Parti libéral du Québec

Le Parti libéral du Québec (PLQ) est un parti politique québécois œuvrant sur la scène provinciale. Il est le plus ancien parti politique de la province, présent depuis 1867. Le pouvoir lui est revenu dans une alternance qui l'opposa successivement au Parti conservateur du Québec, à l'Union nationale, au Parti québécois puis à la Coalition avenir Québec. Le Parti libéral est un parti fédéraliste, c'est-à-dire qu'il appuie l'idée du maintien du Québec comme province du Canada : il s'opposera à l'indépendance du Québec lors des référendums de 1980 et de 1995 et appuiera la réforme de la constitution canadienne lors du référendum de 1992. La minorité anglophone québécoise ainsi que les immigrants constituent généralement la base électorale du PLQ.

Parti libéral du Québec

Logotype officiel.
Présentation
Fondation
Siège 254, rue Queen
Montréal (QC) H3C 2N8
Cheffe Dominique Anglade
Présidente Linda Caron
Positionnement Centre[1],[2] à droite[3]
Idéologie Libéralisme[4],[5]
Fédéralisme[6]
Progressisme [7]
Défense des intérêts des non-francophones [8],[9]
Adhérents 20 000 (janvier 2020)[10]
Couleurs Rouge
Site web www.plq.org
Présidents de groupe
Leader parlementaire André Fortin
Whip Filomena Rotiroti
Présidente du caucus Hélène David
Représentation
Députés
28  /  125

Le Parti libéral du Québec se réclame de huit « grandes valeurs libérales », à savoir la liberté individuelle, le développement économique, l'identification au Québec, la justice sociale, le respect de la société civile, la démocratie, l'appartenance du Québec à la fédération canadienne et l'équité intergénérationnelle[11]. Au fil de l'histoire, le positionnement idéologique du Parti libéral a relativement évolué. Durant les premières décennies de la fédération canadienne, le Parti libéral tente de s'inscrire dans la lignée des whigs et des libéraux britanniques et de se défaire d'une image radicale et anticléricale héritée de son ancêtre, le Parti rouge[12],[13]. Le gouvernement de Honoré Mercier est l'occasion d'une affirmation autonomiste face au gouvernement fédéral et d'une éphémère alliance avec des députés conservateurs sous les traits du Parti national. Alors que le Parti libéral règne sur le Québec sans interruption entre 1897 et 1936, il défend « un programme libéral classique axé sur le développement économique[14] ». À la suite de l'élection d'Adélard Godbout en 1939, les libéraux ont privilégié des orientations plutôt interventionnistes et keynésiennes[15], surtout sous les gouvernements de Jean Lesage[2] entre 1960 et 1966 et de Robert Bourassa[14] entre 1970 et 1976.

Le retour de Bourassa au pouvoir en 1985 et l'arrivée de Jean Charest à la direction du parti en 1998 confirmèrent ensuite un retour au centre-droit, prônant un assainissement des finances de l'État et le développement économique[14],[15]. Économiquement, le Parti libéral se trouve toujours à la droite du Parti québécois depuis la fondation de ce parti[16], bien qu'il adhère à l'interculturalisme et au progressisme sur le plan social[17]. Les gouvernements Lesage et Bourassa, s'ils n'entendirent jamais favoriser l'indépendance du Québec, présentèrent d'importantes revendications nationalistes et autonomistes, culminant avec l'échec de l'accord du lac Meech en 1990 et de l'accord de Charlottetown en 1992. Les récents gouvernements Charest et Couillard n'ont toutefois pas pris autant à cœur la question nationale, ayant largement respecté le statu quo découlant du rapatriement unilatéral de la constitution en 1982 et le gouvernement Couillard ayant eu une position relativement au nationalisme considérée par plusieurs observateurs comme étant proche de l'idéologie multiculturaliste[18]. Pour ces raisons, le Parti Libéral du Québec est parfois jugé comme un parti centré sur les intérêts des non-francophones. [8],[9] Le Parti libéral du Québec n'est plus affilié au Parti libéral du Canada depuis 1955.

