Muttersholtz

Muttersholtz [mytəʁsɔlt͡s] est une commune française située dans la circonscription administrative du Bas-Rhin et, depuis le , dans le territoire de la Collectivité européenne d'Alsace, en région Grand Est.

Muttersholtz

Une maison à colombages.

Blason
Administration
Pays France
Région Grand Est
Collectivité territoriale Collectivité européenne d'Alsace
Circonscription départementale Bas-Rhin
Arrondissement Sélestat-Erstein
Intercommunalité Communauté de communes de Sélestat
Maire
Mandat
Patrick Barbier (EELV)
2020-2026
Code postal 67600
Code commune 67311
Démographie
Population
municipale
2 075 hab. (2018 )
Densité 164 hab./km2
Géographie
Coordonnées 48° 16′ 09″ nord, 7° 32′ 05″ est
Altitude Min. 162 m
Max. 170 m
Superficie 12,67 km2
Type Commune rurale
Unité urbaine Muttersholtz
(ville isolée)
Aire d'attraction Sélestat
(commune de la couronne)
Élections
Départementales Canton de Sélestat
Législatives Cinquième circonscription
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Grand Est
Muttersholtz
Géolocalisation sur la carte : Bas-Rhin
Muttersholtz
Géolocalisation sur la carte : France
Muttersholtz
Géolocalisation sur la carte : France
Muttersholtz

    Présentation

    Cette commune, au nord du ried de Sélestat, au cœur historique du Grand Ried alsacien, desservie par la route départementale 21, se trouve dans la région historique et culturelle d'Alsace. Cet ancien village, promu petite ville à la Belle Époque allemande est l'un des plus importants centres du Ried de l'Alsace centrale. Muttersholtz, village consacré autrefois à l'agriculture et à l'élevage, à la transformation du lin et à la batellerie sur l'Ill et le Rhin, est connu pour avoir été un actif centre de production textile à domicile, il a été un des derniers bastions ruraux du kelsch, un tissu à l'origine en lin en carreaux multicolores, communément bleus ou rouges[1].

    Communes limitrophes de Muttersholtz
    Ebersheim Ebersmunster Hilsenheim
    Sélestat Wittisheim
    Baldenheim

    Géographie

    Entrée du village de Muttersholtz.

    Muttersholtz se trouve à km de Sélestat et fait partie du canton de Marckolsheim sur la route allant à Diebolsheim, comprenant les hameaux d'Ehnwihr et de Nieder-Rathsamhausen. La commune couvre une superficie de 1 267 ha.

    La bourgade est installée à une altitude de 167 m en bordure de la basse terrasse rhénane, directement au contact du ried de l'Ill inondable, qui traverse à l'ouest la commune. La protection par digue est encore visible de Mussig en sud à Kogenheim au nord.

    Dans les années 1970/1980, les occurrences de brouillards étaient estimées supérieures à 70 à 80 jours par année. Les nébulosités persistantes, voire les brumes matinales quasi-opaques autrefois, attestent de la faible ventilation du fossé rhénan. Durant les étés chauds, tout est désormais sec, il est vrai que bon an mal an les précipitations moyennes annuelles sont très inférieures à 600 mm d'eau. Mais les chutes locales de violentes pluies orageuses rendent aléatoires en maints endroits les apports hydriques. Les hivers étaient alors assez froids avec environ 80 jours de gel par an, alors que la couverture neigeuse ne dépassait que rarement 20 à 30 jours.

    Hameaux

    Il existe à l'extrême ouest du territoire communal deux hameaux dans le Ried de l'Ill :

    • Ehnwihr, situé à la confluence de l'Ill et de la Blind sur des levées alluviales gallo-romaines[2], emplacement ensuite occupé au XIIIe siècle par le château de la célèbre et noble famille de ministériaux d'Empire alsaciens ;
    • Rathsamhausen, situé entre Sélestat et Muttersholtz, sur une levée alluviale récente, probablement post-romaine et renforcées par des pierres apportées par bateaux, et adossée au cône du Giessen. Il existait un château qui a été le berceau de la famille noble des Rathsamhausen.
    Entrée du hameau d'Ehnwihr (autrefois Ehnweyer) faisant partie de la commune de Muttersholtz.

