Louis Scutenaire

Jean Émile Louis Scutenaire (Ollignies[1] province de Hainaut, le - Bruxelles, le ) est un écrivain et poète surréaliste belge d'expression française.

Biographie

Louis Scutenaire est né à Ollignies, près de Lessines[2]. Son père, Victor Scutenaire est employé à la Caisse d'épargne, son grand-père paternel est venu de Montpellier. La grand-mère paternelle de sa mère, Louise Liégeois, fille d'un receveur des contributions, était originaire d'Andalousie, venue de Cordoue vers 1850.

En septembre 1910 Louis Scutenaire entre à l'école primaire, lisant déjà les journaux (Le Courrier de l'Escaut et L'Avenir du Tournaisis) et plus généralement tout imprimé (journaux de mode ou prospectus de produits agricoles). De 1911 à 1913 il est surtout élevé par les oncles, forgerons, de sa grand-mère paternelle. Il fréquente les enfants des ouvriers carriers. En 1914 et 1915 des officiers allemands, qui lui laisseront de bons souvenirs, s'installent chez les Scutenaire.

Dès 1916 Louis Scutenaire écrit, sur les conseils de son instituteur, ses premiers poèmes. Il fréquente l'école moyenne de Lessines où les cours, les classes étant occupées par les Allemands, ont lieu dans un café et une petite fabrique d'allumettes. À partir de 1918 il fréquente différents établissements scolaires à Enghien, Ath, Soignies et Armentières dont, indiscipliné, il se fait régulièrement exclure. Dans la bibliothèque de son père il lit avec passion « Rimbaud, Vielé-Griffin, de Régnier, Aubier, Apollinaire, Levet, Mallarmé, Villon, Lautréamont, Cendrars, Hugo, Jarry, Dumas, Zévaco, Erckmann-Chatrian, Fantômas, Radcliff, Malot, Féval »[3]. En 1919 une pleurésie l'immobilise longuement. Sa famille s'installe en 1924 à Schaerbeek, au 20 rue de la Luzerne et il s'engage dans des études de droit à l'ULB dont il ne fréquente guère les cours, préparant ses examens à l'aide des notes d'un camarade. Son père meurt en 1925, à 47 ans, d'une attaque cérébrale.

En 1926 Scutenaire découvre chez le libraire Henriquez un écrit signé de Paul Nougé et Camille Goemans qui indique l'adresse du laboratoire de biologie où travaille Nougé[4]. Scutenaire lui envoie alors quelques-uns de ses poèmes. En juillet Nougé, suspectant une farce, vient le rencontrer rue de la Luzerne, prend rendez-vous pour le dimanche suivant. Scutenaire fait alors la connaissance de Camille Goemans, René Magritte, E. L. T. Mesens et Paul Hooreman. Il fonde alors « La Société du Mystère » avec notamment Mesens, Nougé, Lecomte, voyage à Londres, à Edimbourg et, en novembre, en Pologne. En 1925 paraît la plaquette polycopiée Patrimoine ou petite poésie, avec trois dessins de l'auteur, signée « Jean-Victor Scutenaire »[5].

Scutenaire commence en 1928 à collaborer aux entreprises des surréalistes belges, cosigne le texte du catalogue de l'exposition de Magritte à la galerie « L'Époque », publie des petits textes dans « Distances » (numéros 1 et 3). Il rencontre chez Lecomte Irène Hamoir (Irine) qu'il épousera le . Ayant obtenu en 1929 son diplôme de docteur en droit, il est réformé, tente en vain de se faire envoyer au Congo. En 1931 et 1932 il effectue des stages, plaidant surtout au pénal et s'intéressant aux aliénés, nomades et « mauvais garçons ». Scutenaire et Irène Hamoir se rendent alors régulièrement à Paris où ils rencontrent, souvent au café du Dôme, à la Rhumerie Martiniquaise ou aux Deux Magots, les surréalistes André Breton, Paul Éluard[6], Benjamin Péret, René Char, Georges Hugnet, Léo Malet, Gilbert Lely, Marcel Duchamp, Picasso, Brauner, Picabia, Tanguy, Ernst, Miró, Oscar Dominguez[7].

En 1933 Scutenaire et Irène Hamoir se lient d'amitié avec Paul Colinet. En 1934 Scutenaire participe à Documents 34. Il écrit alors Les jours dangereux - Les nuits noires, l'un des rares romans surréalistes qui, annoncé dans le Dictionnaire abrégé du surréalisme, ne paraîtra qu'en 1972. Il signe en 1935 Le Couteau dans la plaie, publié dans le numéro 3 du « Bulletin international du surréalisme » qui pour la première fois réunit les surréalistes de Bruxelles et du Hainaut mais refuse de signer en 1936 le tract Le domestique zélé contre André Souris, exclu du groupe. La plaquette Les Haches de la vie paraît en 1937 chez GLM (Guy Lévis Mano) avec un dessin de Magritte[8]. Durant l'été Scutenaire séjourne avec Irène Hamoir chez René Char à Céreste en Provence et préface en décembre le catalogue de l'exposition Trois peintres surréalistes (Magritte, Man Ray, Tanguy) organisée par Mesens au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Scutenaire publie en 1938 et 1939 trois plaquettes et collabore au « London bulletin » dirigé par Mesens.

