Henri-Jacques Espérandieu

Henri-Jacques Espérandieu, né à Nîmes le et mort à Marseille le , est un architecte issu d'une famille protestante, qui fait toute sa carrière à Marseille où il réalise quelques-uns des monuments les plus célèbres de la ville, dont la célèbre « Bonne mère » (Notre-Dame-de-la-Garde). Il est inhumé au cimetière protestant de Nîmes.

Henri-Jacques Espérandieu

Buste d'Espérandieu
Sculpture d'André Allar
Cour d'honneur du conservatoire de la musique
Présentation
Naissance
Nîmes
Décès
Marseille
Nationalité France
Formation ENSBA
Œuvre
Réalisations Cathédrale de Marseille,
Notre-Dame de la Garde,
Palais Longchamp
Distinctions Chevalier de la Légion d'honneur

Biographie

Henri Espérandieu est né à Nîmes le dans une famille de religion protestante de milieu modeste. Il est d’abord placé à l’école mutuelle protestante où il se fait remarquer par son ardeur au travail. Son père obtient en 1840 une bourse pour qu’il entre au collège royal de Nîmes où il manifeste son goût pour le dessin et les mathématiques.

Il observe les travaux de construction de l’église Saint-Paul à Nîmes située à proximité de la maison paternelle, ce qui déclenche sa vocation : il sera architecte. Les travaux de construction de cette église sont effectués sous la direction de Charles-Auguste Questel, membre de l’Institut et architecte du palais de Versailles. Son père arrive à prendre contact avec Questel qui s’engage à faire rentrer le jeune Espérandieu dans un cabinet d’architecture parisien.

Le , il quitte Nîmes pour se rendre à Paris en compagnie de son ami Ernest Roussel. Il loge chez son oncle, maître d’hôtel à Paris, et entre en octobre 1845 dans l’atelier de Léon Vaudoyer. Ce contact avec l’atelier est pour lui des plus heureux ; il écrira : « C’est un vrai plaisir de travailler dans ces ateliers… où le plus fort vient en aide au plus faible. »[1] Le , il est reçu premier à l’école des Beaux-arts à Paris. Il réalise des études rémunérées pour alléger l’effort financier de son père. Il fait les projets d’une gare, d’un pont suspendu, d’une maison de campagne, etc.

À partir de 1850, Questel le fait entrer dans son agence et l’associe à la mise au net des dessins définitifs pour l’église Saint-Paul de Nîmes. Questel, chargé de l’entretien du domaine de Versailles et des modifications à apporter au château, l’associe aux travaux et au suivi des chantiers.

À compter de , il partage son temps entre les ateliers de Questel et de Vaudoyer. Ce dernier est chargé de la construction de la Cathédrale de la Major à Marseille dont la première pierre est posée le . Il propose à Espérandieu d’être son représentant sur place. La nomination officielle d’Espérandieu comme inspecteur des travaux de la Cathédrale ne sera faite que le  : c’est le début de sa brillante carrière d’architecte à Marseille où il s’installe définitivement en 1855.

À noter que sa ville natale ne lui offrira jamais l'opportunité de réaliser quelque édifice ; son très intéressant projet pour l'église Saint-Baudile de Nîmes sera malheureusement écarté par un jury (catholique) dont on peut fortement douter de l'objectivité...

Ses réalisations

Ses principales réalisations sont les suivantes :

Cathédrale de la Major

Henri Espérandieu est le directeur des travaux de construction de la Cathédrale de la Major. À la mort de l’architecte Vaudoyer le il est chargé de la poursuite des travaux, mais ne survivra que deux ans à son maître.

Le palais Longchamp

Henri Espérandieu est le concepteur et le réalisateur du palais Longchamp à la fois château d’eau où arrive les eaux du canal de Marseille, musée des Beaux-Arts et muséum d’histoire naturelle. Un premier projet est réalisé par Jean-Charles Danjoy qui a reçu la commande du château Pastré. Au début de 1859, le maire Jean-François Honnorat demande au sculpteur Frédéric Auguste Bartholdi qui vient de remporter un concours pour une fontaine à Bordeaux, de faire un projet ; quatre propositions seront faites, mais aucune ne sera retenue. Après avoir pensé à faire appel à Pascal Coste, le maire Onfroy s’adresse en au jeune architecte Henri Espérandieu qui réalisera son œuvre majeure. L’éviction de Bartholdi entraîne de violentes polémiques ; celui-ci met en œuvre toutes les relations dont il disposait avec la presse parisienne pour se faire reconnaître la paternité du projet de ce monument, un des chefs-d’œuvre de l’architecture du XIXe siècle. Bien que sa cause fût défendue par des maîtres du barreau (Raymond Poincaré), Bartholdi fut débouté par toutes les juridictions ; l'avocat d'Espérandieu était Ludovic Legré[2].