    Cours d'eau

    L'Ill à la sortie du hameau de Ehnwihr, commune de Muttersholtz.
    • Alte Ill ou vieux cours de l'Ill à la frontière occidentale de la commune ;
    • autres ruisseaux ou fossés autrefois importants : le Hanfgraben, le Kesselergraben, le Hoehllachgraben, le Fossgraben, le Hambach, le Schiffgraben autrefois remontant jusqu'à Baldenheim...

    Le régime pluvial, plus ou moins variable, de la rivière Ill, l'autorise parfois à des crues violentes entre novembre et mars. En , le débit atteint 280 m3/s en , dépassant 4,85 m à Colmar. Les hautes eaux apparaissent en saison froide, surtout janvier et février, les basses eaux essentiellement en saison chaude, malgré quelques démentis cinglants causés par les orages violents.

    Urbanisme

    Typologie

    Muttersholtz est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[3],[4],[5]. Elle appartient à l'unité urbaine de Muttersholtz, une unité urbaine monocommunale[6] de 2 013 habitants en 2017, constituant une ville isolée[7],[8].

    Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Sélestat, dont elle est une commune de la couronne[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 37 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[9],[10].

    Occupation des sols

    Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

    L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (81,8 % en 2018), néanmoins en diminution par rapport à 1990 (83,8 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (34,9 %), prairies (34,7 %), zones agricoles hétérogènes (12,2 %), zones urbanisées (10,7 %), forêts (7,6 %)[11].

    L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[12].

    Histoire

    Origine et histoire du paysage

    Muttersholtz était un village agro-pastoral du Ried, autrefois perdu au milieu des eaux et des canaux aménagés. Les sols bruns de la basse terrasse à l'est de la commune semblent avoir porté des cultures plus ou moins temporaires, alors que les sols gris du Ried inondable apparaissent comme un réservoir de prairies plus ou moins boisées ou de pâturages ombrées, au temps lointains de l'élevage semi-nomade[13]. Les communautés paysannes quasi-permanentes, justifiées par l'installation des bans mérovingiens, rationalisent la gestion de l'espace. Au début de l'été, le ried irrigué ou humide devient une vaste zone d'affouragement, alors que la pâture d'automne permet l'accueil provisoire des troupeaux revenus des chaumes parfois lointaines. Les zones de terrasses, dont les droits domaniaux des maîtres du pouvoir sont cédées moyennant dîmes et redevances, sont loties en parcelles de culture ou de jardinage cadastrées.

    L'isolement des habitants lorsque les eaux étaient hautes est tel que le vocable d'Ried, littéralement les "Riedois" en français, avec une nette connotation péjorative de ce surnom (équivalent de "ceux qui sont au milieu des eaux, des marais"), s'applique encore parfois aux habitants de Mutterholtz et environs. Il est probable que les habitants de ce milieu n'étaient pas tous des résidents permanents, un grand nombre ayant la profession de marcaires ou de bateliers qui participaient une partie de l'année à de longues itinérances qui avec leurs troupeaux qui avec leurs bateaux chargés de diverses cargaisons. L'économie pastorale (trans)communautaire, fondée en partie sur les droits communaux, a lentement décliné à partir du XIIIe siècle jusqu'au XVIIe siècle et sporadiquement avant la fin de l'ancien régime.

    La carte de Cassini au XVIIIe siècle représente Mütterholz en deux zones nettes, le village et sa frange orientale sur sa terrasse, marqué par un espace ouvert de champs sans végétation majeure et sans aucun obstacle remarquable, et la partie occidentale verdoyante, couverte de végétations variées (bosquets, prés humides) et de cours d'eau divagants, remplis d'obstacles concrets pour la vue au loin et la marche militaire.

