Château

Un château est à l'origine une construction médiévale qui cumule plusieurs fonctions. Militaire, en assurant le contrôle d'un territoire ou une frontière. Symbolique et politique, en matérialisant l'emprise d'un homme ou d'un lignage sur un domaine. Public, lieu de réception, et lorsqu'il détient le droit de ban, de percevoir l'impôt et de rendre la justice et enfin d'habitation. C'est ainsi que l'on retrouve dans le château médiéval les trois composantes que sont : la camera (la chambre et plus largement les appartements seigneuriaux) ; l'aula (la grande salle, le lieu public de réception) et la capella (la chapelle, qui sacralise le pouvoir féodal, dans une époque ou la religion est indissociable de la vie de tous les jours).

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Les premiers châteaux furent construits en bois, souvent sur une élévation de terre, une motte dite « castrale » ou « féodale », on parle alors de châteaux de terres, bâtis en terre et en bois, remplacés par les châteaux de pierres, que l'on a coutume d’appeler châteaux forts[1].

À la Renaissance, les rois de France, bientôt imités par leurs vassaux, décidèrent de construire ou d'aménager leurs châteaux non plus pour la défense, mais pour leur agrément et leur confort.

Contrairement au palais urbain, le château a la particularité, très tôt, de désigner une résidence seigneuriale ou princière. Il peut aussi s'agir de l'élément de la défense d'une ville, résidence seigneuriale ou non, tel que pour le château de Montsoreau qui donnera ensuite son nom à la ville de Montsoreau. C'est aussi le cas du premier château du Louvre, qui devint le palais du Louvre lorsqu'il devint siège du pouvoir royal et fut intégré à la ville.

Définition

Le mot château est issu du latin castellum, diminutif de castrum.

Dans la langue classique, les deux termes désignent deux types d'édifices différents :

  • le castrum qui est généralement accolé à une localité fortifiée. Son pluriel castra fait référence aux grands camps accompagnant les conquêtes des légions romaines ;
  • le castellum qui est littéralement un petit castrum.

Aux XIe et XIIe siècles, dans les textes latin médiéval, cette distinction s'estompe, et les deux mots sont employés. C'est ce que nous appelons aujourd'hui les « châteaux forts ». Sachant que le château du Moyen Âge est, par essence et étymologie, forcément « fort »[2].

Europe

Genèse du château français

Le château (castel en occitan[3]) du Moyen Âge n'est pas le castellum romain ; ce serait plutôt la villa antique munie de défenses extérieures.

Jusque vers l'an mille[4] le château (castellum) est un lieu fortifié. Il peut aussi bien définir : un fortin à vocation purement militaire ; une petite ville entourée d'une enceinte ; le centre enclos d'un grand domaine rural ou encore d'un éperon rocheux servant d'abri à la population d'un village.

À partir du Xe siècle[4], le château désigne une demeure mise en défense et à la fin du Moyen Âge[4] une belle et grande demeure, témoignant d'un statut social élevé de celui qui le possède.

Lorsqu'au Xe siècle, les Normands furent définitivement établis sur une partie du territoire de la France, ils construisirent des demeures fortifiées, et ces résidences conservèrent un caractère particulier, à la fois politique et féodal. Le château normand, au commencement de la période féodale, se distingue du château français ou franc ; il se relie toujours à un système de défense territorial, tandis que le château français conserve longtemps son origine germanique ; c'est la demeure du chef de bande, isolée, défendant son propre domaine contre tous, et ne tenant nul compte de la défense générale du territoire. Pour nous faire comprendre en peu de mots, le seigneur franc n'a pas de patrie, il n'a qu'un domaine ; tandis que le seigneur normand cherche, à la fois, à défendre son domaine et le territoire conquis par sa nation. Cette distinction doit être faite tout d'abord, car elle a une influence, non seulement sur la position de certaines demeures féodales, mais sur le système de défense adopté. L'équivalent normand du château franc est le manoir.

