LGV Sud-Est
La LGV Sud-Est, ou ligne nouvelle 1 (LN1), est une ligne à grande vitesse française longue de 409 km, reliant les environs de Paris (Combs-la-Ville) aux environs de Lyon (Sathonay-Camp). À partir de Paris-Gare-de-Lyon ou de certaines gares d'Île-de-France, elle permet de desservir tout le grand sud-est du pays, mais aussi la Suisse, l'Italie et l'Espagne.
Pour l’article homonyme, voir TGV Sud-Est (matériel roulant ferroviaire).
LGV Sud-Est (LN1) | ||
Ligne de (Paris) Combs-la-Ville à Sathonay (Lyon) | ||
| ||
Pays | France | |
---|---|---|
Villes desservies | Le Creusot TGV, Mâcon-Loché TGV |
|
Historique | ||
Mise en service | 1981 – 1983 | |
Électrification | 1980 – 1983 | |
Concessionnaires | SNCF (1976 – 1997) RFF (1997 – 2014) SNCF (depuis 2015) |
|
Caractéristiques techniques | ||
Numéro officiel | 752 000 (première section) | |
Longueur | 409 km | |
Écartement | standard (1,435 m) | |
Électrification | 25 kV – 50 Hz | |
Pente maximale | 35 ‰ | |
Nombre de voies | Double voie |
|
Signalisation | TVM 300 (TVM 270 à l'origine) | |
Trafic | ||
Propriétaire | SNCF | |
Exploitant(s) | SNCF | |
Trafic | TGV, Lyria ; Thalys, Eurostar (saisonniers) | |
Schéma de la ligne | ||
Elle résulte du conseil interministériel du , au cours duquel le Premier ministre donna le « feu vert » au projet de la SNCF de créer une voie ferrée à très grande vitesse reliant Lyon à Paris et desservant de ce fait tout le sud-est de la France[1],[2].
Sa mise en service partielle en 1981, avec l'inauguration du premier tronçon entre Saint-Florentin (Yonne) et Sathonay (Rhône) le , a durablement marqué le renouveau du transport ferroviaire de voyageurs, et ouvert le chapitre de la grande vitesse ferroviaire en France.
La LGV Sud-Est est la première section de la ligne d'infrastructure no 752 000 du réseau ferré national, dénommée ligne de Combs-la-Ville à Saint-Louis (LGV). Elle est suivie par la LGV Rhône-Alpes et la LGV Méditerranée.
Le tracé
La LGV traverse 175 communes situées dans cinq départements, soit du nord au sud : la Seine-et-Marne, l'Yonne, la Côte-d'Or, la Saône-et-Loire et l'Ain, ainsi que dans la métropole de Lyon. La compatibilité du TGV avec le réseau classique a permis d'éviter de construire de nouvelles infrastructures en zone urbaine dense, à la sortie de Paris et de Lyon[3]. Le tracé de la ligne nouvelle représente une longueur de 389 km, pour une distance totale de Paris-Gare de Lyon à la gare de Lyon-Part-Dieu égale à 427 km.
Ce tracé direct, qui évite toutes les agglomérations entre Paris et Lyon, notamment Dijon, permet un gain de 84 km par rapport à la ligne historique (511 km) aménagée sous le Second Empire[4]. Il ne comporte aucun tunnel, mais admet des rampes allant jusqu'à 35 pour mille (3,5 mètres tous les 100 mètres)[5].
La LGV comporte quatre raccordements avec le réseau classique :
- de Saint-Florentin pour l'entrée des dessertes venant de Melun ;
- de Pasilly à Aisy (15 km) pour la desserte de Dijon ;
- de Mâcon (vers Chalon-sur-Saône) pour la desserte du parc postal de Mâcon-Loché ;
- de Pont-de-Veyle (6 km) pour les dessertes en direction de Bourg-en-Bresse et des Savoies.
Elle comporte en outre deux raccordements de service au réseau classique, non électrifiés, destinés à l'accès des trains de travaux. Ils se situent à Montereau, et en gare du Creusot TGV.
Elle est jumelée avec l'autoroute A5 sur 60 km et avec la voie express RN 79 Digoin - Mâcon sur 15 km. Sur toute sa longueur, une emprise de 5 m de large a été réservée à la pose d'une artère de télécommunication[5].
Le court tronçon de Combs-la-Ville à la bifurcation de Moisenay (17 km) est devenu une simple section de délestage à partir de 1996 : la plupart des rames empruntent depuis la ligne de Villeneuve-Saint-Georges à la bifurcation de Moisenay, branche ouest de la LGV Interconnexion Est.