    Ce paysage au centre du Grand Ried, à la pointe occidentale du triangle Hilsenheim, Wittisheim et Sundhouse, a changé radicalement au cours du XIXe siècle par la régulation systématique des rivières corrélés à l'endiguement rhénan. Le canal de décharge de l'Ill près d'Erstein a rendu les rieds moins inondables régulièrement. Par l'effet du Grand Canal d'Alsace qui a permis l'extension de l'irrigation des ackerslands, il était inévitable que les eaux d'origine phréatique, envahissant périodiquement le grand réservoir alluvionnaire du Ried, alimentées à la fois par le Rhin et l'Ill, ainsi que leurs multitudes d'affluents locaux modestes, soient amoindries. La baisse de la nappe inévitable a changé l'aspect singulier du pays, que l'amateur retrouve parfois dans la poésie d'atmosphère d'un Jean-Paul de Dadelsen, nostalgique de son séjour de jeune écolier dans un cadre rural entre 1920 et 1923, lorsque son père y avait la charge de pasteur de la communauté de ce village protestant.

    La commune de Muttersholtz est connue pour avoir l'un des derniers bateliers du Ried qui fabrique lui-même ses barques.

    Mythe des origines, période antique

    Muttersholtz se serait élevée, selon les historiens étymologistes du XIXe siècle, sur un bois consacré à une déesse (Bois de la mère ou Mutterholtz). Les ruines trouvées au canton de Dachsenrain semblaient rappeler un temple ou un monument à forme arrondie et reposant sur des fondements en brique. Selon la légende, Auguste César aurait rendu hommage à cette divinité du lieu, car la partie de la forêt où se trouvaient les débris de ces constructions a conservé en allemand la dénomination de Kaysersgarten ou jardin de l'empereur[14].

    Il s'agit d'une belle historiette et d'un étymologie fantaisiste, puisque la forme ancienne du toponyme - ici inchangée et arbitrairement moderne - n'est pas connue, mais il est hautement plus probable que le terme corresponde à l'aménagement hydraulique gaulois ou gallo-romain, soit peut-être une levée de mère-roye ou rigole maîtresse.

    La commune est bien limitée à l'est par la mythique "Heidenstraessel", voie probablement gauloise puis gallo-romaine, qui permet d'observer encore de nombreux sites de repos et temples antiques.

    Histoire médiévale

    La première mention du village apparaît sur une charte archivée remontant apparemment d'après les signes à l'empereur Louis le Pieux. Mais il s'agit assurément d'une charte falsifiée, probablement écrite et adaptée par les religieux d'Ebersmunster qui possèdent le ban et ce village prospère à la fin du Xe siècle. Son texte est probablement une copie d'une donation assez vraisemblable, celle du légendaire duc d'Alsace Etichon ou Attic, au VIIe siècle, lors de la fondation de l'abbaye gestionnaire d'Ebersmunster, mais qui a été proscrite et n'a jamais été appliqué et reconnue sous le règne de Pépin et des Carolingiens, irascibles spoliateurs des intérêts étichonides. Les possessions attribuées par ce texte, semble-t-il approuvé par les Othonides plus tolérants, concernent la cour domaniale de Muttersholz et l'ensemble des propriétés des Nieder-Rathsamhausen.

    Au XIIe siècle, l'abbaye d'Ebersmunster, seigneur temporel et spirituel, dispose toujours de l'église et d'une cour colongère. Le village passe au XIIe siècle aux seigneurs de Lichtenberg, qui possèdent aussi Ehnwihr et Ratsamhausen. En 1367, le seigneur de Lichtenberg le donne en fief aux nobles de Rathsamhausen-Ehnwihr, qui appuieront leurs prétentions à une vieille noblesse d'Empire sur ce fief jusqu'à la Révolution. La branche des Rathsamhausen dispose de deux châteaux, l'un à Ehnwihr (Ratsammhausen zum Ehnwihr) sur un îlot entre Blind et Ill, et l'autre à Rathsamhausen-le-Bas (Rathsamhausen zum Stein), ce qui témoignent de la puissance et de l'ancrage locale de cette famille noble, mais aussi de l'importance de la batellerie locale et des nombreux trafics à surveiller ou à taxer sur l'Ill. Ces deux hameaux font aujourd'hui partie de Muttersholtz.

