Henri-Gustave Joly de Lotbinière

Henri-Gustave Joly de Lotbinière, né le à Épernay en France et mort le à Québec au Canada, est un homme politique canadien. Il est le 4e premier ministre du Québec[1], et le premier protestant à exercer cette fonction. Il est aussi le premier chef du Parti libéral du Québec (PLQ) en 1869[2],[3]. Il a aussi été ministre du Cabinet fédéral[4] ainsi que lieutenant-gouverneur de la Colombie-Britannique[5],[6].

Pour les articles homonymes, voir Joly et Lotbinière.

Henri-Gustave Joly de Lotbinière

Henri-Gustave Joly de Lotbinière, vers 1890.
Fonctions
4e premier ministre du Québec

(1 an, 7 mois et 23 jours)
Lieutenant-gouverneur Luc Letellier de Saint-Just
Législature 2e, 3e
Prédécesseur Charles-Eugène Boucher de Boucherville
Successeur Joseph-Adolphe Chapleau
Lieutenant-gouverneur de la Colombie-Britannique
Prédécesseur Thomas Robert McInnes
Successeur James Dunsmuir
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Épernay, France
Date de décès
Lieu de décès Québec, Canada
Parti politique Libéral
Conjoint Margaretta Josepha Gowen
Profession Avocat, sylviculteur et seigneur
Religion Anglicanisme


Premiers ministres du Québec

Biographie

Enfance et éducation

Henri-Gustave est le fils de Pierre-Gustave Joly (1798-1865)[7], négociant français d'origine suisse et de Julie-Christine Chartier de Lotbinière (1810-1887), seigneuresse de Lotbinière et fille de Michel-Eustache-Gaspard-Alain Chartier de Lotbinière, militaire et politicien canadien. Baptisé à Épernay dans la religion calviniste, Henri-Gustave étudie à Paris au collège St-Louis et à l'institut Monge. C'est sa tante Catherine Alléon et sa grand-mère Ursula Fehr de Brunner qui veillent à son instruction tout comme à celle de son jeune frère, Edmond-de Lotbinière Joly qui deviendra officier dans l'armée britannique et mourra en Inde lors de la Révolte des cipayes à Lucknow. De retour à Québec à l'âge de 20 ans, il suit son père en voyage et sur les chantiers forestiers de leur seigneurie. Tout en apprenant le métier de seigneur et d'investisseur, il croque dans ses carnets de dessins les hommes à l'ouvrage, les bâtiments pittoresques et les points de vue intéressants[8]. Henri-Gustave travaille aussi dans un cabinet d'avocat de Québec pour parfaire ses connaissances du droit canadien. Il deviendra membre du barreau canadien en 1855.

Vie de famille

La famille Joly de Lotbinière[9].

Devenu anglican, Henri-Gustave se marie le avec Margaretta Josepha Gowen de Québec (née le à Québec – décédée le à Victoria, Colombie-Britannique). Également anglicane, elle est la fille du notaire Hammond Gowen et s'implique auprès des orphelins de la ville et de l'éducation des femmes, notamment par le cercle d'études de l'œuvre de Shakespeare qu'elle a fondé. Le couple aura onze enfants entre 1858 et 1875 dont sept (quatre filles et trois garçons) ont atteint l'âge adulte. La famille habite des maisons louées à Québec, mais aussi le domaine du Platon, aujourd'hui nommé Domaine Joly-De Lotbinière[9], situé à Sainte-Croix, et le bureau seigneurial de Leclercville.

Après le décès de sa mère, Julie-Christine Chartier de Lotbinière en 1887, il demande au gouvernement de Québec le droit d'ajouter "de Lotbinière" à son nom de famille pour éviter que celui-ci disparaisse. Il l'obtient en 1888.

Lorsque la vie politique demandera à Henri-Gustave de s'installer à Ottawa puis à Victoria, seule sa femme Margaretta le suivra, leurs enfants ayant eux-mêmes leur propre famille à ce moment. Elle en profitera pour fonder d'autres cercles de lecture pour femmes consacrés à Shakespeare dans ces deux villes. Elle s'impliquera aussi au sein du Conseil national des femmes du Canada.