Histoire

Origines et débuts

Le Parti libéral prend ses origines dans le Parti patriote qui appuyait la Rébellion des Patriotes de 1837-1838, et dans le Parti rouge qui militait pour le gouvernement responsable et contre l'autorité de l'Église catholique dans la colonie britannique du Bas-Canada.

Après l'indépendance du Dominion du Canada en 1867, les libéraux sont en opposition aux conservateurs pour près de 20 ans, à l'exception d'une période de 18 mois en 1878-1879 quand il y a un gouvernement minoritaire libéral. Toutefois, la situation change en 1885 lorsque le gouvernement conservateur fédéral exécute Louis Riel, le chef des Métis francophone dans l'Ouest canadien. Cette décision est extrêmement impopulaire au Québec. Honoré Mercier profite de cette vague de mécontentement pour décrocher le pouvoir en 1887, mais il succombe à un scandale en 1891. Il est subséquemment acquitté des accusations, mais les conservateurs conservent néanmoins le pouvoir jusqu'en 1897.

Domination

Les libéraux, avec à leur tête le progressiste Félix-Gabriel Marchand, remportent l'élection de 1897, et se maintiennent au pouvoir sans interruption pendant les 39 années suivantes; les conservateurs ne sont jamais revenus au pouvoir au Québec. Cette situation reflète celle à Ottawa, où l'arrivée de Wilfrid Laurier à la tête du pays dans l'élection de 1896 marque le début de la longue domination des libéraux sur la scène fédérale. Comme premiers ministres importants de cette période, mentionnons Lomer Gouin et Louis-Alexandre Taschereau.

Toutefois, en 1935, les conservateurs ont un nouveau chef ambitieux : Maurice Duplessis. Duplessis fusionne son parti avec des ex-libéraux dissidents qui avaient formé l'Action libérale nationale. Duplessis mène le nouveau parti, l'Union nationale, au pouvoir en 1936. Les libéraux reprennent le pouvoir dans l'élection de 1939, mais sont de nouveau battus lors de l'élection de 1944. Ils demeureront dans l'opposition jusqu'à la mort de Duplessis, soit pendant 16 ans.

De la Révolution tranquille aux référendums

Jean Lesage a été chef du Parti libéral du Québec et Premier ministre du Québec dans les années 1960.

Sous Jean Lesage, le parti remporte une élection historique en 1960, mettant un terme à un règne sans interruption de seize ans de l'Union nationale. C'est le début de la Révolution tranquille, qui modifie en profondeur la société québécoise. Sous le slogan Maîtres chez nous, le gouvernement du Québec entreprend plusieurs initiatives majeures, dont :

  • la nationalisation de l'industrie hydro-électrique à travers l'expansion de Hydro-Québec — cette initiative majeure du gouvernement est menée par le ministre des Ressources naturelles, René Lévesque ;
  • la création de la régie des rentes du Québec, distinct du Régime de pensions du Canada qui existe dans toutes les autres provinces ;
  • la création d'un ministère de l'Éducation, enlevant la responsabilité des écoles à l'Église catholique ;
  • des pressions sur le gouvernement fédéral pour qu'il renégocie les relations fédérales-provinciales.

Après avoir conservé le pouvoir en 1962, le Parti libéral retourne sur les bancs de l'opposition en 1966, quand l'Union nationale dirigée par Daniel Johnson gagne cette élection.

Sous Jean Lesage, les libéraux donnent naissance à une aile nationaliste. Vers la fin de la décennie 1960, certains libéraux, incluant le ministre René Lévesque, quittent le parti pour se joindre au mouvement souverainiste du Québec et participent à la fondation du Parti québécois, dirigé par Lévesque.