    La paroisse appartient au chapitre de Rhinau au début du XVIe siècle. Il passe à la Réforme en 1576. Il s'agit d'une paroisse intégralement protestante, même si le catholicisme revient sous la pression de l'autorité monarchique française en 1687, par volonté prudente d'un simultaneum. Ce partage de l'église locale entre une communauté protestante majoritaire et une communauté catholique réduite est attestée jusqu'en 1892. L'église devient protestante, faute de catholiques partis s'assembler vers une autre chapelle-sanctuaire du bourg prospère.

    La guerre de Trente Ans apportant son lot de malheurs et de souffrance avait saigné complètement le bourg et fait disparaître, selon la légende, la plupart de ses habitants. Mais les habitants des zones dévastées partent puis reviennent, depuis la nuit des temps paysans. Ce qui n'est pas le cas du château emblématique de Ehnwihr ou "Ratsammhausen zum Ehnwihr", détruit par la garnison de Sélestat le puis incendié de fond en comble par les Suédois le de la même année.

    La paix retrouvée, avec le traité de Nimègue en 1678, rattache le village à la France. Les communautés paysannes de la plaine sortent avec une perte de population estimée au tiers, une fois pris en compte les retours parfois différés dans le temps, mais beaucoup de gens revenus repartent des hameaux désertés. Le déclin est dramatique pour la rente foncière. Pour accroître les revenus des princes ou des seigneuries temporelles, le royaume de France souverain permet l'appel à des populations extérieures, germaniques, suisses, italiennes, autrichiennes pour repeupler quelques lieux désertés par les anciens habitants, partis ou morts à la suite de pestes, de famines pendant ou après les guerres successives.

    Au XVIIe siècle, l'économie pastorale de transhumance commence à s'efface définitivement, pour laisser la place à l'essor de la batellerie sur l'Ill et le Rhin.

    À partir du début du XIXe siècle, la commune connaît un lent développement de son activité textile grâce aux fabricants de Sainte-Marie-aux-Mines qui développent tardivement dans le village la filature et le tissage. La population tisserande, essentiellement protestante mais marginale par rapport au monde agricole dominant, participe de l'essor du village, autant sur un plan artisanal ou industriel qu'agricole, au début de ce siècle. En 1825, un cinquième de la population s'adonne au tissage en chambre (Weberei in der Stube), en particulier du lin. La qualité du travail traditionnel à façon effectué attire les fabricants de Mulhouse et de Sainte-Marie-aux-Mines, qui apportent et imposent le travail du coton. L'activité textile d'appoint s'accroît. Mais le travail à domicile décline après 1873, passant de 30 % en 1885 à 13 % en 1936, même s'il est de plus en plus spécialisé. Il était inévitable qu'une usine moderne vienne capter le savoir-faire, par ailleurs dévalorisé, des derniers maîtres-tisserands en s'installant au village avant l'orée du XXe siècle. En 1907, une importante usine de tissage emploie la moitié de la population du village, ouvrière ou cadre, rejointe chaque jour ouvrable par une centaine de migrants journaliers des villages environnants.

    Au cours de la seconde partie du XIXe siècle, le passage de la voie ferrée et la construction d'une gare avait déjà fait émerger un petit centre régional entre 1860 et 1890. Le bourg compte un médecin, une pharmacie, un marché de grain et de bétail, une Caisse d'épargne, une Caisse d'avance publique (une des plus importantes d'Alsace moyenne au vu de la taille de la bâtisse). La Belle Époque allemande est véritablement une période prospère pour la vie locale, si on excepte l'activité textile et la petite agriculture autonomes.

    Mairie de Muttersholtz.

    Il existe aussi à cette époque un moulin à huile et à chanvre ainsi qu'un moulin à blé. En 1898, on y installe à l'endroit une usine hydroélectrique. Ce bourg au commerce important, accueille trois communautés religieuses, catholique minoritaire, protestante majoritaire et juive (ultra)minoritaire.

    Le déclin du textile durant l'Entre-deux-guerres confirme la baisse démographique initiée par l'exode rural. La dernière occupation nazie avant la Libération alliée de 1945 est une période noire, les déprédations suivies d'un pillage systématique laissent la modeste bourgade dans un état pitoyable et spectral. L'économie locale se tourne vers le piémont viticole exposé au sud. Mais l'agriculture locale régresse, le seuil des 10 % de la population active est rapidement franchi peu avant 1980, alors que la surface agricole utile perd 21 %. Les observateurs observent un recul des herbages de 1950 à 1979 avec un nombre d'exploitations chutant de 120 à 36 pour la même période. Muttersholz fait partie de la zone d'influence de Sélestat et d'Erstein, dès son adhésion au SIVOM de Sélestat.

