Wilfrid Laurier

Sir Wilfrid Laurier, né Henry Charles Wilfrid Laurier le à Saint-Lin-de-Lachenaie (actuel Saint-Lin–Laurentides) au Québec et mort le à Ottawa en Ontario, est un avocat, journaliste et homme d'État et le septième premier ministre du Canada du au et le premier francophone à accéder à ce poste[1].

Pour les articles homonymes, voir Laurier.

Sir Wilfrid Laurier

Wilfrid Laurier en 1906.
Fonctions
7e premier ministre du Canada

(15 ans, 2 mois et 26 jours)
Élection 1896
Réélection 1900, 1904, 1908
Monarque Victoria
Édouard VII
George V
Gouverneur John Campbell Gordon
Gilbert Elliot-Murray-Kynynmound
Albert Grey
Gouvernement Laurier
Prédécesseur Charles Tupper
Successeur Robert Laird Borden
Chef du Parti libéral du Canada

(31 ans, 7 mois et 25 jours)
Prédécesseur Edward Blake
Successeur Daniel Duncan McKenzie (en)intérim
William Lyon Mackenzie King
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Saint-Lin-Laurentides (Colonie du Canada-Uni)
Date de décès
Lieu de décès Ottawa (Ontario, Canada)
Nationalité Canadienne
Parti politique Parti libéral
Conjoint Zoé Lafontaine
Profession Avocat
Journaliste


Premiers ministres du Canada

Considéré comme l'un des plus grands hommes d'État canadiens, il est surtout connu pour sa politique de réconciliation et de compromis entre francophones et anglophones du Canada et pour sa défense d'un partenariat entre les deux « peuples fondateurs » du pays et est souvent présenté comme le premier ministre qui a fait entrer le Canada dans le XXe siècle[1].

Biographie

Enfance et années de formation

Laurier naquit le dans une grande maison au bord de la rivière de l'Achigan à Saint-Lin-Laurentides, près de Montréal. Il est le fils de Charles[2] "Carolus" Laurier et de Marcelle Martineau[1]. Il fut baptisé deux jours après sa naissance, le , à l'église catholique de Saint-Lin; son parrain est Louis-Charles Beaumont, son oncle, et sa marraine est Marie-Zoé Laurier, sa tante, épouse de ce dernier[3].

Son père, Carolus Laurier, faisait partie de la minorité de la population qui savait compter, lire, écrire et parler en français et en anglais. Arpenteur de métier, comme est indiqué sur l'acte de baptême de son fils, il fut aussi le premier maire du village. Wilfrid n'avait que sept ans quand sa mère mourut de la tuberculose, maladie alors très fréquente. Son père se remaria avec Adeline Éthier et eut d'autres enfants. Pour lui, l'éducation fut une priorité et s'endetta donc pour que son fils ait accès à un certain niveau d'instruction. Wilfrid fit ses études primaires à Saint-Lin et passa deux ans à New Glasgow, un village voisin habité principalement par des anglophones : « Wilfrid s’y pénétra d’une culture qu'il affectionnerait toujours et apprit rapidement la langue anglaise qu'il parlerait avec un brin d’accent écossais[1]. ». Il poursuit ensuite son cours classique au collège de l'Assomption. À l'école, le jeune Wilfrid se montra un élève fort assidu. En contrepartie, il eut la santé très fragile, mais fut doté d'une intelligence remarquable. Il s'absenta déjà des classes pour aller entendre les orateurs « rouges »[1].

À compter de 1861, il entreprit des études de droit au McGill College (plus tard l'Université McGill) de Montréal. Cette université était alors bilingue[réf. nécessaire], et c'est donc dans les deux langues que Laurier parfit son éducation, notamment en droit civil français. Il rencontra des membres de l'Institut canadien, un groupe politique très radical dans son libéralisme. Il côtoie, entre autres, Antoine-Aimé Dorion et Rodolphe Laflamme, son professeur de droit constitutionnel, un des maîtres de cette discipline à l'époque. Ce dernier accepte Laurier à titre de clerc dans son cabinet d’avocat[1]. Le jeune homme sera premier vice-président de l'Institut canadien, de à l’automne de 1866[1].

Laurier réussit ses études de droit avec plusieurs mentions d'honneur, mais sa santé fut toujours aussi mauvaise et souffrit de bronchite chronique, dont il n'aura le diagnostic que quelques années plus tard[1]. Il commença sa carrière d'avocat à Montréal en 1864, sans grand succès. Cette année-là, une coalition politique se forma entre les conservateurs est-canadiens et ouest-canadiens et les libéraux ouest-canadiens. Le projet de la Confédération canadienne se concrétisait. Laurier se battait, comme les autres rouges (formant le Parti libéral), contre une telle union. Au début de 1865, Médéric Lanctôt, directeur du journal L'Union nationale de Montréal, contre la Confédération, le sauva de sa situation d'infortune et lui proposa de s'associer à lui dans une nouvelle société[1].

Le suivant, la Chambre d'assemblée du Canada-Uni approuva le projet de Confédération. Antoine-Aimé Dorion prit alors Laurier sous son aile et, en , lui proposa de remplacer son frère Jean-Baptiste-Éric, décédé, à la direction du journal Le Défricheur de la municipalité L’Avenir. Laurier accepta cette offre. C'est à Victoriaville qu'il publiera, à partir du , Le Défricheur et rédigera ses plus belles pages contre à la fois l'Union de 1841 en plus de la Confédération[1]. Le suivant, Le Défricheur cessa de paraître en raison de problèmes financiers et de l'opposition des ultramontains, mais aussi de l'état de santé de Laurier. Le , la Confédération canadienne fut officiellement proclamée.

Laurier devait prendre position devant ce nouvel état de fait. Comme Dorion et d'autres libéraux, il accepta le fait accompli. Autre tournant à prendre : « allait-il demeurer un adepte du rougisme, ce produit de l'Institut canadien en quasi-désintégration, de moins en moins prisé par la population[1] ? » La réponse serait alors négative. Il évoluerait donc vers un libéralisme modéré, « à la manière classique des whigs britanniques, respectueux des volontés populaires et, espérait-il, moins menaçant pour le clergé catholique »[1].