Les relations entre le Parti libéral du Québec et son homologue fédéral, le Parti libéral du Canada, s'enveniment sous Lesage, et davantage sous Robert Bourassa. Déjà, en 1955 le PLQ mettait fin à son affiliation au PLC, et à plusieurs moments depuis, les relations entre les deux partis ont été extrêmement tendues. Comme premier ministre, Bourassa fait adopter la Loi 22 qui fait du français la langue officielle au Québec, et fait pression sur le premier ministre fédéral Pierre Elliott Trudeau pour obtenir des concessions constitutionnelles. Son gouvernement est également embarrassé par plusieurs scandales. Bourassa renonce à la direction du parti après sa défaite aux mains du Parti québécois de René Lévesque dans l'élection de 1976. Bourassa est remplacé à la tête du Parti libéral par Claude Ryan, l'ancien éditeur du quotidien montréalais Le Devoir. Ryan mène à bien la campagne fédéraliste durant le référendum de 1980 sur la souveraineté-association, mais perd ensuite l'élection de 1981 aux mains du PQ. Il démissionne de son poste de chef du Parti libéral, pavant la voie au retour de Robert Bourassa qui fut élu au Colisée de Québec en .

Robert Bourassa, Premier ministre libéral, négociera le statut de la province de Québec avec le Canada.
Le Parti libéral du Québec a fait campagne pour le non au référendum de 1995.

Réélu à la tête du Québec lors des élections de décembre 1985, Bourassa réussit à convaincre le gouvernement fédéral progressiste-conservateur de Brian Mulroney de reconnaître le Québec comme une société distincte et cherche à obtenir plus de pouvoirs pour le Québec et les autres provinces. Ceci a pour résultat l'accord du lac Meech et l'accord de Charlottetown. Ces deux propositions ne sont toutefois pas ratifiées. Bien que nationaliste, Bourassa est toujours demeuré opposé à l'indépendance du Québec. Réélu en 1989, Bourassa cède les rênes du Parti libéral et du gouvernement en 1993 : Daniel Johnson lui succède alors comme chef libéral et premier ministre du Québec mais il ne demeure en poste que quelques mois : le gouvernement libéral est défait par le Parti québécois de Jacques Parizeau aux élections de 1994. En 1990, après l'échec de l'accord du lac Meech et dans la foulée du rejet par le gouvernement Bourassa du rapport Allaire, plusieurs membres nationalistes du Parti libéral, menés par Jean Allaire et Mario Dumont, et incluant plusieurs de l'aile jeunesse du parti, quittent le PLQ pour former l'Action démocratique du Québec. Tout comme en 1980, le PLQ fait campagne pour le NON durant le référendum de 1995 sur la souveraineté, qu'il remporte in extremis.

Ère Charest

C'est avec Jean Charest que le Parti libéral du Québec revient au pouvoir en 2003.

Aux élections du , les libéraux sont à nouveau portés au pouvoir et forment le gouvernement du Québec sous la direction du premier ministre Jean Charest. À mi-mandat, les sondages indiquent que le gouvernement de Jean Charest fait face aux plus hauts taux d'insatisfaction jamais enregistrés pour un gouvernement au Québec.

Des propositions fortement controversées de réforme de l'éducation, des politiques syndicales et sociales, une maladresse continuelle dans la communication des politiques et décisions du gouvernement, ainsi que d'autres facteurs donnent pendant longtemps au Parti québécois l'espoir de remporter les prochaines élections du . Cependant, la chute dans les sondages de ce dernier (14 points de novembre 2005 à juin 2006), entre autres due l'apparition du parti Québec solidaire, replace pour la première fois depuis longtemps le Parti libéral du Québec en première position dans les intentions de vote. Cette glissade du PQ peut être aussi attribuée au leadership maintes fois contesté d'André Boisclair. Lors de l'élection générale de 2007, le PLQ devient néanmoins minoritaire, l'Action démocratique du Québec fait une percée historique et le Parti québécois est relégué au troisième rang en termes d'appuis populaires.