    Muttersholz en partie reconstruite et réaménagée, à la population puissamment renouvelée autour des années 1950, prend un caractère nettement résidentiel. L'essor de la commune se fait vers l'est de plus en plus sec, trois lotissements importants se construisent entre 1960 et 1980, mais une zone de remblaiement vers l'occident est observable entre le hameau de Ehnwihr et Muttersholz. Dès le début des années 1980, environ 70 % de la population active travaille à l'extérieur de la commune, dans le secteur des services et surtout de l'industrie, en particulier 30 % sur Sélestat et 6 % vers l'Allemagne fédérale voisine. L'ancien dynamisme de la bourgade se remarque encore en 1983 par la présence d'une entreprise de charpente, près de l'église, comptant 56 salariés, et d'un modeste ensemble corrélé de quatre petites entreprises de plus de 10 salariés.

    La préservation de l'environnement du Ried alsacien, depuis plusieurs décennies en complet déclin, amène à la création en 1976 d'une "Maison de la Nature", dans le hameau d'Ehnwihr. Ce Centre d'Initiation à la Nature et l'Environnement, siège du centre permanent d'initiation à l'environnement ou CPIE, dépend de l'Université de Strasbourg et notamment des acteurs d'associations scientifiques liés au Musée d'histoire naturelle universitaire de Strasbourg[15]. Il s'agit d'apporter une expertise sur l'évolution des milieux naturels, ainsi que faire naître une prise de conscience de la sauvegarde de biotopes menacées auprès du grand public, tout en assurant un développement des initiatives à différents niveaux locaux et micro-régionaux[16]. C'est dans ce cadre qu'est envisagé depuis 2013 le jumelage de la commune avec celle des amérindiens Tekos de Guyane Française de Camopi.

    Démographie

    L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[17]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[18].

    En 2018, la commune comptait 2 075 habitants[Note 3], en augmentation de 4,64 % par rapport à 2013 (Bas-Rhin : +2,17 %, France hors Mayotte : +1,78 %).

    Évolution de la population  [modifier]
    1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
    1 3581 2831 4781 6521 9442 1192 1022 2612 359
    1856 1861 1866 1871 1875 1880 1885 1890 1895
    2 2782 2982 2402 1722 0312 0842 1022 1292 033
    1900 1905 1910 1921 1926 1931 1936 1946 1954
    1 9571 9391 8711 6861 6181 5031 4891 4181 359
    1962 1968 1975 1982 1990 1999 2005 2010 2015
    1 3831 4501 5591 6291 6511 7191 8701 9222 026
    2018 - - - - - - - -
    2 075--------
    De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
    (Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[19] puis Insee à partir de 2006[20].)
    Histogramme de l'évolution démographique

    L'apogée démographie du bourg moderne semble se placer vers 1850. Le recensement de 1851 compte 2 359 habitants. Le déclin démographique s'impose, activé par un exode rural qui s'accroît vers 1880. Les tisserands sont frappés cruellement par la misère pendant les crises textiles de la Belle Époque. Avec 1 957 habitants en 1900 puis 1 486 habitants en 1936, la commune abrite une population rurale vieillie, qui participera en grande partie à l'exode de 1940. L'essor de 1946 semble alors spectaculaire, la population bondit en une année de 45 % avec le retour des réfugiés, un dynamisme démographique se pérennise et avec l'apport conséquent de l'immigration dès 1962, la commune malgré les mutations agricoles désastreuses remonte sensiblement à 1 629 habitants en 1982.

    Héraldique

    Les armes de Muttersholtz se blasonnent ainsi :
    « De gueules au chêne arraché au naturel, à la houlette et à la gaffe d'argent, emmanchées d'or, passées en sautoir, brochant sur le fût de l'arbre. »[21].