Un libéral au Québec

Établi à Arthabaskaville en 1867 et marié en 1868, Laurier prit racine dans son nouveau milieu de vie, tissant des liens avec les libéraux locaux, dont notamment Édouard-Louis Pacaud et son très influent réseau de contact[4]. Il devint échevin, puis maire de sa ville et enfin préfet de comté en 1881[1]. Il mit sur pied le bureau d'avocat où il pratiqua pendant 30 ans. Il caressa, dès cette époque, le projet de se lancer en politique active, mais ne fut pas candidat aux premières élections à se tenir sous le nouveau régime fédéral.

Laurier se présenta la première fois dans le district électoral de Drummond-Arthabaska à l'élection générale québécoise de 1871[1] et fut élu avec une majorité très fragile, bien qu'il avait une résidence à Arthabaska, près de Victoriaville. À l'Assemblée législative du Québec, il se montre comme un parlementaire à l'éloquence remarquable[réf. nécessaire], mais ne se fit pas d'illusions. Le Parti libéral demeurait un parti marginal, sans programme politique concret, critiqué par les élites et le clergé.

Wilfrid Laurier, 1874.

Laurier décida donc de se présenter au niveau fédéral, où il croyait que les chances de triomphe du libéralisme seraient meilleures. À l'automne 1873, le gouvernement conservateur Macdonald tomba à la suite du scandale du chemin de fer du Pacifique. Il fut remplacé par une nouvelle administration, dirigée par le libéral Alexander Mackenzie. Des élections furent annoncées pour la fin de janvier et le début de . Laurier quitta son poste à l'Assemblée législative du Québec pour se lancer dans la campagne à l'échelon fédéral dans la circonscription correspondante de Drummond-Arthabaska. Il fut élu avec une majorité légèrement augmentée.

Laurier était alors très peu connu. Peu à peu, l'expérience parlementaire l'aida à sortir de cet anonymat : « Progressivement, jusqu’en 1877, ses performances à la Chambre révélèrent publiquement un homme politique modéré, lucide, supérieur à la moyenne, qui avait apprivoisé le milieu parlementaire. Il fallait cependant faire encore plus, s’imposer à l’intérieur même du parti, devenir la solution québécoise aux difficultés rencontrées par sa formation[1] ». Son discours de Québec sur le libéralisme politique, prononcé le , fit de lui, du jour au lendemain, une figure nationale connue. Le , le premier ministre Mackenzie le nomma ministre du Revenu, poste qu'il conserve jusqu'à la défaite des libéraux en 1878. Ayant perdu alors qu'il se présentait dans Drummond-Arthabaska, il l'emporta le dans Québec-Est. Cette circonscription sera la sienne jusqu'à sa mort.

Lors des élections du 17 septembre 1878, les libéraux eurent une cuisante défaite. Laurier, qui dirigeait son parti au Québec, ne put sauver que 18 sièges dans la province. Laurier devint indulgent, inactif, découragé et désabusé. Il fut certes un secrétaire parlementaire efficace du chef libéral de l'époque, Edward Blake, mais il n'eut pas l'éloquence et la fougue qu'il aura lorsqu'il sera premier ministre. Cette traversée du désert prendra fin en 1885. L'affaire Riel le voit reprendre le combat : « Le , il y prononça l’allocution la plus longue de sa vie parlementaire. Il s’exprima en chef actif des libéraux de la province de Québec. Un doigt vengeur dirigé contre Macdonald[1], il l’accusa de mépriser les Métis et d’être ni plus ni moins le responsable de la rébellion[1]. »

Macdonald annonça des élections générales pour le 22 février 1887, qu'il remporta à nouveau. Blake, malade, démissionna le . Un nouveau chef devait être choisi, et Blake désigna Laurier. Ce dernier refuse d'abord en disant qu'un Canadien français serait incapable de remplir une telle fonction, mais face à l'obstination du chef sortant, Laurier finit par accepter, tout « en précisant qu’il assumait temporairement la fonction et qu’il la remettrait à Blake aussitôt sa santé revenue[1] ».

Ce fut un chef de l'opposition hors pair. Il attaqua sans relâche le gouvernement conservateur, marqua des points et fit des gains. Dès cette époque, il réfléchit à une politique économique. Ce fut l’union commerciale avec les États-Unis, inspirée du courant libre-échangiste. Mais cela divisait les Canadiens, et il ne l'imposa pas. Pendant l'affaire des écoles françaises du Manitoba, le gouvernement libéral de la province, dirigé par Thomas Greenway, avait déposé, au début de 1890, deux projets de loi. L'un abolissait le français comme langue officielle, et l’autre créait un système d’enseignement non confessionnel dirigé et financé par l’État. Laurier accepta la décision du gouvernement de confier l’affaire aux tribunaux et donc s’en lava les mains.

Laurier consolida l'organisation du parti : « La conversion de la province de Québec au Parti libéral prit donc progressivement un élan irrésistible ». Aussi, la défaite des libéraux de Laurier aux élections générales du 5 mars 1891 fut une déception, malgré des gains significatifs en Ontario et au Québec. Après un passage à vide, Laurier retrouva sa combativité. En 1893, un grand congrès réunissant les libéraux de partout au Canada adopta « un nouveau programme où la réciprocité totale, atténuée pour satisfaire plusieurs libéraux [...], s’inscrivit désormais dans la perspective du développement des ressources naturelles du pays et dans celle de la nécessité d’un tarif douanier pour le revenu du Canada[1]. » Le développement de l'Ouest canadien devint une priorité. Laurier « le visita en septembre et , et lui offrit un programme en trois volets : relâcher l’étreinte de la Politique nationale, ouvrir le marché américain, accélérer l’immigration ».

Ce fut le retour au premier plan de la question des écoles du Manitoba qui contribua au succès électoral de Laurier. En 1895, le Comité judiciaire du Conseil privé confirma que le gouvernement fédéral avait le droit d’intervenir pour réparer l’injustice causée en 1890 par la loi du gouvernement Greenway. Les conservateurs de sir Charles Tupper présentèrent, au début de 1896, un projet de loi réparatrice. Un geste courageux et généreux. « Laurier, oscillant, se posa cependant en défenseur des droits provinciaux et en symbole de l’espoir de la minorité. Il proposa le renvoi dans six mois de l’étude du projet et il s’employa à prolonger indûment le débat en utilisant l’obstruction systématique, ce qui tua le projet de loi[1]. » Il avait joué la carte de la modération et de l'apaisement.

