Louis-Philippe-Adélard Langevin

Mgr Louis-Philippe-Adélard Langevin (-) est un ecclésiastique canadien. Il est le successeur de Mgr Taché sur le siège archiépiscopal de Saint-Boniface, comme lui Oblat de Marie, est né à Saint-Isidore, comté de Laprairie, le .

Son père, François-Théophile Langevin, dont les ancêtres étaient venus de l'Anjou au Canada au XVIIe siècle, exerçait la profession de notaire. Sa mère, Marie-Paméla Racicot, fille du notaire Racicot, de Sault-au-Récollet, était la sœur de feu Mgr Zotique Racicot. L'un de ses frères cadets, Hermas Langevin, s'était fait prêtre et a été plusieurs années curé d'Hochelaga.

Le futur archevêque fit ses études au collège de Montréal, où il eut comme confrères de classe Mgr Bruchési, l'honorable F.-D. Monk, le juge Beaudin et le juge Lanctôt. Le jeune Langevin comptait parmi les premiers de sa division. Il aimait la joie saine et le bon rire et ne se privait pas de commettre parfois quelques espiègleries. Mais il était si franc, si ouvert, si bon élève et si joyeux camarade qu'on lui passait vite tout cela. Au grand séminaire, il devint plus sérieux, mais resta, comme toute sa vie d'ailleurs, joyeux et bon vivant. Il était diacre en 1881, quand il entra au noviciat des Oblats à Lachine. Il y fit sa profession religieuse le , et, cinq jours plus tard, le 30, il était ordonné prêtre, au Bon-Pasteur de Montréal, par Mgr Fabre.

Pendant trois ans, le Père Langevin fut missionnaire en résidence à Saint-Pierre de Montréal. Son éloquence naturelle, si ardente et si vivante, lui assura de constants succès dans les nombreuses missions et retraites qu'il prêcha à cette époque. En 1885, il était assigné, par ses supérieurs, à l'Université d'Ottawa, où il fut, sept ou huit ans, professeur de théologie et directeur des séminaristes. Là encore, il se dépensa sans compter, avec toute la fougue de son tempérament généreux.

Entre-temps, en 1890, il fut l'un des délégués de sa province au conseil ou chapitre général de sa congrégation à Paris, en France. En 1893, il quittait Ottawa pour l'Ouest, où l'appelait la confiance de Mgr Taché alors vieillissant. Il fut chargé de l'importante paroisse de Sainte-Marie de Winnipeg. Presque en même temps, il devenait provincial des Oblats du Manitoba. Le , il était élu archevêque de Saint-Boniface pour succéder à Mgr Taché, décédé le . Il fut sacré dans sa cathédrale le suivant, par Mgr Fabre, qui lui avait conféré la prêtrise en 1882. Il n'avait pas encore 40 ans. Il a administré son diocèse pendant vingt ans, de 1895 à 1915, et il est mort à Montréal, au cours d'un voyage dans la province de Québec, le , à 59 ans.

En prenant la succession de Mgr Taché et en montant sur le trône archiépiscopal de Saint-Boniface, en , Mgr Langevin assumait par obéissance une bien lourde tâche. Les circonstances, dans l'Ouest, étaient difficiles. Ce vaste pays se trouvait envahi par une immigration très mélangée qui menaçait de tout submerger. Si les catholiques de diverses nations qui arrivaient étaient encore en nombre, ils étaient loin d'être les plus nombreux. Par ailleurs, la majorité anglo-protestante entendait tout dominer. Des lois avaient été votées au parlement de Winnipeg à propos des écoles catholiques et françaises. Bien des courants contraires agitaient l'opinion et les esprits étaient fort excités.

Le nouvel archevêque se mit à la tâche, de tout son esprit, de tout son cœur. Il prit le dépôt que l'Église lui confiait hardiment et résolument. C'est ce mot des Écritures précisément — Depositum custodi — Garde le dépôt — qu'il avait mis dans ses armes épiscopales. Il lui a été fidèle. Mgr Adélard Langevin, en tout cas, a été, pendant vingt ans, pour la cause catholique et française, dans l'Ouest canadien, voire dans tout le pays, le lutteur par excellence, le champion qui ne faiblit pas, et, bien souvent, le dominateur qui magnétise et subjugue.

Pas très grand de taille, trapu et d'apparence robuste, l'archevêque semblait fait pour l'action et pour la résistance. Il avait un magnifique talent de parole, une facilité étonnante, un verbe claironnant comme une fanfare, une physionomie mobile et expressive à l'extrême. De tout cela il s'est servi, largement et abondamment, pour le soutien ou la défense des causes chères à son peuple. C'est pourquoi aussi il a beaucoup souffert. Les épreuves et les peines ont marqué sa carrière d'un signe qui ne trompe pas, celui de la croix.

Si l'on me salue un peu partout par des acclamations émues, disait-il aux militants de l'Association catholique de la jeunesse canadienne, à l'Arena, lors du congrès eucharistique international de Montréal en 1910, c'est que je suis un blessé, le blessé de l'Ouest. Puis fièrement, avec ce coup de voix un peu criard, mais si franc, qui jaillissait souvent du fond de son être, il ajoutait : "Mais, si je suis un blessé, je ne suis pas un découragé, je ne suis pas un vaincu ! En avant toujours et jusqu'au bout !" Tout Mgr Langevin et toute sa carrière se résume en ces paroles retentissantes, qui furent alors saluées d'une indicible ovation.

La collection d'archives Adélard Langevin est conservé au centre d’archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec[1].

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