Vie politique

L'hon. Henri-Gustave Joly de Lotbinière.

En 1860, sa mère lui transmet le titre de seigneur de Lotbinière et son père lui donne son domaine de la pointe Platon. Après une première défaite électorale en 1855, Henri-Gustave Joly est élu à l'Assemblée législative de la province du Canada dans Lotbinière en juillet 1861 en tant que libéral modéré. Il devient membre du Parti rouge lorsqu'il est réélu en 1863.

Bien qu'il ait travaillé à convaincre ses concitoyens de voter contre la confédération canadienne de 1867, Henri-Gustave Joly retourne au parlement avec le Parti libéral du Québec[3] et est député de la circonscription de Lotbinière tant au fédéral qu'au provincial. Il devient chef de l'opposition et en 1869, le premier chef du parti Libéral du Québec. M. Joly conservera cette position jusqu'en 1882. Réélu au provincial en 1871, 1875, 1878, puis sans opposition en 1881. Au fédéral, Henri-Gustave est réélu dans Lotbinière lors de l'élection fédérale canadienne de 1872, mais choisi de rester au provincial lors de l'abolition du double mandat en 1874.

En 1878, le premier ministre conservateur Charles-Eugène Boucher de Boucherville démissionne le 2 mars alors qu'il était sur le point d'être démis de ses fonctions par le lieutenant-gouverneur Luc Letellier de Saint-Just. Ils étaient en conflit sur un projet de loi relatif aux chemins de fer que de Saint-Just considérait anticonstitutionnel. Ainsi, Joly devient Premier ministre du Québec[1] le . Minoritaire dans la Chambre, il lance des élections afin d'augmenter les effectifs libéraux.

Lors des élections du , les libéraux remportent un siège de moins que les conservateurs (il y a également deux conservateurs indépendants). Toutefois, Joly demeure au pouvoir à la tête d'un gouvernement minoritaire pendant environ un an et demi. Le Chemin de fer Québec, Montréal, Ottawa & Occidental, mieux connu sous le nom de « Chemin de fer du Nord » constituait une priorité pour le Premier ministre libéral Joly de Lotbinière et sera mis en service en 1879[3]. La rive nord du Saint-Laurent peut enfin compter sur un premier lien ferroviaire.

Joly de Lotbinière cumule les fonctions de premier ministre, de président du Conseil exécutif et de commissaire de l'Agriculture et des Travaux publics pendant tout son gouvernement. Son gouvernement est finalement renversé par une motion de censure impliquant la défection de cinq libéraux (dont le futur premier ministre Edmund James Flynn) vers les conservateurs. Le chef de l'opposition, Joseph-Adolphe Chapleau, est appelé a former le gouvernement le .

Joly demeure chef libéral jusqu'en 1883. En tout, il est chef libéral pendant 17 ans, mais n'est premier ministre que très brièvement.

En 1883, Joly démissionne en tant que chef libéral afin de laisser sa place à Honoré Mercier. Il démissionne en tant que député à l'Assemblée législative le 1885, à la suite d'un désaccord avec son parti et ses électeurs au sujet de l'affaire Riel.

Retour à la politique

Henri-Gustave vers 1890.

En 1894, le débat sur les écoles du Manitoba a laissé des tensions palpables entre Ontariens anglophones protestants et Québécois francophones catholiques. Elles menacent la confédération au point où les libéraux convainquent Henri-Gustave Joly, francophone et protestant, de donner une série de conférences en Ontario pour rapprocher les deux opinions. Cet effort en plus de tous les services rendus au pays lui valent en 1895 d'être élevé à la dignité de "sir" par la Reine Victoria[9].

Joly de Lotbinière est de nouveau élu à la Chambre des communes du Canada lors des élections de 1896, cette fois dans la circonscription de Portneuf. Il démissionne lors de son accession au cabinet fédéral et se fait réélire sans opposition à l'élection partielle du . Laurier en fait son contrôleur du Revenu intérieur du au . À cette date, le ministère du Revenu intérieur est créé et Joly en devient ministre et membre du Conseil privé du au .