Lors des élections générales du 23 juin 1896, Laurier les remporta par une marge de 30 sièges. Le Parti conservateur eut cependant davantage de voix : 46,1 % contre 45,1 %. Laurier devint le premier francophone à devenir premier ministre du Canada. Son premier cabinet compta quelques anciens premiers ministres provinciaux : Joly de Lotbinière (Québec), Mowat (Ontario), Fielding (Nouvelle-Écosse), Blair (Nouveau-Brunswick)[5].

Premier ministre

Statue de W. Laurier sur la colline du Parlement, à Ottawa (Ontario).

Le premier problème que Laurier devait résoudre après son arrivée au pouvoir était de trouver une solution définitive à la question des écoles catholiques de langue française au Manitoba. Cette question avait causé la chute du gouvernement Tupper en 1896. Laurier parvint à conclure un compromis avec le gouvernement manitobain. Le règlement Laurier-Greenway ne rétablit pas les écoles séparées, mais permit aux catholiques du Manitoba de bénéficier d'une éducation catholique s'il y avait assez d'élèves. Ils pouvaient obtenir une demi-heure d'enseignement religieux à la fin des classes. Dans les écoles fréquentées par un nombre assez grand d'enfants parlant français ou toute autre langue sauf l'anglais, l’enseignement pourrait être donné en anglais et dans la langue maternelle ; il y aurait donc un système bilingue[6].

Cet accord paraissait pour plusieurs comme étant la meilleure solution possible compte tenu des circonstances pour satisfaire à la fois francophones et anglophones. Laurier adopte, afin de résoudre le conflit, « une démarche dans laquelle il privilégie les négociations, la diplomatie et le compromis plutôt que d’imposer les choses par la loi ». Il désigna cette démarche par l'expression « voie ensoleillée »[7].

Cependant, le règlement Laurier-Greenway fut très mal accueilli, tant dans le Canada anglais que dans le Canada français. Les anglophones jugèrent que le compromis fut une atteinte à l'autonomie des provinces. Les francophones se sentirent trahis par le compromis, le gouvernement fédéral ayant renoncé à son rôle de protecteur des droits minoritaires bien qu'ils étaient inscrits dans la constitution. Cette affaire ne fut qu'un des dialogues de sourds entre anglophones et francophones qui eurent lieu tout au long de la carrière politique de Laurier[8].

La minorité franco-catholique du Manitoba exprima sa colère. Au Québec, l'hostilité fut manifeste. Mgr Langevin, archevêque de Saint-Boniface, et la hiérarchie catholique firent entendre leur opposition[1]. À la demande de Laurier, le Saint-Siège envoya un enquêteur, Mgr Rafael Merry del Val, afin d'étudier la question. S'appuyant sur les résultats de cette enquête, le pape Léon XIII rédigea l’encyclique Affari vos[9] : « Sa conclusion : le compromis Laurier-Greenway était imparfait et insuffisant, mais il devait être accepté et amélioré avec le temps selon les normes de la modération[1]. » Cela donna raison à Laurier, mais cette victoire du premier ministre ne fut pas sans nuages. L'historien Réal Bélanger écrira : « Quoi qu’on en ait dit, ce règlement demeurait un précédent dangereux car, par lui, se voyait confirmée l’émergence d’un Canada de plus en plus uniculturel et anglophone, la vision tronquée du Canada conçu par les Pères de la Confédération[1]. »

La guerre des Boers et le renouveau de l'impérialisme

Monument à Wilfrid Laurier (1953), sculpture d'Émile Brunet, au square Dorchester à Montréal.

Laurier devint premier ministre pendant qu'on assistait au Royaume-Uni à un renouveau de la pensée impérialiste. Pour la métropole, il s'agissait d'associer les colonies à un projet de fédération impériale politique, mais aussi militaire et économique[1]. Lors de la Conférence coloniale de 1897, Laurier avait rappelé l'attachement légitime du Canada à la Couronne britannique[10]. Dans le même temps, à l'occasion du jubilé de diamant de la reine Victoria, cette dernière anoblit Laurier en lui conférant le titre de chevalier[11]. À partir de ce moment, il est désigné par l'adresse « sir » et son épouse, par celle de « lady ».

En 1899, les Britanniques attaquèrent les Boers, qui habitent le Transvaal et l'État libre d'Orange, en Afrique australe. Les Britanniques voulaient un appui militaire du Canada, en tant que membre de l'Empire britannique. Des Canadiens anglais, d'obédience impérialiste, militèrent fortement en faveur d'une intervention militaire du Canada aux côtés du Royaume-Uni. Les Canadiens français furent isolationnistes, s'opposèrent majoritairement à toute participation à ce conflit, s'identifièrent aux Boers agressés et voyaient la seconde guerre des Boers comme un rappel de leur défaite lors de la Guerre de Sept Ans.

Le député libéral Henri Bourassa critiqua l'impérialisme férocement et eut comme principe une opposition à toute participation du Canada à une guerre menée par les Britanniques. Laurier, pris entre deux feux, décida, sans l'accord du parlement, d'envoyer une force militaire constituée uniquement de volontaires, au lieu des milices que souhaitent les Britanniques[12]. Pour Bourassa, c'en fut trop et il quitta son siège de député « en arguant qu’il s’agissait là bel et bien d’un précédent qui ravalait le Canada au rang de colonie dépendante[1] ». Les deux hommes furent toujours ensuite des adversaires acharnés. Cependant, la position de Laurier lors de la guerre n'empêcha pas sa réélection. Lors des élections du 7 novembre 1900, il obtint une majorité de 53 sièges, le Québec l'appuyant aussi massivement en lui donnant 57 députés, mais Bourassa fut réélu aussi[1].