Caractéristiques de la ligne
La LGV occupe une surface de 1 600 hectares (à titre de comparaison l'aéroport de Roissy occupe 3 200 hectares), soit une largeur moyenne de 40 m. La plate-forme a 13 m de large, avec un entraxe des voies de 4,2 m. Elle a été conçue pour une vitesse nominale de 300 km/h, avec sur le tracé en plan des courbes d'un rayon minimal de 4 000 m[6] (toutefois 7 courbes ont un rayon inférieur, mais de 3 200 m minimum[6]).
Éléments composant la LGV
La LGV comporte 17 grands ouvrages d'art, et 780 ouvrages d'art courants. Elle est entourée sur 850 km de clôtures et de caniveaux de signalisation. Ses voies principales mesurent 778 km de long (pour 847 km de voie au total).
La LGV est composée de 116 appareils de voie, de 1,4 million de traverses (soit 1 666 au km), de 3,3 millions de tonnes de ballast et, enfin, de 102 000 tonnes de rails.
La voie est formée de rails type UIC 60 (60,3 kg/m) posés en barres longues de 288 m soudées sur chantier en longs rails soudés (LRS) (sauf sur certains ouvrages d'art). Les traverses en béton d'une longueur de 2,41 m sont du type bi-blocs, formées de deux blochets de béton reliés par une entretoise métallique.
Parmi les 116 appareils de voie, quatre sont franchissables à 220 km/h (aiguillages vers les raccordements d'Aisy et de Mâcon) et soixante-dix-huit à 160 km/h (jonctions entre les deux voies, à raison d'une tous les 20 km). Tous ces appareils sont télécommandés par le PAR (poste d'aiguillage et de régulation) situé près de la gare de Lyon, le PAR étant relayé sur le terrain par dix-huit postes d'aiguillage tout relais à transit souple (PRS) dans lesquels se trouvent notamment les salles de relais.
L'électrification en 25 kV 50 Hz fait appel à huit sous-stations alimentées par Réseau de transport d'électricité (RTE) en 225 kV alternatif. La caténaire est alimentée par un câble feeder en opposition de phase, ce qui équivaut à une alimentation en 50 kV et renforce la puissance disponible, une rame pouvant appeler jusqu'à 14 000 kW. La caténaire, composée de 1 000 km de fil de contact en cuivre, est soutenue par 15 900 supports caténaire.
La signalisation fait appel à des circuits de voie à haute fréquence, les indications étant transmises en cabine, sur le pupitre de conduite. On ne trouve donc sur le bord de la voie que des panneaux indiquant les limites de cantons, mais aucun signal.
Vitesses limites
De | A | Vitesse maxi |
---|---|---|
Bifurcation de Villeneuve-Saint-Georges (Créteil) PK 0,0 | PK 1,1 | 140 km/h |
PK 1,1 | PK 11,6 | 160 km/h |
PK 11,6 | PK 18,7 (Bifurcation de Moisenay) | 270 km/h |
PK 18,7 (Bifurcation de Moisenay) | PK 205,5 | 300 km/h |
PK 205,5 | PK 226,9 | 270 km/h |
PK 226,9 | PK 254,6 | 300 km/h |
PK 254,6 | PK 336,7 | 270 km/h |
PK 336,7 | Bifurcation de Montanay | 300 km/h |
Bifurcation de Montanay | Bifurcation de Sathonay | 270 km/h |
Bifurcation de Lieusaint | Bifurcation de Moisenay | 270 km/h |
Gares
La LGV comporte deux nouvelles gares de passage :
- Gare du Creusot-Montceau-les-Mines-Montchanin TGV, située dans la commune d'Écuisses ;
- Gare de Mâcon-Loché-TGV.
Dotées d'une architecture très simple, à l'écart des agglomérations, ces gares comportent deux quais latéraux et quatre voies, les deux voies centrales étant réservées aux trains sans arrêt, les voies latérales étant utilisées pour les trains assurant leur desserte.
Historique
Chronologie
- : lancement par la direction de la Recherche de la SNCF du projet C 03 sur la grande vitesse, intitulé « Possibilités ferroviaires sur infrastructures nouvelles ».
- : approbation du projet de ligne nouvelle par un conseil interministériel[2].
- : déclaration d'utilité publique ; le décret est signé par Jacques Chirac, Premier ministre.
- : commencement de travaux à Écuisses.
- : début de la pose des rails près de Montchanin.
- : fin de la pose de la voie (jonction des deux chantiers de pose à Cluny).
- 26 février 1981 : le TGV Sud-Est no 16 établit le record du monde de vitesse sur rail à 380 km/h entre Courcelles-Frémoy et Dyé dans une portion de la LGV en légère descente.
- : inauguration du premier tronçon (Saint-Florentin - Sathonay) à Montchanin par le président de la République, François Mitterrand.
- 27 septembre 1981 : première mise en service commerciale.
