Provinces maritimes

L'expression « provinces maritimes » désigne l'ensemble des trois provinces de la côte sud-est du Canada, soit le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard. À la différence des provinces de l'Atlantique, les Maritimes n'incluent pas Terre-Neuve-et-Labrador.

Provinces maritimes

Les Provinces maritimes au Canada.
Pays Canada
Population 1 813 102[1] d'hab.
Superficie 132 416[1] km2
Principales langues Anglais (majoritaire), français
Cours d'eau Fleuve Saint-Jean
Ville(s) Fredericton, Moncton, Halifax et Charlottetown

Histoire

Préhistoire

Après le retrait des glaciers à la fin de la glaciation du Wisconsin, il y a plus de dix mille ans, les établissements humains par les paléoaméricains commença dans les Maritimes il y a environ six mille ans.

La période des trois mille ans suivants fut dominée par la montée du niveau des eaux à la suite de la fonte des glaciers où Amérindiens archaïques laissèrent des tumulus et d'autres sites cérémoniels dans la vallée du fleuve Saint-Jean.

La période tardive qui suivie jusqu'au premier contact avec les colons européens fut dominée par l'organisation des Peuples algonquiens de l'Est:

Arrivée des Européens

Les Maritimes furent la seconde zone au Canada à être temporairement colonisée par les Européens, après Terre-Neuve. Il est prouvé que les explorateurs Vikings découvrirent et se sont installés dans la région Vinland vers l'an 1000, grâce aux fouilles de l'Anse aux Meadows, à Terre-Neuve-et-Labrador. Il est possible qu'ils poursuivirent l'exploration vers les Maritimes actuelles et le nord-est des États-Unis mais aucune preuve n'a encore été trouvée.

Tant Giovanni Caboto (Jean Cabot) que Giovanni da Verrazzano rapportèrent avoir navigué à proximité des eaux des Maritimes au cours de leurs voyages de découverte. Plusieurs explorateurs et cartographes et portugais documentèrent également diverses parties des Maritimes, dont Diogo Homem. Cependant, c'est Jacques Cartier qui fit la première reconnaissance détaillée de la région et en prit possession pour le roi de France. Cartier fut suivi par seigneur Pierre Dugua, sieur de Monts et l'explorateur Samuel de Champlain en 1604. Ils établirent la deuxième colonie européenne permanente en Amérique du Nord à l'île Sainte-Croix qui fut plus tard déplacée à Port-Royal, trois ans avant la colonisation anglaise de Jamestown (Virginie). Champlain a acquis ensuite une plus grande renommée en fondant la ville de Québec et la Nouvelle-France.

Acadie

Les succès de Champlain dans la région, par la suite appelée Acadie, conduisit à la colonisation des marais littoraux fertiles du sud-est et du nord-est de la baie de Fundy par des immigrants français qui se sont appelés Acadiens. Ils construisirent de petites colonies tout au long de ce qui est aujourd'hui la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, l'Île-Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard), Île-Royale (île du Cap-Breton) et d'autres zones du golfe du Saint-Laurent en aujourd'hui faisant partie de Terre-Neuve-et-Labrador et du Québec. L'économie était essentiellement agraire mais il y avait des villages de pêcheurs dans le sud-ouest Nouvelle-Écosse, à l'Île-Royale, ainsi que le long des côtes sud et ouest de Terre-Neuve, de la Gaspésie et de l'actuelle Côte-Nord du Québec.

La France et l'Angleterre s'affrontant durant les 17 et 18e siècles, l'Acadie fut envahie à plusieurs reprises par les colonies anglaises le long de la côte américaine plus au sud. La plus grande partie passa à l'Angleterre en 1713 par les traités d'Utrecht, le reste fut cédé en 1763 lors du traité de Paris. En 1755, lors de la Guerre de Sept Ans, les Acadiens de Nouvelle-Écosse furent déportés en grand nombre.