Durant les années Laurier, la personnalité internationale du Canada s'affirmait dans un contexte où la métropole fut guidée par une volonté impérialiste de plus en plus manifeste. Lors de la Conférence coloniale de 1902, Laurier défendit avec les autres colonies l'idée d'une coopération volontaire avec Londres. Il refuse ainsi le projet de Conseil impérial, que cherchait à imposer le ministre des Colonies, Joseph Chamberlain, et la mise sur pied d’une force navale impériale et celle d'une union commerciale. Le Canada n'hésita plus à prendre ses distances des politiques mises de l'avant par Londres[13], mais le gouvernement britannique ne se comptait pas pour battu.

Le développement de l'Ouest et la construction de chemins de fer transcontinentaux

Sur le plan économique, Laurier, en profitant d'une conjoncture favorable, échafaude un grand projet mobilisateur pour le Canada. Avec Clifford Sifton, son ministre de l’Intérieur, il s'agissait de développer l’Ouest économiquement et humainement, grâce à l’agriculture. On recruta donc, de manière intensive, les immigrants en provenance d'Europe, mais aussi monde entier. Durant la seule année 1901, 55 747 d'entre eux s'établiront au Canada. Entre 1900 et 1914, le phénomène dominant sur la scène canadienne sera le peuplement des territoires de l'Ouest, et il constitua le moteur de la croissance économique importante du pays[1].

L'augmentation de la population de l'Ouest créa de nouveaux besoins. L'activité économique augmentait par la nécessité de transporter vers l'Est du Canada le blé produit en abondance en Alberta et en Saskatchewan. La colonisation qui progressait nécessitait de nouveaux moyens de communications. De plus, de nouvelles infrastructures de transport étaient nécessaires. Le Canadien Pacifique ne suffisant plus, il fallait construire un autre chemin de fer transcontinental. Laurier y tient ; en 1903, il confia à la compagnie du Grand Tronc la tâche de mener à bien le projet. Les tronçons est et ouest du chemin de fer furent achevés en 1913 et 1914. Par ailleurs, une compagnie privée dirigée par William Mackenzie et Donald Mann entreprirent en même temps la construction d'un autre transcontinental. Celui de la Canadian Northern fut achevé en 1915[14]. L’électorat se montrant satisfait, Laurier fut réélu aux élections du 3 novembre 1904, avec une majorité de 64 sièges, le résultat le plus éclatant à ce jour[1].

Création des provinces de l'Alberta et de la Saskatchewan

En 1905, Laurier présida à l'entrée de l'Alberta et de la Saskatchewan au sein de la Confédération, les deux dernières provinces à être créées à partir des Territoires du Nord-Ouest. La question des écoles de la minorité catholique se posa encore une fois.

Laurier aurait souhaité la mise sur pied d'écoles confessionnelles subventionnées par l'État. En abandonnant la défense du principe de la protection des droits provinciaux, invoqué à propos du Manitoba, et en mettant l’accent sur l’article 93 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, il s'efforçait de protéger les écoles séparées de la minorité catholique, qui ne formait plus que le septième de la population des nouvelles provinces. Néanmoins, l'hostilité des hommes politiques et de l'opinion publique canadienne-anglaise eut raison de lui. Son ministre Sifton, « qui croyait à la canadianisation de l’Ouest selon la manière anglo-saxonne centrée sur l’école neutre[1] », démissionna du gouvernement et s'engagea dans la lute, et Laurier finit par reculer. Au bout du compte, « toutes les écoles seront sous le contrôle de l'État; le groupe majoritaire dans une localité possédera l'école publique; la minorité pourra se construire des écoles séparées; partout, on aura la liberté d'enseigner le catéchisme après la classe régulière; l'enseignement du français sera permis, une heure par jour, à la demande des parents »[15]

Henri Bourassa rompit alors définitivement avec Laurier. « Pour lui, avec raison, l’épisode des écoles de l’Ouest représentait l’achèvement du cycle d’épreuves des minorités catholiques et françaises hors Québec. Pire, le pays avait probablement raté sa dernière chance de se doter de moyens concrets pour devenir une nation vraiment bilingue et biculturelle[1]. »

Cet échec de Laurier l'entraînait sur une pente descendante. Il fut réélu avec une majorité de 50 sièges lors des élections du 26 octobre 1908, mais certains signaux inquiétants étaient perceptibles : « perte de 14 sièges, écart de seulement 42 136 voix séparant les libéraux des conservateurs, majorité infime de 7 sièges hors Québec[1] ». Laurier sortit éprouvé de cette dure bataille électorale. Il songea sérieusement à démissionner, mais son entourage l'en dissuada[1]. « Laurier comprit que son destin était indissociable du pays et du parti qu’il avait tellement contribué à façonner[1]. »

Deux questions allaient cependant hâter la fin du règne de Laurier : la marine royale canadienne et la réciprocité avec les États-Unis.

Marine royale canadienne

Wilfrid Laurier et son épouse, en 1907.

La pression impérialiste venant de la métropole ne faiblissait pas. Les conférences coloniales étaient devenues une institution permanente au sein de l'Empire britannique. À partir de 1909, elle seraient désignées sous le nom de « conférences impériales ». Lors de la conférence de 1911, le premier ministre néo-zélandais, Joseph Ward, suggéra de transformer l'Empire en un État fédéral. Laurier s'opposa au projet et dit : « les gouvernements respectifs des "Dominions" ne seraient plus que des agents d'exécutions muets ». Le projet fut finalement abandonné[16].

La question de l'impérialisme se posa aussi à propos de la création d'une marine canadienne. La rivalité navale entre le Royaume-Uni et l'Empire allemand s'était accrue dans les premières années du XXe siècle. En 1909, les Britanniques organisèrent à Londres une conférence spéciale au sujet de la défense[17]. Afin de contribuer au renforcement de la flotte impériale, Laurier proposa un projet de loi, le , pour créer une marine canadienne pouvant combattre et dans laquelle le Royaume-Uni serait engagé. Cette marine consisterait initialement en une force de cinq croiseurs et six destroyers[1]. Cette idée, grandement louée à la Conférence impériale sur la défense, fut très impopulaire au Canada, tant chez les francophones que chez les anglophones.

Pour les conservateurs de Borden, une telle marine serait à la fois coûteuse et inefficace et ils préféraient donc que le Canada verse directement aux Britanniques une contribution financière pour acquérir des nouveaux vaisseaux de guerre. Les nationalistes du Québec, inspirés par Henri Bourassa, qui venait de fonder le quotidien Le Devoir, s'opposèrent à la marine canadienne de crainte qu'elle fasse entrer le Canada dans une guerre européenne[18]. La loi fut finalement adoptée aux Communes, mais cette question contribua à la défaite électorale de Laurier lors des élections de 1911.

