Pierre Dugua de Mons

Pierre Dugua de Mons (aussi « Du Gua de Monts » ou « du Guast, sieur de Monts »), né vers 1560 au château de Mons, à Royan et mort en 1628 dans son château d'Ardennes à Fléac-sur-Seugne, près de Pons (Pons dont Pierre Dugua a été gouverneur de 1610 à 1618), est le premier colonisateur de la Nouvelle-France. Il eut pour lieutenant Samuel de Champlain.

Biographie

Enfance

Pierre Dugua de Mons est issu d’une vieille famille de nobles de Saintonge. Il est le fils de Guy Dugua et de sa femme Claire Goumard[2]. Il se peut qu’il soit né au Gua, probablement en 1558[2] mais son acte de baptême n’a pas été retrouvé.

Pierre Dugua est marqué durant son enfance par les guerres de religion, auxquelles il prendra part plus tard au côté du roi protestant Henri de Navarre, le futur roi catholique Henri IV de France[2]. Bien qu’acquis aux idées du calvinisme, Dugua de Mons se maria avec une catholique, Judith Chesnel[2], appartenant à une famille noble, de la seigneurie de Meux, près de Jonzac. Ils n’eurent pas d’enfant[2].

Premières expéditions en Amérique

En 1599, Pierre Du Gua de Mons vend à son voisin, François Videgrain, sieur de Belmont, presque toutes les terres qu’il possédait dans le marquisat de Royan et les environs. Il investira le tout dans des entreprises apparemment commerciales mais qui, en réalité, seront des entreprises de colonisation.

La même année, il se rend pour fonder le comptoir de Tadoussac (au Québec actuel) avec son ami Pierre Chauvin de Tonnetuit.

En 1603, Henri IV nomme Pierre Dugua son « lieutenant général en Amérique septentrionale », et lui accorde le monopole de la traite des fourrures, pour compenser les frais d’établissement d’une colonie à cet endroit.

En 1604, Dugua organise une expédition qu’il conduit en personne au sud-est du Canada, où il est accompagné de Samuel Champlain, qui y participe en tant qu’explorateur, géographe et cartographe, et de Jean de Poutrincourt[note 1].

Vers l’île Sainte-Croix

Expéditions et établissements de Pierre Dugua de Mons et Samuel de Champlain en Acadie.

Aucune femme, ni enfant, ne fera partie de cette expédition devant durer plusieurs années. Il faut choisir l’endroit puis en éprouver les conditions d’accueil : qualité du sol, du climat, des relations avec les autochtones… En 1604, Dugua installe cette première colonie en Acadie, sur l’île Sainte-Croix, dans le fond de la Baie française. Mais l’hiver terrible enduré par ces premiers colons le conduit, au mois d’, à transférer la colonie sur un site plus approprié, que Champlain et Gravé-Dupont avaient repéré : ce sera Port-Royal, un lieu protégé des vents du nord-ouest et situé sur un lagon à l’est de la baie Française (aujourd’hui dans la vallée dite d’Annapolis Royal, en Nouvelle-Écosse, près de Digby).

Cependant, les plaintes continuelles des autres marchands, privés du commerce des fourrures, amèneront Henri IV à suspendre ce monopole commercial accordé à Dugua.

En 1607, l’aventure se termine et tous doivent retourner en France, malgré la dernière tentative de Dugua de Mons deux ans auparavant pour y faire un rapport et tenter d’empêcher à cette issue. Il ne reviendra plus jamais en Amérique, mais continuera à investir, à fonds perdus, dans le but d’y établir une colonie française.

Le financier

L’année suivante, ayant obtenu, mais pour un an, une reconduction de ce monopole (seul moyen pour financer une colonie puisque le roi n’accordait aucune subvention), Pierre Dugua sera l’instigateur et le financier de la vaste entreprise, plus au nord, qu’il confie à Champlain, dès lors son lieutenant en Nouvelle-France : fonder sur la « Grande Rivière de Canada » (le Saint-Laurent), à l’endroit que ce lieutenant trouvera le plus approprié, un premier poste de colonisation. Ce site, choisi par Champlain, sera Québec, où il débarque le avec 27 compagnons[3].

Le Gouverneur

Plaque sur la lieu de sa sépulture au château d'Ardennes.

En reconnaissance de ses services, le roi Henri IV lui accorde une pension annuelle de 1 200 couronnes et le poste de gouverneur de Pons[2], qu’il occupe de 1610 à 1617. En 2004, à l'initiative de la Municipalité de Pons et de l'Association Les Amitiés Généalogiques Canadiennes-Françaises une plaque commémorative est apposée sur l'Hôtel de Ville de Pons pour le Gouverneur Pierre Dugua de Mons[4].