Guerres américaines

Après la guerre de Sept Ans, les terres acadiennes vides furent allouées à des planteurs de la Nouvelle-Angleterre puis à des immigrants amenés du Yorkshire. Île-Royale fut rebaptisé l'île du Cap-Breton et incorporé à la colonie de la Nouvelle-Écosse. Les deux colonies de la Nouvelle-Écosse (aujourd'hui la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick) et de l'île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard) furent affectées par la guerre révolutionnaire américaine, surtout par l'action de corsaires contre les navires américains, mais plusieurs communautés côtières furent également la cible de raids américains. Charlottetown, la capitale de la nouvelle colonie de l'île Saint-Jean, fut saccagée en 1775. La plus grande action militaire dans les Maritimes au cours de la guerre révolutionnaire fut l'attaque de Fort Cumberland (le Fort Beauséjour sous les Français) en 1776 par une force de sympathisants américains dirigés par Jonathan Eddy. Les assaillants furet finalement repoussés après l'arrivée de renforts britanniques d'Halifax.

L'impact le plus important de cette guerre fut l'arrivée d'un grand nombre de réfugiés loyalistes dans la région, en particulier à Shelburne et Saint-Jean (Nouveau-Brunswick) après le traité de Paris en 1783. Les colons loyalistes, dans ce qui allait devenir le Nouveau-Brunswick, persuadèrent les administrateurs britanniques de diviser la colonie de la Nouvelle-Écosse pour créer la nouvelle colonie en 1784. Durant la même période, une autre partie de la colonie de la Nouvelle-Écosse, l'île du Cap-Breton, fut scindée pour devenir la colonie de l'île du Cap-Breton et la colonie de l'île Saint-Jean fut rebaptisé à l'Île-du-Prince-Édouard le .

La guerre de 1812 eut un certain effet sur l'industrie du transport maritime dans les colonies maritimes du Nouveau-Brunswick, de Nouvelle-Écosse, de l'Île-du-Prince-Édouard et de l'île du Cap-Breton. Cependant, la présence de la Marine royale à Halifax et d'autres ports de la région empêcha toute tentative sérieuse de raiders américains. Les corsaires des Maritimes et des États-Unis ciblèrent les navires marchands de l'adversaire ce qui réduisit encore davantage le commerce. La section de la frontière canado-américaine du Nouveau-Brunswick ne vit aucune action significative au cours du conflit, bien que les forces britanniques occupèrent une partie de la côte du Maine à un moment donné. L'incident le plus significatif de cette guerre qui eut lieu dans les Maritimes par la capture et la détention de la frégate américaine USS Chesapeake à Halifax.

Chemin vers la Confédération

Carte topographique des Provinces maritimes.

En 1820, la colonie de l'île du Cap-Breton fut réincorporée à la colonie de la Nouvelle-Écosse pour la deuxième fois par le gouvernement britannique. La colonisation britannique des Maritimes, comme les colonies de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de l'Île-du-Prince-Édouard fut accélérée tout au long XIXe siècle par l'immigration importante d'Écossais déplacées par le Highland Clearances et d'Irlandais échappant à la Grande Famine en Irlande (1845 à 1849). En conséquence, une partie importante des trois provinces sont influencés par leurs héritages celtiques, avec le gaélique écossais (et à un degré moindre, le gaélique irlandais) encore largement parlé au Cap-Breton.

Pendant la guerre de Sécession, un nombre important d'entre-eux se sont portés volontaires dans les armées de l'Union, tandis qu'une petite poignée rejoignirent l'armée confédérée. Cependant, la majorité de l'impact du conflit fut ressenti dans l'industrie du transport maritime qui s'est énormément développé en raison des importations du Nord à grande échelle de matériel de guerre. Les tensions diplomatiques entre la Grande-Bretagne et le gouvernement américain sont apparues après que la Grande-Bretagne exprima leur soutien pour le Sud.

L'immense taille de l'armée de l'Union (la plus grande de la planète vers la fin de la guerre) fut considérée avec une inquiétude croissante par les autorités des Maritimes tout au long des années 1860. Une autre préoccupation fut la menace grandissante des raids féniens sur les communautés frontalières au Nouveau-Brunswick par ceux qui cherchèrent à mettre fin à la domination britannique de l'Irlande. Cette combinaison d'événements, couplée à une baisse continue du soutien militaire et économique britannique à la région favorisa un appel des politiciens locaux pour une conférence sur l'Union Maritime au début de à Charlottetown, ville choisie en partie à cause de la réticence de l'Île-du-prince-Édouard à renoncer à sa souveraineté juridictionnelle en faveur de l'union avec le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse en une seule colonie.

