Aspres

Les Aspres sont une petite région naturelle[1] du département français des Pyrénées-Orientales. La ville principale en est Thuir (Tuïr en catalan). Ce mot signifie « terres arides » par opposition à celui de Ribéral, qui signifie « terres fertiles » et qui désigne la petite région immédiatement au nord, autour de la basse vallée de la Têt.

Pour les articles homonymes, voir Aspres-lès-Corps, Aspres-sur-Buech et Les Aspres.

Les Aspres
els Aspres
Pays France
Région Occitanie
Département Pyrénées-Orientales
Villes principales Thuir, Llupia
Coordonnées 42° 34′ 42″ nord, 2° 41′ 55″ est
Production Vin, vergers
Communes 34
Population totale 21 789 hab. (année ?)
Régions naturelles
voisines
Vallespir
Conflent
Ribéral
Plaine du Roussillon
Albères


Localisation

Elles constituent les contreforts orientaux du massif du Canigou, de la chaîne des Pyrénées, et sont situées entre la plaine du Roussillon, la région naturelle du Vallespir (vallée du Tech) et celle du Conflent (vallée de la Têt).

Toponymie

Formes du nom

Le nom apparaît dans un document de 1020 pour désigner le vicomte de Vallespir Guillaume Ier de Castelnou, que l'on qualifie alors de vicomte des Aspres (vicecomite Asprensis). On en déduit que les termes de Vallespir et Aspres étaient jusqu'au XIe siècle synonymes et désignaient une même entité territoriale. Plus tard divisée en deux, chaque terme désigne une partie différente[2].

Étymologie

Le nom Aspres provient de l'adjectif latin asper-aspera signifiant âpre. Celui-ci a donné la forme aspra (devenu aspre en catalan), nom désignant une terre rocailleuse, en hauteur, sèche, stérile et difficile à cultiver, cela signifie donc les « terres arides » par opposition au Ribéral, les « terres fertiles ». Mis au pluriel, il a fini par désigner l'actuel territoire des Aspres[2].

Géographie

Comme elles sont situées à l'extrême-est de la chaîne des Pyrénées, l'altitude des Aspres varie entre environ 100 mètres et 1 200 mètres.

Circulation

Les Aspres du côté de Montbolo

La circulation dans le massif peut être pénible et longue, notamment à l'Ouest de Thuir : les routes sont pour la plupart étroites et très sinueuses, ce qui rend tout dépassement quasiment impossible. À titre d'exemple, il faut un peu plus d'une heure pour faire le trajet entre Bouleternère et Amélie-les-Bains-Palalda (soit environ 40 kilomètres). Certains trajets peuvent être faits en utilisant le bus à [3].

La région est parcourue par deux routes départementales : la RD 615 et la RD 618. La RD 615, à partir de Thuir, donne accès à la partie orientale des Aspres et traverse les villages de Fourques, Llauro (petite route vers Tordères), avant de redescendre sur Céret en passant à côté de l'Ermitage Saint-Ferréol. La RD 618, quant à elle, mène aux villages de Prunet-et-Belpuig et d'Amélie-les-Bains-Palalda (hameau fortifié de Palalda) en passant par Taulis et Saint-Marsal, qui se trouvent de part et d'autre d'une vallée : il est alors nécessaire de descendre puis de monter en lacets.

Géologie

Localisation des Aspres sur une carte géologique simplifiée des Pyrénées

L'unité des Aspres[4],[5] (une unité géologique) est essentiellement une région de roches précambriennes et paléozoïques, notamment les pélites (formations sédimentaires et volcano-sédimentaires métamorphiques)[6].

L'unité se situe à l'extrémité Est de la zone axiale de la chaîne des Pyrénées, en limite de la plaine côtière des Pyrénées-Orientales[7].

L'unité des Aspres

Les couches géolologiques de l'unité ont été beaucoup plissées et faillées, notamment pendant l'orogenèse hercynienne il y a plus de 300 millions d'années.

Castelnou château et Roc de Majorca (vue vers le nord-est). Tous les deux sont situés dans une zone de calcaire dévonien, bordée immédiatement au sud-ouest par la faille de Castelnou. Le point où cette photo a été prise est situé au sud-ouest de la faille, sur des roches (pélites) cambriens.

La structure est essentiellement synclinale, l'axe synclinal principal étant le long d'une ligne WNW-ESE qui est également suivie par la faille de Castelnou[8].

Au nord de cette faille apparaissent des affleurements isolés de roches calcaires dévoniennes (plus jeunes que la plupart des formations de l'unité), comme au Roc de Majorca, au village de Castelnou, à Saint-Martin (au-dessus de Camélas), et à Montou, au-dessus du village de Corbère-les-Cabanes.

Le flanc Sud de ce synclinal présente une inflexion synclinale de deuxième ordre où sont conservés d'autres massifs calcaires du Dévonien, au centre du massif, tel que Mont Helena et Montner[9],[8].

