Robert Laird Borden

Robert Laird Borden (né le et mort le ) fut homme d'État. Il fut le 8e Premier ministre du Canada, du au , et le 3e néo-écossais à occuper ce poste.

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Robert Laird Borden

Sir Robert Laid Borden photographié en 1915.
Fonctions
8e premier ministre du Canada

(8 ans, 9 mois et 8 jours)
Élection 1911
Réélection 1917
Monarque George V
Gouverneur Albert Grey
Arthur de Connaught
Victor Cavendish
Gouvernement Borden I et II
Prédécesseur Wilfrid Laurier
Successeur Arthur Meighen
Biographie
Nom de naissance Robert Laird Borden
Date de naissance
Lieu de naissance Grand-Pré (Nouvelle-Écosse)
Date de décès
Lieu de décès Ottawa (Ontario, Canada)
Sépulture Cimetière Beechwood (en)
Nationalité Canadien anglais
Parti politique Conservateur (1891-1917, 1922-1937)
Unioniste (1917-1922)
Libéral (1867-1891)
Père Andrew Borden
Mère Eunice Jane Laird
Fratrie Franc-maçon
Conjoint Laura Borden
Profession Avocat
Religion Chrétien presbytérien


Premiers ministres du Canada

Borden fut le dernier premier ministre né avant 1867, l'année de la Confédération canadienne, et figure sur le billet de cent dollars canadien.

Enfance et années de formation

Il fut né et fut élevé à Grand-Pré, en Nouvelle-Écosse, une région agricole dans le nord de la vallée d'Annapolis, où son arrière-grand-père (Perry Borden, père) se fut installé sur des terres acadiennes en 1760. Il fit ses études au Acacia Villa Academy et considérait son père, Andrew Borden, comme « un homme doté de grandes aptitudes et d'un excellent jugement » et « calme, contemplatif, de mentalité philosophique » mais qu'« il manquait d'énergie et n'avait pas un grand don pour les affaires ». Sa mère, Eunice Jane Laird, était plus déterminée : Borden admirait « [sa] force de caractère, [sa] remarquable énergie, [sa] grande ambition et [ses] aptitudes exceptionnelles ». Son ambition fut transmise à son premier-né, qui s'appliqua à ses études, tout en aidant ses parents dans le travail, bien qu'il le détestât autant, de fermier.

De 1869 à 1874, il travailla comme professeur à Grand-Pré et à Matawan, au New Jersey. Ne voyant aucun avenir dans l'enseignement, il retourna en Nouvelle-Écosse en 1874 pour être stagiaire pendant quatre ans chez une firme d'avocats à Halifax (sans formation universitaire) et fut reçu au barreau de la Nouvelle-Écosse en 1878 en se classant premier aux examens du barreau. Borden se rendit alors à Kentville (Nouvelle-Écosse) comme partenaire junior de l'avocat conservateur John P. Chipman. Depuis 1880, Borden devint membre de la franc-maçonnerie . En 1882, Wallace Graham lui demanda de revenir à Halifax pour se joindre à la firme d'avocats conservatrice qui était dirigée par Graham et Charles Tupper. Après le départ de Graham, qui fut nommé juge, et de Tupper, qui se lança en politique et sera éventuellement premier ministre, Borden devint le partenaire senior à l'automne de 1889, bien qu'il n'ait que 35 ans.

Sa sécurité financière désormais assurée, il épousa, le , la fille d'un quincailler de Halifax, Laura Bond[1] (1863-1940), mais ils n'eurent aucun enfant. En 1894, il acheta une grande propriété sur le quartier sud du chemin Quinpool, et le couple baptisa Pinehurst leur nouveau domicile. En 1893, il gagna la première de deux causes qu'il porta devant le Comité judiciaire du Conseil privé du Royaume-Uni. Il représentait la plupart des entreprises les plus importantes d'Halifax et faisait partie des conseils d'administration de plusieurs compagnies néo-écossaises, comme la Bank of Nova Scotia et la compagnie d'assurances Crown Life. Président de la Nova Scotia Barristers' Society en 1896, il prit l'initiative d'organiser les réunions fondatrices de l'Association du Barreau canadien à Montréal en 1896. Lorsqu'il commençait à être sollicité pour se lancer en politique, Borden détenait le plus grand cabinet d'avocats des Provinces maritimes et était devenu très riche.

Début de carrière politique

Borden fut élu député d'une circonscription de Halifax lors de l'élection fédérale de 1896, la même dans laquelle Wilfrid Laurier devint premier ministre. Borden prit la direction du Parti conservateur et devint chef de l'opposition en 1901. Il rebâtit tranquillement le parti, qui avait perdu le pouvoir et l'influence avec la défaite 1896 et son chef, Tupper. Aux élections de 1911, il fut porté au pouvoir en faisant campagne contre le plan de Laurier d'instaurer le libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Borden et les conservateurs prônaient plutôt la « préférence impériale », l'utilisation de tarifs douaniers pour diminuer les importations provenant de l'extérieur de l'Empire britannique.

Robert Borden et Winston Churchill en 1912

Premier ministre

En tant que premier ministre du Canada pendant la Première Guerre mondiale, Borden transforma son gouvernement en une administration de temps de guerre, adoptant la Loi sur les mesures de guerre en 1914. Borden engagea le Canada à fournir 500 000 soldats pour l'effort de guerre. Toutefois, les volontaires se firent rares lorsque les Canadiens se rendirent compte qu'il n'y aurait pas de fin rapide et facile à la guerre. Borden était pourtant déterminé à respecter ses engagements : il fit adopter la Loi concernant le service militaire, ce qui mena à la crise de la conscription de 1917, qui divisa le pays sur des lignes linguistiques. La question impopulaire de la conscription aurait surement sonné le glas de son gouvernement à l'élection de 1917, mais Borden recruta des membres du Parti libéral pour la création d'un gouvernement unioniste sans l'accord de Laurier.