En février et avril 1940 Scutenaire participe à « L'invention collective » que crée Raoul Ubac, notamment avec un texte sur Louis Forton dont il admire Les Pieds Nickelés. En les Scutenaire quittent Bruxelles vers Paris et Bordeaux, rejoignent Magritte et Ubac à Carcassonne, rencontrent Joë Bousquet, Jean Paulhan, André Gide, retrouvent Fernand Dumont à Nice puis regagnent Bruxelles en octobre. Scutenaire entre en 1941 au ministère de l'Intérieur comme « commissaire-adjoint aux finances provinciales et communales » et y demeurera jusqu'en 1970. C'est en mai 1943 qu'il commence de noter ses inscriptions dont le premier tome est publié en 1945 sur proposition d'Éluard[9], avec le soutien de Paulhan et Queneau.

Un deuxième volume doit suivre mais l'éditeur demandant la suppression de deux ou trois réflexions jugées trop libres, Scutenaire s'y refuse, refusant toute concession. « Gallimard avait accepté de publier le second volume, qui couvre les années 1945-1963. Mais je devais supprimer quatre inscriptions, que Monsieur Gaston avait trouvées grossières, plates, à la belge quoi. Les deux dont je me souviens sont celles-ci: la première avait le tort de s'attaquer à Madame de Lafayette à une époque où le petit monde parisien relisait son célèbre ouvrage : « Relu hier soir La Princesse de Clèves. Avec mon cul. » L'autre : « Je voulais écrire quelque chose sur le Rig-Véda. Mais je ne sais pas quoi. » Et chez Gallimard, on a cru que je raillais un de leurs collaborateurs, qui avait écrit sur le sujet. Quoi qu'il en soit, j'ai refusé. C'était tout ou rien. Ce fut rien. ». Alain Delaunois précise en note que ce collaborateur de Gallimard était Bernard Groethuysen[10].

En 1947 Gallimard accepte en revanche de publier Les Vacances d'un enfant, « récit mélancolique et véridique de vacances que je passai en 1915 chez une tante », comme le qualifiera bien plus tard Scutenaire. En 1948 il accompagne d'une préface (Les pieds dans le plat) l'exposition à Paris des peintures non moins scandaleuses de la période vache de Magritte.

À partir des années 1950 Louis Scutenaire collabore à de nombreuses revues, La Carte d'après nature, (animée à Bruxelles par Magritte), Les Temps mêlés (d'André Blavier, à Verviers), Les Lèvres nues (Marcel Mariën), Rhétorique (consacrée à Magritte par André Bosmans), Phantomas, puis Le Vocatif (Tom Gutt), et écrit de nombreuses préfaces (Magritte, Jean Raine, Roland Delcol)[11].

Le deuxième tome de Mes Inscriptions est publié en 1976, grâce à Tom Gutt et Isy Brachot. Trois autres suivront.

Louis Scitenaire, rue de la Luzerne, en 1985

Louis Scutenaire (qui signe sa correspondance et se fait familièrement appeler « Scut ») meurt le alors qu'il regarde à la télévision un film sur son ami Magritte[12].

Dans le legs Irène Scutenaire-Hamoir, le couple n'ayant pas d'enfant, dont Tom Gutt est l'exécuteur testamentaire, aux Musées royaux des beaux-arts de Belgique figurent les nombreuses œuvres du peintre (plus d'une vingtaine de peintures, d'une vingtaine de gouaches, d'une quarantaine de dessins, etc.) qui étaient aux murs de leur maison de la rue de la Luzerne, notamment : Portrait de Nougé, 1927 ; La Voleuse, 1927 ; Découverte, 1927 ; Personnage méditant sur la folie, 1928 ; Portrait d'Irène Hamoir, 1936 ; La Lecture défendue, 1936 ; Bel Canto, 1938 ; Les Grandes espérances, 1940 ; La Cinquième saison, 1943 ; Le Sourire, 1943 ; La Moisson, 1943 ; La Bonne fortune, 1945 ; Les Rencontres naturelles, 1945 ; Les Mille et une nuits, 1946 ; L'Intelligence, 1946 ; Le Lyrisme, 1947 ; Lola de Valence, 1948 (dont les images sont visibles sur le site des Musées royaux des beaux-arts de Belgique[13]). Semblablement la bibliothèque de Scutenaire, qui comprenait des milliers de livres souvent très rares, a été léguée à la Bibliothèque royale de Belgique[14].

Louis Scutenaire a été choisi comme un des Cent Wallons du siècle, par l'Institut Jules Destrée, en 1995.

L'œuvre

Signature de Louis Scutenaire

« Je ne suis ni poète, ni surréaliste, ni Belge », objecte un jour Scutenaire à la définition que proposent habituellement de lui les faiseurs d'anthologies.