"Les Pyrénées sont une chaîne alpine résultant de la collision au Crétacé supérieur - Paléogène de la plaque ibérique avec l’Europe"[10]. Pendant cette période de formation de la chaîne montagneuse (il y a plus de 50 millions d'années), l'unité des Aspres a convergé avec l'unité hercynienne du Canigou, et elle a chevauché cette dernière le long de la ligne du chevauchement des Aspres. Avant cette période, l'unité des Aspres pouvait se trouver à 20 km ou plus au nord de l'unité du Canigou[11].

Vue du mont Helena depuis l'est.

L'unité des Aspres aujourd'hui est définie par la zone au nord-est du chevauchement des Apres qui est sous-tendue par les roches de ce bloc hercynien. Des couches plus jeunes du Néogène et du Quaternaire se trouvent au nord et au nord-est de l'unité (dans la vallée de la Têt); à l'est (dans le bassin du Roussillon); et au sud-est (dans la vallée du Tech, aux environs de Céret).

L'unité s'étend plus loin au nord-ouest, au nord et au sud que la région naturelle des Aspres telle que définie dans cet article (par exemple, jusqu'aux villages d'Estoher, de Bouleternère et de Reynes respectivement). Mais elle s'étend moins loin à l'est (par exemple, elle ne s'étend pas jusqu'à la ville de Thuir ni jusqu'à la commune de Passa).

Relief

Carte topographique des Aspres

Bien que les affleurements précambriennes et paléozoïques de cette zone soient sensibles à l'altération physique et chimique, et donc à l'érosion par le l'instabilité gravitaire et la dynamique fluviale, ils sont constitués de roche solide et ne s'érodent donc généralement pas rapidement. Par conséquent, la région s'agit d'une zone vallonnée, souvent escarpée, qui s'élèvent au-dessus des terres de basse altitude dans les vallées majeures au nord et au sud, et dans la plaine à l'est.

D'une altitude de plus de 1000m dans la partie centrale de la marge occidentale des Aspres (1350m à Santa Anna dels Quatre Termes[12]), le terrain décline en hauteur vers les marges nord, nord-est, est et sud-est de la région, où l'altitude est généralement d'environ 100-200m (Corbère-les-Cabanes 150m, Thuir 100m, Vivès 150m... ).

Santa Anna dels Quatre Termes versant sud.

Les affleurements calcaires du Dévonien dans les Aspres ont tendance à former des collines et des plateaux isolés qui s'élèvent au-dessus du pays environnant (Saint-Martin (520m) au-dessus de Camélas (330m); Mont Helena (775m) au-dessus de Prunet (620m)... ).

La chapelle Saint-Martin-de-la-Roche, Camélas.

En général, le réseau de vallées est assez dense, ce qui témoigne de la nature imperméable de la plupart des couches géologiques qui sous-tendent la région (c'est-à-dire les schistes, etc des couches précambriennes, cambriennes et ordoviciennes)[13].

Bien que les lits des ruisseaux et rivières des Aspres soient souvent secs, ces cours d'eau ont de temps en temps un fort débit, surtout après des périodes de fortes pluies. Cela leur confère un pouvoir d'érosion considérable. En conséquence, les vallées sont assez profondément incisées dans le terrain sur certaines parties de la région. Par exemple, le Correc de Roca Corba, une des eaux d'amont de la Canterrane[14], tombe d'une altitude de 550 m en dessous de l'église de Fontcouverte à 350m en un peu plus d'un kilomètre.

On distingue quatre grands groupes de bassins de vallées dans la région :

- le grand bassin du Boulès et de ses affluents, dans la partie occidentale des Aspres. Le Boulès lui-même s'étend du sud au nord (jusqu'à Bouleternère) sur presque toute la longueur de la marge occidentale de la région;

- les bassins de l'Ample et d'autres cours d'eau, assez courts, qui s'écoulent vers le sud-est depuis les hauteurs de Prunet-et-Belpuig, Oms et Llauro vers la vallée du Tech;

- les bassins des cours d'eau orientaux - notamment la Canterrane et ses affluents - qui prennent leurs sources sur les hauteurs de Caixas, Calmeilles et Montauriol et qui se jettent dans la plaine du Roussillon; et

- des bassins plus petits dans la partie nord de la région, qui s'écoulent vers la vallée de la Têt (la rivière de Castelnou, etc).

Globalement, le relief des Aspres contraste avec celui des régions qui l'entourent : la zone de montagne du massif du Canigou à l'ouest (qui s'élève au-dessus de 2500m altitude), et les terres de basse altitude dans la vallée de la Têt au nord, la vallée du Tech au sud, et la plaine du Roussillon à l'est. Le changement de relief est assez net sur toutes les marges des Aspres, mais il est particulièrement frappant le long de la marge nord de la région. Ici, les collines et les vallées des Aspres, immédiatement au sud de la route D615 entre Corbères-les-Cabanes et Bouleternère, cèdent soudainement la place aux étendues plates de la vallée de la Têt au nord de cette route.

Flore et faune

Il s'agit d'une région très boisée, couverte de maquis et de chênes-lièges.