À l'élection de 1917, les candidats du « gouvernement » (incluant les libéraux-unionistes) écrasèrent les «libéraux de Laurier» de l'opposition au Canada anglais, ce qui donna une très grande majorité parlementaire à Borden. Les « libéraux de Laurier » représentaient presque uniquement des circonscriptions francophones. Très peu de conscrits furent enfin envoyés au front, l'armée canadienne ne disposant pas des moyens logistiques pour entraîner, encadrer et mener 500 000 hommes rapidement en Europe. Néanmoins, pour ce premier ministre connu pour son aversion pour les francophones, la polarisation que devait immanquablement susciter cette mesure n'était pas un inconvénient et la division du parti libéral lui bénéficia certainement.

La guerre permit au Canada de s'affirmer comme pouvoir indépendant. Borden voulait créer une armée canadienne unique, plutôt que d'avoir des soldats séparés et assignés à des divisions britanniques. Sam Hughes, le ministre de la milice, s'assura que les Canadiens étaient bien entraînés et préparés à se battre au sein de leurs propres divisions et le général Arthur Currie fut un chef sensé pour les divisions canadiennes en Europe bien qu'ils étaient toujours sous commandement britannique. Néanmoins, les troupes canadiennes montrèrent qu'elles étaient parmi les meilleures au monde, comme dans la Somme, à Ypres, à Passchendaele et surtout à la Vimy.

Hughes fut toutefois critiqué pour son insistance à équiper les soldats canadiens d'un fusil canadien mal adapté aux conditions des tranchées. De plus, il fut critiqué au Québec parce que c'était un francophobe notoire qui réagissait par l'immobilisme aux initiatives visant à permettre plus facilement aux francophones d'occuper des postes d'officiers et de servir dans des unités au commandement francophone.

Portrait par William Orpen

En matière d'affaires internationales, Borden joua un rôle crucial dans la transformation de l'Empire britannique en un partenariat d'États mis sur le même pied d'égalité : le Commonwealth, un terme qui fut discuté pour la première fois lors d'une conférence impériale à Londres, pendant le conflit mondial. Borden introduisit également les premiers impôts sur le revenu, qui devaient à l'époque être une mesure temporaire mais qui sont devenus permanents.

Convaincu que le Canada avait acquis le statut de nation sur les champs de bataille en Europe, Borden exigea que le pays ait un siège à la conférence de paix de Paris. Le Royaume-Uni s'y opposa initialement mais aussi les États-Unis d'Amérique, qui considéraient qu'une telle délégation ne serait qu'une voix supplémentaire pour les Britanniques. Borden répliqua que puisque le Canada avait une plus grande proportion d'hommes que les États-Unis dans la guerre (bien que le nombre absolu était similaire pour les deux pays), il avait au moins mérité la représentation d'un pouvoir mineur. Le premier ministre britannique, David Lloyd George, finit par céder et convainquit les Américains réticents d'accepter la présence de délégations canadiennes, australiennes, néo-zélandaises et sud-africaines séparées. La persévérance de Borden permit au premier ministre de représenter le Canada à Paris en tant que nation et de faire en sorte que chaque dominion pouvait signer le traité de Versailles, individuellement, et avoir ainsi le statut de membre à la Société des Nations.

Sur l'insistance de Borden, le traité fut ratifié par le Parlement du Canada. Borden fut le dernier premier ministre à être fait chevalier : la Chambre des communes vota pour que cesse cette pratique qui consistait à décerner des titres à des Canadiens en 1919, avec l'adoption de la résolution Nickle.

Cette même année, Borden autorisa l'usage de la force militaire pour mettre fin à la grève générale de Winnipeg. Entre 1914 et 1917, en réponse à la xénophobie dirigée contre les citoyens de l'Autriche-Hongrie, résultant de la Première Guerre mondiale, 8 579 Européens de l'Est furent internés. Cela incluait à peu près 5 000 ukrainiens, dont certains étaient nés au Canada. De plus, 80 000 personnes supplémentaires furent enregistrés et leurs droits civils fondamentaux, comme le droit de vote, supprimés.

Le gouvernement Borden nationalisa les compagnies de chemin de fer Canadian Northern et Grand Trunk pour créer ce qui allait devenir le Canadian National (Canadien National).

Fin de vie

Sir Robert Borden démissionna du poste de premier ministre en 1920. Il fut chancelier de l'Université McGill de 1918 à 1920[2] et de la Queen's University de 1924 à 1930, et fut président de deux institutions financières.

Borden mourut à Ottawa le à l'âge de 83 ans. Il est enterré au cimetière Beechwood, à Ottawa.

Distinctions

Il devint membre du conseil privé de la Reine pour le Canada (CP), du Conseil de la Reine (CR), de l'ordre de Saint-Michel et Saint-Georges (GCMG) et du Conseil du Roi (CR).

Principales lois adoptées

Archives

Il y a un fonds d'archives Sir Robert Borden à la Bibliothèque et Archives Canada[3].

Notes et références

  1. Laura Lady Bond est née en 1862 à Halifax en Nouvelle-Écosse et elle est décédée le 7 septembre 1940 à Ottawa en Ontario.
  2. (en) « Previous Chancellors », sur Université McGill (consulté le )
  3. « Fonds Sir Robert Borden, Bibliothèque et Archives Canada »

Liens externes

Médiagraphie complémentaire

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