Réciprocité et défaite

Affiche électorale de Wilfrid Laurier.

Une autre controverse, plus grave encore[1], fut suscitée par l'appui de Laurier à la réciprocité commerciale avec les États-Unis. À la suite d'un voyage dans l'Ouest canadien à l'été 1910, Laurier tente de négocier le libre-échange pour « les fruits, les céréales, le poisson, les animaux de ferme et certains produits manufacturés »[19]. Le , le ministre Fielding annonce au parlement qu'un accord avait été conclu « qui laisserait pénétrer en franchise dans les deux pays la plupart des produits, dits naturels, et quelques produits manufacturiers seulement »[1].

Le Parti conservateur s'y opposa, de même que les hommes d'affaires libéraux, mais les agriculteurs et la plupart de gens de l'Ouest appuyèrent fortement l'entente[20]. Alors que l'opposition enfla, Laurier, désireux d'en appeler à l'opinion publique sur la question, dissout le parlement le et annonça des élections générales pour le .

La campagne électorale fut féroce. On dénonça un risque d'annexion aux États-Unis[1], et Laurier ne fut pas aidé par des politiciens américains qui espéraient ouvertement que cela arriverait après l'entente. « On assiste alors à une étrange alliance des conservateurs qui s'opposent à la réciprocité et des nationalistes du Québec qui refusent la loi navale[20]. » La campagne se termina par une victoire des conservateurs de Robert Laird Borden, avec une forte majorité. Laurier redevint chef de l'opposition.

Opposition et guerre mondiale

Wilfrid Laurier à Montréal, .

Cette défaite ne fut toutefois guère synonyme de repos pour Laurier. Au contraire, comme il le dit dans une lettre à son député Ernest Lapointe dans les jours qui suivirent la défaite : « Je veux une autre bataille contre les tories. » Laurier réorganisa donc complètement l'administration du parti, créant un comité central d'organisation, sous la présidence de William Lyon Mackenzie King. Cependant, il toucha très peu au programme du parti. Il « communiqua régulièrement avec les leaders de toutes les régions. Entre 1912 et 1914, il tint une trentaine d’assemblées et banquets politiques au Québec et en Ontario. Plus que tout, cependant, il agit fébrilement à la Chambre[1]. »

Malgré ces efforts, Laurier éprouve une difficulté incroyable à maintenir l'unité de son parti. Les Québécois formant un bastion libéral depuis 1887, il n'a guère d'autre choix que de défendre la souveraineté canadienne au sein de l'Empire britannique, et l'Ontario et l'Ouest considèrent acceptable la politique impériale de Borden. Bien qu'il soit le premier Canadien français à accéder au poste de premier ministre du Canada, plusieurs Québécois jugent ses orientations politiques trop teintées d'impérialisme. Une partie de ses appuis au Québec ira donc chez les conservateurs. En effet, Borden, pour contrer l'influence libérale au Canada français, promet une forte représentation francophone dans son cabinet. Plusieurs nationalistes anti-impérialistes sont nommés ministres, notamment Frederick D. Monk. D'autres, sur la scène provinciale, comme Joseph-Israël Tarte et Henri Bourassa, attaquent Laurier de manière virulente sur sa politique.

En , le gouvernement Borden propose de voter une contribution d'urgence de 35 millions de dollars afin que les Britanniques, qui se sentaient toujours menacés par le programme naval allemand, puissent construire trois navires de guerre. Laurier s'y opposa au nom de l’autonomie canadienne. Il mena pendant six mois à la Chambre des Communes un combat contre cette décision du gouvernement Borden. Les sénateurs libéraux, majoritaires, rejetèrent définitivement le projet de loi le . Borden sortit affaibli de cet épisode et perdit son ministre Monk et l’appui des nationalistes de Bourassa. La situation des libéraux s'améliora. La capture du pouvoir devenait à nouveau envisageable, mais la Première Guerre mondiale allait faire fondre ces espoirs[1].

Au début du conflit, en communion avec le reste de la population canadienne, Laurier offre son entière collaboration à l'effort de guerre à Borden. Malheureusement, la prolongation de la guerre et la baisse du recrutement volontaire causèrent l'imposition, en été 1917, la conscription militaire[1]. Pour Laurier, la guerre brisa les deux plus importants fondements de sa carrière : l’unité nationale et l’unité du Parti libéral. Entre 1914 et 1918, il vécut les pires épreuves de sa vie[1]. Loin de se laisser abattre, il tenta de reconstruire son parti divisé par la conscription. Il se mit activement au travail : « Même affaibli par la maladie à partir de l’été de 1918, il reprit sa correspondance avec des leaders régionaux. Puis quand vint l’armistice du 11 novembre, il s’enthousiasma. Il commença à mettre en branle les prémices d’un grand congrès qui définirait les structures et le programme de sa formation afin de la mieux réunifier[1]. »

Fin de vie

Le , alors qu'il était toujours à la tête d'un Parti libéral en pleine reconstruction, il fut foudroyé par une hémorragie cérébrale[1]. Il mourut le lendemain et fut inhumé au cimetière Notre-Dame à Ottawa, en Ontario[21].

Vie privée

S'étant établi à Arthabaskaville en , Laurier songea ensuite à se marier. Le , il épousa Zoé Lafontaine, qu'il avait connue depuis ses années d'études, en la cathédrale Saint-Jacques de Montréal[22]. Il avait jusque-là refusé de demander sa main en raison de son état de santé, qu'il jugeait déficient, et de sa pauvreté matérielle. Apprenant qu'elle songeait à épouser un autre homme, il se décida enfin à la demander en mariage. Les Laurier n'eurent pas d'enfants, ce qui fut pour eux une cause de tristesse.