Durant son mandat, Joly accompagne le vice-roi chinois Li Hongzhang lors de son passage au Canada. Venu sensibiliser les gouvernements occidentaux au sort que subissent ses compatriotes sur leur territoire, il obtient de Joly la promesse d'ajuster certaines lois et ses efforts seront récompensés par son admission à l'Ordre du Double Dragon.

Il est nommé lieutenant-gouverneur de la Colombie-Britannique[5] le et occupe ce poste jusqu'au .

Décès

Il meurt à Québec en 1908 et rejoint au cimetière Mount Hermon sa femme Margaretta et leurs cinq enfants décédés avant eux. Son fils aîné, Edmond-Gustave Joly de Lotbinière lui succède à titre de seigneur et de propriétaire du moulin à scie de Leclercville.

Héraldique

L'écu d'Henri-Gustave Joly de Lotbinière se blasonne ainsi :

Coupé d’azur à deux perdrix d’argent perchées sur un tronc d’arbre d’or posé en fasce sommé d’une couronne de marquis du même, sur argent à trois roseaux naissants d’un marais en pointe, le tout au naturel.

Hommages et distinctions

Voici les principales distinctions qu'à reçu sir Henri-Gustave Joly de Lotbinière[10] :

Résultats électoraux canadiens

Résultats électoraux d'Henri-Gustave Joly de Lotbinière

À venir.

Résultats électoraux fédéraux

Résultats électoraux d'Henri-Gustave Joly de Lotbinière

À venir.

Résultats électoraux provinciaux

Résultats électoraux d'Henri-Gustave Joly de Lotbinière

Élection générale québécoise de 1867 dans Lotbinière
Nom Parti Nombre
de voix
 % Maj.
     Henri-Gustave Joly de Lotbinière Libéral (sans opposition)
Total
-
-  
Source : http://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/resultatselec/l3.html
Élection générale québécoise de 1871 dans Lotbinière
Nom Parti Nombre
de voix
 % Maj.
     Henri-Gustave Joly de Lotbinière (sortant) Libéral 806 79 % 592
     L.-G. Houle Conservateur 214 21 % -
Total 1 020 100 %  
Source : http://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/resultatselec/l3.html
Élection générale québécoise de 1875 dans Lotbinière
Nom Parti Nombre
de voix
 % Maj.
     Henri-Gustave Joly de Lotbinière (sortant) Libéral 1 383 56,9 % 336
     Guillaume Amyot Conservateur 1 047 43,1 % -
Total 2 430 100 %  
Source : http://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/resultatselec/l3.html
Élection générale québécoise de 1881 dans Lotbinière
Nom Parti Nombre
de voix
 % Maj.
     Henri-Gustave Joly de Lotbinière Libéral (sans opposition)
Total
-
-  
Source : http://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/resultatselec/l3.html