    Politique et administration

    Liste des maires

    Liste des maires successifs
    Période Identité Étiquette Qualité
    Charles Sigwald    
    Paul Mathis    
    Robert Luick    
    Marie-Paule Debès-Sigwalt UDF Avocate
    François Basch UDF  
    En cours
    (au 31 mai 2020)
    Patrick Barbier[22] EÉLV[23],[24]
    Réélu pour le mandat 2020-2026
    Conseiller pédagogique
    Les données manquantes sont à compléter.

    Environnement

    La commune dispose d'une Maison de la nature, il s'agit de l'une des premières créées en France avec le concours du Fonds français pour la nature et l'environnement[25] (Journal L'Alsace, ). Ce laboratoire de terrain, né de l'initiative régionale et soutenue par une volonté ministérielle, dans le cadre de la "qualité de la vie" a été conçu en premier lieu par les acteurs scientifiques, écologistes et biologistes alsaciens comme un instrument de la sauvegarde paysagère et écologique, en utilisant notamment les indicateurs de l'avifaune corrélée à la petite faune globale des milieux humides qu'il fallait protéger de manière urgente, ici dans cette emblématique contrées riediennes. Il implique surtout une action éducative en matière d'environnement[26].
    Quelques prairies du Grand Ried déjà largement atteintes par une sévère anthropisation moderne, en dépotoir, en friche ou menacée par la maïsiculture intensive, ont pu être préservées notamment valorisées par un retour ou un plus rare maintien de la gestion agro-pastorale raisonnée, amenant à la préservation de la « tomme du Ried », un des anciens fromages locaux, en quelque sorte réinventé[25].
    Des opérations de gestion restauratoire de cours d'eau et de restauration d'une mini-centrale hydroélectrique[25]… et de corridor écologique (avec la LPO en Région Alsace, dans leur travail en faveur de la restauration d'une Trame verte et bleue) contribuent au maintien d'une certaine biodiversité et d'éléments écopaysagers de qualité[25]. En 2012, des premiers travaux de restauration de « micro-habitats » contribuant à la trame verte et bleue ont été mis en œuvre[27], déclinaison locale du réseau écologique paneuropéen, mais aussi contribution à un progrès vers le bon état écologique imposé par la directive cadre sur l'eau et encouragé par le SRCE.

    En 2015, la commune est lauréate de l'appel à initiatives Territoires à Énergie Positive pour la Croissance Verte (TEPCV). Le maire de Muttersholtz Patrick Barbier et la ministre de l'environnement Ségolène Royal ont dans ce cadre signés le une convention financière incluant une subvention de 500 000 € de la part du ministère de l’Environnement pour financer des actions d’efficacité énergétique et de sensibilisation à l'environnement. L’aide TEPCV permet par exemple de subventionner à hauteur de 275 000 € la construction du nouveau gymnase, initialement prévu bâtiment basse consommation (BBC) et qui sera un bâtiment à énergie positive (BEPOS) grâce à l'aide [28], et elle est nommée « Capitale française de la biodiversité » par l’UICN pour l’année 2017[29], car jugée par l'UICN « pionnière en matière d’éducation à la nature, elle conduit une politique de maîtrise foncière et de restauration de la trame verte et bleue sur son territoire rural, y compris par le maintien ou l’accueil d’activités économiques liées à la nature et au paysage (vergers et pressoir, génie écologique…) et l’écoconstruction ; sa Maison de la Nature en est une bonne illustration »[29] ; la commune a rendu ses zones humides et forêts urbaines et périurbaines inconstructibles, a interdit tout remblai en zone agricole et naturelle et a fait reculer de 6 mètres la constructibilité le long des cours d’eau (pour la conservation de la trame bleue) et des emplacements réservés aux continuités écologiques ont été protégés, notamment en zone céréalière[29].

