Frédéric Mistral finit par accepter. Il est élu à l'académie de Marseille le et prononce son discours de réception consacré à la mémoire de Théodore Aubanel le . Il n'oublie cependant pas d'évoquer son amitié avec Ludovic Legré avec cette exclamation : « Oh Ludovic Legré ! rappelle-toi le temps où, comme nous autres, tu faisais des vers et des vers provençaux... Le temps où, enflammés, ivres de lumière, nous courions à pied ensemble les coteaux de Gémenos, de Cassis, de Ceyreste, et où tu m'initiais aux splendeurs sereines de ta Provence maritime »[11]. Ludovic Legré sera le secrétaire perpétuel de l'Académie de Marseille de 1902 jusqu'à sa mort survenue le , année où son ami Frédéric Mistral obtiendra le Prix Nobel de littérature.

Publications

  • Ludovic Legré, Une question de propriété artistique : la vérité sur le palais de Longchamp, Paris, Ducher, , 126 p. (notice BnF no FRBNF30779174).
  • Ludovic Legré, La botanique en Provence au XVIe siècle. Pierre Pena et Mathias de Lobel., Marseille, Barlatier, , 264 p. (OCLC 9205009, notice BnF no FRBNF34169441, lire en ligne).
  • Ludovic Legré, La botanique en Provence au XVIe siècle. Hugues de Solier, Marseille, Barlatier, , 47 p. (OCLC 9204804, notice BnF no FRBNF34182296).
  • Ludovic Legré, La botanique en Provence au XVIe siècle. Léonard Rauwolff et Jacques Raynaudet, Marseille, H. Aubertin et G. Rolle, , 511 p. (OCLC 9204811, lire en ligne).
  • Ludovic Legré, La botanique en Provence au XVIe siècle. Félix et Thomas Platter, avec extraits relatifs à la Provence des mémoires de Félix et Thomas Platter traduits de l'allemand par Kieffer, Marseille, H. Aubertin et G. Rolle, , 196 p. (OCLC 9205020, notice BnF no FRBNF30680764, lire en ligne).
  • Ludovic Legré, La botanique en Provence au XVIe siècle. Louis Anguillara, Pierre Belon, Charles l'Escluse, Antoine Constantin, Marseille, H. Aubertin et G. Rolle, , 196 p. (OCLC 9204800, lire en ligne).
  • Ludovic Legré, La botanique en Provence au XVIe siècle. Les deux Bauhin, Jaen-Henri Charler et Valerand Dourez, Marseille, H. Aubertin et G. Rolle, , 118 p. (OCLC 805504251).

Hommage

Une rue de Marseille porte son nom[N 1].

Notes

  1. Orthographié sur nombre de sites et plans (Plans, Google, etc.) en « Ludovic Lègre », orthographe reprise par la RTM sur son arrêt de bus et ses plans virtuels dans le bus 22.

Références

  1. [PDF] Joannon 1931, p. 25
  2. Fournier, Rampal et Martin 1926, p. 144
  3. Paul Masson (dir.), Èdouard Heckel, Émile Riper, Charles Livon et al., Les Bouches-du-Rhône : Encyclopédie départementale, vol. VI : La vie intellectuelle, Marseille, Archives des Bouches-du-Rhône, p. 320.
  4. Hazzan, Ferrari et Aillaud 1982, p. 85
  5. Hazzan, Ferrari et Aillaud 1982, p. 84
  6. [PDF]Joannon 1931, p. 8
  7. Dassy 1877, p. 606
  8. Dassy 1877, p. 334
  9. Académie de Marseille, histoire des fauteuils, Frédéric Mistral
  10. Dumon-Legré et Legré 1982, p. 47
  11. Dumon-Legré et Legré 1982, p. 128

Annexes

Bibliographie

  • Louis-Toussaint Dassy, L’Académie de Marseille, ses origines, ses publications, ses archives, ses membres, Marseille, Barlatier-Feissat, , 638 p. (notice BnF no FRBNF30301972, lire en ligne), p. 334 et 606.
  • Marie Dumon-Legré et Pierre Legré (préf. René Jouveau, postface Pierre Guiral), Un humaniste du XIXe siècle : Ludovic Legré (1838-1904). Ami de Mistral et d'Aubanel, Marseille, Jeanne Laffitte, , 175 p. (OCLC 15016287, notice BnF no FRBNF34734434).
  • Antonnin Joannon, Le rôle du bâtonnier Legré dans la vie et l'œuvre de Mistral, Aix-en-Provence, Imprimerie universitaire, , 35 p. (OCLC 799135329, notice BnF no FRBNF41408710, lire en ligne [PDF]).
  • Guy Hazzan, Jean-Patrick Ferrari et Georges Aillaud, Les botanistes à Marseille et en Provence du XVIe au XIXe siècle, Marseille, , XII planches et 136 p. (OCLC 18293002, notice BnF no FRBNF34762598), p. 84-87.
  • Joseph Fournier, Auguste Rampal et Étienne Martin, Deux siècles d'histoire académique (1726-1926) : Notice publiée à l'occasion du bi-centenaire de l'Académie, Marseille, Académie des sciences, lettres et beaux-arts de Marseille, , 215 p. (OCLC 39987746, notice BnF no FRBNF33232765), p. 144-145.

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