Toutefois, la vie conjugale ne fut pas pour Laurier un long fleuve tranquille. L'historien Réal Bélanger évoqua en effet la passion qu'il éprouva pour Émilie Barthe, l'épouse de son associé, l'avocat Joseph Lavergne. La liaison romantique « la plus célèbre de l'histoire politique canadienne » entre deux êtres d'exception fit courir le bruit que, de leur relation, serait né Armand Lavergne, plus tard devenu un journaliste bien connu. À partir de 1897, alors que cette passion s'estompait, les deux époux se rapprochèrent l'un de l'autre. Zoé mourut deux ans après son mari, à Ottawa le [1].

En juillet 1902, Laurier finança avec son épouse le voyage d'études musicales en Europe de sa nièce Éva Gauthier, qui devint par la suite une célèbre cantatrice.

Héritage

Tombeau de Laurier au cimetière Notre-Dame. Auteur : Alfred Laliberté.

Les Québécois ont donné à Laurier des majorités parlementaires souvent écrasantes. Pendant plusieurs décennies, l'impact qu'a eu la présence d'un Canadien français au poste de premier ministre (sous la bannière des libéraux) a été manifeste. Ainsi, les Québécois votent fortement pour les libéraux jusqu'en 1984, sauf pendant un épisode exceptionnel, en 1958. D'ailleurs, dans les années 1960 et 1970, le chef du Ralliement créditiste, Réal Caouette, déclare à la télévision d'État « Les Québécois votent libéral, car leurs grands-parents ont serré la main de Wilfrid Laurier. »

W. Laurier, bien qu'il fut considéré comme « progressiste » pour son temps, pourrait maintenant être considéré comme réactionnaire. Il refusa d'accorder le droit de vote aux femmes et de créer les assurances sociales. De plus, il a refusé plusieurs lois progressistes à l'égard de la langue française. Par exemple, il refusa de rendre bilingues la monnaie et les timbres-poste, d'obliger les haut-gradés militaires à comprendre et parler le français et d'accorder les droits scolaires aux minorités francophones hors Québec.

Rôle de député et parlementaire

Député des circonscriptions[23]

Élu d'abord à l'Assemblée législative du Québec en 1871 dans Drummond-Arthabaska, il démissionne en 1874 pour se faire élire à la Chambre des communes. Défait dans Drummond-Arthabaska en , il retourne siéger à Ottawa grâce à une élection partielle dans Québec-Est en . Il sera réélu neuf fois et aura représenté les électeurs de Québec-Est pendant 42 ans jusqu'à son décès en 1919.

Dans la culture

Laurier, mini-série en 3 épisodes produite par Radio-Canada en 1987 avec Albert Millaire dans le rôle titre[24].

Le personnage de Wilfrid Laurier joué par Brian Paul apparaît dans la série Murdoch Mysteries avec Stephen Harper dans un caméo dans l'épisode 7 de la saison 4[25].

Wilfrid Laurier : C’est compliqué : Balado en français de Bibliothèque et Archives Canada, le 17 novembre 2016[26].

Wilfrid Laurier: It’s Complicated : Balado en anglais de Bibliothèque et Archives Canada, le 17 novembre 2016[27].

Honneurs

Musée Laurier à Victoriaville[28],

Archives

Écrits

Wilfrid Laurier est l'auteur de plusieurs articles parus dans les journaux et revues de son époque, de même que de discours et de conférences qui ont été rassemblés en volumes. Des extraits de sa correspondance ont également été publiés après sa mort.

  • Wilfrid Laurier on the Platform. 1871-1890, Québec, Turcotte & Ménard, 1890, 624 p.[33]
  • Wilfrid Laurier à la tribune. 1871-1890, Québec, Turcotte & Ménard, 1890, 617 p.[34]
  • Discours à l'étranger et au Canada, Montréal, Librairie Beauchemin, 1909, 472 p.[35]
  • Discours de Sir Wilfrid Laurier, Montréal, Librairie Beauchemin, 1920, 2 volumes.[36]
  • Letters to my father and mother, Toronto, Ryerson Press, 1935, 148 p.[37]
  • Lettres à mon père et à ma mère, 1867-1919, Arthabaska, Imprimerie d'Arthabaska, 1935, 349 p.[38]
  • Dearest Émilie. The love-letters of Sir Wilfrid Laurier to Madame Lavergne, Toronto, NC Press, 1989, 159 p.[39]
  • Chère Émilie. Une correspondance de Sir Wilfrid Laurier, Montréal, Éditions du Méridien, 1991, 156 p.[40]