    Lieux et monuments

    Église protestante

    L'église catholique Saint-Urbain est citée dès le XIIe siècle. Elle devint protestante en 1576 à la suite de la Réforme de la famille noble des Rathsamhausen propriétaire du village. Elle conserve encore aujourd'hui un clocher en partie gothique du XIIIe siècle et un chœur voûté à chevet polygonale reconstruit dans le style du XIVe siècle, mais beaucoup plus récent, terminé par une abside soutenue par de solides et puissants contreforts et montrant une baie axiale qui s'élargit à trois lancettes sous réseau, ce dernier ensemble étant bien du XIVe siècle et XVe siècle. Viennent s'ajouter à ces éléments romano-gothiques plus ou moins anciens, une nef baroque datant de 1733 lors de la reconstruction de l'église. Le simultaneum, instauré en 1687, prend fin en 1892, lorsque les paroissiens catholiques, toujours minoritaires dans la commune, bâtissent leur propre église.

    Église catholique Saint-Urbain

    En 1687, la paroisse de Muttersholtz adopte le simultaneum comme le prévoit d'ailleurs un décret de Louis XIV désirant favoriser la religion majoritaire dans son royaume de France. En 1892, avec l'édification d'une église catholique à Muttersholtz, la pratique du simultaneum prend fin.

    Ancienne synagogue

    Aujourd'hui, la synagogue en elle-même n'existe plus, mais le bâtiment a été transformé en salle de gymnastique où les élèves de primaire de l'école de Muttersholtz allaient pour les cours de gymnastique. Cette salle est aussi utilisée par la musique écho de Muttersholtz lors de ses représentations, par l'E.M.I.R pour ses auditions, par la troupe de comédiens (rire académie), etc.

    Maison du XVIIe siècle

    Sur la route d'Hilsenheim on peut apercevoir une maison du XVIe siècle avec un balcon en forme de colombage non rempli avec comme motif une chaise curule, qui témoigne que l'édifice appartenait à un notable. Le balcon est également orné d'un losange barré, symbole de la fécondité. Le bâtiment est coiffé d'un très long toit qui descend jusqu'au rez-de-chaussée.

    Stèle du « B-24 Liberator »

    Érigé[Note 4] à la mémoire de l'équipage du Consolidated B-24 Liberator no 42-52411 abattu le [30].

    Personnalités liées à la commune

    Bibliographie

    • Encyclopédie d'Alsace, édition PubliTotal, 1982, en particulier les entrées "Muttersholtz, Grand Ried..."
    • Dictionnaire statistique des communes du Haut-Rhin, Archives du Haut-Rhin, article Muttersholz
    • A. Niestöckel, Aus der Chronik von Muttersholtz, revue Elsassland, 1938
    • P. Hirtz, Registres paroissiaux protestants et état civil de Muttersholtz, 2016

    Voir aussi

    Notes et références

    Notes

    1. Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
    2. La notion d'aire d'attraction des villes a remplacé en octobre 2020 l'ancienne notion d'aire urbaine, pour permettre des comparaisons cohérentes avec les autres pays de l'Union européenne.
    3. Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2021, millésimée 2018, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2020, date de référence statistique : 1er janvier 2018.
    4. 48° 15′ 26″ N, 7° 31′ 56″ E .