De son élection en aux élections de 2007, le gouvernement libéral a fait face à de nombreuses critiques de la part des centrales syndicales, telles la FTQ ou la CSN, des organismes de défense des droits sociaux ainsi que du mouvement étudiant québécois. La « réingénierie » de l'État, telle qu'annoncée par le Premier ministre Jean Charest serait, selon eux, la première étape vers la réduction du rôle et de la taille de l'État. Ils dénoncent fortement la remise en cause du modèle québécois développé au cours des années 1960. Mais c'est la loi 31 sur le code du travail, qui autorisait, entre autres, la sous-traitance dans les institutions publiques, qui causa le plus grand émoi dans le milieu syndical.

Les nombreux reculs du gouvernement fragilisèrent son pouvoir et firent en sorte que les libéraux se retrouvent minoritaires après les élections de 2007, un évènement rare au Québec. À la suite de la réélection des libéraux à la tête d'un gouvernement minoritaire, le taux de popularité du gouvernement, paradoxalement, ne cesse d'augmenter pour atteindre un taux de satisfaction de 61 % en . À la suite de l'électrochoc subi par le PLQ, Jean Charest a décidé de remanier entièrement le mode d'action du gouvernement. Le conseil des ministres est passé à seulement 18 ministres et est devenu le premier à respecter la parité hommes/femmes. L'entourage de Jean Charest a aussi changé, notamment son chef de cabinet, et il a rappelé deux anciens conseillers de l'époque de Robert Bourassa : John Parisella et Michel Bissonnet.

Jean Charest à la tête d'un gouvernement minoritaire depuis 2007 déclenche des élections anticipées pour le alors que les libéraux sont en tête des sondages. Il va réussir à former un troisième gouvernement consécutif, une première depuis la révolution tranquille. Cette élection marque aussi le retour à un gouvernement majoritaire, le retour du PQ dans le rôle de l'opposition officielle, l'élection du premier député de Québec Solidaire et surtout la dramatique chute de l'ADQ.

En 2011, le Parti libéral décide de lancer le Plan Nord avec pour objectif de créer des milliers d'emplois pour le Québec. Ce projet a été applaudi par certains mais surtout critiqué[19],[20] par plusieurs intervenants, dont un député qui a reproché au Premier ministre Philippe Couillard son « attitude de colonisé »[21].

Le troisième mandat du gouvernement Charest est assombri pratiquement dès le départ par des allégations de corruption, de collusion et de copinage dans l'octroi des contrats de travaux publics dans la région de Montréal. Après avoir refusé pendant des années de mettre sur pied une commission d'enquête afin de faire la lumière sur ces allégations, le premier ministre Charest cède enfin à la pression populaire en 2011 et accepte de mettre sur pied la Commission Charbonneau qui s'avérera dévastatrice pour l'entourage du Parti libéral mais presque sans conséquence sur les autres partis.

En , la hausse des droits de scolarité décrétée par le gouvernement Charest met le feu aux poudres d'une contestation générale populaire qui embrasera plusieurs villes du Québec. La grève générale des étudiants, bientôt rejoints dans leur contestation par de larges segments de la société civile, durera six mois et servira de prétexte au déclenchement des 40e élections générales québécoises.

Le , une violente manifestation éclate lors du Conseil général du Parti libéral[22], qui avait été déplacé par prudence de Montréal à Victoriaville. Des citoyens ont été arrêtés ou blessés par la riposte des policiers appelés à la protection des représentants du parti au pouvoir. Selon l'interprétation de Radio-Canada, la voiture de police qui a foncé sur la foule cherchait à secourir un policier après qu'il eut été « frappé par des manifestants ». Toutefois, selon des témoignages, c'est l'inverse qui se serait produit.

Le , au moins 250 000 citoyens en colère descendent dans la rue[23] pour exiger la fin du gouvernement du Parti libéral.

Le gouvernement du Parti libéral de Charest s'est aussi illustré avec une explosion record de l'endettement public de l'ordre de 60 milliards $ additionnels[24] en seulement neuf ans, ce qui servira de prétexte à son successeur Philippe Couillard en 2014 pour instaurer de sévères mesures d'austérité.

Déjà, en une pétition de 248 000 noms exigeant la démission de Jean Charest avait été déposée à l'Assemblée nationale du Québec. Rien n'y fit: Charest et le Parti libéral s'accrochèrent au pouvoir jusqu'à l'élection du Parti québécois, marquée par une tentative d'assassinat contre la Première ministre Pauline Marois.