L'âge des châteaux forts

Châteaux de la Renaissance

L'usage de fortifications pour les demeures seigneuriales s'est maintenu jusqu'au XVe siècle, voire plus tard. Mais avec le retour de la paix à la fin de la guerre de Cent Ans et les progrès de l'artillerie, la préoccupation n'est plus à la protection. Les rois de France construisent des châteaux dans le Val de Loire, et de nombreux aristocrates érigent des demeures ouvertes sur la campagne environnante. Un souci particulier est désormais accordé au confort. Il existe aujourd'hui plus de 300 châteaux de la Loire. Par la suite, avec le déplacement de la cour en Île-de-France, c'est dans cette région et dans la province historique de la Champagne que fut érigée la plupart des châteaux seigneuriaux. C'est ainsi que furent bâtis les châteaux d'Écouen, de Dampierre ou de Vaux-le-Vicomte.

Si la forteresse est associée à la souveraineté, le château est le symbole du pouvoir pour le prince et pour ses sujets. Machiavel et certains humanistes de la Renaissance l'associent à la tyrannie. Selon le philosophe florentin, seul un prince qui craint son peuple se réfugie derrière des murs. Leon Battista Alberti considère que les forteresses construites en marge de la ville sont les demeures des tyrans, haïes du peuple. Le bon prince ne craint pas ses sujets et installe son palais au centre de la ville[5].

Du château de la Renaissance à la résidence des champs

Au début du siècle des Lumières, quelques châteaux de la Renaissance poursuivent leurs transformations et embellissements afin de devenir la résidence des champs de grands seigneurs qui retrouvent en complément de la ville tout le charme de la campagne, tels les châteaux de Champs-sur-Marne, Condé, Réveillon et Voré.

Demeures royales

Les châteaux royaux diffèrent généralement des châteaux seigneuriaux par leur magnificence et leur taille. Ils étaient le plus souvent situés au centre de forêts giboyeuses, tel le château de Chambord ou celui de Fontainebleau.

Ces châteaux, bien qu'abritant le gouvernement royal et la cour, itinérante jusqu'à l'installation de Louis XIV à Versailles, n'étaient pas considérés comme siège du pouvoir. Situés à la campagne, ils ne portent pas le titre de palais. Il en est de même pour le château de Versailles. Ancien pavillon de chasse devenu centre de l'administration royale dès 1682, il ne fut jamais un palais, car situé en région rurale, et non à Paris, tandis que le palais du Louvre était considéré comme le siège du pouvoir à l'époque.

Quelques exemples de châteaux royaux européens

Moyen-Orient

Turquie

Asie du Nord - Europe

Asie

Amériques

Notes et références

  1. Stéphane William Gondoin, « Les châteaux forts au temps de Guillaume le Conquérant », Patrimoine normand, no 94, juillet-août-septembre 2015, p. 35-36 (ISSN 1271-6006).
  2. Gondroin, 2015, p. 35.
  3. « Castel », www.cnrtl.fr (consulté le 31 mai 2019).
  4. Jean-Pierre Panouillé, Les châteaux forts dans la France du Moyen âge, Rennes, Éd. "Ouest France", , 125 p. (ISBN 978-2-737-34424-4), p. 7
  5. Sophie Cassagnes-Brouquet, Bernard Doumerc, Les Condottières, Capitaines, princes et mécènes en Italie, XIIIe-XVIe siècle, Paris, Ellipses, , 551 p. (ISBN 978-2-7298-6345-6), De la cité idéale au studiolo (page 399)

Voir aussi

Bibliographie

  • Gérard Denizeau, Larousse des châteaux, Paris, Larousse, 2005.
  • Charles-Laurent Salch, Château symbolique. 1. Les modèles impériaux, Strasbourg, Castrum Europe, Châteaux forts d’Europe, (ISSN 1253-6008, lire en ligne)
  • Charles-Laurent Salch, Château symbolique. 1. Les modèles du royaume, Strasbourg, Castrum Europe, Châteaux forts d’Europe, (ISSN 1253-6008, lire en ligne)
    Éditions du Centre d'étude des châteaux forts, no 28.
  • Daniel Schweitz, Châteaux et forteresses du Moyen Âge en Val de Loire, Touraine, Anjou, Berry, Orléanais, Vendômois, marche bretonne, Tours, Éditions CLD, 2006, 192 p., nombreuses illustrations.

Articles connexes

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