« Ni belge » : né en lisière de la Picardie, dont la langue et le parler sont pour lui « mère et père du patois et du jargon français »[15], il aime évoquer un grand-père paternel natif de Montpellier, une grand-mère née à Cordoue ; du côté maternel un grand-père lorrain et la fille d'un Tsigane Kalderach[16]. « Les oiseaux viennent d'ailleurs », écrit Scutenaire : il y a en lui une dimension quasiment génétique de l'ailleurs.

« Ni poète, ni surréaliste : il suffit de lire mes productions pour s'en rendre compte », note-t-il encore. Surréaliste, il ne l'est guère au sens de l'orthodoxie parisienne[17]. Après avoir rencontré Paul Nougé dès 1926 puis Magritte dont il demeurera le complice majeur, imaginant à ses tableaux bon nombre de leurs titres, il est vrai qu'il fréquente quelques années plus tard à Paris le groupe d'André Breton. Ce sont bien des Textes automatiques qu'il écrit en 1931 et Les Jours dangereux les Nuits noires, composés à partir de 1928, recensés dix ans plus tard par Breton et Éluard dans leur Dictionnaire abrégé du surréalisme, constituent en effet l'un des rares récits surréalistes. Mais si ses poèmes ne cessent par la suite de baigner dans le climat merveilleux et l'érotisme joyeux d'un onirisme bousculant l'espace et le temps, c'est avec ses inscriptions une forme littéraire originale largement en marge du goût surréaliste qu'il découvre et dans laquelle il va construire l'essentiel de son œuvre.

En 1943 Scutenaire commence de noter les sortes de maximes, aphorismes, historiettes autour d'événements vécus, de situations, de spectacles ou d'impressions, conversations ou réflexions, qui lui traversent l'esprit : il nomme Mes inscriptions le manuscrit, par sympathie pour Restif de la Bretonne qui avait intitulé ainsi le recueil de graffitis qu'il avait gravés sur les quais de l'Île Saint-Louis. Le monumental pêle-mêle qu'à la façon d'un journal Scutenaire édifie sous ce titre pendant plus de quarante ans ne s'apparente plus au surréalisme que par la vivacité d'une continuelle subversion.

« Poète », il ne l'est pas ainsi au sens habituel du mot. « Ce qu'ils nomment sensibilité n'est qu'un système d'émois purement traditionnels », écrit-il[18]. La poésie ne saurait être pour lui domaine réservé des émotions fines et des beaux vocables : « Le côté éloquence jaculatoire de presque toute la poésie française me prend à la gorge »[19]. Il n'y a donc dans ses inscriptions aucun écart entre la poésie et la vie même : on y rencontre l'exceptionnelle volonté, impertinente et ingénue, de les rendre coextensives. Étonnement, tour à tour enjoué ou indigné, par le langage face au monde quotidien des choses et des êtres, et simultanément étonnement, à travers le monde et ses événements, face au langage, telle apparaîtrait la double démarche de Scutenaire en ses inscriptions. Elles ne sont pas poétiques d'abord par leurs objets mais par la façon éruptive dont elles les disent.

Et Scutenaire, chroniquement, parle de tout, de ce qui est considéré comme poétique et de ce qui ne l'est pas d'emblée, de ce que l'on n'aurait pas cru pouvoir l'être avec une telle évidence, de ce qui ne le sera jamais que par lui. Il parle de Dieu, quand il en a envie, dit-il, de ses papes et du désastre des religions. Des hommes, de ceux qu'il a connus dans son enfance à Ollignies, rencontrés au long de sa vie, tendrement appréciés, des boxeurs et des cyclistes, pour qui il éprouve une particulière sympathie, de ses semblables, les « gens simples » comme lui, et des autres, les « blindés ». De ses complices et de Magritte souvent. De l'essentielle « Lorrie », prénom qu'il a donné d'emblée dans ses écrits à Irène Hamoir, de ses gestes et de ses mots.

« Ne parlez pas de moi, je suffis à la tâche », prévient Scutenaire[20], ou encore : « Je me suffis; parfois il y en a même trop »[21]. Il ne cesse en effet de parler de lui-même (« J'ai un métier qui me tyrannise : moi-même. »[22]), de ses états mentaux, de ses obsessions érotiques (« J'ai la tête pleine de filles, et le cœur et la peau »[23]), de ses multiples « types de femmes », du grand nombre « des plus belles » qu'il a vues. « marxiste tendance Groucho », s'affirmant volontiers pro-bolchévique, pro-albanais avec l'âge, à vrai dire foncièrement anarchiste, Scutenaire exprime non moins régulièrement son espoir d'une révolution, son admiration pour la bande à Bonnot[24], sa vision consciemment manichéenne du monde, sa haine du « terrorisme capitaliste ». « Je veux l'égalité sociale absolue jusqu'à l'absurde parce que cet absurde le sera toujours moins que celui que je connais » écrit Scutenaire[25]. Non sans avouer rêveusement plus tard : « C'est probablement par conservatisme que je reste révolutionnaire »[26].