Élu en 2007, Jean Charest promeut à son tour le néolibéralisme. Celui-ci défend donc les mêmes buts et favorise, lui aussi, le secteur privé ce qui à pour effet de faire diminuer le revenu du gouvernement. Donc, pour remédier à cette situation, Jean Charest décide d'augmenter les frais de scolarité d'environ 1 722 $ afin de renflouer les coffres de l'État[25].

Court intermède du règne libéral

Les élections du 4 septembre 2012 marquent pour deux ans la fin d'un règne libéral de neuf ans. Le PLQ est alors relégué au second rang, formant l'opposition officielle avec 50 sièges, pas très loin derrière le gouvernement Marois, dont les 54 sièges lui ont valu de former un gouvernement minoritaire.

Le , lors du premier congrès à la chefferie du PLQ depuis 1983, Philippe Couillard succède à Jean Charest à la tête du PLQ avec l'appui de 58,5 % des membres du parti.

Retour aux commandes

Philippe Couillard, ancien chef du parti et Premier ministre du Québec jusqu'aux élections provinciales de 2018.

Le , Philippe Couillard mène son parti à la formation d'un gouvernement majoritaire, à la suite de l'élection de 70 députés sur 125 à l'élection provinciale[26]. Son mandat est marqué par une situation budgétaire et économique difficile en début de mandat. Les mesures de restriction de l'accroissement des dépenses publiques, présentées en début de mandat, ont été vivement décriées par plusieurs groupes communautaires et syndicats du secteur public.

De plus le gouvernement de Philippe Couillard aura entrepris une importante réforme du système de santé en plus de proposer formellement au Canada de nouvelles négociations constitutionnelles dans un document officiel intitulé Québécois, notre façon d'être canadien[27],[28],[29],[30].

Le , une vague de démissions secoue le Parti libéral du Québec. Le parti plaide toutefois que ces démissions ne sont pas un signe de panique mais bel et bien un simple renouvellement[31].

Retour dans l'opposition

Le , le Parti libéral est renvoyé dans l'opposition lors des élections législatives, remportées par la Coalition avenir Québec. Les libéraux n'obtiennent que 24,82 % des votes et 31 sièges à l'Assemblée nationale[32]. En termes de pourcentage de vote, il s'agit de la pire défaite électorale de l'histoire du parti, soit depuis 1867. Malgré tout, il forme l'opposition officielle. Un sondage postélectoral permet d'établir que seulement 12% des francophones ont voté pour le parti et que son électoral traditionnel, les non-francophones, se sont abstenus de voter à hauteur de 47 %[33].

Philippe Couillard démissionne à titre de chef du parti et de député de Roberval le [34] ; il est remplacé le lendemain par Pierre Arcand qui agira à titre de chef intérimaire[35]. Le , ce dernier annonce la nomination de Sébastien Proulx comme leader parlementaire pour le caucus libéral[36].

Le 1er mars 2019, le président du parti Antoine Atallah annonce sa démission à la suite d'une contestation interne[37]. Katherine Martin, première vice-présidente du parti, assure l'intérim de la présidence jusqu'à la nomination par le Conseil exécutif d’une nouvelle présidente ou d’un nouveau président[38].

La course à la chefferie déclenchée après la démission de Philippe Couillard voit deux candidats se qualifier : Dominique Anglade, députée de circonscription de Saint-Henri–Sainte-Anne, ancienne vice-première ministre et ancienne présidente de la Coalition avenir Québec, et Alexandre Cusson , ancien maire de Drummondville et ex-président de l'Union des municipalités du Québec. Le retrait de sa candidature le permet le couronnement de Dominique Anglade, qui devient la première femme à diriger le parti[39].