La Conférence de Charlottetown reçue une série de visites des délégués de la colonie voisine du Canada-Uni, arrivés sans invitation et avec leur propre agenda. La conférence fut dominée à l'insistance de ces derniers par des discussions sur la création d'une union encore plus importante de l'ensemble du territoire de l'Amérique du Nord britannique en une colonie unie. La Conférence de Charlottetown prit fin avec un accord pour une nouvelle réunion le mois suivant dans la ville de Québec, où des discussions plus formelles se sont poursuivies, culminant avec des réunions à Londres et la signature de l'Actes de l'Amérique du Nord britannique créant le Canada.

Population

Langue maternelle aux provinces maritimes (source de données: Statistique Canada, recensement de 2006) :

  • Majorité anglophone, moins de 33 % de francophones
  • Majorité anglophone, plus de 33 % de francophones
  • Majorité francophone, moins de 33 % d'anglophones
  • Majorité francophone, plus de 33 % d'anglophones
  • Majorité allophone (autochtones)
  • Données non disponibles

La société maritime est basée sur un mélange de traditions et de classes. Essentiellement rurale jusqu'à récemment, la région retrace plusieurs de ses activités culturelles à des populations pratiquant la pêche, l'agriculture, la foresterie et les mines de charbon.

Alors que les Maritimes sont majoritairement peuplés d'européens occidentaux (écossais, irlandais, anglais et acadiens), l'immigration au Cap-Breton industriel à l'apogée de l'exploitation minière du charbon et de la fabrication de l'acier a réuni des gens de l'Europe de l'Est et de Terre-Neuve. Les Maritimes ont également une population noire, la plupart sont descendants des loyalistes afro-américains ou des réfugiés de la guerre de 1812 et largement concentrés en Nouvelle-Écosse. Les réserves de la Première nation Micmac de la Nouvelle-Écosse, de l'Île-du-Prince-Édouard et de l'est du Nouveau-Brunswick dominent la culture autochtone dans la région, par rapport à la population beaucoup plus petite de la nation Malécite dans l'ouest du Nouveau-Brunswick.

C'est dans ces trois provinces que l'on trouve la majorité des Acadiens, descendants des premiers colons français, et notamment au Nouveau-Brunswick où ils forment le tiers de la population. Ils jouent un rôle important dans cette dernière et c'est la seule province officiellement bilingue au Canada. Les minorités acadiennes en Nouvelle-Écosse et à l'île du Prince-Édouard sont concentrés dans des secteurs restreints.

Les activités culturelles sont assez diverses dans toute la région, avec la musique, la danse, le théâtre et les formes d'art littéraires tendant à suivre le patrimoine culturel particulier de lieux spécifiques. Un fragment de la culture gaélique demeure en Nouvelle-Écosse, plus précisément sur l'île du Cap-Breton. Les Maritimes furent aussi parmi les plus fervents partisans de la prohibition (l'Île-du-Prince-Édouard jusqu'en 1948), et certaines communautés à prédominance rurale conservent le statut «sec» (interdiction de la vente au détail d'alcool) comme un vestige du mouvement de tempérance dans la région. Certaines entreprises, en particulier les brasseries comme Alexander Keith et Moosehead, joue cette connexion entre le folklore avec la consommation d'alcool au cours de leurs campagnes de marketing.

Climat

Contrairement à leur nom, les Maritimes ont un climat continental humide de sous-type chaud en été. Ainsi le climat intérieur du Nouveau-Brunswick montre de très grandes variations de température entre l'hiver et l'été. Cependant, dans les zones côtières, les écarts sont plus minces par rapport à la variabilité ailleurs au Canada, surtout le long des côtes atlantiques de la Nouvelle-Écosse où l'eau ne gèle pas.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Clotilde Bodiguel, Les pêcheurs des Provinces maritimes du Canada face aux fluctuations des ressources halieutiques, Université de Paris 4, 2001 (thèse de Géographie)
  • (en) David Creelman, Setting in the East: Maritime realist fiction, McGill-Queen's University Press, Montréal, Ithaca, 2003, 247 p. (ISBN 0-7735-2478-9)
  • Pierre Josse (dir.), Québec et provinces maritimes, Hachette, Paris, coll. Le Guide du routard, 2009, 559 p. (ISBN 978-2-01-244483-6)
  • Marguerite Maillet, Bibliographie des publications de l'Acadie des Provinces Maritimes : livres et brochures, 1609-1995, Éd. d'Acadie, Moncton N.-B., 1997, 555 p. (ISBN 2-7600-0328-0)

Articles connexes

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