Il y a ainsi dans ses inscriptions bon nombre de joyeux blasphèmes : un irrespect fondamental des valeurs bourgeoises, religieuses, artistiques et morales. Scutenaire n'accepte guère le monde tel qu'il est (« Le régime capitaliste, ils appellent ça la civilisation. »[27]), tel que l'ont fait les hommes, ou certains hommes en manipulant tant d'autres. Quelque chose s'est mal passé dans l'histoire de l'espèce qui « naquit sans doute de l'hystérie d'une gorille peladeuse ». Comme ce « cher Diogène », Scutenaire déteste, insulte les tabous et leurs faiseurs crapuleux, « les miséreux de l'art et du savoir, les débiles de la politique, les pleutres de l'argent, les gâteux de la religion, les hommes de main de la magistrature, les déments de la police, les bègues du barreau, les baveux du journalisme »[28].

« J'ose m'exprimer ainsi », annonçait fièrement le bandeau de la première édition du premier volume des inscriptions[29]. La constante dénonciation de Scutenaire, loin de s'incarner dans les normes littéraires admises, s'inscrit à leur niveau même en une constante revendication, contre le bon ton, la mesure et les belles manières, du droit à l'à peu près et au langage pour le moins familier qui prend valeur polémique. Il ne perd pas de vue qu'il vit et qu'il écrit « sous la domination bourgeoise », dit-il dans la première inscription du second volume, notant ne faire jamais « un travail d'écrivain » mais conduire « poétiquement des entreprises anti-littéraires ».

« J'ai quelque chose à dire. Et c'est très court. », écrit encore Scutenaire[30]. Il y a une brièveté essentielle de ses inscriptions, qui ne tient pas seulement à la paresse ou au dégoût de l'application que leur auteur avoue complaisamment : « Concis, par fainéantise probablement »[31]. Comme d'autres surréalistes belges, il privilégie le texte discontinu, lapidaire, les fragments, les « monostiques », les slogans poétiques. Cette concision replace à l'origine même de la parole. Ses inscriptions ne se prétendent donc pas la révélation d'une sagesse : si certaines apparaissent bien comme les instants d'une réflexion, elles semblent aussitôt la miner dans le jeu humoristique des mots. « Je suis un Grec ancien avec le sens de l'humour », note encore Scutenaire[32], et sa définition est demeurée célèbre : « L'humour est une façon de se tirer d'embarras sans se tirer d'affaire ».

Scutenaire ne craint donc jamais de prendre le parti des mots. Un de plus ou de moins dévie imprévisiblement la parole de son cours naturel, la signification s'affole : « gags métaphysiques » a-t-on dit. Ou bien c'est tout un proverbe, un lieu commun de la « sagesse des nations », que Scutenaire en le modifiant à peine gauchit et renverse, replace différemment au pied de la lettre, attentif aux mutations instantanées du connu en inconnu, du bon sens hypocrite en sottise, de l'apparente incongruité en insolente sagesse. Ainsi Scutenaire inscrit-il semblablement ses innombrables lectures en de brefs fragments, « collant », détournant ou parodiant, scutenairisant les auteurs les plus divers en donnant « son accent aux paroles des autres »[33].

« Mes Inscriptions sont une rivière de Californie, il faut tamiser des tonnes de sable et de gravier pour trouver quelques pépites, voire des paillettes. Remarquez, sable et gravier ne sont pas matières inutiles »[34]. On trouvera donc de tout chez Scutenaire, du badinage et des non-sens, des préciosités et des grossièretés, des contradictions, des « juxtapositions » préfère-t-il dire, ou des redites. Scutenaire ne s'en soucie : « Je me répète parce qu'on ne m'entend pas »[35]. Dans le monde divers que proposent ses inscriptions, au lecteur de disposer. « Quiconque, avec des ciseaux, de l'encre, du papier collant, pourra (…) faire disparaître les notes qui le gênent. Toutefois, qu'il prenne garde », conseille-t-il[36], ou plus simplement : « Lorsqu'une de mes inscriptions vous apparaît banale ou semble une redite, pensez que je ne l'ai pas écrite pour vous mais pour votre frère ou bien pour moi »[37].

« Magritte est un grand peintre, Magritte n'est pas un peintre », inscrit Scutenaire. Un paradoxe semblable définirait son œuvre : Scutenaire est un grand poète, Scutenaire n'est pas un poète.

En 2017, Lula Pena le chante dans son troisième album, Archivo Pittoresco[38].

Publications

Plaque commémorative Louis Scutenaire, 20 rue de la Luzerne à Bruxelles.

Poèmes

  • Les Haches de la vie, (signé Jean Scutenaire, avec un dessin de René Magritte), Paris, G. L. M., 1937.
  • Le Retard, (signé Jean Scutenaire), Paris, Éditions Sagesse, Librairie Tschann, 1938.
  • Les secours de l'oiseau, (signé Jean Scutenaire), Paris, Parisot, 1938.
  • Frappez au miroir!, (signé Jean Scutenaire, avec trois dessins de Magritte), Bruxelles, Wellens-Pay, 1939.
  • Les Degrés, (couverture de Mario Prassinos), Paris, Fontaine, 1945.
  • Il est toujours trop tard 1924 - 1928 (avec dix gravures de Roger Van de Wouwer), Anvers, Éditions de la Serfouette, 1969.
  • Le Bâton de Jean de Milan (1918-1924) (avec quinze dessins d'Yves Bossut), Bruxelles, 1970.

