Jean Cabot

Giovanni Caboto (vers 1450-1498), connu en français sous le nom de Jean Cabot et en anglais sous celui de John Cabot, est un navigateur et explorateur italien au service de l’Angleterre. De dix ans plus âgé que Christophe Colomb, il aspire comme son cadet à découvrir la route occidentale vers les Indes.

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Jean Cabot

Jean Cabot – fresque de la salle de l'Écusson du palais des Doges par Giustino Menescardi.

Nom de naissance Giovanni Caboto
Naissance Vers 1450
Gênes (République de Gênes) ou Gaète (Royaume de Naples)
Décès Après 1498 et avant 1508
Nationalité Vénitien
Famille Ludovico, Sebastiano, et Sancio

Découvertes principales Grands Bancs et Terre-Neuve
Pour le compte de Angleterre
Bâtiments Matthew
Première expédition
Dernière expédition mai 1498
Hommage Tour Cabot à Bristol

Biographie

Jean Cabot est le fils de Giulio Caboto, décédé avant 1482[1]. Le lieu de naissance de Jean Cabot est incertain[1]: certains pensent qu'il est originaire de Gênes[2] alors que d'autres le font naître à Gaète[3] près de Naples. On considère souvent que Cabot est né vers 1450, mais on ne dispose pas de documents le concernant antérieurs à 1476[1]. On sait toutefois qu'il part vivre à Venise encore enfant et y obtient la nationalité en 1476[1]. Il épouse Mattea, une Vénitienne, qui lui donne trois fils (Ludovico, Sebastiano, et Sancio)[1], les deux premiers étant nés avant 1484[1].

Les activités professionnelles de Jean Cabot pendant sa période de résidence vénitienne, qui s'est prolongée jusqu'à 1484 en tout cas, ne sont pas connues avec certitude[1]. Il semble avoir été actif dans le commerce avec le Levant, pourrait avoir voyagé jusqu'en Arabie, aurait établi des cartes et aurait été bien informé tant du voyage de Marco Polo que des entreprises maritimes espagnoles et portugaises[1].

Jean Cabot se serait ensuite établi à Valence / Valencia de 1490 à 1493, et aurait travaillé à la fortification du port de la ville[1]. Il aurait donc pu être présent à Valence lorsque Christophe Colomb, de retour de son premier voyage, est passé par Valence[1]. Il semble par ailleurs que Jean Cabot ait cherché un soutien auprès des rois d'Espagne et du Portugal pour ses propres projets d'exploration[1]. Le fait que Cabot connaisse les récits de Marco Polo sur Cathay pourrait l'avoir amené à douter de l'affirmation de Colomb d'avoir atteint l'Asie[1].

Il est établi que Jean Cabot est arrivé en Angleterre avant la fin de l'année 1495 et qu'il souhaitait entreprendre une expédition pour atteindre Cathay par l'ouest en voyageant beaucoup plus au nord que Christophe Colomb[1]. Des navigateurs anglais partis de Bristol, tels que Thomas Croft et John Jay, avaient déjà atteint, dès les années 1480, une « terre ferme » située à l'ouest de l'Irlande. Jean Cabot pourrait en avoir entendu parler et cela aurait pu motiver son arrivée en Angleterre[1].

À la recherche d'une route vers l'Asie, Henri VII (roi d'Angleterre) s'attache les services de Jean Cabot par lettre patente du [4],[5] :

Ayant persuadé le roi qu'il était possible d'aller aux Indes orientales par le nord-ouest de l'Amérique, il est chargé d'entreprendre une expédition dans ce but au départ de Bristol[1]. Sa première tentative, en 1496, est un échec : Cabot ne va pas au-delà de l'Islande en raison de disputes avec son équipage, de mauvais temps et de manque de nourriture[1].

Le , l'explorateur quitte Bristol à bord du Matthew, un navire de 50 tonneaux disposant d'un équipage de dix-huit personnes dont son fils Sébastien Cabot[1]. Son équipage comprend non seulement des marins de Bristol, mais également des marchands, un barbier génois et un ressortissant de Bourgogne[1]. Il touche terre le 24 juin et se rend à terre, sans toutefois rencontrer d'indigènes[1]. Il a abordé les îles de Cap-Breton et de Terre-Neuve, à l'embouchure du fleuve Saint-Laurent, sans qu'il soit possible de localiser l'endroit de son débarquement[6]. Il explore ensuite la côte pendant quelque temps, mais ne se rend plus à terre[1]. Il repart finalement pour l'Angleterre et fait le récit de son voyage au roi Henri VII le 10 ou le à Londres[1]. Cabot est persuadé, à tort, d'avoir atteint l'Asie[1]. Il note également l'abondance de cabillauds au large des terres découvertes[1].