Bibliographie

En français

  • Réal Bélanger, « Sir Wilfrid Laurier », L'encyclopédie canadienne, Toronto, Historica Canada, .
  • André Pratte, Wilfrid Laurier, Montréal, Éditions du Boréal, 2011, 204 p.
  • Roderick Stewart, Wilfrid Laurier. Œuvrer pour l'unité du Canada, Montréal, XYZ éditeur, 2008, 190 p. -- Ttraduit de l'anglais par Hélène Rioux.
  • Wilfrid et Émilie. De cœur et d'esprit, Montréal, CinéFête, 2007, 30 min.
  • Jean Roy et Daniel Proulx, 100 Québécois qui ont fait le XXe siècle. Les géants, Montréal, Office national du film du Canada, 2006, 51 min.
  • Sylvie Arend, Julianna Drexler, Sir Wilfrid Laurier. Une bibliographie choisie et annotée = Sir Wilfrid Laurier. An Annotated and Selected Bibliography, Toronto, Éditions du Gref, 2002, 344 p.
  • Paul-Émile Racan-Bastien, Généalogie ascendante de Sir Wilfrid Laurier, premier ministre du Canada, originaire du Québec, Longueuil, Éditions historiques et généalogiques Pepin, 2001, 95 p.
  • Stéphane Kelly, Les fins du Canada selon Macdonald, Laurier, Mackenzie King et Trudeau, Montréal, Éditions du Boréal, 2001, 287 p.
  • Dominique Godbout, Benjamin Franklin, le Grand « Illuminé ». Son acolyte à Montréal, l'imprimeur Fleury Mesplet. Son frère « Rose-Croix » de la Loge des Neuf sœurs à Paris, l'infâme et pervers Voltaire. Nos « Illuminés » canadiens, Louis-Joseph Papineau et Wilfrid Laurier, La Sarre, Édition privée, 2001, 129 p.
  • Réal Bélanger, « Laurier, sir Wilfrid », Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 1998.
  • Laurier Lucien Lapierre, Sir Wilfrid Laurier. Portrait intime, Montréal, Éditions de l'Homme, 1997, 400 p. -- Traduit de l'anglais par Jacques Vaillancourt.
  • « Laurier, Wilfrid », dans Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord, Éditions Fides, 1989.
  • Réjean Olivier, Wilfrid Laurier, ancien élève du Collège de l'Assomption. 22e cours, 1854-1860, L'Assomption, Collège de l'Assomption, 1987, 83 p.
  • Réal Bélanger, Wilfrid Laurier. Quand la politique devient passion, Québec, Presses de l'Université Laval, 1986, 484 p. ; Prix Maxime-Raymond en 1990 -- 2e édition revue et mise à jour en 2007.
  • Martin Spigelman, Wilfrid Laurier, Montréal , Lidec, 1979, 62 p. -- Traduction de Gabrielle et François Raymond ; rédaction de Bernard-Pierre Paquet.
  • Jean-Jacques Lefebvre, « Famille Laurier. Sir Wilfrid Laurier (1919), sa famille et ses proches alliés », dans Mémoires de la Société royale du Canada, 4e série, tome 6, section 1, 1968, p. 143-158.
  • Joseph Schull, Laurier, Montréal, Éditions HMH, 1968, 530 p. -- Traduit par Hélène J. Gagnon.
  • Frère Antoine, S.C., Laurier, citoyen d'Arthabaska, Victoriaville, [s.n.], 1961, 167 f.
  • Raymond Tanghe, Laurier. Artisan de l'unité canadienne, 1841-1919, Tours, Mame, 1960, 191 p.
  • Abbé Élie-Joseph Auclair, « Wilfrid Laurier », dans Figures canadiennes. Deuxième série, Montréal, Éditions Albert Lévesque, 1933, p. 112-121.
  • Robert Rumilly, Sir Wilfrid Laurier, Canadien, Paris, Ernest Flammarion, 1931, 209 p.
  • Alfred Duclos DeCelles, Laurier et son temps, Montréal, Librairie Beauchemin, 1920, 228 p. (en ligne)
  • Laurent-Olivier David, Laurier. (sa vie, ses œuvres), Beauceville, L'Éclaireur, 1919, 268 p. (en ligne)
  • Henri Bourassa, La conférence impériale et le rôle de M. Laurier, Montréal, Le Devoir, 1911, 80 p. (en ligne)
  • Laurent-Olivier David, Laurier et son temps, Montréal, Cie de publication de La Patrie, 159 p. (en ligne)
  • Henri Moreau, Sir Wilfrid Laurier, premier ministre du Canada, Paris, Plon-Nourrit et cie, imprimeurs-éditeurs, 1902, 299 p. (en ligne)

En anglais

  • Christopher Pennington, The Destiny of Canada. Macdonald, Laurier, and the Election of 1891, Toronto, Allen Lane Canada, 2011, 336 p.
  • Roy MacSkimming, Laurier in Love. A Novel, Toronto, Thomas Allen, 2010, 284 p.
  • Roderick Stewart, Wilfrid Laurier. A Pledge for Canada, Montréal, XYZ éditeur, 2002, 175 p. (aperçu)
  • Sylvie Arend, Julianna Drexler, Sir Wilfrid Laurier. Une bibliographie choisie et annotée = Sir Wilfrid Laurier. An Annotated and Selected Bibliography, Toronto, Éditions du Gref, 2002, 344 p.
  • J.L. Granatstein, Norman Hillmer, Prime Ministers : Ranking Canada's Leaders, 1999, p. 46-60. (ISBN 0-00-200027-X)
  • Laurier Lucien Lapierre, Sir Wilfrid Laurier and the romance of Canada, Toronto, Stoddart, 1996, 384 p.
  • Barbara Robertson, Sir Wilfrid Laurier. The Great Conciliator, Toronto, Oxford University Press, 1991, 160 p.
  • Richard Clippingdale, Laurier, His Life and World, Toronto et Montréal, McGraw-Hill Ryerson, 1979, 224 p.
  • Craig Brown, Ramsay Cook, Canada : 1896-1921 A Nation Transformed, 1983, standard history ;
  • Martin Spigelman, Wilfrid Laurier, Don Mills, Ont., Fitzhenry & Whiteside, 1978, 62 p.
  • Herbert Blair Neatby, Laurier and a Liberal Quebec. A Study in Political Management, Toronto, McClelland and Stewart, 1973, 244 p. [lire en ligne]
  • John Arndt et Richard Woeller, A Laurier bibliography, Warterloo, Ontario, The Library, 1973, 24 p.
  • Paul Douglas Stevens, Laurier and the Liberal party in Ontario, 1887-1911, thèse de doctorat, University of Toronto.
  • Joseph Schull, Laurier. The First Canadian, Toronto : Macmillan, 1965, 658 p.
  • « Sir Wilfrid Laurier », dans William Stewart Wallace (dir.), The Encyclopedia of Canada, volume III, Toronto, University Associates of Canada, 1948, p. 394-396.
  • Elizabeth H. Armstrong, The Crisis of Quebec, 1914-1918, 1937. ; réimprimé en 1973.
  • John Willison, Sir Wilfrid Laurier, Toronto : Oxford University Press, 1926, 526 p.
  • John Wesley Dafoe, Laurier. A Study in Canadian Politics, Toronto, Thomas Allen, 1922, 182 p. (en ligne)
  • Oscar Douglas Skelton, Life and letters of Sir Wilfrid Laurier, Toronto, S.B. Gundy, 2 vol.. (en ligne: vol. 1 et 2)
  • Peter Busby Waite, Canada, 1874-1896 : Arduous Destiny, 1971, standard history ;
  • Peter McArthur, Sir Wilfrid Laurier, London, J.M. Dent & Sons, 1919, 183 p. (en ligne)
  • Oscar Douglas Skelton, The Day of Sir Wilfrid Laurier. A Chronicle of Our Own Times, Toronto, Glasgow, Brook & Co., 1916, 340 p. (en ligne)
  • John Stephen Willison, Sir Wilfrid Laurier and the Liberal Party: A Political History, Toronto, George N. Morang and Company, 1903, 2 vol. (en ligne: vol. 1 et 2)