Climat

Les Aspres du côté de Taulis

Les étés y sont très secs et les hivers doux.

La région des Aspres est partagée entre une zone méditerranéenne et une autre montagnarde :

  • Thuir et environs : la température y monte à 30 °C en été et reste assez douce hiver ;
  • Valmanya : les températures sont celles de la moyenne montagne avec des étés à 25 °C maximum et des hivers avec neige et gel.

Histoire

La région est rattachée au royaume de France en 1659 par le traité des Pyrénées, qui fait basculer le Roussillon sous influence française.

La région a subi un très gros incendie autour du 28 juillet 1976.[réf. nécessaire]

Mont Helena depuis les hauteurs de Montauriol, au cœur des Aspres.

Population

La population des Aspres est inégalement répartie car la région de Thuir compte à elle seule les trois quarts de la population. Le reste de l'habitat est de type rural.

Culture locale et patrimoine

Monuments et lieux touristiques

Les villages des Aspres ont un cachet qui leur est propre, les sites les plus pittoresques sont situés dans le massif proprement dit, à l'Ouest de la plaine littorale. De nombreux villages, dont l'origine remonte à l'époque médiévale, ont encore des maisons anciennes et des églises d'art roman à retables baroques.

Parmi les sites remarquables, on peut citer :

Musées

Patrimoine naturel

On peut citer les sites naturels intéressants suivants :

  • les gorges du Boulès que l'on emprunte par la route départementale 618 entre Bouleternère et Amélie-les-Bains-Palalda. Le relief y est très encaissé, avec profusion de végétation méditerranéenne ;
  • par la route départementale 618, on parvient au col de Xatard, de là on peut se diriger plein Ouest jusqu'au cœur des Aspres et au pied du massif du Canigou. Cette route passe par les villages de La Bastide, Valmanya, puis, en obliquant vers le Nord, par Baillestavy et les gorges de la Lentillà qui mènent aux communes de Finestret et à Vinça ;
  • les nombreux points de vue sur la vallée du Tech, soit depuis la RD618, soit depuis une petite route à la sortie de Montbolo ;
  • la route de Calmeilles et d'Oms qui redescend sur Llauro et Céret permet de découvrir le versant oriental des Aspres par un itinéraire pittoresque.

Notes et références

  1. Liste des communes de la région naturelle telle que définie ci-contre (23) : Boule-d'Amont, Caixas, Calmeilles, Camélas, Casefabre, Castelnou, Fourques, La Bastide, Llauro, Llupia, Montauriol, Oms, Passa, Prunet-et-Belpuig, Sainte-Colombe-de-la-Commanderie, Saint-Marsal, Taillet, Taulis, Terrats, Thuir, Tordères, Tressere, Vivès.
  2. Lluís Basseda, Toponymie historique de Catalunya Nord, t. 1, Prades, Revista Terra Nostra, , 796 p.
  3. http://www.cg66.fr/routes_transports/transports/actualite.html
  4. B. Colas, A. Roullé, M. Terrier, E. Le Goff avec la collaboration de S. Auclair, E. Vanoudheusden (2013). Macrozonage sismique des Pyrénées-Orientales. Rapport final. BRGM/RP-62994-FR, Annexes, Annexe 2 pages 51 (Faille de Castelnou). Consulté le 14 août 2021.
  5. B. Laumonier. Les Pyrénées alpines sud-orientales (France, Espagne) – essai de synthèse. Revue de Géologie pyrénéenne, vol. 2, no 1, 2015. www.geologie-des-pyrenees (pdf), consulté le 21 août 2021.
  6. Carte géologique harmonisée du département des Pyrénées-Orientales, Notice technique, Rapport final, BRGM/RP-57032-FR, Mars 2009. infoterre.brgm.fr (pdf), consulté le 21 août 2021.
  7. « Carte géologique » sur Géoportail. Avec notice explicative de la feuille Céret (1096) à 1/50 000, BRGM Éditions, Orléans, 2015, ficheinfoterre.brgm.fr, consulté le 13 août 2021.
  8. B. Colas et al. (2013), Annexe 2, pages 51-52.
  9. Notice explicative de la feuille Céret (1096) à 1/50 000, page 88, consulté le 13 août 2021.
  10. B. Laumonier (2015), page 3.
  11. B. Laumonier (2015), Fig. 18, page 36.
  12. Santa Anna est le point le plus élevé de l'unité des Aspres (voir Géologie), mais dans la région naturelle telle que définie ci-dessus, c'est le puig de l'Estelle (1780m) qui est le point le plus élevé, étant dans le coin sud-ouest de la commune de la Bastide. Cependant, en termes géologiques, le puig de l'Estelle est dans l'unité du Canigou (voir B. Laumonier (2015) Figs. 4, 5, 6).
  13. « La densité du drainage ... est toujours plus forte dans les régions de roches imperméables. », www.universalis.fr, consulté le 22 août 2021.
  14. Le ruisseau de la Cantarana, id.eaufrance.fr, consulté le 22 août 2021.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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