Les poèmes anciens de Scutenaire ont été réunis dans :

  • La Citerne, poèmes complets (1913-1945), Bruxelles, Brassa, 1987.

Des poèmes plus récents ont été publiés dans :

  • La Bonne Semaine (avec des dessins de Marcel Mariën), Bruxelles, Les Lèvres nues, 1978.
  • La Colline de la Planque, Cahiers de Mauregny no 9, 1979.
  • Histoires naturelles (illustré par Roland Delcol), Bruxelles, L'Envers sauvage du réel, 1979.
  • Effacer l'ombre, Frassem, La Table des Champs, 1982.
  • Le Bosquet de Sherwood, (avec des dessins de Roland Topor), Bruxelles, La Pierre d'Alun, 1988.

Mes Inscriptions

Signature familière de « Scut »

Des fragments en ont paru dans un grand nombre de plaquettes et revues, notamment dans :

Les inscriptions ont été intégralement publiées en cinq volumes :

Récits et autres

  • Les Vacances d'un enfant, Paris, Gallimard, 1947 ; réédition, suivi de Louis Scutenaire, La vie, l'œuvre, l'époque, 1905-1980, Bruxelles, Jacques Antoine, 1980.
  • Le Monument de la guenon, Verviers, Temps mêles no 56, mai 1962; édition augmentée (Les secours de l'oiseau et Un peu d'histoire naturelle), Bruxelles, Brassa, 1979.
  • Les Jours dangereux les nuits noires [roman-collage composé entre 1928 et 1931], avec quatre dessins de Claudine Jamagne, Bruxelles, Brassa, 1972.
  • Mon ami Mesens, [Luc Canon], Bruxelles, 1972.
  • Textes automatiques, [1931], (avec vingt images d'Adrien Dax), Bruxelles, Isy Brachot et Tom Gutt, 1976.

Sur les peintres

Adresse de Louis Scutenaire et Irène Hamoir écrite par René Magritte sur une carte postale postée à Paris le 20 janvier 1956.
  • Avec Magritte, Bruxelles, Lebeer-Hossmann, 1977 [recueil de la plupart des textes de Scutenaire sur Magritte].
  • L'invention de la vie, in « Rétrospective Magritte », Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 1978 et Paris, Musée National d'Art Moderne, Centre Georges Pompidou, 1979.
  • Du surréalisme en Belgique, in « René Magritte et le surréalisme en Belgique », Bruxelles, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, 1982 (signé « Elle et Lui » - Irène Hamoir et Louis Scutenaire).
  • La Chanson de Roland (Roland Delcol) (avec vingt reproductions et une lithographie de Roland Delcol), Bruxelles, L'envers sauvage du Réel, 1982
Sans Parole, dessin de Roland Delcol, portrait de Louis Scutenaire.

Scutenaire a également préfacé Marc Eemans (1928), Man Ray et Tanguy (1937), Jane Graverol (1956), Armand Permantier (1956), Aline Magritte (1963), Jean Raine (1966), Marcel Mariën (1967), Danielle (1968), Roger Van de Wouwer (1969, 1972, 1984), Yellow (1969), Roland Delcol (1970, 1972), Remy van den Abeele (1971), Yves Bossut (1970, 1972, 1973, 1974, 1976), Claudine Jamagne et Dominique Libert (1974), Robert Willems (1974), Françoise Gérard (1975, 1977), Armand Simon (1975), Max Servais (1975), Rachel Baes (1976), Gilles Brenta (1976), Max Ernst (1978), Tom Gutt (1978, 1987), Colette Deblé (1978), Giorgio De Chirico (1978), André Stas (1981).

Des fragments de textes consacrés à Magritte, Paul Delvaux, Mesens, Simon, Graverol, Rachel Baes, Mariën, Van de Wouwer, ont été réunis dans Le Surréalisme en Belgique, I, textes de Louis Scutenaire, Irine et André Blavier, Paris, galerie Isy Brachot, 1986.

Jugements

« Avant de céder le terrain à la sottise cavalcadante, je vais te citer un admirable, un que j'aime, un qui détient. Un presque ignoré, tellement grand qu'on ne voit plus son ombre; tellement belge qu'on n'y prête pas attention; tellement à moi que je peux te l'offrir: Louis Scutenaire, Bruxelles, France. Il a écrit, entre z'autres: “Je vais vous dire le présent, le passé et l'avenir: votre cul pue, il a toujours pué, il puera toujours.”