Notes et références

  1. Réal Bélanger, « LAURIER, sir WILFRID », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003–
  2. Gabriel Drouin (Généalogiste compilateur), Institut généalogique Drouin, Régistre présenté par Messire Frs Labelle prêtre curé de la Paroisse de St Pierre du Portage contenant soixante feuillets [...] pour servir a l'enregistrement des actes de Baptêmes Mariages & Sépultures, qui se feront dans la dite Paroisse pendant lannée Mil huit cent trente quatre, Montréal, Québec, Canada, 60 feuillets p. (lire en ligne), M[ariage]:8 - Charles Lorier et Marcelle Martineau, p. 13e feuillet, verso et 14e feuillet, recto
    Signature « Charles Laurier ».
  3. Extrait du registre paroissial de l'église Saint-Lin-de-Lachenaie (1841) : baptême 128 - Henry Charles Wilfrid Laurier - Ce vingt deux novembre mil huit cent quarante un, nous prêtre soussigné avons baptisé Henry Charles Wilfrid né avant hier du mariage de Sieur Carolus Laurier, clerc arpenteur, et de Dame Marie Marcelle Martineau de cette paroisse. Parrain Louis Charles Beaumont, Marraine Marie Zoë Laurier soussignés ainsi que le père. Signé : L.C. Beaumont ; M. Zoé Laurier Beaumont ; Carolus Laurier ; G. Chabot, prêtre.
  4. « Biographie – PACAUD, ÉDOUARD-LOUIS – Volume XI (1881-1890) – Dictionnaire biographique du Canada », sur www.biographi.ca (consulté le )
  5. Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, Canada-Québec. Synthèse historique 1534-2000, Sillery, Septentrion, , p. 375
  6. Réal Bélanger, « LAURIER, sir WILFRID », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003–
  7. « La voie ensoleillée - Les discours de sir Wilfrid Laurier »
  8. Réal Bélanger, « LAURIER, sir WILFRID », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003–
  9. Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, Canada-Québec. Synthèse historique 1535-2000, Sillery, Septentrion, , p. 376
  10. Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, Canada-Québec. Synthèse historique 1535-2000, p. 377
  11. Bibliothèque et Archives Canada, « Sir Wilfrid Laurier - 7e premier ministre du Canada », sur www.bac-lac.gc.ca, (consulté le )
  12. Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, Canada-Québec. Synthèse historique 1535-2000, p. 377-378
  13. Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, Canada-Québec. Synthèse historique 1535-2000, p. 380
  14. Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, Canada-Québec. Synthèse historique 1535-2000, p. 378-379
  15. Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, Canada-Québec. Synthèse historique 1535-2000, p. 387
  16. Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, Canada-Québec. Synthèse historique 1535-2000, p. 388
  17. Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, Canada-Québec. Synthèse historique 1535-2000, p. 388-389
  18. Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, Canada-Québec. Synthèse historique 1535-2000, p. 389
  19. Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, Canada-Québec. Synthèse historique 1535-2000, p. 390
  20. Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, Canada-Québec. Synthèse historique 1535-2000, p. 391
  21. « Avis de décès de Wilfrid Laurier », sur Touslesdeces.com (consulté le ).
  22. Registre paroissial de la cathédrale de Montréal, année 1868.
  23. Parlement du Canada, « Laurier : expérience fédérale », sur Parlinfo (consulté le ). http://www.assnat.qc.ca/en/deputes/laurier-wilfrid-4029/biographie.html
  24. « Laurier - Œuvre | Qui Joue Qui? », sur Qui Joue Qui ? - La référence en séries et téléromans québécois (consulté le )
  25. (en-US) « Murdoch Mysteries Gets Political with Cameo Appearance by Prime Minister Stephen Harper, July 20 on Citytv », sur About Rogers, (consulté le )
  26. Bibliothèque et Archives Canada, « Wilfrid Laurier : C’est compliqué », sur www.bac-lac.gc.ca, (consulté le )
  27. Library and Archives Canada, « Wilfrid Laurier: It’s Complicated », sur www.bac-lac.gc.ca, (consulté le )
  28. Richard Pedneault - Directeur conservateur - Musée Laurier, « Musée Laurier », sur http://museelaurier.com/,
  29. « Sir Wilfrid Laurier disparaîtra des billets canadiens » (consulté le )
  30. Radio Canada International, « Bientôt un nouveau billet de 5 $ », sur RCI | Français, (consulté le )
  31. Collection Wilfrid Laurier (P140) - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).
  32. « Fonds Sir Wilfrid Laurier, Bibliothèque et Archives Canada »
  33. (en) Wilfrid Laurier et Ulric Barthe, Wilfrid Laurier on the platform collection of the principal speeches made in Parliament or before the people, by the Honorable Wilfrid Laurier ... member for Quebec-East in the Commons, since his entry into active politics in 1871., Turcotte & Menard's Steam Print. Office, (OCLC 561903975, lire en ligne)
  34. « BAnQ numérique », sur numerique.banq.qc.ca (consulté le )
  35. (en) Wilfrid Laurier et L.-O David, Discours à l'étranger et au Canada., Librairie Beauchemin limitée, (OCLC 2139770, lire en ligne)
  36. Wilfrid Laurier et Alfred D DeCelles, Discours de Sir Wilfrid Laurier, Librairie Beauchemin limitée, (OCLC 49095489, lire en ligne)
  37. (en) Wilfrid Laurier et Lucien Turcotte Pacaud, Sir Wilfrid Laurier: letters to my father and mother, Ryerson Press, (OCLC 936807180, lire en ligne)
  38. Wilfrid Laurier et Lucien Pacaud, Sir Wilfrid Laurier: Lettres a mon pere et a ma mere, 1867-1919., Imprimerie d'Arthabaska, (OCLC 301413517, lire en ligne)
  39. (en) Wilfrid Laurier, Émilie Lavergne et Charles Fisher, Dearest Émilie: the love-letters of Sir Wilfrid Laurier to Madame Emilie Lavergne, NC Press, (ISBN 978-1-55021-056-9, OCLC 869667281, lire en ligne)
  40. « Détails sur le document pour Chère Émilie : une correspondance de Sir Wilfrid Laurier », sur bac-lac.on.worldcat.org (consulté le )

Voir aussi

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