L'endroit précis de son premier accostage est controversé[1], mais les gouvernements canadien et britannique considèrent qu'il est arrivé dans la péninsule de Bonavista. Les Anglais ont prétendu qu'il était le premier Européen à découvrir la « nouvelle terre » après les Vikings ; mais l'absence de cartographie ou de journal de voyage pose des questions quant à la véracité des faits[7]. Dans le planisphère de Cantino de 1502 (pièce cartographique sur laquelle figure pour la première fois, avec une annotation claire, la partie la plus significative des contours orientaux du Nouveau Monde), le Groenland et Terre-Neuve sont représentés sous drapeau portugais. La carte de Pedro Reinel, qui date de 1504, atteste clairement de la domination des connaissances portugaises en référence à Terre-Neuve par son abondante toponymie.

L'année suivante, au début du mois mai 1498, Cabot repart de Bristol pour une nouvelle expédition[1]. Cette nouvelle expédition comprend cinq navires et il est probable que le but ait été de passer au sud-ouest des terres abordées lors du premier voyage[1]. Il semble également que l'établissement d'un comptoir, soit à Cathay elle-même, soit sur l'itinéraire entre l'Angleterre et Cathay, ait été planifié[1]. Cabot disparaît en mer sans que son sort soit connu[1]. Depuis cette date, plus rien n'apparaît concernant Cabot, et les références postérieures ont toutes pour origine son fils Sébastien[1].

Hommages

  • Bristol :
    • la tour Cabot, une tour de 30 mètres de haut en grès rouge bâtie en 1897 dans le centre de la ville, sur Brandon Hill, marque le 400e anniversaire de son débarquement dans la péninsule de Bonavista ;
    • une réplique du Matthew construite dans la ville ;
    • une statue de l'explorateur dans le quartier du port ;
  • Rome : l'université américaine de Rome porte son nom.

Galerie

Notes et références

  1. (en) R. A. Skelton, « CABOT, John », Dictionary of Canadian Biography, (lire en ligne).
  2. C'est notamment ce qu'affirme un contemporain de Cabot, Pedro de Ayala, diplomate de Ferdinand d'Aragon et d’Isabelle de Castille à Londres, le qualifiant en 1498 d’« un de ces Génois comme Colomb » : Lettre de Pedro de Ayala au roi d'Espagne, 25 juillet 1498.
  3. (it) Gianfranco Bernabei, « scheda tecnica documentario « Caboto » : I CABOTO E IL NUOVO MONDO (film documentaire) », RAI International, (lire en ligne [PDF]). Le principal argument en faveur de cette localité est donnée par des actes nommant une famille Caboto qui y aurait vécu jusqu'au milieu du XVe siècle, mais qui n'est plus citée après 1443 : cf. Roberto Almagiá, Commemorazione di Sebastiano Caboto nel IV centenario della morte (Venise, 1958), p. 37-38. ; les hypothèses d'une origine vénitienne, anglaise ou catalane se sont avérées sans fondement : cf. « CABOT » [html], Canadian Biography, (consulté le ).
  4. « Henrie, by the grace of God, King of England and France, and Lord of Irelande, to all, to whom these presentes shall come, Greeting--Be it knowen, that We have given and granted, and by these presentes do give and grant for Us and Our Heyres, to our well beloved John Gabote, citizen of Venice, to Lewes, Sebastian, and Santius, sonnes of the sayde John, and to the heires of them and every of them, and their deputies, full and free authoritie, leave, and Power, to sayle to all Partes, Countreys, and Seas, of the East, of the West, and of the North, under our banners and ensignes, with five shippes, of what burden or quantitie soever they bee: and as many mariners or men as they will have with them in the saide shippes, upon their owne proper costes and charges, to seeke out, discover, and finde, whatsoever Iles, Countreyes, Regions, or Provinces, of the Heathennes and Infidelles, whatsoever they bee, and in what part of the worlde soever they bee, whiche before this time have been unknowen to all Christians. We have granted to them also, and to every of them, the heires of them, and every of them, and their deputies, and have given them licence to set up Our banners and ensignes in every village, towne, castel, yle, or maine lande, of them newly founde. And that the aforesaide John and his sonnes, or their heires and assignes, may subdue, occupie, and possesse, all such townes, cities, castels, and yles, of them founde, which they can subdue, occupie, and possesse, as our vassailes and lieutenantes, getting unto Us the rule, title, and jurisdiction of the same villages, townes, castels, and firme lande so founde ». The Voyage of John Cabot to America.
  5. (en) The Voyage of John Cabot to America sur Chronicles of America.
  6. Potomac, « histoire.ontheway: Les voyages de Jean Cabot (1496-1498) », sur histoire.ontheway, (consulté le )
  7. Lucien Campeau, « Découvertes portugaises en Amérique du Nord », Revue d’histoire de l’Amérique française, 1966.

Voir aussi

Sources

Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Jean Cabot » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource).

Bibliographie

  • (en) James Williamson, The Voyages of the Cabots & the English Discovery of North America under Henry VII & VIII, Londres, The Argonaut Press, .
  • (en) Manuel Luciano Da Silva, Christopher Columbus was Portuguese, deuxième partie, Dightonrock the four theories, 2006 (ISBN 972-8998-14-7) (OCLC 180880510).
  • (en) Manuel Luciano Da Silva, The meaning of dightonrock, 1966.
  • (en) Edmund Burke Delabarre, Dighton Rock: A study of the written Rock of New England, 1928.

Article connexe

Liens externes

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