Merci, seigneur Scutenaire de nous informer. Le véritable enseignement consiste à apprendre aux gens ce qu'ils savent déjà, d'instinct. Pitié pour ceux qui jamais ne sauront. »

 San-Antonio, L'Année de la moule, Paris, Fleuve Noir, 1982, p. 156

« Nuit du . […] Je me dressai saisi d'empressement et me hâtai vers Mes Inscriptions de l'affectionné particulier Louis Scutenaire. Je les lis, elles, pas folles, pas permissives aux coacquéreurs des lopins de l'air, tête baissée, tige après tige, lecture d'un champ de seigle toujours vert, contigu à celui de l'Irlandais Swift. Monde où l'âme circulante du hérisson peut s'étaler puis détaler dans les délices d'un départ définitif. »

 René Char, Fenêtres dormantes et porte sur le toit, Paris, Gallimard, 1979[39]

« “Une fois mort, on se nourrit de soi-même”, comme dit mon cher Scutenaire, qui aura fait davantage pour la Belgique que le roi Boudin et Eddy Mec réunis. Et il dit encore, ce cher vieux génie belge : “L'âge use la laideur, comme il use la beauté ». […] lui, le grand sage à la bienveillance féroce qui règne sur Bruxelles, et les Bruxellois l'ignorent. La meilleure histoire belge, je vais te la dire, c'est la plus terrifiante de toutes : “Il est une fois Scutenaire et les Belges n'en savent rien”. Et les Français non plus. […] Il dit tout, mais par brèves giclées, Scut. Il sait la vie, la mort, l'avant, l'après […], l’amère patrie, le surréalisme, les frites, les cons, les mœurs, les larmes et la façon dont, chez lui, il doit éteindre au rez-de-chaussée avant d'éclairer au premier pour ne pas faire sauter le compteur électrique. »

 San-Antonio, Poison d'Avril ou la vie sexuelle de Lili Pute, Paris, Fleuve Noir, 1985[39]

« La première leçon que donnait ce philosophe, c'était que la concision est essentielle puisqu'elle est suffisante. Livrer toute une démarche intellectuelle en une seule ligne est un exploit qu'il répétait chaque jour, avec gourmandise et jubilation. […] Son œuvre ? Les bulles d'une carpe qui crèveraient entre les palettes des nénuphars pour libérer une règle de morale ou de conduite. »

 Frédéric Dard, Avant-propos de Louis Scutenaire, Lunes rousses, Paris, Le Dilettante, 1987, p. 10

« L'auteur cultive à plaisir l'hétéroclite : mélange des genres, rupture des tons, brusques changements de niveaux de langue. Le calembour est mis en évidence, et le vulgarisme voisine avec les traces de culture et de diction classiques. Il s'agit bien de subvertir l'univers du discours, de la même façon que, par ses pratiques éditoriales, l'auteur subvertit l'institution littéraire. »

 Jean-Marie Klinkenberg, in: Dictionnaire de poésie de Baudelaire à nos jours[40]

Quelques inscriptions

  • « Le vrai mystère, celui de tous les instants, celui de tous les objets. » (Mes inscriptions II, p. 11)
  • « Je vous parle d'un autre monde, le vôtre. » (Mes inscriptions II, p. 231)
  • « Je ne suis pas un écrivain, je suis un être sonore. » (Mes inscriptions I, p. 159)
  • « J'ai une foi inébranlable en je ne sais quoi. » (Mes inscriptions III, p. 8)
  • « Si on ne me lit plus dans mille ans, on aura tort. » (Mes inscriptions I, p. 35)
  • « Donnez votre surplus au pauvre pour que le riche puisse le lui prendre et guérissez les lépreux pour qu'ils retournent à l'usine. »
  • « Le chômage est déplaisant parce qu'il n'est pas tout à fait généralisé. »
  • « Je prends le monde tel que je suis. » (Mes inscriptions I, p. 229)
  • « C'est étonnant combien les honnêtes gens ont une connaissance parfaite de la saloperie. »
  • « J'ai trop d'ambition pour en avoir » (Reprise des Mémoires de Robert Arnauld d'Andilly).
  • « L'avenir n'existe qu'au présent. »
  • « Je ne suis pas scutenairien, c'est bien plus fort : je suis Scutenaire. » (Mes inscriptions II, p. 39)