En 1612, la reprise de l’antagonisme entre catholiques et protestants, après l’assassinat d’Henri IV, durant la régence de Marie de Médicis, obligera Pierre Dugua de Mons à renoncer à son titre de « lieutenant général pour la Nouvelle-France ».

Il meurt en 1628[2] au château d’Ardennes à Fléac-sur-Seugne (Charente-Maritime)[réf. nécessaire]. Selon le Dictionnaire biographique du Canada, il se peut aussi qu’il soit mort dans les Ardennes[2].

Célébrations de la fondation de Québec

Monument de Pierre Dugua de Mons, terrasse Saint-Denis, parc du Bastion-de-la-Reine, Québec.

À l’occasion du 400e anniversaire de Québec, l’historien Marcel Trudel affirme que sans Dugua de Mons, la fondation de la ville aurait été impossible. De son côté, l’historien Gaston Deschênes regrette que l’on réduise ainsi l’importance du rôle de Champlain[5].

Le , la Ville de Québec érige un imposant monument à la mémoire de Pierre Dugua de Mons, grâce au travail de 10 ans de recherche de l’historien M. Grenon, avec la présence d’une délégation officielle de Royan[6].

Citations

  • « Au moment où tout semblait perdu pour la France en Amérique, c’est à Pierre Dugua que la Nouvelle-France doit sa survie. » - Jean Glénisson
  • « On peut présumer que sans lui (de Mons) il n’y eût pas eu de Champlain. » - Marcel Trudel
  • « Rendre à Dugua de Mons l’hommage auquel il a droit ne porte aucunement ombrage à Champlain. Tout au contraire il est encourageant de voir la parfaite entente de ces deux hommes, l’un catholique et l’autre protestant, en vue de la création de Québec, cause qui leur tient à cœur autant à l’un qu’à l’autre. C’est ensemble qu’ils triompheront de la terrible coalition d’intérêts de marchands rivaux qui s’opposera à leur destin. » - Maxime Le Grelle s.j., ancien curé de Brouage.

Notes et références

Notes

  1. Jean de Poutrincourt est accompagné d’un cousin par alliance, l’apothicaire parisien Louis Hébert : Claude Pajot, l’épouse de Poutrincourt, est cousine germaine de Louis Hébert. Poutrincourt sera plus tard un successeur de Dugua, en Acadie. Hébert s’établira à Québec en 1617 avec sa famille, auprès de Champlain. Ils y seront la première famille de colons en Nouvelle-France.

Références

  1. « Le 3 juillet 2007 : Dévoilement du buste de Pierre Dugua de Mons à Québec », au pied du « Mont du Gas » [sic] (le sommet local, ainsi nommé par Champlain en 1608), sur la « Terrasse Saint-Denis », désormais renommée « Terrasse Pierre-Dugua-De Mons ».
  2. George MacBeath, « Dugua de Mons, Pierre », sur Dictionnaire biographique du Canada en ligne, université de Toronto/université Laval, (consulté le ).
  3. magazineprestige.com
  4. http://inventairenf.cieq.ulaval.ca:8080/inventaire/oneLieu.do?refLieu=1641
  5. 400e : la fête d’abord.
  6. patrimoine-culturel.gouv.qc.ca.

Voir aussi

Bibliographie

  • Giro, Pierre Dugua de Mons ; bande dessinée historique (1999).
  • Guy Binot, Pierre Dugua de Mons, gentilhomme royannais, premier colonisateur du Canada, lieutenant général de la Nouvelle-France de 1603 à 1612 ; Édit. Bonne anse, Royan, 2004, 267 pages.
  • Jean Glénisson, La France d’Amérique ; Imprimerie nationale, Paris, 1994.
  • Jean-Yves Grenon, Pierre Dugua de Mons, et les fondations de L’île Sainte-Croix, Port-Royal et Québec (1604-1612) ; Société historique de Québec, 2005, 40 p.
  • Jean Liebel, Pierre Dugua, sieur de Mons ; Le Croît vif, 1999.
  • Eric Thierry, La France de Henri IV en Amérique du Nord. De la création de l’Acadie à la fondation de Québec ; Édit. Honoré Champion, Paris, 2008, 502 p.
  • Samuel de Champlain, Les Fondations de l’Acadie et de Québec. 1604-1611 ; texte en français moderne, établi, annoté et présenté par Eric Thierry, Québec, Septentrion, 2008.
  • Emile Ducharlet, Il y a quatre siècles... ils rêvaient la Nouvelle France - L'aventure acadienne de ses fondateurs: Samuel Champlain, Pierre Dugua de Mons, Marc Lescarbot, Jean de Poutrincourt..., Comité du mémorial de la Nouvelle-France & La Lucarne Ovale éditions, 2018.

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