Notre-Dame de la Garde

La basilique Notre-Dame-de-la-Garde

La construction de la basilique Notre-Dame de la Garde dure 21 ans et se trouve encore inachevée à la mort de l’architecte. Cette construction qui devait au départ n’être qu’un agrandissement de la chapelle médiévale se transforma, à la demande du père Bernard, aumônier et administrateur du sanctuaire, en la création d’un nouveau sanctuaire. Le , le conseil d’administration, présidé par l’évêque Eugène de Mazenod, approuve le projet « romano byzantin » présenté par l’atelier Vaudoyer. Les plans étaient en fait élaborés par Espérandieu et Léon Vaudoyer avait simplement servi de prête-nom. La raison est vraisemblablement que Vaudoyer redoutait que l’on reproche à son élève et collaborateur son jeune âge, son manque de notoriété, mais aussi et surtout sa religion protestante. Léon Vaudoyer confirmera dans une lettre : « Je suis entièrement étranger à la conception comme à l’exécution de ce monument dont Espérandieu est le seul et véritable auteur »[3].

Le palais des Arts

La construction du palais des Arts est décidée par délibération du conseil municipal du . L’auteur du projet est Espérandieu qui aura pour conducteur des travaux Gaudensi Allar, frère aîné du sculpteur André-Joseph Allar.

La vierge dorée

Le monument de la Vierge dorée a été élevé pour célébrer le dogme de l’immaculée conception. Espérandieu a dressé les plans de ce monument qui a été placé à l’extrémité du boulevard d’Athènes puis déplacé à l’angle de la rue des héros et du boulevard Voltaire pour faire place à la gare Saint-Charles et à son escalier monumental.

Distinctions et Décès

Par décret du il est fait chevalier de la Légion d'honneur[4].

Il meurt le , âgé seulement de 45 ans, des suites d’une fluxion de poitrine contractée dans les cryptes de Notre-Dame de la Garde. Sa dépouille mortelle est transférée depuis son domicile, situé 59 rue Saint-Ferréol, jusqu'à la gare Saint-Charles pour un enterrement au cimetière protestant de Nîmes où son ami d’enfance, Ernest Roussel, prononce l’éloge funèbre. Il était chevalier de la légion d’honneur. Une rue de Marseille située à proximité du palais Longchamp porte son nom ainsi qu'un bateau de la ligne du Frioul.

Dans la cour d’honneur du palais des Arts est placé un monument à sa mémoire constitué par son buste sculpté par André-Joseph Allar posé sur un piédestal orné de médaillons représentant ses œuvres majeures (Notre-Dame de la Garde, Palais Longchamp, Palais des Arts) et réalisé par Joseph Letz.

Bibliographie

  • Académie de Marseille, Dictionnaire des marseillais, Edisud, Marseille, 2001, (ISBN 2-7449-0254-3), p. 130-131.
  • Paul Masson sous la direction de, Encyclopédie des Bouches-du-Rhône, Archives départementales, Marseille, 17 volumes, 1913 à 1937, tome VI p. 803, 806, 810, 811 et tome XI p. 179.
  • Adrien Blés, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Ed. Jeanne Laffitte, Marseille, 1989, (ISBN 2-86276-195-8), p. 142.
  • Bruno Wuillequiey, Denise Jasmin, Luc Georget, Bénédicte Ottinger, Florence Dagousset et Gilles Mihière, Régis Bertrand, Marseille au XIXe, rêves et triomphes, Musées de Marseille (-), (ISBN 2-7118-2487-X).
  • Marie-Paule Vial, Le palais Longchamp, Images en manœuvres éditions, 1991, (ISBN 978-2-908445-05-3)
  • François Hildesheimer, Notre-Dame de la Garde, La bonne mère de Marseille, éditions Jeanne Laffitte, Marseille, 1995, (ISBN 2-86276-088-9).
  • Denise Jasmin, Henri Espérandieu, la truelle et la lyre, Actes-Sud-Maupetit, Arles Marseille, 2003, (ISBN 2-7427-4411-8).

Liens externes

Notes et références

  1. Parrocel, L’art dans le midi, Tome 3, p. 26
  2. Joseph Fournier, Auguste Rampal et Étienne Martin, Deux siècles d'histoire académique (1726-1926) : Notice publiée à l'occasion du bi-centenaire de l'Académie, Marseille, Académie des sciences, lettres et beaux-arts de Marseille, , 215 p., p. 144
  3. François Hildesheimer, Notre-Dame de la Garde, La bonne mère de Marseille, éditions Jeanne Laffitte, Marseille, 1995, p. 32.
  4. « Cote LH/906/15 », base Léonore, ministère français de la Culture
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