Notes et références

  1. Émission Les Ambassadeurs, diffusée le samedi 07/05/2016, sur La Une
  2. Éléments biographiques établis dans Louis Scutenaire, La vie, l'œuvre, l'époque, 1905-1980 (Louis Scutenaire, Les Vacances d'un enfant, réédition, Bruxelles, Jacques Antoine, 1980, p. 237-253) et Alain Delaunois, Quelques renseignements sur quatre-vint années d'existence (Louis Scutenaire, Plein Chant no 33-34, Bassac, novembre 1986-janvier 1987, p. 9-19
  3. Alain Delaunois, Quelques renseignements sur quatre-vint années d'existence (Louis Scutenaire, Plein Chant no 33-34, Bassac, novembre 1986-janvier 1987, p. 10
  4. « Je faisais, pas depuis ma tendre enfance mais depuis très longtemps des poèmes. Et un jour, chez le libraire Henriquez qui habitait rue de Loxum, j'ai trouvé un texte signé Nougé et Goemans, et j'ai trouvé les livres des surréalistes français; il m'a semblé que ce que je faisais ressemblait aux textes des surréalistes français. J'ai écrit à Nougé et Goemans à l'adresse qu'il y avait sur le texte, et Nougé a cru que c'était Goemans qui lui faisait une blague, et Goemans a cru que c'était Nougé qui lui en faisait une. Alors, pour en avoir le cœur net, Nougé est arrivé ici et a vu que ce n'était pas une blague et que j'existais. Ça se passait en 1926, en été. Et quelques jours après sa visite, j'ai rencontré Nougé, Goemans, Mesens, Magritte et leurs compagnons de l'époque dans un café près de la Bourse. » (Entretien de Gérard Preszov avec Irène Hamoir et Louis Scutenaire [24 septembre 1986], dans Art en marge, bulletin no 4 [consacré à E. L. T. Mesens], Bruxelles, 1986, p. 65-66)
  5. « Dans mon village, les garçons des familles riches s'appelaient Jean et ceux des familles pauvres Louis. Ou Lucien... Changer de prénom, cela a été pour moi un signe de lutte des classes. Et puis je n'aimais pas, quand j'écris mes livres, que certaines personnes m'en parlassent! J'ai donc utilisé Louis qui est le dernier de mes prénoms et qui, naturellement, est celui que j'affectionne le plus. J'avais d'ailleurs un grand-père qui s'appelait Louis ainsi qu'un arrière-grand oncle » (« Entretien avec Jean-Baptiste Baronian », dans Livraison, n° 12, Bruxelles, 1983, p. 7-8.)
  6. Le deuxième numéro de la revue Les Deux Sœurs, créée à Bruxelles par Christian Dotremont publie en 1946 un poème collectif, Au bar des deux frères, composé à Nice durant l'été 1937 et signé par René Char, Paul Éluard, Scutenaire et Irène Hamoir (Les Deux Sœurs, réimpression aux Éditions Jean-Michel Place, Paris, 1985, p. 11 et 12).
  7. Irène Hamoir racontera l'empoignade qui oppose en 1938 Oscar Dominguez, retenu par Scutenaire, et le peintre Esteban Francés, ceinturé par Victor Brauner. Dominguez jette au visage d'Esteban Francés une bouteille qui atteint Brauner et le prive définitivement de son œil gauche. Étaient également présents Éluard, Georges Hugnet, Wolfgang Paalen, Benjamin Péret et Tanguy (Irine, C'était, « Le Vocatif », no 207, Bruxelles, mars 1980, non paginé, 8 pages).
  8. « Magritte a illustré certains livres mais, au fond, cela ne l'intéressait pas. Même quand il a réalisé le frontispice de mon livre Les Haches de la vie... Si je me souviens bien, c'est à la demande d'Éluard. Moi, je n'y suis pour rien » (« Entretien avec Jean-Baptiste Baronian », dans Livraison, n° 12, Bruxelles, 1983, p. 3.)
  9. « Éluard venait assez souvent à Bruxelles, et Mesens aussi, ils emportaient quelquefois mes textes. C'est Éluard qui a fait paraître mes premiers ouvrages chez Gallimard, Mes inscriptions et Les vacances d'un enfant. Moi, je n'avais rien fait pour que ça paraisse. Je n'ai jamais eu le sens de la publicité ni de la publication et je ne l'ai toujours pas. » (Entretien de Gérard Preszov avec Irène Hamoir et Louis Scutenaire [24 septembre 1986], dans Art en marge, bulletin no 4 [consacré à E. L. T. Mesens], Bruxelles, 1986, p. 71).
  10. Louis Scutenaire, Plein Chant no 33-34, Bassac, novembre 1986-janvier 1987, entretien avec Alain Delaunois, p. 36 (reproduit dans Service du livre luxembourgeois, article Jean Scutenaire). Scutenaire confie semblablement :« Mon second volume des Inscriptions n'a pas paru chez Gallimard, parce que Monsieur Gallimard voulait que je supprime quatre inscriptions sur des centaines, et que je n'ai pas voulu ; le livre a paru vingt ans après ailleurs. Je me souviens de deux de ces inscriptions-là mais pas des autres, elles sont assez grossières : « Relu hier soir La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette. Avec mon cul. », et une autre, « Je voudrais bien écrire quelque chose sur le rite Véda, mais je ne sais pas quoi » ; or il se fait qu'il y avait un ami de Gallimard qui s'intéressait beaucoup à la littérature indienne, et Gallimard a cru que je me moquais de lui. Or ce n'était pas du tout ça, je ne m'intéressais pas à la littérature indienne tout simplement, je ne savais même pas que ce monsieur s'y intéressait. » (Entretien de Gérard Preszov avec Irène Hamoir et Louis Scutenaire [24 septembre 1986], dans Art en marge, bulletin no 4 [consacré à E. L. T. Mesens], Bruxelles, 1986, p.78)