Depuis les élections de 2018, le parti est marqué à l'interne par un débat sur la manière de regagner la confiance des francophones, ces derniers n'accordant en que 10 % d'intentions de votes au Parti libéral[40]. Dominique Anglade a promis une loi sur l'interculturalisme, vu comme une façon de regagner les francophones considérée comme échaudés par le nationalisme tiède de la précédente administration Couillard et son adhésion perçue au multiculturalisme canadien. Plusieurs militants s'opposent cependant à cette hypothétique loi sur l'interculturalisme, la jugeant comme un compromis avec les « positions xénophobes de la CAQ »[41]

Structure

Pierre Arcand est chef intérimaire du Parti libéral du Québec de 2018 à 2020.

Chefs

Liste des chefs du Parti libéral du Québec
Nom Chef Premier ministre
Henri-Gustave Joly de Lotbinière 1867 - 1878 - 1879
Honoré Mercier [42] 1887 - 1891
Félix-Gabriel Marchand [43] 1897 - 1900
Simon-Napoléon Parent [44] - 1900 - 1905
Lomer Gouin [45] - 1905 - 1920
Louis-Alexandre Taschereau [46] - 1920 - 1936
Adélard Godbout [47] - [48] 1936 et 1939 - 1944
Georges-Émile Lapalme [48],[49] -
Jean Lesage [50] - 1960 - 1966
Robert Bourassa [51] - [52] 1970 - 1976
Claude Ryan [52],[53] - [54]
Robert Bourassa [54],[55] - 1985 - 1994
Daniel Johnson (fils) [56] - 1994
Jean Charest [57][58] 2003 - 2012
Philippe Couillard [58],[59][60] 2014 - 2018
Dominique Anglade - en cours

Commission Jeunesse

Une des particularités du Parti libéral du Québec est sa Commission-Jeunesse. Cette commission permanente est responsable de l'implication des jeunes au sein du parti et possède le mandat des membres de 16 à 25 ans. Elle délègue au minimum un tiers des délégués lors des Congrès des membres du PLQ (l'instance décisionnelle suprême du parti). Chaque été, environ 500 jeunes libéraux se réunissent pour l'une des instances de la Commission, le congrès-jeunes.

La Commission-Jeunesse du PLQ a plusieurs luttes à son historique tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de son parti. Elle a proposé la création de la carte-soleil, a lutté contre Claude Ryan dans les années 1980 contre le dégel des frais de scolarité et exigé que la TVQ ne soit plus perçue sur la vente de livre au Québec notamment. Dans les années 1980, les congrès annuels de la Commission-Jeunesse attiraient près de 1 500 personnes.

Elle connut des moments moins réjouissants, notamment lors du dépôt du rapport Allaire, qui causa un déchirement au sein du PLQ et un exode des membres, amenant la création de l'Action démocratique du Québec. Le président de la Commission-Jeunesse à ce moment était Mario Dumont, chef de l'ADQ de 1994 à 2008.

Parmi les débats amenés par les jeunes libéraux, notons l'enseignement de l'anglais dès la première année du primaire, l'instauration de la carte d'assurance-maladie, l'abolition de la malbouffe dans les écoles, le maintien du financement du régime de prêts et bourses et la création du Fonds des générations.

Idéologie et réalisations

Fédéralisme canadien

Le Parti libéral du Québec prône le fédéralisme et l'unité du Canada. Dans l'histoire on aura vu entre autres le Parti libéral du Québec s'opposer publiquement et politiquement à la séparation du Québec lors des référendums de 1980 et de 1995 et proposer de nouvelles négociations constitutionnelles au Canada durant l'élection de 2018 afin de réunifier le pays dans une nouvelle constitution[61],[62],[63].

Le soutient indéfectible du PLQ au fédéralisme canadien ne l'empêche toutefois pas de s'opposer à l'occasion à une vision trop centralisatrice que pourrait avoir le gouvernement fédéral, par exemple lorsque c'est le Parti libéral du Canada, auquel il n'est plus affilié depuis 1955, qui est au pouvoir[64].