    Références

    1. Ce tissu à carreaux autrefois commun dans les vallées rhénanes et mosellanes, sans doute bien avant la guerre de Trente Ans, avait la particularité d'être confectionné avec du fil de lin crème. Si le fil est blanc, ce textile appartient de la gamme des tissus écossais. Il peut apparaître plausible que cette tradition textile dépasse les temps modernes, où elle acquiert d'ailleurs sa dénomination, et même les temps médiévaux, pour retrouver sous des formes archaïques la tradition celtique des populations semi-nomades des Vosges et d'Alsace, des contrées rhénanes et mosellanes. Après une disparition artisanale de 1890 à 1970, cet art textile se perpétue aujourd'hui, en partie par une fragile diversification textile, peut-être due à la renaissance d'une forme de folklore.
    2. Ce site rappelle celui de Ebersmunster au nord et celui de Illhaeusern, plus au sud en Haute Alsace.
    3. « Typologie urbain / rural », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    4. « Commune rurale - définition », sur le site de l’Insee (consulté le ).
    5. « Comprendre la grille de densité », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
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    10. Marie-Pierre de Bellefon, Pascal Eusebio, Jocelyn Forest, Olivier Pégaz-Blanc et Raymond Warnod (Insee), « En France, neuf personnes sur dix vivent dans l’aire d’attraction d’une ville », sur insee.fr, (consulté le ).
    11. « CORINE Land Cover (CLC) - Répartition des superficies en 15 postes d'occupation des sols (métropole). », sur le site des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique. (consulté le )
    12. IGN, « Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aériennes anciennes. », sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ). Pour comparer l'évolution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne séparative verticale et la déplacer à droite ou à gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenêtres en haut à gauche de l'écran.
    13. Les vaches de race rustique conduites par les hommes sont très à l'aise dans ces milieux humides tempérés assez frais, s'ils ne sont pas trop froids (pièges de glace et d'eaux froides) ni trop chauds (marais pestilentiels).
    14. Boyer: Histoire de l'Alsace vol.1, p. 183 et Dorlan: Notices sur l'Alsace, 2e part.., p. 8.
    15. Il faut distinguer suivant les terminologies propres : ab initio, la gestion de cette maison de la nature a été confiée à l'Association Régionale pour l'initiation à l'Environnement et à la Nature en Alsace, abrégé par le sigle ARIENA. L'initiation à l'environnement représente dans la novlangue administrative de l'environnement français de l'époque la partie accueil du public, grand public et classes scolaires ; l'initiation à la nature prend en compte les problèmes de formation, la réalisation d'études et de stages. Il ne faut pas confondre ici les contributeurs financiers et donneurs d'ordre (état, collectivité régionale d'Alsace, éventuellement conseil général du Bas-Rhin), les animateurs et conseillers scientifiques (Université de Strasbourg, Muséum d'Histoire Naturelle et ses chercheurs spécialisés) et l'ARIENA, organisme associatif responsable directorial et acteur local ou micro-régional en pratique.
    16. L'agencement des mêmes acteurs se retrouve alors dans le Parc naturel des Vosges du Nord, pour les "Maisons paysannes d'Alsace", l'association des Pupilles de l'Enseignement public du Haut-Rhin, l'association "Les Jeunes pour la Nature" en Petite Camargue alsacienne. Pour plus de précision sur les objectifs et les réalisations, lire le paragraphe Environnement
    17. L'organisation du recensement, sur insee.fr.
    18. Calendrier départemental des recensements, sur insee.fr.
    19. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
    20. Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017 et 2018.
    21. Jean-Paul de Gassowski, « Blasonnement des communes du Bas-Rhin », sur http://www.labanquedublason2.com (consulté le ).
    22. [PDF] Liste des maires au 1er avril 2008 sur le site de la préfecture du Bas-Rhin.
    23. « EELVLes élu(e)s », sur lesverts-selestat.org (consulté le ).
    24. « Répertoire national des élus (RNE) - version du 24 juillet 2020 », sur le portail des données publiques de l'État (consulté le ).
    25. En route pour ouvrir des « corridors écologiques »
    26. Les multiples activités et démarches pédagogiques de ce centre d'initiation à la nature de l'Alsace, qui couvre en principe tous les biotopes des Vosges et d'Alsace, concernent en premier chef l'étude de la faune et de la flore, l'écologie, la géologie, la pédologie ou science de la terre, l'étude du paysage, l'économie rurale, l'architecture, l'archéologie et l'environnement urbain. Les outils d'animation se veulent autant de jalons explicites vers une étude globale des milieux et une valorisation des anciens "petits pays", porteur d'un "paysage" autrefois supposé typique. Il va de soi que le but initial très ambitieux, pour un seul organisme, n'a été qu'en partie atteint.
    27. L'Alsace, Nature La trame verte et bleue gagne du terrain en Alsace : À Muttersholtz, le vert et le bleu s'imbriquent plus , 17 oct 2012, article portant notamment sur l'intégration des « micro-habitats » qui forment cette trame verte et bleue.
    28. Convention particulière d'appui financier signée entre la commune de Muttersoltz et la ministre de l'environnement Ségolène Royal dans le cadre du programme TEPCV.
    29. Gomez E (2017) La commune de Muttersholtz, championne française de la Biodiversité ; Environnement magazine, publié le 30/10/2017
    30. « B-24 Liberator 42-52411 », sur le site Aérostèles (consulté le ).

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