- : mise en service du tronçon nord (Combs-la-Ville - Saint-Florentin).
- 13 décembre 1992 : mise en service du tronçon nord de la LGV Rhône-Alpes (de Montanay à Saint-Quentin-Fallavier).
- : déraillement sans gravité à 270 km/h d'un TGV Annecy - Paris en amont de la gare de Mâcon-Loché-TGV. Plusieurs personnes qui attendaient sur le quai un TGV Genève - Paris sont légèrement blessées par des projections de ballast[8].
- : mise en service de la LGV Interconnexion Est (liaison avec la LGV Nord).
- 18 mars 1996 : début des travaux de rénovation de la LGV Sud-Est (remplacement du ballast et des appareils de voie, travaux prévus pour durer pendant dix ans).
- : mise en service de la jonction avec Villeneuve Saint-Georges par le triangle de Coubert.
- Une rame TGV Sud-Est en livrée orange originale, se dirige vers Dijon en .
- A Montereau, la LGV Sud-Est croise la ligne de Flamboin-Gouaix à Montereau, empruntée par quelques trains spéciaux jusque dans les années 1980.
Travaux de construction de la ligne
Lors de la construction 48,1 millions de m3 de matériaux (déblais, remblais, etc.) ont été déplacés.
Projets
Une jonction de Troyes à la LGV Sud-Est est étudiée afin de mettre fin à l'enclavement ferroviaire de la ville[9].
La croissance constante du trafic, et l'ouverture de la LGV Rhin-Rhône en posent le problème de la saturation de la ligne durant les années 2010. Une modernisation de la signalisation est à l'étude afin d'en améliorer la capacité[10] ; la convention de financement de ces travaux, consistant principalement en la mise en œuvre du système de signalisation ETCS niveau 2, est signée le [11].
Toutefois, c'est la réalisation, à long terme, d'une nouvelle ligne à grande vitesse entre Paris et Lyon qui est envisagée depuis 2010, dénommée officiellement ligne à grande vitesse Paris – Orléans – Clermont-Ferrand – Lyon (LGV POCL), mais souvent mentionnée sous les noms de LN1 bis ou LGV Centre France[12].
Dans la culture
La ligne est mentionnée dans le jeu vidéo Meurtre à grande vitesse sur Amstrad CPC, où le joueur doit retrouver l'auteur du meurtre du sénateur Pérignac à bord du TGV Paris-Lyon.
Notes et références
- Source : J. Pruneau, La future ligne à grande vitesse Paris-Montchanin-Lyon, revue « Images de Saône-et-Loire » no 23 (octobre 1974), pp. 7-9.
- « Débat parlementaires – Sénat : Séance du lundi » [PDF], sur senat.fr (consulté le ) : « Au sujet de la liaison rapide Paris—Sud-Est, les travaux des experts ayant fait apparaître la haute rentabilité du projet mis au point par la S. N. C. F. et son intérêt évident pour le quart Sud-Est de la France, le conseil ministériel restreint réuni le 5 mars 1974 a retenu la décision d'engager dès 1974 les procédures administratives préalables en vue de la mise en service de la liaison en 1980. », p. 6 du PDF (page 2282 du Journal officiel des débats du Sénat du .
- Claude Soulié, Jean Tricoire, Le grand livre du TGV, p. 29
- « Un projet de TGV il y a trente ans », article de Lucien Taupenot paru dans la revue « Images de Saône-et-Loire » n° 128 de décembre 2001 (pages 2 et 3).
- Claude Soulié, Jean Tricoire, Le grand livre du TGV, p. 30
- Livre Prodigieux TGV par Mario-Rémi Gonnard, Presses et éditions ferroviaires, p. 40
- Renseignements techniques (RT) SNCF/RFF
- La Vie du Rail magazine n° 2375 du 24 décembre 1992 page 6.
- [PDF] Conseil général de l'environnement et du développement durable - Les liaisons possibles entre Troyes et le réseau ferroviaire à grande vitesse
- [PDF] Conseil général de l'environnement et du développement durable - Augmentation de capacité de la ligne à grande vitesse Paris-Lyon, janvier 2005
- « Le système de signalisation de la LGV Paris-Lyon se modernise », sur sncf.com (consulté le ).
- Site officiel de la LGV POCL.
Bibliographie
- Claude Soulié, Jean Tricoire, Le grand livre du TGV, éd. La Vie du Rail, 2002, 350 pages.
- Mario-Rémi Gonnard, "PRODIGIEUX TGV", Presses et éditions ferroviaires,
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- LGV Sud-Est sur Structurae.
- Portail de la grande vitesse ferroviaire
- Portail des transports en Île-de-France
- Portail de la Bourgogne
- Portail d'Auvergne-Rhône-Alpes