Bilan

Le Québec, lors des gouvernements libéraux du 20e siècle, s'est doté d'importants outils de justice sociale et de développement économique. En voici quelques exemples :

C'est aussi le PLQ qui a mis en chantier la Révolution tranquille (1960), généralement considérée comme un vaste mouvement de libéralisation des mœurs, globalement comparable au phénomène de « Counterculture » aux États-Unis ou aux événements de mai 1968 en France. Les libéraux ont également mis en œuvre la nationalisation de l'électricité au Québec (1963). Ils ont créé la société de développement hydroélectrique Hydro-Québec (1944) et réalisé les colossaux complexes hydroélectriques de la Baie James et de la Côte-Nord (1960 à aujourd'hui).

À partir de 1970, le PLQ apparait toutefois comme étant moins interventionniste que le Parti Québécois, c'est-à-dire que les libéraux, à l'instar de l'ADQ (et plus tard de la CAQ), ont généralement préconisé un plus grand retrait de l'État pour laisser plus de place à l'entreprise privée. Le PLQ s'est toutefois différencié de l'ADQ en épousant moins le conservatisme fiscal et en rejetant le conservatisme social[64].

Les bilans des gouvernements libéraux des premiers ministres Jean Charest puis Philippe Couillard ont été marqués par la montée de différentes tensions sociales. Par exemple, les débats identitaires ont émergé sous le gouvernement Charest lors de la crise des accommodements raisonnables, une hausse ratée des frais de scolarité a causé une importante grève étudiante ayant causé plusieurs émeutes et c'est sous le gouvernement Couillard que le Québec a été confronté par une montée marquée de l'extrême droite, notamment avec l'attentat de la grande mosquée de Québec et la création du groupe la Meute. D'importantes manifestation contre l'austérité du gouvernement Couillard ont eu lieu au début du mandat de celui-ci.

Le fonds d’archives Parti libéral du Québec est conservé au centre d’archives de Québec de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec[65].

Identité visuelle

Base électorale

Le PLQ profite de façon constante du suffrage presque monolithique des non-francophones du Québec (anglophones et allophones), qui votent invariablement pour lui à hauteur de 80 à 85 %[66]. Cette particularité sociologique lui donne un avantage sur ses adversaires dans la mesure où le vote des francophones est divisé entre les autres partis, dont les principaux sont actuellement au nombre de trois (CAQ, PQ, QS). Il a été calculé que dans une circonscription donnée, dès que le pourcentage des électeurs francophones tombe sous la barre des 79 %, le PLQ est presque immanquablement élu[67]. À l'élection de 2018, le PLQ a remporté toutes les circonscriptions où les non-francophones représentaient plus de 35 % de la population, sauf Laurier-Dorion[66]. Cet avantage stratégique est renforcé par la baisse constante de la proportion de francophones au Québec (causée par l'immigration). Selon Frédéric Lacroix : « Dans les dix ou quinze prochaines années, donc, les changements démographiques en cours risquent de provoquer un verrouillage politique dans l'ensemble de la région de Montréal, qui représente la moitié des circonscriptions au Québec[66]. »