Résultats électoraux du Parti libéral du Québec sous Joly de Lotbinière

élections précédentes • Résultats des élections générales de 1867 • élections suivantes
Partis Chef Candidats Sièges Voix
[[Élection générale québécoise de #Résultats par parti politique|]] diss. Élus +/- Nb  % +/-
     Conservateur Pierre-Joseph-Olivier Chauveau 59
-
-
51 +51 40 474 53,5 % -
     Libéral Henri-Gustave Joly de Lotbinière 47
-
-
13 +13 26 842 35,5 % -
     Conservateur indépendant 13
-
-
-
-
7 144 9,4 % -
     Libéral indépendant 3
-
-
-
-
1 245 1,6 % -
Total 122 64   75 705 100 %  
Le taux de participation lors de l'élection était de 46,8 % et 0 bulletins ont été rejetés.
Il y avait 113 900 personnes inscrites sur la liste électorale pour l'élection,
toutefois seules 161 800 personnes avaient plus d'un candidat dans leur district.
Source : Pierre Drouilly, Statistiques électorales du Québec. 1867-1989, Québec,
Assemblée nationale du Québec, , 3e éd., 962 p. (ISBN 2-551-12466-2)
élections précédentes • Résultats des élections générales de 1871 • élections suivantes
Partis Chef Candidats Sièges Voix
1867 diss. Élus +/- Nb  % +/-
     Conservateur Pierre-Joseph-Olivier Chauveau 59 51 52 46 -5 31 168 51,7 % -1,77 %
     Libéral Henri-Gustave Joly de Lotbinière 37 13 13 19 +6 23 760 39,4 % +3,95 %
     Conservateur indépendant 11
-
-
-
-
4 545 7,5 % -1,9 %
     Indépendant 2
-
-
-
-
823 1,4 % -
Total 109 64 65 65   60 296 100 %  
Le taux de participation lors de l'élection était de 58,9 % et 0 bulletins ont été rejetés.
Il y avait 172 369 personnes inscrites sur la liste électorale pour l'élection,
toutefois seules 102 380 personnes avaient plus d'un candidat dans leur district.
Source : Pierre Drouilly, Statistiques électorales du Québec. 1867-1989, Québec,
Assemblée nationale du Québec, , 3e éd., 962 p. (ISBN 2-551-12466-2)
élections précédentes • Résultats des élections générales de 1875 • élections suivantes
Partis Chef Candidats Sièges Voix
1871 diss. Élus +/- Nb  % +/-
     Conservateur Charles-Eugène Boucher de Boucherville 59 46 45 43 -3 44 328 51 % +0,7 %
     Libéral Henri-Gustave Joly de Lotbinière 43 19 20 19
-
33 763 38,8 % -0,6 %
     Conservateur indépendant 16
-
-
3 +3 8 445 9,7 % +2,2 %
     Libéral indépendant 1
-
-
-
-
405 0,5 % -
Total 119 65 65 65   86 941 100 %  
Le taux de participation lors de l'élection était de 65,2 % et 1 115 bulletins ont été rejetés.
Il y avait 185 783 personnes inscrites sur la liste électorale pour l'élection,
toutefois seules 135 048 personnes avaient plus d'un candidat dans leur district.
Source : Pierre Drouilly, Statistiques électorales du Québec. 1867-1989, Québec, Assemblée nationale du Québec, , 3e éd., 962 p. (ISBN 978-2-551-12466-4).
élections précédentes • Résultats des élections générales de 1878 • élections suivantes
Partis Chef Candidats Sièges Voix
1875 diss. Élus +/- Nb  % +/-
     Conservateur Joseph-Adolphe Chapleau 61 43 35 32 -11 68 035 49,5 % -1,5 %
     Libéral Henri-Gustave Joly de Lotbinière 58 19 28 31 +12 65 285 47,5 % +8,7 %
     Conservateur indépendant 10 3 1 2 -1 4 156 3 % -6,7 %
Total 129 65 64 65   137 476 100 %  
Le taux de participation lors de l'élection était de 68,1 % et 1 764 bulletins ont été rejetés.
Il y avait 215 815 personnes inscrites sur la liste électorale pour l'élection,
toutefois seules 204 429 personnes avaient plus d'un candidat dans leur district.
Source : Pierre Drouilly, Statistiques électorales du Québec. 1867-1989, Québec,
Assemblée nationale du Québec, , 3e éd., 962 p. (ISBN 2-551-12466-2)
.
élections précédentes • Résultats des élections générales de 1881 • élections suivantes
Partis Chef Candidats Sièges Voix
1878 diss. Élus +/- Nb  % +/-
     Conservateur Joseph-Adolphe Chapleau 57 32 34 49 +17 49 152 50,4 % +0,89 %
     Libéral Henri-Gustave Joly de Lotbinière 45 31 28 15 -16 38 020 39 % -8,52 %
     Conservateur indépendant 11 2 1 1 -1 8 796 9 % +6,00 %
     Libéral indépendant 3
-
-
-
-
1 557 1,6 % -
     Indépendant 1
-
-
-
-
34 0 % -
Total 117 65 63 65   97 559 100 %  
Le taux de participation lors de l'élection était de 60,4 % et 1 949 bulletins ont été rejetés.
Il y avait 223 221 personnes inscrites sur la liste électorale pour l'élection,
toutefois seules 164 693 personnes avaient plus d'un candidat dans leur district.
Source : Pierre Drouilly, Statistiques électorales du Québec. 1867-1989, Québec,
Assemblée nationale du Québec, , 3e éd., 962 p. (ISBN 2-551-12466-2)
.

Articles connexes

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