  11. « J'ai publié de très nombreux textes et cela ne me procure aucun sentiment particulier. Lorsqu'un des miens sort de presse et que je le reçois, je me dis seulement qu'il se présente mieux que sur mon manuscrit. Mais, à dire vrai, he n'ai jamais cherché à publier, ce sont mes amis qui en ont toujours prs l'initiative » (« Entretien avec Jean-Baptiste Baronian », dans Livraison, n° 12, Bruxelles, 1983, p. 1)
  12. Pour les vingt ans de la mort de Magritte est rediffusé le à la télévision Pour illustrer Magritte, réalisé en 1974 par Christian Bussy. Au tout début de l'émission, à la question qui lui était posée « Quel est votre Magritte préféré? », Scutenaire répondait :« Il n'y a pas de Magritte préféré, ils sont tous bons ; ils ont tous leur poids de détonation, leur poids de poésie, de provocation... ». Treize ans plus tard Scutenaire redécouvre l'émission chez lui avec Irène Hamoir qui lui fait observer au passage :« Mais non Scut, tu sais bien qu'il y en a que tu préfères... ». Et Scut meurt. Irène Hamoir le racontera à Christian Bussy qui rapporte ses propos dans Christian Bussy, Les surréalistes au quotidien : petits faits vrais, préface d'Olivier Smolders, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2007, p. 67.
  13. https://www.fine-arts-museum.be/fr/la-collection/artist/magritte-rene-1?string=magritte
  14. https://opac.kbr.be/Library/search.aspx?SC=DEFA&QUERY=louis+scutenaire+&QUERY_LABEL=#/Search/(query:(FacetFilter:%7B%7D,ForceSearch:!f,InitialSearch:!f,Page:0,PageRange:3,QueryGuid:bb6d29a0-7be3-48df-8508-78f806b2a89e,QueryString:'louis%20scutenaire',ResultSize:50,ScenarioCode:DEFA,ScenarioDisplayMode:display-standard,SearchLabel:,SearchTerms:'louis%20scutenaire',SortField:!n,SortOrder:0,TemplateParams:(Scenario:,Scope:Library,Size:!n,Source:,Support:),UseSpellChecking:!n),sst:4)
  15. Les abréviations suivantes seront utilisées:
    • I : Mes Inscriptions [1943-1944], Éditions Gallimard, 1945
    • II : Mes Inscriptions (1945-1963), Éditions Brassa, 1976 (même pagination dans la réédition aux Éditions Allia, 1984)
    • III : Mes Inscriptions (1964-1973), Éditions Brassa, 1981
    • IV : Mes Inscriptions (1974-1980), Éditions Le Pré aux Clercs, 1984
    • V : Mes Inscriptions (1980-1987), Brassa, 1990
  16. Kalderàšis ou Kelderàris de căldăraşi ou căldărari = « chaudronniers » en roumain. « Je ne me sens pas belge du tout, pour dire la vérité. J'ai deux grands-pères français, une grand-mère andalouse, une autre grand-mère, paraît-il, était la fille d'un bohémien Kaldérash, c'est-à-dire hongrois. Les parents du bohémien qui fut le père de ma grand-mère l'ont laissé dans une ferme; il a été élevé par des fermiers de Ville-sur-Haine, près de Péronnes-lez-Binche, dans la région de Mons. Il a épousé la fille de la ferme, d'où est née ma grand-mère et ses sœurs et frères. Paraît-il, - c'est ce qu'elle m'a toujours raconté -; d'ailleurs mes cousins ont vraiment des bouilles de Kalderash, pas du tout des têtes de belges. ». Entretien de Gérard Preszov avec Irène Hamoir et Louis Scutenaire [24 septembre 1986], dans Art en marge, bulletin no 4 [consacré à E.L.T. Mesens], Bruxelles, 1986, p.77. Scutenaire écrivait semblablement dans une lettre datée du 6 juin 1977: « Ni poète, ni surréaliste : il suffit de lire mes productions pour s'en rendre compte. Ni belge, car né en Picardie […]. Grand-père paternel natif de Montpellier, rue du Petit-Saint-Jean, grand-mère paternelle née à Cordoue, barrio de la Merced. Grand-père maternel né en Lorraine à Saint-Pancré, de parents venus du Quercy, grand-mère maternelle née en Picardie […] d'une Picarde s'exprimant […] en wallon et d'un Tsigane Kalderash abandonné tout petit et mourant dans une ferme puis devenant un grand et noble vieillard, grâce à des soins éclairés, etc. et prénommé Damascène. »
  17. « Je suis plutôt, comme on le disait dans mon village, un surréaliste baptisé de gros sel... Je ne suis pas un surréaliste de stricte obédience » (« Entretien avec Jean-Baptiste Baronian », dans Livraison, n° 12, Bruxelles, 1983, p. 2)
  18. I, p. 176
  19. IV, p. 109
  20. IV, p. 13
  21. IV, p. 72
  22. IV, p. 21
  23. III, p. 110
  24. « La seule épopée qui me touche est celle de la bande à Bonnot », I, p. 27
  25. II, p. 200
  26. III, p. 236
  27. II, p. 112
  28. IV, p. 92
  29. I, p. 87
  30. II, p. 150
  31. III, p. 293
  32. II, p. 246
  33. IV, p. 123
  34. IV, p. 164
  35. IV, p. 140
  36. III, p. 94
  37. IV, p. 64
  38. « Archovo Pittoresco, Lula Pena - Albums - Télérama.fr », sur www.telerama.fr (consulté le )
  39. Repris in Louis Scutenaire, Plein Chant, 1987.
  40. Sous la direction de Michel Jarrety, Paris, Presses universitaires de France, 2001 (ISBN 2130509401).

Voir aussi

Bibliographie

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Articles connexes

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