Résultats électoraux

Élection Chef Votes % Sièges +/– Positionnement Gouvernement Slogan électoral[68]
1867 Henri-Gustave Joly de Lotbinière 26 842 35,46
13  /  64
2e Opposition officielle
1871 Henri-Gustave Joly de Lotbinière 23 760 39,41
19  /  65
6 2e Opposition officielle
1875 Henri-Gustave Joly de Lotbinière 33 763 38,83
19  /  65
2e Opposition officielle
1878 Henri-Gustave Joly de Lotbinière 65 285 47,49
31  /  65
12 2e Opposition officielle
1881 Henri-Gustave Joly de Lotbinière 38 020 38,97
15  /  65
16 2e Opposition officielle
1886 Honoré Mercier 58 389 39,58
33  /  65
18 1er Mercier
1890 Honoré Mercier 70 345 44,54
43  /  73
10 1er Mercier
1892 Félix-Gabriel Marchand 76 280 43,65
21  /  73
22 2e Opposition officielle
1897 Félix-Gabriel Marchand 120 300 53,28
51  /  74
30 1er Marchand
1900 Simon-Napoléon Parent 54 957 53,15
67  /  74
16 1er Parent
1904 Simon-Napoléon Parent 62 889 55,43
67  /  74
1er Parent
1908 Lomer Gouin 131 068 53,53
57  /  74
10 1er Gouin
1912 Lomer Gouin 155 958 53,54
62  /  81
5 1er Gouin
1916 Lomer Gouin 126 266 60,57
75  /  81
13 1er Gouin
1919 Lomer Gouin 67 292 51,91
74  /  81
1 1er Gouin
1923 Louis-Alexandre Taschereau 149 730 51,52
64  /  85
10 1er Taschereau
1927 Louis-Alexandre Taschereau 188 687 59,34
74  /  85
10 1er Taschereau
1931 Louis-Alexandre Taschereau 268 732 54,88
79  /  90
5 1er Taschereau
1935 Louis-Alexandre Taschereau 251 127 46,82
48  /  90
31 1er Taschereau puis Godbout
1936 Adélard Godbout 227 860 40,02
14  /  90
34 2e Opposition officielle
1939 Adélard Godbout 301 382 53,5
69  /  86
55 1er Godbout
1944 Adélard Godbout 523 316 39,35
37  /  91
32 2e Opposition officielle
1948 Adélard Godbout 547 478 36,16
8  /  92
28 2e Opposition officielle
1952 Georges-Émile Lapalme 768 539 45,77
23  /  92
15 2e Opposition officielle
1956 Georges-Émile Lapalme 828 264 44,87
20  /  93
3 2e Opposition officielle
1960 Jean Lesage 1 077 135 51,38
51  /  95
31 1er Lesage C'est le temps que ça change !
1962 Jean Lesage 1 205 253 56,40
63  /  95
12 1er Lesage Maîtres chez nous
1966 Jean Lesage 1 099 435 47,29
50  /  108
13 2e Opposition officielle Pour un Québec plus prospère (Québec en marche)
1970 Robert Bourassa 1 304 341 45,40
72  /  108
22 1er Bourassa 100 000 emplois (Québec au travail)
1973 Robert Bourassa 1 623 734 54,65
102  /  110
30 1er Bourassa Bourassa construit (Votons libéral)
1976 Robert Bourassa 1 135 056 33,78
26  /  110
76 2e Opposition officielle Non au séparatisme (Bourassa notre garantie)
1981 Claude Ryan 1 658 753 46,08
42  /  122
16 2e Opposition officielle Pour du vrai progrès au Québec
1985 Robert Bourassa 1 910 307 55,99
99  /  125
57 1er Bourassa Maîtriser l'avenir (Changeons pour du solide)
1989 Robert Bourassa 1 702 808 49,95
92  /  125
7 1er Bourassa puis Johnson Assurons notre avenir
1994 Daniel Johnson 1 737 698 44,40
47  /  125
45 2e Opposition officielle L'emploi
1998 Jean Charest 1 771 858 43,55
48  /  125
1 2e Opposition officielle Pour un Québec plus fort
2003 Jean Charest 1 755 863 45,99
76  /  125
28 1er Charest Nous sommes prêts
2007 Jean Charest 1 313 664 33,08
48  /  125
28 1er Charest Unis pour réussir
2008 Jean Charest 1 366 046 42,08
66  /  125
18 1er Charest L'Économie d'abord. OUI
2012 Jean Charest 1 360 968 31,20
50  /  125
16 2e Opposition officielle Pour le Québec !
2014 Philippe Couillard 1 757 071 41,52
70  /  125
20 1er Couillard Ensemble, on s'occupe des vraies affaires
2018 Philippe Couillard 1 001 148 24,82
31  /  125
39 2e Opposition officielle Pour faciliter la vie des Québécois

Notes et références

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Annexes

Bibliographie

  • Michel Lévesque, Histoire du Parti libéral du Québec : la nébuleuse politique 1867-1960, Québec, Septentrion, , 838 p. (ISBN 978-2-89448-729-7)

Articles connexes

Liens externes

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